Instituteurs-Naturalistes
autodidactes
François Chassignol
et Emile Château
« Pour enseigner un
peu, il faut savoir beaucoup »
Sans
doute, ces deux instituteurs saône-et-loiriens en avaient-ils conscience, comme
tous les bons maîtres, et s’en faisaient une règle. Tous deux se documentaient alors
sur toutes les matières qu’ils dispensaient dans leur école. Tous deux aussi, bien
avant de se connaître, avaient senti grandir en eux cette passion pour la
Botanique de terrain et la Biologie végétale. Les ambitions intellectuelles de
ces maîtres de campagne étaient malheureusement bridées par leur isolement,
sans bibliothèque suffisante, sans conseils éclairés et le découragement
faillit maintes fois les pousser vers l’abandon… Jusqu’à leur rencontre et à
l’amitié qui s’ensuivit.
François
Chassignol (1865-1960)
C’est
à Bourg-le-Comte, en Saône-et-Loire, que naquit François Chassignol, le 16
octobre 1865. A la suite de ses études primaires, il entra à l’Ecole primaire
supérieure de Marcigny, puis au collège de Charolles. Muni du Brevet
élémentaire, obtenu à Mâcon, en 1882, il semble s’être orienté vers la carrière enseignante. Il n’existe aucune trace d’un passage à l’Ecole
normale et nulle mention n’en est faite dans son dossier. Néanmoins, Sa
première nomination fut Digoin, le 15 octobre 1884 comme stagiaire. Au hasard des mutations, il fut nommé
successivement à Pierreclos, Dracy-Saint-Loup, Anost (où il se maria en 1892
avec Pierrette Lagneau) et, enfin, à la Boulaye en 1899, où il finira sa
carrière 26 ans plus tard. Il revint alors au pays natal jusqu’à son décès, le
14 février 1960.
Ecole de La Boulaye, fin
du 19e siècle (picclick.com)
Maître
reconnu sur le tard pour ses compétences et ses engagements, il contribua
remarquablement à l’implantation de l’école publique, s’investissant dans les
cours pour adultes, les conférences populaires et l’enseignement agricole. La
population des différentes communes où il exerça lui témoigna toujours
reconnaissance et estime, à l’instar de ses anciens élèves qui lui gardèrent,
eux aussi, un profond attachement. L’institution, dans toute sa rigueur,
souligna des débuts somme toute difficiles (surtout qu’il ne fut pas adoubé par
l’Ecole normale) (1), mais elle finit par reconnaître son investissement dans le
métier : le Ministre de l’Instruction publique lui décerna Lettres de félicitations,
Mentions honorables, ainsi que Diplômes d’Honneur et Médailles de bronze,
argent et or. En 1909, il fut élevé au grade d’Officier du Mérite agricole et, en
1920, à celui d’Officier d’Académie. En 1927, après un titre d’Instituteur
Honoraire (1925), il fut proposé au grade d’Officier dans l’Ordre des Palmes
Académiques. Poursuivant son engagement social, il rejoignit les délégués
cantonaux en 1933 (actuels Délégués départementaux de l’Éducation nationale) et
fut élu membre de la Commission départementale des Monuments et Sites naturels
en 1938.
Bulletin administratif du ministère de
l’Instruction publique, Tome CII, année 1917
Pour
parfaire ses connaissances en agronomie et en horticulture, liées à
l’enseignement agricole qu’il prodiguait lors de ses activités périscolaires,
il se consacra à la botanique de terrain et à la biologie végétale, autant par
goût, sûrement, que par nécessité d’acquérir une base solide à ses cours. C’est
à l’arrivée d’Emile Château, autre instituteur-naturaliste de talent, à Antully,
que François Chassignol fit la connaissance de ce dernier. Une amitié lia
rapidement les deux hommes, comme le relata Ernest Bonnot dans un Bulletin mensuel de la Société linnéenne de
Lyon : « F. Chassignol et
E. Château, liés par une solide amitié née d’une communauté d’âge, de
profession et d’aspirations (..). » C’est Emile qui présenta François
au Docteur Gillot, éminent botaniste autunois, qui décela immédiatement en
François Chassignol l’ardeur et les qualités humaines qui l’animaient. Dès lors,
il mit à sa disposition son savoir, sa bibliothèque, son important herbier
personnel et son jardin botanique, toutes choses qui manquaient cruellement au
désir de progresser de Chassignol. Ainsi, l’instituteur devint-il l’un des
meilleurs floristes du département, dirigeant de nombreuses excursions, assurant
le classement et la conservation des grands herbiers autunois.
Depuis
longtemps, F. X. Gillot parlait de la nécessité
d’un ouvrage d’ensemble sur la flore de Saône-et-Loire. A sa mort, en 1910,
François Chassignol et Emile Château reprirent le travail inachevé de leur
maître et entreprirent l’exploration méthodique du territoire. Le résultat de
leurs recherches fut publié de 1927 à 1936, par les soins de la société savante
de renom, La Physiophile de Montceau-les-Mines, au début sous le titre de Flore montcellienne, puis de Le Catalogue des plantes de Saône-et-Loire
et des cantons limitrophes, ouvrage de 450 pages devenu rare du fait de la
destruction des stocks pendant la Grande Guerre.
De
nombreuses sociétés naturalistes accueillirent François Chassignol (2).
Il s’attela à la réalisation d’un herbier phanérogamique très complet de la
flore française, il constitua un herbier des plantes de Saône-et-Loire, un
autre des plantes cultivées, un herbier cryptogamique, un herbier
cécidologique, un herbier pathologique… « Un
herbier est un trésor caché, utile seulement s’il est consulté souvent,
toujours guetté par deux ennemis implacables, l’un géant, l’autre nain :
le temps et l’insecte. » déclarait-il. Le phanérogamiste Pierre Senay
le félicita pour son travail soigneux et consciencieux dans un courrier du 19
janvier 1923 : « Je ne sais
vraiment pas ce que je dois admirer le plus : de la préparation des amples
parts, ou de la rareté d’espèces que je ne connaissais que de nom »,
tandis que le botaniste Jean-Baptiste Charbonnel, lui écrivait, le 17 novembre 1920 : « J’ai admiré le choix et la belle
préparation de vos exsiccata ». Ce dernier trouva naturel de lui
dédier de nombreuses variétés nouvelles ainsi discriminées lors de ses travaux MenthaeExsiccatae auxquels participa
Chassignol. On dénombrera plus de 70 publications, livres, comptes rendus et
autres travaux scientifiques publiés durant sa riche carrière.
L’école
de Bourg-le-Comte avant 1914 (geneanet)
L’école
de Bourg-le-Comte, 1937, carte adressée à l’institutrice de l’époque (geneanet)
A
la fin de sa vie et depuis son retour à Bourg-le-Comte, François Chassignol mit
au service de tous, son expérience et son grand savoir. Il continua de
développer patiemment un jardin botanique, élaboré entièrement de ses mains,
comme il l’avait fait à La Boulaye, cherchant à recréer le contexte écologique
d’espèces intéressantes. Il accueillit, avec obligeance, nombre de savants et
d’amateurs éclairés, leur transmettant le respect de la vie « dans ses
plus humbles manifestations », ainsi que sa pensée scientifique et
philosophique. Concluons par cette épitaphe rédigée par Ernest Bonnot, après la
mort de l’instituteur-naturaliste :
« Savant modeste et
bon, F. Chassignol a montré à la jeunesse qui lui était confiée, comme à tous
ceux qui ont voulu le suivre, une voie possible vers ce bonheur que les hommes
du 20e siècle se plaignent trop souvent de ne plus pouvoir – ou
savoir – trouver. Qu’ils s’inspirent donc d’une telle destinée, et ils
éviteront ces cancers que constituent certaines philosophies modernes,
déprimantes et néfastes. Qu’ils se penchent sur cette vie, et ils auront la
nette et réconfortante impression d’y pouvoir puiser le magnifique exemple de
ce qui fait le meilleur de l’Homme. »
Ecole de La Boulaye, début
du 20e siècle (picclick.com)
Emile Château
(1866-1952)
C’est
en Saône-et-Loire que naquit Emile Chateau, à Uchon plus précisément, le 16
octobre 1866 et c’est en Saône-et-Loire qu’il mourut, à Charrecey, le 16 avril
1952. Il fit sa scolarité à l’école de la Chapelle-sous-Uchon, parcourant,
chaque matin, six kilomètres à pied pour s’y rendre. D’un naturel timide, il
apprend à lire, compter et écrire en un temps record et, à 11 ans, il constitue
son premier herbier, avant d’être reçu premier au certificat d’études. Pour
lui, son avenir est tout tracé, il sera maître d’école. Ainsi, en 1883, à Mâcon,
obtient-il son Brevet élémentaire de Capacité qui lui ouvre les portes du Concours
d’entrée à l’Ecole Normale. Reçu à l’écrit, il sera malheureusement refusé à la
visite médicale, suspecté de porter la tuberculose. Qu’importe, après une
période de doute, il sollicitera un poste d’adjoint la même année et entrera
malgré tout dans la profession sans passer par l’Ecole normale :
- Nomination
d’instituteur-adjoint à Saisy du 18 octobre 1883 au 12 octobre 1886.
- Nomination
d’instituteur-adjoint à Mâcon du 12 octobre 1886 au 1er octobre 1895
où il épousera Jeanne Moreau, institutrice, en 1892.
- Chargé
d’école à Bourg-le-Comte du 1er octobre 1895 au 1er
octobre 1908.
- Directeur
d’école à Antully du 1er octobre 1908 au 1er octobre
1911.
- Directeur
d’école à Matour du 1er octobre 1911 au 1er octobre 1923
où il prit sa retraite, se retirant à Charrecey.
Emile Château à Charrecey, 1953
(bourgogne-fanchecomte-nature.fr)
Emile
Chateau participa à toutes les œuvres périscolaires qui incombaient aux maîtres
de l’époque et ses nombreuses actions pédagogiques d’enseignant lui valurent
les récompenses octroyées aux membres de l’enseignement : Officier de l’Instruction
publique, Officier du Mérite agricole, ainsi que les médailles décernées par
des Sociétés diverses, parmi lesquelles la prestigieuse Médaille scientifique
de l’Académie internationale de Géographie botanique dont il fut l’un des rares
titulaires. Il exerça son métier d’instituteur jusqu’à sa retraite, en 1923, à
Charrecey, ajoutant à sa carrière : le secrétariat de mairie, la direction
de l’Union musicale de Matour, la préparation militaire (3).
Extrait
de la conférence « Au jardin secret de Maître Château », Jean
Pelletier-Thibert : « Cet
autoportrait provient du laboratoire photographique qu’Emile Château installa
dans son école en 1898. Il en tira un positif de couleur bistre au format carte
postale, puis il écrivit dessus cette mention humoristique d’autodérision :
« Un chercheur de Cecidomyia… Sur une branche de Pyrus Cydonia ».
Ensuite, il la posta de Bourg-le-Comte, à l’adresse de Mme Château,
institutrice… Audit bourg ! Créant ainsi un document avec date certaine ;
le cachet de la poste faisant foi ! »
Au
fil du temps, il était devenu l’un des meilleurs botanistes de la société d’Histoire
Naturelle de Mâcon dont il fut secrétaire adjoint et conservateur. Il publia de
nombreuses notes pour différentes sociétés et collabora avec les plus éminents
spécialistes du département et au-delà (4). C’est à son arrivée à Bourg-le-Comte
qu’il fut mis en relation avec le Docteur X. Gillot qui sera son véritable
maître. Ses contacts avec la plupart des botanistes de l’époque le rapprochèrent
de la Société d’Histoire Naturelle d’Autun et, à son arrivée à Antully, en 1908,
il se lia d’amitié avec François Chassignol. Alors, commença leur longue
collaboration. Comme lui, il aurait abandonné la botanique si le hasard des
rencontres n’avait mis sur son chemin des naturalistes amateurs et des savants
qui allaient l’aider à vivre sa passion.
Emile
Château vers 1940 (la Physiophile-Montceau)
Correspondance
de G. Kunholtz-Lordat, 1947 (doc Jean Pelletier-Thibert)
Un
peu avant sa mort, Emile Château, au sommet de sa carrière de botaniste, reçut
la reconnaissance suprême qui couronna son œuvre. G. Kunholtz-Lordat, Docteur ès
sciences, membre correspondant de l’Institut, professeur à l’Ecole Nationale d’Agriculture
de Montpellier, lui reconnut la paternité de la phytosociologie. Resté modeste, Emile Chateau n’aura de cesse
de répéter, jusqu’à la fin, aux débutants friands de ses conseils : « Plus j’étudie, plus je m’aperçois que
je ne sais rien ! »
Emile
Château en excursion à Nolay, vers 1945 (bourgogne-fanchecomte-nature.fr)
Sources :
-
Documentation musée et Amicale des anciens de l’EN de Mâcon (AAEENM.over-blog.com).
-
Bulletin mensuel de la Société linnéenne de Lyon, 29e année, n° 9,
novembre 1960, article François
Chassignol, botaniste (1865-1960) par Ernest J. Bonnot.
-
Bulletins La Physiophile, n° 3 (septembre 1926), n° 37et n° 38
(septembre-décembre 1953).
- Article Commémoration du cinquantenaire de la disparition d’Emile Château, père de la phytosociologie, Jean-Claude Notet, Président de La Physiophile, 2002 (docplayer.fr) et : https://www.physiophile.fr/images/pdf/chateau.pdf.
-
Notes de Jacques Broyer, Inspecteur honoraire, membre de l’aaeenm71 (d'après ADSL71, dossiers 3T472 et 3T473).
(1) : Note de Jacques Broyer,
Inspecteur honoraire, membre de l’aaeenm71, juin 2022 :
« François Chassignol :
Né le
16 octobre 1865 à Bourg- le- Comte.
Etudes
secondaires à Marcigny et au collège de Charolles.
Brevet
élémentaire simple en Juillet 1882 à Mâcon (il n’est pas passé par l’EN).
Il est
marié et père de deux enfants : Max
né en 96 et mort en 1907, Marius né le 8 décembre 1904.
Entre
dans l’enseignement en qualité de « stagiaire » à Digoin le 15
octobre 84 (les « stagiaires » étaient suppléants). Il est embauché
car « sa moralité et ses antécédents ne laissent rien à désirer »
selon l’Inspecteur Primaire dans son rapport à l’Inspecteur d’Académie. Il
perçoit un traitement de 700 francs, son chauffage est gratuit. Le
rapport du directeur (sic) avant la visite de l’Inspecteur Primaire nous
apprend le 29 décembre 84 qu’il a « des capacités médiocres » mais
une « bonne moralité et de bonnes relations avec parents et collègues ».
Il ajoute : « ce jeune maître débute. On ne peut se montrer exigent
mais il ne me paraît pas débrouillable ». ( ? sens de ce
mot ?)
Début
avril 85, il souhaite partir de Digoin pour préparer le brevet supérieur. L’Inspecteur
Primaire appuie sa demande « car sa manière d’être avec les enfants ayant
fait naître l’indiscipline dans la classe et lui ayant créé une situation
difficile, il ne pourrait être maintenu sans compromettre gravement les
résultats de l’école ».
Nommé à
Pierreclos le 7 avril 85. En 86, il souhaite un poste sur le canton de Semur-
en- Brionnais pour se rapprocher de son père malade.
Nommé à
Dracy- Saint- Loup le 27 octobre 86. Même salaire de 700 francs et une
gratification de 100 francs. Il est chargé d’un C.E. à trois divisions d’une quarantaine d’élèves.
A partir de cette date, tous les rapports (86, 87, 88, 89) décrivent un maître sérieux « qui
comprend bien son devoir ». Il est estimé. L’ Inspecteur Primaire souligne
cependant « qu’il doit surveiller son langage parfois incorrect et qu’il
manque un peu d’énergie avec les élèves, ils ne les force pas assez au
travail. »
Il a
passé le Certificat d’Aptitude Pédagogique le 15 septembre 90, mais reste
stagiaire. Le 24 septembre, l’Inspecteur Primaire demande son déplacement car
« son service et ses relations à Dracy ont compromis sa dignité. On lui a
manqué de respect ». L’Inspecteur Primaire ne veut pas en écrire plus il
en parlera à l’Inspecteur d’Académie de vive voix.
Nomination à Anost le 5 novembre 90. Il
devient titulaire adjoint dans cette commune le 14 mai 92. Lors de la visite de
l’Inspecteur Primaire, l’école compte 249 élèves à cette date dont 211
présents. François Chassignol est chargé d’un CM1 de 49 élèves (46 présents).
Il est instituteur de 5ème classe. Son traitement est alors de 1100
francs. Le rapport de l’Inspecteur Primaire
note « un enseignement précis et méthodique » mais qui « manque
de vie ». Il faut, dit-il «toucher le cœur, mettre quelque chose de
soi-même » et « laisser chercher les élèves en calcul au moins deux
fois par semaine ». Le 24 mars 97, il demande une mutation pour Poisson.
Il est
nommé à La Boulaye (284 habitants) le 16 juin 99. Dès qu’il connaît son
affectation, il demande que son épouse soit chargée des travaux d’aiguille. Ce
que l’Inspecteur Primaire lui accorde. La Boulaye est une classe unique de 37
élèves le jour de la visite de l’Inspecteur Primaire en 1901. Celui-ci note que les élèves fréquentent mal, le
maître a dû se négliger un peu. Il attribue la note de 11. En 1902 (38 élèves),
il conclut « qu’il emporte une meilleure impression que la dernière
fois. Les élèves se tiennent mieux. Le maître est sérieux et dévoué,
l’enseignement est pratique ayant un caractère nettement agricole. ».
Son
traitement d’instituteur de 4ème classe est alors de 1200 francs,
160 francs de secrétariat de mairie et 176 francs pour les cours d’adultes en
plus. En 1905, il passe en 3ème classe avec 1800 francs de traitement
, 170 pour le secrétariat et 206 francs pour les cours d’adultes. Les rapports
de l’Inspecteur Primaire le félicitent
pour le bon fonctionnement de la bibliothèque scolaire (345 prêts) favorisé par
les cours d’adultes et les lectures faites par le maître.
Le 25
novembre 1909, il est arrêté un mois pour un décollement de la rétine.
Le 24
mars 1910, arrêt de 8 jours pour une angine phlegmoneuse. Cette année là, il a
souhaité se rapprocher d’Autun. Le maire y est opposé, il ne veut pas d’une
institutrice car l’école est trop isolée et il n’y aurait pas de travail pour
un éventuel époux.
Le 13 novembre
1912, il passe en 2ème classe avec 2000 francs de traitement et 200
francs pour le secrétariat.
Le 31
juillet 1916, il obtient la médaille de bronze. Son traitement est alors de
2400 francs et 200 francs de secrétariat de mairie. Note 14 à l’issue d’une
inspection positive.
Le 30
octobre 1918, inspection : 39 élèves présents sur 43. Bonne impression de
l’Inspecteur Primaire, la note 15 lui est attribuée. Son traitement est de 2600
francs et 300 pour le secrétariat.
Le 1 janvier 1919, il obtient la mention
honorable et le 15 novembre 1919, il est nommé officier d’académie sur
proposition de la Société des conférences populaires.
En
1922, il est instituteur de première classe, on note que son traitement est
passé à 6700 francs (le bon est important pour tous les instituteurs, une
revalorisation a dû intervenir après la guerre). S’y ajoutent 500 francs de
secrétariat et un supplément de 1375 francs qualifié de « vie
chère ».
Le 21
mai 1923, une lettre à l’IA nous apprend qu’il demande que son fils normalien à
Bourg soit autorisé à poursuivre ses études à Mâcon. Il a été opéré de
l’appendicite au moment du concours de
Saône et Loire. Il a été reçu 1er dans l’Ain. Les profs de
Bourg s’opposent à son départ. Le recteur acceptera finalement.
Le 10
octobre 1825, il est mis à la retraite (sans l’avoir demandé, il aurait
souhaité finir un an plus tard, lorsque son fils aurait fini ses études). Il se
retire à Bourg- le- comte
Le 27
novembre 1825, il obtient l’honorariat.
Le 17
janvier 1827, il demande les palmes académiques (lettre au ministre où l’ Inspecteur
Primaire met en avant ses récompenses et sa qualité d’observateur météo
local). Sans suite. »
(2) :
« De nombreuses
sociétés naturalistes accueillirent par la suite F. Chassignol : Sociétés
d'Histoire Naturelle d'Autun, du Creusot, de Saône-et-Loire à Chalon-sur-Saône,
la Physiophile de Montceau-les-Mines, Société Linnéenne de Lyon et son groupe
de Roanne, Société bourguignonne d'Histoire Naturelle à Dijon, Société des
Naturalistes et Archéologues de l'Ain à Bourg, Société scientifique du
Limousin, Amis des Arbres à Roanne, Société Linnéenne de Seine-Maritime au
Havre, les Amis des Arts à Marcigny, l'Académie internationale de Géographie
botanique. Il entretint avec une cinquantaine de correspondants des relations
plus ou moins suivies dans différentes branches des Sciences Naturelles. La
plupart étaient des phanérogamistes comme E.-G. Camus (Paris), M. Gandoger, P.
Genty (Dijon), P. Senay (Le Havre), V. Bellengreville, le Dr C. Gabriel
(Faculté de Médecine, Marseille), Armandin (Yonne), Charrel (Soc. Bot. du Var),
l'Abbé Coste, Ch. Duffour, M. Debray, Daveau (Montpellier), Gagnepain (Muséum,
Paris), Léveillé (Le Mans), G. Bonnier (Sorbonne), le Dr Guetrot (Paris), le Dr
Gillot (Autun), Lassimone (Moulins), E. Lemée (Alençon), Legendre (Limoges),
Quincy (Le Creusot), J. Revol (Ardèche), G. Rouy (Paris), Ad. Davy de Virville
(Paris), E. Cavro (Musée d'Hist. Nat. de Roubaix), J.-B. Charbonnel (Roffiac,
Cantal), P. Fournier (Le Monde des Plantes), le Dr Chassagne (Lezoux). Mais, au
cours de ses excursions nombreuses et variées bien que rarement lointaines, F.
Chassignol ne manquait jamais de collecter du matériel pour ses confrères
d'autres spécialités, tels les mycologues Bigeard et Guillemin, les
cécidologues C. Houard, Marchal, E. Noury, les forestiers S. Mottet
(Verrières-le-Buisson), F. Pirsoul (Musée Forestier de Namur), le
paléontologiste V. Berthier, le bryologue T. Husnot. Lui-même d'ailleurs
s'orienta rapidement vers la Cécidologie et envoya à C. Houard d'abondants
matériaux, au temps où celui-ci travaillait à son ouvrage fondamental sur les «
Zoocécidies des Plantes d'Europe et du Bassin de la Méditerranée » (Paris
1908-1913). Le Professeur Houard n'oubliait pas qu'il était fils d'un modeste
Maître d'Ecole et sans doute est-ce pour cette raison qu'il accordait à F.
Chassignol une véritable amitié, précieux encouragement pour le travailleur
isolé de la vallée de l'Arroux à qui il adressait des lettres constituant de
véritables cours de botanique agrémentés de planches et dessins coloriés
lorsqu'il s'agissait de questions mycologiques. » In Bulletin mensuel de la Société linnéenne de Lyon, Bonnot Ernest-J, Biographie de François
Chassignol, 29e année, n° 9, novembre 1960
Biographie de Chassignol par Ernest-J Bonnot,
1960
(3) : Note de Jacques Broyer,
Inspecteur honoraire, membre de l’aaeenm71, juin 2022 :
« Emile Chateau :
Né à La
Chapelle- sous- Uchon le 16 octobre 1866
Brevet
simple le 4 avril 1883
Certificat
d’Aptitude Pédagogique le 18 juin1891
Il
commence sa carrière à Saisy comme adjoint le 18 octobre 1883. Il a été
embauché sur l’intervention du député Reyneau (demande à l’Inspecteur d’Académie
le 16 octobre, réponse le 17 !). Emile est le fils du vigneron du député,
celui-ci demande de le nommer à Saisy en suppléance.
Nommé à
l’école de la place Saint Pierre à Mâcon (publique) le 12 octobre 1886, il y
devient adjoint le 14 mai 1892.
Nommé à
Bourg- le- Comte le 7 septembre 1895.
Nommé à
Antully le 1 septembre 1908.
Nommé à
Matour le 19 juillet 1911
Il a
essayé de se rapprocher d’une ligne de chemin de fer pour que son fils
scolarisé au lycée de Dijon puisse éviter les 10 km à pied dans les bois entre
Antully et la gare de Marmagne, de même ses deux filles fréquentent un
établissement secondaire. C’est ainsi qu’on le nomme à Matour.
Ses
rapports d’inspection ainsi que ceux du directeur font apparaître un garçon
sérieux, travailleur, « tout à son devoir » mais très timide (son
directeur en 1888 parle d’une « infirmité et d’une figure qui prête à
rire »). Il est régulièrement apprécié par l’Inspecteur Primaire comme
ayant « une instruction au-dessus de la moyenne ». En 1921, l’Inspecteur
Primaire conclut : « avec des élèves débiles, peu développés du point
de vue de l’intelligence parce qu’ils vivent dans des campagnes reculées, M. Chateau
forme des petits élèves réfléchis et travailleurs. »
Le 11
mai 1905, il est signalé dans un rapport comme étant un « botaniste
distingué ».
Le 7
juillet 1908, il adresse à l’Inspecteur d’Académie, un exemplaire d’un ouvrage écrit en
collaboration avec M. Ormezzano : La florule du Brionnais.
C’est
dans un courrier du 21 novembre 1908 qu’on apprend qu’il a publié des
recherches sur « la dissémination des végétaux de la source de la Loire
jusqu’à l’Océan ». Il répond en effet à un courrier de l’Inspecteur d’Académie
sur une demande de secours déposée par un homonyme de Saint Bonnet de Cray.
Lui-même espère un remboursement de ses déplacements par le Muséum (il ne dit
pas lequel).
Le 2
mars 1923, il se retire de l’enseignement. Il se plaint de la vue et de
douleurs rhumatismales (qu’il a contractées au secrétariat de mairie d’Antully,
installé dans une pièce très humide).
Il est
titulaire de nombreuses distinctions et récompenses.
Il est marié à Jeanne Moreau (sic) en 1885. Elle est institutrice.
(4) :
« Toujours
debout à la première lueur du jour, ne perdant pas une minute, consacrant tous
ses loisirs à l’histoire locale, aux sciences naturelles, à la pathologie
végétale, E. Chateau a écrit de nombreux articles dans les Bulletins des
Sociétés d’Histoire Naturelle de Mâcon, d’Autun, de la Société Botanique
de France, de la Société
d’Agriculture de Charolles,
de Mâcon, etc.
Il est membre de toutes les
Sociétés scientifiques du département, des Académies de Mâcon, Dijon, des Naturalistes
de l’Ain, de la Linnéenne
de Lyon, des
Sociétés de Botanique et
de Pathologie végétale de France,
etc.
Ayant rayonné
autour de toutes
les localités où
il a résidé,
passant chaque année
une quinzaine de jours
à Salornay-sur-Guye et
à la Chapelle-sous-Uchon, il est un
de ceux qui connaissent le mieux le territoire de
Saône-et-Loire. »
La Physiophile, n°3, sep. 1926, pp.101-102
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