« Petite histoire d’un écolier
d’autrefois expliquée aux enfants
d’aujourd’hui »
CHAPITRE XIII et fin
« Vive
les vacances ! »
L’école est finie !… ou presque. Voici
Jules, comme beaucoup d’écoliers, petits et grands, occupé aux préparatifs de
la fête de fin d’année. Il lui faut répéter les récitations, les chants, les
saynètes qui feront la fierté des parents, des maîtresses et des maîtres.
Chacun aura son rôle dans le défilé ou dans le spectacle avec un peu
d’angoisse, mais beaucoup de bonheur.
En 1904, Jean Bienvenu-Martin, Ministre de l’Instruction
publique, des Beaux-Arts et des Cultes, sur recommandation du Président Loubet,
décide l’organisation d’une fête des écoles au Trocadéro, pour le vingtième
anniversaire de l'Ecole Publique. Cette fête commémorative va finalement
s’étendre à tous le territoire et aura lieu partout à la même date : le 19
juin. L’année suivante, à son assemblée du 28 janvier, la Ligue Française
de l'Enseignement prend une délibération qui décide qu'une Fête des
Ecoles publiques aura désormais lieu annuellement.
Les fêtes scolaires de la Troisième
République se déroulent souvent dans des cadres grandioses pour marquer la
place importante de l'école publique dans la vie de la Nation.
En 1914, la onzième fête des écoles est la
fête des "dix ans après" et a pour objet d'inciter tous les amis de
l'école laïque à redoubler d'ardeur et à continuer leur propagande, leurs
encouragements et leur sympathie en faveur de l’œuvre de l'Instruction
Publique, plus nécessaire que jamais dans une démocratie.
Plus modestement certes, mais non sans une
réelle volonté de démonstration, des fêtes des écoles se sont déroulées à
Montceau-les-Mines aussi. Au tout début, il ne s'agissait que d'un défilé au centre-ville,
mais plus tard, la fête se déplaça au Vélodrome pour finir enfin au stade Jean
Bouveri dans des années plus récentes. Elle réunissait toutes les écoles
primaires qui répétaient longuement, dans la cour de leur école, les mouvements
collectifs qui seraient exécutés le jour J (1).
Absentes au début, les écoles maternelles ont
peu à peu participé à ces fêtes. Si actuellement ces grands rassemblements
n'ont plus lieu, de nombreuses écoles continuent à assurer des fêtes pour les
festivités de Noël et surtout en fin
d'année scolaire.
Chaque mois de juin, traditionnellement, les
cours de récréation sont alors le théâtre de spectacles et de Kermesses qui
marquent l’arrivée prochaine des « grandes vacances » après une
longue année de dur labeur. Pour l’instant, Jules pense à la classe
promenade qui l’attend, durant laquelle le maître lui fera découvrir la nature
et l’environnement de l’école.
"Dans
mon école de campagne, à chaque rentrée d'école, j'étais assurée de retrouver
la classe unique telle que je l'avais quittée en juillet. Rien n'y changeait,
pas même l'institutrice; elle était là, bien avant moi et elle devait y finir
sa carrière. Pourtant un jour elle nous annonça que, maintenant, on avait le
droit de quitter la classe pour aller observer la campagne, un genre d'école
buissonnière autorisée; s'instruire, ce n'était plus uniquement apprendre des
leçons par cœur.
Beaucoup d'années ont passé; j'ai oublié les
détails; j'ai seulement gardé le souvenir précis des deux mots magiques étalés
sur le tableau noir : "classe-promenade", et celui, plus vague, d'une
marche dans la campagne jusqu'à un petit ruisseau sous la conduite d'une
maîtresse soudain moins sévère. Une autre sortie est restée dans ma mémoire :
la visite d'une carrière de plâtre et le devoir qui s'en suivit : "le
gypse ou pierre à plâtre". (Souvenirs d'enfance in Cent Ans d'Ecole, publication musée)
Mais surtout, Jules rêvera à la grande
aventure que les plus grands vont vivre pour la première fois : le voyage
scolaire !
"Pour nous, enfants d'une dizaine
d'années, ce voyage était d'une importance capitale : c'était notre voyage que
nous pouvions nous offrir avec l'argent de notre coopérative scolaire. Ensemble
nous avions soigneusement préparé l'itinéraire emprunté par l'autocar et
réfléchi aux visites que nous ferions. Enfin ce jour tant attendu arriva! Pour
quelques-unes, c'était la première fois qu'elles prenaient le car. Puis ce fut
la première étape : Toulon-sur-Arroux, où nous allions visiter l'église avant
d'arriver au but du voyage : Bourbon-Lancy.
Dix ans
après, que nous reste-t-il de ce trajet ? Surtout le souvenir d'un moment plein
de joie passé avec toutes nos camarades et avec la maîtresse que nous
découvrions en dehors de sa classe, et puis aussi la visite... Finalement, ce
voyage nous aura laissé la marque d'une journée fort agréable. » (Souvenirs
d’enfance in Cent Ans d'Ecole, publication musée)
(1) : « La Fête des écoles
1953 » et « La fête de l’école 1955 » à
Montceau-les-Mines :
Ces deux DVD sont en vente au Musée de la
Maison d’Ecole. Ils sont la copie de deux bobines 16 mm retrouvées à Montceau.
On ignore qui a filmé ces deux manifestations (vraisemblablement un membre des
Patronages Laïcs qui possédaient un matériel moderne et qui organisaient des
projections dans les écoles) mais les
prises de vue sont relativement « professionnelles ». D’une durée
d’environ 30 minutes chacune, elles montrent, en couleur pour l'une et en noir et blanc pour l'autre, la préparation et les
répétitions de la fête dans les cours d’école, puis le défilé des élèves et des
sociétés en rue Carnot, leur arrivée au Vélodrome, ainsi que le spectacle qui
suit. On retrouve avec émotion, au détour des images, les maîtresses, les
maîtres, les personnalités de l’époque.
La découverte et la restauration de ce patrimoine historique à permis à de
nombreux spectateurs, lors des projections que nous avons organisées, de se
reconnaître à l’écran, sans une certaine nostalgie…
P.P
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