L’école dans l’Algérie française
Brève chronologie
(Seconde partie)
Nos ancêtres
les gaulois…
1827 : Le dey d'Alger lors d'une audience, frappe le consul
de France Deval d'un coup d'éventail (ou de chasse-mouches), en raison du refus
de ce dernier de reconnaître une dette du Directoire (soit de plus de 30 ans)
à des négociants juifs algériens.
1830 : A la suite
d'une décision de Charles X, un corps expéditionnaire français dirigé par le
maréchal de Bourmont, débarque à Sidi-Ferruch et s'empare d'Alger le 5 juillet.
Le dey d'Alger relève de l'empire turc. La régence d'Alger comporte environ 3
millions d'habitants, essentiellement ruraux (d'après X. Yacono,Histoire de
la colonisation française, éd. de 1979). Les militaires estiment que 30 à
40 % d'hommes savent lire et écrire (Daumas, cité par Turin 1971, et
Tocqueville 1847, citant le rapport du général Bedeau), ce qui est comparable à
la France. 2000 écoles existent en relation directe avec la religion (étude du
Coran). Il n’y a pas d'instruction publique mais des liens étroits avec
confréries religieuses (zaouïas) et des fidèles des mosquées.
1833 : Création
d'écoles mutuelles à Alger, Oran et Bône, qui venaient d'être érigées en
communes.
1834 : L'Algérie
devient une colonie militaire, rattachée au ministère de la Guerre. Elle est
dirigée par un gouverneur général. On note tout de suite l’hostilité des
militaires face au zèle des évangélisateurs de l’Eglise catholique.
1835 : Création du
collège communal d’Alger.
1836 : La conquête
de Constantine est un échec. On ouvre la première école maure-française et la
première chaire d'arabe parlé à Alger et au collège.
1839 : Ouverture à
Paris d'un collège arabe destiné aux fils de notables (au nombre de 10
seulement jusqu'en 1847). Les effectifs des collèges français en Algérie
augmentent, mais leurs élèves indigènes diminuent jusqu'à la quasi-extinction.
Les manuels d’enseignement sont les mêmes qu'en France (ex : Livre de
l'adolescence, textes très catholiques, de Delapalme).
1843 : Un des plus célèbres épisodes de la
conquête : la prise de la Smala d'Abd-el-Kader par la cavalerie du
duc d'Aumale (un des fils du roi Louis-Philippe).
1848 : l'Algérie est divisée en 3
départements. Le collège d'Alger est
transformé en lycée et il y a désormais
98 écoles primaires en Algérie. L'académie d'Alger est créée mais il y a
des hésitations sur ses responsabilités car les écoles indigènes dépendent du
gouverneur général jusqu’en 1875. Peu à peu, tout l'enseignement relèvera directement du ministère de
l'Instruction publique (puis de l'Education nationale, à partir de 1932).
1849-50 :
Parallèlement aux écoles françaises, s’instaurent pour les indigènes, les premières écoles
arabes-françaises (6 pour les garçons, 4 pour les filles). Il y en aura une
trentaine en 1870 pour 1500 élèves, l’enseignement y est bilingue, en
français avec un maître français, en arabe avec un tolba (enseignement du
Coran). Une commission se réunit à Alger
en vue de rédiger des ouvrages élémentaires en langue arabe pour les écoles
arabes. Le système d’enseignement coranique traditionnel s’effondre du fait de
la méfiance des autorités françaises. L'enseignement primaire pour les
Européens est assuré surtout par les congrégations dont les efforts
colonisateurs tendent à contrôler les medersas.
1856 : 1016 élèves
fréquentent 10 écoles arabes-françaises (dont 3 de filles).
1857 : Un premier
collège impérial arabo-français ouvre à Alger (200 élèves), puis d’autres à
Constantine et à Oran. L’enseignement y est bilingue.
1860-1865 : Napoléon
III visite l’Algérie à plusieurs reprises, il veut en faire un « royaume
arabe » sous l’influence d'Ismaïl Urbain, saint-simonien converti à
l'Islam. Il rencontre l’hostilité des colons. Une terrible famine sévit en
Algérie, on estime une perte de population de 50 % depuis 1830 qui touche
surtout les tribus. Le cardinal Lavigerie développe la charité, crée les Pères
blancs et les Sœurs blanches (1868), et cherche à évangéliser au moyen des
écoles catholiques. Il y a cependant une volonté officielle de favoriser
l'accès des indigènes dans les écoles primaires françaises, elle se concrétise
par une circulaire du gouverneur général Mac-Mahon en 1867. Dans le même temps,
un sénatus-consulte instaure la possibilité pour les indigènes de devenir
citoyens, à condition d'abandonner leur droit musulman, tandis qu’un décret
institue la première école normale d'Alger (1/5 des places étant réservées à
des élèves indigènes). L’arabe y est obligatoire pour tous les élèves.
1870 : Le décret
Crémieux accorde la nationalité française aux indigènes juifs nés en Algérie,
ce qui aboutit à la suppression des écoles juives. Seules subsistent les
midrashims du Sud algérien. Les populations indigènes étant très réticentes à
la scolarisation coloniale. Les républicains prennent le pouvoir dans les
municipalités et laïcisent les écoles, dont les écoles coraniques et leurs 20
000 élèves.
1874 : création de la
première école normale d'institutrices à Miliana.
1875 : L’arabe
devient langue vivante au baccalauréat, au diplôme d'études de l'enseignement
spécial et au brevet de capacité de l'enseignement primaire. Un décret sur
l'instruction publique en Algérie paraît.
1879 : Ouverture
de l'école normale d'instituteurs de Constantine.
1880 : Gambetta et
Ferry, contre l'avis des radicaux (Clemenceau, Pelletan...) décident de
développer la colonisation (d'abord dominée par des Européens autres que
Français) alors que l'échec de la politique de mixité franco-arabe est
flagrant. Jusqu'en 1881, moins de 1% des dépenses budgétaires de l'Algérie sont
consacrées à l'instruction publique.
1881 : On supprime
l'enseignement de l'arabe à l’école primaire. Mise en place du code de
l'indigénat, prévu pour 7 ans, mais qui sera pour l'essentiel maintenu jusqu'en
1944 (dont l’interdiction d'exercer le métier d'enseignant sans autorisation).
Les indigènes sont de nationalité française mais sujets, et non citoyens, sauf
s'ils choisissent l’abandon de leur « statut personnel musulman »
(très peu vont le faire, l’administration y mettra d’ailleurs beaucoup de
mauvaise volonté). La Kabylie est choisie comme région privilégiée pour
développer une politique assimilationniste.
1883 : Fin des
écoles arabes-françaises (il en restait 13 en 1882). On crée un Certificat
d'études indigène (avec une épreuve de « Langue arabe ou berbère :
lecture et écriture ». Création aussi d'un cours de langue kabyle à
l'école normale. Les colons font tout pour freiner la scolarisation des
indigènes.
1884 : Jules Ferry
nomme le recteur Jeanmaire, qui sera la cible des colons jusqu'à son départ en
1908, à cause de son point de vue assimilationniste et malgré le soutien, dans
les années 1900, du directeur de l'école normale de Bouzaréah, Paul Bernard.
1887 : Le
Certificat d'Etudes Indigène est supprimé. On crée un corps d'inspecteurs
spéciaux à l'enseignement des indigènes.
Quatre exemples de Certificats d'Etudes Indigènes à différentes époques (voir à cet égard l'article https://musee-ecole-montceau-71.blogspot.com/2017/06/la-fin-dun-mythe.html ) :
1888 : l'école
normale d'instituteurs s'installe à Bouzaréah, dans les locaux d'un asile
d'aliénés. On recrute des moniteurs indigènes, formés à l'EN d'Alger-Bouzaréah
et Oran (cours normaux, c'est-à-dire annexés à une école primaire sans locaux
spécifiques).
1889 : Mise en
place du premier plan d'études pour les écoles indigènes. Le Certificat
d'Etudes Primaires des indigènes est recréé avec le rétablissement d’une
épreuve d'arabe « usuel ». L’histoire et la géographie de l'Algérie
sont au programme.
1890 : Publication
du plan d'études et des programmes pour l'enseignement aux indigènes.
1891 : Le
recrutement d'instituteurs métropolitains pour les écoles indigènes est ouvert
avec un an d'année d'adaptation à l'école normale de Bouzaréah en
« section spéciale » avant la première nomination.
1892 : Décret du
18 octobre, suite au rapport Combes, sur l'enseignement primaire, public et
privé, des indigènes en Algérie : l’arabe devient obligatoire pour le
Brevet supérieur. Le traitement des « adjoints indigènes » (ayant le
certificat d'études primaires et un an de formation à l'école normale) est
inférieur de moitié quand ils refusent la citoyenneté française.
1893 : Le Bulletin
de l'Enseignement des Indigènes de l'Académie d'Alger est créé. C’est P. Bernard,
directeur de l'EN de Bouzaréah qui en prend la direction en 1896.
1897-1898 : Des émeutes
« antijudaïstes » éclatent. Les colons évoquent une sécession de
l'Algérie pour la première fois.
L’Algérie dispose d'une autonomie financière, par l'intermédiaire des
Délégations financières tripartites, dont dépendent les crédits d'enseignement,
avec des membres élus dans trois collèges (colons, non-colons, indigènes, ces
derniers en infériorité numérique par rapport à chacun des autres groupes).
Création des impôts « arabes », payés dans les communes mixtes, le
plus souvent au profit des seuls colons. Sous la pression de ces derniers est
proposé un second plan d'études pour les écoles indigènes, accentuant le côté
pratique. On doit aborder des notions sur la France et l'Algérie (historiques,
géographiques, administratives) - Cours
Moyen. But : « Il ne s'agit pas d'enseigner l'histoire en tant que
récit des événements mémorables. La suite des rois, des traités, les récits de
bataille sont bannis de notre programme. Nous nous proposons de montrer l'état
des populations de la France et de l'Algérie aux principales époques de leur
histoire, pour faire saisir le progrès de la civilisation, le développement des
idées de justice et d'humanité, et enfin faire comprendre le rôle bienveillant
de la France en Algérie. »
1900 : L’Algérie devient
« personnalité civile » et acquiert l’autonomie financière. 5 % du
budget sont destinés à l’Instruction publique. Un rapport sur l'enseignement
des indigènes est rédigé par le Recteur Jeanmaire (Exposition
universelle) : 3,62 % des enfants indigènes sont scolarisés. En 1901,
l'association, plutôt que l'assimilation, devient la doctrine officielle.
1906 : Clémenceau et les radicaux
anticolonialistes accèdent au pouvoir.
1908-1914 : Mise en place de nombreuses
« écoles auxiliaires » pour les indigènes
(« écoles-gourbis »), avec des maîtres indigènes
« moniteurs ».
1908 : Les colons se réunissent en congrès
pour dénoncer l'enseignement indigène.
1909 : Création de l’Université d’Alger.
Le Recteur Jeanmaire a démissionné l’année précédente.
1911-1912 : 200 notables musulmans choisissent l’exode de Tlemcen vers la Syrie.
1911-1912 : 200 notables musulmans choisissent l’exode de Tlemcen vers la Syrie.
1912 : 1 000 000 d’algériens
sont d’âge scolaire. Les menaces de guerre se faisant plus pressantes, on
établit la conscription des indigènes par tirage au sort.
1914 : 5 % du million d’algériens sont
scolarisés. 405 indigènes obtiennent le Certificat d'études, un millier de
musulmans seulement ont accédé depuis 1870 à des professions libérales ou de
fonctionnaires.
1915 : Devant la mauvaise volonté des Délégations financières et des communes, l’Etat prend en charge la construction des écoles indigènes.
1916 : Le Sud-Constantinois s’insurge contre la conscription.
1918 : Plus du tiers de la population indigène de 20 à 40 ans est en France.
1919 : La loi Jonnart tend à améliorer
légèrement les droits des indigènes, notamment en actant la fin de
l’« impôt arabe ». Création la même année de la première Amicale des
étudiants indigènes de l'Université d'Alger.
Années 20 : Naissance d'un mouvement national algérien, en relation forte avec l'émigration en France d'ouvriers durant la Grande Guerre, notamment d'origine kabyle. Des revendications nouvelles apparaissent : les indigènes demandent des écoles ; les adjoints indigènes militent pour la fusion des enseignements et la parité avec leurs collègues français ; on dénonce l’emploi du budget de l’Instruction en Algérie, part du budget : 1,9 % pour les indigènes en moyenne, 8,4 % pour les Européens. L’égalité de traitement entre instituteurs européens et les instituteurs adjoints indigènes est obtenue rapidement. Création de La voix des humbles, journal de l'Association des instituteurs indigènes (proche de la SFIO), de tendance assimilationniste. L’association est contre l'enseignement de l'arabe laissé aux zaouïas et aux médersas.
1924 : Les épreuves au concours d'entrée
de l'EN de Bouzaréah sont communes pour tous, mais le classement reste à part
pour les élèves « indigènes ».
1926-27 : Fondation à Paris de L'Etoile Nord-Africaine avec l'aide des communistes, animée par Messali Hadj durant seulement un an. Naissance de la première Association des étudiants musulmans nord-africains en France, elle revendique l'apprentissage obligatoire de l'arabe en primaire. Parution d’une circulaire rectorale facilitant l'inscription des élèves indigènes dans les écoles européennes ; 10,7 % y sont d'origine indigène.
1928 : L’école normale de Bouzaréah ne fait plus de distinction entre les élèves européens et les élèves indigènes. Dans les années 30, le nombre d’élèves indigènes augmente : 140 européens pour 30 indigènes, mais en moyenne, les instituteurs indigènes représentent moins de 10 % du total entre les deux guerres.
1931 : Naissance du mouvement
« réformiste » de l'Association des Oulémas musulmans
algériens : « L'Algérie est ma patrie ; l'Islam est ma
religion ; l'arabe est ma langue. ». Un enseignement privé musulman
« réformé », y compris pour filles, est mis en place :
enseignement en langue arabe, avec Certificat d'études primaires arabes, langue
arabe dans le secondaire dans des médersas « réformées », méthodes
pédagogiques modernes, manuels venant d'Orient ou de Tunisie. En 1933, il y
aura 2542 écoles avec 36305 élèves dans le réseau privé musulman. Grand succès
populaire de l’Exposition coloniale
internationale de Paris.
1933 : Les
Ecoles Normales d'Oran et Constantine sont ouvertes mais réservées aux
Européens.
1934-1937 : On dénombre 70 écoles « réformistes » pour 3000 élèves. Parallèlement, le scoutisme musulman se développe. Le recteur Georges Hardy estime à 100 000 les indigènes scolarisés, à 800 000 les non-scolarisés, il envisage pour les campagnes des « centres de premier degré », plutôt que des écoles pour redresser la situation.
1934-1937 : On dénombre 70 écoles « réformistes » pour 3000 élèves. Parallèlement, le scoutisme musulman se développe. Le recteur Georges Hardy estime à 100 000 les indigènes scolarisés, à 800 000 les non-scolarisés, il envisage pour les campagnes des « centres de premier degré », plutôt que des écoles pour redresser la situation.
1935 : Albert Truphémus est
Inspecteur de l'enseignement indigène (il est né à
Remoulins et mourra à Alger). Son roman, Ferhat, instituteur indigène,
publié à Alger en 1935, aura un retentissement considérable chez les «
naturalisés » d'Algérie et sera lu par la plupart des élèves de la Section
indigène de Bouzaréah à la fin des années 30.
1936 : Création du parti communiste
algérien. Un Congrès musulman suit et doit
assurer le rattachement des communistes aux Ulémas, congrès qui reste
sans lendemain. Prise de position radicale du parti communiste français dans
les années 30.
Le 15 octobre 1936, dépôt du projet de loi
Blum-Viollette qui vise à
permettre à une minorité de l'élite musulmane d'Algérie française d'acquérir la citoyenneté française,
leur donnant notamment le droit de vote (cette loi ne s'appliquant pas aux
musulmans d'Algérie française vivant en métropole car ils jouissent déjà des
mêmes droits et obligations que les autres personnes de nationalité française
dans l'hexagone). Sous la pression, le projet est abandonné en mars 1938.
1937-1938 : Le réseau des écoles privées
musulmanes compte 3148 établissements pour 50 293 élèves alors que dans les
écoles indigènes, 16 moudarrès donnent des cours d'arabe utilisant des manuels
égyptiens (516 élèves sur 102 603 élèves des écoles indigènes). 27.3 % des
élèves indigènes scolarisés le sont dans des écoles européennes, ils
représentent 17,3 % des effectifs de ces dernières.
1939 :
900 000 enfants ne sont pas scolarisés.
Les premières années de guerre voient une double propagande
anticoloniale en Afrique du Nord, d'une part celle des nazis (utilisant le
grand muphti des Jérusalem), d'autre part celle des Américains. La Voix des
humbles est interdite par le Gouvernement général.
1940-1943 : Deuxième
rectorat de Georges Hardy. Il applique les consignes nationales sur les
révocations des fonctionnaires en Algérie : 870 enseignants dont 464 juifs sont
touchés. Le décret Crémieux est abrogé, les juifs perdent la citoyenneté
française et redeviennent indigènes. Les élèves d’origine musulmane ne
représentent plus qu’à peine 11 % des élèves d'Ecoles Primaires Supérieures,
moins de 8 % des lycéens, moins de 4 % des étudiants de l'université d'Alger.
Les enfants juifs subissent un numerus clausus dans tous les niveaux
d'enseignement.
1942 : Le
Certificat d'études spécial aux indigènes est supprimé. Le Bulletin pour
l'Enseignement des Indigènes est remplacé par L'Education algérienne
(qui concerne tous les niveaux d'enseignement) jusqu'au débarquement
anglo-américain du 8 novembre. A leur arrivée, les américains installent Giraud
plutôt que de Gaulle à la gouvernance. Ancien pétainiste renié par Pétain
lui-même (ce dernier lui ôtera la nationalité française) qui il conservera les
lois de Vichy jusqu’en 1943.
1943 : En
décembre, le Comité Français de la Libération Nationale (CFLN) décide « d'élever la condition politique,
sociale, économique, des Français musulmans ».
1944 : Il est mis
fin au code de l’Indigénat. La commission chargée de préparer « l'adaptation des programmes à
l'intention des élèves de l'Afrique du Nord » propose
l'enseignement de l'arabe dialectal au CM2. Premiers soubresauts : les
nationalistes algériens sont persuadés d'obtenir l'indépendance, compte tenu de
l'affaiblissement du régime français et du soutien des Américains. Un
vice-rectorat est chargé d’un nouveau plan de scolarisation totale des
indigènes sur 20 ans, il est décidé la création de classes à mi-temps mais on
refuse toujours de développer l'enseignement de l'arabe.
1945 : A la suite d'une tentative d'insurrection générale le 8 mai ont lieu les massacres de Sétif et Guelma qui étouffent toute forme d’indépendance.
1945 : A la suite d'une tentative d'insurrection générale le 8 mai ont lieu les massacres de Sétif et Guelma qui étouffent toute forme d’indépendance.
1947 : A
l'initiative d'un groupe de professeurs de l'école normale de Bouzaréah, Nathan
crée le Journal des Instituteurs d'Afrique du Nord, complément du Journal
des instituteurs, publié jusqu'en 1963. L’année suivante seront créé des
cours du soir pour adultes illettrés.
1949 : On ne
compte que 2431 garçons et 301 filles musulmans dans l’enseignement secondaire.
Un décret fusionne cependant les enseignements français (A) et indigène
(B) et crée des « Cours préparatoire d'initiation » pour les
enfants musulmans non francophones (qui
remplacent le cours préparatoire). De plus, les programmes d’histoire et de
géographie comporteront désormais des leçons sur l'Afrique du Nord.
1951 : On dénombre
6081 écoles pour 103 500 élèves dans le réseau privé musulman. Dans les années
qui suivent la proportion des enfants scolarisés sur la population totale en
Algérie est de 3,6 % (la plus faible dans la région méditerranéenne, hors Maroc
et Iran).
Proportion
de la population scolarisée dans la population totale
Pays
|
Année
|
Population
|
scolarisée/
totale
|
|
scolarisée
|
totale
|
|||
France
|
1951
|
8 000 000
|
42 000 000
|
19,0 %
|
Iran
|
1948
|
435 906
|
18 092 000
|
2,4 %
|
Turquie
|
1950
|
1 787 297
|
20 935 000
|
8,5 %
|
Irak
|
1947
|
224 776
|
4 800 000
|
4,7 %
|
Liban
|
1949
|
230 000
|
865 000
|
26,5 %
|
Egypte
|
1949
|
1 627 431
|
20 004 000
|
6,3 %
|
Tunisie
|
1952
|
197 878
|
3 480 000
|
5,6 %
|
Maroc
|
1950
|
149 077
|
8 000 000
|
1,9
|
Algérie
|
1954
|
304 015
|
8 449 332
|
3,6 %
|
1952 : La
mission de l'Inspecteur général Piobetta rend son rapport : « la
similitude des situations entre les départements français de dialecte alsacien
et les départements français de l'Afrique du Nord est évidente ». Il
dénonce des difficultés qui seraient dues aux enseignants communistes et aux
instituteurs musulmans.
1954 :
L’Algérie compte près d'1 million d'habitants de souche européenne et près de 9
millions de musulmans. 82 % des Européens vivent en ville. En 10 ans, les
effectifs scolaires ont été multipliés par 3, mais la hausse démographique est
supérieure. 15,4 % des élèves musulmans sont alors scolarisés, les écoles à
mi-temps accueillent au moins 50 élèves par classe. Une politique
intégrationniste est mise en place, notamment par les
militaires, le 1er novembre débute l’insurrection algérienne avec une vague d’attentats dont les premières
victimes sont un couple d’instituteurs.
1955 :
Jacques Soustelle, gouverneur général, demande à Germaine Tillon de créer les
Centres sociaux éducatifs, dépendant de l'Education nationale, et destinés à
alphabétiser les populations des campagnes (12 h hebdomadaires pendant 2 ans). Ils
feront rapidement l'objet d'une suspicion permanente de la part des autorités
militaires. Le parti communiste algérien est interdit cette année-là et l'état
d'urgence en Algérie est proclamé par l'Assemblée nationale. En signe
d’apaisement, Edgar Faure, Président du Conseil, souhaite « que
l'enseignement de l'arabe soit rendu obligatoire dans les écoles primaires de
l'Algérie ». Il rencontre l’hostilité des inspecteurs primaires et des
parents européens dans le choix des langues dans le secondaire (arabe classique
en 1ère langue, dialectal en 2de). Sur 193 écoles « réformées »
des Oulémas, seules 60 (9000 élèves) continuent à fonctionner et se rallient au
FLN.
Répartition des écoles Coraniques selon les départements
Département
|
1932-1933
|
1937-1938
|
1950-1951
|
||||||
Ecoles
|
Maîtres
|
Elèves
|
Ecoles
|
Maîtres
|
Elèves
|
Ecoles
|
Maîtres
|
Elèves
|
|
Alger
|
431
|
475
|
8 591
|
352
|
357
|
7 524
|
888
|
940
|
20799
|
Oran
|
690
|
692
|
10313
|
496
|
496
|
6 836
|
1 298
|
1 409
|
19542
|
Constantine
|
801
|
821
|
10624
|
1 573
|
1 597
|
24063
|
3 002
|
3 007
|
41096
|
Ter. du Sud
|
620
|
630
|
6 777
|
727
|
739
|
11870
|
893
|
910
|
22063
|
total
|
2 542
|
2 618
|
36305
|
3 148
|
3 189
|
50293
|
6 081
|
6 266
|
103 500
|
Répartition
des élèves indigènes algériens dans l’enseignement traditionnel réformé, selon
le sexe et le département (1955)
Département
|
Ecoles
|
Nombre d’élèves
|
Nombre de maîtres
|
|||||
Garçons
|
Filles
|
Total
|
Offi-
ciels
|
Auxil-
liaires
|
Maî-
tresses
|
Total
|
||
Constantine
|
103
|
10857
|
6 745
|
17602
|
195
|
56
|
29
|
280
|
Alger
|
53
|
5 128
|
3 876
|
9 004
|
70
|
33
|
16
|
119
|
Oran
|
37
|
5 108
|
3 476
|
8 584
|
66
|
24
|
22
|
112
|
Total
|
193
|
21093
|
14097
|
35190
|
331
|
113
|
67
|
511
|
1956 : Les
pouvoirs spéciaux sont votés. Un décret facilitant l'accès à la fonction
publique des Français musulmans prend effet. Le 5 mai voit une grève des
étudiants européens et le 25 mai une grève illimitée des étudiants
musulmans à l'appel de l'UGEMA (Union Générale des Etudiants Musulmans
Algériens). La Commission au Plan de scolarisation suggère de mettre en place
des « établissements spéciaux de rattrapage », et de généraliser
l'enseignement de l'arabe à tous les degrés. Elle crée à cet effet un corps
d’instructeurs du plan (niveau BEPC) avec une formation pédagogique de 3 mois.
1958 : Les deux
tiers des 71 députés d'Algérie sont musulmans, on remplace le terme
d’« indigènes » par « français musulmans » dans les
documents officiels. L’UGEMA est dissoute et on supprime l’Assemblée algérienne
et le double collège. L’ordonnance du 20 août pour l'accélération du plan de
scolarisation confie aux Centres sociaux éducatifs un « enseignement de
base » hors région côtière et Kabylie.
1959 : Le Général
De Gaulle propose l'autodétermination. L’effectif des élèves maîtres recrutés
passe de 300 en 1950 à 1426 en 1959. Les effectifs scolarisés augmentent de 100
% pour les filles, de 60 % pour les garçons.
1962 : L’exode des
Français d'Algérie (près d'un million de personnes) commence. Les troupes
supplétives "musulmanes", harkis en particulier sont souvent
abandonnées sur place, des dizaines de milliers d'exécutions sommaires sont
perpétrées par les Algériens liés au FLN. L'OAS (Organisation Armée
Secrète) exécute 6 inspecteurs de Centres
sociaux éducatifs (dont Mouloud Feraoun et Max Marchand). Les 4 et 5 juillet,
plusieurs centaines de français sont massacrés à Oran. L’épisode colonial
s’achève.
REGARD DE FEMME
Marie
Caire-Tonoir, peintre des femmes algériennes
(1860-1934)
A la fin du 19ème
siècle, la mode est alors aux tableaux "orientalistes", où les artistes occidentaux
mettent en scène leur vision fantasmée du Maghreb. En 1899, accompagnée de son époux, également artiste, Marie Caire débarque
en Algérie. Le couple compte passer l’hiver à Biskra, un lieu particulièrement
apprécié par les Européens. L’artiste ignore encore que ce séjour va
bouleverser sa carrière... Ce n’est pas pour prendre du repos qu’elle a choisi
Biskra. La ville, une oasis située aux portes du Sahara, fascine de nombreux
peintres. Y aller, c’est marcher dans leurs pas.
Marie Caire n’échappe pas à la
tendance, à la métropole, elle a déjà peint Salomé,
une héroïne biblique collant parfaitement au cliché de la femme orientale
mystérieuse et provocante. Elle compte, lors de ce voyage à
Biskra, continuer à peindre des thèmes orientaux, tout en
renouvelant ses couleurs et ses sujets. Mais cette fois, elle sort un peu des
sentiers battus, laissant derrière elle les Salomé,
l’artiste part à la rencontre des véritables habitantes de la ville.
Elle s’applique à faire des
portraits fidèles, loin de la femme fatale.
Tous les détails des
coiffures et des tatouages sont finement représentés. Sous ses pinceaux, les
femmes de Biskra regardent le spectateur avec beaucoup de dignité et de
majesté. Pour la peintre,
c’est un tournant, fini le fantasme de l’Orient, place à la
réalité.
Et ce changement plaît. Nombre de ses tableaux, considérés comme des chefs-d’œuvre,
seront achetés par l’État français. L’image des femmes de Biskra s’en trouvera
à jamais transformée.
Sources et
bibliographie :
- Archives Musée de la Maison d’Ecole, notamment Presse
Syndicale.
- Instruction
publique, notes d’un rapport du général Bedeau daté de Constantine février 1847.
(Archives historiques de l’armée de terre).
- Instruction publique en Algérie, rapport Lepescheux,
chef de l’instruction publique à Alger, sans date (entre 1846 et 1850 ?)
(Archives historiques de l’armée de terre).
• Combes, 1894, rapport sur l’enseignement
supérieur musulman (les Médersas), Sénat, S. O., n° 15 (annexe au
procès-verbal de la séance du 2 février 1894), 340p.
• Aynard, 1913 : « l’œuvre
française en Algérie », Paris, Hachette,
• Begarra Joseph, 1953, « La
scolarisation en Algérie », in La Revue socialiste, Paris, pp.147-156,
• Carret Jacques, 1959, « le
réformisme en Islam, l’association des Oulama d’Algérie », Alger,
Imprimerie officielle, 39p.
• Colonna Fanny, 1975,
« Instituteurs Algériens 1883-1939 » Paris, Presses de la fondation
nationale des sciences politiques, 238p.
• Pervillé, Guy, 1984,
« Les étudiants algériens de l’université française 1880-1962 »,
Paris, édition du CNRS, 346p.
• Prost Alain, 1968, « Histoire
de l’enseignement en France (1800-1967) », Paris, Armand Colin,
524 p.
• Emin Jean-Claude, & Esquieu
Paul, 1998, « Un siècle d’éducation », Education & formation
n° 54, éditions du Ministère de l’éducation nationale, de la recherche et
de la technologie
• Kateb Kamel, 2001,
« Européens, « indigènes » et juifs en Algérie (1830-1962 »
Paris, l’Ined/PUF ; XXVI + 386 p.
- Aïssa Kadri , Les
enseignants français en Algérie 1945-1965, 2008, in La Rédaction.
- Les Amis de la Mémoire Pédagogique, 2008 :
http://enseigner-lalgerie.1830-1962.fr
- http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5790298k/f7.image
- http://gallica.bnf.fr
- https://books.google.fr/
- http://newsletters.artips.fr/
P.P
Article à retrouver dans le livre :
Renseignements et Souscription à l’AVNP71
et au Musée de la Maison d’Ecole à Montceau
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