Les
humbles :
La
revue littéraire des instituteurs
Un foyer important du pacifisme intellectuel
Le premier cahier de la revue Les Humbles paraît en
octobre 1913, il est l’œuvre de six élèves de l’Ecole Normale de Douai :
Maurice Bataille, Marius Daille, Alexandre Desvachez, Henri Namur, Florimond
Wagon et Maurice Wullens. Interdite en 1914, la revue reparaîtra le 1er
mai 1916 à Paris, sous la direction de Wullens.
Maurice
Wullens en restera le directeur jusqu’en 1940. Blessé et mutilé pendant la
Grande Guerre, il fut l’ami de Célestin Freinet qu’il accompagna lors de son
périple en URSS en 1925. Ils collaborèrent tous deux aux Humbles et au mouvement de l’Imprimerie
à l’école. Malheureusement, son
pacifisme aveugle le poussa vers la presse collaborationniste pendant la Seconde
Guerre mondiale.
On
compte un millier d’abonnés dès les débuts, principalement des institutrices et
instituteurs membres de l’Ecole émancipée (fondée avant la guerre et regroupant
des instituteurs anarcho-syndicalistes et syndicalistes révolutionnaires) ou de
l’Imprimerie à l’école. Le pacifisme exacerbé de la revue lui vaut à nouveau d’être
interdite et suspendue de mars à mai 1918 à la suite d’un numéro spécial
consacré à Romain Rolland. Malgré tout, elle accueille des écrivains de renom
tel Victor Serge et une anthologie des Humbles
paraît en mars 1918 signée d’Henri Guilbeaux, Marcel Martinet, Han Ryner, André
Delemer ou encore de Stephan Zweig. Cette résurrection est relativement
exceptionnelle pour un périodique d’avant 1914, peu d’entre eux ayant survécu
durant tout l’entre-deux guerres.
Le pacifisme avant tout
Le
cahier n°10 de la 9ème série des Humbles,
publié en octobre 1924 et intitulé La
Guerre, est un vibrant exemple de ce que fut le rejet de la guerre et
l’appel à la paix des années 20. A l’occasion de la commémoration de
l’armistice du 11 novembre 1924, cette revue, tirée à 1 500 exemplaires,
propose des pistes de travail dans différentes matières afin d’aborder avec les
élèves, les origines de la guerre : nationalisme et patriotisme exacerbé.
Il s’agit bien là d’une approche pacifiste des évènements qui dénonce
l’absurdité et l’horreur du conflit, à travers les témoignages d’Henri
Barbusse, de Roland Dorgelès ou de Maurice Genevois.
Un
corpus de maximes, de poèmes, de récitations, de chansons, de sujets de
rédaction et d’exercices de calcul est développé au fil des pages. Ainsi
trouve-t-on pêle-mêle des citations de Tacite, Sénèque, Montaigne, Pascal,
Fénelon ou Voltaire mais aussi de Marcelle Capy (1891-1962), journaliste et
écrivaine pacifiste et féministe (1).
La
couverture choc est sans ambiguïté « Prolétaires
de tous les pays, égorgez-vous ! » et l’appartenance de ce numéro
des Humbles au mouvement internationaliste
est affirmée par la publication de lettres de Karl Liebknecht (2),
mobilisé en 1915, qui affirmait son refus d’utiliser une arme : « Je ne tirerai pas ».
(1) :
Marcelle Capy, Une voix de femme au-dessus de la mêlée, 1916, préface de Romain Rolland.
(2) :
Karl Liebknecht, dirigeant du mouvement spartakiste à l’époque, assassiné le 15
janvier 1919 par les Corps Francs, le même jour que sa partenaire spartakiste
Rosa Luxembourg.
Sources :
- Archives musée.
- [Arsenal :
8-JO-22232] BnF : microfiche M-6885/8-Z-20278.
- http://histoire-geographie.ac-dijon.fr.
- https://documents.asso-amis-de-freinet.org/docs_adf/bulletin_04.pdf.
- https://fr.wikisource.org.
P.P
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