D’une
guerre à l’autre
Les
« mobilisés deux fois »
Promotions de l’Ecole Normale de Mâcon
de 1911/1914 à 1916/1919
La Der des Der ?
Dans le
cadre de la commémoration du Centenaire de la Grande Guerre, les cinq dernières
années auront vu trois expositions labellisées « Label su Centenaire »
se succéder au Musée de la Maison d’Ecole de Montceau. Trois présentations intimement
liées : la première, « Les Mômes du centenaire » qui a tenté de
montrer quel rôle fut confié à l’école dans l’implantation d’une République
forte et dans la préparation des corps et des esprits à un conflit que l’on
savait inéluctable. La seconde, « Les instits du Centenaire », qui a proposé
un « instantané » des maîtres et des écoliers pendant le conflit de
1914-1918 et la troisième « 1918 : l’espoir d’une paix universelle !
Période 1918-1939 » qui tente actuellement d’expliquer le passage d’une
guerre à l’autre. Pour les conscrits des classes 1911 à 1916, ce fut la double
peine…
Voir la vidéo en fin d'article
Toutes les expositions temporaires de notre
musée tendent vers une mise en situation concrète du visiteur. Tout
d’abord, dans une salle de classe
1890-1914, devenue ensuite une salle de classe 1914-1918, pour finir
actuellement en salle de classe 1920. Ensuite à travers le récit de destins
locaux tragiques : celui d’un élève comme tant d’autres pris dans la
spirale des événements de ce début de XXème siècle, Antoine Chaînard de Marizy
ou encore celui d’un instituteur, Paul Constant Moutardier de Montceau,
Normalien en 1914.
Pourquoi sortir ce maître et cet
écolier de l’ombre où ils s’étaient endormis comme des millions d’autres
malheureux ? Peut-être parce que c’est
un peu de leurs vies que retracent les trois expositions 2014, 2015 et 2018, et
à travers ces récits, la destinée de millions d’autres resurgit.
Leur parcours symbolique est lié à cette
guerre de 1870 perdue par la France et à l’instauration de l’école de la
Troisième République. Leur passage par l’école publique fut sans nul doute
marqué par la militarisation du milieu scolaire et par un enseignement
patriotique exacerbé empreint d’humiliation et de revanche. Leur sacrifice
suprême devait conduire à la paix
Notre évocation de cet enseignement, notre
hommage rendu aux maîtres morts pour la France ont pour objectif essentiel de
faire prendre le recul nécessaire à la compréhension d’un contexte historique
d’un autre temps et d’éviter ainsi de porter un jugement trop rapide et
forcément subjectif sur les documents exposés. Mais n’est-ce pas là le rôle des
guides que nous sommes, que de proposer les clés de lecture que nécessite une exposition,
notamment auprès du jeune public ?
Souhaitons que nos recherches, à travers le
prisme de l’école, ont apporté un éclairage particulier sur l’avant et l’après
conflit de 1914-1918 et confirmeront l’hypothèse que cette préparation précoce,
à une guerre que l’on ne souhaitait pas vraiment, a été un des facteurs
expliquant l’endurance des poilus face aux souffrances extrêmes qu’ils ont
subies.
Laissons maintenant la place à ces jeunes
poilus rescapés du premier désastre et à qui on imposa un retour vers l’enfer.
Retour fatal pour certains…
Les « mobilisés deux fois »
PROMOTION
11/14
BERTHAULT Jules-Antoine (11/14) :
Né le 7 avril 1895 à Moroges. Il fut mobilisé
de 1916 à 1919, puis en 1939-45, il fut rappelé à l’école militaire d’Autun.
BERTHELON Charles (11/14) :
Né le 27 mars 1894 à Montcau-les-Mines.
Envoyé à l’Armée d’Orient en 1915, devenu capitaine d’infanterie et Chevalier
de la Légion d’Honneur, il s’engagea en 1918. A la mobilisation de 1939, il
avait le grade de lieutenant-colonel de la 11ème escadre aérienne. Il
fut tué dans un accident d’avion en 1940.
JACQUIN Claudius-Armand-Pierre
(11/14) :
Né le 18 juillet 1895 à Germoles. Engagé volontaire au 134ème
R.I en juillet 1914, il fut promu officier, plusieurs fois cité et obtint la
Légion d’Honneur. Fait prisonnier en janvier 1918, il fut libéré en 1919.
Mobilisé à nouveau en 1939, il était capitaine au 134ème R.I.
PROMOTION 12/15
BOULETREAU Jean-Baptiste
(12/15) :
Né le 12 février 1897 à Mâcon. Mobilisé le 11
janvier 1916 au 44ème R.I, il fut versé dans le service auxiliaire à
la suite d’une grave maladie contactée au front jusqu’à sa démobilisation en
1919. Entré dans la Résistance en 39-45, il est titulaire de la Croix de
Combattant volontaire de la Résistance.
DESVAUX Henri (12/15) :
Né le 20 septembre 1896 à Velaine-en-Haye
(Meurthe et Moselle). Incorporé en mars 1915 au 56ème R.I, il fut
envoyé au front avec le 29ème R.I, puis passé au 167ème,
il partit pour le front d’Orient avec le 84ème R.I. Il combattit en
Grèce, en Serbie, en Bulgarie et en Turquie. Il fut blessé et termina la guerre
sur les bords du Bosphore. A nouveau mobilisé en 1940, à son retour la même
année, il fut déplacé de son poste d’instituteur à Mâcon vers le Cantal pour
raisons politiques. Il revint à la libération.
DESVIGNES Jeau-Joseph (12/15) :
Né le 13 septembre 1896 à
Saint-Léger-sous-Beuvray. Mobilisé pendant les deux guerres, il fut cité au
cours de la première et de nouveau au cours de la dernière.
FORET Claude (12/15) :
Né le 13 janvier 1896 à Chenoves. Mobilisé en
1915 jusqu’à 1919, il fut mobilisé à nouveau comme officier en 1939, fait
prisonnier et rapatrié comme ancien combattant le 19 août 1941. Il connut une
fin tragique lors de la débâcle allemande. Le 29 juin 1944, après un combat
entre allemands et maquisards, il se rendait avec son fils, à l’aide d’une
femme de prisonnier dont la ferme venait d’être incendiée. Attaqué par une
patrouille allemande, il fut gravement blessé. Après s’être dissimulé dans
un fossé durant trois heures, il fut secouru et transporté à la clinique de
Louhans où il devait décéder le 16 juillet. Deux fois cité au cours de la
guerre de 14-18, il était décoré de la Croix de Guerre avec trois citations. Il
était Chevalier de Légion d’Honneur et capitaine de réserve.
LAGNEAU Léon-Michel (12/15) :
Né le 30 mars 1896 à Sommant. Appelé au
service militaire du 12 avril 1915 à l’année 1919, sa carrière fut interrompue
à nouveau de 1939 à 1945. Jean-Baptiste
BOULETREAU a évoqué les souffrances inhumaines, fièrement supportées par
l’ardent patriote et le résistant inflexible que fut Léon LAGNEAU. Ces
souffrances furent sans nul doute la cause de sa mort prématurée à 65 ans.
PAGNEUX Charles-Hippolyte
(12/15) :
Né le 17 juillet 1896 à Louhans. Incorporé au
56ème R.I le 22 août 1916, puis passé au 134ème R.I, il
fut fait prisonnier en Champagne le 1er mars 1918. Evadé le 11
novembre suivant, il est affecté au 56ème et démobilisé le 19
septembre 1919. Il fut à nouveau mobilisé en 1939 puis appelé comme travailleur
militaire en 1940.
VALLET Léon-François (12/15) :
Né le 30 décembre 1895 à La Côte-Saint-André
(Isère). Appelé le 15 décembre 1914 au 40ème R.I, il fut envoyé sur
le front de l’Argonne en avril 1915 puis combattit sur la plupart des fronts.
Promu officier, il obtint cinq citations et la Croix de Chevalier de la Légion
d’Honneur. Appelé à nouveau aux armées en 1939, il y contracta une grave
maladie.
PROMOTION
13/16
DEMAIZIERES Jean-Baptiste-Eugène
(13/16) :
Né le 4 septembre 1896 à
Saint-Léger-sur-Dheune. Il fut appelé le 11 avril 1915 au 60ème R.I.
Pendant la guerre de 39-45, il entra dans la Résistance où il prit une part
très active. Il est décédé le 7 juin 1945 à Lindau en Allemagne, il
était alors capitaine de gendarmerie, Chevalier de la Légion d’Honneur,
titulaire de la Médaille Militaire et de la Médaille de la Résistance.
LECHERE Jean-Louis (13/16) :
Né le 7 septembre 1897 à Saint-Boil. Appelé
en 1915 au 32ème R.I, il revint en 1919 titulaire de deux citations.
Mobilisé en août 1939 comme lieutenant au 54ème R .C.I, il fut
démobilisé à Hyères le 30 juillet 1940. Entré dans la Résistance en avril
1941,chargé de mission de première classe au réseau Gloria S.M.H, il fut arrêté
par la Gestapo le 17 avril 1944. Déporté au camp de Neungamm, il est décédé
le 12 mai 1945 à Sandbastel. Il était Chevalier de la Légion d’Honneur,
décoré de la Croix de Guerre avec Palme et de la Médaille de la Résistance à
titre posthume.
PROMOTION
14/17
DIOT Eugène (14/17) :
Né le 15 juillet 1896 à Torcy. Incorporé en
avril 1915au 56ème R.I, il est blessé dans la Somme en 1918 et
décoré de la Croix de Guerre. Démobilisé en septembre 1919,il devait être
rappelé en 1940 à la 8ème section de C.O.A à Chalon.
FARGETON Louis-Marie-Alphonse
(14/17) :
Né le29 décembre 1897 à Créot. Mobilisé le 10
août 1916 au 10ème B.C.P puis dans l’aviation aux escadrilles V.B
101 et 130. Blessé au combat, il reçoit la Légion d’Honneur. Il sert à nouveau
pendant la Seconde Guerre comme capitaine d’aviation, il est décoré des deux
Croix de Guerre 1914-18 et 1939-45.
LANCHAIS Paul (14/17) :
Né le 29 novembre 1898 à Lewarde (Nord).
Appelé fin mars 1917, démobilisé le 28 mai 1920, il était sous-lieutenant au 13ème
Régiment d’Artillerie. Il a été blessé au combat et cité. Mobilisé à nouveau en
1939, admis au concours de direction à Paris et nommé en octobre 1942, il
s’estime incapable de se plier aux directives officielles du moment et surtout de les imposer à ses adjoints, il
se met en congé. Il fut Chevalier de la Légion d’Honneur et titulaire des deux
Croix de Guerre 1914-18 et 1939-45.
MAIREY
Raymond-André (14/17) :
Né le 21 mars 1897 à Dijon. Appelé en août
1916, il est fait prisonnier et passe un an de captivité en Allemagne. Décoré
de la Croix de Guerre, il est à nouveau mobilisé en 1939.
PAPET Louis-Antonin (14/17) :
Né le 10 mai 1898 à Cormatin. Appelé à la fin
de 1917, il termine la guerre comme sous-lieutenant au 113ème
Régiment d’Artillerie. Commandant en 1939, il fut affecté à l’Etat-Major du
Général Gamelin.
PORNON André (14/17) :
Né le 18 septembre 1897 à Mâcon. Appelé en
janvier 1916 au 56ème R.I, il est démobilisé en 1919 avec le grade
de sergent, blessé au front, il est titulaire de la Médaille militaire et de la
Croix de Guerre. Il fut à nouveau mobilisé en 39-40.
SANGOUARD Fernand (14/17) :
Né le 26 mars 1896 à Grury. Mobilisé en avril 1915, il termine la guerre
avec le grade de lieutenant, décoré de la Légion d’Honneur et décoré de la
Croix de Guerre (3 citations). Il devait être à nouveau rappelé comme capitaine en 1939.
SIMON Alfred (14/17) :
Né le 7novembre 1897 à La Vineuse. Mobilisé
en décembre 1915 au 162ème R.I, blessé au front, cité, il terminera
la guerre au grade d’officier. Mobilisé à nouceau en 1939 comme capitaine au
334ème R.I, blessé à Toul le 19 juin 1940, il fut l’objet d’une
nouvelle citation. Il fut Chevalier de
la Légion d’Honneur, Commandeur du Mérite Militaire et décoré des deux Croix de
Guerre 1914-18 et 1939-45.
PROMOTION
15/18
BEUGRAS
Edmond-Etienne (15/18) :
Né le 23 mai 1899 à Saint-Marcellin-de-Cray.
Mobilisé en avril 1918 au 14ème B.C.A et démobilisé en avril 1921,
il est mobilisé à nouveau en 1939 comme lieutenant au 418ème
Régiment de Pionniers, il fut fait prisonnier et interné à Lübeck, puis à
Feshbeck de juin 40 à août 41.
BOEUGRAS Adrien-François-Roger
(15/18) :
Né le 6 février 1899 à Montceau-les-Mines.
Mobilisé au 56ème R.I à Chalon-sur-Saône en 1918, puis passé au 163ème
R.I, il fut démobilisé le 28 mars 1921. Lieutenant de réserve, il est rappelé
sous les drapeaux en septembre 1938.
CLAIR Claude (15/18) :
Né le 13 janvier 1899 à Brion. Engagé volontaire le 5 janvier 1918,
démobilisé le 24 décembre 1920, mutilé de guerre, il est combattant volontaire
de la Résistance en 1940-45, il est décoré de la médaille d’argent de la
Reconnaissance Française.
GRIVEAU Léonard (15/18) :
Né le 20 juillet 1899 à Montceau-les-Mines,
il avait préparé le concours à l’E.P.S de Montceau qui fournira 10
élèves-maîtres de la 15/18. Mobilisé en avril 1918, il est libéré en 1921. Il
fut mobilisé à nouveau en 1939, fait prisonnier, il s’évadera et sera détaché à
l’E.N.P de Chalon.
JOBEY François-Robert (15/18) :
Né le 18 juin 1899 à Montceau-les-Mines.
Engagé pour 3 ans dans la marine, il fut libéré en 1921. Il est mobilisé de
nouveau à Oran en 1939 et démobilisé en octobre 1941. Nommé à l’E.P.S Victor
Hugo de Marseille, il est déclaré démissionnaire d’office pour appartenance à
une « société secrète », vraisemblablement la franc-maçonnerie. Il
fut réintégré le 1er octobre 1944.
NAVOIZAT Joanny-Louis-Claudius
(15-18) :
Né le 2 mars 1898 à
Saint-Christophe-en-Brionnais. Appelé en avril 1917, ilest démobilisé en mai
1921. Dès 1940, il prendra une part particulièrement dangereuse aux activités
de la Résistance. Arrêté par la Gestapo, interné du 17 avril au 26 juillet
1944, il devait connaître les souffrances de la déportation du 27 juillet 1944
au 27 mai 1945.
PARIAT Claudius (15/18) :
Né le 23 mars1899 à Montceau-les-Mines.
Incorporé en mars 1918 au 56ème
R.I, il est démobilisé en mars 1921. Il est appelé à nouveau en 1939 comme
lieutenant au 418ème Régiment de Pionniers. Il fut interné en Suisse
et rapatrié en janvier 1941.
PEITIJEAN Paul (15/18) :
Né le 26 octobre 1897 à Lessard-en-Bresse.
Mobilisé en décembre 1915, il fut envoyé au front comme apirant après un stage
à Saint-Cyr. Blessé au poumon, il est
décoré de la Médaille Militaire et de la Croix de Guerre. En 1939, il
fut mobilisé comme professeur à l’école militaire d’Autun. Il adhéra, dès sa
formation, au groupe de résistance M.L.N de Chalon et assura le passage en zone libre de
nombreux prisonniers évadés.
ROUX Jean-Marie (15/18) :
Né le 19 août 1898 à Marcilly-lès-Buxy.
Mobilisé en avril 1917 et démobilisé en 1920, il est titulaire de la Croix de
Guerre 1914-18 (3 citations). En 1939-45, il fut combattant volontaire et
arrêté à trois reprise par l’occupant.
SALLET François-Claude-René
(15/18) :
Né le 17 mars 1899 à Romenay. Engagé
volontaire le 4 janvier 1918 et démobilisé en 1921, il est rappelé en 1939
comme maréchal-des-logis avant d’entrer dans la Résistance peu après son
retour.
VAUPRE Antoine (15/18) :
Né le 1er mai 1899 à Igé. Mobilisé
en avril 1918, il est libéré en 1921. Il est appelé en 1939 comme capitaine,
blessé au combat de Foug, près de Toul et fait prisonnier, il fut rapatrié
comme blessé en novembre 1940. Il est décoré de la Croix de Guerre et de la
Légion d’Honneur.
PROMOTION 16/19
AUGOYARD Jean-Joseph-Lucien
(16/19) :
Né le 16 novembre 1899 à Suin. Incorporé le17
avril 1918 au 26ème R.I, puis versé au 134ème , libéré du
service militaire le 20 mars 1921 et rappelé sous les drapeaux du 3 mai au 30
juin 1921, il fut mobilisé à nouveau du 1er septembre 1939 à fin
juillet 1940.
JANDOT
Claude-Eugène (16/19) :
Né le
11 mars 1899 à Mouthiers-en-Bresse. Mobilisé d’avril 1918 à juin 1921,
directeur à Saint-Bonnet-en-Bresse depuis 1936, c’est dans cette commune qu’il
fut arrêté par la Gestapo dans l’après-midi du 21 avril 1944 en compagnie du
receveur des postes. Ayant tenté de fuir, trois coups de révolver furent tiré
sur lui sans qu’on ait pu savoir si il avait été atteint. Interné d’abord au
Fort de Montluc à Lyon, il devait être déporté en Allemagne en juillet 1944. Il
y serait décédé le 26 décembre.
PETIT Paul-Louis-René (16/19) :
Né le 15 septembre 1900 à Germolles. Engagé
pour la durée de 1918, il est mobilisé en septembre 1939 puis fait prisonnier
le 17 juin 1940. Il est interné en
Allemagne et en Autriche et libéré le 28 novembre 1941.
Les mobilisés deux fois de l’Ecole
Normale de Mâcon :
P.P
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