mardi 8 août 2017

Notre voyage de fin d'année


Notre voyage de fin d’année

Cahier d’Instruction civique, compte-rendu de voyage, 1966 (collection musée)

Témoignage d’une élève de Cours Moyen vers 1950

« Comme nous paraissent déjà lointains notre classe de CM2 et notre voyage scolaire de fin d'année ! Pour nous, enfants d'une dizaine d'années, ce voyage était d'une importance capitale : c'était notre voyage que nous pouvions nous offrir avec l'argent de notre coopérative scolaire. Ensemble, nous avions soigneusement préparé l'itinéraire emprunté par l'autocar et réfléchi aux visites que nous ferions.



Enfin ce jour tant attendu arriva ! Pour quelques-unes, c'était la première fois qu'elles prenaient le car.  Un peu excitées, nous regardions, le nez collé aux vitres, le paysage pourtant connu ; puis ce fut la première étape : Toulon-sur-Arroux, où nous allions visiter l'église avant d'arriver au but du voyage : Bourbon-Lancy.

Dix ans après, que nous reste-t-il de ce trajet ? Surtout le souvenir d'un moment plein de joie passé avec toutes nos camarades et avec la maîtresse que nous découvrions en dehors de la classe. Et puis aussi, la visite des thermes de Bourbon, de la vieille ville, de la maison de bois, d'une fabrique de fromage ; bref autant d'endroits que nous voyions pour la première fois avec intérêt.

 Après être passées dans un magasin d'où chacune voulait rapporter un souvenir, nous avons repris le chemin du retour en chantant à tue-tête. Finalement, ce voyage nous aura laissé la marque d'une journée fort agréable.  C'était l'occasion de mieux connaître notre maîtresse et de passer un bon moment ensemble. »

Les voyages scolaires d'antan ne ressemblent pas aux sorties de fin d’année des classes d’aujourd’hui, tout du moins dans l’ambiance qui y régnait. Il n’avait lieu qu’une fois dans la scolarité primaire, juste avant l’apprentissage ou la 6ème pour les plus doués. Il finalisait un cycle scolaire et était un rite que les élèves, filles ou garçons n’auraient manqué pour rien au monde. S’il est coutumier de nos jours d’aller passer une journée en visites pédagogiques, dans les années 50, c’était une véritable expédition souvent inédite pour les enfants et qui avait lieu dans la première quinzaine de juillet... 


Classe de garçons de M. Galy, 1949 (l'Indépendant)


C’est cette opportunité qu’offre à leur classe un couple d’instituteurs à cette époque, Emile et Yvonne Galy, en organisant chaque année un voyage scolaire pour les « grandes » et les « grands ».


Classe de filles de Mme Galy, 1949 (l'Indépendant)


On imagine aisément leurs élèves, excités depuis plusieurs jours, être au départ du car de bonne heure le jour J, sacs à la main, prêts pour l’aventure. La route serait longue avant d’arriver à bon port, les autoroutes n’existaient pas. Mais qu’importe ! Les chants et les paysages inconnus feraient passer le temps plus vite.


Filles et garçons, 1951 (l'Indépendant)


Après une magnifique journée passée en visites et en découverte (ou quelques rares fois deux ou trois jours), le retour s’annonçait plus calme, la fatigue gagnant, la petite troupe somnolente regagnait le bercail, malgré quelques péripéties inattendues parfois…


Oh hisse ! 1950 (l'Indépendant)


Ces quelques voyages précurseurs des années 50 ont ouvert la voie aux autres écoles et dès 1953, les agréments de l’Education Nationale se font plus nombreux au prétexte « d’hygiène scolaire ». Les sorties ont alors lieu durant la période scolaire, généralement de novembre à mai, selon le thème,  et à plusieurs classes (afin d’amortir le coût du car). Les élèves sont encadrés par leur maîtresse ou leur maître et il arrive que la cantinière fasse partie du voyage, dans le cadre de ce que l’on appelle « la gestion libre ». Les élèves passent trois semaines (durée obligatoire) en internat et alternent les cours traditionnels (il ne faut pas perdre le programme de vue !) et les activités de découvertes et de sport proposées par des animateurs qualifiés.


Classe découverte de l’école des Gautherets, château de Montlaville à Chardonnay 71, 2010 (collection musée)


Ces classes de mer, de neige ou vertes prirent le nom de « classes transplantées » avant de devenir des « classes découvertes » et avec le temps, leur durée fut laissée à l’appréciation des enseignants et aux moyens des communes, elles n’excèdent généralement plus la semaine.


Semaine de l’école des Gautherets à la Ferme Pédagogique des Mazilles à Saint-Vallier 71, 2005 (collection musée)


Classe de mer de l’école des Gautherets au Lavandou 83, 2003 (collection musée)


Sources :
« Cent ans d’école », production Musée de la Maison d’Ecole
« Voyages scolaire d’antan », article de F. Mourlan, l’Indépendant, 2016

P.P :







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