samedi 23 novembre 2024

La Vie de Paul Contant Moutardier : 1894-1918



 Paul Constant Moutardier

Instituteur à Montceau-les-Mines

Mort pour la France le  9 juin 1918

Le sergent P.C. Moutardier en permission, photographie Fafournoux (collection musée)

La promotion sacrifiée

La promotion d’École Normale de Paul Constant Moutardier, la 1913/1916, dite « Promotion sacrifiée », porta ce nom du fait du peu de temps qu’elle passa en formation (un an). Elle avait vu tous ses normaliens versés dans les écoles primaires en 1914 en remplacement des maîtres mobilisés. Paul Constant fut nommé instituteur intérimaire à l’école de la Coudraie, au Bois-du-Verne (Montceau) à la rentrée 1914, avant d’être mobilisé à son tour en février 1915. Sa courte vie vous est contée aujourd’hui dans la vidéo de cet article et avait fait l’objet d’une exposition : « Les Instits du Centenaire : Défendre la Patrie, période 1914-1918 » (1), mise en prêt actuellement par le musée.




Première photographie de Paul Constant Moutardier en uniforme, caserne d’Autun, 1915 (collection musée)


Vidéo : « La vie de Paul Constant Moutardier »

Les expositions « Les Instits du Centenaire : Défendre la Patrie, période 1914-1918 » et « Mômes et Instits du Centenaire, 1918 : l’espoir d’une paix universelle, Écoliers, n’oubliez jamais ! Période 1918-1939 » sont en prêt aux associations ou collectivités, s’adresser au musée.   





Dernière lettre de Paul Constant Moutardier à ses parents

7 juin 1918, deux jours avant sa mort, « Ne vous en faites pas je vous dis »…



«7 juin 1918 

Bien chers parents

Toujours beau temps toujours bonne santé, et toujours le calme règne dans l’endroit où je suis. En sera-t-il toujours ainsi ? Nous l’espérons.

Aujourd’hui, un avion boche touché par un obus est tombé à côté d’où nous sommes. J’ai couru voir ce qu’il en était pensant trouver les aviateurs indemnes car ils avaient pu atterrir. Mais je ne suis pas arrivé le premier sur les lieux quoique j’avais piqué un rude galop. L’avion avait capoté, les aviateurs étaient en dessous de la carlingue. Après dégagement, l’un d’eux vivait. C’était un grand gars blond, de solide carrure.

Il implorait lorsque les brancardiers l’emportaient. « Messieurs je suis kapout, dites-moi si je suis kapout Messieurs ! » et puis « Maman, maman » répétait-il. Je ne crois pas qu’il fut kapout comme il disait, bien qu’il souffrait beaucoup. J’aurai pu avoir des souvenirs d’eux. De jolies bagues ornaient ses doigts lorsque je le suivais, emporté par les brancardiers mais je n’ai voulu toucher à rien.

C’est pour vous dire toute la puissance de souvenir que vous exercez sur les soldats qui tombent, chères mamans, de quelque pays que ce soit. Il faisait naître la pitié par ses appels d’enfant. Et pourtant son appareil portait encore les torpilles (ce qu’on appelle bombe) non lâchées.

Pour aujourd’hui, c’est l’incident de la journée, nous attendons les évènements. Pour le reste, tout va bien, ne vous en faites pas je vous le dis. Tout se passe bien. Merci de ta dernière lettre chère maman. Il est préférable en effet, que papa demande à travailler au jour. Bonne santé à tous. Et affectueusement je vous embrasse.

Paul »

Les transcriptions d’une quarantaine de lettres de Paul Constant Moutardier est publiée dans le livret de l’exposition.



Dessin de Paul Constant Moutardier, 1917 (collection musée)

Extrait du carnet intime de Paul Constant Moutardier (collection musée)

Paul Constant Moutardier, au centre, 1917 (collection musée)

Patrick Pluchot

(1) :

Cliquez sur la photographie pour voir la vidéo : « Inauguration exposition 2015 »

Images et montage : Jean GAUMET, in memoriam


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