Antoine Méchin
Instituteur à Sanvignes, musicien et poète
Promotion 1884-1887
Instituteur,
musicien et poète
Antoine
Méchin est né le mercredi 20 mai 1868 à Charolles et décédé le mardi 6 mars
1951 à Chalon-sur-Saône. Il était le fils de Jean, commissionnaire en vins à
Charolles, et de Claudine Savin (originaire de Vendenesse-les-Charolles).
Durant ses études dans sa ville natale, il est remarqué comme « très bon élève aimant la
musique » et
intègre l’Harmonie de Charolles à 13 ans pour y jouer le bugle et le violon. Il
en sera membre jusqu’en 1899.
« Qui
ne connaît pas le camarade Méchin, le joyeux convive de nos banquets,
l’humoristique collaborateur de nos publications professionnelles, l’aimable
artiste du Bois-du-Leu dont la plume de poète et le talent de musicien ont
produit tant d’œuvres appréciées dans les concerts organisés par l’école
laïque ? Sa notoriété est trop ancienne et assise sur des bases trop
solides pour qu’il soit nécessaire de rappeler ses succès et de vanter ses
talents. Il fait d’ailleurs partie de la Société des auteurs compositeurs
depuis février 1907. » (Extrait
de la bibliographie d’Antoine Méchin, bulletin n° 44, page 29)
In
memoriam
Après avoir été en poste
avec Marie Lucenet, son épouse, à Grury en 1898, tous deux sont nommés à
Sanvignes. Antoine est affecté à l’école du Bois-du-Leu où il restera jusqu’à
sa retraite en 1924. Le poste n’est pas facile dans cette première école laïque
franchement implantée sans local ! : « Au croisement de la Grande Rue (rue de la Libération) et de la rue Gabriel Péri se trouvait une maison
assez vaste qui abritait un café tenu par Madame Bouillin, dit « La
Culotte » (au n° 37). La salle de danse de ce café a été louée à la commune
de Sanvignes pour la somme de 22 francs par mois pour accueillir les enfants de
la première école laïque du Bois-du-Leu. L’instituteur était Monsieur Thivant.
J’ai connu des personnes ayant fréquenté cette école (Messieurs Deschamps,
Lavigne…) et qui y ont obtenu leur certificat d’études.
C’est
en 1901, à l’arrivée à Sanvignes d’Antoine Méchin, que l’école a été transférée
dans la grande salle de la coopérative. Cette salle était située à l’étage de
cette coopérative (par la suite rue de Stalingrad). » Témoignage de Monsieur Berlioz, 2014,
rectificatif de son article du Bulletin municipal n° 9 de 1984.
L’école aurait même occupé
un moment, en attendant la construction neuve opérationnelle en 1908, la salle
de danse du café du café Bernard dit « Bignouset » (bureau de tabac
Joly) (1).
Méchin,
instituteur musicien
Bon musicien, bugliste et
passionné de musique, Antoine Méchin intègre dès 1901 la toute jeune fanfare de
Sanvignes créée en 1899, le Réveil Social des Travailleurs. Entré exécutant en
1900 dans la Société, il en sera chef rapidement de 1901 à 1914, puis Président-Directeur
de 1914 à 1927. Son épouse tint le piano durant la période.
Durant 25 années, il
imprimera sa marque dans la conduite de la Société, faisant preuve d’une grande
pédagogie auprès des jeunes de la ville qu’il guidera toujours avec bonhommie,
métier oblige. Son talent allié à cette jeunesse enthousiaste va donner
naissance à des Revues très appréciées : « Sanvignes s’éveille » (2),
« Sanvignes chante », autant d’occasion de rendre hommage aux
coutumes de la ville. La notoriété de ses créations dépasse largement les
frontières de la commune et même du Bassin minier. A Montceau, la troupe
Bertin-Bert jouera « Montceau
s’amuse », « Montceau a bonne mine » ou encore « Tout le monde en parle ».
Dans le département, de nombreuses représentations ont aussi lieu, notamment
grâce au relais des anciens de l’Ecole Normale de Mâcon. Méchin signait souvent
ses Revues du nom de Jehan du Bois-Bouché (lieu-dit bien connu de la commune de
Sanvignes !)
Sous le titre de Concerts à l’école, Antoine Méchin
publie différentes œuvres dont voici quelques titres : « l’Hymne à la République »,
« Adieu mon rêve », « les Roses », « les
Etoiles », scènes poétiques pour jeunes filles. Notons aussi : « Salut à l’école », Chœur à
deux voix, Vaillants gymnastes, Plus loin
que l’azur, L’ouvrière chante, Sème paysan. Auteur prolifique, il serait
bien difficile de dresser ici la liste complète de ses œuvres (3) !
Méchin, instituteur poète
Dans le prolongement des Concerts à l’école, Antoine Méchin écrit
une amusante parade en prose, le
Régénérateur, et des comédies enfantines, le Bon Juge, les Bons p’tits gars, entre autres. On peut y ajouter
encore Scènes de Printemps, pièce en
un acte avec chants, divertissement et apothéose, toutes ces œuvres pouvant
être jouées en plein air et interprétées avec succès à Montceau, Charolles,
Mâcon.
Il a étendu aussi son champ
d’action au-delà de l’école. Il a fait paraître de petites pièces pleines
d’humour : Les Ennuis du Député, Une
Affaire grave, Les Mines de Radium, Chez le Coiffeur, Le Jour de Noémie, Faut
que je demande à ma femme, A Propos de Musique, La Blouse de la Mère Latrique, et de nombreux monologues avec enfin un
petit opuscule intitulé Histoire brèves (4).
Notons, pour l’anecdote, le poème
l’Instituteur en vacances (5), qu’il composa en août 1909
selon certaines sources, paroles et musique, et qui fit polémique. Sources peu
plausibles si l’on en croit le bulletin n° 53 de l’Amicale de Anciens Elèves de
l’Ecole Normale de Mâcon qui, en 1925, cite l’Instituteur
en vacances comme nouveauté. Du reste, autre source, J.P. Valabrègue date l'œuvre de 1919 dans un de ses articles. Quoi qu’il en soit, le poème fit le tour de toutes les Ecoles Normales de France et
notamment celle de Draguignan. Marius Autran, autre instituteur-écrivain,
historien de la vie seynoise, grand résistant, promotion 1928-1931, attribuait
à sa promotion, « L’avenir », la paternité du poème voire même que
l’auteur aurait pu en être Florentin Alziary. Jean-Claude Autran, fils de
Marius note sur son site : « Lorsque
que Marius Autran évoquait ses souvenirs de l’école normale, il prétendait que
la chanson l’Instituteur en vacances était l’œuvre de la promotion (ou d’un
élève de la promotion) de Florentin Alziary, comme si Antoine Méchin avait été
l’un d’eux. Or nos recherches ont montré qu’Antoine Méchin, instituteur
artiste, était originaire de Saône-et-Loire. (..) Marius Autran n’étant plus là
pour évoquer ses souvenirs, nous n’avons jamais pu élucider l’origine de cette
confusion. » Toujours est-il que le fameux Florentin n’était pas non
plus de la promotion « l’Avenir » 28-31 mais de la promotion 17-20
puisque né en 1898, il aurait donc eu onze ans si
Méchin avait écrit le poème en 1909. Le mystère s’épaissit…
Méchin,
« le Barde des prolétaires »
C’est sous ce sobriquet qu’Antoine
Méchin est présenté, en 1913, dans le bulletin n° 43 de l’Amicale des Anciens
élèves de l’Ecole Normale de Mâcon. En effet, on retrouve régulièrement la
trace de l’intervention d’Antoine Méchin dans l’animation de fin de banquet de
l’amicale et ce jusqu’en 1925, dernière date à laquelle il est mentionné.
Méchin,
instituteur journaliste
Dès la naissance du journal
satirique du Bassin minier La Gueule
Noire, en 1924, Antoine Méchin écrivit dans ses colonnes, entouré de ses
fondateurs Pierre Camus, Lucien Chapuis et Georges Jordery. Sa plume aiguisée commentait
l’actualité du moment sous son pseudo favori : Jehan du Bois-Bouché.
Le
temps de la retraite
La retraite sonna en 1924 et,
en 1925, Antoine Méchin quitta Sanvignes pour Cormatin, toujours en Saône-et-Loire
où il fut élu maire et bien sûr Chef de l’ensemble musical. Il continuera d’animer
la société avec conviction comme il le fit à Sanvignes. Quand la mort de son
épouse surviendra, il se retirera à Chalon-sur-Saône auprès de ses enfants et
continuera son travail d’écriture pour revues et journaux. Il reviendra
quelquefois à Sanvignes revoir ses nombreux amis (notamment à la Fête des
Médaillés 1948 à laquelle il prononcera un véhément discours (6))
et s’éteindra à Chalon le 6 mars 1951 à l’âge de 82 ans ayant jusqu’à la fin
gardé toute sa lucidité. Il avait été 38 ans l’instituteur, le maître, dévoué à
l’école laïque, il fut l’un des créateurs de la Fédération Musicale de
Saône-et-Loire (7) et il fut un grand promoteur de la musique notamment au
sein de la fanfare de Sanvignes.
Pour maintenir la mémoire d’Antoine
Méchin, l’instituteur du Bois du Leu, une rue de Sanvignes porte son nom depuis
1997(à la suite d’une décision du conseil municipal prise en 1953...).
L’hommage
de 1983
En 1983, sous l’égide de M.
Gilbert Berlioz (7), Directeur de l’Harmonie de Sanvignes, un hommage fut rendu
à Antoine Méchin durant deux journées du souvenir. Exposition, colloque, débat
et spectacle furent organisés par les responsables du « Réveil Social des
Travailleurs ». Les anciens acteurs-chanteurs de la troupe « Les Amis
d’Antoine Méchin » s’étaient alors succédés sur scène ravivant la flamme
de leur jeunesse talentueuse.
(1) : Souvenirs de l’école du
Bois du Leu et du « maître » par M. CLEAU, instituteur, extrait d’un
bulletin de l’Amicale des Anciens Elèves de l’Ecole Normale de Mâcon :
(2) :
Revue d’Antoine Méchin, « Sanvignes s’Eveille » :
(3) : Quelques
chants :
(4) :
Quelques pièces de théâtre :
(5) :
Paroles de l’Instituteur en vacances :
(6) : Discours
d’Antoine Méchin à la Fête des Médaillés le 23 mai 1948 :
(7) :
(7) : Remise
de la Médaille de la Ville à M. Berlioz par M. Lagrange, Maire de Sanvignes, le
11 novembre 2018, après 74 ans d’ancienneté dans la Société.
Sources :
- Archives de M. Berlioz,
Directeur honoraire de l’harmonie de Sanvignes « Le Réveil Social des
Travailleurs »
- Archives musée de la
Maison d’Ecole
- Bulletins de AVNP71 :
https://www.lejsl.com/edition-de-montceau-les-mines/2012/09/15/antoine-mechin-%281868-1951%29
- Livre « Cent Ans d’Ecole » publication musée
- Article J.P Valabrègue :
https://www.lejsl.com/edition-de-montceau-les-mines/2012/09/15/antoine-mechin-%281868-1951%29
P.P
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire