Une
fin d’année scolaire en musique
Et
rendez-vous en septembre pour la rentrée des classes !
Matière
scolaire devenue outil culturel
Dans
le premier quart du siècle, les élèves-maîtres étaient peu nombreux qui, au
sortir de l’Ecole Normale, pouvaient jouer d’un instrument capable d’entraîner
leurs élèves au chant. Leur épais cahier, réglé musique, consignant tous les
chants scolaires qu’ils avaient étudiés au cours de leur séjour à l’E.N., était
souvent leur seul bagage dans le domaine musical, et leur propre voix restait
leur seul instrument…
(Les chroniques du
Centenaire seulement seront poursuivies en juillet et août)
Certains instituteurs ou
institutrices (ou plus rarement certaines écoles) possédaient un phonographe – que
l’on remontait à la manivelle – mais les disques 78 tours offrant des chants
scolaires étaient rares, fragiles et coûteux. Vers les années 30, beaucoup d’établissements
scolaires se dotèrent d’un « guide-chant », piano rudimentaire, portatif,
au maniement duquel il était facile de s’exercer.
Cet appareil, du type
Kasriel, était le plus répandu dans les écoles bien que d’autres manufactures
en proposaient aussi : Richard, Dumont, Roethinger ou Playel. Hérité des harmoniums
religieux de la deuxième moitié du XIXème siècle, cet instrument à vent était
équipé d’un clavier 44 touches dont seulement 37 produisaient un son du fait du
déplacement possible du clavier vers la gauche ou vers la droite. On montait ou
descendait ainsi de 3 ou 4 demi-tons.
Si les gauchers n’existaient
pas chez les élèves, il en était de même pour les maîtres. Les premiers modèles
de guide-chant étaient équipés d’une pompe à main située sur le côté gauche de
l’instrument, limitant ainsi le jeu à une seule main, la droite… Le mécanisme
fut par la suite électrifié et muni d’une turbine en aspiration directe qui
permettait de jouer à deux mains.
A la rentrée de 1960, les
moins doués – dans le domaine musical – furent ravis d’apprendre que le
Ministère de l’Education Nationale diffuserait, par l’intermédiaire de la radio
scolaire (France II), des cours de récitation et de chant « à l’usage des élèves des établissements scolaires du premier
degré ». Il suffisait d’acheter le petit fascicule correspondant au
niveau de la classe et brancher, à l’heure dite, le poste de radio sur la bonne
longueur d’onde pour que, ô merveille ! tous les enfants de France, ceux
des villes comme ceux des campagnes les plus reculées, s’exercent en même
temps, sous l’unique direction d’un professeur parisien…
Le maître faisait appel à la générosité des
parents pour que chaque écolier acquiert le précieux livret et puisse ainsi,
apprendre les textes à la maison et suivre la leçon en classe.
Bientôt, toutes les sections
d’un même groupe scolaire purent, sans se déplacer et grâce à une sonorisation
d’ensemble du bâtiment, profiter des émissions d’un seul poste récepteur qui
distribuait le son à travers un
haut-parleur, placé en face des élèves, au-dessus du tableau de chaque salle de
classe, scruté par des dizaines de paires d’yeux ébahis. Des leçons de solfège,
puis un intéressant programme d’initiation à la musique, complétèrent petit à
petit les émissions de la radio scolaire.
Qui se souvient du thème
musical introduisant chaque leçon de 1960 à 1965 ? Cliquez sur l'image pour écouter la
réponse :
Parallèlement, chants et
récitations, édités sur disques microsillons 33 tours, mis en vente par les
services de l’Institut Pédagogique national de la rue d’Ulm, permirent
désormais aux enseignants une pratique aisée et efficace du chant choral dans
leur classe.
En ce qui concerne l’apprentissage
d’un instrument, il convient de rappeler l’importance des orphéons, fanfares,
batteries, orchestres, préconisés dès 1871 par un texte de Jules Simon, nés
sous l’impulsion des enseignants, et outils idéologiques sans pareils au
service de la scolarisation des masses. A Montceau-les-Mines, les statuts des
Amis Réunis, fanfare des écoles laïques de la ville créée en 1886, prévoient
que la présidence revient à un instituteur, et le souci de se conformer aux
normes de la laïcité est très visible.
Un regain d’activité est
notoire depuis les années 70 avec la reprise
et la promotion du chant à travers la multiplication des chorales
scolaires et des animations musicales. A cette époque, late relance fut portée
notamment par les « Jeunesses Musicales de France », association
reconnue d’utilité publique créée le 6 novembre 1944 par René Nicoly, sous la
devise « Grandir en musique ».
Source :
« Cent ans d’école »,
collection
musée.
P.P
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire