mardi 20 avril 2021

Petite devinette

 

Qui suis-je ?

Ma sépulture au cimetière du Père-Lachaise où ma dépouille fut ramenée en 1817

Je naquis en 1621, il y a tout juste 400 ans…

Admirateur d’Esope et d’Hippocrate, inspirateur d’Yvan Krylov, je fus un homme affable. « En vers » et contre tous, j’ai brocardé les grands et même celui qui m’anoblit en 1664. Fouquet, mon maître et protecteur, m’entraîna dans sa déchéance, le soleil devenu roi lui ayant brûlé les ailes. En 1684, j’entrai tout de même à l’Académie française, un an après mon ami Boileau. Depuis, bien des écoliers ont visité mon bestiaire et 335 écoles portent mon nom…  


« Je chante les héros dont Esope est le père,

Troupe de qui l’histoire, encor que mensongère,

Contient des vérités qui servent de leçons.

Tout parle en mon ouvrage, et même les poissons :

Ce qu’ils disent s’adresse à tous tant que nous sommes.

Je me sers d’animaux pour instruire les hommes. »

Jean de La Fontaine, par Hyacinthe Rigaud (© château de Versailles)

Les premiers livres de fables d’après Ésope de Jean de La Fontaine sont publiés en 1668 sous le titre Les Fables choisies mises en vers par Monsieur de La Fontaine (1). La série de ces livres, numérotés de I à IV était  dédiée au Dauphin Louis de France, fils de Louis XIV, alors âgé de sept ans. Malgré les apparences, ses écrits ne s’adressent cependant pas aux enfants, ses intentions sont satiriques, inhérentes au genre de la fable et elles donnent lieu à une critique à peine déguisée du pouvoir de l’époque.



Les morales de ses fables, quelquefois ambiguës et sujettes à interprétation feront dire à Jean-Jacques Rousseau qu’elles n’étaient pas «  à donner à lire aux enfants » et « n’étaient pas de nature à leur permettre, à leur âge, de distinguer le bien du mal, et relativisaient paradoxalement la valeur morale des fables (..) elles risquaient d’encourager les mauvaises mœurs en valorisant des exemples discutables ». Il n’empêche qu’avec l’avènement de l’école de Jules Ferry, l’école a popularisé l’œuvre du fabuliste par le biais de la fameuse récitation, tant et si bien que ses écrits constituent encore, de nos jours, le principal patrimoine poétique commun à toutes les générations, tous milieux confondus ! 



Si les fables furent transposées dans tous les genres : BD, album, enregistrements sonores, films, elles furent, dès l’origine, une source inépuisable d’inspiration pour les illustrateurs. On note la permanence de l’inscription de La Fontaine dans la liste des œuvres proposées par les ministères successifs. On a même vu un recueil de cet auteur, édité par Canopé, distribué aux élèves de CM2 dans le cadre de l’opération « Un livre pour les vacances » depuis 2017(2).



La tradition séculaire d’étude, de lecture ou de « récitation » des fables de La Fontaine perdure donc et au-delà de l’école primaire (3). Mais aurait-il pu imaginer que la « réclame » s’emparerait de son image dans les années 60 ?

Buvards et protège-cahiers













Les fables de La Fontaine dans les manuels



















Les fables de La Fontaine en images d’Epinal

Image d’Epinal®, GallicaBnF




















(1) :



(2)  : L'opération « Un livre pour les vacances » s'inscrit dans le cadre de la mobilisation en faveur du livre et de la lecture, avec pour objectif d'encourager la lecture personnelle des élèves. Un recueil composé d'une sélection de 25 fables de La Fontaine, illustré par Emmanuel Guibert et édité par Canopé, est remis aux élèves de CM2. Le choix d'un autre illustrateur contemporain, après Sfar et Voutch, rappelle combien les Fables de La Fontaine trouvent un écho dans notre société. La remise du livre aux élèves est organisée par les professeurs dans le respect des règles sanitaires. Avant les congés d'été, en classe ou à distance et selon les modalités qui paraîtront les plus appropriées et compatibles avec la situation, un temps de présentation de l'ouvrage est prévu pour susciter l'intérêt et l'envie de lire de chaque écolier. Adaptée à l'âge et aux capacités de lecture des enfants, cette opération leur donne accès à une œuvre majeure du patrimoine littéraire à lire durant l'été. Dès la rentrée, les professeurs de collège (français, enseignement moral et civique, arts plastiques notamment) peuvent exploiter cette lecture estivale en s'appuyant sur les ressources mises à leur disposition.



(3) : « Tous les niveaux de la scolarité tirent profit de cette richesse d’imagination et de pensée, et offrent l’occasion d’un travail sur la compréhension des textes, sur l’esprit critique, sur les pouvoirs de la fiction, de l’imaginaire et de l’humour.

Aux cycles 2 et 3

La lecture et l’étude de quelques fables invitent à une approche par la lecture orale, à la faveur d’un déchiffrage accompagné et progressif tout au long des deux cycles.

Si la dimension vivante et plaisante des fables rend accessible leur représentation et nourrit l’imagination, le genre permet aussi d’accéder à la dimension symbolique du récit, à la perception de l’humour et à la compréhension de l’implicite.

Le travail peut se centrer sur les personnages et leurs valeurs, la perception de la tonalité, à travers la mise en voix, la récitation, l’illustration, la mise en scène du récit ou le débat sur la conduite de tel ou tel personnage.

Au cycle 3, différentes entrées du programme de français (« Héros /héroïnes et personnages », « La morale en questions », « Imaginer, dire et célébrer le monde », « Résister au plus fort… ») sont autant de moments privilégiés pour développer la connaissance de La Fontaine.

Les professeurs peuvent exploiter les éditions 2018, 2019 et 2020 du « Livre pour les vacances », sélections de fables de La Fontaine, illustrées respectivement par Joann Sfar, Voutch et Emmanuel Guibert. L’édition 2020 est accessible en ligne et libre de droits.

Au cycle 4

Les mêmes activités peuvent conduire à une étude plus approfondie au cycle 4, qui permet notamment de passer de la morale individuelle aux enjeux sociaux, par une prise en compte des contextes, et d’approcher ainsi toutes les richesses de la satire.

Diverses entrées du programme de français constituent autant d’occasions d’aller plus loin dans la réflexion proposée par La Fontaine avec ses Fables : ainsi, en 5e, avec « Vivre en société, participer à la société », « Avec autrui : familles, amis, réseaux », ce qu’interrogent de nombreuses fables, ou avec le questionnement complémentaire « L’homme est-il le maître de la nature ? » ; en 4e, c’est en contrepoint du programme que les fables peuvent jouer, parce qu’elles ouvrent de nouvelles perspectives sur « Individu et société – confrontation de valeurs », voire sur « La fiction pour interroger le réel » ; enfin, en 3e, on retrouve La Fontaine parmi les possibles de « Dénoncer les travers de la société ». Les projets pédagogiques peuvent trouver dans le dialogue des disciplines un cadre particulièrement propice.

Au lycée

L’ambiguïté et la subtilité des fables offrent un terrain d’exploration qu’il convient d’adapter à la maturité intellectuelle des élèves. Leur portée philosophique peut désormais être étudiée pleinement, qu’il s’agisse de la rencontre de l’Autre, de la Nature, de la question de la Cité, du statut de l’animal, ou des débats épistémologiques qui travaillent les textes, de manière souterraine ou explicitement.

Dans les classes de premières générales et technologiques, les programmes nationaux d’œuvres pour l’enseignement du français, renouvelables, peuvent être propices à un tel travail. C’est le cas en 2020-2021, par la présence de plusieurs livres des Fables dans l’objet d’étude « La Littérature d’idées du XVIe au XVIIIe siècle ». Mais la richesse des Fables est telle qu’elles peuvent éclairer bien d’autres objets d’enseignement et ne doit pas cantonner le travail aux seules classes de première. Ainsi, en seconde générale et technologique par exemple, l’objet d’étude « La poésie du Moyen Âge au XVIII siècle » et les exercices d’expression orale et écrite recommandés par les programmes constituent une entrée particulièrement pertinente. » (https://eduscol.education.fr/2362/en-2021-fetons-la-fontaine, année scolaire 2020-2021)

 

P.P


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