2018 : dernière année de Commémoration
Du Centenaire de la Grande Guerre
Au cours de cette dernière année et après trois
expositions labellisées, le musée de la Maison d’Ecole à Montceau se propose de
revenir sur la chronologie des évènements qui ont amené le premier conflit
mondial, à travers une série d’article qui paraîtront périodiquement jusqu’à
décembre 2018. En voici le troisième : « La préparation des corps ».
« Quand tu seras soldat !
Période 1870-1914 »
(Troisième partie)
Création, organisation et fonctionnement des
bataillons :
la préparation des corps
La
loi du 28 mars 1882 met la gymnastique et les exercices militaires au nombre
des matières d’enseignement des écoles primaires publiques de garçons :
« Art. 1
L’enseignement primaire comprend :
1°)
l’instruction morale et civique
2°) la
lecture et l’écriture
………
9°) la
gymnastique
10°) pour les garçons : les exercices
militaires
pour
les filles, les travaux d’aiguilles ».
L’existence légale des
bataillons scolaires est reconnu par un décret en date du 6 juillet 1882. Un
arrêté du 27 juillet 1882 précise leur constitution dans les communes (9).
Les exercices des bataillons ne pourront avoir lieu que le jeudi et le
dimanche, le temps à y consacrer sera déterminé par l’instructeur militaire de
concert avec le directeur de l’école. L’engouement est certain parmi la
population en général. A partir de 1889, l’instructeur militaire désigné par
l’autorité militaire pourra être l’enseignant qui sera souvent un sous-officier
ou un officier de réserve.
Aux instituteurs, le 15 avril 1884, Paul Bert dira :
« Nous devons faire, par une éducation à l’école commencée par vous,
continuée au régiment avec vous, de tout enfant un citoyen, de tout citoyen un
soldat. »
Le
bataillon est organisé militairement, les élèves portent un uniforme qui est
une copie de celui des bataillons parisiens (le béret à pompon est emprunté aux
marins). Le matériel préconisé par le ministère de la Guerre est spécialement
fabriqué et adapté pour les jeunes garçons de 12 à 14 ans : mini clairons,
petits tambours et répliques réduites des fusils GRAS et LEBEL de l’époque.
Certains sont en bois pour l’apprentissage du maniement d’arme, d’autres
peuvent tirer des projectiles de petits calibres pour les exercices de tir des
élèves de 14 ans.
Ces soldats en herbe obtiennent
des récompenses (médailles de vermeil, d’or, d’argent ou de bronze) décernées
par le ministre de la Guerre, et défilent à l’occasion sous le regard attendri
des badauds. Badauds qui devaient conserver un souvenir ému du premier de ces
défilés à Paris, le 14 juillet 1882 (redevenu Fête Nationale en 1880).
Il est vrai que ce fut un énorme
succès populaire. La presse républicaine était enthousiaste : « Les
petits soldats portent une vareuse et un pantalon bleu sombre et sont coiffés
d’un béret de même couleur à pompon rouge, l’ensemble commode et élégant,
rappelant le costume des mousses de la marine. (On n’oublie pas que les marins
ont défendu Paris en 1870-1871, ni qu’ils sont les principaux héros des
conquêtes coloniales de la 3ème République). Dans l’après-midi, le
bataillon s’était réuni au square Monge et, précédé d’une escouade de sergents
de ville qui faisait ouvrir la foule, il est arrivé, tambours et clairons en
tête, vers 5 heures sur la place de l’Hôtel de Ville. Des masses énormes de
curieux entouraient la place et les fenêtres et les balcons étaient
surchargés ; une immense acclamation et des applaudissements ont salué
l’entrée de la jeune troupe (…). Les petits soldats ont exécuté divers
exercices, puis ils ont défilé. Ce qu’on a pu obtenir d’eux en trois mois
d’exercices a émerveillé tout le monde ». Les campagnes ne sont pas en reste
et les républicains exultent, l’un d’eux écrit à son député, M. Turquet (déjà
cité) : « Nous avons fêté le 14 juillet et le buste de la République
a été promené, par le régiment scolaire, par tout le village. Revue, jeux,
exercices, illuminations, bal : nos enfants ont bien payé de leur peine.
La République doit être fière de sa jeune génération. Encore 10 ans et elle
sera invincible. Que c’est beau la fête de la Patrie ! Comme le cœur est
touché ! ».
Avec l’apprentissage et l’utilisation du fusil scolaire, les
fabricants d’armes essaient d’emporter le marché lucratif de leur vente. Des
théories militaires sont imprimées, qui permettent aux instructeurs et aux
instituteurs d’entraîner correctement leurs troupes. Les bataillons participent
à toutes les grandes manifestations publiques. Mais ils se préparent surtout,
comme à Paris, au défilé du 14 Juillet qui constitue l’apothéose de la préparation.
Les bataillons scolaires sont en marche, ils chantent des chansons patriotiques
composées spécialement pour eux : les paroles de ces airs sont souvent
tirés d’un manuel de musique édité en 1886 dont les paroles sont de H.
CHANTAVOINE et la musique de MARMONTEL :
« À la Patrie, nous donnerons dans dix ans une jeune armée
AGUERRIE. Bataillons de l’ESPERANCE, nous exerçons nos petits bras à
venger l’honneur de la France. » (10)
En 1886, année où on enregistre les effectifs
les plus élevés, 146 bataillons sont constitués et reconnus par le ministère de
l’Instruction, 49 départements sur 87 ont un ou plusieurs bataillons, 43326
élèves sont incorporés dans ces bataillons. Ce nombre de 49 départements est
trompeur, il ne signifie pas qu’aucun bataillon n’existe ailleurs. En effet,
chaque année, les Préfets demandent aux autorités académiques de chaque
département de signaler les bataillons constitués selon les instructions
(notamment le respect du nombre de 200 élèves, peu souvent atteint), souvent,
les Inspecteurs renvoient un état néant car aucune commune ne répond aux
exigences. C’est le cas de la Saône-et-Loire malgré les nombreuses
délibérations de Conseils municipaux républicains qui demandent la
reconnaissance de leur bataillon et l’obtention du drapeau, en vain… On trouve
malgré tout, aux archives départementales de Mâcon, la presque totalité des
récépissés de réception des trois fusils de tir réel dont sont dotées toutes
les communes. Il ne s’agit cependant pas de décevoir les ruraux républicains et
un arrêté est promulgué le 20 décembre 1882 en faveur des enfants des petites
écoles dispersées dans les campagnes. Autorisation leur est donnée de recevoir
l’instruction militaire même s’ils ne sont pas assez nombreux pour former un
bataillon.
La question du dépôt aux
bataillons scolaires d’un drapeau officiel venu du Ministère est primordiale.
Jules Ferry en personne, vient apporter la bonne parole aux 650 élèves du
premier bataillon scolaire de Paris, le 13 juillet 1882 en leur disant : « Sous
l’apparence d’une chose bien amusante, vous remplissez un rôle profondément
sérieux : vous travaillez à la force militaire de la France de
demain ». Le drapeau est le symbole de la
République et, à ce titre, les plus hautes autorités gouvernementales ne
veulent pas dévaloriser le geste de sa remise. Une circulaire aux Préfets, en
1883, rappelle que c’est un honneur de recevoir le drapeau de la France au nom
du chef de l’Etat, à l’occasion de la Fête Nationale et que la distribution
doit se faire avec une sage réserve. Pour le 14 juillet 1882, 39 bataillons
recevront leur drapeau. Etonnant quand on pense que le décret de formation de
ces derniers ne date que du 2 juillet 1882, c’est-à-dire huit jours
avant ! Des initiatives locales auraient-elles précédé la loi ?
Donner une éducation morale, physique et militaire
dans les écoles est ce que recherche l'institution de ces bataillons scolaires.
Dans le même temps, pour les élèves les plus âgés, des séances de tir sont
prévues par les textes. Les armes utilisées pour les exercices de manœuvre
sont, le plus souvent, des carabines
inertes, ne pouvant pas tirer. Leur fabrication est confiée à l'industrie
civile, sous surveillance du ministère de la Guerre. La manufacture de Tulles est
chargée de concevoir les spécimens, réductions du fusil réglementaire. Comme
nous le verrons ultérieurement, l'exercice au tir, est pratiqué avec des fusils
d'ordonnance tirant des cartouches de tir réduit. (11)
Dans les écoles primaires, l'enthousiasme est
certain, mais on constate avec le temps, un essoufflement du patriotisme
scolaire dont les manifestations avaient été d'une grande ferveur jusque vers
1884-1885. De plus, ces bataillons ne remportent pas un grand succès dans
l'enseignement secondaire.
L’esprit
guerrier et de sacrifice, lui, restera présent dans les écoles de la République jusqu’à la fin de la
Grande Guerre. Cet idéal que l’on pourrait qualifier de spartiate, était relayé
par la majorité des pédagogues, hommes et femmes confondus, convaincus de la
nécessité absolue du départ de leurs enfants au combat :
«
France ! Veux-tu mon sang ?
Il est à toi ma France !
S’il te faut ma souffrance,
Souffrir sera ma foi.
S’il te faut ma mort, mort à moi
Et vive toi,
Ma France! »
Il est à toi ma France !
S’il te faut ma souffrance,
Souffrir sera ma foi.
S’il te faut ma mort, mort à moi
Et vive toi,
Ma France! »
Extrait
de « Jean
et Lucie, histoire de deux jeunes réfugiés. La Guerre racontée aux
enfants. » Livre de lecture pour les cours
moyen et supérieur, par Mme Dès. Paris, F. Nathan, (1919), « La France
Immortelle ».
Cet
appel au sacrifice suprême, si présent pendant les quatre années du conflit
1914-1918 fut l’aboutissement d’une longue préparation commencée dès la
naissance de l’école publique. Cette idée ainsi bien ancrée dans les esprits, a
peut-être permis l’acceptation de cette Guerre si dévoreuse d’hommes.
Un
manuel, paru en 1896, insiste sur les bienfaits des exercices physiques : « en s’y livrant…on
est bon pour tous les métiers, sans parler de celui de soldat, que tout le
monde doit être capable de faire et dans lequel on court le risque de se faire
tuer quand on n’est pas leste et fort ». Ainsi se crée le mythe de l’invincibilité des guerriers.
(9) :
Décret du 6 juillet 1882 sur la création des bataillons scolaires :
Art. 1er Tout
établissement public d’instruction primaire ou secondaire ou toute réunion
d’écoles publiques comptant de deux cents à six cents élèves, âgés de douze ans
et au-dessus pourra, sous le nom de bataillon scolaire, rassembler ses élèves
pour les exercices gymnastiques et militaires pendant toute la durée de leur
séjour dans les établissements d’instruction.
Art. 2. Aucun bataillon
scolaire ne sera constitué sans un arrêté d’autorisation rendu par le préfet.
Cette administration ne pourra être accordée qu’après que le groupe d’enfants,
destiné à former le bataillon, aura été reconnu capable d’exécuter l’école de
compagnie.
Il sera procédé à cette
constatation par les soins d’une commission de trois membres, savoir, deux
officiers désignés par l’autorité militaire et l’inspecteur d’académie ou son
délégué.
Art. 3. Tout bataillon
scolaire, après sa constitution, devra être inspecté, au moins une fois par an,
par la commission désigné à l’art. 2.
Art. 4. Tout bataillon
scolaire recevra du Ministre de l’Instruction publique un drapeau spécial qui
sera déposé, chaque année, dans celle des écoles dont les enfants auront
obtenu, au cours de l’année, les meilleures notes d’inspection militaire.
Art. 5. Chaque bataillon
scolaire se composera de 4 compagnies, dont chacune comprendra au moins 50
enfants.
Art. 6. Ne pourront faire
partie du bataillon les élèves que le médecin attaché à l’établissement aura
déclarés hors d’état de participer aux exercices gymnastiques et militaires du
bataillon.
Art. 7. Tout bataillon
scolaire est placé sous les ordres d’un instructeur en chef et
d’instructeurs-adjoints désignés par l’autorité militaire.
La répartition des élèves
dans les diverses compagnies est faite sur la proposition des chefs
d’établissements par l’instructeur en chef.
Art. 8. Un maître au moins
de chaque établissement scolaire, dont les élèves font partie du bataillon
scolaire, devra assister aux réunions du bataillon. Ces réunions auront lieu, sans autorisation spéciale de
l’Inspecteur d’Académie, en dehors des heures de classe réglementaires.
Art. 9. Le bataillon
scolaire ne pourra être armé que de fusils conformes à un modèle adopté par le
Ministre de la Guerre et poinçonnés par l’autorité militaire. Ces fusils, dont
la fabrication sera abandonnée à l’industrie privée, devront présenter les
trois conditions suivantes : n’être pas trop lourds pour l’âge des
enfants ; comporter tout le mécanisme du fusil de guerre actuel ; n’être
pas susceptibles de faire feu même à courte portée.
Les fusils seront déposés à
l’école.
Art. 10. Pour les exercices
de tir à la cible, les élèves des bataillons scolaires âgés de 14 ans au moins
et que l’instructeur en chef aura désignés comme aptes à y prendre part, seront
conduits au stand ou au champ de tir et y seront exercés avec le fusil scolaire
spécial dans les conditions qui seront réglées par un arrêté des Ministres de
la Guerre et de l’Instruction publique.
Art. 11. Aucun uniforme ne
sera obligatoire. Les uniformes qui pourraient être adoptés par les bataillons
scolaires devront être autorisés par le Ministre de l’Instruction publique.
Les caisses des écoles
pourront seules être autorisées par le Préfet à fournir aux élèves, dans des
conditions à déterminer par des règlements locaux, tout ou partie des objets
d’habillement jugés nécessaires.
Art. 12. Les établissements
libres d’instruction primaire et secondaire, qui déclareront se soumettre à
toutes les prescriptions du présent décret, sont autorisés, soit à incorporer
leurs élèves dans le bataillon scolaire du canton, soit, si leur effectif est
suffisant, à former des bataillons scolaires distincts qui seront à tous égards
assimilés à ceux des écoles publiques.
Art. 13. Les Ministres de
la Guerre, de l’Instruction publique et de l’Intérieur, sont chargés, chacun en
ce qui le concerne, de l’exécution du présent décret.
Jules GREVY
Par le Président de la
République,
Le Ministre de
l’Instruction publique,
Jules FERRY
Le Ministre de la Guerre,
BILLOT
Le Ministre de l’Intérieur,
René
GOBLET
Arrêté portant règlement sur l’exécution des exercices de tir dans les
établissements d’instruction primaire ou secondaire : (6 juillet 1882.)
Les Ministres de la Guerre,
de l’Instruction publique et de l’Intérieur,
Vu le décret en date du 6
juillet 1882 ;
Arrêtent :
Dispositions générales.
Art. 1er. Les
fusils scolaires, destinés aux exercices scolaires et mis en service en raison
de trois par école, seront, ainsi que les munitions, déposés soit dans les
casernes de gendarmerie, soit dans les magasins des corps de troupe, suivant
les ordres de l’autorité militaire.
Art. 2. Ces armes ne seront
délivrées que les jours des exercices préparatoires ayant pour but de démontrer
le maniement du fusil devant la cible, le pointage et les positions du tireur.
Art. 3. Les fusils et les
munitions nécessaires pour le tir de la journée seront remis à l’instructeur
militaire, sur sa demande écrite et motivée.
Art. 4. L’instructeur
militaire prendra, de concert avec les chefs des établissements scolaires, les
dispositions nécessaires pour faire transporter, dans de bonnes conditions, les
armes et les cartouches sur le terrain de tir, et pour les faire rapporter à la
caserne, et, s’il y a lieu, pour faire transporter les cartouches du centre de
fabrication à la caserne de gendarmerie.
Art. 5. Les armes seront
nettoyées et réintégrées au lieu de dépôt, le jour même de chaque exercice, par
les soins de l’instructeur militaire ; remise sera faite en même temps,
des cartouches non consommées.
Art. 6. Dans chaque
subdivision de région, l’autorité militaire désignera les corps de troupes
chargés de fournir les cartouches aux groupes scolaires qui désireront
pratiquer le tir réduit. Après les tirs, les étuis vides seront rapportés aux
corps désignés pour être rechargés par leurs soins, s’il y a lieu.
Art. 7. Le prix de cession
de l’étui est fixé à 0f.04. Celui du chargement, y compris le nettoyage des
étuis et la fourniture des divers éléments qui le composent, est de 0f.009 par
cartouche.
Ces dépenses, ainsi que les
frais de transport, seront à la charge des établissements scolaires.
Art. 8. Il sera alloué aux
corps par cartouche livrée aux écoles une somme de 0f.002, dont 0f.001 pour les
frais de combustible, etc., et 0f.001 pour le personnel subalterne qui
procèdera au chargement. Cette allocation sera payée sur les fonds de
l’armement et devra être comprise dans le relevé des dépenses annuelles
effectuées pour ce service par les corps.
Art. 9. Les demandes de
délivrances de cartouches scolaires ou de chargement d’étuis vides, établis en
triple expédition et conformes au modèle ci-contre, seront adressées par les
inspecteurs d’Académie aux généraux commandant les subdivisions de région, qui
les transmettront pour exécution aux corps désignés à cet effet.
L’une de ces expéditions
sera conservée au corps, la seconde sera envoyée à l’inspecteur d’Académie, et
le troisième au Ministre de la Guerre. Toutes les trois porteront le récépissé
de l’instructeur militaire.
Art. 10. Ces demandes seront
totalisées par les soins de l’Administration de la Guerre ; la dépense
totale sera indiquée au Ministère de l’Instruction publique, qui en remboursera
le montant annuellement.
Exécution du tir.
Art. 11. Le tir réduit avec
le fusil scolaire s’exécute en employant trois lignes de mire, savoir :
De 10 à 20 mètres :
employer la ligne de mire qui passe par le sommet du guidon et le cran du talon
de la hausse couchée (ce cran porte l’indication 10 à 20) ;
A 30 mètres : employer
la ligne de mire qui passe par le sommet du guidon et le cran inférieur de la
planche de la hausse levée (ce cran porte l’indication 30) ;
A 40 mètres : employer
la ligne de mire qui passe par le sommet du guidon et le cran du curseur
abaissé, la planche de hausse étant levée (un trait, affleurant le bord
supérieur du curseur abaissé, est tracé sur le côté droit de la planche, et
l’indication 40 est inscrite au-dessus).
Art. 12. La cartouche de
tir réduit pour fusil scolaire comprend :
1° Un étui vide de
cartouche modèle 1874, raccourci de 0m ,01 ;
2° Les divers éléments
nécessaires au chargement :
1 amorce ;
1 couvre-amorce ;
1 balle sphérique en plomb
de 8 gr. 70 ;
1 charge de poudre de 0 gr.
4.
Cette cartouche est chargée
exactement comme la cartouche de tir réduit ordinaire.
Art. 13. Chaque enfant
susceptible de prendre part aux exercices de tir réduit, dans les écoles où ces
exercices auront été organisés, pourra tirer au maximum cinq séries de 6
balles, soit 30 cartouches par an. Il ne sera jamais tiré, dans la même séance,
plus de 6 cartouches par enfant.
Art. 14. Avant de commencer
une série de six coups, on aura soin de huiler fortement l’intérieur du canon,
afin de faciliter le glissement de la balle ; cette précaution est
indispensable.
L’expérience a montré que
le graissage de la balle nuisait à la justesse.
Si, dans le tir, une balle
restait dans le canon, on l’enlèverait avec la baguette et on huilerait de
nouveau le canon.
L’intérieur du canon, la
chambre et la culasse mobile seront soigneusement nettoyés après chaque séance
de tir.
Art. 15. Les grandes
précautions seront recommandées pendant les exercices des tirs. Il sera
toujours préférable de construire un stand peu coûteux, analogue à ceux qui
sont décrits dans l’instruction ministérielle du 27 janvier 1882, sur la confection
et le mode d’emploi des cartouches de tir réduit.
L’établissement d’un stand
sera obligatoire pour les tirs au-delà de 20 mètres, exécutés soit dans des
cours, soit près des habitations.
Les généraux commandant les
subdivisions de région donneront aux corps de troupe sous leurs ordres des
instructions pour qu’ils fournissent aux directeurs d’école, qui le
demanderont, tous les renseignements nécessaires sur la construction de ces
stands.
Art. 16. Le tir réduit
pourra exceptionnellement être exécuté en rase campagne : dans ce cas, la
direction de tir ne devra rencontrer, à moins de 450 mètres de la cible, ni
route, ni canal, ni voie ferrée, ni habitation. On tirera, s’il est possible,
contre une butte en terre naturelle ou artificielle.
Les habitants devront être
prévenus avant chaque séance, par les soins de l’autorité municipale, du jour,
de l’heure et de l’endroit choisis pour l’exercice.
Art. 17. Les généraux
commandant les subdivisions mettront autant que possible les champs de tir à la
disposition du bataillon scolaire.
BILLOT, JULES FERRY, RENE GOBLET.
(10) : Le
bataillon scolaire : chant des hommes :
Petits enfants,
petits soldats
Qui marchez comme de
vieux braves,
Sabre au côté, fusil
au bras,
Les yeux ardents et
le front grave,
Petits enfants,
petits enfants,
Désertant livre et
grammaire,
Vous marquez le pas,
triomphants,
Sous les yeux de
votre mère,
Que pensez-vous, que
faites-vous ?
Gais enfants aux
mains si fragiles,
Gardez vos jeux et
laissez-nous
Le fardeau des armes
viriles.
Le bataillon
scolaire : chant des enfants :
Nous sommes les
petits enfants
Qui voulons servir
la Patrie,
Nous lui donnerons
dans dix ans
Une jeune armée
aguerrie ;
Nous sommes les
petits soldats
Du bataillon de
l’Espérance.
Nous exerçons nos petits
bras
A venger l’honneur
de la France.
Et Bara, le petit
tambour
Dont on nous conté
l’histoire,
En attendant, bat
chaque jour
Le rappel dans notre
mémoire.
Texte Henri
Chantavoine (1850-1918)
Musique Antonin
Marmontel (1850-1907) auteur de « La première année de musique » d’où
est tiré ce chant : « Le chant des écoliers »
« Tu seras soldat
Toi, qui de si leste façon,
Mets ton fusil de bois en joue,
Un jour tu feras tout de bon
Ce dur métier que l’enfant joue.
Mets ton fusil de bois en joue,
Un jour tu feras tout de bon
Ce dur métier que l’enfant joue.
Il faudra courir sac au dos,
Porter plus lourd que ces gros livres
Faire étape avec des fardeaux,
Cent cartouches, trois jours de vivres.
Porter plus lourd que ces gros livres
Faire étape avec des fardeaux,
Cent cartouches, trois jours de vivres.
Soleils d’été, bises d’hiver
Mordront sur cette peau vermeille :
Les balles de plomb et de fer
Te siffleront à chaque oreille.
Mordront sur cette peau vermeille :
Les balles de plomb et de fer
Te siffleront à chaque oreille.
Tu seras soldat, cher petit!
Tu sais, mon enfant, si je t’aime!
Mais ton père t’en avertit,
C’est lui qui t’armera lui-même.
Tu sais, mon enfant, si je t’aime!
Mais ton père t’en avertit,
C’est lui qui t’armera lui-même.
Quand le tambour battra demain,
Que ton âme soit aguerrie ;
Car j’irai t’offrir de ma main
A notre mère, la patrie!
Que ton âme soit aguerrie ;
Car j’irai t’offrir de ma main
A notre mère, la patrie!
Tu vis dans toutes les douceurs,
Tu connais les amours sincères
Tu chéris tendrement tes sœurs,
Ton père, ta mère et tes frères.
Tu connais les amours sincères
Tu chéris tendrement tes sœurs,
Ton père, ta mère et tes frères.
Sois fils et frère jusqu’au bout,
Sois ma joie et mon espérance ;
Mais souviens-toi qu’avant tout
Mon fils, il faut aimer la France!
Victor de Laprade
Sois ma joie et mon espérance ;
Mais souviens-toi qu’avant tout
Mon fils, il faut aimer la France!
Victor de Laprade
(11) :«-
Jeunes gens ! A vos armes !
Les exécutants se ruaient vers un muret de stères
alignés au cordeau. Ils se saisissaient de fusils de bois, imitation fidèle du
Lebel 1886 alors dans l’infanterie française.
- Position du tireur ! Feu !…Position du
tireur couché ! Feu ! On rampe, le canon pointé vers le
prussien !
Enfin vint l’ordre attendu :
- Rassemblement colonnes par deux ! Le fusil
sur l’épaule. Direction les fagots ! En avant, marche ! »
(« La fête des écoles », Georges
Coulonges)
P.P
ça fait froid dans le dos
RépondreSupprimerMarmontel , Victor de Laprade , 2 auteurs bien oubliés. Ceci dit la propagande militaire reste assez effrayante, et belliqueuse. Mais il ne faut pas juger avec le regard moderne ce qui c'est passé il y a 100ans
RépondreSupprimer