« Petite histoire d’un écolier
d’autrefois expliquée aux enfants
d’aujourd’hui »
CHAPITRE V
« Nous y voilà ! »
La joyeuse bande étant arrivée à bon port,
Jules rejoint la cour des « grands » et sa journée de classe commence
par son installation au pupitre qui lui est dédié, non loin du poêle qui
diffuse sa douce chaleur. Un Règlement pour la construction et l'ameublement des
maisons d'école a été édité en 1880 et stipulait :
"La classe sera de forme rectangulaire.
L'éclairage unilatéral sera adopté toutes les fois que les conditions suivantes
pourront être réunies :
- possibilité de disposer d'un jour
suffisant.
- proportion convenable entre la hauteur des
fenêtres et la largeur de la classe.
- le jour viendra nécessairement de la
gauche.
(..) Que la classe soit éclairée d'un côté ou
de plusieurs côtés, par une baie unique ou par plusieurs fenêtres, les
dimensions de ces ouvertures devront être calculées de façon que la lumière
éclaire toutes les tables".
Ce règlement précisait évidemment que l'appui
des fenêtres serait élevé de 1,20 m au-dessus du sol... rien ne devant
détourner l'attention des écoliers!
Il sera complété par Les Instructions du 30
août 1949 qui donnent la liste du matériel à fournir par les communes:
- des tables et des sièges pour les maîtres,
- des tables et des sièges en nombre
suffisant pour les élèves en fonction de leur taille,
- des tableaux noirs,
- le matériel nécessaire à l'enseignement
(cartes, planisphère, etc.), ainsi que le matériel de travail manuel et des
arts ménagers,
- différentes armoires et une ou plusieurs
prises de courant.
La loi de 1953 apporte quelques changements :
2 tableaux noirs ou de couleur, une table longue pour les travaux pratiques, un
meuble à archives, un panneau d'affichage et un cadre à glissières pour exposer
les gravures.
Si au début l’éclairage artificiel se
composait de lampes à pétrole dans les campagnes et quelques fois de lampes à
gaz dans les villes, avec l'usage courant de l'électricité apparaissent les
"globes", suspensions de verre accrochées à une tige métallique qui
doivent assurer une bonne diffusion de la lumière directement au-dessus des
élèves. Ces "globes" seront plus tard remplacés par des tubes à
"néon" suspendus eux aussi, au-dessus des élèves. Une nouveauté sera
l'apparition d'un éclairage propre pour les tableaux (à base de tubes lui
aussi).
Mais revenons en 1881. l'Etat prend en mains
le mobilier scolaire. La table-banc de 8 à 10 places avec le banc sans dossier
lié à la table, sans souci de la taille des enfants est couramment utilisée. En
outre, les instructions précisent la composition du matériel scolaire :
- un bureau de maître avec estrade de 0,30 m
à 1,32 m de hauteur,
- une armoire bibliothèque où les livres
seront rangés,
- des tableaux et des cartes,
- un compendium métrique
- des agrès, appareils de gymnastique et
fusils scolaires,
- une armoire pour ranger les objets
indispensables à la propreté de l'école.
Dès 1887 des Instructions spéciales
réglementent la construction des pupitres. Les différentes inclinaisons de ces
derniers varient de 0° à 20°, bien que la grande majorité d'entre-elles se
situent de 8° à 9°. « Cette inclinaison moyenne est suffisante pour
bien offrir le livre aux regards tout en évitant son glissement ».
Chaque pupitre est muni d’un encrier en faïence ou porcelaine blanche, leur
remplissage hebdomadaire incombait à l'enseignant ou, dans les grandes classes,
aux élèves. Par roulement ou comme une récompense, ceux-ci s'acquittaient de cette
tâche importante avec sérieux ! Pour éviter une évaporation trop rapide, donc
dans un souci permanent d'économie, les élèves couvraient leur encrier, souvent
avec un gros bouton ou un bouchon de tube de médicament. Une petite collerette
en tissu placée sous l'encrier servait à protéger la table et à essuyer la
plume.
Le nettoyage de ces encriers annonçait de
façon très claire l'arrivée des vacances scolaires d'été. Chaque classe mettait
un point d'honneur à "récurer" le plus parfaitement possible sa série
d'encriers.
Plus tard, avec de nouveaux bureaux,
apparurent les encriers en plastique vert, munis d'un système de fermeture.
Conservateurs, les maîtres stockèrent encore longtemps les vieux encriers dans
les bas de placard ! Moins jolis, moins fragiles, le nouveau matériel fut
l'objet de moins de soin de la part des élèves. Devenus inutiles à l'arrivée du
stylo à bille, les encriers disparurent petit à petit des tables d'écoliers.
Peu à peu, la naissance d'une pédagogie tournée vers la manipulation de
documents et de petit matériel, tels que les jetons ou les bûchettes pour le
calcul par exemple, fait évoluer les pupitres vers le plan horizontal. On
assiste alors à des rectifications artisanales de la pente de ceux-ci par
introduction de coin de bois sous les plateaux, ainsi ramenés à l'horizontale.
On trouve dans le commerce les pupitres inclinés jusqu'en 1936 (catalogue
SUDEL, page 26). Les Instructions du 30 août 1949 veulent instaurer un nouveau
mobilier scolaire, de préférence individuel, avec une table horizontale (munie
d'une rainure pour les porte-plumes et d'un trou destiné à recevoir l'encrier)
pour chaque enfant et une chaise. Ce matériel doit être facilement
transportable par l'enfant lui-même.
Les tables et les sièges seront de couleur
claire, y compris le dessus de la table. En aucun cas le mobilier ne sera fixé
au sol. En 1950, on préconise des tables réglables avec des tubes d'acier.
Chaque classe était équipée, à la ville comme
à la campagne, d'un poêle en fonte (souvent de marque GODIN), alimenté au
charbon pour les premiers ou au bois pour les seconds. L'honneur d'assurer la
corvée d'allumage revenait le plus souvent à l'élève le plus méritant (ou le
plus dégourdi) qui, après avoir froissé un journal et disposé de menus morceaux
de bois, enflammait le tout avant de "charger" en charbon au moyen
d'un seau ou en bûches. Le manque de moyen dans les écoles de campagne poussait
souvent le maître à demander aux élèves d'apporter chacun une bûche le matin,
afin d'assurer le chauffage de la journée. C'est ainsi que les écoliers
arrivaient munis de leur cartable, de la bûche et le plus souvent de leur
gamelle pour leur repas de midi. Le poêle servait alors de cuisinière pour
réchauffer la "soupe", pendant que chacun attendait autour de la
grille. Après les moyens de chauffage précaires utilisés jusqu'au milieu du
siècle, la loi de 1953 apporte des précisions sur les moyens à utiliser pour
chauffer les classes, elle recommande l'emploi d'appareils à bois, à anthracite
ou l'utilisation du "calorifère irlandais à ailettes". Mais peu à
peu, les communes équipent leurs écoles d'un
chauffage central, activé et entretenu par un personnel municipal,
souvent au charbon dans les années 1960. Ensuite, d'autres énergies sont
utilisées (gaz, fuel...).
A suivre…
P.P
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