Les
registres obligatoires autrefois
Le registre matricule
Ce
registre matricule, obligatoire, est destiné à l'inscription dans l'ordre
chronologique des enseignants et des enfants ayant fréquenté l'école concernée,
si peu que ce soit. Dans certains cas, on note la présence de 3 enfants
inscrits pour la journée, enfants de forains dont il fallait bien faire viser
le carnet de scolarité. Pour les élèves, outre l'état civil des parents, on y
trouve les dates d'entrée à l'école et de sortie, et une appréciation de
l'instituteur plus ou moins détaillée, ainsi que la destination de l'élève qui
quitte l'école en cours de scolarité.
Quelques exemples de commentaires :
- Le 20 février 1890 (père
cultivateur) : « … a toujours
eu une bonne conduite pendant le temps qu’il a passé à l’école de
Saint-Nizier »
- Le 2
avril 1890 (père maquignon) : « élève
intelligent, travailleur et soigneux. Fréquente la commune de
Saint-Symphorien-de-Marmagne où ses parents travaillent »
- Le
30 avril 1890 (mère journalière) : « élève peu intelligent, mais
courageux et plein de bonne volonté. A fréquenté l’école pendant quelque temps.
Sorti de l’école avec peu d’instruction »
Les annotations appréciatives cessent
pratiquement au début du siècle dernier, à noter que celles-ci n'étaient pas
toujours flatteuses. Par la suite, on ne note que le devenir des élèves, quand
on le connaît ou la réussite aux examens.
En ce qui concerne les enseignants, leur
mouvement est consigné dans une partie différente du document, sont notés tous
les maîtres et maîtresses ayant été nommés dans l’école concernée, si peu que
ce soit à nouveau (un an, une partie de l'année ou plusieurs années). On y
trouve, outre leur état civil et leurs titres, un bref "curriculum
vitae" qui retrace leur itinéraire pédagogique, leurs différentes
mutations et quelquefois une appréciation sur la qualité des examens
obligatoires passés pour être enseignant.
Pour l’étude d’une population de village ou
de quartier, le registre matricule est une mine de renseignements. Celui de
Saint-Nizier est des plus intéressants par sa longue durée. Commencé en 1883
(sans doute à l’ouverture de la Maison d’Ecole ou mairie-école), il se termine
en 1972. Il concerne donc presqu’un siècle de la vie d’une petite commune
rurale proche des centres industriels de la communauté urbaine Le
Creusot/Montceau. Saint-Nizier-sous-Charmoy changea de nom en 1904 et devint
« Les Bizots ».
Le registre de
Conseil des maîtres
La vie interne d'une école, à travers les procès-verbaux
du Conseil des Maîtres d'une école, est une trace importante de
l'évolution de celle-ci. Le Conseil des
Maîtres est une institution statutaire de toute école primaire. Au moins deux
fois par an, plus si nécessaire, sous la présidence du Directeur (ou de la
Directrice), l'un d'entre eux, souvent le dernier arrivé, étant secrétaire, les
instituteurs se réunissent pour régler les problèmes propres à chaque groupe
scolaire. Dans les séances de début d'année on retrouve plus ou moins les mêmes
communications concernant :
- la répartition des élèves dans les divers
cours et la répartition des cours entre les maîtres;
- la prévision des absences éventuelles des
instituteurs et la "ventilation" des élèves parmi les autres (les
moyens de remplacement n'étaient pas ce qu'ils sont actuellement);
- les rappels de la discipline, pendant,
avant ou entre les heures de classe.
Mais d'autres questions sont abordées suivant
les besoins : les nouveaux programmes d'enseignement, les inscriptions des
élèves, les projets de l'école...
Au fil des années et des procès-verbaux, on
trouve divers autres sujets de préoccupation : établissement d'une section de
tir scolaire, discussion animée pour l'attribution du Cours Supérieur, analyse
des programmes d'enseignement, cinéma scolaire, retenue... (2)
On peut très rapidement tirer quelques
conclusions de ces comptes rendus :
- Importance et prééminence du rôle du
Directeur.
- Le Directeur, puis les maîtres les plus
chevronnés exercent dans les grandes classes, les nouveaux, les femmes, les
derniers arrivés gardent les petites classes (pourtant, pédagogiquement, plus
difficiles à réussir).
- La diminution du nombre d’élèves de chaque
cours au long des années (plusieurs causes sans doute à chercher).
Le Conseil des maîtres, par son souci de
légiférer dans le détail (par exemple : répartition des élèves, des
matières, etc) contribuait certainement à donner à l’enseignement primaire
d’alors une stabilité, une régularité qui expliquent parfaitement son efficacité,
laquelle n’était nullement due à une meilleure qualité des élèves.
Cette fixité dans la doctrine pouvait
évidemment conduire au formalisme le plus rude, mais l’anarchie - excès inverse
– n’aurait-elle pas, finalement, été aussi nocive ? Plus tard, l’évolution
des mœurs apportera quelques réponses à la question.
Le registre d’appel
Le cahier d'appel journalier était et est
toujours un indicateur précis de la fréquentation scolaire. Il revêt une
importance particulière pour l'administration qui a, à travers lui, une preuve
de l'assiduité des élèves, et une importance aussi pour les chercheurs qui y
trouvent des indications ethnographiques de premier ordre sur les motifs
d'absence à travers toutes les époques.
Chacun des mois de l'année occupe une double
page sur laquelle apparaît la liste des élèves ainsi que les absences notées
par demi-journée et par individu. Des pourcentages mensuels des présences sont
calculés chaque mois et une colonne indique tous les motifs d'absence.
A travers ces motifs, une image sociale d'une
époque donnée se dessine, il n'est en effet pas rare de trouver, dans les
années 1900, des motifs montrant l'emploi des enfants aux travaux de la ferme
(garde des troupeaux, ramassage des pommes de terre, cueillette des cerises,
prise en charge des frères et sœurs plus jeunes...) ou dans les années
1940-1950, des motifs reflétant la pénurie d'après-guerre ("n'a pas de
sabots", "n'a pas de chaussures"...).
Le registre
d’inventaire
Ce registre servait à consigner tout le
matériel en dépôt ou propriété de l'école (mobilier, matériel pédagogique...).
Souvent y étaient adjoints la liste des ouvrages et le document de prêt de la
bibliothèque scolaire. Ce registre reflétait la part de financement de
chacun : le matériel acquis par la municipalité grâce aux deniers publics
et le matériel acquis par la coopérative scolaire grâce aux cotisations des
familles et aux rentrées diverses
(fêtes, vente de papier ou de marrons, etc).
A cet égard, il n’est pas vain de rappeler
que la cession des biens précités est régie par la loi (1).
(1) :
«
ARRÊTONS DE
DILAPIDER LE PATRIMOINE
SCOLAIRE.
Depuis quelques temps, on voit fleurir sur
des brocantes ou vide-greniers du matériel scolaire en parfait état. Ce
matériel est parfois vendu à des prix exorbitants en fonction de l'offre et de
la demande. On peut s'étonner de l'apparition de ces objets sur ce genre de
manifestations et sur le bien-fondé de cette entreprise de
"dilapidation" d'un patrimoine scolaire acheté le plus souvent sur
des fonds publics. Il serait bon, nous semble-t-il, de rappeler un certain
nombre de règles élémentaires parfois oubliées.
Le
matériel scolaire, acheté en fonction des besoins et souvent de l'évolution de
l'enseignement, a pu l'être grâce à des fonds qui proviennent d'une part ; pour
les écoles primaires, du budget municipal, et d'autre part sur des fonds
provenant des coopératives scolaires, elles-mêmes alimentées par les
cotisations des adhérents et les diverses subventions.
Ce matériel, une fois livré, doit être dûment
répertorié et inscrit au patrimoine de l'école. Lorsqu'il est réformé, il doit
tout de même être visible à toute demande d'une commission, du moment qu'il
figure à l'inventaire. La cession, à quelque personne que ce soit de ce matériel,
ne peut se faire qu'accompagnée d'une décision du conseil municipal, décision
qui doit ensuite être annexée aux objets en question sur d'éventuels lieux de
vente. Dans le cas ou celui-ci a été acheté par la coopérative scolaire, la
procédure est la même mais il s'agit cette fois d'une notification du conseil
d'école.
Le
label "Musées de France" est attribué à un organisme public dont les
seuls objectifs sont : la collecte, la restauration, l'entretien, la mise en
valeur et l'exposition puis l'archivage du patrimoine culturel national. Les
établissements qui ont ce label ont droit de préemption et sont prioritaires
pour l'acquisition des biens culturels du domaine public. (Loi du 4 Janvier 2002)
Le matériel scolaire, acheté sur des fonds
publics, fait donc partie du domaine public et de ce fait, lorsqu'une école ou
une municipalité souhaite se "débarrasser" d'un matériel dépassé,
elle doit d'abord se poser la question de savoir quel établissement public est
en mesure d'être intéressé par celui-ci avant de tout céder à une brocante.
Bien sûr, les Musées de France n'ont pas
vocation à récupérer tout le patrimoine culturel ainsi déclassé, mais ils
recherchent principalement des objets qui enrichiront leurs collections pouvant
ainsi témoigner de l'évolution du passé.
En
ce qui concerne le matériel scolaire en Saône et Loire, le seul musée de
l'école qui possède le label "Musée de France" et qui est donc
habilité pour récupérer les témoignages du passé scolaire est : le Musée de la
Maison d'Ecole à Montceau, Musée de France. » Michel BILLARD, mars
2007
(2) : A travers l’anecdote parfois pittoresque
apparaissent les relations de l’école avec la société, la municipalité, les
parents, l’administration. Le compte-rendu est donné ici à l’état brut, sans
commentaire superflu. Ces quelques pages sont issues de « Cent ans
d’école », publication du musée, chapitre de l’ouvrage qui s’inspira de « Une
école comme les autres », étude effectuée entre les deux guerres, à
travers les rapports annuels du Conseil des maîtres (période 1908-1926 puis
période 1926-1945).
Première
période 1908-1926
Deuxième période 1926-1945
On peut constater qu’à cette époque, le
Conseil des maîtres avait encore à faire pour devenir une réelle concertation
de « l’équipe éducative ». Il était tentant en effet de réduire son
activité aux seuls problèmes d’ordre matériel afin d’éviter toute intrusion sur
le terrain pédagogique...
P.P
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