Conférences populaires
Et cours du soir
L’instruction
des adultes
Le service de projections de la Société Nationale des
Conférences Populaires prend un rapide essor : en 1908-1909, le chiffre des prêts
de matériel s’élève à 37 340. (Source Institut français de l’Education). La Société compte alors plus de 8
000 collaborateurs. De 1910 à 1920 elle édite une revue d’information intitulée “Les conférences et Lectures Populaires” envoyée
à tous ses membres.
Les
institutions auxiliaires
Si les rapports des
inspecteurs rendaient compte d’une pédagogie purement scolaire, leur attention
se portait aussi sur des activités que nous qualifierions de nos jours de
périscolaires et notamment l’éducation des adultes (série T des Archives départementales de Saône-et-Loire, liasse 72). Le rapport de 1902, cité
dans l’article précédent (https://musee-ecole-montceau-71.blogspot.com/2019/11/monsieur-linspecteur.html#more), y
consacre un long paragraphe.
« 1° Cours d’adultes. –
Il s’est ouvert, pendant l’hiver 1901-1902, quatre-vingt-six cours
d’adultes : 27 pour les jeunes filles et 59 pour les jeunes gens. Ces
cours ont été tenus par 84 instituteurs et par 38 institutrices. Ils ont été
fréquentés par 1 312 adultes : 459 jeunes filles et 853 jeunes gens.
En 1900, le nombre de cours
avait été de 75. L’augmentation porte sur les cours d’adultes ouverts par les
institutrices (15 en 1900, 27 en 1901). Le nombre des auditrices s’est accru de
219 unités.
Les cours d’adultes pour
jeunes gens ont été tantôt des cours de « réparation » ou de
« révision », tantôt des « Cours complémentaires ».
Les cours de
« révision », destinés aux illettrés qui n’ont pas fréquenté l’école
aux années d’enfance, ont été rares, car les adolescents illettrés sont
relativement peu nombreux dans le charolais. Les cours d’adultes ont été
surtout des cours de révision, fréquentés par des adultes de 15 à 20 ans, ayant
un peu oublié ce qu’ils avaient appris à l’école et désireux de rafraîchir
leurs connaissances. Ce sont les travaux pratiques qui composent le programme
ordinaire de ces cours : rédaction, lettres d’affaires, actes sous seing
privé – calcul mental, calcul écrit, lecture du cadastre, de la feuille
d’imposition – rapports, réclamations, mémoires, factures, évaluation des
surfaces et des volumes, etc.
Sur le conseil de
l’inspecteur primaire, chaque séance du cours d’adultes s’est terminée sur une
« lecture », faite par le maître ou un adulte et par une
« conférence-causerie », presque toujours relative à l’instruction
civique. L’excellent ouvrage de M. R. Périer, inspecteur d’Académie du
Loir-et-Cher, « l’Ecole du Citoyen » ou l’œuvre de Victor Hugo ont
presque toujours fourni les textes des causeries ou des lectures.
Les cours d’adultes destinés
aux jeunes filles ont eu le même caractère pratique : des leçons
d’économie domestique, de couture, de coupe et d’assemblage de vêtements,
d’hygiène de l’enfant, auxquelles on a rajouté l’étude de chants et les
premières notions de musique. Ces cours ont eu lieu d’ordinaire le jeudi ou le
dimanche dans l’après-midi.
L’institution des cours
d’adultes se maintient ; mais je crains qu’elle ne prenne pas d’autres
développements. Trop peu de cours sont rétribués (12 seulement sur 86). Ils
constituent pour la grande majorité des instituteurs et des institutrices un
surcroît de travail sans compensation suffisante. J’estime que toute peine
mérite salaire, et que, pour conserver les Cours, il faudra les subventionner.
Le Conseil général de Saône-et-Loire devrait voter un crédit à cette intention
comme l’a fait celui du département du Rhône, par exemple, qui y consacre
3 000 francs par an. »
« 2° Conférences
populaires. - 212 conférences ont été faites depuis le début de l’hiver. A ces
conférences assistent la plupart du temps, non seulement les adultes, mais
aussi leur famille. Les Lectures-causeries sont fort goûtées, mais les
conférences avec projections le sont d’avantage. Les sujets historiques,
géographiques ou scientifiques plaisent plus au public que les sujets
littéraires. Et cela se comprend. Il faut, pour apprécier les beautés d’un
ouvrage, d’un extrait des œuvres de nos bons auteurs, une certaine culture
intellectuelle qui fait défaut à la plupart des auditeurs habituels de ces
réunions.
Les conférences ont été
moins nombreuses cette année que l’hiver dernier (212 au lieu de 343). Quelques
instituteurs conférenciers ont été malades ; certaines écoles ont été
licenciées en décembre et en janvier, par suite d’épidémies. Les conférences
n’ont pas pu avoir lieu.
A vrai dire, les
instituteurs du charolais n’abordent la Conférence qu’avec timidité. Ils se
défient trop de leurs propres forces et reculent devant le danger de la parole
publique. Cependant, partout où l’essai a été tenté avec conviction, il a
pleinement réussi… »
En 1890, alors qu’il a un
peu plus de trente ans, Emile Jean GUERIN-CATELAIN fonde la Société nationale
des Conférences Populaires afin de « répandre
gratuitement l’enseignement primaire supérieur parmi les adultes des deux
sexes, dans toutes les communes de France d’Algérie et des Colonies… ainsi que
dans les Régiments et la Marine ». (Source diaprojection.unblog.fr)
En
1895, le ministère de l’Instruction Publique met à la disposition des sociétés
d’instruction populaire « les appareils de projections lumineuses et les
collections de vues photographiques pouvant servir à l’enseignement dans les
cours d’adultes et les conférences populaires ». L’année suivante, des
collections de vues, dont il avait été fait don au ministère par deux sociétés
d’enseignement, sont déposées au Musée pédagogique. La “Société nationale
des Conférences Populaires” se charge d’assurer à ses frais l’expédition
des vues, leur entretien et la correspondance. Celle-ci possède 50 appareils de
projection qu’elle met gratuitement à la disposition des conférenciers. En
4 mois, du 1er octobre 1897 au 30 janvier 18 98, la Société distribue
gratuitement en France 85 618 conférences imprimées par ses soins. Les vues
circulent dans toute la France en franchise postale, aller et retour, à
destination des recteurs, des inspecteurs d’académie, des inspecteurs
primaires, des instituteurs et institutrices publiques. (Source diaprojection.unblog.fr)
Cette enveloppe de 1906
donne de précieuses informations sur les différentes adresses de la « Société
Nationale des Conférences Populaires”. Le siège social se
trouve 13 place de la Bourse (Paris), le Secrétariat Général est situé 124 rue
des Couronnes Paris, quant au service des Projections Lumineuses, il faut
s’adresser au Musée Pédagogique de l’Etat, 41 rue Gay-Lussac, Paris. Elle
précise aussi ses différentes activités : « Veillées Rustiques » – « Cours
d’adultes » – « Conférences régimentaires ». (diaprojection.unblog.fr)
Les
conférences animées
Dans
les années 20, la maison Radiguet et Massiot publie ces réclames pour des « appareils de projection spécialement
construits pour la Société Nationale des Conférences Populaires ».Chaque
appareil possède un nom relativement fantaisie que l’on ne retrouve pas dans
les catalogues Radiguet et Massiot. De plus, certains modèles semblent provenir
d’autres fabricants comme le « Lucifer » très semblable à une
lanterne magique vendue par la Maison de la Bonne Presse. (Source
diaprojection.fr)
Un ensemble important de photographies sur plaques de verre pour
projection datant de la fin du 19ème et du début du 20ème
siècle a été découvert dans les réserves du lycée Colbert, dans le 10ème
arrondissement de Paris. Ce fonds, contenant 1876 plaques de verre, couvre l’espace national, l’Europe
et certains de ses prolongements dans le reste du monde. Il donne à voir une
représentation française du monde de la Belle Epoque et constitue un fonds
inédit d’une rare richesse.
Les plaques de verre
découvertes au lycée Colbert sont presque toutes issues du catalogue Radiguet
& Massiot, l’entreprise de photographie et d’appareils de projection qui
avait racheté le fonds photographique de l'autre compagnie, Molteni. Certaines
photos sont également marquées du nom de deux autres photographes, Mazo et
Fescourt.
Un nombre important de
plaques pédagogiques de ce type – environ 25 000 – sont conservées au
musée de l’Éducation de Rouen, héritier du Musée pédagogique de Jules Ferry.
Les
pensums et rapports sur le développement des conférences populaires n’était pas
l’apanage des seuls inspecteurs. En effet, les instituteurs investis rendaient
eux aussi des comptes plus ou moins régulièrement :
« Les
conférences populaires : avec ou sans projections lumineuses ?
La préparation et le compte rendu des conférences
populaires données par les instituteurs dans leur commune sont une source encore peu
exploitée. Les fonds du Musée national
de l’Éducation représentent un corpus
bien trop restreint pour permettre des
conclusions générales, mais, dans la mesure où certains des documents sont
perçus par les contemporains eux-mêmes comme exemplaires, ils donnent des indications non dénuées de pertinence sur
le rôle des projections lumineuses dans
l’éducation populaire.
QUATRE INSTITUTEURS CONFÉRENCIERS
On trouve, dans les collections du Musée national de l’Éducation, quatre documents ou séries
de documents témoignant de
conférences populaires données par des instituteurs et de l’usage qu’ils font,
ou non, de projections lumineuses pour séduire leur public et appuyer leur propos.
Le registre qui couvre la période
la plus étendue, puisqu’il va,
avec des lacunes, de 1883 à 1899,
est l’œuvre de M. Carlier,
instituteur dans l’Aisne. Ce cahier à couverture cartonnée porte l’étiquette
des documents sélectionnés pour l’Exposition universelle
de 1900, ce qui montre que l’inspecteur primaire
de la circonscription de Laon
l’a jugé exemplaire. De 1883 à 1890, M. Carlier est le maître
de l’école publique mixte
de Chambry, un village d’environ
350 habitants, proche de Laon. Il consigne chaque
année, sauf pendant les années
scolaires 1887-1888 et 1888-1889, son programme de conférences ; la plupart
d’entre elles, dès 1883, s’accompagnent
de projections lumineuses. Devenu
directeur de l’école publique de garçons de Fargniers, une bourgade d’à peu
près 2 000 habitants tout près de Tergnier, il y reprend à partir de 1893 ses
cycles de conférences populaires. Comme il dispose désormais d’un adjoint qui
peut servir de secrétaire-rapporteur, en plus de l’habituel programme annuel
sous forme de tableau, le registre comporte le
compte rendu de chacune des conférences. Cela nous permet d’assister, en 1896, à l’arrivée des
projections lumineuses dans la commune.
Les cahiers rédigés par J.
Blain, instituteur à l’école communale laïque de Saint-Forgeux, dans le Rhône, s’inscrivent
dans une chronologie plus restreinte puisque le
premier volume va de 1892 à 1894 et que le second est consacré à l’année
scolaire 1894-1895. Faisant l’apologie des séances de projections lumineuses, ils
se veulent plus exemplaires encore : illustrés d’un plan de l’école, de photographies et de
spécimens de cartes d’invitation, ils sont visiblement destinés à être
diffusés. Le premier volume, « honoré d’une
Médaille d’Or à l’exposition universelle de Lyon, 1894 », « a été lu le 22 novembre
1894 aux instituteurs de Lyon réunis
en conférence pédagogique ». Le préambule de l’instituteur explique l’utilité,
dans sa commune, des séances de projections
lumineuses. »
Sources :
-
diaprojection.unblog.fr
-
Archives départementales 71, série T, liasse
72
- Claude Rozinoer, Réseau CANOPE, Les conférences populaires : avec ou
sans projections lumineuses ?
P.P
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