Le
système métrique :
L’uniformisation
des unités de mesure
Le
système métrique
La
constance du compendium métrique marque la volonté d’en finir avec les
anciennes mesures qui, en fait, n’ont pas complètement disparu malgré les lois
scolaires de Jules Ferry. Du décret du 2 août 1793 aux dernières lois de 1887,
il y eut au moins 6 rappels des définitions des mesures légales par les
gouvernements successifs. La
loi du 11 juillet 1903 et le décret du 28 juillet 1903 ont défini légalement
les unités du système métrique et les abréviations « obligatoires » dans
l'enseignement public. Finalement,
la loi du 2 avril 1919 fixe définitivement les unités de mesure de longueur, de
masse et de temps, complétées le 20 juillet 1919 par les mesures secondaires.
Il avait bien fallu que la
rationalisation engagée par la Troisième République passe aussi par la mise au
pas des unités de mesure. Ces dernières, en usage en France, ne représentaient
pas moins de 800 particularités : perche, toise, pied, pouce, aune, muid,
setier, boisseau, pinte, livre, once, grain, et j’en passe, en plus, elles variaient
d’une région à l’autre. Pour clore le tout, chaque dénomination pouvait aussi
cacher des réalités très différentes selon les localités : ainsi, la surface de
l’arpent oscillait entre 34,19 ares à 42,21 ares selon les régions tandis que
les dix-huit sortes d’aunes se situaient entre 62 et 84 centimètres…
Ainsi
donc, à partir de 1919, tous les écoliers de France apprirent la définition du
mètre : « Le mètre est la
dix-millionième partie du quart du méridien terrestre dont la mesure étalon, en
platine iridié, est déposée au Pavillon de Breteuil, à Sèvre, près de
Paris ». Pourquoi la dix-millionième partie du quart du
méridien ? Tout vient de l’Assemblée constituante de 1790 qui avait décidé
de mettre en place un système de mesure cohérent et unique pour remédier à la
diversité et à l'anarchie des mesures utilisées en France. Les décrets des 1er
août 1793 et du 18 germinal An III en assurèrent l’application (1). Ainsi
furent donc adoptées :
« Art. 5. Les nouvelles mesures seront
distinguées dorénavant par le surnom de républicaines ; leur nomenclature
est définitivement adoptée comme il suit :
On appellera :
Mètre, la mesure de longueur égale à la dix-millionième partie de
l'arc du méridien terrestre compris
entre le pôle boréal et l'équateur.
Are, la mesure de superficie, pour les terrains, égale à un
carré de dix mètres de côté.
Stère, la mesure destinée particulièrement aux bois
de chauffage, et qui sera égale au mètre cube.
Litre, la mesure de capacité, tant pour les liquides que pour les matières sèches, dont la contenance sera celle du cube de la dixièrne partie du mètre.
Gramme, le poids absolu d'un volume d'eau pure égal au cube de
la centième partie du mètre, et à la température de la glace fondante.
Enfin, I'unité des monnaies prendra le nom
de franc, pour remplacer celui
de livre usité jusqu'aujourd'hui (2). »
En
outre, ces unités furent déclinées en unités secondaires les multiples
et les sous-multiples décimaux désignées par les préfixes qui nous
sont maintenant familiers : déca, hecto, kilo; déci, centi, milli. Apparaissait
aussi myria qui a été peu utilisé. Par contre, on y rajouta il y a peu méga et
micro, pour désigner un million et un millionième. À ce système étaient
encore rattachées des unités de surface et de volume, constituées par un carré
et un cube de 1 mètre de côté. Les savants
de la Commission de 1790, en définissant ainsi les unités par des constantes
terrestres (longueur du méridien) et physiques (poids spécifique de l'eau),
espéraient leur donner une valeur immuable et facilement repérable.
En réalité la précision de leurs mesures, qui était pourtant
déjà remarquable, a été dépassée depuis et on a constaté que les unités
n'étaient pas ainsi suffisamment définies. Les besoins de la physique et de la
mécanique ont exigé la définition d'une unité de temps ou de durée, qui est
la seconde, liée actuellement au mouvement de la terre. Des unités
de longueur, masse et temps dérivent des unités mécaniques : de vitesse,
d'accélération, de force, de travail, de puissance... ainsi que des unités
électriques. Des Congrès internationaux périodiques étudient les modifications
qu'il y a lieu d'apporter à leurs définitions, en tenant compte des besoins
nouveaux de la science et de la technique.
La 11ème
Conférence Internationale des Poids et Mesures, tenue à Paris en octobre 1960, eut
pour thème le « système international d’unités » et décida de
simplifier la tâche des petits écoliers. Pour ce faire, la définition du mètre fut
ainsi clarifiée le 1er janvier 1962 (décret du 3 avril 1961) et
devint : « Le mètre, unité
légale, est égal à 1 650 763,13 fois la longueur d’onde, dans le vide,
de la radiation correspondant à la transition entre les niveaux 2p10 et 5d2 de
l’atome de krypton 86 », à bon entendeur. Dorénavant, une telle
prouesse de mémoire relevait plus de compétences intergalactiques que de
compétences internationales !
Quelques
problèmes de conversions
Le
compendium métrique du musée
Hormis la collection de
mesures officielles, la petite armoire du compendium contient des instruments
d’arpentage divers qui devaient servir à l’apprentissage des mesures de
terrains : une chaîne d’arpenteur, un ruban métallique d’arpenteur, une
équerre d’arpenteur.
(1) : Loi du 18
germinal An III :
« Art. 1 er. L'époque
prescrite par le décret du 1er août 1793 pour l'usage des nouveaux poids et
mesures est prorogée, quant à sa disposition obligatoire, jusqu'à ce que la
Convention Nationale y ait statué de nouveau en raison des progrès de la
fabrication ; les citoyens sont cependant invités de donner une preuve de leur
attachement à l'unité et à l'indivisibilité de la République en se servant dès
à présent des nouvelles mesures dans leurs calculs et transactions
commerciales.
Art. 2. Il
n'y aura qu'un seul étalon des poids et mesures pour toute la République: ce
sera une règle de platine sur laquelle sera tracé le mètre qui a été adopté
pour l'unité fondamentale de tout le système des mesures.
Cet
étalon sera exécuté avec la plus grande précision, d'après les expériences et
les observations des commissaires chargés de sa détermination; il sera déposé
près du Corps Législatif, ainsi que le procès-verbal des opérations qui auront
servi à le déterminer, afin qu'on puisse les vérifier dans tous les
temps.
Art. 3. Il
sera envoyé dans chaque chef-lieu de district un modèle conforme à l'étalon
prototype dont il vient d'être parlé, et en outre un modèle de poids exactement
déduit du système des nouvelles mesures. Ces modèles serviront à la fabrication
de toutes les sortes de mesures employées aux usages des citoyens (..). »
(2) : Petite histoire du franc :
- 5 décembre 1360:
naissance du franc, par l'Ordonnance royale de Compiègne créant le «franc
d'or».
- mai 1716: création de la banque de John Law et apparition des billets.
- mai 1716: création de la banque de John Law et apparition des billets.
- 17 octobre 1722:
autodafé de la planche à billets du système Law.
- 19 décembre 1789:
création des assignats.
- 1er août 1793:
adoption du système métrique étendu à la monnaie.
- 24 août 1793:
adoption du système décimal (création des centimes).
- 7 avril 1795: le
franc devient l'unité monétaire officielle de la République française.
- 19 février 1796:
autodafé de la planche à billets des assignats.
- 10 mars 1799:
création du franc suisse, qui ne s'imposera définitivement qu'en 1848.
- 18 janvier 1800:
création de la Banque de France.
- 7 Germinal an XI
(27 mars 1803): création du franc Germinal.
- 22 avril 1806:
réforme de la Banque de France, placée sous tutelle directe du
gouvernement.
- 5 juin 1832:
création du franc belge.
- 8 février 1842:
création du franc luxembourgeois.
- 7 mai 1850: création
du nouveau franc suisse.
- 23 décembre 1865:
création de l'Union monétaire latine (France, Belgique, Suisse, Italie).
- 17 juin 1867:
ouverture de la conférence de Paris sur «l'unification monétaire
internationale».
- 1868: la Grèce
rejoint l'Union latine.
- 2 juillet 1915:
lancement de la «Campagne de l'or» ; les Français sont incités à échanger leurs
pièces contre des billets. Fin de la circulation des pièces d'or.
- 31 décembre 1926: dissolution officielle de l'Union latine.
- 31 décembre 1926: dissolution officielle de l'Union latine.
- 25 juin 1928: mort
officielle du franc Germinal; naissance du franc Poincaré, dont le poids en or
est divisé par cinq (58,95 milligrammes d'or).
- 1er octobre 1936:
dévaluation de 34% du FF.
- 12 novembre 1938:
nouvelle dévaluation du FF ramené à 24,75 milligrammes d'or.
- 29 février 1940:
dévaluation du FF (21 mg).
- Février 1944:
dévaluation de 12% décidée par le Comité d'Alger (1 dollar vaut 50FF, 1 livre
sterling 200FF).
- 22 juillet 1944 :
accords de Bretton Woods régulant le nouveau système monétaire international
fondé sur l'étalon de change-or.
- 26 décembre 1945:
le franc français adhère aux règles de Bretton Woods et est dévalué de 58% (1
dollar = 119FF); rupture de l'unité monétaire de l'Empire français.
- 25 janvier 1948: dévaluation de 44% (1 dollar = 214FF).
- 25 janvier 1948: dévaluation de 44% (1 dollar = 214FF).
- 17 octobre 1948:
dévaluation (1 dollar = 260FF).
- 20 septembre 1949:
dévaluation du franc français après celle de la livre sterling (1 dollar =
350FF).
- 6 mars 1952: le
président du Conseil, Antoine Pinay, annonce «un gouvernement de défense du
franc»; emprunt Pinay indexé sur l'or.
- 25 mars 1957:
signature du traité de Rome créant la Communauté économique européenne
(CEE).
- 1957-1958: plan
Félix Gaillard de redressement (dévaluation de fait de 20%).
- 27 décembre
1958: dévaluation De Gaulle de 17,7% (le dollar vaut 473FF). Annonce de la
création du franc lourd; convertibilité externe des monnaies européennes.
- 1er janvier 1960:
création du nouveau franc (1 NF = 100F).
- 1er janvier 1963:
le nouveau franc devient le franc.
- 11 août 1969:
dévaluation Pompidou (moins 12,5%).
- 13 mars 1979: mise
en place du Système monétaire européen (SME) et création de l'ECU (European
Currency Unit/Unité de compte européenne).
- 4 octobre
1981: dévaluation de 8,5% du FF par rapport au mark.
- 12 juin 1982:
deuxième dévaluation (moins 8,5%).
- 14-16 mars 1983: le
président François Mitterrand opte pour la rigueur et l'Europe.
- 21 mars 1983:
troisième dévaluation Mitterrand (moins 8% par rapport au mark).
- 6 avril 1986:
dévaluation Chirac-Balladur (moins 6% vis-à-vis du mark).
- 1er juillet 1987:
entrée en vigueur de l'Acte unique européen.
- 9 décembre 1989: le
Conseil européen de Strasbourg décide la réunion d'une conférence pour bâtir
l'union économique et monétaire.
- 1er juillet 1990:
union monétaire allemande RFA-RDA.
- 10 décembre 1991:
adoption du traité de Maastricht et de l'Union économique et monétaire
(UEM).
- 20 septembre 1992:
référendum français sur le traité de Maastricht (victoire du «oui» avec 51% des
suffrages).
- 1er janvier 1993:
libre circulation des personnes, des marchandises, des capitaux et des services
avec suppression des contrôles douaniers aux frontières communes des Etats
membres de l'Union européenne.
- 1994: création de
l'Institut monétaire européen, chargé des modalités techniques du passage à
l'écu, le 1er janvier 1999.
- 1995: calendrier de
la mise en place de la monnaie unique, qui s'appellera finalement «euro».
- 1997: adoption du
Pacte de stabilité; présentation des projets de billets en euros.
- 1998: 11 pays
qualifiés pour l'euro dès 1999, création de la Banque centrale européenne (BCE)
et nomination de son président, le Néerlandais Wim Duisenberg.
- 1er janvier 1999:
création de la monnaie unique avec la fixation définitive des parités entre les
monnaies participantes; les marchés financiers passent à l'euro.
- 1er janvier 2002:
mise en circulation des espèces en euros.
- 17 février 2002:
fin du cours légal des francs français, avec le retrait des espèces.
- 30 juin 2002: fin
de la reprise des francs par les banques (sauf à la Banque de France, au Trésor
public et à l'Institut d'émission des départements d'outremer -pendant trois
ans pour les pièces et dix ans pour
les billets). (Source nouvelobs.com)
P.P
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