samedi 23 décembre 2017

Des parodiens au musée

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Planche Rossignol, Le Sapin de Noël, www.collectionsrossignol.com  (collection musée)


Des « amis de l’Ecole et de la Mémoire »

Visite du musée en vidéo


Des Parodiens à Montceau

Ils étaient dix  de l'association Raymond GOT de Paray-le-Monial venus au Musée après avoir découvert la Manufacture Perrin, elle-même élément du patrimoine Montcellien puisque fondée en 1924. 



Leur culture, leur mémoire, leur goût pour l'échange ont fait de cette visite un moment passionnant pour les guides de la Maison d 'Ecole. Sur la photo des instituteurs de l’École « de la rue de l'Est » prise en 1925, un des visiteurs, né en 1942 et ancien élève de cette école, a reconnu deux enseignants qui lui ont fait la classe dans les années 50 : M. Gilles Collet et M. Claudius PARRIAT.


Jules Collet, sixième au dernier rang et Claudius Parriat septième au dernier rang (collection musée)


On a parlé des chants et récitations de l'époque, et un autre visiteur, M. Jacky ADAM, Directeur d’École honoraire, a fait appel à son excellente mémoire pour nous dire d'abord un poème  nostalgique de René Guy Cadou : Odeur des pluies de notre enfance (1), puis ensuite, le Dormeur du Val, d'Arthur Rimbaud (2).


Jacky Adam, à gauche


Et c'est le groupe tout entier qui a entonné le chant, ô combien républicain : Le Chant du Départ de Chénier pour les paroles et de Méhul pour la musique, écrit en 1794, repris en 1914 et longtemps  dans le répertoire des écoles.



La visite s'est prolongée dans la salle qui regroupe les deux expositions labellisées 14-18 « Quand tu seras soldat » et « Défendre la Patrie » ; le temps passant, il n'a  pas été possible de consacrer un moment  à l'écriture à la plume avec une petite dictée. Ce ne sera que partie remise !



(1) : Fils d’instituteurs, né en 1920 en Loire-Atlantique, René Guy Cadou envoie, dès l’âge de 17 ans, ses poèmes à Max Jacob qui reconnaît aussitôt en lui un poète. Réformé pour cause de santé, il devient instituteur et rencontre Hélène, le grand amour de sa vie, inspiratrice de nombreux recueils. Durant l’Occupation allemande, il ne s’engage pas de façon militante mais ses écrits, notamment le recueil Pleine Poitrine, témoigne de son soutien à la Résistance et de son désir de dénoncer la barbarie nazie, par exemple dans les poèmes « Ravensbrück » et « Les Fusillés de Châteaubriant ».




Sa sensibilité littéraire le rapproche de Michel Manoll, Guy Bigot, Jean Bouhier, poètes de  « l’Ecole de Rochefort ». Dès 1941, divers auteurs se regroupent, en réaction contre la poésie nationale imposée par le Régime de Vichy. Puis, pendant près de vingt ans, quelques 147 ouvrages sont publiés par une trentaine d’écrivains, dont Maurice Fombeure, Jean Follain, Eugène Guillevic. Avec humour, Cadou écrit qu’il s’agit plus d’« une cour de récréation » que d’une école littéraire au sens strict du terme. L’amitié du groupe l’emporte sur les préceptes. Ceux-ci  font d’ailleurs la part belle à la liberté de chaque créateur. Pour preuve la formule de Jean Bouhier qui résume l’état d’esprit de ces poètes : « Dire leurs poèmes à la face du monde, les mêler aux rythmes de la nature, au bruit des arbres, de l’eau, les mêler à la vie ».  

Jusqu’en 1951, année de sa mort prématurée, René Guy Cadou écrit de très nombreux poèmes. Michel Manoll, dans sa belle préface aux Œuvres Poétiques Complètes de son ami Cadou (éditions Segjers, 1973), en exprime la force sensible : « René Guy Cadou s’est voué à donner voix à tout ce qui participe au concert terrestre, sans en exclure la plus simple psalmodie ou le chuchotement le plus discret […] En détachant la poésie de toute formule d’école, il l’a ramenée à sa vocation naturelle, qui est celle du chant et de l’effusion. »

Un des vers de Cadou pourrait être le doux reflet de toute son œuvre : « Le temps qui m’est donné, que l’amour le prolonge ».  


Portrait de René Guy Cadou, dessin de Robert Morel (Médiathèque Louis-Joseph de Château-Arnoux)


(2) : « Le Dormeur du val », poème de Rimbaud, est issu d’un recueil intitulé Poésie écrit en 1870. Il fut composé lors d’une fugue du jeune poète âgé de 16 ans, alors que la guerre franco-prussienne faisait rage. Marqué par l’horreur de la guerre, il écrit ce sonnet qui fait découvrir au lecteur le spectacle de la mort d’un jeune soldat et vise à nous faire partager sa colère et son indignation. Rimbaud adopte une stratégie particulière de dénonciation dans la mesure où son sonnet se distingue par ses descriptions féeriques de la nature.


Cliquez ici pour la vidéo "Le Dormeur du Val" 


Arthur Rimbaud 1854-1891 (collection privé)


Jean Gaumet



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