samedi 9 novembre 2019

Conférences populaires et cours du soir



Conférences populaires
Et cours du soir





L’instruction des adultes

Le service de projections de la Société Nationale des Conférences Populaires prend un rapide essor : en 1908-1909, le chiffre des prêts de matériel s’élève à 37 340. (Source Institut français de l’Education). La Société compte alors plus de 8 000 collaborateurs. De 1910 à 1920 elle édite une revue d’information intitulée “Les conférences et Lectures Populaires” envoyée à tous ses membres.






Les institutions auxiliaires

Si les rapports des inspecteurs rendaient compte d’une pédagogie purement scolaire, leur attention se portait aussi sur des activités que nous qualifierions de nos jours de périscolaires et notamment l’éducation des adultes (série T des Archives départementales de Saône-et-Loire, liasse 72). Le rapport de 1902, cité dans l’article précédent (https://musee-ecole-montceau-71.blogspot.com/2019/11/monsieur-linspecteur.html#more), y consacre un long paragraphe.
« 1° Cours d’adultes. – Il s’est ouvert, pendant l’hiver 1901-1902, quatre-vingt-six cours d’adultes : 27 pour les jeunes filles et 59 pour les jeunes gens. Ces cours ont été tenus par 84 instituteurs et par 38 institutrices. Ils ont été fréquentés par 1 312 adultes : 459 jeunes filles et 853 jeunes gens.

En 1900, le nombre de cours avait été de 75. L’augmentation porte sur les cours d’adultes ouverts par les institutrices (15 en 1900, 27 en 1901). Le nombre des auditrices s’est accru de 219 unités.

Les cours d’adultes pour jeunes gens ont été tantôt des cours de « réparation » ou de « révision », tantôt des « Cours complémentaires ». 

Les cours de « révision », destinés aux illettrés qui n’ont pas fréquenté l’école aux années d’enfance, ont été rares, car les adolescents illettrés sont relativement peu nombreux dans le charolais. Les cours d’adultes ont été surtout des cours de révision, fréquentés par des adultes de 15 à 20 ans, ayant un peu oublié ce qu’ils avaient appris à l’école et désireux de rafraîchir leurs connaissances. Ce sont les travaux pratiques qui composent le programme ordinaire de ces cours : rédaction, lettres d’affaires, actes sous seing privé – calcul mental, calcul écrit, lecture du cadastre, de la feuille d’imposition – rapports, réclamations, mémoires, factures, évaluation des surfaces et des volumes, etc.



Sur le conseil de l’inspecteur primaire, chaque séance du cours d’adultes s’est terminée sur une « lecture », faite par le maître ou un adulte et par une « conférence-causerie », presque toujours relative à l’instruction civique. L’excellent ouvrage de M. R. Périer, inspecteur d’Académie du Loir-et-Cher, « l’Ecole du Citoyen » ou l’œuvre de Victor Hugo ont presque toujours fourni les textes des causeries ou des lectures.

Les cours d’adultes destinés aux jeunes filles ont eu le même caractère pratique : des leçons d’économie domestique, de couture, de coupe et d’assemblage de vêtements, d’hygiène de l’enfant, auxquelles on a rajouté l’étude de chants et les premières notions de musique. Ces cours ont eu lieu d’ordinaire le jeudi ou le dimanche dans l’après-midi.

L’institution des cours d’adultes se maintient ; mais je crains qu’elle ne prenne pas d’autres développements. Trop peu de cours sont rétribués (12 seulement sur 86). Ils constituent pour la grande majorité des instituteurs et des institutrices un surcroît de travail sans compensation suffisante. J’estime que toute peine mérite salaire, et que, pour conserver les Cours, il faudra les subventionner. Le Conseil général de Saône-et-Loire devrait voter un crédit à cette intention comme l’a fait celui du département du Rhône, par exemple, qui y consacre 3 000 francs par an. »

« 2° Conférences populaires. - 212 conférences ont été faites depuis le début de l’hiver. A ces conférences assistent la plupart du temps, non seulement les adultes, mais aussi leur famille. Les Lectures-causeries sont fort goûtées, mais les conférences avec projections le sont d’avantage. Les sujets historiques, géographiques ou scientifiques plaisent plus au public que les sujets littéraires. Et cela se comprend. Il faut, pour apprécier les beautés d’un ouvrage, d’un extrait des œuvres de nos bons auteurs, une certaine culture intellectuelle qui fait défaut à la plupart des auditeurs habituels de ces réunions.

Les conférences ont été moins nombreuses cette année que l’hiver dernier (212 au lieu de 343). Quelques instituteurs conférenciers ont été malades ; certaines écoles ont été licenciées en décembre et en janvier, par suite d’épidémies. Les conférences n’ont pas pu avoir lieu.


A vrai dire, les instituteurs du charolais n’abordent la Conférence qu’avec timidité. Ils se défient trop de leurs propres forces et reculent devant le danger de la parole publique. Cependant, partout où l’essai a été tenté avec conviction, il a pleinement réussi… »




En 1890, alors qu’il a un peu plus de trente ans, Emile Jean GUERIN-CATELAIN fonde la Société nationale des Conférences Populaires afin de « répandre gratuitement l’enseignement primaire supérieur parmi les adultes des deux sexes, dans toutes les communes de France d’Algérie et des Colonies… ainsi que dans les Régiments et la Marine ». (Source diaprojection.unblog.fr)






En 1895, le ministère de l’Instruction Publique met à la disposition des sociétés d’instruction populaire « les appareils de projections lumineuses et les collections de vues photographiques pouvant servir à l’enseignement dans les cours d’adultes et les conférences populaires ». L’année suivante, des collections de vues, dont il avait été fait don au ministère par deux sociétés d’enseignement, sont déposées au Musée pédagogique. La “Société nationale des Conférences Populaires” se charge d’assurer à ses frais l’expédition des vues, leur entretien et la correspondance. Celle-ci possède 50 appareils de projection qu’elle met gratuitement à la disposition des conférenciers. En 4 mois, du 1er octobre 1897 au 30 janvier 1898, la Société distribue gratuitement en France 85 618 conférences imprimées par ses soins. Les vues circulent dans toute la France en franchise postale, aller et retour, à destination des recteurs, des inspecteurs d’académie, des inspecteurs primaires, des instituteurs et institutrices publiques. (Source diaprojection.unblog.fr)






Cette enveloppe de 1906 donne de précieuses informations sur les différentes adresses de la « Société Nationale des Conférences Populaires”. Le siège social se trouve 13 place de la Bourse (Paris), le Secrétariat Général est situé 124 rue des Couronnes Paris, quant au service des Projections Lumineuses, il faut s’adresser au Musée Pédagogique de l’Etat, 41 rue Gay-Lussac, Paris. Elle précise aussi ses différentes activités : « Veillées Rustiques » – « Cours d’adultes » – « Conférences régimentaires ».  (diaprojection.unblog.fr)







Les conférences animées

 Dans les années 20, la maison Radiguet et Massiot publie ces réclames pour des « appareils de projection spécialement construits pour la Société Nationale des Conférences Populaires ».Chaque appareil possède un nom relativement fantaisie que l’on ne retrouve pas dans les catalogues Radiguet et Massiot. De plus, certains modèles semblent provenir d’autres fabricants comme le « Lucifer » très semblable à une lanterne magique vendue par la Maison de la Bonne Presse. (Source diaprojection.fr)








Un ensemble important de photographies sur plaques de verre pour projection datant de la fin du 19ème et du début du 20ème siècle a été découvert dans les réserves du lycée Colbert, dans le 10ème arrondissement de Paris. Ce fonds, contenant 1876 plaques  de verre, couvre l’espace national, l’Europe et certains de ses prolongements dans le reste du monde. Il donne à voir une représentation française du monde de la Belle Epoque et constitue un fonds inédit d’une rare richesse.

Les plaques de verre découvertes au lycée Colbert sont presque toutes issues du catalogue Radiguet & Massiot, l’entreprise de photographie et d’appareils de projection qui avait racheté le fonds photographique de l'autre compagnie, Molteni. Certaines photos sont également marquées du nom de deux autres photographes, Mazo et Fescourt.

Un nombre important de plaques pédagogiques de ce type – environ 25 000 – sont conservées au musée de l’Éducation de Rouen, héritier du Musée pédagogique de Jules Ferry. 



Fonds Colbert, plaque géographique, fin du 19ème siècle (labex-ehne.fr)



Les pensums et rapports sur le développement des conférences populaires n’était pas l’apanage des seuls inspecteurs. En effet, les instituteurs investis rendaient eux aussi des comptes plus ou moins régulièrement :

« Les conférences populaires : avec ou sans projections lumineuses ?


 La préparation et le compte rendu des conférences populaires données par les instituteurs dans leur commune sont une source encore peu exploitée. Les fonds du Musée national de l’Éducation représentent un corpus bien trop restreint pour permettre des conclusions générales, mais, dans la mesure où certains des documents sont perçus par les contemporains eux-mêmes comme exemplaires, ils donnent des indications non dénuées de pertinence sur le rôle des projections lumineuses dans l’éducation populaire.

QUATRE INSTITUTEURS CONFÉRENCIERS

On trouve, dans les collections du Musée national  de l’Éducation, quatre documents ou séries de documents témoignant de conférences populaires données par des instituteurs et de l’usage qu’ils font, ou non, de projections lumineuses pour séduire leur public et appuyer leur propos.



Couverture du manuscrit de M. Carlier, instituteur dans l’Aisne, sélectionné pour l’Exposition universelle de 1900, 1883-1899. (Collections Musée national de l’Éducation, inv.2008.00202)



Le registre qui couvre la période la plus étendue, puisqu’il va, avec des lacunes, de 1883 à 1899, est l’œuvre de M. Carlier, instituteur dans l’Aisne. Ce cahier à couverture cartonnée porte l’étiquette des documents sélectionnés pour l’Exposition universelle de 1900, ce qui montre que l’inspecteur primaire de la circonscription de Laon l’a jugé exemplaire. De 1883 à 1890, M. Carlier est le maître de l’école publique mixte de Chambry, un village d’environ 350 habitants, proche de Laon. Il consigne chaque année, sauf pendant les années scolaires 1887-1888 et 1888-1889, son programme de conférences ; la plupart d’entre elles, dès 1883, s’accompagnent de projections lumineuses. Devenu directeur de l’école publique de garçons de Fargniers, une bourgade d’à peu près 2 000 habitants tout près de Tergnier, il y reprend à partir de 1893 ses cycles de conférences populaires. Comme il dispose désormais d’un adjoint qui peut servir de secrétaire-rapporteur, en plus de l’habituel programme annuel sous forme de tableau, le registre comporte le compte rendu de chacune des conférences. Cela nous permet d’assister, en 1896, à l’arrivée des projections lumineuses dans la commune.



Appareil de projection utilisé lors de conférences populaires données pas l’instituteur de l’école communale de Saint- Forgeux (Rhône), 1894. (Collections Musée national de l’Éducation, inv.1994.01267)



Les cahiers rédigés par J. Blain, instituteur à l’école communale laïque de Saint-Forgeux, dans le Rhône, s’inscrivent dans une chronologie plus restreinte puisque le premier volume va de 1892 à 1894 et que le second est consacré à l’année scolaire 1894-1895. Faisant l’apologie des séances de projections lumineuses, ils se veulent plus exemplaires encore : illustrés d’un plan de l’école, de photographies et de spécimens de cartes d’invitation, ils sont visiblement destinés à être diffusés. Le premier volume, « honoré d’une Médaille d’Or à l’exposition universelle de Lyon, 1894 », « a été lu le 22 novembre 1894 aux instituteurs de Lyon réunis en conférence pédagogique ». Le préambule de l’instituteur explique l’utilité, dans sa commune, des séances de projections lumineuses. »

Sources :
-       diaprojection.unblog.fr
-       Archives départementales 71, série T, liasse 72
-   Claude Rozinoer, Réseau CANOPE, Les conférences populaires : avec ou sans projections lumineuses ?

P.P

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