De l'autorisation d’enseigner
Au diplôme d’état
L’autorisation d’instruire et la
lettre d’obédience
Au début du XIXème siècle, pour les
écoles primaires, la lettre d’obédience des Sœurs et des Frères des écoles
chrétiennes tenait lieu de diplôme et d’autorisation d’enseigner. C’est à eux
que l’Empereur avait abandonné pratiquement l’éducation du peuple, en les
intégrant en fait dans son Université. Déjà l’idée de ne pas développer
l’instruction dans les masses ouvrières et paysannes était ancrée.
L’ignorance semblait propice à entretenir une passivité favorable à la
domination d’un empereur ou, plus tard, d’une classe dominante. Napoléon
demandait surtout à ces frères d’entretenir les enfants dans un sentiment de
soumission, par l’étude du catéchisme dans lequel une place importante était
faite à l’Empereur. Le peuple appela très vite ces prêtres enseignants dont les
méthodes étaient désuètes et l’instruction personnelle limitée, les
« Frères Ignorantins ».
A partir de 1850, la lettre d'obédience tint officiellement lieu de
brevet de capacité (obligatoire depuis la loi Guizot) pour les institutrices
appartenant à des congrégations reconnues par l'état. Elle était délivrée par
les Sœurs Supérieures pour l'enseignement féminin alors que la qualité de
ministre du culte suffisait pour l'enseignement masculin. Cette institution qui
favorisait les congréganistes au détriment des instituteurs laïques,
obligatoirement brevetés, donna lieu à de violentes attaques et contribua
largement à l'extension de l'anticléricalisme. Elle disparut avec la loi du 30
octobre 1881. Son instauration était l'œuvre de Falloux, légitimiste et
catholique libéral. La loi fut présentée par Parieu qui lui donna son nom.
Ainsi favorisés, les enseignants congréganistes, en retour, étaient au
service du patron dans les bassins industriels, à l'image de Napoléon quelques
décennies plus tôt. Jules Chagot n'échappait pas à la règle à travers son école
qui devait contribuer à la « bonne moralité » des enfants et des
familles, seule garantie de paix sociale. L'église était la mieux qualifiée
pour cette tâche qui en outre ne devait pas amener la future main-d’œuvre à
trop d'instruction comme le note J.P. Brésillon : "Rien n'est prévu au-dessus de 13 ans. (..) Le mineur est un
manœuvre, le chef, un mineur promu, un gouffre sépare le mineur de l'ingénieur.
(..) L'école Chagot ne mène nulle part. C'est un purgatoire à subir le moins
mal possible, un corridor sans espérance, mais un purgatoire à rebours, une
transition non vers l'empyrée mais vers les galeries du Puits de Cinq Sous (1)".
Le premier Brevet de Capacité :
le Brevet Elémentaire
Dès la restauration, l’amélioration de la situation est notoire. On crée
un Brevet de capacité dont le nom
subsistera jusqu’en 1945 pour désigner le Brevet élémentaire et le Brevet
supérieur. Certes, les Frères en sont dispensés et la lettre d’obédience tient
lieu pour eux de brevet.
Depuis l'ordonnance de 1816, les postulants instituteurs laïques doivent
donc présenter un titre de capacité : le Brevet élémentaire. La loi Guizot du
28 juin 1833 distinguait le brevet de degré élémentaire et le brevet de degré
supérieur. Une qualification étant demandée dorénavant, les premières Ecoles
Normales, destinées à assurer la formation des futurs instituteurs, se
constituent spontanément et en 1830, quatorze départements en sont pourvus. Les
futurs instituteurs entrent à l'Ecole Normale sur concours pour deux ans et
préparent ces brevets.
La loi du 6 juin 1881 exige cette fois le brevet élémentaire pour les
instituteurs des écoles publiques et privées, ce qui supprime dans les faits la
lettre d'obédience des congréganistes, datant de 1850. A noter qu'à cette
époque, il n'est possédé que par 80% des laïcs et 9 à 10% des congréganistes.
Pour passer le Brevet élémentaire, il faut
avoir 16 ans au 1er octobre de l'année de l'examen. Il comporte 3 séries
d'épreuves.
Plus tard, ce Brevet sera passé
en 3ème de lycées, de Cours Complémentaires, de Collèges d'Enseignement
Général, de Collèges d'Enseignement Secondaire et changera plusieurs fois de
formule.
Le second Brevet de Capacité : le
Brevet Supérieur
L'enseignement primaire supérieur
s'étoffe et subit l'attraction des écoles normales. Il y dirige ses meilleurs
élèves dans une proportion importante (7 à 8%). Assez rapidement, les Ecoles Primaires
Supérieures ont en effet préparé au Brevet Supérieur (BS), diplôme donnant
accès au professorat. L'un des principaux débouchés du primaire supérieur était
ainsi le concours d'entrée à l'Ecole normale primaire où étaient formés les
instituteurs, en dehors de tout contact avec l’enseignement secondaire ou
l’enseignement supérieur.
Pour passer les épreuves du
Brevet Supérieur, il fallait posséder le Brevet Elémentaire et avoir 18 ans au
1er octobre de l'année de l'examen. Les épreuves écrites sont éliminatoires et
l'admissibilité permet de passer les épreuves orales.
Jean Zay, Ministre de l'Instruction Publique, propose le 5 mars 1937 que
les Directeurs d'écoles primaires, quant à eux, possèdent le baccalauréat.
Le Baccalauréat
C’est le décret napoléonien du 17 mars 1808 qui institue le baccalauréat
« moderne ». L’Empereur, dans sa soif de codification, étatise de
fait l’éducation. L’objectif est de former une élite administrative et
politique capable de relayer son pouvoir. Trois grades sont ainsi créés :
le baccalauréat, la licence et le doctorat. La première session du bac aura
lieu en 1809 et ne produira que 30 bacheliers, contre 1000 en 1812 et près de
2000 en 1816. Le baccalauréat comporte alors cinq disciplines : Sciences,
lettres, droit, médecine et théologie.
A partir de 1852, deux baccalauréats se distinguent : le bac ès
lettres et le bac ès sciences. En 1890, la distinction disparaît pour laisser
place à un bac en deux parties, c’est le baccalauréat de l’enseignement classique,
lui-même suivi en 1891 du baccalauréat de l’enseignement moderne.
En 1927, les baccalauréats de l’enseignement classique et moderne fusionnent
dans un baccalauréat de l’enseignement du second degré avant qu’en 1945, la
classe unique de terminale ne propose trois options : philosophie,
sciences expérimentales et mathématiques préparant à des épreuves distinctes.
Deux facteurs vont contribuer à l’ouverture du bac à un plus grand nombre :
au cours des années 30, les lycées publics deviennent gratuits et dans les
années 60, le primaire supérieur est supprimé au profit du collège unique
pendant que la scolarité est repoussée à 16 ans (1959 : la réforme Berthoin du 6 janvier prolonge l'obligation scolaire jusqu'à 16 ans pour tous les enfants âgés de 6 ans à cette date, ce qui explque l'entrée en vigueur e la loi en 1967 seulement).
En 1965, cinq sections sont définies :
- La section A : littérature, linguistique,
philosophie, art.
- La section B : sciences économiques et sociales.
- La section C : mathématiques et sciences physiques.
- La section D : Sciences de la nature.
- La section T : Sciences et techniques industrielles (futur bac
technologique).
Jusqu’en 1963, le passage en terminale est
subordonné à l’obtention de la première partie du bac qui, à partir de cette
date, sera remplacée par un « examen probatoire » avant d’être
supprimée en 1965. En 1969 est introduite l’épreuve anticipée de français, ce
dernier étant remplacé par l’étude de la philosophie en terminale. Les filières
deviennent A, B, C, D, E en 1968 et le bac professionnel est créé en 1985
(ministère Chevènement) et le ministre annonce l’objectif d’amener 80 % d’une
classe d’âge au niveau du baccalauréat. En 1995, les filières deviennent S, L,
et ES. A la rentrée 2009, le baccalauréat est organisé en trois voies : la
voie générale, la voie technologique et la voie professionnelle.
Ainsi, au fil du temps, le baccalauréat,
diplôme confidentiel des classes supérieures, destiné à former les cadres de la
nation, est devenu le diplôme de base ouvrant les portes de toute formation et
toute carrière professionnelle à une majorité d’étudiants. La diversification
des filières a permis l’approche de l’objectif de Jean-Pierre Chevènement, la
proportion de bacheliers dans une génération est passée de 20.1 % en 1970 à
76.7 % en 2012. Les années 2020 nous diront si la nouvelle réforme en cours
aboutira.
En 2009, le ministre Darcos propose de
médailler les bacheliers, décoration qui comporterait différentes couleurs en
fonction de la mention obtenue. L’opération n’aboutira pas, pour des raisons
financière peut-être (500 000 bacheliers cette année-là) mais aussi du
fait de l’opposition des syndicats étudiants et des fédérations de parents d’élèves.
Sources :
-
Documentation musée.
-
https://www.lemonde.fr/education/article/2013/07/05/baccalaureat-2013-le-taux-de-reussite-atteint-82-5.html
-
Maurice Bernard, Les élites françaises, L'Harmattan, .
- Nicole Hulin, L'enseignement
secondaire scientifique en France d'un siècle à l'autre : 1802-1980 ;
évolution, permanences et décalages, Lyon,
Institut national de recherche pédagogique, INRP,
2007.
- https://www.education.gouv.fr/cid60987/bac-2015-questions-reponses.html.
(1) : Le Puits de 5 sous est fondé en 1835. La prime de 5
sous fut rapidement octroyée au regard de la dangerosité du lieu, et pour
cause. Dès le fonçage du puits en 1835, les installations s’effondrent (1836)
et on attendra 1846 pour foncer à nouveau. L’exploitation débute en 1849 et les
catastrophes s’enchaînent :
- Avril
1851, coup de grisou, 6 morts.
-
Septembre 1853, autre coup de grisou, 13 morts.
-
Décembre 1857, coup de grisou, 89 morts. C’est à cette époque que le puits
prend le nom de Sainte-Eugénie en remerciement à l’impératrice qui apporta une
aide conséquente après la catastrophe.
-
Novembre 1872, coup de grisou, 39 morts.
-
Février 1865, incendie, 28 morts.
- Avril
1897, coup de grisou, 4 morts.
En
1918, l’exploitation est abandonnée et le puits est remblayé en 1926.
(Sources écomusée Le Creusot/Montceau et montceaulesmines.e-monsite.com)
P.P
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