lundi 14 mai 2018

Les écoles polonaises



Histoire des écoles polonaises
Dans le Bassin minier
L’exemple des écoles spéciales de Saint-Vallier


Ecole de garçons des Gautherets, cours de polonais, 1953/1954 (collection musée)


Les écoles spéciales des Houillères à Montceau-les-Mines


Le protocole du 17 avril 1924 est clair et la question de l’enseignement du polonais aux enfants de migrant est scellée : le Ministère l’Instruction publique ayant un droit de regard sur l’enseignement libre, il pourra exercer une surveillance discrète sur cet enseignement dépendant officiellement des autorités polonaises en France. Bien qu’entrant ainsi dans la légalité, les écoles spéciales de la Société des Mines du bassin de Blanzy existaient cependant à Montceau-les Mines et dans sa périphérie depuis 1921.
La première compagnie minière de la région, créée par Jules Chagot en 1833, était florissante, les demandes importantes consécutives à la guerre de 1914-1918 avaient poussé les exploitants à augmenter leurs activités et la nouvelle Société des Mines eut un développement industriel, social et scolaire accru.



L'exploitation houillère se déplaça vers les limites méridionales du Bassin minier originel, et pour y travailler,  de nombreux émigrés polonais furent embauchés à partir de 1923. La construction de cités nouvelles inclut celle d'écoles primaires, et même, conformément à la convention gouvernementale franco-polonaise de 1919, puis à l’assouplissement de la position du gouvernement français en 1922 et enfin au nouveau cadre imposé en 1924, l'ouverture de classes polonaises dites "écoles polonaises", pour un enseignement à donner aux fils d'étrangers, en principe à mi-temps, 3 heures de cours en français et 3 heures de cours en polonais. Plusieurs écoles primaires accueillaient une population scolaire française ou étrangère, habitant aux environs, et précisément les jeunes polonais en des classes que dirigeaient des moniteurs de leur nationalité, agréés par le ministre français de l'Instruction publique et enseignant sous la responsabilité d'un maître français. On remarque que les écoles « spéciales » de Montceau et des communes du Bassin minier ont suivi le même processus d’implantation que partout en France et bientôt, on compta 1040 enfants polonais en 1926 répartis dans neuf écoles, leur nombre passa à 1380 en 1931.

Ecole spéciale de garçons des Gautherets vers 1925 (collection musée)


Durant la période 1921-1923, la Compagnie engagea la construction de nouvelles cités et les écoles « polonaises » suivantes furent ouvertes :

- Ecole de garçons aux Baudras (Sanvignes).
- Ecole de filles aux Baudras (Sanvignes).
- Ecole de garçons des Gautherets (Sanvignes).
- Ecole de filles des Gautherets (Saint Vallier).
- Ecole de garçons de la Saule (Montceau).
- Ecole de filles de la Saule (Montceau).
- Ecole des Georgets (Sanvignes), pour seulement les enfants polonais.
- Ecole privée du Magny (Montceau), idem.
- Ecole de l'ancienne verrerie de Blanzy, idem.


Ecole spéciale de filles des Gautherets vers 1925 (collection musée)


Le cas particulier des écoles spéciales des Gautherets à Saint-Vallier

De 1921 à 1927 s’édifia la cité des Gautherets. La première année vit sortir de terre 144 maisons pour un total de 326 logements. Bientôt, le recensement de 1926 donna un chiffre de 2338 habitants dans ce quartier neuf. Jusqu’en 1986, date où par décret du Premier ministre, la commune de Saint-Vallier rétrocédait quelques 41,641 hectares à la commune de Sanvignes, le territoire de cette cité se répartissait à 80 % pour l’une et 20 % pour l’autre.
En 1923, deux écoles spéciales furent ouvertes par la Société, de part et d’autre de l’actuelle place des Gueules Noires : celle de garçons était sur Sanvignes et celle de filles sur Saint-Vallier. On y adjoindra un bâtiment annexe, actuellement disparu, qui était situé derrière la nouvelle école maternelle Casanova, servant à l’accueil maternel pour les enfants polonais, il était tenu par des sœurs polonaises. A partir de 1947, les classes enfantines prirent place dans l’école publique de filles. Ces deux écoles privées et gratuites dispensaient, comme tous ces types d’écoles, un enseignement bilingue (français-polonais) par demi-journée. Les archives de l’école des garçons (côté Sanvignes) ont disparues, peut-être détruites pendant la Seconde Guerre mondiale alors que les bâtiments servaient de casernement aux soldats allemands. Nous possédons cependant les archives scolaires de l’école des filles (côté Saint-Vallier), ce qui nous permet de porter un regard sur l’organisation pédagogique de 1924 à 1947. Monsieur Shlique, Inspecteur de l’Enseignement Primaire à Montceau cotera et paraphera le 3 mars 1924 le Registre des Maîtres et des Employés ouvert à la rentrée 1923 par la directrice de l’école, mademoiselle Ménard (photo registre 1).


Registre Matricule de l’école de filles des Gautherets, photographie 1  (collection musée-cliché D. Busseuil)


 Marie-Louise Ménard avait été institutrice dans une pension dirigée par Mademoiselle Vincent à Orléans de 1911 à 1914, puis institutrice à l’école des Mines de Blanzy (71) jusqu’en 1923, elle était titulaire du Brevet Supérieur (1913) et du Certificat d’Aptitude Pédagogique (1917), elle quitta la région en 1928. 

Trois adjointes et deux monitrices polonaises avaient aussi été recrutées pour cette rentrée 1923 :

Aubague Marguerite, institutrice à l’école de la Mine du Magny de 1918 à 1919, puis à l’école de la Mine des Baudrats (71) de 1919 à 1923, titulaire du Brevet Supérieur (1918), elle fut nommée dans l’enseignement public en 1930,

Chauvot Marie, institutrice un an dans les écoles de Saint-Martin-en-Bresse, puis Beaurepaire, Buxy et Châlon de 1919 à 1922, titulaire du Brevet Elémentaire (1920), elle partit pour l’école de la Mine du Bois-du-Verne (Montceau) en 1927,

Devillard Reine, sans profession avant sa nomination, titulaire du Brevet Elémentaire (1921), elle quitta l’enseignement en 1924,

Paszkkiewiez Héléna, nationalité polonaise, professeur à l’Institution libre de Rome, puis institutrice à Varsovie et monitrice à l’école de la mine des Baudrats (Sanvignes) avant d’être nommée à nouveau monitrice aux Gautherets, titulaire d’un diplôme correspondant au Brevet supérieur, elle retourna en Pologne en 1924,

Jerzykowska Zofja, nationalité polonaise, professeur dans les familles et dans des Institutions à Posen, titulaire d’un diplôme correspondant au Certificat d’Aptitude à l’Enseignement secondaire en lettres, monitrice aux Gautherets de 1923 à 1928, elle retourna en Pologne. (photo registre 2)



Registre Matricule de l’école de filles des Gautherets, photographie 2 (collection musée-cliché D. Busseuil)


Dans les années qui suivirent, d’autres arrivées de monitrices polonaises eurent lieu, plus ou moins régulièrement, jusqu’en 1943 :
 
Stvzelecka Berthe, nationalité polonaise, institutrice privée à Osiccimy Rujamy, puis monitrice à l’école de la mine de La Saule (Montceau), sans diplôme, elle arriva en 1924 et passa directement à l’école de garçons,

Slavzynska Marie, nationalité polonaise, sans profession avant, produit une attestation équivalant à un diplôme de fin d’études secondaires, elle fut monitrice aux Gautherets de 1924 à 1925 et repartit en Pologne,

Radzicka Elzbicta, nationalité polonaise, institutrice à Kiew de 1917 à 1918, Directrice du Pensionnat de Stavzysko de 1908 à 1911, puis professeur de mathématiques à Varsovie de 1911 à 1914, elle fut monitrice aux Gautherets de 1925 à 1926,

Walicka Marie, nationalité polonaise, sans emploi avant et sans diplôme, elle fut monitrice aux Gautherets de 1925 à 1926,

Wojtowicz Maria, nationalité polonaise, institutrice à l’école maternelle de Dosbrova Govniena de 1916 à 1925, elle fut monitrice aux Gautherets de 1925 (date d’autorisation 14 janvier 1926) à 1939,

Soszngalska Halina, nationalité polonaise, sans profession avant, titulaire d’un diplôme correspondant au Brevet supérieur (1928), elle fut monitrice aux Gautherets de 1927 à 1929,

Rzasnicka Anne, nationalité polonaise, sans profession avant et sans diplôme, elle fut monitrice aux gautherets de 1927 à 1939 et retourna en Pologne,

Poradzisznowna Wiktorya, nationalité polonaise, monitrice à l’école de la mine du Magny (Montceau) de 1927 à 1929, titulaire d’un diplôme correspondant au Brevet Supérieur (1927), elle fut monitrice aux Gautherets de 1929 à la nationalisation,

Kosinska Irina, nationalité polonaise, sans profession avant, titulaire du Brevet Elémentaire (Châlon-sur-Saône, 1943), elle fut institutrice aux Gautherets de 1943 à la nationalisation.

Durant toute cette période, l’école de filles des Gautherets s’était développée et comptait plus de dix classes pourvues d’institutrices privées laïques françaises.
On peut émettre plusieurs remarques à l’analyse de ce registre des maîtresses et des employées. Les enseignantes des écoles de la mine, comme les enseignants du reste, même si elles sont sous le contrôle des Inspecteurs primaires, n’en sont pas moins recrutées et rétribuées par les Houillères. Ces dernières se sont vraisemblablement pliées aux exigences du Protocole du 17 avril 1924 concernant les nominations et les autorisations d’exercer des monitrices et moniteurs polonais. On peut s’interroger sur les qualifications de certaines monitrices et sur leur recrutement, on constate cependant qu’elles étaient relativement jeunes. Le cas d’Irina Kosinka est intéressant, née le 25 janvier 1925 à Wyszyny, elle fait ses études en France, et alors que ses compatriotes ont regagné la Pologne pour la plupart, il est probable qu’elle avait, grâce aux études en question, les moyens de rester en France. On perd sa trace après 1947, date à laquelle elle est entrée dans l’enseignement public.
En 1939, une enquête atteste la présence de seulement huit monitrices et moniteurs polonais sur les neuf écoles franco-polonaises du Bassin minier de Montceau. Le personnel enseignant laïque de la mine et les monitrices et moniteurs polonais officièrent jusqu’en 1947, date de la nationalisation des houillères.

A cette date, ces écoles devinrent des écoles publiques à la charge des communes propriétaires et des instituteurs et institutrices publiques furent nommés. Le registre dont nous avons tiré toutes les informations qui précèdent ne fut pas clos en 1947. Après la page 9, paraphée par l’Inspecteur Chlique, la page 10 porte le tampon « Ecole Publique de Filles Les Gautherets-Saint-Vallier » et à la suite sont dorénavant notées les arrivées des enseignantes publiques. Treize d’entre-elles font leur rentrée en octobre 1947 en remplacement du personnel des Houillères :

Mouchon Yvonne, Directrice,

Colomiers Marguerite, titulaire,

Lebeau  Marie, titulaire,

ASTOLFE GEORGETTE, titulaire, membre fondatrice du Musée de la Maison d’Ecole à Montceau, décédée en 2010,

Barault Simone, intérimaire,

Rorgues Odette, stagiaire,

Chevrot Andrée, suppléante,

Bouvier Alice, stagiaire,

Jarjaille Madeleine, stagiaire,

Robergeot Jeanne-Pauline, stagiaire,

Martin Denise, auxiliaire,

Gagnard Marguerite, intérimaire,

Decertenne Denise, intérimaire.
(photo registre 3)

Registre Matricule de l’école de filles des Gautherets, photographie 3 (collection musée-cliché D. Busseuil)



Jusqu'en 1947, peu d'enfants polonais avaient fréquenté les écoles publiques environnantes, même si elles leur étaient ouvertes, notamment l’école publique du quartier des Goujons toute proche (actuelle école Jules Ferry). Cette organisation scolaire n'avait pas facilité l'assimilation de la communauté polonaise durant la période 1923-1947, les enseignants polonais ayant pour mission de maintenir la culture et les traditions afin de faciliter le retour au pays, retour qui, dans la plupart des cas, n’eut jamais lieu.

Plus aucune trace d’enseignants polonais ne figure sur les registres matricules des écoles élémentaires à partir de 1947 alors que, parallèlement à l’école maternelle publique (actuelle école Danielle Casanova), subsistera jusque dans les années 80 une école maternelle polonaise encadrée par des religieuses, polonaises elles aussi.



Photo de classe, école maternelle polonaise des Gautherets, 1980 (collection musée)



Malgré tout, des cours de polonais furent toujours dispensés hors temps scolaires et perdurèrent dans les locaux de l’école de filles des Gautherets (actuelle école Marie Curie-Sklodowska) jusqu’en 2004, le jeudi, puis le mercredi après-midi,  pour les écoliers et les collégiens volontaires du quartier. Ils étaient assurés, les deux dernières décennies par Madame Dutziack, monitrice polonaise, dans le cadre de l’Enseignement des Langues et Cultures d’Origines (E.L.C.O) mis en place à partir de 1973, sans que l’enseignement du Polonais, précurseur en la matière, ne soit expressément cité dans les textes officiels…



Boulevard de Verdun-Cité des Gautherets, les habitants, tous polonais, travaillaient aux seuls puits d’extraction Saint-Amédée et Darcy et s’organisaient autour de leurs propres magasins et lieux de loisirs. (collection privée)

Cinéma des Gautherets, actuelle salle des fêtes Mandela (collection privée)

Magasin-coopérative des Gautherets (collection privée)



Pour en revenir à l’année 1947, la nationalisation des compagnies minières ne constitua pas seulement un changement de structure économique ou  une modification dans le régime de propriété, elle annonçait aussi la transformation de la politique d’encadrement des mineurs polonais qui était celle des compagnies privées. Elle imposait la laïcisation. Le soutien matériel de la Société des Mines, accordé aux ordres religieux (mise à disposition de maisons, financement de leurs activités) et notamment en ce qui concernait les sœurs accueillant les enfants d’âge maternel des Gautherets,  était remis en question. Les écoles des Mines furent intégrées dans le système public, ce qui n’alla pas sans créer de multiples sujets de débats : qu’allait-on faire des monitrices et des moniteurs polonais de ces écoles ? 

Cette nationalisation affecta directement le catholicisme et le milieu polonais en général. Se posa aussi le problème du paiement des aumôniers. La Mission Catholique Polonaise était incapable de l’assumer seule, aussi ne devaient-ils compter désormais que sur la générosité des fidèles. Le passage des écoles privées dans le giron de l’Education Nationale fragilisa l’organisation des cours de polonais qui ne pouvaient plus être assurés qu’en dehors des horaires scolaires. Le rédacteur en chef du journal polonais Narodowiec s’en inquiéta, découvrant tardivement, semble-t-il, que la République Française est définitivement laïque depuis 1905 : « La Nationalisation des Mines françaises a détruit la liberté des écoles des Mines. Jusqu’alors la direction des Houillères, en vertu d’une convention passée avec les représentants polonais, assurait l’entretien des écoles polonaises. Que va-t-il advenir de ces établissements ? L’enseignement de l’état (sic) n’admet ni les institutions étrangères, ni l’éducation religieuse des enfants… C’est là une contrainte risquant de compromettre notre influence civilisatrice chez nos compatriotes ». Ce ne fut d’ailleurs pas le seul facteur de crise. En effet, comment la communauté polonaise allait-elle vivre la naissance d’une Pologne communiste ? Ce changement politique scella probablement le sort de cette idée de retour au pays et accéléra l’intégration définitive des migrants dans la société française.

Il reste que la Mission catholique mandate toujours  un prêtre de nos jours sur le Bassin minier de Montceau aujourd’hui sans activité minière. Il a en charge la communauté « polonaise » et célèbre la messe en polonais dans les chapelles des quartiers de La Saule, du Bois-du-Verne, des Baudrats et des Gautherets.



Ancienne plaque de l’école de filles des Gautherets, le nom de Marie Curie, Née Maria Sklodowska à Varsovie y est mal orthographié (collection privée).



Regard sur l’évolution de l’enseignement des langues d’origines

À partir de 1973, dans les écoles françaises, s’est organisé pour les enfants de ressortissants étrangers venus s'installer en France avec leurs familles,  un enseignement de leur langue et culture d'origine. Le cadre juridique actuel des enseignements de langues et cultures d'origine résulte de négociations diplomatiques avec les pays concernés. Cet enseignement a été mis en place progressivement dans le cadre d’accords bilatéraux conclus entre la France et certains pays d’émigration :
Portugal (1973)
Italie, Tunisie (1974)
Maroc, Espagne (1975)
Yougoslavie (1977)
Turquie (1978)
Algérie (1981)
L’Enseignement de Langue et Culture d’Origine (ELCO)  peut être dispensé par les enseignants des pays suivants : Algérie, Maroc, Tunisie, Espagne, Italie, Portugal et Turquie.

Pour la langue arabe, les enfants d’origines marocaine, tunisienne ou algérienne peuvent être regroupés dans un cours unique, selon les effectifs.

L’objectif premier de l’ELCO était de permettre aux élèves étrangers de mieux s'insérer dans le système éducatif du pays d'accueil, tout en maintenant des liens avec leurs racines et en préservant la possibilité d'un retour au pays.

Les objectifs étaient avant tout de valoriser la culture et la langue d’origine des élèves et de permettre la mise en place d’activités interculturelles dans un but plus général : améliorer leurs compétences linguistiques  et  leur réussite scolaire.

L’ELCO a permis également une médiation école-famille. Enseignants à part entière, membres des équipes pédagogiques, les enseignants LCO, connaissant le fonctionnement de l'école française et ses exigences, ont pu assurer un rôle de médiateurs  et constituer des référents précieux pour les enseignants et les familles. Ces enseignements ont essentiellement été dispensés dans l'enseignement primaire. Les enfants dont les familles le souhaitent bénéficiaient de trois heures de cours par semaine.

Les  cours 
avaient lieu :
- soit pendant le temps scolaire : il s’agissait alors de cours intégrés (circulaire du 9 avril 1975) ;
- soit en dehors du temps scolaire ou des périodes de scolarité, il s'agissait alors de "cours différés" qui étaient toutefois dispensés dans les locaux scolaires.

Les cours de langues et cultures d’origine ont constitué des activités d’enseignement. À ce titre, ils nécessitaient l’utilisation de locaux scolaires mis à disposition gratuitement sous la seule autorité de l’administration scolaire. Le maire devait mettre à disposition des lieux adaptés et veiller au respect des règles de sécurité en vigueur. Les enseignants de langue et culture d’origine étaient en détachement administratif et rémunérés par leur pays : le financement étant assuré par les pays étrangers pour ce qui concerne les postes  et les manuels utilisés par les enfants.

Le fonctionnement quotidien était assuré par l'école d'implantation : les maîtres étrangers devaient avoir à leur disposition les mêmes moyens que leurs collègues français :
« Les recteurs et les inspecteurs d’académie assurent une responsabilité directe dans la mise en place des enseignements de langue et culture d’origine, à la fois dans les domaines de l’organisation des enseignements, de l’affectation des enseignants et du contrôle des enseignants avec le concours des corps d’inspection. »

Les différents accords précisaient que l'enseignement spécifique que représentait l’ELCO devait tenir compte des principes généraux de l'éducation nationale française. L'obligation du "respect par les enseignants étrangers des dispositions générales et usages dans les écoles françaises" fut rappelée dans les différentes circulaires. Par ailleurs, le ministère de l'éducation nationale élabora plusieurs textes d'accompagnement communs à tous les enseignements de langues et cultures d'origine pour la mise en œuvre pratique et pédagogique des cours. L’inspection des personnels permit un contrôle administratif et pédagogique. Il permit ainsi d’évaluer le fonctionnement, le contenu et la qualité des enseignements LCO. Ces contrôles prenaient soit la forme de visites de classes sans la présence d'un inspecteur étranger, soit la forme d'inspections conjointes. Les enseignants LCO eurent accès à tous les plans de formation continue qui devaient leur être diffusés (formation spécifique, plan départemental de formation continue, plan académique de formation continue, animations pédagogiques de circonscription). Une formation spécifique était proposée chaque année par l’Inspecteur de l'Education Nationale chargé du dossier LCO, en lien avec le CASNAV-Centre Académique pour la Scolarisation des Nouveaux arrivants et des Voyageurs (apport de documents pour connaître le système éducatif français, ressources pédagogiques, ...).

Le rôle du directeur d’école : l’enseignant LCO était membre de l’équipe éducative. Le directeur devait contrôler la présence et l’assiduité des enseignants et élèves. Des évaluations régulières étaient indispensables pour évaluer les acquisitions des élèves. Les résultats de ces évaluations doivaient figurer dans le livret scolaire de l’élève et être transmis aux familles. Les enseignements de langue et culture d’origine étant des enseignements linguistiques dispensés dans le cadre scolaire, ils devaient, à ce titre, se rapprocher progressivement du Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues (CECRL).

L’enseignement LCO fut considéré comme un élément d’un parcours linguistique reconnu et prit toute sa place dans le plan de généralisation des langues à l’école primaire. Dans le cadre du plan de développement des langues vivantes étrangères, le dispositif ELCO devait partiellement évoluer et se transformer en enseignement de langue vivante étrangère, poursuivi éventuellement au collège. 


Quand Les ELCO sont devenues EILE

Conformément à la circulaire n° 2016-058 du 13 avril 2016, les ELCO ont évolué progressivement vers un dispositif dénommé « Enseignements Internationaux de Langues Etrangères » (EILE).

Ce remplacement fut inauguré avec la langue portugaise à la rentrée. Les Ministres de l’Éducation de la France et du Portugal se sont rencontrés le lundi 25 juillet à Paris pour adopter une déclaration politique, également signée par le Ministre des Affaires étrangères portugais, visant à renforcer la coopération bilatérale dans le domaine linguistique : « Cette déclaration témoigne des liens d’amitié et de confiance qui unissent les deux pays et s’inscrit dans un contexte particulièrement intense et dynamique du point de vue politique, comme en attestent les visites récentes au plus haut niveau.

Elle traduit avant tout la forte volonté politique d’inaugurer une nouvelle étape, encore plus ambitieuse, dans la promotion de la langue du partenaire dans les systèmes éducatifs des deux pays.

Le français et le portugais possèdent, en effet, une dimension internationale en tant que langues de travail, de communication et de culture : un atout commun que reflète l’ambition de cette déclaration conjointe.

C’est dans ce contexte que s’inscrit en France le remplacement des Enseignements de Langue et Culture d’Origine (ELCO) par le nouveau dispositif d’Enseignements Internationaux de Langues Etrangères (EILE). Ce nouveau dispositif bénéficiera d’un encadrement, d’un accompagnement et d’une coordination renforcés entre les ministères des deux pays tant du point de vue de la pédagogie et des programmes que des enseignants mis à disposition. »
Le Portugal a accepté d’être le partenaire de la France pour que ce projet pionnier puisse commencer à être mis en œuvre dès la rentrée 2016. Cette évolution est déterminante pour l’avenir, car elle permettra de consolider les langues concernées comme langue vivante étrangère dans le système éducatif français et permettre, dans le cadre du nouveau dispositif EILE, à tous les élèves qui le souhaitent de commencer leur apprentissage dès le premier degré, et de le poursuivre ensuite dans le second degré. La rentrée 2018 verra l’élargissement du dispositif : http://web.ac-toulouse.fr/web/dsden-hautes-pyrenees/8907-enseignement-langue-et-culture-d-origine-elco.php

Sources :

-       « Cent ans d’école », groupe de travail de la Maison d’Ecole
-       Archives et travaux du musée de la Maison d’Ecole
-       Bulletins de l ‘Instruction Publique, collection musée
-       Ouvrages d’Edmond Gogolewski, Cahiers du Rayonnement Culturel Polonais.)
-       CNHI, fonds photographique Kasimir Zgorescki
-       Archives Départementales du Pas-de-Calais.

P.P

1 commentaire:

  1. Trés interessant.A la retraite depuis 16 ans , je n'avais pas lu les derniers textes concernant ce sujet. Mais je me souviens d'etre intervenu auprés du Consulatde Turquie pour non-respect dela laïcité. Au Creusot , des instituteurs et des Inspecteurs Polonais furent expulsés en1*949 pour espionnageM THIERY

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