L’Ecole Primaire Supérieure de Montceau-les-Mines
La première E.P.S du département
UNE NAISSANCE
DIFFICILE
Nous
sommes en juillet 1881. Une douzaine d’élèves de l’école publique installée
dans deux salles de classe à l’Hôtel de Ville de Montceau (la première école
publique digne de ce nom ne sera ouverte qu’en 1882, rue de l’Est) viennent de
subir avec succès les épreuves du Certificat d’Etudes Primaires. Loin de
l’avenir qui leur était destiné : apprendre un métier afin de gagner le
pain quotidien, ils vont poursuivre leurs études…
Par quel miracle ? La scolarité dans les
collèges du département coûte cher et ils sont trop éloignés, leurs parents
n’ont aucun moyen pécuniaire pour assurer la fréquentation d’un établissement
secondaire par leur enfant.
Mais voilà que va être créée une Ecole
d’Enseignement Primaire Supérieur, et ce grâce à l’insistance du maire de la
ville, le docteur Octave Jeannin, radical et républicain. Les difficultés
avaient été nombreuses, voire insurmontables, la pression des Mines qui
« géraient » le territoire du Bassin minier, organisant la vie
sociale et politique, avait été terrible. Pas de local, pas de mobilier, aucun
personnel enseignant, très peu d’élèves, mais la volonté d’un maire
nouvellement élu en 1878 qui allait venir à bout de toutes les entraves et
allait implanter l’école de la République dans l’univers patronal des mines de
la famillle Chagot.
Il fallait parer au plus pressé. Les 21
élèves précurseurs occupèrent dans l’Hôtel de Ville, une salle de réunion
exiguë. A la rentrée 1881/1882, il se trouva un homme pour prendre en charge
l’enseignement à ces nouveaux « certifiés ». Ce fut Monsieur Michel.
Avant la guerre de 1870, ce dernier était instituteur à Schirmek, au pied du
Donon. Après la défaite et la signature de la paix de Francfort, il quitta les
territoires occupés pour s’installer à Montceau avec sa famille, son épouse et
sa fille Joséphine et y enseigner et exercer la fonction de secrétaire de
mairie. Cet homme cultivé et d’une grande bonté, avait préparé à Schirmek, un
examen supérieur dont le ministre de l’époque lui avait refusé l’accès sous
prétexte qu’un tel examen « n’était pas fait pour les enseignants du
primaire ». Toujours est-il que M. Michel enseigna la littérature et
la science, dès la première année d’existence de l’Ecole Primaire Supérieure
dite « école supérieure », laissant le souvenir d’un maître passionné
et chaleureux. Lorsque la maladie mit fin à ses jours, c’est la ville entière, reconnaissante,
qui assista à ses obsèques, hommage ultime et poignant.
La deuxième nomination fut celle de M.
Patarin. Il était originaire des Ardennes et il suivait les cours de l’Ecole
Normale de Cluny, qui préparait certains maîtres pour l’enseignement technique ou
« enseignement spécial ». Il était plus jeune et forma durant sa
carrière, de nombreux élèves à l’entrée aux Ecoles d’Arts et Métiers ainsi qu’à
l’entrée à l’Ecole Normale de Mâcon. Bientôt, d’autres maîtres furent chargés
de l’enseignement du travail manuel. Un maître enseignait le travail du bois,
un autre le travail de la forge et l’ajustage. Ils étaient, au début, des
artisans de la commune qui n’avaient d’autre titre que la parfaite connaissance
de leur métier. Il y eut même deux anciens militaires qui assurèrent
l’éducation physique : marche au pas accéléré, marche au pas de
gymnastique, approche du doublement à droite et à gauche… Le premier était
sergent de chasseurs, Monsieur Ducrot. Le deuxième, caporal réserviste,
Monsieur Berger, fut nommé en 1887 dans le cadre des instructeurs des
bataillons scolaires. Il assura l’exercice militaire et le tir scolaire (1).
L’Ecole Primaire Supérieure occupait donc
notamment, une salle de réunion à la mairie… Notamment, car au gré des
contraintes liées à la nature du bâtiment, les élèves passèrent successivement
dans une salle au rez-de-chaussée, puis dans une autre à l’étage. La réfection
des locaux et la préparation d’un local plus « scolaire » obligea
même les élèves, au début de l’année 1882/1883, à se scinder en deux
groupes : l’un occupant la salle à manger de M. Michel et l’autre occupant
sa chambre à coucher !
Le matériel, pratiquement inexistant en 1881,
s’étoffa singulièrement au fil des ans : tables, tableaux noirs, planches
d’histoire naturelle, cartes firent leur apparition.
VERS LA
RECONNAISSANCE
La qualité de l’enseignement dispensé et bien
sûr le fait que cette Ecole Primaire Supérieure de Montceau soit la première du
département, contribuèrent à sa renommée, tant et si bien qu’elle dut
s’installer dans des locaux plus vastes, ceux de la gendarmerie désaffectée de
la place de l’Hôtel de Ville qui furent rachetés à la Mine par la mairie.
Dès lors, les élèves affluèrent des villes
environnantes. Ils venaient de Sanvignes, de Saint-Vallier ou encore de Blanzy.
Certains, venant de Ciry-le-Noble ou de Génelard, arrivaient le matin par le
train pour repartir le soir.
Des boursiers d’Etat intégrèrent même
l’internat qui ne fonctionna que quelques années. Le premier succès remporté
par l’Ecole Primaire Supérieure fut la réussite au concours de l’Ecole des Arts et Métiers d’Aix d’André Alin, un des premiers
élèves en 1881 .
Avant 1910, la structure ne comportait qu’une
section générale, mais à partir de cette date, on lui adjoignit une section
industrielle qui prit place dans l’ancienne écurie de chevaux de la
gendarmerie. Les locaux étaient austères et n’offraient à la vue extérieure que
des plaques de tôles remplaçant les vitres (pour garantir des projections de la
forge). De plus, cette section fonctionnait le jeudi aussi, contrairement à la
section générale. La place de l’Hôtel de Ville tenait lieu de cour de
récréation, sans murs et sans grilles, privilège extraordinaire.
Une baraque de confiserie, judicieusement
placée près du buste du docteur Jeannin, face à la rue Carnot, vendait des
chiques à deux sous aux élèves les plus riches. Les jours de marché, les
camelots s’installaient sur le quai attirant tous les regards et des musiciens
donnaient l’aubade matinale aux chalands. Les jeunes élèves de l’E.P.S découvraient ainsi les derniers succès en
vogue de Benech, Dumont ou de Paula Chabran. Souvent, des mariages avaient lieu à la mairie, les noces de notables
arrivaient en hauts breaks aux rideaux de cuir, tirés par des chevaux, et se rendaient à la cérémonie en
traversant l’aire de jeu. Les cirques ou les théâtres prenaient place aussi à
cet endroit et pouvaient y passer plusieurs mois, comme le théâtre Dellemare en
1925, ou plus tard, le théâtre des Variétés.
La récréation se transformait alors en un jeu
de labyrinthe entre les roulottes et les tentes. Chaque année, cette cour
improvisée devenait le fief du Conseil de Révision pendant toute une
matinée : conscrits bigarrés de bleu de blanc et de rouge, militaires,
gendarmes et marchands de cocardes rappelaient aux élèves que leur tour
approchait…
La
notoriété de l’Ecole Primaire Supérieure de Montceau ancra durablement l’image
d’excellence de son enseignement dans l’esprit des familles du Bassin minier et
bien au-delà. L’établissement devint collège pendant la guerre de 1939/1945 et
ouvrit ainsi la porte à la création en 1956 du Lycée Technique et Moderne
actuellement Lycée Henri Parriat, favorisant ainsi l’essor intellectuel de la
ville.
1874/1875 : La Compagnie des Mines fait édifier
un bâtiment destiné au casernement de la gendarmerie, place de l'Hôtel de
Ville.
1881 : Par décision ministérielle du 26 octobre,
une Ecole Primaire Supérieure est fondée à Montceau (c'est la première du
département).
1882 : Le premier janvier, Monsieur Michel, ancien
instituteur en congé, pourvu du Brevet de l'Enseignement spécial, est nommé
directeur de cette école qui s'ouvre dans une salle de l'Hôtel de Ville pour 21
élèves externes.
1886 : La caserne de gendarmerie, désaffectée au
profit de celle de Bel-Air, est vendue à la ville. L'Ecole Primaire Supérieure
fonctionnant avec peine dans une salle exiguë est transférée dans l'ancienne
caserne sous la direction de Monsieur Morland assisté de Messieurs Patarin et
Plassard. Trois classes se partagent les 50 élèves de l'établissement. La place
de l'Hôtel de Ville sert toujours de cour de récréation.
1887 : Un internat est ouvert à l'école. Il reçoit
surtout des boursiers d'état, du fait du coût élevé de la pension.
1889 : L'école compte au total 60 élèves.
1902 : L'internat est supprimé.
1905 : L'école a maintenant 6 professeurs pour 100
élèves. Le directeur, Monsieur Morland, est assisté de Messieurs Laurent*,
Patarin, Payebien, Bonnot et Bajard*.
1907 : Nomination
de M. Billiet à la direction de L’E.P.S. Il était directeur de l’E.P.S de
Montbard depuis 1903.
1910 : Une section industrielle est créée. Les
ateliers sont installés dans l'ancienne écurie de chevaux de la gendarmerie.
Huit professeurs assurent l'enseignement : Monsieur Billiet, directeur et
Messieurs Stauff, Raison, Patarin, Bonnot, Simon*, Buhatier, Robin*.
31
octobre 1914 : Pierre Jeanguyot, Directeur de l’E.P.S est tué au combat de la
Bassée.
1er
mars 1915 : Hortensius Barralier est nommé au poste de Directeur de l’E.P.S.
1923 : Une Ecole Pratique de commerce et
d'industrie est annexée à l'Ecole Primaire Supérieure qui compte alors 10
classes.
1924 : M. Barralier (2) quitte l’E.P.S, les
professeurs de la section générale sont alors : MM. Barrault (français,
histoire, géographie, chant, gymnastique) ; Bonnot (chimie) ;
Buathier (allemand) ; Laforest (mathématiques) ; Martinon (physique
et histoire naturelle) ; Sotty (dessin). Les professeurs de la section
industrielle sont : MM. Aupècle (fer) ; Delorme (bois).
1929 : 155 élèves fréquentent l'école.
1930 : La section spéciale de l'Ecole
Primaire Supérieure accueille les filles. M. Bonnot devient directeur, les
professeurs sont alors : Mme Bois, MM. Lambert, Bombois, Nez, Angelard,
Renaud, Béchard, Ribeyrolles, Barrault et Roger.
1932 : La municipalité fait construire un bâtiment
annexe (angle de la rue Pierre Vaux/Quai) pour y établir un amphithéâtre et une
salle de dessin.
1940/1945 : Pendant la guerre,
l'Ecole Primaire Supérieure devient collège.
1956 : La ville fait procéder à la démolition du
bâtiment vétuste et devenu trop petit, alors qu'un vaste lycée Technique et
Moderne a ouvert ses portes rue de Gourdon, pour 600 élèves (actuel lycée Henri
Parriat).
* : Enseignants déjà cités dans
un autre article sur les mobilisés durant la Grande Guerre.
Sources :
-
Groupe
de travail de la Maison d’Ecole pour l’exposition et le livre « Cent ans
d’école ».
-
Article
de M. Gillot, membre fondateur de la Maison d’Ecole : « Historique de
l’E.P.S de Montceau ».
-
Article
du Bulletin de l’Amicale des Anciens
Elèves de l’E.N, 2004 par P. Pluchot
-
Témoignage
de M. Gauthier, doyen des anciens élèves de l’Ecole Primaire Supérieure de
Montceau, 1955, in article du Courrier)
(1) :
Organisation des bataillons scolaires
La loi
du 28 mars 1882 met la gymnastique et les exercices militaires au nombre des
matières d’enseignement des écoles primaires publiques de garçons :
« Art. 1 L’enseignement
primaire comprend :
1°) l’instruction
morale et civique
2°) la lecture et l’écriture
………
9°) la gymnastique
10°) pour les
garçons : les exercices militaires pour les filles, les travaux
d’aiguilles ».
L’existence légale des bataillons scolaires est reconnue
par un décret en date du 6 juillet 1882. Un arrêté du 27 juillet 1882 précise
leur constitution dans les communes. Les exercices des bataillons ne pourront
avoir lieu que le jeudi et le dimanche, le temps à y consacrer sera déterminé
par l’instructeur militaire de concert avec le directeur de l’école.
L’engouement est certain parmi la population en général. A partir de 1889,
l’instructeur militaire désigné par l’autorité militaire pourra être l’enseignant
qui sera souvent un sous-officier ou un officier de réserve. Aux instituteurs,
le 15 avril 1884, Paul Bert dira : « Nous devons faire, par une
éducation à l’école commencée par vous, continuée au régiment avec vous, de
tout enfant un citoyen, de tout citoyen un soldat. »
Le bataillon est organisé militairement, les élèves
portent un uniforme qui est une copie de celui des bataillons parisiens (le
béret à pompon est emprunté aux marins). Le matériel préconisé par le ministère
de la Guerre est spécialement fabriqué et adapté pour les jeunes garçons de 12
à 14 ans : mini clairons, petits tambours et répliques réduites des fusils
GRAS et LEBEL de l’époque. Certains sont en bois pour l’apprentissage du
maniement d’arme et les défilés, d’autres peuvent tirer des projectiles de
petits calibres pour les exercices de tir des élèves.
Ces
soldats en herbe obtiennent des récompenses (médailles de vermeil, d’or,
d’argent ou de bronze) décernées par le ministre de la Guerre, et défilent à
l’occasion sous le regard attendri des badauds. Badauds qui devaient conserver
un souvenir ému du premier de ces défilés à Paris, le 14 juillet 1882 (redevenu
Fête Nationale en 1880). Il est vrai que ce fut un énorme succès populaire. La
presse républicaine était enthousiaste : « Les petits soldats portent
une vareuse et un pantalon bleu sombre et sont coiffés d’un béret de même
couleur à pompon rouge, l’ensemble commode et élégant, rappelant le costume des
mousses de la marine. (On n’oublie pas que les marins ont défendu Paris en 1870-1871,
ni qu’ils sont les principaux héros des conquêtes coloniales de la 3ème
République). Dans l’après-midi, le bataillon s’était réuni au square Monge et,
précédé d’une escouade de sergents de ville qui faisait ouvrir la foule, il est
arrivé, tambours et clairons en tête, vers 5 heures sur la place de l’Hôtel de
Ville. Des masses énormes de curieux entouraient la place et les fenêtres et
les balcons étaient surchargés ; une immense acclamation et des
applaudissements ont salué l’entrée de la jeune troupe (…). Les petits soldats
ont exécuté divers exercices, puis ils ont défilé. Ce qu’on a pu obtenir d’eux
en trois mois d’exercices a émerveillé tout le monde ». Les campagnes ne
sont pas en reste et les républicains exultent, l’un d’eux écrit à son député,
M. Turquet : « Nous avons fêté le 14 juillet et le buste de la
République a été promené, par le régiment scolaire, par tout le village. Revue,
jeux, exercices, illuminations, bal : nos enfants ont bien payé de leur
peine. La République doit être fière de sa jeune génération. Encore 10 ans et
elle sera invincible. Que c’est beau la fête de la Patrie ! Comme le cœur
est touché ! ».
Avec l’apprentissage et l’utilisation du fusil scolaire,
les fabricants d’armes essaient d’emporter le marché lucratif de leur vente.
Des théories militaires sont imprimées, qui permettent aux instructeurs et aux
instituteurs d’entraîner correctement leurs troupes. Les bataillons participent
à toutes les grandes manifestations publiques. Mais ils se préparent surtout,
comme à Paris, au défilé du 14 Juillet qui constitue l’apothéose de la
préparation. Les bataillons scolaires sont en marche, ils chantent des chansons
patriotiques composées spécialement pour eux : les paroles de ces airs
sont souvent tirés d’un manuel de musique édité en 1886 dont les paroles
sont de H. CHANTAVOINE et la musique de
MARMONTEL : « À la Patrie, nous donnerons dans dix ans une jeune
armée AGUERRIE. Bataillons de l’ESPERANCE, nous exerçons nos petits bras à
venger l’honneur de la France. »
Organisation du tir scolaire
L’Arrêté du 6 juillet 1882 organisait
l’exécution des exercices de tir réservés aux élèves de plus de 14 ans bien que
les Ecoles Primaires Supérieures, les collèges et les lycées aient déjà été
doté de trois carabines avec leurs munitions depuis fin 1881-début 1882
(lesquelles devaient être stockées dans la gendarmerie ou dans la caserne de la
localité la plus proche). Il s’agissait d’exercer les jeunes gens au maniement
de l’arme devant la cible, de surveiller le pointage et d’enseigner les
positions réglementaires. Au cours de
l’année, les élèves pouvaient tirer 30 balles : 5 exercices de 6 balles.
Toutes les précautions étaient prises et il était recommandé aux généraux,
commandant les subdivisions, de mettre, si possible, les champs de tir à
disposition.
Pour l’anecdote, lors de leur retrait
définitif des écoles, ces armes seront
cédées en grande partie aux forains qui, jusqu’à peu, les utiliseront dans
leurs stands. Le tir se pratiqua au début avec des armes de type
« Flobert » comme le fusil système « Gras », modèle 1874,
plus petit que le fusil réglementaire, calibre 6 mm, à douze mètres
(longueur : 1.06 m et poids : 2.700 kg), et du même fusil en calibre
de 11 mm (longueur : 1.14 m et poids : 2.400 kg) munis de cartouches
spéciales. Le modèle « Gras » le plus répandu est cependant le fusil
de parade scolaire factice « Lens P.D.C », longueur du canon :
71.5 cm, longueur totale : 113 cm, fusil destiné aux bataillons (fusil visible
au musée).
Rapidement, le ministère de l’Instruction
publique met en place une commission chargée de l’application du tir scolaire,
elle a pour rôle de fixer des règles précises et d’« élaborer un règlement de tir et faire choix de l’arme qui lui
paraîtrait la plus propre à être mise en usage dans les écoles. » Cette
commission ouvre un concours pour la fabrication d’une arme
d’instruction ; sur dix modèles proposés pour homologation, deux sont
retenus conforme au fusil d’infanterie modèle 1886, plus connu sous le nom de
fusil Lebel en 8 mm : la carabine dite « scolaire »
toujours de type « Flobert » et la carabine « La
Française », calibre 6 mm, présentée par l’Union des Sociétés de Tir de
France (longueur : 1.07 m et poids : 2.100 kg, visible, elle aussi au
musée et présentée précédemment dans l’article « le fusil
scolaire »).
Le « Chassepot »
servira à l’enseignement du tir dans les
sociétés. C’est la réduction réglementaire du fusil de guerre du même nom, au
calibre de 6 mm.
Certaines de ces armes sont équipées d’une
baïonnette identique à celle des fusils d’origine, mais de plus petite taille.
La lame est du type réglementaire, mais réduite en longueur et en épaisseur. On
a arrondi l’extrémité pour la rendre inoffensive. Le dos porte l’inscription
« L. Deny Paris ». Le fourreau est en tôle d’acier bronzé, à bouton
de suspension ovale.
En 1895, une instruction officielle « relative aux exercices de tir à la
carabine « Flobert » dans les écoles communales »
constitue un véritable traité du tir scolaire. Celui-ci sert de guide aux
instituteurs pour l’installation des stands, le choix des armes, leur mécanisme
et les règles à observer dans la pratique du tir. Un "Manuel de Tir
Scolaire" était encore en vigueur en 1924, date de sa réédition.
Dès 1889, le tir est placé sous la direction
exclusive de l’instituteur et l’enseignement doit être donné dans les locaux scolaires. La plupart du temps,
les stands de tir sont aménagés dans les préaux des écoles ou dans un coin de
la cour d’une manière simple : un porte-cible installé à douze mètres et
au pas de tir une tablette. La partie théorique de la leçon concerne les armes,
la visée, la sécurité et les munitions, une leçon plus pratique concerne le
maniement des armes et les positions de tir ainsi que la préparation physique
du tireur, puis vient le tir pratique au stand. C’est dans les départements du
nord de la Loire et dans l’est de la France que le "Tir Scolaire" a
été le plus répandu. Certaines communes du département de l'Oise avaient encore
des écoles pratiquant le tir scolaire à la fin des années 1920, bien au-delà du
conflit qui justifiait son existence.
A partir de 1896, bien que les bataillons
scolaires aient disparu, un championnat annuel de tir scolaire des écoles
primaires, approuvé par le ministère de l’Instruction publique, est organisé
par l’Union des sociétés de Tir de France. Au niveau départemental, on en
retrouve toujours la trace en Saône-et-Loire durant les quatre années de la
Guerre 14-18 (Bulletins de l’Instruction), bien qu’à l’échelon national, il ait
dû être annulé en 1915.
L’introduction du tir à l’école primaire
avait donné une impulsion à cette pratique et avait donné très vite naissance à
des sociétés de tir scolaire qui se joindront aux sociétés de tir adulte par la
suite.
(2) : Hortensius Barralier : le
parcours d’un Directeur sévère mais juste :
« Le 25 juillet 1927, après la récréation du
matin, les élèves de l’E.P.S ne regagnèrent pas leurs classes respectives. Tous,
par ordre, se rendirent à la grande
salle de dessin du second étage. Là, se trouvèrent ainsi réunies les trois
sections : générale, commerciale, industrielle, soit au total dix classes.
Le Directeur, M. Barralier, entra et s’installa au bureau. Dans une causerie
simple et familière, empreinte d’une certaine émotion, il fit part à ses élèves
de son départ de Montceau et de sa nomination
à la direction de l’E.P.S de Grenoble. Au terme de son allocution, il
demanda à tous d’effacer les milliers de « DKL » qui avaient fleuri
dans toutes les salles de l’école. Ce n’était pas un ordre, aussi fut-il suivi
ponctuellement par ceux qui avaient été les plus acharnés à inscrire partout ce
symbole annonciateur de vacances. Le quarantième anniversaire du départ de M.
Barralier nous fournira cette année l’occasion d’évoquer le souvenir d’un
excellent directeur.
Donc, vers 1924, M. Hortensius Barralier dirigeait
l’E.P.S. Son prénom, inconnu dans notre région, relevait son origine
méridionale. (..) Très absorbé par ses fonctions directoriales, il enseignait
seulement la morale en première année, avec beaucoup de chaleur et de
conviction. M. Barralier était sévère et les élèves qui ne pouvaient pas s’adapter
à l’école étaient impitoyablement renvoyés. Parfois, pour une simple peccadille,
il grondait les élèves. En écrivant ces lignes, nous le revoyons sur le seuil
de l’école devant les classes réunies, en train de passer un « savon »
à un élève de troisième année qui se tenait devant lui, le béret à la main. Ce
jeune garçon d’une quinzaine d’années, maigre et blond, en culotte courte et
paletot gris, ne disait mot ; mais, son visage tourmenté et son attitude
révélaient qu’il était violemment hostile à l’admonestation dont il était l’objet.
Dix ans plus tard, il enseignait à son tour à l’E.P.S. Il fut jusqu’à ses
derniers mois, un des plus brillants professeurs de notre Lycée et, si nous ne
disons pas son nom, c’est pour laisser à nos camarades le soin de le découvrir !
[l’élève était Henri Parriat qui, plus tard, donna son nom au nouveau Lycée de
Montceau]
Tous les samedis, M. Barralier distribuait les « témoignages ».
C’étaient des cartons dont la couleur et le texte imprimé variaient suivant les
notes obtenues par l’élève au cours de la semaine. Ils allaient du « Mal »
de couleur verte au « Très bien » rose bonbon en passant par « Médiocre »
bleu, « Passable » blanc et « Bien » jaune d’or. La
première fois qu’on nous les distribua, ce fut à la fin octobre. Une petite
phrase imprimée au verso du témoignage ne manqua pas d’inquiéter nombre d’élèves.
Elle précisait que les témoignages « Mal » et « Médiocre »
entraînaient deux heures de colle le dimanche après-midi. Par bonheur, cette
disposition n’était plus appliquée et plus d’un s’en trouva soulagé.
M. Barralier fut le dernier directeur à habiter le
logement de l’école. Monsieur et Madame Barralier n’avaient pas d’enfant ;
en revanche, ils possédaient un énorme chien que son maître promenait chaque
jour sur le quai voisin avant la classe de l’après-midi.
M. Barralier était né à Montélimar, le 18 janvier
1881. Après avoir fait ses études primaires et primaires supérieures dans sa
ville natale, il était entré à l’Ecole Normale de Valence en 1896, puis à l’Ecole
Normale Supérieure de Saint-Cloud en 1902 d’où il sortit en 1904, avec le titre
de Professeur de Lettres. Il enseigna successivement à l’E.P.S de Bourges, puis
à l’Ecole Normale de Rouen et à celle d’Albertville. Mobilisé le 2 août 1914,
il fut réformé le 19 octobre de la même année. Le 1er mars 1915, il
était nommé Directeur de l’E.P.S de Montceau. En 1927, il était appelé à la Direction
de l’E.P.S de Grenoble et, c’est dans cette ville qu’il prit sa retraite en
1937. Il est décédé le 7 février 1941, à l’âge de 60 ans. La Légion d’Honneur
lui avait été décernée en 1934. »
In Bulletin de l’Amicale des Anciens Elèves du Lycée de Montceau-les-Mines, année 1967-1968
P.P
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