vendredi 19 janvier 2018

Historique des écoles de la Mine à Montceau


Naissance et développement
de  l’école publique à Montceau
Période 1850-1902

Première partie : les écoles de la Mine

Lithogravure de Bonhommé, Montceau-les-Mines en 1857 (Ecomusée)

Avant-propos

A travers Hippolyte Carnot, membre du gouvernement provisoire de la IIème République (ministre de l’Instruction Publique en 1848), jaillissent les idées saint-simoniennes éclatantes en faveur de l’école, renouant ainsi avec les idéaux de 1789. Ses discours rompent totalement avec ceux de  ses prédécesseurs et marqueront pour longtemps l’esprit des instituteurs :

 « Que nos 36 000 instituteurs primaires se lèvent donc à mon appel pour se faire immédiatement les réparateurs de l’Instruction Publique devant la population des campagnes... Des hommes nouveaux voilà ce que réclame la France... qu’une ambition généreuse s’allume en eux; qu’ils oublient l’obscurité de leur condition; elle était des plus humbles sous la monarchie, elle devient sous la République, des plus honorables et des plus respectées. » Circulaire aux instituteurs du 6 mars 1848.




Portrait d'Hippolyte Carnot (Cabinet des Estampes)


 Cette philosophie différait quelque peu de celle de Guizot qui écrivait en 1833 :
 « C’est la gloire de l’instituteur de ne prétendre à rien au-dessus de son obscure et laborieuse condition... »
La circulaire de Carnot, annonçait un virage capital dans l’histoire de l’enseignement au XIXème siècle et serait le fondement des grands thèmes de la troisième république en matière d’école. Peu de temps après, la loi du 30 juin 1848 fut promulguée :

Art. 2 : L’enseignement primaire est obligatoire pour les enfants des deux sexes.
Art. 3 : Dans les écoles publiques l’enseignement est gratuit.
Art. 7 : Dans toutes les écoles publiques l’instituteur est nommé par le ministre de l’Instruction Publique sur la présentation du conseil municipal.

Ainsi les bases d’une organisation nouvelle de l’enseignement sont-elles posées : obligation scolaire, gratuité des écoles publiques, nomination des instituteurs par le pouvoir civil et neutralité scolaire. Malheureusement, Carnot, mis en minorité par ses projets, démissionne le 5 juillet 1848... Qu’importe, les idées sont lancées et seront reprises trente ans plus tard par Jules Ferry.

Cependant, deux courants de pensée traversent ce milieu de siècle : l’entreprise individuelle et la doctrine libérale qui rencontrent l’adhésion du patronat français soumis à la pression religieuse et l’émergence de mouvements sociaux qui fédèrent  les actions ouvrières.

La bourgeoisie libérale est effrayée par les progrès et les avancées révolutionnaires. Thiers n’hésite pas à déclarer : « Je demande que l’action du curé soit forte, beaucoup plus forte qu’elle ne l’est, parce que je compte beaucoup sur lui pour propager cette bonne philosophie qui apprend à l’homme qu’il est ici pour souffrir. »

 Dès le 10 décembre 1848, date de l’élection de Louis Napoléon Bonaparte à la présidence de la République, le pouvoir républicain puis impérial s’appuie sur des forces issues du clergé et d’une droite rétrograde. Il se rapproche de l’église et en réaction fait voter deux lois hypothéquant fortement et durablement les chances de réussite de l’école publique: la loi Parieu du 11 janvier 1850 et la loi Falloux du 15 mars 1850. La première poursuit les enseignants restés fidèles à l’esprit de Carnot (4000 instituteurs seront révoqués). La seconde accentue les prérogatives de l’église en matière d’enseignement et favorise le développement de l’enseignement congréganiste. Deux alinéas définissent les notions d’écoles publiques et d’écoles libres, pérennisant ainsi l’existence de deux types d’écoles :

1/ : Les écoles fondées et entretenues par les communes, les départements ou l’état et qui prennent le nom d’écoles publiques.

2/ : Les écoles fondées et entretenues par des particuliers ou des associations et qui prennent le nom d’écoles libres.

Il faudra attendre les années 1861 et 1862 pour voir évoluer la politique de l’Instruction Publique avec Rouland puis le ministère Duruy qui agira avec intelligence et honnêteté.


Jules Chagot (Assemblée Nationale)


Les écoles de la Mine à Montceau

Le contexte d’implantation :

A l’origine, le bassin houiller de Blanzy comprenait essentiellement, outre la commune de ce nom, celles de Sanvignes et de Saint-Vallier. Formée surtout de territoires et d’habitants de la première, en 1856 naquit une petite ville, appelée Montceau-les-Mines, qui comptait déjà 2200 habitants, population en grande part composée de paysans venus du charolais et du Morvan en quête de travail.

Son développement au XIXème siècle, accompagna celui de l’exploitation minière dirigée par la famille Chagot. Cette famille avait assuré la direction des fonderies du Creusot, dont les usines s’étaient arrêtées en 1815 n’ayant pas su se transformer et passer des arts de la guerre aux arts de la paix. Elle avait fondu dans ses ateliers les tuyaux d’éclairage de la ville de Paris mais n’avait pu faire face à la concurrence d’usines rivales, l’heure des grandes forges à la houille n’avait pas encore sonné, nous étions en 1826. Après la gestion de Manby et Wilson jusqu’en 1836, le Creusot passa aux mains des Schneider en 1837.

 Il apparaît que Montceau-les-Mines, peuplée de 28779 habitants en 1901, fut une création de la famille Chagot ainsi que de l’industrie des houillères, création de Jules Chagot surtout qui, à partir de 1833, avait donné l’impulsion à l’extraction du charbon (1).

Naissance des écoles de la mine :

Après 1834, à l’emplacement de la future ville, l’aménagement par la Mine de cités ouvrières, en des quartiers éloignés les uns des autres, comporta l’installation puis le développement d’écoles primaires de garçons et de filles, « bienfaits » de la Compagnie :

«  Parmi les cités bâties pour les mineurs, la plus nouvelle, celle qui compose le village dit des Alouettes, se rattache directement à Montceau : on croirait voir une de ces cités américaines qu’un jour voit naître au milieu des déserts [..] Ici, comme en Amérique, on a bâti l’église et l’école en même temps. Il ne manque plus qu’un journal pour que la similitude soit complète; mais nos mineurs ne lisent pas encore autant, ne s’occupent pas surtout autant de politique que les citoyens yankees. Et puis le préfet de Saône et Loire aurait-il bien autorisé la fondation d’un journal au milieu d’un groupe d’ouvriers ? » Le Creusot et les mines de Saône et Loire, L.SIMONIN (1867)


Plan Amédée Burat, 1878 (écomusée)

En multipliant les écoles et en voulant ces bâtiments vastes et imposants, Jules Chagot affichait sa volonté de scolariser tous les enfants de mineurs dans des établissements d’instruction et de religion, souvent implantés à proximité de la chapelle.

On ajouta peu à peu à cet ensemble des salles d’asile pour les enfants de moins de six ans. Les enfants y étaient accueillis dès l’âge de trois ans et leur effectif atteignit bientôt les 450 élèves. L’encadrement était assuré par des sœurs de Saint-Vincent de Paul. Les mères pouvaient ainsi pendant la journée être employées par la Compagnie des mines « soit pour les triages et criblages des charbons, soit pour toute autre chose, leur salaire venant augmenter l’aisance de la famille pendant que leurs enfants recevaient les bienfaits d’une première éducation [..] c’est-à-dire les principes de discipline, de morale et de religion qui peuvent faire de bons citoyens et de bonnes mères de famille... » La société des Houillères de Blanzy, situation de ces établissements en 1877, A.BURAT (1878)


Plan Amédée Burat, 1878 (écomusée)


Selon les lois Guizot (1833), puis Falloux (1850), tout au début, un personnel laïque par son origine ou son statut y enseigna, soumis notamment au contrôle de l’Eglise. Des religieuses y enseignèrent aussi. Mais à partir de 1850, Jules Chagot, pour les écoles du hameau du Montceau et des bourgs de Blanzy, Saint-Vallier et Sanvignes, dont il avait financé les constructions ou l’entretien, préféra faire appel à des enseignants congréganistes qu’il rétribuait : frères maristes, sœurs de Saint-Joseph de Cluny et de Saint-Vincent de Paul. Ainsi pour cette dernière congrégation, un traité fut conclu avec la Compagnie des Mines et portait sur un effectif de quinze religieuses. Ces sœurs, outre leur charge d’éducation, assuraient les soins aux malades dans chaque quartier et à travers leur œuvre charitable, exerçaient contrôle et surveillance au cœur des familles.

A l’évidence, avec le consentement de leurs autorités religieuses, les membres des congrégations devenaient des employés des mines, contrôlés par Jules Chagot ou par son représentant (à partir de 1872, ce fut le frère Léonce, directeur général des écoles) (2).


Frère Léonce et ses élèves, Montceau, vers 1900 (Collection musée)


Chronologie de la construction des écoles de la mine à Montceau :

- 1834/1835 : école de garçons des Alouettes
- 1837 : école de filles des Alouettes
- 1869 : construction généralisée des bâtiments scolaires
- 1870 : école de garçons de la 9ème écluse, école du Bois du Verne, école du Magny
- 1871 : école de filles de « l’hôpital »
- 1879 : école de Bellevue
- 1880 : école de Bel Air
- 1896 : école des Oiseaux
- 1902 : déclin des écoles de la mine
Dossier documentaire, La Maison d’Ecole, Service éducatif écomusée




Les enfants étaient donc scolarisés en majeure partie dans les écoles de la mine bien que quelques écoles publiques communales, dont on trouve trace dans un rapport d’inspection (Archives départementales  de Saône et Loire, Série T), aient existées au moins à Blanzy et à Saint Vallier. Leur implantation s’avérait cependant difficile si on en juge par l’intervention du successeur du curé Béraud à Blanzy qui demandait au Préfet, en 1859, d’interdire la réouverture d’une école laïque.

Enseignement et religion :

De la création des écoles de la mine et jusqu’aux lois  Jules Ferry de la troisième République, le contrôle de l’état ne s’exerce pas sur les écoles privées et le contenu d’enseignement et les méthodes restent peu connus. La seule trace tangible est un traité qui avait été conclu en 1858 entre la Compagnie des mines et les sœurs de Saint-Vincent de Paul dont l’article 10  précise que « les sœurs chargées des écoles de filles donneront à leurs élèves l’instruction morale et religieuse; elles leur apprendront à lire et à écrire, enfin ce qui comprend les matières de l’enseignement primaire et en outre les travaux d’aiguille » Archives des mines de Blanzy.

A partir de 1882, les inspections des écoles privées ont lieu et les rapports des Inspecteurs primaires apportent des éléments sur les pratiques pédagogiques de ces établissements. Les jugements sont souvent sévères comme en témoigne cette visite de 1884 à l’école de filles du Bois-du-Verne : « Le livre est seul maître. Il n’y a pas de leçons orales. La maîtresse se garderait bien de donner la moindre explication qui pourrait éveiller l’intelligence ou exciter la réflexion. Les devoirs sont trop longs et le plus souvent mal corrigés » ou cette visite encore à l’école de garçons de Bellevue : « Je ne voudrais pas, Monsieur l’Inspecteur (d’Académie), qu’on pût croire qu’il y a parti pris de ma part à diminuer le mérite des instituteurs congréganistes, mais il m’est impossible de ne pas signaler leur médiocre capacité et leur ignorance des méthodes et des procédés les plus élémentaires. Chez eux le livre est le seul et véritable maître. Énoncer le fait, c’est apprécier le résultat. » Archives départementales  de Saône et Loire, Série T

Au demeurant, les contrôles effectués par les Inspecteurs se multipliant, la situation s’améliore comme le montrent les rapports après 1887 : « La situation s’est un peu améliorée (..) plus de réflexion chez les élèves (..) le rôle de la maîtresse paraît avoir été plus actif et plus intelligent ».


Sœurs de Saint Joseph de Cluny, surtout présentes en Outre-Mer et dans les colonies après les lois Combes interdisant les congrégations enseignantes (collection privée)


La lettre d’obédience :

A partir de 1850, la lettre d’obédience tenait lieu de brevet de capacité (obligatoire depuis la loi Guizot) pour les institutrices appartenant à des congrégations reconnues par l’état : « Le brevet de capacité peut être remplacé par le baccalauréat, la qualité de ministre d’un culte ou par un certificat de stage, ce qui favorisait les frères. Pour l’enseignement féminin, on admit même que suffirait aux sœurs une lettre d’obédience que leur supérieure leur remettrait et qui attesterait leur appartenance à une congrégation. » Histoire de l’enseignement en France 1800-1867, Antoine PROST.

Cette institution qui favorisait les congréganistes au détriment des instituteurs laïques, obligatoirement brevetés, donna lieu à de violentes attaques et contribua largement à l’extension de l’anticléricalisme. Elle ne disparut qu’avec l’obligation du brevet de capacité pour tous les maîtres après la loi du 30 octobre 1881.

L’instauration de la lettre d’obédience est l’œuvre de Falloux, légitimiste et catholique libéral, député à l’assemblée constituante de 1848, et ministre de l’Instruction publique du 20 décembre 1848 au 30 octobre 1849. Présentée par Parieu, cette loi qui porte son nom, votée après deux mois de débats, établit dans l’enseignement primaire et secondaire le principe de la liberté (en opposition avec le décret napoléonien de 1808 créant l’université et son monopole), en donnant maints avantages à l’enseignement confessionnel et congréganiste. Bien que modifiée par les lois de 1901, 1902 et 1904 aboutissant à l’interdiction de l’enseignement congréganiste, elle n’a jamais été abrogée.

Ainsi favorisés, les enseignants congréganistes, en retour,  étaient au service du patron à l’image de l’Abbé Béraud de Blanzy (3).  Jules Chagot n’échappait pas à la règle à travers son école qui devait contribuer à la  « bonne moralité » des enfants et des familles, seule garantie de paix sociale, l’église étant la mieux qualifiée pour cette tâche qui en outre ne devait pas amener la main d’œuvre à trop d’instruction :

« Il faut instruire les ouvriers et leur donner des notions morales afin d’en faire non seulement des citoyens utiles [..] mais aussi d’intelligents soutiens de l’ordre social [..] Faciles à entraîner dans les sens les plus contraires, il est évident qu’ils iront aux mauvaises doctrines, si ceux qui ont mission de les diriger et de les conseiller négligent de leur enseigner les bonnes » Le Courrier de Saône et Loire, à propos des mineurs de Montceau, le 19 septembre 1868.

Lionel de Gournay prendra la suite de ses oncles Chagot mais n’en aura ni l’autorité ni les compétences que ce soit dans la gestion de la Mine ou dans celle de ses écoles (4).


La lettre d’obédience :  A partir de 1850, la lettre d’obédience tenait lieu de brevet de capacité (obligatoire depuis la loi Guizot) pour les institutrices appartenant à des congrégations reconnues par l’état : « Le brevet de capacité peut-être remplacé par le baccalauréat, la qualité de ministre d’un culte ou par un certificat de stage, ce qui favorisait les frères. Pour l’enseignement féminin, on admit même que suffirait aux sœurs une lettre d’obédience que leur supérieure leur remettrait et qui attesterait leur appartenance à une congrégation. » Histoire de l’enseignement en France 1800-1867, Antoine PROST. Cette institution qui favorisait les congréganistes au détriment des instituteurs laïques, obligatoirement brevetés, donna lieu à de violentes attaques et contribua largement à l’extension de l’anticléricalisme. Elle ne disparut qu’avec l’obligation du brevet de capacité pour tous les maîtres après la loi du 30 octobre 1881. L’instauration de la lettre d’obédience est l’œuvre de Falloux, légitimiste et catholique libéral, député à l’assemblée constituante de 1848, et ministre de l’Instruction publique du 20 décembre 1848 au 30 octobre 1849. Présentée par Parieu, cette loi qui porte son nom, votée après deux mois de débats, établit dans l’enseignement primaire et secondaire le principe de la liberté (en opposition avec le décret napoléonien de 1808 créant l’université et son monopole), en donnant maints avantages à l’enseignement confessionnel et congréganiste. Bien que modifiée par les lois de 1901, 1902 et 1904 aboutissant à l’interdiction de l’enseignement congréganiste, elle n’a jamais été abrogée. Ainsi favorisés, les enseignants congréganistes, en retour,  étaient au service du patron à l’image de l’Abbé Beraud de Blanzy (3).  Jules Chagot n’échappait pas à la règle à travers son école qui devait contribuer à la  « bonne moralité » des enfants et des familles seule garantie de paix sociale, l’église étant la mieux qualifiée pour cette tâche qui en outre ne devait pas amener la main d’œuvre à trop d’instruction :  « Il faut instruire les ouvriers et leur donner des notions morales afin d’en faire non seulement des citoyens utiles [..] mais aussi d’intelligents soutiens de l’ordre social [..] Faciles à entraîner dans les sens les plus contraires, il est évident qu’ils iront aux mauvaises doctrines, si ceux qui ont mission de les diriger et de les conseiller négligent de leur enseigner les bonnes » Le Courrier de Saône et Loire, à propos des mineurs de Montceau, le 19 septembre 1868. Lionel de Gournay prendra la suite de ses oncles Chagot mais n’en aura ni l’autorité ni les compétences que ce soit dans la gestion de la Mine ou dans celle de ses écoles (4).


« Si cette population (Bassin Minier) a échappé aux calamités des grèves qui se sont produites dans les mines du Centre, elle le doit en grande partie aux bons principes dont la tradition s’est conservée et à l’éducation des enfants qui, devenus ouvriers, n’ont pas oublié ces principes [..] En voyant l’ampleur et la bonne organisation des écoles de Montceau [..] c’est aux intérêts industriels qu’il convient  de laisser ce soin (fonder l’éducation primaire)» Amédée BURAT, 1878.

«  Rien n’est prévu au-dessus de 13 ans. [..] Le mineur est un manœuvre, le chef, un mineur promu, un gouffre sépare le mineur de l’ingénieur.[..] L’école Chagot ne mène nulle part. C’est un purgatoire à subir le moins mal possible, un corridor sans espérance, mais un purgatoire à rebours, une transition non vers l’empyrée mais vers les galeries du Puits Cinq Sous » Le Creusot-Montceau autrefois. Du terroir à la Mine, M.SUTET- J.P BRESILLON.

« C’est dans cette population ouvrière relativement instruite que seront recrutés les fondateurs du syndicat des mineurs et le personnel politique qui acquis au socialisme, desserrera, à Montceau , l’emprise de la Compagnie sur la ville » Un exemple de concentration industrielle au XIXème siècle, Léon GRIVEAU.
On peut en effet noter que, sous le Second Empire, les conscrits illettrés étaient quatre fois moins nombreux dans le bassin minier que dans les cantons ruraux.

Sources et ouvrages consultés :

Beaubernard : Montceau-les-Mines. Un laboratoire social au XIXème siècle.
Besseige : Au pays noir.
Burat : La société des Houillères de Blanzy, situation de ses établissements en 1877.
Chaillet : L’Abbé Béraud, fondateur d’orphelinats.
Griveau : Un exemple de concentration industrielle au XIXème siècle.
Groupe de travail de la Maison d’Ecole : Cent ans d’école.
CD-ROM de la Maison d’Ecole : Images de l’école, 2002.
Lanfrey : Les congréganistes et leurs écoles à Montceau-les-Mines, sous le Second Empire et la Troisième République.
Laroche : Montceau-les-Mines. Quelques aperçus sur l’histoire de la ville et de son exploitation houillère.
Prost : Histoire de l’enseignement en France 1800-1867.
Simonin : Le Creusot et les mines de Saône-et-Loire.
Sutet et Brésillon : Le Creusot-Montceau autrefois. Du terroir à la mine.
Vacher : La politique scolaire d’une société industrielle au XIXème siècle : les écoles des mines de Blanzy.
Bulletins de l’Instruction primaire de Saône-et-Loire.
Dossier documentaire, la Maison d’Ecole, Service éducatif écomusée Le Creusot-Montceau.
Archives départementales 71.


à suivre prochainement : "Naissance et développement de l'école publique à Montceau, période 1850-1902"


(1) : JULES CHAGOT. Né à Paris en 1801, il y fait ses études et arrive au Creusot en 1819 pour participer à l'entreprise familiale "Société Chagot Frères et Cie". Après avoir exercé différentes activités économiques, il fonde l'entreprise "Jules Chagot et Cie" en 1856 et gère un territoire houiller qui ne fera que s'étendre au fil des ans. Il est secondé par son frère Hippolyte et sait s'entourer d'hommes aux compétences reconnues (Amédée Burat, Léonce Chagot, son neveu...). Il applique les techniques les plus modernes à son exploitation. Son paternalisme érigé en système contrôle les employés de la Mine du "berceau à la tombe", il maintient ainsi la paix sociale à travers son réseau d'institutions dans lequel on trouve l'hôpital et les écoles encadrés par des congréganistes. Il meurt en 1877, laissant une entreprise saine mais où les conflits sociaux sont latents.


Statue de Jules Chagot, Montceau, carte postale (collection privée)


(2) : LEONCE CHAGOT. Né au Creusot en 1822, il meurt le 18 août 1893.
 Après des études à l'école centrale des Arts et Manufactures en 1842, il travaille pendant 20 ans dans l'ombre de Jules Chagot, son oncle. Il travaille avec efficacité au développement de la Compagnie grâce à l'appui du clergé et de la triste "Bande à Patin". Maire de Montceau, Conseiller Général, il est battu en 1878 par le radical Jeannin. Il n'accepte pas cette mise à l'écart et n'aura de cesse de faire obstruction à la nouvelle municipalité, de plus il réprime sévèrement les mouvements sociaux. A sa mort il laisse à son neveu de Gournay une Compagnie qui a mis au pas ses mineurs à l'aide du clergé et de sa police.


François Léonce Chagot, premier maire de Montceau en 1856


(3) : FRANCOIS BERAUD est né à Montceaux-l’Étoile le 21 mars 1807. Il devait être le cinquième de 6 enfants de la famille nombreuse d’un charpentier. Le père mourut dès 1818 mais le frère aîné et la mère permirent au jeune François de suivre les cours au Petit Séminaire de Semur-en-Brionnais puis du Grand Séminaire d’Autun où il fut ordonné prêtre en 1832.

D’abord vicaire à Semur (il y aurait déjà fondé une école libre de garçons en 1836), il fut curé de Cussy-en-Morvan en 1838 (où il aurait également fondé une école libre mixte), il en gardera le souvenir ineffaçable de la grande misère physique et morale des enfants de l’agglomération parisienne, confiés dans le Morvan à des nourrices « mercenaires de l’Assistance publique » qui trop souvent les avaient reçus « comme un moyen de vivre », essentiellement. Ce fut  surtout auprès de la population du Bassin minier de Blanzy qu’il devait exercer ses fonctions de curé de Blanzy (1839-1857), puis de premier curé de Montceau (1857-1866) et enfin en bordure du bassin minier, de directeur, exclusivement, des orphelinats qu’il avait fondés en 1854 au Méplier pour les filles (commune de Blanzy) et en 1859 à Montferroux pour les garçons (commune de Gourdon).

Il avait aussi fondé au bourg de Blanzy, une école de filles (1839) et un pensionnat pour garçons (1845, pensionnat Saint-Joseph), deux écoles payantes. Il obtint rapidement les sympathies de Jules Chagot, cogérant puis gérant de la Société minière et par la suite, celles de son neveu et successeur Léonce Chagot.

Il dut accepter en 1865, quelques dizaines de jeunes filles détenues, qui, renouvelées jusqu’en 1883, contribuèrent alors à donner à son établissement une apparence de sévérité et sans doute à lui-même, une certaine réputation de père fouettard. Cette légende perdura, il n’était pas rare que les anciens, longtemps après sa mort, se prennent à dire « Si te continues, te vas finir vers le curé B’raud, au va t’dresser lui ! ». J'ai entendu ces paroles dans la bouche de ma grand-mère bien des fois...

Malgré cela, son accueil d’abandonnés « pour les former au travail et à la probité » resta éminemment populaire, même pour ceux qui ne partageaient pas ses fortes convictions religieuses et son dévouement politique contestable à la Société minière. Il mourut le 11 août 1893, à l’orphelinat du Méplier et fut inhumé, comme il l’avait souhaité « sans couronne aucune… comme les gens de ma classe que je n’ai jamais oubliés. Je suis fils d’un ouvrier. »     




(4) : LIONEL DE GOURNAY. Né le 29 août 1859, il meurt en 1919. Il est le fils de la sœur de Léonce Chagot, il fait de brillantes études et est appelé à seconder son oncle à la gérance de la Compagnie avant de prendre sa succession, il n'en a cependant pas l'envergure. Il tente de renforcer son autorité en occupant les postes de Maire de Saint-Vallier (1888/1900) et de Conseiller Général du canton de Montceau (1889/1901); les catastrophes du Puits Sainte-Eugénie (1895 et 1897) lui valent le ressentiment des mineurs et il ne sait pas appréhender ces difficultés. Les mouvements sociaux de 1899 et de 1900 le poussent à reconnaître ses échecs et il présente sa démission le 16 mars 1900 et met ainsi un terme à la présence des Chagot à Montceau.


Lionel de Gournay


P.P











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