dimanche 21 juillet 2024

Comptines et chansons d'autrefois

 

Innocentes comptines et chansons d’autrefois

Pour écoliers en vacances

Quelques fois pas si innocentes que cela…

Il est important de remarquer que, souvent, le diable se cache dans les détails ! Les comptines et chansons d’autrefois, bien que destinées aux enfants (et notamment aux écoliers), ne sont pas toutes « politiquement correctes ». Les auteurs malicieux aiment à cacher des messages derrière les mots… Les chansons d’origines lointaines furent toutefois conçues à une époque où l’écolier était plus considéré comme un adulte en devenir que comme un enfant en construction. Elles pouvaient ainsi faire allusion de façon détournée, à des événements historiques ou à des satires politiques ou sociales. La grivoiserie n’était pas non plus absente : le titre de « Il court, il court, le furet » n’était-il pas une contrepèterie (1) ?



Eh bien oui, les chansons les plus anodines pouvaient renfermer un message subliminal. On notera, par ailleurs, que ces dernières pouvaient exister en différentes versions selon l’air du temps. Le pauvre Pierrot d’« Au clair de la lune » cherchait-il vraiment une bonne âme pour rallumer sa chandelle morte ? Le troisième couplet semble un appel à la prostitution : à l’époque, « battre le briquet » signifiait « faire l’amour »… troisième couplet :

« Au clair de la lune

Pierrot répondit

Je n’ai pas de plume

Je suis dans mon lit.

Va chez la voisine

Je crois qu’elle y est,

Car dans sa cuisine

On bat le briquet. »

Quant à cette pauvre Mère Michel, qu’a-t-elle donc perdu ? Son animal de compagnie ou sa virginité ? C’est une chanson réhabilitée en 1820 en version édulcorée d’une chanson militaire de salle de garde beaucoup plus ancienne. 

En 1658, Louis XIV, sous l’influence de la pieuse Madame de Maintenon (malgré tout sa maîtresse), ordonne l’emprisonnement des prostituées à la Salpêtrière, jusqu’à ce qu’elles se soient repenties, et ordonne la fermeture des maisons de plaisir. « Nous n’irons plus au bois, les lauriers sont coupés » dont acte, laisse entendre finement la chanson. En effet, à l’époque, on avait pour obligation d’accrocher des branches de lauriers au-dessus des portes des dites maisons, comme signe de reconnaissance. Une autre source laisse entendre que la Maintenon aurait fait couper les lauriers du parc de Versailles, derrière lesquels se passaient des choses pas très catholiques… Nous arrêterons là l’énumération des cas qui sont, au demeurant, forts nombreux, sans être généralisés, heureusement.

Plus sérieusement, ces chansons et comptines de tradition orale trouvent leurs racines dans un passé plus lointain qu’on ne le pense. Les paléontologues n’ont-ils pas conclu qu’il existait deux types de foyers dans les grottes habitées, l’un culinaire et l’autre social, rassemblant le clan pour des veillées communicatives ? Au fil du temps, et dans toutes les civilisations, ces moments se sont chargés d’imaginaire et de rêves dont on trouve toujours trace dans les contes traditionnels d’où peuvent s’inspirer nos comptines.

De nos jours, les psychanalystes se régalent de ces sens à peine cachés et expliquent que comptines et chansons d’autrefois sont transmises de génération en génération et racontent la vie des gens et de la société : « Chaque chanson est le creuset d’une histoire sensorielle que l’enfant va aimer retrouver, interpréter à son tour, à sa façon et avec les moyens dont il dispose. » Chantal Grozeliat, musicienne et pédagogue. Il reste que chansonnettes et comptines sont de véritables mines d’or pour développer le langage chez les jeunes enfants.

Florilège





















Sources :

-       Documentation et archives musée.

-       Documentation par l’image, dossier pédagogique.

Patrick Pluchot

 (1) : Cette contrepèterie gaillarde et anticléricale aurait concerné le cardinal Dubois (« l’abbé Dubois »), ministre d’Etat sous la Régence de Philippe d’Orléans, dont les mœurs, réputées plus que légères, nous furent contées dans le film de Bertrand Tavernier Que la fête commence.


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