vendredi 17 septembre 2021

Ecole publique et laïcité

 

Les Davidées

Les débuts difficiles de la laïcité à l'école


Une tentative de noyautage de l’école publique ?

1916 : la mémoire des lois sur la laïcité, pourtant proches, est moins vive. Les hommes sont au front mais pas tous les prêtres. Certains d’entre eux vont s’appuyer sur les institutrices publiques pour contrer la laïcité : il faut sauver ces dernières de l’influence laïque. Ces femmes institutrices, auxquelles on refuse encore, comme aux autres du reste, le droit de vote, sont pourtant une catégorie qui résiste à l’emprise cléricale, bien qu'elles en soient aussi une cible privilégiée. Elles sont nombreuses dans les écoles désertées par les instituteurs en ces temps de conflit, souvent isolées, sinon veuves de guerre. Elles ont, pour la plupart, été formées dans les écoles normales, véritables « Hussardes noires de la République » chères à Charles Péguy, ce qui inquiète les militants catholiques. 


C’est cette psychose qui va engendrer le mouvement des Davidées, dans le sud de la France au départ. Cette association va s’inspirer de Davidée Birot, personnage principal d’un roman de René Bazin (1912). Davidée (féminin de David) est une institutrice publique opposée à son père franc-maçon qui va devenir une fervente militante cléricale. Au bord du mysticisme, elle clame que « Point d’éducation sans foi catholique », position qu’elle défend face à son Inspecteur primaire. Cette révélation deviendra l’objectif des Davidées.

René Bazin, élève puis professeur à l’Université catholique d’Angers.

Le premier groupe des Davidées se crée durant l’année scolaire 1916, autour de quatre élèves maîtresses de la promotion sortante de l’Ecole Normale des Basses-Alpes, au contact d’une normalienne plus âgée, sœur d’un prêtre. Ces âmes pieuses se réunissent souvent et entreprennent de faire connaître leur mouvement, aidées en cela par le clergé jésuite de Barcelonnette. Aussitôt, les hautes autorités de l’Eglise voient l’intérêt de la mouvance et les soutiens affluent : Monseigneur Baudrillard, René Bazin, L’archevêque de Lyon, Monseigneur Guibergues, évêque de Valence. C’est ce dernier qui choisit la fondatrice de l’association, mademoiselle Mélanie Thivolle, institutrice publique retraitée à Valence et la charge de la publication d’un bulletin. La propagande des Davidées s’étend dès lors aux départements de la Drôme, du Vaucluse, des Hautes-Alpes et des Bouches-du-Rhône.

Mélanie Thivolle meurt en 1918 et Marie Silve, une institutrice publique des Basses-Alpes, reprend le flambeau. Le bulletin, qu’elle avait contribué à mettre en place deviendra vite une revue mensuelle sous le nom Aux Davidées et prendra par la suite le sous-titre de Revue de Formation chrétienne. C’est Marie Silve qui, nommée à Fours, près de Barcelonnette, se serait vue conseiller par le Père Signoret, de lire le roman de Bazin et aurait proposé le prénom de l’héroïne pour le mouvement de christianisation naissant.


Les Davidées : une société secrète

Les nombreux témoignages de l’époque permettent de dire que cette association est organisée comme une société secrète dont le but est de faire du prosélytisme afin de recruter des membres toujours plus nombreux. Chez les Davidées, une profane est une « violette » et son admission donne lieu à une cérémonie d’initiation religieuse dont le mot d’ordre est celui d’Ernest Psichari (1) : « Prendre contre son père le parti de ses pères ». Les méthodes employées sont communes à nombre de sociétés, lorsqu’une personne compatible est détectée, on lui envoie le roman de René Bazin puis on lui écrit, on lui rend visite, on lui fait découvrir le bulletin des Davidées. Après l’initiation, les activités des affiliées laissent encore mystérieuses.



La situation devient préoccupante pour l’autorité académique qui ordonne à ses Inspecteurs primaires d’enquêter sur les faits de violation de neutralité confessionnelle dans les régions concernées. La tâche n’est pas facile car les institutrices incriminées sont formées à un discours bien rodé : « l’attitude et les réponses des Davidées sont parfaitement clichées sur des directives communes, lorsqu’on en a interrogé une, on a interrogé les autres » déclarera un inspecteur. Une autre entorse à la laïcité, plus anecdotique celle-là, est l’attitude qu’aurait eue un Inspecteur primaire adjoint à l’Inspecteur d’académie, à la retraite depuis 1927, en soutien des Davidées qui l’appelaient « le bon papa »…

Une institutrice a-t-elle des problèmes personnels, des chagrins intimes ? Elle est alors dans la zone d’influence des Davidées. On l’invite à une réunion ou à une conférence où elle rencontrera des amies  qui panseront ses peines. Si elle n’offre pas de résistance, on l’invite à remplir ses devoirs religieux, on oriente ses lectures en lui fournissant gratuitement le bulletin de l’association aussi longtemps qu’il le faut : « on fait un siège en règle, et dans l’isolement intellectuel où se trouvent les jeunes institutrices, dans l’état d’impréparation et d’« indifférence laïque » où l’on maintient trop souvent les normaliennes débutantes, la victoire cléricale est singulièrement facilitée » (rapport de Marceau Pivert au Congrès de la Ligue de l’Enseignement de Clermont-Ferrand, 1930) (2). Enfin, au moment de l’initiation, la nouvelle Davidée doit souscrire quatre abonnements dont trois sont destinés à des profanes susceptibles d’être gagnées par la même propagande opiniâtre et méthodique.


(Imprimerie d’éditions provençales)

La situation en 1930

Il est difficile d’estimer les effectifs exacts des Davidées à cette date mais en l’absence de certitudes, on peut malgré tout affirmer qu’en 1930, rares sont les départements qui n’ont pas d’affiliées. On sait que le nombre d’abonnés à la revue était passé de 1600 à 3000 entre 1920 et 1922 (sur un total de 65 000 institutrices laïques, non comptées les enseignantes d’Alsace-Lorraine restées congréganistes pour la plupart). On peut dire aussi que jusqu’à la fin des années 30, les Davidées comptent un nombre non négligeable de veuves de guerre et que, chez les instituteurs qui allèrent à l’Ecole normale dans l’entre-deux-guerres, il y en eut également qui « affichèrent leur foi catholique » (Chapitre d’histoire de l’école en Franche-Comté, Joseph Pinard).

Force est de constater que les enquêtes officieuses qui ont été menées par des associations laïques ne sont pas d’une grande fiabilité. Il faudrait, en effet, tenir compte des divergences d’appréciation des faits de la part des enquêteurs. Une institutrice qui va à la messe est-elle pour autant une Davidée ? Une autre qui appartient à l’Association des catholiques en est-elle une aussi ? Le terme Davidée doit-il s’appliquer à la généralité des membres de l’Enseignement public plus ou moins cléricaux ?

En réalité, il faut établir une distinction préalable : dans toute la gamme des activités « antilaïques », les Davidées constituent un noyau militant activiste dont il ne faut pas exagérer l’importance numérique. Elles appliquent la méthode des minorités agissantes avec succès (3).

Les Davidées auront leurs défenseurs et recevront les encouragements d’intellectuels catholiques comme Emmanuel Mounier ou Jean Guitton, Académicien, qui publiera leur histoire comme un mouvement d’apostolat laïc : Les davidées, le monde et l’esprit, 1967. Malgré tout, le phénomène reste largement incompréhensible pour nombre d’institutrices et d’inspecteurs de l’enseignement public.


Les davidées, avertissement

Ernest Mouranchon, Secrétaire de la Fédération des sociétés de Libre-Pensée, avance les chiffres suivants : l’effectif des Davidées aurait été de 3500 en 1925, 6000 en 1927 et 8000 en 1930 (4).

Que sont devenues les Davidées ?

Le mouvement des Davidées reste encore dans le souvenir de certains, souvenir entretenu longtemps dans la presse catholique à travers le cas Marie Silve. A sa mort en, 1976, on rappela non seulement l’initiative de cette dernière et ses motivations, mais aussi la façon dont la jeune institutrice de 22 ans avait su associer progressivement à ce projet des milliers de membres de l’Enseignement public et des écrivains, philosophes, poètes tels que Jean Guitton, Paul Claudel, Louis Leprince-Rinquet, André Latreille, l’Abbé Pierre en 1960. L’un des temps forts de cette commémoration fut, à Notre-Dame du Laus, du 21 au 28 août 2006, le congrès du Mouvement d’abord dénommé par Marie Silve « Les Davidées », puis « Équipes enseignantes » et enfin « Paroisse universitaire » qui existe toujours. Le diocèse de Gap est associé à cette organisation du fait du rôle que le sanctuaire de Notre-Dame du Laus, par la volonté de Marie Silve, a joué dès 1916 et jusqu’à aujourd’hui dans la mise en route et, ensuite, dans le développement du mouvement.

En 1976, Marie Silve avait toujours ses soutiens : Toulon 17 décembre 1976 : « Je suis bouleversée, je viens de lire dans La Croix du jour un avis de décès concernant Marie Silve. Je ne sais, Monsieur, si vous êtes au courant du rayonnement qu’elle a exercé sur toute une génération d’instituteurs et de professeurs, qui lui doivent une véritable formation spirituelle intellectuelle, humaine aussi. Personnellement je lui dois toute l’orientation de ma vie…. Ouverte à tous et dans tous les domaines, et, avec cela discrète, effacée, humble (trop peut-être), mais tellement efficace. » En la même circonstance l’académicien Jean Guitton dans la presse nationale, ajoutait : « Elle allait son chemin, inconnue et heureuse de l’être, gaie, inlassable, allègre, jamais morose, souriant à l’avenir. »

La dernière conférence du diocèse de Gap donnée sur ce sujet date du 4 octobre 2019 à Grenoble : Emmanuel Mounier et les enseignantes Davidées et Marie Silve par le Père Pierre Fournier…

Sources :

- Rapport Marceau Pivert, La Ligue de l’Enseignement, 1930

- article de Marie Guillot, in La Révolution prolétarienne n°112, 5 décembre 1930

- Documentation Musée de la Maison d’Ecole

 (1) : https://xn--rpubliquedeslettres-bzb.fr/psichari-9782824905297.php

(2) : Deux documents sont joints au rapport de Marceau Pivert de 1930, deux lettres envoyées par une demoiselle, directrice d’une école publique près d’Arras :

« Le 11 septembre 1929.

Chère petite collègue,

Je désirais vivement vous écrire depuis le début des vacances, je serais si heureuse de vous connaître, mais j’avais égaré votre adresse donnée par Marcelle. Vous savez sans doute que nous avons chaque année une réunion de notre cercle d’études qui dure plusieurs jours. Elle se fait à Arras, 16, rue des Teinturiers, et le programme de chaque journée comporte des instructions religieuses ainsi qu’une conférence sur un sujet approprié à notre mission d’éducatrice.

Je suis persuadée que vous trouverez parmi nos collègues du Cercle un accueil tout à fait fraternel et, dans les exercices de chaque année, une source de lumière et de joie. C’est pourquoi je me fais un plaisir de vous inviter et me permets d’insister pour que vous soyez des nôtres. Evidemment, s’il ne vous était pas possible de venir du lundi 1er au soir au vendredi matin, vous pourrez toujours prendre part à une ou deux journées. D’A…, c’est si facile.

Ne soyez pas intimidée, vous trouverez parmi nous beaucoup de jeunes », c’est l’élément qui domine. Si vous désirez des renseignements plus précis, je suis à votre entière disposition et vous prie d’agréer, chère petite collègue, l’assurance de ma vive sympathie. »

« A…, 28 septembre.

Chère petite,

J’ai bien reçu votre lettre, mais je ne puis me résoudre à la laisser sans réponse : votre âme m’est trop chère. Vous allez vous trouver dans un milieu nouveau, je vous en prie, cherchez encore la lumière et, comprenez, chère petite, que celle qui vous vient de vous-même n’est point suffisante.

Qu’elle soit alimentée par vos lectures ou vos réflexions personnelles, très sincères d’ailleurs, à votre insu, elle subit l’influence de vos propres passions. J’emploie ici le mot passion dans son sens littéral et non pas le sens péjoratif que le langage courant lui prête.

Cherchez loyalement la vérité, chère petite, ne manquez aucune occasion d’en pénétrer votre âme. Dans l’état du doute où vous vous trouvez, il faut donner à votre intelligence, par votre raison, toutes les possibilités de croire auxquelles elle a droit, étant facultés perceptibles.

Je me permets de vous envoyer quelques imprimés susceptibles de vous intéresser, mais, je vous en prie, chère petite, ne voyez, dans ma démarche, qu’une profonde et très sincère sympathie.

Signé: L. H…

Pour vous, chaque jour, je prie afin de vous obtenir ce don si beau de la foi recouvrée. »


Marceau Pivert

(3) : La Fédération Varoise des amis de l’Ecole Laïque fournit à ce sujet  des éléments intéressants :

« …Dans les renseignements recueillis, il y a lieu de faire une discrimination. Par exemple, il m’est indiqué que dans la promotion de l’école normale de filles de Draguignan de juillet 1928, sur 23, huit seulement ne sont pas Davidées. Je ne doute pas de la bonne foi, ni de la sincérité de la personne m’ayant fourni ces renseignements, mais je ne peux, pour ma part, accepter cette proportion. Les faits que la majeure partie des institutrices de cette promotion ne soient pas syndiquées ou qu’elles puissent peut-être assister à la messe ou à des offices religieux, ne permettent pas de présumer que ces institutrices combattent à l’école la laïcité et qu’elles n’y gardent pas la neutralité qui doit être leur règle. Un travail de patiente documentation, à ce sujet, serait excessivement utile ; mais ce serait un travail de longue haleine. Il faudrait que dans chaque commune et, si impossible, dans chaque canton, nous puissions avoir des militants au jugement sûr qui s’appliqueraient à dresser la carte des postes d’enseignement aux mains des adversaires de la laïcité. Ce n’est que lorsque le mal sera repéré partout qu’on pourra agir au mieux. Il faudrait que les Davidées, reconnues telles, fussent surveillées de près, qu’elles ne fussent jamais nommées à la direction d’une école ou à une école à classe unique et jamais dans un pays clérical où leur influence est facile et où elles gênent l’action des laïques. »

(4) : Article de Marie Guillot, enquête sur le bulletin des Davidées, 1930 :








Quelques informations sur le bulletin des Davisées :

Le bulletin originel a pour titre Aux Davidées avec le sous-titre Bulletin mensuel de formation religieuse. En 1945, ce bulletin devient Ecole et pensée moderne. Il sera édité de 1916 à 1970 ; à ses débuts, les responsables de rédaction sont : Mélanie Thivolle, qui fut la fondatrice du mouvement et de la revue (morte en 1918) puis Marie Silve avec L. Bellet puis seule. Les secrétaires de rédaction furent : Mlle Gilly, puis Marie-Rose Sabatier et on peut citer comme rédacteur d’articles : Jean Guitton, abbé G. Gasque, Guy Laval, P. Marc, Marcelle Ferrières, Emilienne Diéry, C. Delaruelle, Émile Baas, G. Belleville, Mgr Jules-Géraud Saliège, archevêque de Toulouse, D. Herbenoy, le R.P. Brillet, Charles Florent, A. Angénieux, le R.P. Raymond Ponsolle, Robert Chauvet, chanoine R.H. Barbe, Victor Carhian, Marie-Madeleine Martinié ; textes d'Emmanuel Mounier. La parution fut mensuelle puis bimestrielle et comporte de 450 à 650 pages. Edité par Les Davidées, le bulletin était imprimé et expédié d’Aix-en-Provence et  le siège de la rédaction fut au domicile de M. Thivolle, villa des Violettes, 134 rue Pont du Gât à Valence puis chez M. Silve à Saint-Pons par Seyne (Alpes de Haute-Provence). Le siège social pour Aix-en Provence était au 16 rue du Maréchal-Joffre.


(Le-livre.fr)

Quelques précisions sur les objectifs des Davidées :

« Aujourd'hui, nous le savons, pour faire œuvre éducatrice et donc vraiment morale, point n'est besoin de beaux gestes ni de grands discours : "le bien ne fait pas de bruit" ; il suffit d'une volonté éclairée et vaillante […]. L'idéal de l'institutrice chrétienne est le progrès moral de ses élèves. Ce n'est pas seulement pour l'école comme dit Montaigne, qu'elle leur inculque l'amour du Vrai, du Beau et du Bien, mais pour la Vie. Et je crois qu'il pensait de même, cet universitaire qui nous écrivait : Plus il y aura de vrais catholiques parmi les instituteurs et les institutrices, plus l'école sera prospère et plus la France comptera de vrais Français » (Mlle Thivolle, janvier 1918).

« Les Davidées sont des institutrices de l'enseignement public unies entre elles par le lien d'amitié. Cette amitié est née du désir qu'elles ont de s'aider pour accomplir aussi bien que possible leurs devoirs professionnels et de l'intérêt qu'elles portent aux questions morales et religieuses. Un groupe de jeunes institutrices s'est trouvé, en 1916, lire le roman de René Bazin intitulé Davidée Birot. Elles aimèrent dans l'héroïne son attachement au devoir quotidien, sa charité humble et courageuse et sa droiture dans la recherche de la vérité. Ainsi ont-elles appelé Aux Davidées la lettre - circulaire qui les unissait et qui s'est développée au-delà de toute prévision » (texte paru dans plusieurs numéros en 1930 et 1931).

« Notre œuvre répond à un besoin si réel qu'elle n'a été arrêtée par aucune épreuve ni aucune secousse. Dès les premières années, elle a été combattue parce que, selon la parole de l'Évangile, "elle n'était pas du monde". On la considérait comme une menace contre le sens faux donné au mot "laïque", sens donné surtout par la franc-maçonnerie. On prévoyait qu'elle serait un jour une œuvre très importante et c'est pourquoi il fallait "l'arrêter" [...]. Nous avons cherché, d'année en année, à développer notre œuvre en la perfectionnant et en l'adaptant aux besoins divers du milieu universitaire. C'est pourquoi à côté d'un bulletin de formation religieuse nous avons créé des foyers pour nos rencontres de vacances, et nous mettons à la disposition de nos amies des pages de culture générale ainsi que de formation professionnelle. Nous prenons dans les méthodes d'école nouvelle ce qui est réalisable, pratique et... chrétien. Les problèmes sociaux et philosophiques qui intéressent nos collègues sont étudiés à la lumière de cette vérité éternelle qui doit pénétrer les réalités modernes et changeantes pour en faire un ordre chrétien. La foi rencontrera toujours des difficultés nouvelles et l'ordre chrétien ne peut être établi une fois pour toutes. Il faut constamment faire pénétrer la vérité, la loi divine dans ce qui change et évolue » (texte paru en février 1941).

« Portrait de Davidée. Les institutrices catholiques de l'enseignement public s'étant placées, si l'on peut dire, sous le patronage de Davidée Birot, le profane qui n'aurait pas lu le roman de Bazin pourrait croire que Davidée fut le modèle achevé de l'institutrice catholique, un exemplaire où il n'y aurait rien à retoucher et qui réunirait toutes les perfections où tendent les émules. Or, Davidée n'est pas cela. À la fin du livre, si elle a, semble-t-il, la foi, elle n'a pas encore recouvré la pratique. À l'insinuation de la mère Fête-Dieu : "Mademoiselle Davidée pourrait bien devenir une bonne chrétienne ?", elle répond seulement : "C'est, en effet, de ce côté-là que je vais". Alors ? Et pourtant, les Davidées se reconnaissent dans ce personnage. Elles se reconnaissent dans ses ambitions professionnelles, dans les difficultés qui la heurtent, dans l'exigence et la vaillance qui la font sortir agrandie de cette épreuve, dans la mission, enfin, qu'elle se décide à assumer et qu'elles ont la volonté de réaliser à son imitation » (texte paru en avril 1941).

« Notre revue répond à des exigences très particulières. Elle est publiée par un groupe d'universitaires dont la vocation est de vivre, en plein monde moderne, au milieu des adversaires loyaux du catholicisme, et de s'efforcer de diminuer les malentendus, d'acheminer les âmes librement vers la maison du Père. Pendant près de trente ans, les fondateurs de cette revue (à la fois ancienne et nouvelle) ont lutté pour leur foi : d'abord pour la conquérir, ensuite pour la répandre. Beaucoup d'entre eux sont des convertis du laïcisme. Tous gardent l'idéal de l'École : sincérité, raison, loyauté, esprit critique. Tous veulent un christianisme intégral pour une humanité pleinement épanouie et développée. Et ils pourraient faire leur cette parole d'un auteur du XIXe siècle : « Il faut que l'harmonie se rétablisse entre les modernes sans foi et les croyants sans modernité ; il faut que les premiers retrouvent Dieu et il faut que les seconds marchent en avant sur la terre. » (texte paru en février/mars 1946).

Contenu général des bulletins :

– Méditations, formation religieuse, éducation morale, formation du caractère et vie intérieure de l'institutrice catholique.

– Informations sur les retraites mensuelles et notamment les « Journées universitaires », journées de retraite spirituelle pour les membres de l'enseignement.

– Articles de philosophie biblique, de spiritualité chrétienne, d'histoire, en relation avec la religion. Commentaires sur le Nouveau Testament, prières.

– Réflexions sur le rôle de l'institutrice catholique, ses devoirs envers les élèves, sa vocation d'enseignante.

– Témoignages d'institutrices sur leur métier, leur école, leurs élèves, leur rôle en tant qu'éducatrices et catholiques, leur vie, souvent solitaire.

– Extraits de lettres d'amies : conseils aux jeunes institutrices.

– Considérations sur la charité, la famille, le mariage.

– Conseils pour le travail scolaire, principes pédagogiques, enseignement de la morale.

– Biographies de saints et de personnages exemplaires comme  Edith Stein ou Ernest Psichari par exemple.

– Informations sur d'autres groupes catholiques.

– Bibliographie ; extraits de lectures.

– Nécrologie des Davidées.

Patrick PLUCHOT


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