Innocentes comptines et
chansons d’autrefois
Pour
écoliers en vacances
Quelques
fois pas si innocentes que cela…
Il
est important de remarquer que, souvent, le diable se cache dans les détails !
Les comptines et chansons d’autrefois, bien que destinées aux enfants (et
notamment aux écoliers), ne sont pas toutes « politiquement correctes ».
Les auteurs malicieux aiment à cacher des messages derrière les mots… Les
chansons d’origines lointaines furent toutefois conçues à une époque où l’écolier
était plus considéré comme un adulte en devenir que comme un enfant en
construction. Elles pouvaient ainsi faire allusion de façon détournée, à des
événements historiques ou à des satires politiques ou sociales. La grivoiserie n’était
pas non plus absente : le titre de « Il
court, il court, le furet » n’était-il
pas une contrepèterie (1) ?
Eh bien oui, les chansons
les plus anodines pouvaient renfermer un message subliminal. On notera, par ailleurs,
que ces dernières pouvaient exister en différentes versions selon l’air du
temps. Le pauvre Pierrot d’« Au
clair de la lune » cherchait-il vraiment une bonne âme pour rallumer
sa chandelle morte ? Le troisième couplet semble un appel à la prostitution :
à l’époque, « battre le briquet » signifiait « faire l’amour »…
troisième couplet :
« Au
clair de la lune
Pierrot
répondit
Je
n’ai pas de plume
Je
suis dans mon lit.
Va
chez la voisine
Je
crois qu’elle y est,
Car
dans sa cuisine
On
bat le briquet. »
Quant à cette pauvre Mère
Michel, qu’a-t-elle donc perdu ? Son animal de compagnie ou sa virginité ?
C’est une chanson réhabilitée en 1820 en version édulcorée d’une chanson
militaire de salle de garde beaucoup plus ancienne.
En 1658, Louis XIV, sous
l’influence de la pieuse Madame de Maintenon (malgré tout sa maîtresse),
ordonne l’emprisonnement des prostituées à la Salpêtrière, jusqu’à ce qu’elles
se soient repenties, et ordonne la fermeture des maisons de plaisir. « Nous n’irons plus au bois, les
lauriers sont coupés » dont acte, laisse entendre finement la chanson.
En effet, à l’époque, on avait pour obligation d’accrocher des branches de
lauriers au-dessus des portes des dites maisons, comme signe de reconnaissance.
Une autre source laisse entendre que la Maintenon aurait fait couper les
lauriers du parc de Versailles, derrière lesquels se passaient des choses pas
très catholiques… Nous arrêterons là l’énumération des cas qui sont, au
demeurant, forts nombreux, sans être généralisés, heureusement.
Plus sérieusement, ces
chansons et comptines de tradition orale trouvent leurs racines dans un passé
plus lointain qu’on ne le pense. Les paléontologues n’ont-ils pas conclu qu’il
existait deux types de foyers dans les grottes habitées, l’un culinaire et
l’autre social, rassemblant le clan pour des veillées communicatives ? Au
fil du temps, et dans toutes les civilisations, ces moments se sont chargés
d’imaginaire et de rêves dont on trouve toujours trace dans les contes
traditionnels d’où peuvent s’inspirer nos comptines.
De nos jours, les
psychanalystes se régalent de ces sens à peine cachés et expliquent que
comptines et chansons d’autrefois sont transmises de génération en génération et
racontent la vie des gens et de la société : « Chaque chanson est le creuset d’une histoire sensorielle que
l’enfant va aimer retrouver, interpréter à son tour, à sa façon et avec les
moyens dont il dispose. » Chantal
Grozeliat, musicienne et pédagogue. Il reste que chansonnettes et comptines
sont de véritables mines d’or pour développer le langage chez les jeunes
enfants.
Florilège
Sources :
-
Documentation et archives musée.
-
Documentation
par l’image, dossier pédagogique.
Patrick Pluchot
(1) :
Cette contrepèterie gaillarde et anticléricale aurait concerné le cardinal
Dubois (« l’abbé Dubois »), ministre d’Etat sous la Régence de
Philippe d’Orléans, dont les mœurs, réputées plus que légères, nous furent
contées dans le film de Bertrand Tavernier Que
la fête commence.
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