lundi 31 août 2020

L'infamie des enfants au travail



Une école libératrice
Plaidoyer pour une rentrée sereine des enfants d’aujourd’hui






Sous le regard de la bourgeoisie, le 19ème siècle s'était voulu le siècle de l'enfant, cet enfant roi que « le cercle de famille applaudit » lorsqu'il paraît selon Victor Hugo, cet enfant malheureux qui prend conscience de la dureté des adultes avec Alphonse Daudet ou de leur mesquinerie avec Jules Vallès, cet enfant qu'il faut choyer tout en le dressant selon la Comtesse de Ségur. Malheureusement, la réalité est tout autre, tous ces enfants ne sont ni comparables, ni égaux entre eux. Les fils de la société bourgeoise ont droit à une éducation scolaire et à une adolescence sentimentale quand, dans le même temps, les enfants des familles ouvrières passent directement du premier âge à celui de travailleur. Le 19ème siècle ignorera ces garçons et ces filles d'ouvriers ou de paysans, obligés à mener une vie d'adulte avant l'âge, mais verra éclore, dans ses dernières décennies, l’école pour tous qui mènera l’écolier des ténèbres vers l’empyrée.






Victor Hugo et le travail des enfants

En cette rentrée 2020, il n’est pas inutile de rappeler dans quel contexte furent établis les fondements et les valeurs qui ont présidé à la naissance de notre école républicaine gratuite, laïque et obligatoire, en 1881. Pour cela, Victor Hugo nous éclaire sur une période sombre dans ses « Contemplations » dont voici un extrait :

Melancholia

... Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ?
Ces doux êtres pensifs que la fièvre maigrit ?
Ces filles de huit ans qu'on voit cheminer seules ?
Ils s'en vont travailler quinze heures sous des meules
Ils vont, de l'aube au soir, faire éternellement
Dans la même prison le même mouvement.
Accroupis sous les dents d'une machine sombre,
Monstre hideux qui mâche on ne sait quoi dans l'ombre,
Innocents dans un bagne, anges dans un enfer,
Ils travaillent. Tout est d'airain, tout est de fer.
Jamais on ne s'arrête et jamais on ne joue.
Aussi quelle pâleur ! La cendre est sur leur joue.
Il fait à peine jour, ils sont déjà bien las.
Ils ne comprennent rien à leur destin, hélas !
Ils semblent dire à Dieu : - Petits comme nous sommes,
Notre père, voyez ce que nous font les hommes !
Ô servitude infâme imposée à l'enfant !
Rachitisme ! travail dont le souffle étouffant
Défait ce qu'a fait Dieu ; qui tue, œuvre insensée,
La beauté sur les fronts, dans les cœurs la pensée,
Et qui ferait - c'est là son fruit le plus certain ! -
D'Apollon un bossu, de Voltaire un crétin !
Travail mauvais qui prend l'âge tendre en sa serre,
Qui produit la richesse en créant la misère,
Qui se sert d'un enfant ainsi que d'un outil !
Progrès dont on demande : Où va-t-il ? Que veut-il ?
Qui brise la jeunesse en fleur ! Qui donne, en somme,
Une âme à la machine et la retire à l'homme !
Que ce travail, haï des mères, soit maudit !
Maudit comme le vice où l'on s'abâtardit,
Maudit comme l'opprobre et comme le blasphème !
Ô Dieu ! qu'il soit maudit au nom du travail même,
Au nom du vrai travail, sain, fécond, généreux,
Qui fait le peuple libre et qui rend l'homme heureux !





Pennsylvanie, enfants dans les mines





Le travail des enfants, en France, n'a pas débuté au XIX° siècle, mais il s'est étendu et généralisé à cette époque : étendu à tout le pays et à un très grand nombre d'enfants ; généralisé à tous les métiers. A l’orée de la révolution industrielle, 130 000 enfants de moins de 13 ans travaillent déjà dans les ateliers de manufacture. Ainsi rencontrait-on, dans les villes, jusqu'alors généralement peu industrialisées, une population de femmes et d'enfants sous-employés, ainsi que des saisonniers, que  Karl Marx qualifiera d’«armée de réserve industrielle», qui rejoignirent bientôt les régions de grande concentration industrielle, précédés des ouvriers arrivés au début du siècle.

 Le premier texte de loi qui encadre le travail des enfants paraît le 21 mars 1841 : l’âge de travail est porté à 8 ans minimum et le travail de nuit est limité. Le texte préconise parallèlement une scolarité des enfants obligatoire jusqu’à 12 ans… cette dernière obligation ne s’appliquera réellement qu’en 1881 avec les lois Ferry et difficilement encore.






La loi du 19 mai 1874 « protège » les enfants et les filles mineures de l’industrie en prohibant le travail de nuit, les dimanches et les jours fériés avant 16 ans. Le travail est interdit avant 12 ans. Une loi de 1893 limite la durée maximale de travail à 10 heures par jour pour les enfants de 13 à 15 ans et à 60 heures par semaine de 16 à 18 ans.

Autour de 1900, beaucoup d’enfants sont « placés » en apprentissage et les patrons ont certaines obligations : ils ne doivent pas occuper l’enfant à des travaux au-dessus de ses forces et doivent surveiller constamment sa conduite et ses mœurs ; ils doivent le traiter avec bonté et douceur, sans jamais lui infliger aucune punition corporelle ou privation de nourriture ; ils doivent faire les démarches nécessaires dans le cas où il fuguerait et donner l’alerte auprès du Maire de la commune dans les 24 heures en cas d’« évasion ».



Pennsylvanie, enfants dans les mines, détail



Les enfants et la mine

« Ils approchent les bois (de soutènement) qui, vu l'exiguïté des ateliers sont de petites dimensions. Ils écartent des charbons les fragments de schistes et de rochers, et rangent les remblais. Ils graissent les chariots. Ils font les commissions de toute nature pour les mineurs, vont chercher des outils, des cartouches, de l'eau. Enfin ils servent de portiers, c'est-à-dire ouvrent et ferment les portes d'aérage. Au-delà de quatorze ans, ils participent au roulage, c'est-à-dire poussent, à deux, les chariots de 4 à 5 hectolitres sur les voies de fer. » Bulletin de la Société protectrice des apprentis, Paris, 1868

Jules Vallès est l’un des premiers journalistes à descendre dans les profondeurs d’une mine pour un reportage qui sera publié dans Le Figaro des 16 et 17 novembre 1866. Là, à 400 mètres sous terre, il y décrit certains travaux effectués par les « moutards de 8 à 10 ans » lors de sa « descente aux enfers » : « (..) une quinzaine de gamins qui se relaient sur des échelles et portent jusqu’au bord du trou les sacs remplis par les débris de rocs ou du charbon qu’a fait tomber la pioche du mineur (..) certains d’entre eux font tourner sans relâche le ventilateur qui permet d’aérer les galeries souterraines où l’oxygène est rare. Les « trappers », quant à eux, ouvrent et ferment 12 heures par jour les portes pare-feu au passage des chariots remplis du précieux minerai. Ils ont pour seule compagnie une chandelle et, de temps à autre, le salut des jeunes « éclaireurs » de leur âge qui précèdent les convois, ou un bref échange avec les « toucheurs » qui mènent les chevaux de trait derrière lesquels s’étire une longue succession de berline. » De nombreuses jeunes filles effectuent des travaux « en surface », au « triage » et au « criblage » du charbon, mais aussi, pour certaines, dans les galeries. Jules Vallès raconte aussi comment les enfants portant des sacs de charbon sur leur dos sont « invités » à les poser et à s’asseoir lorsque des personnes étrangères visitent la mine, comme pour leur cacher des conditions de travail illégales.


En France, différentes lois seront votées et de nombreux décrets pris entre 1813 et la fin du XIXe siècle. Le 3 janvier 1813, un décret interdit aux enfants de moins de 10 ans de travailler au fond, mais ce n’est que soixante ans plus tard qu’un nouveau texte tente de s’attaquer aux abus des compagnies minières en la matière. La loi du 19 mai 1874, ainsi que les décrets du 13 mai 1875 et du 31 octobre 1882, mettent un terme à l’emploi souterrain des garçons de moins de 12 ans.

Pour les 12-16 ans, le travail ne doit pas être physiquement trop pénible, et strictement limité dans sa durée. Après l’interdiction, en 1892, du travail de nuit pour les femmes et les enfants, les 16-18 ans voient leur présence au fond être fixée à cinq heures par jour. L’âge du recrutement des mineurs en herbe est quant à lui relevé à 13 ans. À la fin du siècle, le pourcentage de main-d’œuvre enfantine sera en recul dans tous les bassins miniers.






Les enfants et la manufacture

A côté des enfants qui travaillaient au fond, beaucoup d'autres étaient employés, dans les houillères du Massif Central et du Midi, aux ateliers de surface, pour le triage, le criblage et le lavage des charbons. On rencontrait de nombreux enfants, encore, dans les sucreries de betterave, dans les fabriques de faïence et de porcelaine, dans la passementerie, la métallurgie, et bien d'autres industries où ils représentaient une part parfois notable de l'effectif de l'entreprise (1).






Le profit avant l’enfant

La mécanisation dans les usines favorisa l’emploi des enfants. Généralement les machines n’exigeaient qu’une main-d’œuvre peu qualifiée mais nombreuse… à faible coût. Certains économistes préconisaient l'utilisation des enfants qui apportait une économie notoire « en raison de l'infériorité de salaire exigée par les enfants pour des travaux qui demandent moins de force que d'adresse ». Et qui pouvait « ainsi occuper plusieurs membres d'une même famille, l'amélioration qu'éprouvait la condition des aînés par le gain des plus jeunes contribuait à dispenser le fabricant d'élever aussi haut le taux général de la main-d'œuvre ». Archives Nationales

D’autres, non par altruisme, pensaient le contraire : « Le manufacturier qui entend bien ses intérêts ne doit pas en employer; trop jeunes, ils font moins et plus mal, ils ont la maladresse et la légèreté de leur âge. Cependant, de 10 à 12 ans, il y a économie, comparativement aux adultes, parce qu'à cet âge ils ont assez d'intelligence et de force pour faire certains travaux ». Chambre de Commerce de Lille, 29 septembre 1837






L’enfant esclave

Les enfants étaient soumis aux brutalités de la vie au travail, adultes avant l’heure. Leur condition importait peu aux « maîtres », ils étaient le plus infime rouage de la machine industrielle. Bien sûr, certains patrons ont pris conscience de l’importance de la jeunesse, à l’image de Jules Chagot, patron des houillères de Blanzy, pour qui les ouvriers étaient « les soldats du travail » et qu’il importait donc de prendre soin des jeunes pour ménager l’armée future.

Ces petits soldats, corvéables à merci, pouvaient cependant être formés par la force. On note d’ailleurs, dans une pièce de théâtre de la fin du siècle mettant en scène des mineurs, la réplique suivante d’un vieillard de 45 ans : « Il est bon de brutaliser les enfants. Cela les prépare aux duretés de la vie. De mon temps j'ai été roué de coups ; en suis-je plus mauvais ? ». Roués de coups, peut-être pas mais les enfants étaient exploités : d'après Villermé, vers 1835, le salaire moyen d'un homme était de 2 francs par jour, celui d'une femme de 1 franc, celui d'un enfant de 12 à 16 ans de 0,75 franc, celui d'un enfant de 8 à 12 ans de 0,45 franc…






21ème siècle : les enfants enfin tous égaux ?

En ces temps de rentrée de nos jeunes, il est bon de leur rappeler qu’environ 250 millions d’enfants de 5 à 17 ans travaillent dans le monde… Le BIT (Bureau International du Travail rattaché à l’ONU)  estime que dans les seuls pays en développement, ces derniers se livrent à une activité économique. Pour 120 millions d’entre eux, il s’agit d’un travail à temps plein. Le reste combine le travail avec l’école ou d’autres activités non économiques.


Afghanistan



Nos enfants doivent être conscients de la chance qui est la leur face à cette insulte à l’humanité qu’est le travail des enfants. Partout dans le monde, des enfants continuent de travailler, compromettant ainsi leur éducation, leur santé, leur développement, quelquefois leur vie. Des millions travaillent dans des conditions dangereuses qui menacent leur santé. Ils peinent dans des mines et des carrières, ils sont exposés aux produits agrochimiques, ils travaillent accroupis dans des postures invalidantes au tissage de carpettes et de tapis, ils font de la récupération dans les décharges. Ils travaillent, pour certains, en situation de servitude, d’autres sont maltraités dans le cadre du commerce sexuel.



Cameroun



Alors bonne rentrée à vous tous, dans cette école républicaine qui vous instruit et vous protège. Soyez en dignes et reconnaissants.

 Et Victor Hugo de conclure

Poème au retour d’une visite au bagne, une ode à l’école :

Chaque enfant qu'on enseigne est un homme qu'on gagne.
Quatre-vingt-dix voleurs sur cent qui sont au bagne
Ne sont jamais allés à l'école une fois,
Et ne savent pas lire, et signent d'une croix.
C'est dans cette ombre-là qu'ils ont trouvé le crime.
L'ignorance est la nuit qui commence l'abîme.
Où rampe la raison, l'honnêteté périt.
Dieu, le premier auteur de tout ce qu'on écrit,
A mis, sur cette terre où les hommes sont ivres,
Les ailes des esprits dans les pages des livres.
Tout homme ouvrant un livre y trouve une aile, et peut
Planer là-haut où l'âme en liberté se meut.
L'école est sanctuaire autant que la chapelle.
L'alphabet que l'enfant avec son doigt épelle
Contient sous chaque lettre une vertu ; le cœur
S'éclaire doucement à cette humble lueur.
Donc au petit enfant donnez le petit livre.
Marchez, la lampe en main, pour qu'il puisse vous suivre.

Victor Hugo (Extrait)




Sources :

- Villermé (Louis-René), Tableau de l'état physique et moral des ouvriers employés dans les manufactures de coton, de laine et de soie, Paris, 1840, 2 vol.; éd. abrégée par Tyl (Y.), sous le titre État physique et moral des ouvriers, Paris, Coll. 10/18, 1971.

- Bibliothèque de Travail (BT) n°108, n°114, n°122, n°150, Pédagogie Freinet

- ICEM-pédagogie-Freinet, n°172, Le Travail des Enfants, 1984




(1) :
Le plus grand nombre d’enfants employés tout au long du 20ème  siècle le fut dans l'industrie textile, principalement dans les filatures de coton et de laine, les tissages et les manufactures d'impression sur tissus. Bien qu’il ne soit pas possible de détailler tous les métiers auxquels étaient attachés les enfants, quelques témoignages en dressent cependant le portrait :

Dans une filature de coton : « L'épluchage du coton 4, son cardage, et surtout le dévidage, sont plus particulièrement faits par des femmes aidées d'enfants du même sexe. Chaque métier à filer occupe deux, trois, quelquefois quatre personnes, dont la plus âgée dirige les trois autres, qui sont presque toujours des enfants. Ces derniers, appelés rattacheurs, surveillent les fils, rattachent ceux qui se brisent, nettoient les bobines en se précipitant sur le plancher, pendant que la partie mobile du métier (le chariot) s'écarte de la partie fixe et ramassent le coton de déchet (...) Quelquefois deux métiers sont conduits par un seul fileur dont les aides sont alors un peu plus grands, et d'autres fois deux petits métiers, dirigés chacun par un adolescent n'ont pour eux deux qu'un seul bobineur. Enfin, comme les fileurs travaillent à la pièce et sont responsables de la qualité du fil qu'ils fabriquent, ils choisissent et paient eux-mêmes leurs aides. » Louis-René Villermé, État physique et moral des ouvriers, Paris, 1840

Les travaux dans un tissage : « Les tissages présentent moins de complications que les filatures; ils n'emploient pas ce grand nombre de métiers qui travaillent successivement la même matière. Les opérations du tissage sont au nombre de quatre: le dévidage, l'ourdissage des chaînes, le parage ou encollage, enfin le tissage proprement dit. » Jules Simon, L'ouvrière, Paris 1861

« Dans les tissages mécaniques, les enfants sont en général âgés de plus de douze ans ; ils président à un métier à tisser, et leur travail n'est en général pas très fatigant : les tissages mécaniques sont un véritable bienfait pour l'humanité (par rapport au tissage à bras). » P. George et F.-J. Herrgott, Rapport d'inspection dans des usines, 14 juin 1842

« Les enfants qui n'ont pas encore assez de force pour tisser, préparent les fils et ceux qui tissent sont âgés au moins de quinze ans accomplis. » L.-R. Villermé (opus cité)

Dans une manufacture d'indiennes (ou impression sur tissus) : « Les imprimeurs sont des deux sexes et de tout âge; mais les hommes font seuls les impressions à la mécanique, et ordinairement les impressions à la planche qu'on nomme de première main, parce qu'elles consistent dans l'application de la première couleur et guident pour l'impression des autres. En outre, un enfant de six à douze ans, appelé tireur ou brosseur, est attaché à chaque imprimeur ou à une imprimeuse; sa principale occupation est de soigner le chassis à la couleur pour qu'il ne soit jamais dépourvu de celle-ci, et que les planches puissent en être chargées à chaque instant. Les imprimeurs ou imprimeuses, ainsi que ces enfants, travaillent debout, chacun devant son établi, et dans de très vastes salles à plafond extrêmement élevé, bien éclairées et chaudes en toutes saisons... (Les manoeuvres) lavent les pièces d'étoffes, les teignent, les portent à l'étuve, au séchoir, sur le pré, les y étendent, les arrosent, puis les passent au cylindre; les calandrent, les pressent, ou font tout autre ouvrage de force. Disséminés dans l'établissement, mais plus particulièrement attachés aux ateliers de teinture et de blanchiment, ils travaillent plus ou moins à l'air, souvent dans l'humidité, et quelquefois dans l'eau. » R.-L. Villermé (op. cité)

Chez les soyeux : « Dans la région lyonnaise, le travail confié à ces enfants consistait à dévider les soies, c'est-à-dire à transporter sur des bobines la soie sortant en écheveaux des teintureries, à faire tourner les mécaniques des moulinages pour tordre les fils des écheveaux, à lancer les navettes des métiers à tisser. »

Chez les verriers : « Avant la modernisation de la verrerie, le petit «gamin» avait la charge des «cannes» des verriers, qu'il devait préparer et chauffer, ainsi que le soin de porter la bouteille brûlante, fabriquée par le verrier, au «four à recuire». Avec l'invention des moules, à la fin du siècle, le gamin devait «ouvrir, fermer, ouvrir, fermer, ni plus ni moins». C'était une chaîne sans fin, les trois souffleurs attachés à la place, les uns derrière les autres, avec leur verre en fusion en bout de leur canne, se relayaient sans arrêt... Rivé à mon tabouret, je n'avais guère le loisir de contempler ce qui se passait alentour. Tout entier à mon souci de bien faire, je restais l'oeil fixé sur mon moule que je m'appliquais, par commodité, à caler entre mes deux sabots. J'agissais comme si toute l'usine avait eu les yeux braqués sur moi. » M. Chabot, L'escarbille 9 - Paris 1978

Des statistiques difficiles à établir

Connaître avec précision le nombre exact des enfants employés dans les manufactures est toujours une opération délicate. Les chiffres dont on dispose sont souvent approximatifs, incomplets ou même parfois contradictoires, du fait de la clandestinité qui caractérise ce travail : « Dans les verreries, retentissait un signal par lequel le concierge avertissait de l'arrivée de l'inspecteur du travail. C'était alors autour des fours un sauve-qui-peut général des gosses que l'on cachait dans les caves, les greniers, les magasins à fourrage, et sous les tonneaux défoncés. » Ch. Delzant « L'exploitation des enfants dans les verreries » in La Vie Ouvrière 20 juillet 1910. A partir de la Restauration, les statisticiens se sont efforcés de mesurer le poids des masses populaires dont l'accroissement mal contrôlé inquiétait les autorités. Une étude regroupe, malgré tout, toutes les données de 1840 dans le cadre de nos régions actuelles. Certains départements n'étaient pas industrialisés à l'époque.




Nombre d’enfants dans les usines en 1840 par département (source ICEM-pédagogie Freinet-BTJ)


Age d’admission des enfants dans les usines en France, enquête de 1840 (source ICEM-pédagogie Freinet-BTJ)



(source ICEM-pédagogie Freinet-BTJ)



(source ICEM-pédagogie Freinet-BTJ)



La réglementation du travail des enfants (ICEM-pédagogie-Freinet)



P.PLUCHOT


1 commentaire:

  1. L'infamie des enfants au travail!
    Il faut faire connaître cet historique. Une fois de plus , voilà le bon travail du Musée. Compliments
    M. Lauquin.

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