La
date du 5 juillet était écrite. Le 5 juillet 1830
tout d’abord, date où fut actée la colonisation de l’Algérie. Le 5 juillet 1962
enfin, où l’Algérie vit son indépendance. Un peu plus tôt, le 15 mars 1962, quatre
jours avant le cessez-le-feu du 19 mars, le milieu enseignant est durement
touché. Les commandos de l’O.A.S (Organisation de l'Armée Secrète) exécutent à El
Biard, trois
algériens et trois européens (un Inspecteur d’académie et cinq Inspecteurs
primaires).
Introduction
Après la colonisation des
territoires, l’Algérie devient un département français en 1847. Il est doté de
la « personnalité civile » et
de « l’autonomie financière », avec
un gouverneur général et une assemblée algérienne chargée de gérer les affaires
propres à l’Algérie. L’année suivante, le 9 décembre 1848, l’Algérie est
officiellement annexée par la France et partagée en 3 départements : Alger,
Oran et Constantine. Le Sud algérien, quant à lui, reste sous contrôle
militaire et forme 6 territoires regroupés en 1902 et réduits à 4 en 1905.
En 1951, les 3 départements
et les territoires du Sud sont numérotés de 91 à 94 à la suite des départements
de la métropole. Après de nombreux découpages et péripéties, l’Algérie
comprendra 13 départements groupés dans 5 territoires autonomes en 1959 :
Alger, Oran, Constantine, Chélif et Kabylie. Dès leur création, ces
départements ont, en principe, vocation à être administrés comme les
départements de métropole mais les modes d’élection des conseillers généraux,
des conseillers municipaux, des députés et sénateurs délégués aux parlements de
Paris défavorisent d’emblée les indigènes. Il en sera de même pour l’école qui
promit l’éducation du peuple mais se heurta à la dure réalité coloniale.
La
date du 5 juillet était écrite. Le 5 juillet 1830
tout d’abord, date où fut actée la colonisation de l’Algérie. Le 5 juillet 1962
enfin, où l’Algérie vit son indépendance. Un peu plus tôt, quatre jours avant
l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, le 15 mars 1962, le milieu enseignant est
durement touché. Les commandos de l’O.A.S exécutent à El Biard, trois algériens et trois
européens, tous engagés pour une Algérie indépendante : le Directeur des Centres sociaux éducatifs, inspecteur
d’académie, Max Marchandet 5 inspecteurs :Ali Hamoutène, Salah Ould Aoudia,
Mouloud Feraoun, Robert Eymard et Marcel Basset.
Quel fut le rôle des
enseignants en Algérie, ce morceau de France en terre africaine, durant les
décennies qui suivirent la conquête de la colonie ? Difficile à dire tant
le retour de mémoires de ces derniers fut étouffé jusqu’à nos jours. Il reste
cependant les archives du principal syndicat de l’époque : le S.N.I
(Syndicat National des Instituteurs), intégré à la puissante F.E.N (Fédération
de l’Education Nationale), devenue, en 2000, UNSA Education. On trouve aussi
quelques réponses dans l’analyse d’une enquête commandée par cette même UNSA
Education et l’Institut de recherche sur le syndicalisme (IRES) à l’Institut
Europe Maghreb de Paris 8, qui fut faite au début des années 2000 justement. Un
large échantillon d’instituteurs et professeurs du secondaire exerçant en
Algérie dans les années 40 à 60, d’origine européenne et musulmane, furent
interrogés. Ce travail tendait à restituer la mémoire de ces enseignants, leurs
rapports au système colonial, qu’ils l’aient relayé ou combattu et voulait
vraisemblablement faire écho à la loi controversée du 23 février 2005 et à son
article 4 sur les aspects positifs de la colonisation.
L’école en Algérie avant
1945
D’un point de vue
historique, il est notable que les moyens humains et matériels mis en œuvre dès
1832 puis à travers les lois Ferry à partir de 1883 étaient peu adaptés à la
formation des « indigènes » et ne formait, à minima, qu’un faible
stock de main d’œuvre alphabétisée en français pour les besoins de l’entreprise
coloniale. Contrairement aux discours républicains et aux belles idées des
parlementaires de la métropole, il n’y avait pas de volonté politique de
scolariser massivement les « indigènes ».
Avant
la Grande Guerre
« Une école
ouverte vaut un bataillon ». Cette maxime, prononcée au
début de la colonisation des territoires d’Afrique du Nord, et qui prendra tout
son sens après la défaite de 1870, illustre bien une des logiques de la
présence française hors de ses frontières métropolitaines : renforcer la
métropole en élargissant l’« empire ». Les fervents républicains
proclament le gigantesque effort d’éducation en vue de la promotion de l’homme
et l’ascension de cette « humanité fruste », asservie par des siècles
de misère et d’ignorance, vers le bien-être d’une vraie civilisation. L’école
libératrice doit supplanter les écoles coraniques (les kouttabs
algériens ou encore les Msids marocains,) alors réservées uniquement aux
garçons, dans lesquels les talebs faisaient apprendre le Coran à
longueur de journée dans une lente mélopée rythmée d’intonations rituelles et
de balancements du corps. Elles étaient plus instrument de foi qu’instrument de
culture, elles ne visaient aucun but éducatif et ne servaient qu’à communiquer
la Vérité afin d’attirer sur le croyant la baraka du Tout-Puissant.
Les troupes de Charles X
débarquent sur les plages de Sidi-Ferruch en 1830. Les militaires, maîtres sur
le terrain, administrent ce territoire jusqu'en 1870-1871. Ils façonnent une
nouvelle Algérie, celle de la colonisation. Ils appliquent une politique qui
puisse assurer cette colonisation tout en tenant compte, tant bien que mal, de
la population musulmane. Les rapports avec l'élite algérienne traditionnelle
sont relativement bons.
Ce n’est qu’après la défaite
de 1870 face à l'Allemagne que la toute jeune Troisième République impose ses
vues sur l'Algérie aux militaires : celles d'un destin commun pour les
deux territoires. On peut dès lors parler d'une Algérie française. (1)
Les notables musulmans craignent derechef, et à juste titre, que l'instauration
d'un régime civil centralisé n’affirme la domination des colons dans le cadre
de cette nouvelle République. Les
craintes s’avèreront fondées.
Une insurrection éclate
bientôt, conduite par El Mokrani. Elle seraécrasée en septembre 1871. La société musulmane est profondément marquée
par la révolte d'El Mokrani. Si la bourgeoisie traditionnelle des villes subit
la colonisation, malgré tout, les grandes dynasties du sud du pays et les
familles maraboutiques gardent une plus grande autonomie.
La politique indigène de la Troisième
République est une politique d'assimilation : les autorités coloniales
mettent en place uncode de
l' « indigénat » très répressif. La justice de la
République française se substitue au droit coutumier musulman sur le plan
pénal. L’administration encadre la religion musulmane, le pèlerinage à La
Mecque est désormais soumis à autorisation. Dans le même temps, la population
juive a plus de latitude. (2)
Au début du XXe siècle,
l'extension des terres de colonisation laisse de moins en moins de place à la
paysannerie locale, les algériens se voient dépossédés de leurs terres ou
imposés très durement, ils s’appauvrissent. (3)
Très vite, dès 1832, trois
écoles françaises accueillant des indigènes avaient été ouvertes àAlger et l’enseignement « arabe-français » fut officiellement
mis en place par le décret du 6 août 1850. On y introduisit l’instruction
religieuse et l’étude de l’arabe mais cela ne suffit pas à en assurer le succès
et peu de familles envoyèrent leurs enfants dans ces classes. La révolte de
1870 freinera encore plus l’élan initié : des 36 écoles arabes-françaises
qui existaient à cette date (13000 élèves), il n’en reste que 26 en 1873, 21 en
1876, 16 en 1880 (3172 élèves) et 13 en 1882 (moins de 3000 élèves). En 1883,
elles auront disparu, les résistances à la politique scolaire venant aussi bien
des musulmans que des colons eux-mêmes, voyant d’un mauvais œil
l’alphabétisation des indigènes. Jules Ferry prend la mesure du problème et, en
1879, alors que seulement 2% des enfants en âge d'aller à l'école fréquentent
les établissements scolaires de l'Algérie française, il met à l’étude la
réorganisation de l’enseignement franco-musulman. Grâce à cette nouvelle
impulsion et sous le rectorat de Jeanmaire (1884-1908), l’effectif des
musulmans scolarisés (garçons et filles) passera tout de même à 33 000 élèves. (4) (5)
Organisation
de l’enseignement en Afrique du Nord :
Trois décrets fondamentaux
créent les bases de l’enseignement aux musulmans des colonies :
-Le décret du 13 février 1883 : c’est la création des
écoles indigènes « expressément conçues et organisées en vue de
l’enfant indigène ». Elles font la part belle à l’enseignement des
travaux agricoleset aux travaux
manuels.
-Le décret du 9 novembre 1887 : il réglemente
l’enseignement des indigènes, il redéfinit l’école principale, l’école
ordinaire, l’école enfantine (confiée aux institutrices et monitrices
françaises). Le décret prévoit la formation des maîtres qui se destinent à cet
enseignement « par des cours normaux destinés à l’étude de l’arabe et du
berbère, des mœurs et de l’hygiène ».
-Le décret du 18 octobre 1892 : c’est la création de
« La Charte de l’Enseignement des Musulmans en Algérie » et la
codification définitive des textes organiques de 1883 et 1887.
Le recteur Jeanmaire
attachera son nom à plusieurs plans d’études. Celui de 1889 propose des
horaires, des emplois du temps, des instructions précises et même des modèles
de leçons principalement destinées aux adjoints et aux moniteurs indigènes qui
étaient formés depuis 1883 aux Ecoles Normales de Bouzaréa et de Constantine.
Le plan de 1898 fait une synthèse des programmes et des méthodes et restera
globalement La Charte de l’Enseignement des Indigènes. En 1889, à peine 2 %
des enfants musulmans en âge d’être scolarisés avaient accès à l’école contre
84 % des enfants européens.
Entre
les deux guerres
Selon les rapports de
Maurice Violette qui fut gouverneur général de l’Algérie, le recensement de
1926 faisait apparaître une population de 5 147 000 indigènes, ce qui
représentait 900 000 enfants, garçons et filles d’âge scolaire. Les écoles
en recevant 60 000, Violette préconisait la construction de 20 000
classes pour les plus de 800 000 enfants restants (6). Dans un rapport de 1931, on dénombrait alors en Algérie,
1 199 classes animées par 466 maîtres européens et 458 maîtres indigènes.
Au début des années 40, on arrive péniblement à scolariser 70 000 élèves
musulmans sur le million d’enfants en âge d’aller à l’école à l’époque. Un
siècle s’est écoulé depuis la colonisation et seulement une poignée d’indigènes
sortent du système scolaire et universitaire avec une formation : un
millier d’ouvriers spécialisés, 41 médecins, 22 pharmaciens, 9
chirurgiens-dentistes, 3 ingénieurs, 70 avocats, 10 professeurs de
l’enseignement secondaire et 500 instituteurs. En 1948, 92,4 % des jeunes
musulmans de 10 à 14 ans étaient illettrés. (7)Dans les années 30,
moins d’une cinquantaine d’entre eux sont passés par l’université.En 1943, sur 1 250 000
enfants musulmans âgés de 6 à 14 ans, à peine 110 000 sont scolarisés, soit
moins de 10 %.
L’école en Algérie après
1945
Entre 1954 et 1962, une
prise de conscience bien tardive du problème scolaire en Algérie s’amorce,
poussée par les événements. Durant l’année scolaire 1954-55, le Commissariat
général au plan procède à un état des lieux : « la population musulmane d’âge scolaire est évaluée, pour le
terme de la période de 20 ans, à 2 500 000 enfants de 6 à 14 ans. Déjà, en
1954-55, cette population s’élève effectivement à 1 990 000 enfants. Avec 307
000 élèves inscrits dans les écoles du premier degré, le taux de scolarisation
atteint 15,4 % à la veille de la guerre d’indépendance. »(8) Ce taux concerne les élèves scolarisés à plein temps ainsi
que les élèves qui suivent un enseignement à mi-temps. Toujours dans le même
rapport du Commissariat, on note qu’« Un
enfant européen sur trois fréquente le lycée en Algérie. En milieu musulman, la
proportion est de un sur cent vingt-cinq. »(9)Certes le nombre de jeunes
musulmans scolarisés passe de 110 000 en 1943 à 300 000 en 1953, mais cela
représente à peine 15 % des enfants musulmans âgés de 6 à 14 ans.
Germaine Tillion, après avoir effectué de nombreux séjours en
Algérie, en tant qu'ethnologue à partir de 1932, a apporté son témoignage :« Dans la commune d’Alger, treize enfants musulmans sur
dix-huit sont scolarisés, tandis que dans les campagnes, la scolarisation est
un rêve inaccessible (dans telle commune, il y a une place dans les écoles pour
un enfant sur cinquante, sur soixante-dix). »(10)C’est dans ce contexte que Germaine Tillion
est renvoyée en Algérie, par le Gouverneur général, Jacques Soustelle en 1955.
Elle y fondera les Centres sociaux éducatifs : « Les centres sociaux,
c’était un moyen de permettre à ceux qui le voulaient d’accéder à
l’enseignement le plus élevé et à ceux qui ne le voulaient pas d’avoir un
métier ». Certains membres des sections algériennes du Syndicat National
des Instituteurs (SNI) sont restés quelque peu réservés à l’égard d’un
enseignement de rattrapage qu’ils pensaient au rabais. Ils auraient souhaité un
enseignement égal pour tous. L’évolution politique de Soustelle mit fin à la
mission de Germaine Tillion au bout de quelques mois, mais les centres sociaux
continuèrent ...
L’enseignement universitaire
subit les conséquences directes du manque de scolarisation des enfants
indigènes en amont : « A
l’université d’Alger, la seule d’Algérie, il n’y avait en 1938-1939 qu’une
centaine d’étudiants musulmans, et, en France, guère plus de 150. En 1954,
malgré un net progrès, il n’y avait que 1 200 étudiants musulmans algériens
dont un peu plus de la moitié à Alger, qui suivaient surtout des études formant
à des professions libérales comme médecins ou avocats, qui les mettraient dans
une situation de relative indépendance par rapport à l’administration. En 1954
donc, on comptait seulement quelque 600 Algériens musulmans pour 5 000
étudiants en Algérie, les universités françaises n’ayant formé à cette date
qu’un seul architecte et un seul ingénieur algérien des travaux publics. » (11)
A la veille
du déclenchement de la guerre de libération, sur une population musulmane qui
comptait 8 millions de personnes, seules 100 000 avaient fréquenté l’école
primaire, le chiffre tombant à 3 000 pour l’école secondaire, preuve que le
système éducatif français était loin d’être aussi répandu que les autorités
coloniales voulaient le faire croire et surtout qu’il n’affectait pas
l’ensemble du territoire. Les statistiques publiées par le gouvernement général
de l’Algérie en janvier 1956 faisaient état, pour la population musulmane, de
94 % d’analphabètes parmi les hommes et de 96 % parmi les femmes. A
peine 20 % des enfants d’Algériens étaient scolarisés contre 80% chez ceux
des Européens et des familles juives. Le décret du 20 août 1958, confirmé
par une circulaire présidentielle en date de septembre 1958, déclare la
scolarisation massive des Algériens. Pour l’année scolaire 1961/1962, d’après
les chiffres officiels, 40 % des garçons, et 22 % des filles d’âge
scolarisable l’étaient effectivement ; soit 747 000 scolarisés sur un
total de 2,4 millions de scolarisables, soit un taux de 31 %.
On
cite généralement l’école comme un bienfait de la colonisation mais la réalité
montre qu’elle n’a bénéficié qu’à une infime partie de la population indigène.
A peine 10 % de la classe d’âge scolarisable concernée sont sur les bancs de
l’école au début du conflit algérien (1er novembre 1954) alors que
97 % des enfants européens sont scolarisés. Force est de constater que tout au
long de la colonisation et jusqu’à la Deuxième Guerre mondiale, des réticences
ont été nombreusesde part et d’autre
quant à la scolarisation des algériens. Les textes juridiques de 1946 à 1949
concernant la relance de la scolarisation et l’unification des enseignements
pour indigènes et européens ne changeront plus rien à la situation. Le
sentiment que la colonisation fut un processus d’exploitation du territoire par
un capitalisme colonial est fortement ancré dans les esprits. Les algériens
resteront massivement en dehors de l’école. Seule une infime élite se rendra en
métropole entre 1950 et 1960 pour pouvoir accéder aux sciences et à
l’ingéniorat dans le secret espoir de servir la société à leur retour.
Quid
des contenus d’enseignement ?
En
1940, seuls 23 % des musulmans scolarisés fréquentaient les écoles françaises.
L’année 1948 voit l’abolition de la distinction entre les écoles européennes et
les « écoles spéciales ». On doit à Mohand Lechani
(1893-1985) d'avoir contribué à la rédaction du projet de loi du 5 mars 1949 qui mit fin à la ségrégation scolaire.Pour rappel, L’« enseignement
spécial », créé en 1870 et organisé par les décrets de 1883 et 1892,
devait favoriser pour chaque communauté, sa propre école et regroupait des
écoles dites « écoles auxiliaires » ou « écoles gourbis »,
animées avec des programmes spéciaux et un diplôme particulier. La fusion avec
l’enseignement européen avait cependant été tentée après la Première Guerre
mondiale, puis de nouveau après 1945. Malheureusement, l’enseignement issu de
cette fusion, d’où la langue arabe était supprimée, n’était que le reflet d’une
politique d’assimilation. Si jusqu’alors, l’arabe était considéré comme une
langue vivante au baccalauréat (1875) et ouvrait la possibilité d’une licence
de « langues et littératures étrangères vivantes » (1910), il n’était
dorénavant plus qu’enseigné aux européens, à l’Ecole normale. La francisation
était en marche et les statistiques scolaires montraient déjà le désintérêt des
européens pour l’arabe : en 1960-1961, sur l’ensemble des vingt lycées de
la région d’Alger, l’arabe littéraire était choisi comme première langue par 56 %
des élèves musulmans et seulement 1% des élèves européens, et l’arabe dialectal
comme seconde langue par 39 % des élèves musulmans et 4,8% des élèves
européens.
En ce qui concerne
les écoles primaires, les manuels utilisés par les maîtres étaient à peu près
identiques à ceux des écoles métropolitaines. Ils donnaient de la France et des
français, une image idéalisée servant de support à une modélisation imaginaire
à laquelle les élèves pouvaient rêver (surtout ceux qui n’avaient jamais
traversé la Méditerranée). De plus, ces manuels, parmi lesquels on peut citer
les ouvrages de Bernard et Redon, vantaient largement l’œuvre accomplie par la
France dans ses colonies. Edités entre les deux guerres, ces manuels ont servi
à l’instruction de la plupart des élèves des cours élémentaire et moyen des
écoles algériennes. Dans son édition de 1925, ce manuel comportait 22 chapitres
sur l’enseignement de l’Histoire dont 18 principalement sur les personnages et
les batailles de la conquête coloniale.
A partir de 1880,
l’apprentissage du français et celui de l’arabe avaient fait l’objet d’ouvrages
distincts, même si ils étaient écrits par un auteur unique. Ce fut le cas pour
Mohammed Soualah qui fut l’auteur d’une Méthode
pratique d’arabe régulier (1900) aussi bien que d’un livre de lecture de
français Le Premier Livre de Lecture à
l’usage des écoliers indigènes en pays musulmans (1919), écrit en
collaboration avec l’inspecteur primaire, Louis Salomon. Ce dernier ouvrage
projetait une image caricaturale des « indigènes » et des
« européens », comme la majorité des livres d’avant la fusion de 1949 :
« Le Français dort dans un lit,
l’Arabe dort sur une natte », « les labours des Français sont mieux
faits que ceux des Arabes ». L’édition inchangée de 1932 par rapport à
celle de 1909 dénote un état d’esprit peu enclin au rapprochement des peuples.
Que dire alors de ce
manuel scolaire des années 50 dont une page est consacrée à Ali, l’écolier basané
et René, le blond aux yeux bleus à qui le maître propose de manger un
bonbon ? Ali mange tout : le cahier, le tableau, le papier, la craie
sauf le bonbon… Ali est un Ane ! On remarquera la jumellité
des deux A, qui plus est « la poche
d’Ali est sale » donc « Ali
est sale », par bonheur, il a un maître dévoué qui s’occupe de sa
toilette. Le savoir transmis est celui de la stigmatisation, tout cela fait
écho à l’ « indigénat ».
En 1936, est édité le
manuel de cours moyen pour les « écoles nord-africaines d’Européens et
d’Indigènes » par Miraton et Augé, moins caricatural. On y vante une
Algérie exotique sur un mode paternaliste reflétant malgré tout un rapport
administrateurs/administrés.
En
1950, Hachette édite un manuel d'Histoire à l’usage des classes des cours
élémentaire et cours moyen « Histoire de France et d'Algérie » par
Bonnefin et Marchand, conforme aux Instructions et Programmes du 7 septembre
1949. Les auteurs font correspondre à chaque
scène de l'histoire de France une scène de l'histoire d'Algérie. Quelquefois,
le parallélisme d’ordre chronologique est presque idéal entre certains faits:
c'est le cas de Vercingétorix en regard de Jugurtha. Ce synchronisme appliqué à
l'ensemble des leçons tranche avec les contenus d’autrefois où les ancêtres de
tous étaient les gaulois.
La
situation avait quelque peu évolué depuis le témoignage de Sadek Hadjeres
rapporté par Gilles Manceron dans son ouvrage D’une rive à l’autre (12). Il
n’empêche que dès la deuxième leçon, « les
gaulois étaient grands et forts » tandis que « l’Algérie était encore peuplée d’hommes très ignorants appelés
berbères ».
Le rôle des syndicats à
partir de 1954
Dans la réalité du terrain,
rien n’est jamais vraiment blanc ou noir. Dans le numéro 21 du 24 février 1956,
de la tendance L’Ecole libératrice du SNI (13), Denis Forestier, secrétaire général du Syndicat national des
instituteurs écrit : « Nos camarades et nous-mêmes
avions l’ambition, nous continuons à la nourrir, de placer l’école, en Algérie,
au-dessus de cet atroce conflit, d’en faire une sorte d’asile de la raison, car
elle se refuse à pratiquer la discrimination raciale ou morale, sociale ou
religieuse. » Si l’école a été un instrument de la
colonisation, comme le pensent certains, nul doute que cet instrument s’est
retourné contre elle. De nombreux leaders du mouvement national algériens qui
sont passés par l’école disent qu’ils doivent beaucoup aux instituteurs qui les
ont éveillés à la conscience d’eux-mêmes. Beaucoup d’enseignants d’origine
française se sont impliqués pour une école égale pour tous, dans des actions
d’émancipation des populations, notamment dans les centres sociaux éducatifs
qui ont été vus par une partie des militaires comme des viviers du FLN. Les
instituteurs affrontèrent une mission ambigüe qui consistait à transmettre des
valeurs universalistes, une morale de la raison et du progrès, mais frappée au
sceau des rapports sociaux coloniaux, en terre de colonisation.
Vers un positionnement tardif du Syndicat des
instituteurs (SNI) :
Les instituteurs montrent
peu d’intérêt pour le syndicat sur la colonie entre les deux guerres (moins de
trois mille syndiqués), ce n’est qu’après 1945 que les effectifs vont monter en
puissance. Dès le début des troubles, la position de « la table
ronde » est la tendance majoritaire du SNI en Algérie. Il milite pour que
des négociations s’ouvrent entre tous les représentants des différentes
communautés et de toutes les sensibilités politiques afin de former une
Constituante. Cette position a été introduite pour la première fois à la
conférence de Bandoeng (réunissant pour la
première fois les représentants de vingt-neuf pays africains et asiatiques)
par Hadj Messali, fondateur de la première
organisation nationaliste algérienne dans les années 1920 dont les partisans,
regroupés dans le Mouvement national algérien (MNA), s’affronteront plus tard
durement à ceux du Front de Libération Nationale (FLN). Le SNI maintiendra sa
position jusqu’au dénouement à l’image de Charly Koenig, instituteur, maire de
Saïda et député à l’Assemblée algérienne.
Deux autres
tendances font entendre leur voix au sein du syndicat. Il y a d’une part la
tendance proche des thèses de la CGT qui deviendra Unité et Action dont font
partie beaucoup d’algériens et de « pieds-noirs » militant pour
l’indépendance à laquelle appartenait René Justrabo, maire de Sidi Bel Abbès
qui fut interné au camp de Lodi. Cette tendance se réclame du « fait
national algérien » et aspire à des négociations avec les représentants du
mouvement national algérien, ils voteront en 1957 la motion Guilbert Petite se
prononçant pour le droit à l’indépendance des algériens.
On trouve
d’autre part la tendance dite anarcho-syndicaliste et trotskiste de l’Ecole
émancipée qui se prononce dès 1955 pour le « droit à
l’autodétermination » et, au congrès de Paris en 1957, pour le
« droit imprescriptible à l’indépendance ». En 1956, il y a scission
au sein du SNI Algérie et certains de ses membres créent le Syndicat
Indépendant des instituteurs réunissant principalement des pieds noirs. Il
deviendra ensuite le syndicat indépendant de l’Enseignement Public et se fera
largement l’écho des enseignants français rapatriés d’Algérie dans les colonnes
de sa revue L’école française.Durant les événements, il publie un Bulletin intérieur du Syndicat indépendant
des instituteurs. Pour la sauvegarde de la pensée française en Algérie
française édité à
Constantine. Outre les informations administratives et pédagogiques liées à la
profession, il commente les menaces d’attentats et ses difficiles relations
avec les membres du SNI, tout en se rapprochant des thèses fascisantes de l’OAS
dans la période octobre 1960-mars 1962 (14).
L’Algérie
n’est plus française
L’Algérie
n’est plus française et les manuels scolaires ne sont plus à la page… Le manque
de moyen oblige quelquefois les enseignants à des « aménagements » de
fortune. Ce fut le cas pour cette page de Mon
mémento de géographie de J. Anscombre, édition 1957, appartenant aux
collections du musée. La maîtresse de l’école de filles du Magny (Montceau) y a
elle-même apporté les « corrections » nécessaires !
(1) :« La société coloniale se
réorganise et pousse à l'assimilation. Les différents gouverneurs généraux qui
se succèdent contribuent à l'effacement progressif des militaires qui
administraient jusque-là le pays. Administrativement, l'Algérie est rattachée à
la France puisqu'elle forme trois départements mais aussi parce que les
affaires algériennes sont gérées dans les ministères parisiens où les
parlementaires représentant les Français d'Algérie sont très influents. La
politique de colonisation prend de plus en plus d'importance. » (Abas Toumert, in « Les Dossiers de
l’Histoire », 1993)
(2) :« La situation de la communauté
juive est quant à elle particulière. Sa présence remonte à l'Antiquité et se
nourrit à plusieurs sources. L'assimilation des Juifs d'Algérie a commencé sous
Louis Philippe. Le décret Crémieux de 1870 donnent aux Juifs la nationalité
française, dès lors s'amorce un éloignement avec les Musulmans et une entrée
dans "la cité française". Le colonat a de plus en plus d'influence
entre 1870 et 1914. Les Européens d'Algérie radicaux et les groupes politiques
autonomistes s'activent à la fin du XIXe siècle. Sur fond d'antisémitisme et de
méfiance vis-à-vis de la métropole, ils obtiennent en 1898 des concessions significatives : d'abord, une assemblée élue, des Délégations financières, et,
en 1900, un budget qui assure une certaine autonomie financière. » (Abas Toumert, in « Les Dossiers de
l’Histoire », 1993)
(3) :« Dans un premier temps, on fait
appel aux exilés d'Alsace-Lorraine et aux paysans du sud-est de la France
auxquels on attribue 327.000 hectares de terres entre 1871 et 1882, Par la
suite, c'est le développement de la colonisation libre : au total 1.468.000
hectares sont cédés aux colons et 1.721.000 hectares sont achetés aux
Musulmans, à des prix souvent dérisoires. Très vite, les exploitations se
concentrent afin de permettre les cultures spéculatives telles que la vigne ou
le blé. Si les colons d'origine française forment l'ossature de la société
coloniale, les populations du pourtour méditerranéen viennent aussi s'agréger
dans le tissu colonial. » (Abas
Toumert, in « Les Dossiers de l’Histoire », 1993)
(4) :
« L’action du gouvernement se manifeste dès 1880, lorsque Jules Ferry
ordonne une enquête sur la situation scolaire de la Kabylie qui est à l'origine
de la lettre-programme d'octobre 1880 et du décret du 9 novembre 1881 créant en
Kabylie des écoles ministérielles intégralement financées par le ministère de l'instruction
publique. (…) Mais sa politique n'avait pas suscité l'engouement que
s'imaginait Jules Ferry dans sa lettre-programme et ne devait pas tarder à
soulever la résistance des colons. C'est dire que le décret du 13 février 1883
fut fort mal accueilli en Algérie, et encore plus mal appliqué. (Ce décret
étendait en Algérie les lois scolaires françaises). Mais le nouveau recteur
nommé en 1884, Jeanmaire, était un partisan chaleureux de l’œuvre. Il prépara
un plan de scolarisation des musulmans qui prévoyait la création, chaque année,
de 60 à 80 classes, une augmentation des crédits de 150 000 F par an pour les
traitements et de 400 000 F pour les subventions de l'Etat aux communes. (…)
Combes, rapporteur de la Commission, défendit ce plan de scolarisation qu'il
avait repris à son compte et qu’il fit adopter par le parlement, ce plan est à
l'origine du décret du 18 octobre 1892 : la charte de l’enseignement des
musulmans en Algérie. Le programme était des plus ambitieux, puisque le décret
proclamait que "toute commune d’Algérie devrait être pourvue d'écoles en
nombre suffisant pour recevoir tous les garçons indigènes d'âge scolaire".
Mais d'une part, l'obligation scolaire n'était pas étendue au musulmans, sauf
dans quelques communes (articles 2 et 5) : c'était donc compter sans
l'opposition des musulmans aux écoles françaises, d'autre part, les dépenses de
construction et de grosses réparations étaient laissées à la charge des
communes, sauf une aide de l'Etat (qui ne devait pas dépasser 60 % des dépenses
totales), les dépenses d'entretien étant intégralement à la charge des communes
(article 27) : c'était encore compter sans l'hostilité des élus européens à
l'enseignement des musulmans. La France proposait donc en Algérie une politique
scolaire, sans se donner les moyens de cette politique, irréalisme lourd de
conséquences. L'histoire de la scolarisation dans les années 1892-1908 n'est en
effet qu'une continuelle lutte des français d'Algérie contre les écoles
indigènes, appuyée par la résistance passive des musulmans. » ( Hubert Desvages
in « Les Cahiers de la Médittéranée », 1972 )
« Les premiers essais
de l’enseignement métropolitain aux colonies sont fortement ralentis par les
mouvements de résistance des populations (les résistances les plus fortes se
manifestent notamment en Algérie et en Indochine), mais émanent également de
« l’esprit colon » dénoncé par les plus fervents colonisateurs et
administrateurs dont Albert Sarraut (gouverneur général en Indochine) et
Georges Hardy (gouverneur général de l’Afrique occidentale française
[AOF]) : « L’esprit colon, est un des obstacles les plus difficiles à
surmonter, le plus vieil ennemi. » En effet, la lecture des comptes rendus
des congrès sur l’enseignement colonial met en exergue la binarité des débats
(l’esprit colon contre la volonté progressiste républicaine) qui anime les
administrateurs de toutes sortes, parallèlement aux débats qui ont cours en
métropole et qui ne concernent qu’une partie des lettrés, pédagogues et
politiciens, laissant de côté l’opinion publique. Dans cette partie, nous
rapportons les hésitations, les réticences de la métropole, des administrations
locales et des colons locaux qui se soucient peu de donner une culture aux
peuples vaincus et l’enthousiasme des autres. En établissant comme principe la
notion du droit naturel à coloniser, la métropole parachève sa conquête
matérielle par sa conquête morale, le civilisateur devant civiliser son
esclave-sujet pour en faire un frère, un associé, et par-dessus tout, un être
de droit. Fondée sur une triple justification (économique, humaniste et enfin
politique), la doctrine coloniale de Jules Ferry, encore dominante au début du xxe siècle, illustre
parfaitement cette idéologie civilisatrice » (Linda Lehmil in
« L’édification d’un enseignement pour les indigènes », 2006)
(5) :
« 1870 : Il existe environ 36 écoles arabes-françaises et 13 000
enfants, arabes ou kabyles, sont scolarisés. La défaite de 1870, la perte de
l’Alsace Lorraine entraînent une grande perte de prestige de la France en
Algérie qui vient en outre de subir une période de sécheresses durant laquelle
invasions de sauterelles, famine et épidémies se sont succédées. Le pouvoir militaire
est violemment contesté.
1871 : la révolte du bachaga Mohammed
Mokrani aura des prolongements durant les dix années suivantes en séparant les
communautés et en aggravant l’hostilité des musulmans vis à vis de
l’enseignement français, comme la méfiance des colons et leurs réticences vis à
vis de l’enseignement dispensé aux indigènes qui s’étaient retournés contre
eux. Cette période correspond à un recul de l’enseignement des enfants
d’origine arabes ou berbères. Les décrets Crémieux : Ils instituent un régime
civil en Algérie, prévoient le découpage du territoire en 3 départements sous
autorité d’un préfet civil, attribuent la citoyenneté française aux israélites.
La révolte de 1871 : dans les tribus, les
chefs qui traitaient avec les officiers français, parce qu’ils reconnaissaient
à ces derniers les vertus et la gloire des combattants à qui Dieu avait accordé
la victoire, méprisent l’autorité civile. En outre ils se sentent humiliés par
une loi qui les place en infériorité par rapport à la population juive qui,
quarante ans plus tôt, occupait le
dernier échelon de la société de la Régence, après les esclaves. Un homme
puissant de l’Est Algérien: Ahmed Mokrani, s’était rallié à la France en 1838.
La modification prévisible de la société conduit à la révolte son fils
Mohammed. Pour mobiliser ses troupes ce dernier prêche le « djihad », portant
alors sur le terrain religieux une opposition d’abord politique.
1879 : en France, Paul Bert remet un
rapport pour la réorganisation complète de l’enseignement qui prévoit d’écarter
l’église catholique au profit d’une école gratuite, laïque et obligatoire.
Création d’une école normale à Constantine. Jules FERRY, ministre de
l’instruction publique, demande une grande enquête sur l’enseignement
franco-musulman pour le réformer. Création par Paul Bert d’une Ecole de droit,
d’une Ecole de sciences et d’une Ecole de lettres à Alger (installées d’abord
rue Scipion).
1883 : Décret du 13 février 1883, Texte
organique qui définit « l’enseignement des indigènes », Il prévoit la création
de 3 sortes d’« écoles spéciales » :
- les écoles principales dans les centres,
- les écoles préparatoires ou de section,
dans les douars,
- les écoles enfantines pour garçons et
filles de 3 à 8 ans.
1887 : L’enseignement des filles : il
reste embryonnaire. Quelques tentatives en Kabylie, à Fort National, Bougie,
Constantine, Nédroma, Chellala. Les filles montrent des dispositions à l’étude
parfois supérieures à celles des garçons. Mais la coutume fixe pour elles aux
environs de 8 ans l’âge d’être voilée et de rester à la maison, ce qui
correspond à la classe enfantine.
1892 : le Décret du 18 octobre 1892
définit les buts et les méthodes dans l’enseignement indigène. Il reprend ceux
de 1883 et 1887.
Il
rappelle qu’il n’y a pas de séparation absolue des écoles entre l’enseignement
primaire destiné aux indigènes et l’enseignement primaire ordinaire. Les
enfants indigènes sont admis au même titre que les européens « aux conditions
fixées par les lois et règlements dans les écoles publiques de tout degré »
Il
insiste sur la neutralité religieuse « la liberté de conscience des élèves est formellement
garantie, ils ne peuvent être astreints à aucune pratique incompatible avec
leur religion »
1913 : L’enseignement indigène compte en
1913 : 46.437 élèves, 468 écoles et 888 classes.
1914 : début de la Grande Guerre. Vus
leurs mauvais résultats, on renonce au recrutement des moniteurs. 200
instituteurs sont mobilisés. Ils sont remplacés par des élèves-maîtres de 2ème
année, étudiants des medersas ou élèves des cours complémentaires. Viviani
dirige le gouvernement. Le 2 août, mobilisation générale. Les principales
écoles, le lycée sont occupés par la troupe. » (INRP,
édition électronique)
(6) :Maurice Viollette, L’Algérie
vivra-t-elle ? Notes d’un ancien Gouverneur général, Paris, Libr.
F. Alcan, 1931.
(7) :Alain Ruscio, Histoire
de la colonisation, éd. Les Indes savantes, 2007 - page 334.
(8) :Rapport général concernant l’Algérie, juillet 1955, 88p, « Statistiques scolaires
concernant l’année 1954-55 », cité dans Antoine Léon,Colonisation, enseignement et éducation, le calcul
de ce taux prend à la fois en compte les élèves scolarisés à plein temps et
ceux qui suivent un enseignement à mi-temps. »
(9) :Rapport de la Commission d’équipement scolaire,
dirigée par M. Le Gorgeu. Rapporteur : Georges Oved, Le Monde, 28
août 1955.
(10) :Germaine Tillion, L’Algérie en 1957, Paris, Ed. de Minuit, 1957.
(11) :Gilles Manceron et Hassan Remaoun, D’une rive à l’autre,
Syros
éd., 1993.
(12) :« Mohand
Said Lechani, né le 93 à Ait-Halli, dans l'actuelle commune d'Irdjen en Haute Kabylie, et décédé
le à Alger1, est un instituteur pédagogue et militant
politique et syndical algérien. Berbérisant et socialiste de
tendance jaurésienne,
collaborateur de divers journaux, il est considéré comme une figure pionnière
de l'Algérie contemporaine. Il a participé à tous les mouvements
socio-politiques et culturels destinés à l'émancipation de l'Algérie avec,
comme point de départ, l'éducation et l'instruction qu'il voulait généralisées
à tous. » wikipédia
(13) :
« De 1800 à nos jours, l’histoire se résumait ainsi : toute la
barberie et le fanatisme de notre côté, tout l’héroïsme, toute l’humanité du
côté des nouveaux venus et de leur sys¬tème. Nous éprouvions un mélange de
honte et d’irritation, de désarroi et de colère. La honte et le désarroi
venaient de ce que, dans nos pauvres cervelles, nous n’avions pas grand-chose
de précis à opposer à ce qui était écrit là noir sur blanc, dans ce livre qui
ne devait pas mentir, puisque ne mentaient ni le livre d’arithmétique ni celui
de leçons de choses. » Sadek Hadjeres, élève dans les années 1930 de
l’école primaire supérieure de Tizi-Ouzou in Gilles Manceron et Hassan
RemaounD’une rive à l’autre, la guerre d’Algérie de la mémoire à l’histoire, Syros, Librairie Obliques
(14) :
Collection musée.
(15) :
« Objectif de la revue L’école Française : « Nous nous proposons de diffuser dans ce bulletin
la pensée des instituteurs d’Algérie ; ainsi ne leur sera plus imposée
l’opinion d’une minorité agissante comme, malheureusement, cela a été
pratiqué trop souvent ces dernières années. Vous avez maintenant une
“tribune” où votre pensée pourra s’exprimer librement » (n° 1, décembre
1956).
Contenu de la revue :
–
Extraits du Journal officiel,
du Bulletin officiel algérien ou
des notes de service de l’Inspection académique contenant les horaires des
classes, la liste des concours scolaires et les programmes de l’entrée en 6e,
du brevet supérieur, des nouveaux BEPC et baccalauréat, du cours de fin
d’études ; présentation de la réforme de l’enseignement.
– Articles sur l’orientation scolaire, les problèmes de l’enfant gaucher.
– Statistiques concernant les musulmans dans l’enseignement primaire, les
cours complémentaires, les écoles normales et le second degré ; présentation
des sections d’enseignement franco-musulman ; résultats aux examens en 1958
(pour les musulmans).
– Liste des constructions d’établissements scolaires.
– Pages des instructeurs qui forment les maîtres.
– Adresses des inspecteurs ; liste des journaux pédagogiques.
– Informations syndicales : statuts du syndicat, comptes rendus des congrès,
assemblées générales, audiences au rectorat.
– Informations sur les traitements avec publication des indices annuels et
des indemnités particulières à l’Algérie ; projet de barème pour les
mutations ; reclassements et avancements, liste des promus.
– Prises de position du syndicat sur la laïcité ; le SNI se dit non partisan,
« au-dessus de la mêlée », mais défend l’Algérie française ; nombreuses
critiques du SNI (qui appelle à négocier en Algérie) et du SGEN. »
Source INRP, Presse-Education.
Sources et
bibliographie :
- Archives Musée de la Maison d’Ecole, notamment
Presse Syndicale..
- Instruction
publique, notes d’un rapport du général Bedeau daté de Constantine février 1847.
(Archives historiques de l’armée de terre).
- Instruction publique en Algérie, rapport Lepescheux,
chef de l’instruction publique à Alger, sans date (entre 1846 et 1850 ?)
(Archives historiques de l’armée de terre).
• Combes, 1894, rapport sur l’enseignement
supérieur musulman (les Médersas), Sénat, S. O., n° 15 (annexe au procès-verbal
de la séance du 2 février 1894), 340p.
• Aynard, 1913 : « l’œuvre
française en Algérie », Paris, Hachette,
• Begarra Joseph, 1953, « La
scolarisation en Algérie », in La Revue socialiste, Paris, pp.147-156,
• Carret Jacques, 1959, « le
réformisme en Islam, l’association des Oulama d’Algérie », Alger,
Imprimerie officielle, 39p.
• Colonna Fanny, 1975,
« Instituteurs Algériens 1883-1939 » Paris, Presses de la fondation nationale
des sciences politiques, 238p.
• Pervillé, Guy, 1984,
« Les étudiants algériens de l’université française 1880-1962 »,
Paris, édition du CNRS, 346p.
• Prost Alain, 1968, « Histoire
de l’enseignement en France (1800-1967) », Paris, Armand Colin, 524 p.
• Emin Jean-Claude, & Esquieu
Paul, 1998, « Un siècle d’éducation », Education & formation
n° 54, éditions du Ministère de l’éducation nationale, de la recherche et
de la technologie
• Kateb Kamel, 2001,
« Européens, « indigènes » et juifs en Algérie (1830-1962 »
Paris, l’Ined/PUF ; XXVI + 386 p.
- Abas Toumert, articles Les Dossiers de l’Histoire
- Aïssa Kadri , Les
enseignants français en Algérie 1945-1965, 2008, in La Rédaction.
- Les Amis de la Mémoire Pédagogique, 2008 : http://enseigner-lalgerie.1830-1962.fr
J'ai pris connaissance de votre travail sur l'école en Algérie avec beaucoup d'intérêt et vous remercie pour cette contribution utile. Je m'intéresse particulièrement à cette question d'autant que mon grand-père feu Mohand Lechani (1893-1985) fut un pionnier et une figure de proue de l'enseignement indigène comme on disait alors. Instituteur promotion 1912, il participa, en 1921, à la naissance du syndicat des instituteurs d'origine algérienne et à la Voix des humbles. Il fut également, dans les années 1930, un précurseur de l'Éducation nouvelle, à Alger, puis au début des années 1950, membre de la Commission Gougenheim chargée d'élaborer le Français fondamental. On lui doit également, surtout, d'avoir rédigé le projet de loi du 5 mars 1949 qui mit fin à la ségrégation scolaire. Une grande victoire démocratique qui consacra l'école unique pour tous. Ces faits historiques qui ont fait l'objet de publications diverses sont évoquées dans sa notice Wikipedia et plus longuement dans son ouvrage posthume titré "Du bon usage de la pédagogie" paru à Paris en 2017, préfacé par Anne-Marie Chartier. Je vous saurais très reconnaissant d'assortir la date de fusion des enseignements à son nom par souci de précision et d'information.
Restant à votre disposition pour tout complément d'information utile. Bien à vous
Monsieur bonjour,
RépondreSupprimerJ'ai pris connaissance de votre travail sur l'école en Algérie avec beaucoup d'intérêt et vous remercie pour cette contribution utile.
Je m'intéresse particulièrement à cette question d'autant que mon grand-père feu Mohand Lechani (1893-1985) fut un pionnier et une figure de proue de l'enseignement indigène comme on disait alors.
Instituteur promotion 1912, il participa, en 1921, à la naissance du syndicat des instituteurs d'origine algérienne et à la Voix des humbles.
Il fut également, dans les années 1930, un précurseur de l'Éducation nouvelle, à Alger, puis au début des années 1950, membre de la Commission Gougenheim chargée d'élaborer le Français fondamental.
On lui doit également, surtout, d'avoir rédigé le projet de loi du 5 mars 1949 qui mit fin à la ségrégation scolaire. Une grande victoire démocratique qui consacra l'école unique pour tous.
Ces faits historiques qui ont fait l'objet de publications diverses sont évoquées dans sa notice Wikipedia et plus longuement dans son ouvrage posthume titré "Du bon usage de la pédagogie" paru à Paris en 2017, préfacé par Anne-Marie Chartier.
Je vous saurais très reconnaissant d'assortir la date de fusion des enseignements à son nom par souci de précision et d'information.
Restant à votre disposition pour tout complément d'information utile.
Bien à vous
Dr. Lechani, radiologue et éditeur