Le
mystère de la rue de Harnes ?
Des
archives inédites dévoilées au musée
ce dimanche 10 février
La nièce et la marraine
La ville de Montceau-les-Mines possède une rue de Harnes,
dans le quartier du Bois-du-Verne. La ville de Harnes (département du
Pas-de-Calais, proche de Courrière) possède une rue de Montceau-les-Mines (où
est situé un musée de l’Ecole et de la Mine). Coïncidence ou réelle
volonté ?
Tout commence en août 1914…
Août 1914 : l’invasion allemande sème la panique parmi
les populations civiles : 1 000 000 de belges quittent leur pays
(500 000 vers les Pays-Bas, 320 000 vers le Royaume Uni et la
France), mais ils ne sont pas les seuls à prendre la route. Les français des régions du Nord et de l’est aussi
fuient les zones de combat (entre 80 000 et 120 000 habitants pour
les seuls départements de la Meuse et de la Meurthe-et-Moselle).
En 1918, point culminant, le nombre des réfugiés français est
estimé à 2 000 000. On recense alors, pour les départements du nord
de la France, tous les réfugiés dispersés dans le pays, département du
Nord : 311 000 réfugiés soit 16 % de la population d’avant-guerre. Département
du Pas-de-Calais : 321 000 réfugiés, département de la Somme : 173 000
réfugiés, département de l’Aisne : 163 000, soit 33 % de la
population de ces trois départements.
Les autorités n’avaient pas anticipé cet exode mais, dans
l’urgence, une loi du 5 août 1914 attribue à l’armée, la charge de pourvoir aux
besoins vitaux de ces « déplacés ». La circulaire du 1er
décembre 1914 créera une allocation de 1.25 F par jour et par adulte et 50
centimes par enfant (allocation identique à celle des femmes de mobilisés).
Les populations d’accueil compatissent largement au début,
mais comme de tous temps, les mêmes causes produisent les mêmes effets et
l’hostilité s’installe. Les réfugiés deviennent des « lâches » et
sont qualifiés parfois de « boches du Nord » qui vivent de leur
allocation sans travailler. De plus, la communication n’est pas aisée. En 1914,
encore une partie importante de la population parle peu le français, à chacun
son patois… Les modes de vie sont aussi très différents d’une région à l’autre.
Toutefois, le reproche de l’assistanat ne semble pas de mise
dans le bassin minier de Montceau, les réfugiés du Nord étant pour la plupart
des mineurs d’origine. Ils prendront une part active dans la production des
houillères de Blanzy (effectifs de la mine en 1917 : 100 étrangers,
2 130 prisonniers de guerre, 2 390 gens du Nord et 6 900
montcelliens). Quelques problèmes surviendront cependant (voir au musée le rapport
sur les événements du 15 août 1917).
Malgré tout, la solidarité d’après-guerre en faveur des
régions ravagées sera pleine et entière de la part des montcelliens. A la
demande de la ville de Harnes, ville minière au demeurant (où sont exploitées
les fosses 9-17-21 et 22 de la Compagnie des Mines de Courrière), la ville de
Montceau-les-Mines devient sa marraine de reconstruction. S’en suivront alors,
outre les subventions versées, des rencontres et échanges entre les deux
communes jusqu’à l’année 1928 où une dernière délégation de Montceau se rendra
à Harnes pour la « Fête de la Renaissance ».
Archives
exposées au musée : délibérations du conseil municipal, rapport de police, tables
des réfugiés en Saône-et-Loire, photographie des élus prise à Harnes en 1928.
Sources :
-
Les réfugiés de guerre dans la société
française, article de
Philippe Nivet in Histoire, Economie et
Société
-
Le Journal des Réfugiés du Pas-de-Calais https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k45333491.item
-
La Saône-et-Loire pendant la guerre de
1914-1918, M. Marguin
(AD71)-S. Régnier (Maison d’Ecole)-J. Michel et M. Petit (professeurs d’HG),
1984, CNDP71
-
Archives
Départementales de Saône-et-Loire (Série M, liasse 3313)
-
Tables et listes
des réfugiés des départements du Nord
-
Documentation
Yves Defasque, Musée de l’Ecole et de la Mine de Harnes, rue de
Montceau-les-Mines, 62440 Harnes et Musée d’Histoire et d’Archéologie, rue
André Déprez, 62440 Harnes
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