Conte
à méditer pendant les vacances
Un
clin d’œil de l’histoire
1918 :
Corona’s lesson
(La leçon de Corona)
Courant
1918, la pandémie est au plus fort. La grippe dite « espagnole » (1) fait des ravages sur tous les
continents, tout comme au Canada où les écoliers sont confinés à la maison en
raison de la fermeture des écoles. Un journal pour enfants, The
Tribune Junior, lance des concours d’écriture pour occuper la
jeunesse (ces journaux sont alors nombreux dans le pays (2)). Les thèmes en sont très moralistes à l’instar des histoires
envoyées par les jeunes lecteurs. Jessie Mains, 12 ans cette année-là, envoie
un conte intitulé « Corona’s
lesson » (La
leçon de Corona). Elle y narre la destinée de Corona, fillette peu obéissante qui
ne suit pas les conseils de confinement de sa maman et qui entraînera toute sa
famille dans la tragédie…
Traduction du texte :
« LA
LEÇON DE CORONA
La
petite fille de la maison voisine est une petite fille très mignonne, mais très
insouciante. Maintes fois sa mère l’appelait : « Corona, chérie, viens
dans la maison parce qu’il fait humide dehors », mais elle répondait « Ça
ne fait rien, je ne vais pas tomber malade » et comme elle était enfant
unique, elle était très choyée. Sa mère la laissait rester dehors dans
l’humidité.
Le
temps passa, une épidémie appelée « grippe espagnole » éclata et souvent sa
mère lui disait de venir parce qu’elle avait peur de l’épidémie. Corona, étant
insouciante, ne voulait pas rentrer dans la maison et, malheureusement, la
maison heureuse devint très triste parce que leur petite fille tomba malade.
Ils firent de leur mieux pour sauver la vie de l’enfant, mais ce fut en vain.
Elle ne tua pas seulement elle-même, mais aussi sa chère mère et son papa. Les
derniers mots de Corona furent : « Obéissez à tout ce que disent les aînés »,
et elle mourut. J’espère que Corona nous apprendra à tous une leçon. »
Jessie Mains échappera à la
grippe espagnole. Elle poursuivra des études qui la mèneront vers une carrière
d’employée de bureau et une vie tranquille auprès de son mari. Elle décèdera en
1989, à l’âge de 83 ans, sans se douter que sa participation à un concours d’écriture,
en 1918, résonnerait ainsi des décennies plus tard. Reste une interrogation
sans réponse, une question que nous aurions aimé lui poser aujourd’hui : pourquoi
avait-elle choisi le prénom de Corona pour la fillette de son histoire ?
Au
hasard d’une lecture
La pertinence de cette
histoire qui trouve écho cent ans plus tard peut nous troubler. Les mystiques verront
dans ce récit une vision prémonitoire, Il est des hasards qui ne trompent pas :
« le hasard nous entraîne vers le
destin qui nous attend » disait Mazouze Hacène dans ses Réflexions.
Mieux vaut y voir une coïncidence… c’est plus sûr. Une facétie
de l’histoire en quelque sorte, dont cette dernière est truffée ; ou
encore, la découverte, au hasard d’une recherche sans rapport sur le web, d’un
témoignage du passé dont le thème se répète. (source :
blog.myheritage.com)
Bonnes
vacances à tous ceux qui pourront en profiter et n’oublions pas les gestes
barrières !
« Vive
les vacances !
A
bas les pénitences !
Les
cahiers au feu
Les maîtresses
au milieu ! »
(1) : Déjà en
1918, la « grippette » n’est pas prise au sérieux en France, bêtise
ou inconséquence ? Fait troublant, il est extrêmement difficile, voire
impossible, de trouver des photographies de l’époque concernant la pandémie en France…
(2) : Tout
au long du 19ème siècle, la presse canadienne est, au cinquième des
productions imprimées privées, composée d’éditions religieuses. Pratiquement
toutes les églises éditent des périodiques nationaux, régionaux ou locaux afin
d’offrir « une solution de rechange aux journaux laïques ». Dans les
faits, les deux presses sont puritaines si ce n’est que les journaux
confessionnels insistent plus sur le missionnariat chrétien ou la tempérance. On
trouve pêle-mêle, deux publications méthodistes, le Christian Guardian de Toronto (1829-1925) prêchant la réforme sociale, tout comme le Méthodiste
Magazine and Review de Toronto également
(1875-1906) et des publications protestantes, le New Dominion Monthly de Montréal (1846-1938) et le Canadian Messenger (1866-1935)
prônant la tempérance. D’autres encore sont en langue française, notamment dans
les diocèses de Québec et de Montréal, Les Mélanges Religieux de
Montréal (1840-1852), Le Nouveau Monde de
Montréal (1867-1880) et La Semaine Religieuse.
Les mêmes groupes religieux
éditent des magazines pour enfants, sortes d’exhortations pieuses et d’appels à
la tempérance. Durant une courte période, deux publications feront cependant exception
à cette tendance mais seront rapidement victimes de pression à en croire leur
durée de parution, Snow
Drop ; or Juvenile Magazine de
Montréal (1847-1863) et A Juvenile Monthly Magazine de Montréal (1853-1854). (source :
Histoire du livre et de
l'imprimé au Canada: De 1840 à 1918 de Patricia Flemming, Carole Gerson, Jacques Michon)
P.P
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