mercredi 6 février 2019

La rue de Harnes au Bois-du-Verne



Le mystère de la rue de Harnes ?

Des archives inédites dévoilées au musée 
ce dimanche 10  février



La nièce et la marraine

La ville de Montceau-les-Mines possède une rue de Harnes, dans le quartier du Bois-du-Verne. La ville de Harnes (département du Pas-de-Calais, proche de Courrière) possède une rue de Montceau-les-Mines (où est situé un musée de l’Ecole et de la Mine). Coïncidence ou réelle volonté ?
Tout commence en août 1914…



Août 1914 : l’invasion allemande sème la panique parmi les populations civiles : 1 000 000 de belges quittent leur pays (500 000 vers les Pays-Bas, 320 000 vers le Royaume Uni et la France), mais ils ne sont pas les seuls à prendre la route. Les français des régions du Nord et de l’est aussi fuient les zones de combat (entre 80 000 et 120 000 habitants pour les seuls départements de la Meuse et de la Meurthe-et-Moselle). 





En 1918, point culminant, le nombre des réfugiés français est estimé à 2 000 000. On recense alors, pour les départements du nord de la France, tous les réfugiés dispersés dans le pays, département du Nord : 311 000 réfugiés soit 16 % de la population d’avant-guerre. Département du Pas-de-Calais : 321 000 réfugiés, département de la Somme : 173 000 réfugiés, département de l’Aisne : 163 000, soit 33 % de la population de ces trois départements.

Les autorités n’avaient pas anticipé cet exode mais, dans l’urgence, une loi du 5 août 1914 attribue à l’armée, la charge de pourvoir aux besoins vitaux de ces « déplacés ». La circulaire du 1er décembre 1914 créera une allocation de 1.25 F par jour et par adulte et 50 centimes par enfant (allocation identique à celle des femmes de mobilisés).

Les populations d’accueil compatissent largement au début, mais comme de tous temps, les mêmes causes produisent les mêmes effets et l’hostilité s’installe. Les réfugiés deviennent des « lâches » et sont qualifiés parfois de « boches du Nord » qui vivent de leur allocation sans travailler. De plus, la communication n’est pas aisée. En 1914, encore une partie importante de la population parle peu le français, à chacun son patois… Les modes de vie sont aussi très différents d’une région à l’autre.

Toutefois, le reproche de l’assistanat ne semble pas de mise dans le bassin minier de Montceau, les réfugiés du Nord étant pour la plupart des mineurs d’origine. Ils prendront une part active dans la production des houillères de Blanzy (effectifs de la mine en 1917 : 100 étrangers, 2 130 prisonniers de guerre, 2 390 gens du Nord et 6 900 montcelliens). Quelques problèmes surviendront cependant (voir au musée le rapport sur les événements du 15 août 1917).

Malgré tout, la solidarité d’après-guerre en faveur des régions ravagées sera pleine et entière de la part des montcelliens. A la demande de la ville de Harnes, ville minière au demeurant (où sont exploitées les fosses 9-17-21 et 22 de la Compagnie des Mines de Courrière), la ville de Montceau-les-Mines devient sa marraine de reconstruction. S’en suivront alors, outre les subventions versées, des rencontres et échanges entre les deux communes jusqu’à l’année 1928 où une dernière délégation de Montceau se rendra à Harnes pour la « Fête de la Renaissance ».






Archives exposées au musée : délibérations du conseil municipal, rapport de police, tables des réfugiés en Saône-et-Loire, photographie des élus prise à Harnes en 1928. 

Sources :

-       Les réfugiés de guerre dans la société française, article de Philippe Nivet in Histoire, Economie et Société

-       Le Journal des Réfugiés du Pas-de-Calais https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k45333491.item

-       La Saône-et-Loire pendant la guerre de 1914-1918, M. Marguin (AD71)-S. Régnier (Maison d’Ecole)-J. Michel et M. Petit (professeurs d’HG), 1984, CNDP71

-       Archives Départementales de Saône-et-Loire (Série M, liasse 3313)

-       Tables et listes des réfugiés des départements du Nord


-       Documentation Yves Defasque, Musée de l’Ecole et de la Mine de Harnes, rue de Montceau-les-Mines, 62440 Harnes et Musée d’Histoire et d’Archéologie, rue André Déprez, 62440 Harnes 


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