Si
l’école m’était contée…
Sur
les chemins de l’école
Exposition DULAC, Maison
d’Ecole Montceau, à voir ou revoir en 2023 (collection musée)
Témoignage
du passé
Pour
les anciens, il est souvent difficile de différencier un souvenir d’enfance
d’un rêve, un souvenir d’autant plus irréel que le monde auquel ils
appartenaient s’efface inexorablement. Chez certains, le chemin parcouru pour
se rendre à l’école a laissé plus de souvenirs que le contenu des journées de
classe. Même si la véracité des témoignages a toujours tracassé l’historien, en
cette période de fêtes, laissons ces écoliers d’antan nous (ra)conter leur
réalité, peuplée de matin neigeux comme il n’y en a plus, de brume glacée qui
pinçait les joues, d’hiver en culotte courte et grosses chaussettes…
Ecoliers de l’école de
Blanzy, vers 1900 (collection musée)
Couvre-toi,
l’hiver est là
« Voici
venir Marcel en son accoutrement d’hiver. Il porte un sarrau de cotonnade neuve
et raide qui lui bleuit les mains, une casquette de velours élimé dont la
visière, autrefois vernie, s’effiloche et lui ombrage la joue. Un cache-nez
gris, dur comme une corde, s’enroule cinq ou six fois autour de son cou, passe
sur la casquette et l’enfonce jusqu’aux oreilles.
Par-dessus
tout cela, une pèlerine de drap brun, rapiécée sur l’épaule, a dû, vu son
étroitesse, être agrafée avec mille efforts ; en dessous, trottinent deux
petites jambes chaussées de bas rouges et de sabots de bois blanc.
Capuchon, musée de l’école
de Pontault-Combault
La
pèlerine fut, par prévoyance maternelle, surmontée d’un capuchon inattendu et
fort divertissant, sorte d’étui de lustrine noire, tout en pointe. Maintenu en
équilibre par deux lacets fixés aux bords et noués sous le menton, ce capuce
parvient à grand-peine à recouvrir la casquette, le cache-nez et la tête de
Marcel dont les yeux noirs et fureteurs semblent s’amuser de luire sous un
couvre-chef si étrange et si long prolongé, vrai bonnet d’astrologue. » In Institutrices, Ecoliers, Paysans,
Jeanne Blin-Lefebvre, 1923.
Exposition DULAC, Maison
d’Ecole Montceau, 2022 (collection musée)
« La
première heure de la sixième année vient de sonner. Bien vite, le garçonnet
prend sa casquette, chausse ses sabots, passe une blouse sur son gilet à
manches, tout comme un homme, et un gros cache-nez autour du cou, un panier au
bras avec ses provisions de la journée, le voilà en route tout équipé de neuf,
ainsi qu’un soldat qui entre en campagne.
Habillement
d’écolière (collection musée)
La
capeline sur la tête, le tablier à la taille, la jupe courte balançant aux
hanches, la fillette marche avec lui de compagnie, du même pas encore mal
assuré qui est celui des poussins, des canetons et des bambins quand ils
partent au fin matin pour ne rentrer que le soir à la brune au logis. » In Choix de lectures, A. Mironneau,
librairie A. Colin, 1927.
Exposition DULAC, Maison
d’Ecole Montceau, 2022 (collection musée)
« Les Aiglons du Belvédère », hiver 1939-1940
« Pour aller à l’école dans le village, ceux
des « bas » avaient tous entre 3 et 4 kilomètres à faire sur des
chemins empierrés et le plus souvent mal pavés. Les galoches et les sabots à
clous claquaient sur le terrain déjà gelé. On allait d’un bon pas parce qu’on
était en culotte courte avec chaussettes jusqu’aux genoux, mais les genoux
étaient nus et on avait froid ! Chacun avait deux besaces, une pour les
livres et les cahiers et l’autre pour le repas de midi. Bien entendu, nous
savions à peu près le temps qu’il nous fallait pour arriver à l’école, mais
notre chronomètre n’était pas une montre, mais les lieudits ; on savait que
lorsqu’on était à Bourgueil, on avait fait la moitié du chemin, si les copains
étaient encore au croisement, on serait en avance à l’école. Si on était en
retard au Reuil et qu’ils étaient partis, ce serait juste pour arriver à l’heure.
Journal
scolaire de l’école de Mont-Saint-Vincent, 1939 (collection musée)
On s’attardait bien, des fois, pour faire une glissade
dans un creux d’eau gelée ou pour grimper sur la « Grosse pierre » et
épater les plus jeunes. Et puis, souvent, on préférait prendre les
« p’tiots ch’mins » qui arrivaient en haut de côte derrière l’église
où on prenait le chemin de ronde pour retrouver les copains qui arrivaient de
l’autre côté, des bas de Gourdon. » In Souvenirs du Mont, Coopérative
scolaire, 1994.
Habillement
d’écolier (collection musée)
Le tacot des mines
"Dans les années 1950, les transports scolaires n’existaient pas encore. Pour se rendre au collège (cours complémentaire à cette époque) à Montceau, à l’école ménagère, au lycée, à l’école des mines pour les garçons, ou simplement au travail, les meilleurs moyens étaient le train à la gare de Galuzot, le tacot des mines ou encore la bicyclette.
Puits
Saint-Amédée, 1927
Les
jeunes avaient une préférence pour le tacot qui était gratuit ! Au début
de sa mise en route, il était destiné à convoyer le charbon du puits de Rozelay
jusqu’au lavoir des Chavannes. Ce n’est qu’à partir des années 1950, après
l’extension de la cité que les Houillères ont ajouté plusieurs wagons
supplémentaires en bois pour le transport des voyageurs.
Tacot des mines, wagon de voyageurs et fourgon de
marchandises
Pour
ma part, je prenais le tacot à Saint-Amédée. Là, il y avait un petit cabanon où
l’on s’abritait en cas de pluie ou de neige qui d’ailleurs donnait parfois
l’occasion de batailles de boules de neige. Le tacot venait de Rozelay avec
arrêt aux Baudras, à Saint-Amédée, aux Chavannes où l’on sentait une forte
odeur due aux émanations de gaz de charbon... Le terminus était à la Maugrand
(aujourd’hui, derrière l’Atelier du Coin).
Parcours
du tacot de la Mine
Dans
le tacot, l’ambiance était joyeuse surtout que filles et garçons étaient
mélangés ce qui donna lieu à quelques amourettes ! Mais c’était aussi pour se serrer, ce qui
nous tenait chaud l’hiver car les fenêtres étaient cassées et il n’y avait pas
de chauffage. Le beau temps revenu, je reprenais ma bicyclette. Ma sœur et moi
allions chercher notre père qui travaillait au puits Saint-Amédée et notre
plaisir était de nous mettre sur le pont au-dessus du chemin de fer quand le
tacot passait. Cela faisait des vibrations et nous amusait beaucoup, j’avais
alors 6 ans !".
L’école de la rue de l’Est, automne 1941 :
« L’école de la rue de l’Est (personne ne disait
la rue Jean Jaurès), c’est la découverte d’un matin d’automne pour une
vingtaine de garçons comme moi. (..) A côté de notre salle qui donne sur la
rue, le bâtiment paraît un labyrinthe de salles aveugles, mi-préaux, mi-magasins,
qui empeste le camphre les jours de vaccination, et de couloirs encombrés de
sacs à sable et de pelles qui disent la crainte des bombardements et le danger
des incendies ; bref, à notre niveau, les inquiétudes du temps. Les nôtres
sont ailleurs. Et surtout d’être à l’heure à l’école à cette école de la rue de
l’Est qui, pour beaucoup d’entre nous, est au bout du monde.
Ecole
du Bois-Roulot (collection musée)
A trois ou quatre, nous arrivons du Bois-Roulot, après
d’interminables cheminements. Il y faut bien vingt minutes, l’éternité ou
presque, pour en venir, y retourner, quatre fois par jour donc, dans un sens ou
dans un autre, plus d’une heure en tout. Du gros de la ville, le quartier où
nous habitons est en effet séparé par le no man’s land des « petits
jardins », et l’on doit suivre pour venir le chemin de terre qui les
traverse et les partage ; puis c’est un pont de bois sur la Bourbince et
ses dangers d’eau profonde qui nous valent les recommandations de
prudence ; enfin un mur qui n’en finit pas le long de la voie ferrée
invisible à nos yeux, d’un côté à l’aller, de l’autre au retour, le long des
palissades qui, cette fois, masquent le jardin des médecins de la mine. En cinq
années, il ne nous viendra pas à l’idée d’en dévier sinon d’une centaine de
mètres vers la droite, à mi-parcours, pour aboutir à la rivière par une rue
moins abrupte.(..)
L’école
de la rue de l’Est (collection musée)
Sur la rue de l’Est donc, l’école haute et vaguement
ogivale, avant le syndicat des mineurs et les bâtiments de la gare ; sans
magasins, un peu triste, poudreuse l’été, mutilée sur tout un côté par la voie
ferrée, et si longue. Venus d’ailleurs, nous sommes un peu étrangers. Nous ne
connaissons pas grand monde, car nous avons laissé dans notre quartier la
plupart des camarades de la maternelle ; et toutes les filles qui n’ont pas
bougé ! Sans le savoir, nous commençons à franchir une frontière de la
géographie sociale et symbolique de la ville que, plus tard, beaucoup plus
tard, j’apprendrai à lire.
Obscurément pourtant, nous sentons que ce déplacement
a un sens. La rencontre quotidienne de notre ancienne institutrice, celle qui
fait la classe unique du Bois-Roulot, est là pour nous le suggérer. Elle, elle
habite en ville et monte chaque jour vers son école de quartier ; nous,
nous descendons vers le centre. A la « rue de l’Est », il y a une
dizaine d’instituteurs, presque tous d’un certain âge ; nous pensons
vaguement qu’ils sont les meilleurs, progressivement concentrés là à partir de
la périphérie des banlieues et des communes voisines. Ne serait-ce pas parce
qu’à cent mètres à peine s’allonge le second axe de la ville, strictement
parallèle, avec l’église, la mairie, le commissariat de police, les deux bazars
et les boutiques de la rue de la République et de la rue Carnot ?
C’est-à-dire l’ouverture sur le monde extérieur qui n’est pas particulièrement
réjouissant dans ces années-là, mais dont nous sommes pourtant intensément
conscients que c’est là que se passent les choses importantes. C’est de là que
viendra la menace, un jour quelconque de 1942 ou 1943, que nous passerons,
bouclés à l’école ; qu’on viendra chercher, une autre fois - Albert
Pflaster, qu’est-il devenu ?- parce qu’il était juif. Nos souvenirs
d’école n’auront pas que les couleurs rieuses des souvenirs d’enfance.
Rue
de l’Est et voie ferrée (collection musée)
Pour l’instant, nous sommes heureux d’être là, avec
les enfants des commerçants de la rue Carnot, avec ceux des employés de la
colline de Bellevue. Et nous nous sentons profondément différents, pour le
meilleur. Pourquoi ? Une anecdote, qu’on me racontera longtemps après.
Dans les années 1920, on avait demandé aux candidats du certificat d’études
primaires de décrire la rue Carnot ; il avait fallu annuler l’épreuve, car
les filles et les garçons venant du Bois-du-Verne, un autre quartier extérieur,
avaient été incapables de le faire. En quatorze ans, ils n’y étaient pas venus
suffisamment pour en avoir un souvenir suffisant. Mais le Bois-du-Verne,
n’est-ce pas vraiment le bout du monde ? Une autre galaxie, séparée du
cœur de ville par deux kilomètres lunaires et une demi-heure de marche dans des
carrières abandonnées ? Comme la Saule, la Sablière, Lucy, et toutes ces
cités lointaines d’une agglomération éclatée autour des exploitations
houillères, où, enfant, on ne va que du quartier au quartier ; d’où,
adulte, on ne va que de la maison au puits ou au « port », qui
embauche à 14 ans. Et d’où, nous le devinons, on ne peut pas sortir, d’une
manière ou d’une autre.
Entrée
de la rue de l’Est, côté gare (collection musée)
Chez nous, il n’y a qu’un ou deux Polonais, alors que
Montceau les compte par centaines ; et pas plus de fils de mineurs, quand
il y en a des milliers. Car nous sommes étrangers à « la mine ». Nous
longeons bien, en venant, la maison du chef de sa fanfare, celle du chirurgien
de son hôpital, et aussi quelques bâtiments léchés d'employés de ses bureaux.
Mais nous ne suivrons jamais le troisième axe de la ville, celui qui, plus à
l’ouest, débouche sur la direction de la mine et ses ateliers, après être passé
le long de ses écoles, de ses maisons d’ingénieurs, et qui marque le
commencement de sa domination exclusive sur les choses et les gens. Nos
sentiments sont ambigus ; pendant la guerre, les mineurs sont des gens
enviables ; tous ont été ramenés d’Allemagne ou d’ailleurs, quand nombre
de pères sont absents ; travailleurs de force, ils échappent en partie au
rationnement et à la Libération, leur coopérative prendra des allures de
caverne d’Ali-Baba. Et pourtant, nous avons l’impression qu’ils sont
prisonniers, et que le destin de leurs enfants est tracé d’avance. Bientôt,
dans quelques années, ceux qui sont avec nous se retrouveront en haut du
balcon, au fond, à gauche*.
L’aboutissement ? Ou un cul-de-sac ? Nous, pour la plupart d’entre
nous, nous ne serons plus là ; nous n’emprunterons plus la rue de l’Est
vers l’école de la rue de l’Est ; mais vers le collège de la place de la
Mairie, la rue de la République et la rue Carnot. Nous aurons dévié d’une
centaine de mètres. Un autre monde. In Cent ans d’école, Yves Lequin, 1981.
* La classe de fin d’études.
Sur le chemin de l’école (Hiver 1950-1951)
« Les parents de la Ch'tite Gâte avaient donc quitté la
métairie où la gamine était née pour aller dans une ferme à environ 12
kilomètres. Ses parents n'étaient donc plus métayers, mais fermiers, c'est-à-dire locataires d'une ferme. Les bâtiments de cette ferme
étaient assez agréables, mais elle était vraiment isolée, au milieu des
bouchures, puisqu'elle se trouvait à 5 kilomètres du bourg du village et donc
de l'école. Pour se rendre au bourg, il y avait un chemin évidemment. Mais en
hiver, il était couvert de neige ou boueux. De plus, un petit ruisseau le
traversait. Depuis leur arrivée dans cette ferme, Le Piarre avait annoncé : «
Vous n'allez pas faire tous ces kilomètres pour arriver à l'école aussi sales
que des cochons. Et ça prendra trop de temps à La Tonine de vous accompagner
! » Son frère n'ayant eu que 5 ans n'allait pas encore à l'école. Donc, Le
Piarre avait trouvé un plan B. La Ch'tite Gâte se souvient particulièrement de
ce plan B, les jours d'hiver. Mais elle n'en garde pas un mauvais souvenir,
même si elle détestait ce nouveau lieu si isolé.
(Robert Doisneau)
La rentrée de l'école était à 9 heures. Ce jour neigeux de janvier
1951, La Ch'tite Gâte avait enfilé ses bottes de caoutchouc (cadeau de
noël de sa grand-mère). Elle était très fière d'avoir ces bottes. Mais
elle savait en partant de chez elle qu'elle ne pourrait les montrer
aux copines car elle n'arriverait
pas à l'école avec. La Ch'tite Gâte et sa maman devaient partir vers 8 h
(ou un peu avant). La neige avait recouvert la cour, les prés C'est alors que
Le Piarre annonça : « Oué, me qui va
t'emmener quo matin ! » Le Piarre ouvrit la barrière du premier pré qui
donnait dans la cour juste à côté du « grenouillat » (la mare). Avec
sa pelle, il enleva la neige pour qu'elle ne passe pas par-dessus les bottes.
Il faisait la « calée ». Tous les deux devaient aller dans le pré
suivant. Pour passer par-dessus la bouchure, il y avait une « éche’lée », comme
il y en avait dans tous les prés du coin ou presque. Après avoir traversé
trois prés, ils arrivèrent dans un hameau de quatre maisons. Ils connaissaient
bien ces gens. Dans une des maisons, habitait un « grand » de
onze ans, avec qui elle avait l'habitude d'aller à l'école.
Et ce hameau-là se trouvait près d'une route nationale.
(Robert Doisneau)
Habituellement, elle quittait ses bottes boueuses et mettait
ses sabots qui l'attendaient depuis la veille chez l'Ernest. Le Piarre lui mit
des chaussettes sèches et les voilà équipés pour parcourir les deux kilomètres
restants. Mais, ce jour-là, la neige n'a pas fondu sur la route à
proximité. Donc Le Piarre prit les sabots, les mit dans le sac prévu et
nous accompagna jusqu'à l'école. Evidemment, il a toujours la pelle à la main.
Aller à l'école c'était une équipée depuis cette nouvelle maison. La Ch'tite
Gâte avait son cartable en carton bouilli d'une main et son panier-repas en
osier dans l'autre main.
(collection privée)
Nous devions déposer nos paniers au bistrot de L'Alice,
juste en face de l'école. A midi, elle faisait réchauffer nos gamelles.
Et, ce jour-là, c'est là que nous quittons bottes et chaussettes bien
mouillées pour mettre chaussettes sèches et sabots. L'Alice fera sécher nos
bottes pour le soir. Mais cette année-là, nous n'avions pas tous des bottes (je
pense que c'était encore un peu un luxe). Ceux qui étaient venus en sabots
quittaient sabots et chaussettes dans la classe, pour enfiler leurs
pantoufles. Et les sabots étaient rangés autour du poêle de la classe.
(collection privée)
Les
filles ne portaient ni pantalon, ni collant (ça
n'existait pas encore). La Ch'tite Gâte se souvient que La Tonine lui avait
tricoté des grandes chaussettes beiges en laine ainsi que des moufles de la même couleur. Mais elle se
souvient aussi que ces chaussettes n'évitaient pas les engelures aux
genoux et surtout aux orteils. D'ailleurs celles-ci étaient peut-être dues à la
chaleur de la nuit apportée par la « brique ».
C'est
le simple souvenir d'une journée d'hiver ordinaire
dans un coin perdu de la campagne. In Grandes et petites histoires du Bourbonnais, http://aln03.eklablog.com
Les
temps modernes
De nos jours, à moins
d’habiter à quelques dizaines de mètres de l’école, les enfants sont « transportés »… soit par leurs parents,
soit par les transports en commun.
C’est
le « ramassage » scolaire :
« transport d’enfants », tout comme on peut lire aussi
« transport d’animaux vivants », « transport de
marchandise » ou encore
« transport de matière dangereuse ». Des centaines de petits nez aux
yeux fatigués, collés aux vitres embuées. Les plus chanceux arrivent en voiture
individuelle, à la porte de l’école, dans un enchevêtrement de véhicules aux
conducteurs déjà exaspérés à l’orée d’une journée de travail, soit 30% des 26
millions de trajets domicile-école, devant les piétons (25%) et suivis des 19% d’utilisateurs
de bus, métros ou tramway et des 18% d’utilisateurs de cars scolaires. 2%
utilisent le vélo et 1 petit % le covoiturage (1).
Ramassage
scolaire avant l’heure, Minnesota, 1910
Un
vocabulaire nouveau émerge : le « mode de transport », la « distance
de transport », le « coût de transport », les « conditions
météorologiques », les « questions de sécurité des enfants » et
j’en passe. Et puis voilà que des craintes nouvelles apparaissent : les
accidents, les agressions physiques ou verbales et, dernière source d’inquiétude
depuis 2019 pour 58% des parents, les contaminations à la Covid. Malgré tout,
le progrès a définitivement eu raison du temps des engelures et des doigts
gelés, ouf ! Mais demeure la nostalgie de l’insouciance.
Transport
scolaire à Vendargues (34), avenir ou folklore ?
Patrick PLUCHOT
JOYEUX NOËL A TOUS
LES ECOLIERS
(1) :
Communiqué
de presse Paris, le 15 septembre 2020.
Mobilité
: le sondage IFOP à
l’occasion de la Semaine Européenne de la Mobilité qui s’est tenue du 16 au 22
septembre*, Eco CO2, porteur du programme national d'écomobilité scolaire MOBY,
dévoile les résultats du 1er sondage : Les parents et les
transports domicile - établissement scolaire, réalisé par l'institut IFOP**.
« En période
scolaire, plus de 26 millions de trajets domicile-établissement scolaire sont
réalisés chaque jour en France par les élèves, les enseignants et les
personnels*** des écoles
maternelles, élémentaires, collèges et lycées. Ces déplacements, effectués sur
les mêmes tranches horaires, sont souvent source d'embouteillages, de nuisances
et de pollutions aux abords des établissements. Ce sondage met en avant que la
voiture individuelle est le moyen de transport majoritairement utilisé (30% des
trajets), particulièrement dans ce contexte sanitaire lié au COVID-19. Il
révèle également que si la marche à pied est le deuxième mode de transport
choisi (25% des trajets et jusqu'à 47% en agglomération parisienne), certains
modes de déplacement partagés ou actifs restent marginaux tels que le
covoiturage (seulement 1% des trajets) ou le vélo avec 2% des trajets.
On observe également une attente des parents
(54% d’entre eux) pour que les pouvoirs publics facilitent l’utilisation des «
mobilités actives » (transports respectueux de l’environnement ou faisant appel
à l’activité physique : vélo, marche, trottinette…). Le sujet de la mobilité
scolaire intéresse les parents puisque 76% d’entre eux se déclarent prêts à
participer à des concertations pour l’amélioration des déplacements autour de
l’établissement scolaire.
Résultats du sondage
IFOP :
- La voiture est le
premier mode de transport scolaire (30%).
- Le temps moyen de trajet est inférieur à 15
minutes pour 1 enfant sur 2.
- 48% des élèves sont accompagnés par un
adulte pour se rendre à l’école.
- La sécurité de l'enfant (97%), la rapidité
du mode de transport (91%) et le coût du mode transport (82%) sont les 3 plus
importants critères de choix.
- Dans le contexte de la
crise sanitaire et écologique actuelle, 55% des parents sondés sont prêts à
encourager leur enfant à avoir davantage recours aux transports individuels
(voiture, vélo…) plutôt qu’aux transports collectifs (bus, métro…).
- Les principaux freins
à l’utilisation des mobilités actives pour les parents sont : le manque de
sécurité (55%), l'inadaptation aux longues distances (44%) ou aux conditions
météo (33%). - Pour 54% d'entre eux, les pouvoirs publics doivent faciliter
l’utilisation des mobilités actives ****
(à 49% pour limiter la pollution et à 44% pour encourager les élèves à
l'exercice physique).
- 76% sont favorables à
une concertation visant à améliorer les déplacements autour de l’établissement
scolaire.
- Voiture à usage
individuel, marche ou transport en commun : principaux modes de transport La
voiture est le premier mode de transport scolaire (30%), notamment pour les
enfants scolarisés en maternelle (45%). Un quart des parents indiquent par
ailleurs que leur enfant se rend à l’école à pied (25%). Il s’agit d’une
pratique qui est quasi majoritaire pour les enfants habitant l’agglomération
parisienne (47%). Une proportion importante d’enfants a recours aux transports
en commun, notamment le bus ou le tramway (19%) ou encore le car scolaire
(18%). Ce dernier mode de transport apparaît comme étant particulièrement
utilisé par les jeunes habitants dans des zones rurales (29%). Notons enfin que
l’usage du vélo comme mode de transport scolaire demeure ultra-minoritaire
(2%), au même titre que les deux-roues motorisés (1%), le covoiturage (1%) ou les
modes de transport alternatifs, tels que la trottinette (1%).
- Temps de transport :
moins de 15 minutes pour 1 enfant sur 2 Plus d’1 parent sur 2 indique que son
enfant se rend à son établissement scolaire en moins de 15 minutes (58%), une
situation qui est plus fréquente quand l’enfant est scolarisé à l’école
maternelle (79%) ou élémentaire (74%). 29% des sondés indiquent par ailleurs
que leur enfant se rend à l’école en 15 à 29 minutes. Les temps de transport
supérieurs à 30 minutes sont minoritaires (13% dont 2% plus d’une heure).
- 1 enfant sur 2 est
accompagné par un adulte pour se rendre dans l'établissement scolaire 48% des
parents indiquent que leur enfant se rend à l’école accompagné par un adulte.
Cette pratique apparaît assez logiquement dépendante du niveau de scolarisation
de l’enfant, elle est très fréquente pour les enfants scolarisés à l’école
maternelle (74%) et primaire (68%) et assez logiquement beaucoup plus
minoritaire au collège (29%) et au lycée (19%). Notons également qu’un tiers des
parents indiquent que leur enfant se rend seul à son établissement scolaire
(34%). Enfin, 1 enfant sur 10 se rend à son établissement scolaire accompagné
par des amis (10%) ou son frère ou sa sœur (8%).
- Les critères de choix
du transport sont la sécurité, la rapidité et le coût La problématique des
transports scolaires apparaît comme étant une source d'inquiétude pour les
parents. Ces derniers sont ainsi 7 sur 10 à indiquer être inquiets à l’idée que
leur enfant soit victime d’un accident de la route en se rendant à son
établissement (70% dont 39% « tout à fait inquiet »). Les trajets scolaires
sont aussi vus comme étant des potentiels lieux d’agression : 69% des parents
expriment de l’inquiétude à l’idée que leur enfant y soit victime d’une
agression physique ou verbale (dont 40% « tout à fait inquiet »). Relevons
enfin que plus d’un parent sur deux est inquiet à l’idée que son enfant soit
contaminé au COVID-19 (58%). C’est donc assez logiquement, la sécurité de
l’enfant qui apparaît comme étant le critère le plus important en matière
d’arbitrage entre différents modes de transport. Les parents sont ainsi 97% à
indiquer qu’il s’agit d’un critère important (dont 81% qui le jugent « très
important »).
- L’usage des mobilités
actives en matière de transport scolaire reste à développer. Les parents sont
54% à se montrer favorables au développement de l’usage des mobilités actives**** en matière de transport scolaire.
Ils justifient leur soutien à ces modes de transport autant par des raisons
écologiques (49% indiquent y être favorables pour limiter les gaz à effet de
serre) que par des raisons de santé (44% des sondés indiquent être favorables
afin d’encourager les écoliers, collégiens et lycéens à faire de l’exercice
physique). Signe de la prégnance de la sécurité, c’est la dangerosité perçue
qui constitue pour les parents le principal frein à l’utilisation des mobilités
actives (55%), devant leur inadaptation aux longues distances (44%) ou aux
conditions météo (33%). Relevons d’ailleurs que la sécurisation des espaces
piétons (41%) et l’aménagement des pistes cyclables (36%) constituent deux des
mesures jugées les plus prioritaires en matière de transport scolaire, juste
derrière l’instauration de la gratuité des transports (45%). ''Cette enquête
montre l’intérêt des parents à être impliqués dès lors que des réflexions sont
engagées sur le transport domicile – établissement scolaire de leur enfant. Ils
s’intéressent au développement des mobilités actives. Pour autant, il n’y aura
pas de changement d’habitudes si les questions de sécurité et les contraintes
de temps ne sont pas prises en compte par les pouvoirs publics. A noter que les
collectivités locales peuvent bénéficier d’aides et d'accompagnement notamment
avec des programmes pour partie financés par le dispositif des CEE tels que
Moby, Alvéole, Éco_Mode , AcoTE, Mobiprox ... » Commentaires de Bertrand Dumas, chef de projet MOBY chez Eco CO2.
*
La Semaine Européenne de la Mobilité a pour objectif d'inciter le plus grand
nombre de personnes à adopter une démarche écocitoyenne pérenne en privilégiant
les déplacements doux et alternatifs à la voiture particulière : transports
publics, covoiturage, autopartage, vélo.
**
Sondage IFOP menée du 25 août au 1er septembre 2020 auprès d’un échantillon de
1001 parents ayant au moins un enfant scolarisé à l’école, au collège ou au
lycée. Echantillon représentatif de la population française.
***
12 millions d'élèves fréquentent les écoles, collèges et lycées de notre pays +
1 million d'enseignants et personnels de l'éducation nationale.
https://www.education.gouv.fr/les-chiffres-cles-du-systeme-educatif-6515
****
Mobilités actives : transports respectueux de l’environnement ou faisant appel
à l’activité physique : vélo, marche, trottinette ...
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