vendredi 29 juillet 2022

Les illustrations de Dascher-chapitre 8

 

Les illustrations de Georges Dascher

Chapitre 8

Les premiers soins

Munaé - Alcoolisme et Tuberculose - Notre hygiène. Couverture de cahier (vers 1905)


Les gestes qui sauvent

De nos jours, à l’école, on enseigne « les comportements adaptés et les gestes élémentaires de premiers secours » dans le cadre des dispositifs Apprendre à Porter Secours (APS pour les écoles maternelles et élémentaires), Gestes Qui Sauvent (GQS pour le collège) et Prévention et Secours Civiques de niveau 1 (PSC1 pour les collégiens et les lycéens). Déjà, à la fin du 19e siècle, la question de l’éducation aux premiers soins en cas d’accident se posa aux maîtres, et de manière plus cruciale encore qu’aujourd’hui, l’accès à la médecine restant aléatoire. Dans cette France majoritairement rurale, le ministère de l’Instruction publique pallia les carences dues à l’isolement des campagnes, par une éducation aux premiers soins bien ciblée.



Cet enseignement passa beaucoup par l’image et les éditeurs ne manquèrent pas de produire des séries de cahiers, de protège-cahiers ou encore de panneaux éducatifs sur ce thème et sur celui de l’hygiène. Cette iconographie répertoriait les situations dangereuses et les accidents du quotidien qui pouvaient survenir à tout moment, imagerie évidemment plutôt axée sur les affres de la vie rurale.  

Tableau mural La vie enfantine, Delagrave Librairie, 1910, gravure de Bertrand (collection musée)



Collection Gaudchaux, illustrateur Charles Gangloff, couverture de cahier vers 1900

La sagesse populaire

Dans nos campagnes de cette fin du 19e siècle, la population conservait ses traditions ancestrales et rejeta longtemps les médecins et leur science. Elle était ancrée dans une société très religieuse et un peu mystique. Les paysans préféraient recourir au « rebouteux » plutôt qu’au médecin, « rebouteux »,  du reste, qu’ils pouvaient payer en œufs, fruits ou poulet (y compris pour soigner les bêtes)… Le sorcier inspirait, c’est selon, crainte ou confiance et coûtait surtout moins cher. Cependant, la lenteur dans l’application des soins indispensables fut parfois fatale au malade : quand on décidait enfin de faire appel au médecin, il était trop tard. Malgré tout, niant les faits, la sagesse populaire ne manquait pas d’en déduire que, finalement, le médecin ne savait rien faire de plus que le sorcier ! 


Le rebouteux, l’ostéopathe d’autrefois (selency.fr)

Les malades et les accidentés de l’époque ainsi que leur entourage, étaient peu exigeants. Comme les moyens de guérison étaient, somme toute, limités et les accidents acceptés avec fatalité, personne ne doutait de la fragilité de l'être humain en ce bas monde et, par conséquent, on acceptait plus facilement la mort… ce qui ne veut pas dire que l’on n’en avait pas peur ! On peut aussi noter que les accidents étaient fréquents, conséquences des conditions de vie : dureté et précocité du travail, mauvais traitements, absence d’éducation.


Fortunapost.com

L’école tentera alors, certes de manière peu organisée, de pallier ce manque d’éducation, en proposant quelques leçons mettant en avant des pratiques simples d’hygiène et de prévention des risques encourus dans la vie quotidienne.

La série de protège-cahiers Les premiers soins en cas d’accident, produite par l’éditeur Camille Charier de Saumur et illustrée par Georges Dascher, sera un des supports pédagogiques de cet éveil aux dangers du quotidien. En voici quelques exemples :


























Secourisme et éducation à l’orée du 21e siècle

Depuis plus de 20 ans, la formation aux premiers secours fait partie intégrante des programmes de l’école et commence vraiment à trouver sa place dans les différents enseignements scolaires. C’est la loi N° 2004-811 du 13 août 2004 sur la modernisation de la sécurité civile, qui en fixa les objectifs. Dès lors, l’article L.312-13-1 du code de l’éducation stipulera que « tout élève bénéficie, dans le cadre de sa scolarité obligatoire, d’une sensibilisation aux risques et aux missions des services de secours ainsi que d’un apprentissage des gestes élémentaires de premiers secours. Cette formation ne peut être assurée que par des organismes habilités ou des associations agréées ». C’est un retour aux sources qui rappelle que l’école a un rôle important dans la formation des futurs citoyens.

Dans la première décennie des années 2000, les programmes de l’école primaire, à travers le « socle commun de compétences et de connaissances », listent les connaissances et compétences liées à la santé que devront acquérir les élèves durant leur scolarité. Il incombe donc à l’école, dans le cadre de l’éducation citoyenne, d’éduquer à la santé et aux comportements responsables, selon 7 axes prioritaires :

-       L’hygiène de vie.

-       L’éducation nutritionnelle et la promotion des activités physiques.

-       L’éducation à la sexualité, l’accès à la contraception, la prévention des infections sexuellement transmissibles et du sida.

-        La prévention des conduites addictives.

-       La prévention des  « jeux dangereux » et la contribution à la prévention et à la lutte contre le harcèlement entre élèves.

-       La prévention du mal-être.

-       L’éducation à la responsabilité face aux risques (formation aux premiers secours).

Ce dernier axe doit concerner tous les élèves et particulièrement les lycéens, proche de la citoyenneté, auxquels il est notamment rappelé dans l’article L721-1 du code de la sécurité intérieure, que « Toute personne concourt, par son comportement, à la sécurité civile. En fonction des situations auxquelles elle est confrontée et dans la mesure de ses possibilités, elle veille à prévenir les services de secours et à prendre les premières dispositions nécessaires. » A toute fin utile, rappelons aussi que la non-assistance à personne en danger est sanctionnée par l’article 223-6 du code pénal qui précise que « Quiconque pouvant empêcher par son action immédiate, sans risque pour lui et pour les tiers, soit un crime, soit un délit contre l’intégrité corporelle de la personne, s’abstient volontairement de le faire, est puni de 5 ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende. Sera puni des mêmes peines quiconque s’abstient volontairement de porter à une personne en péril, l’assistance que, sans risque pour lui ou pour les tiers, il pouvait lui prêter soit par son action personnelle, soit en provoquant les secours. »

A l’évidence, dans le cadre de l’école primaire et du collège, il ne serait enseigné que quelques gestes et réflexes simples. Il apparaissait, dans les années 1990, que moins de 30 % de la population française était formée aux gestes de premiers secours et que de trop nombreuses personnes méconnaissaient encore les numéros d’urgence. Cette situation engendrait des premiers soins non réalisés et des secours appelés trop tard. Apprendre aux élèves à « porter secours » devenait un véritable enjeu de santé publique, pouvant ainsi éviter que des personnes ne meurent ou vivent avec de graves séquelles à la suite d’accidents de la vie courante ou de malaises qui auraient pu être traités plus rapidement.

Les premiers soins (vers une version modernisée)

Editions La Maison des Instuteurs

13, boulevard Victor Hugo, St-Germain-en-Laye

1960








Affiche scolaire MDI, hygiène et secourisme, Editions Rossignol, 1960 (collection musée)

 

La prévention des accidents (toujours en version plus moderne)

Editions La Maison des Instuteurs

13, boulevard Victor Hugo, St-Germain-en-Laye

1960










Sources :

-       Iconographie et documentation musée.

-       https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas

-       https://eduscol.education.fr/1005/ressources-nationales-pour-les-formations-aux-premiers-secours

-       Aide à l’illustration :  

reseau-canope.fr ; gdascher.jimdofree.com

 

Patrick PLUCHOT


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