Les Davidées
Les débuts difficiles de la laïcité à l'école
Une
tentative de noyautage de l’école publique ?
1916 : la mémoire des lois sur la laïcité, pourtant proches, est moins vive. Les hommes
sont au front mais pas tous les prêtres. Certains d’entre eux vont s’appuyer
sur les institutrices publiques pour contrer la laïcité : il faut sauver
ces dernières de l’influence laïque. Ces femmes institutrices, auxquelles
on refuse encore, comme aux autres du reste, le droit de vote, sont pourtant une catégorie qui résiste
à l’emprise cléricale, bien qu'elles en soient aussi une cible privilégiée. Elles sont
nombreuses dans les écoles désertées par les instituteurs en ces temps de
conflit, souvent isolées, sinon veuves de guerre. Elles ont, pour la plupart, été
formées dans les écoles normales, véritables « Hussardes noires de la
République » chères à Charles Péguy, ce qui inquiète les militants
catholiques.
C’est cette psychose qui va
engendrer le mouvement des Davidées,
dans le sud de la France au départ. Cette association va s’inspirer de Davidée
Birot, personnage principal d’un roman de René Bazin (1912). Davidée
(féminin de David) est une institutrice publique opposée à son père franc-maçon
qui va devenir une fervente militante cléricale. Au bord du mysticisme, elle
clame que « Point d’éducation sans
foi catholique », position qu’elle défend face à son Inspecteur
primaire. Cette révélation deviendra l’objectif des Davidées.
René Bazin, élève puis
professeur à l’Université catholique d’Angers.
Le premier groupe des
Davidées se crée durant l’année scolaire 1916, autour de quatre élèves maîtresses
de la promotion sortante de l’Ecole Normale des Basses-Alpes, au contact d’une
normalienne plus âgée, sœur d’un prêtre. Ces âmes pieuses se réunissent souvent
et entreprennent de faire connaître leur mouvement, aidées en cela par le
clergé jésuite de Barcelonnette. Aussitôt, les hautes autorités de l’Eglise
voient l’intérêt de la mouvance et les soutiens affluent : Monseigneur
Baudrillard, René Bazin, L’archevêque de Lyon, Monseigneur Guibergues, évêque
de Valence. C’est ce dernier qui choisit la fondatrice de l’association,
mademoiselle Mélanie Thivolle, institutrice publique retraitée à Valence et la
charge de la publication d’un bulletin. La propagande des Davidées s’étend dès
lors aux départements de la Drôme, du Vaucluse, des Hautes-Alpes et des
Bouches-du-Rhône.
Mélanie Thivolle meurt en
1918 et Marie Silve, une institutrice publique des Basses-Alpes, reprend le
flambeau. Le bulletin, qu’elle avait contribué à mettre en place deviendra vite
une revue mensuelle sous le nom Aux
Davidées et prendra par la suite le sous-titre de Revue de Formation chrétienne. C’est Marie Silve qui, nommée à
Fours, près de Barcelonnette, se serait vue conseiller par le Père Signoret, de
lire le roman de Bazin et aurait proposé le prénom de l’héroïne pour le
mouvement de christianisation naissant.
Les
Davidées : une société secrète
Les nombreux témoignages de
l’époque permettent de dire que cette association est organisée comme une
société secrète dont le but est de faire du prosélytisme afin de recruter des
membres toujours plus nombreux. Chez les Davidées, une profane est une « violette »
et son admission donne lieu à une cérémonie d’initiation religieuse dont le mot
d’ordre est celui d’Ernest Psichari (1) : « Prendre contre son père le parti de ses pères ». Les
méthodes employées sont communes à nombre de sociétés, lorsqu’une personne
compatible est détectée, on lui envoie le roman de René Bazin puis on lui
écrit, on lui rend visite, on lui fait découvrir le bulletin des Davidées. Après
l’initiation, les activités des affiliées laissent encore mystérieuses.
La situation devient préoccupante
pour l’autorité académique qui ordonne à ses Inspecteurs primaires d’enquêter
sur les faits de violation de neutralité confessionnelle dans les régions
concernées. La tâche n’est pas facile car les institutrices incriminées sont
formées à un discours bien rodé : « l’attitude
et les réponses des Davidées sont parfaitement clichées sur des directives
communes, lorsqu’on en a interrogé une, on a interrogé les autres »
déclarera un inspecteur. Une autre
entorse à la laïcité, plus anecdotique celle-là, est l’attitude qu’aurait eue
un Inspecteur primaire adjoint à l’Inspecteur d’académie, à la retraite depuis
1927, en soutien des Davidées qui l’appelaient « le bon papa »…
Une institutrice a-t-elle
des problèmes personnels, des chagrins intimes ? Elle est alors dans la
zone d’influence des Davidées. On l’invite à une réunion ou à une conférence où
elle rencontrera des amies qui panseront
ses peines. Si elle n’offre pas de résistance, on l’invite à remplir ses devoirs
religieux, on oriente ses lectures en lui fournissant gratuitement le bulletin
de l’association aussi longtemps qu’il le faut : « on fait un siège en règle, et dans l’isolement intellectuel où
se trouvent les jeunes institutrices, dans l’état d’impréparation et d’«
indifférence laïque » où l’on maintient trop souvent les normaliennes
débutantes, la victoire cléricale est singulièrement facilitée » (rapport de Marceau Pivert au Congrès de la
Ligue de l’Enseignement de Clermont-Ferrand, 1930) (2). Enfin, au moment
de l’initiation, la nouvelle Davidée doit souscrire quatre abonnements dont
trois sont destinés à des profanes susceptibles d’être gagnées par la même
propagande opiniâtre et méthodique.
(Imprimerie d’éditions
provençales)
La
situation en 1930
Il est difficile d’estimer
les effectifs exacts des Davidées à cette date mais en l’absence de certitudes,
on peut malgré tout affirmer qu’en 1930, rares sont les départements qui n’ont
pas d’affiliées. On sait que le nombre d’abonnés à la revue était passé de 1600
à 3000 entre 1920 et 1922 (sur un total de 65 000 institutrices laïques,
non comptées les enseignantes d’Alsace-Lorraine restées congréganistes pour la
plupart). On peut dire aussi que jusqu’à la fin des années 30, les Davidées
comptent un nombre non négligeable de veuves de guerre et que, chez les
instituteurs qui allèrent à l’Ecole normale dans l’entre-deux-guerres, il y en
eut également qui « affichèrent leur
foi catholique » (Chapitre
d’histoire de l’école en Franche-Comté, Joseph Pinard).
Force est de constater que
les enquêtes officieuses qui ont été menées par des associations laïques ne
sont pas d’une grande fiabilité. Il faudrait, en effet, tenir compte des
divergences d’appréciation des faits de la part des enquêteurs. Une
institutrice qui va à la messe est-elle pour autant une Davidée ? Une
autre qui appartient à l’Association des catholiques en est-elle une
aussi ? Le terme Davidée doit-il s’appliquer à la généralité des membres
de l’Enseignement public plus ou moins cléricaux ?
En réalité, il faut établir
une distinction préalable : dans toute la gamme des activités « antilaïques »,
les Davidées constituent un noyau militant activiste dont il ne faut pas
exagérer l’importance numérique. Elles appliquent la méthode des minorités
agissantes avec succès (3).
Les Davidées auront leurs
défenseurs et recevront les encouragements d’intellectuels catholiques comme
Emmanuel Mounier ou Jean Guitton, Académicien, qui publiera leur histoire comme
un mouvement d’apostolat laïc : Les
davidées, le monde et l’esprit, 1967. Malgré tout, le phénomène reste
largement incompréhensible pour nombre d’institutrices et d’inspecteurs de
l’enseignement public.
Les davidées, avertissement
Ernest Mouranchon,
Secrétaire de la Fédération des sociétés de Libre-Pensée, avance les chiffres
suivants : l’effectif des Davidées aurait été de 3500 en 1925, 6000 en
1927 et 8000 en 1930 (4).
Que
sont devenues les Davidées ?
Le mouvement des Davidées
reste encore dans le souvenir de certains, souvenir entretenu longtemps dans la
presse catholique à travers le cas Marie Silve. A sa mort en, 1976, on rappela non seulement l’initiative de cette dernière et ses
motivations, mais aussi la façon dont la jeune institutrice de 22 ans avait su
associer progressivement à ce projet des milliers de membres de l’Enseignement
public et des écrivains, philosophes, poètes tels que Jean Guitton, Paul Claudel,
Louis Leprince-Rinquet, André Latreille, l’Abbé Pierre en 1960. L’un des temps
forts de cette commémoration fut, à Notre-Dame du Laus, du 21 au 28 août 2006,
le congrès du Mouvement d’abord dénommé par Marie Silve « Les Davidées »,
puis « Équipes enseignantes » et enfin « Paroisse universitaire » qui
existe toujours. Le diocèse de Gap est associé à cette organisation du fait du
rôle que le sanctuaire de Notre-Dame du Laus, par la volonté de Marie Silve, a
joué dès 1916 et jusqu’à aujourd’hui dans la mise en route et, ensuite, dans le
développement du mouvement.
En
1976, Marie Silve avait toujours ses soutiens : Toulon 17 décembre 1976 : « Je suis bouleversée, je viens de lire
dans La Croix du jour
un avis de décès concernant Marie Silve. Je ne sais, Monsieur, si vous êtes au
courant du rayonnement qu’elle a exercé sur toute une génération d’instituteurs
et de professeurs, qui lui doivent une véritable formation spirituelle
intellectuelle, humaine aussi. Personnellement je lui dois toute l’orientation de
ma vie…. Ouverte à tous et dans tous les domaines, et, avec cela discrète,
effacée, humble (trop peut-être), mais tellement efficace. » En la
même circonstance l’académicien Jean Guitton dans la presse nationale, ajoutait
: « Elle allait son chemin, inconnue
et heureuse de l’être, gaie, inlassable, allègre, jamais morose, souriant à
l’avenir. »
La
dernière conférence du diocèse de Gap donnée sur ce sujet date du 4 octobre
2019 à Grenoble : Emmanuel Mounier
et les enseignantes Davidées et Marie Silve par le Père Pierre Fournier…
Sources :
-
Rapport Marceau Pivert, La Ligue de l’Enseignement, 1930
-
article de Marie Guillot, in La Révolution prolétarienne n°112, 5 décembre 1930
-
Documentation Musée de la Maison d’Ecole
(1) : https://xn--rpubliquedeslettres-bzb.fr/psichari-9782824905297.php
(2) : Deux
documents sont joints au rapport de Marceau Pivert de 1930, deux lettres
envoyées par une demoiselle, directrice d’une école publique près
d’Arras :
« Le 11 septembre 1929.
Chère petite collègue,
Je désirais vivement vous écrire
depuis le début des vacances, je serais si heureuse de vous connaître, mais
j’avais égaré votre adresse donnée par Marcelle. Vous savez sans doute que nous
avons chaque année une réunion de notre cercle d’études qui dure plusieurs
jours. Elle se fait à Arras, 16, rue des Teinturiers, et le programme de chaque
journée comporte des instructions religieuses ainsi qu’une conférence sur un
sujet approprié à notre mission d’éducatrice.
Je suis persuadée que vous trouverez
parmi nos collègues du Cercle un accueil tout à fait fraternel et, dans les
exercices de chaque année, une source de lumière et de joie. C’est pourquoi je
me fais un plaisir de vous inviter et me permets d’insister pour que vous soyez
des nôtres. Evidemment, s’il ne vous était pas possible de venir du lundi 1er
au soir au vendredi matin, vous pourrez toujours prendre part à une ou deux
journées. D’A…, c’est si facile.
Ne soyez pas intimidée, vous
trouverez parmi nous beaucoup de jeunes », c’est l’élément qui domine. Si vous
désirez des renseignements plus précis, je suis à votre entière disposition et
vous prie d’agréer, chère petite collègue, l’assurance de ma vive sympathie. »
« A…, 28 septembre.
Chère petite,
J’ai bien reçu votre lettre, mais je ne puis me résoudre à la laisser sans
réponse : votre âme m’est trop chère. Vous allez vous trouver dans un milieu
nouveau, je vous en prie, cherchez encore la lumière et, comprenez, chère
petite, que celle qui vous vient de vous-même n’est point suffisante.
Qu’elle soit alimentée par vos lectures ou vos réflexions personnelles,
très sincères d’ailleurs, à votre insu, elle subit l’influence de vos propres
passions. J’emploie ici le mot passion dans son sens littéral et non pas le
sens péjoratif que le langage courant lui prête.
Cherchez loyalement la vérité, chère petite, ne manquez aucune occasion
d’en pénétrer votre âme. Dans l’état du doute où vous vous trouvez, il faut
donner à votre intelligence, par votre raison, toutes les possibilités de
croire auxquelles elle a droit, étant facultés perceptibles.
Je me permets de vous envoyer quelques imprimés susceptibles de vous
intéresser, mais, je vous en prie, chère petite, ne voyez, dans ma démarche,
qu’une profonde et très sincère sympathie.
Signé: L. H…
Pour vous, chaque jour, je prie afin de vous obtenir ce don si beau de la
foi recouvrée. »
Marceau Pivert
(3) : La Fédération Varoise des amis de l’Ecole Laïque fournit à ce sujet des éléments intéressants :
«
…Dans les renseignements recueillis, il y a lieu de faire une discrimination.
Par exemple, il m’est indiqué que dans la promotion de l’école normale de
filles de Draguignan de juillet 1928, sur 23, huit seulement ne sont pas
Davidées. Je ne doute pas de la bonne foi, ni de la sincérité de la personne
m’ayant fourni ces renseignements, mais je ne peux, pour ma part, accepter
cette proportion. Les faits que la majeure partie des institutrices de cette
promotion ne soient pas syndiquées ou qu’elles puissent peut-être assister à la
messe ou à des offices religieux, ne permettent pas de présumer que ces
institutrices combattent à l’école la laïcité et qu’elles n’y gardent pas la
neutralité qui doit être leur règle. Un travail de patiente documentation, à ce
sujet, serait excessivement utile ; mais ce serait un travail de longue
haleine. Il faudrait que dans chaque commune et, si impossible, dans chaque
canton, nous puissions avoir des militants au jugement sûr qui s’appliqueraient
à dresser la carte des postes d’enseignement aux mains des adversaires de la
laïcité. Ce n’est que lorsque le mal sera repéré partout qu’on pourra agir au
mieux. Il faudrait que les Davidées, reconnues telles, fussent surveillées de
près, qu’elles ne fussent jamais nommées à la direction d’une école ou à une
école à classe unique et jamais dans un pays clérical où leur influence est
facile et où elles gênent l’action des laïques. »
(4) :
Article de Marie Guillot, enquête sur le bulletin des Davidées, 1930 :
Quelques informations sur le
bulletin des Davisées :
Le bulletin originel a pour
titre Aux
Davidées
avec le sous-titre Bulletin
mensuel de formation religieuse. En
1945, ce bulletin devient Ecole et pensée moderne.
Il sera édité de 1916 à 1970 ; à ses débuts, les responsables de rédaction sont : Mélanie Thivolle, qui fut la fondatrice du
mouvement et de la revue (morte en 1918) puis Marie Silve avec L. Bellet puis
seule. Les secrétaires de rédaction furent : Mlle Gilly, puis Marie-Rose
Sabatier et on peut citer comme rédacteur d’articles : Jean Guitton, abbé
G. Gasque, Guy Laval, P. Marc, Marcelle Ferrières, Emilienne Diéry, C.
Delaruelle, Émile Baas, G. Belleville, Mgr Jules-Géraud Saliège, archevêque de
Toulouse, D. Herbenoy, le R.P. Brillet, Charles Florent, A. Angénieux, le R.P.
Raymond Ponsolle, Robert Chauvet, chanoine R.H. Barbe, Victor Carhian,
Marie-Madeleine Martinié ; textes d'Emmanuel Mounier. La parution fut mensuelle
puis bimestrielle et comporte de 450 à 650 pages. Edité par Les Davidées, le bulletin était imprimé et expédié d’Aix-en-Provence et le siège de la rédaction fut au domicile de
M. Thivolle, villa des Violettes, 134 rue Pont du Gât à Valence puis chez M.
Silve à Saint-Pons par Seyne (Alpes de Haute-Provence). Le siège social pour
Aix-en Provence était au 16 rue du Maréchal-Joffre.
(Le-livre.fr)
Quelques précisions sur les objectifs des
Davidées :
« Aujourd'hui, nous le savons, pour faire œuvre éducatrice et donc vraiment
morale, point n'est besoin de beaux gestes ni de grands discours : "le
bien ne fait pas de bruit" ; il suffit d'une volonté éclairée et vaillante
[…]. L'idéal de l'institutrice chrétienne est le progrès moral de ses élèves.
Ce n'est pas seulement pour l'école comme dit Montaigne, qu'elle leur inculque
l'amour du Vrai, du Beau et du Bien, mais pour la Vie. Et je crois qu'il
pensait de même, cet universitaire qui nous écrivait : Plus il y aura de vrais
catholiques parmi les instituteurs et les institutrices, plus l'école sera
prospère et plus la France comptera de vrais Français » (Mlle
Thivolle, janvier 1918).
« Les Davidées sont des institutrices de l'enseignement public unies entre
elles par le lien d'amitié. Cette amitié est née du désir qu'elles ont de
s'aider pour accomplir aussi bien que possible leurs devoirs professionnels et
de l'intérêt qu'elles portent aux questions morales et religieuses. Un groupe
de jeunes institutrices s'est trouvé, en 1916, lire le roman de René Bazin
intitulé Davidée Birot.
Elles aimèrent dans l'héroïne son attachement au devoir quotidien, sa charité
humble et courageuse et sa droiture dans la recherche de la vérité. Ainsi
ont-elles appelé Aux Davidées la
lettre - circulaire qui les unissait et qui s'est développée au-delà de toute
prévision » (texte paru dans plusieurs numéros en 1930
et 1931).
« Notre œuvre répond à un besoin si réel qu'elle n'a été arrêtée par aucune
épreuve ni aucune secousse. Dès les premières années, elle a été combattue
parce que, selon la parole de l'Évangile, "elle n'était pas du
monde". On la considérait comme une menace contre le sens faux donné au
mot "laïque", sens donné surtout par la franc-maçonnerie. On
prévoyait qu'elle serait un jour une œuvre très importante et c'est pourquoi il
fallait "l'arrêter" [...]. Nous avons cherché, d'année en année, à
développer notre œuvre en la perfectionnant et en l'adaptant aux besoins divers
du milieu universitaire. C'est pourquoi à côté d'un bulletin de formation
religieuse nous avons créé des foyers pour nos rencontres de vacances, et nous
mettons à la disposition de nos amies des pages de culture générale ainsi que
de formation professionnelle. Nous prenons dans les méthodes d'école nouvelle
ce qui est réalisable, pratique et... chrétien. Les problèmes sociaux et philosophiques
qui intéressent nos collègues sont étudiés à la lumière de cette vérité
éternelle qui doit pénétrer les réalités modernes et changeantes pour en faire
un ordre chrétien. La foi rencontrera toujours des difficultés nouvelles et
l'ordre chrétien ne peut être établi une fois pour toutes. Il faut constamment
faire pénétrer la vérité, la loi divine dans ce qui change et évolue » (texte
paru en février 1941).
« Portrait de Davidée. Les institutrices catholiques de l'enseignement
public s'étant placées, si l'on peut dire, sous le patronage de Davidée Birot,
le profane qui n'aurait pas lu le roman de Bazin pourrait croire que Davidée
fut le modèle achevé de l'institutrice catholique, un exemplaire où il n'y
aurait rien à retoucher et qui réunirait toutes les perfections où tendent les
émules. Or, Davidée n'est pas cela. À la fin du livre, si elle a, semble-t-il,
la foi, elle n'a pas encore recouvré la pratique. À l'insinuation de la mère
Fête-Dieu : "Mademoiselle Davidée pourrait bien devenir une bonne chrétienne
?", elle répond seulement : "C'est, en effet, de ce côté-là que je
vais". Alors ? Et pourtant, les Davidées se reconnaissent dans ce
personnage. Elles se reconnaissent dans ses ambitions professionnelles, dans
les difficultés qui la heurtent, dans l'exigence et la vaillance qui la font
sortir agrandie de cette épreuve, dans la mission, enfin, qu'elle se décide à
assumer et qu'elles ont la volonté de réaliser à son imitation » (texte
paru en avril 1941).
« Notre revue répond à des exigences très particulières. Elle est publiée
par un groupe d'universitaires dont la vocation est de vivre, en plein monde
moderne, au milieu des adversaires loyaux du catholicisme, et de s'efforcer de
diminuer les malentendus, d'acheminer les âmes librement vers la maison du
Père. Pendant près de trente ans, les fondateurs de cette revue (à la fois
ancienne et nouvelle) ont lutté pour leur foi : d'abord pour la conquérir,
ensuite pour la répandre. Beaucoup d'entre eux sont des convertis du laïcisme.
Tous gardent l'idéal de l'École : sincérité, raison, loyauté, esprit critique.
Tous veulent un christianisme intégral pour une humanité pleinement épanouie et
développée. Et ils pourraient faire leur cette parole d'un auteur du XIXe siècle
: « Il faut que l'harmonie se rétablisse entre les modernes sans foi et
les croyants sans modernité ; il faut que les premiers retrouvent Dieu et il
faut que les seconds marchent en avant sur la terre. » (texte
paru en février/mars 1946).
Contenu général des bulletins :
– Méditations, formation religieuse,
éducation morale, formation du caractère et vie intérieure de l'institutrice
catholique.
– Informations sur les retraites
mensuelles et notamment les « Journées universitaires », journées de retraite
spirituelle pour les membres de l'enseignement.
– Articles de philosophie biblique, de
spiritualité chrétienne, d'histoire, en relation avec la religion. Commentaires
sur le Nouveau Testament, prières.
– Réflexions sur le rôle de l'institutrice
catholique, ses devoirs envers les élèves, sa vocation d'enseignante.
– Témoignages d'institutrices sur leur
métier, leur école, leurs élèves, leur rôle en tant qu'éducatrices et
catholiques, leur vie, souvent solitaire.
– Extraits de lettres d'amies : conseils
aux jeunes institutrices.
– Considérations sur la charité, la
famille, le mariage.
– Conseils pour le travail scolaire,
principes pédagogiques, enseignement de la morale.
– Biographies de saints et de personnages
exemplaires comme Edith Stein ou Ernest
Psichari par exemple.
– Informations sur d'autres groupes
catholiques.
– Bibliographie ; extraits de lectures.
– Nécrologie des Davidées.
Patrick PLUCHOT
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