vendredi 21 juin 2024

 

Apprendre à lire : la méthode syllabique

Le plaisir de lire

(collection musée)

Méthodes et techniques d’inculcation

Lire individuellement dans un syllabaire, lire collectivement sur des planches murales, épeler d’une voix chantonnante, furent longtemps les règles contraintes qui devaient habituer l’oreille et l’œil de l’élève au décryptage des phonèmes. Mais durant des siècles, en même temps qu’il décryptait, l’enfant  s’imprégna d’une religion au début, puis d’une idéologie par la suite. Avec ou sans Dieu, l’école fonctionna comme un système de normalisation socio-culturelle : je dois travailler, je dois aimer mes parents, je dois défendre ma patrie, principes qui trouveront un dernier écho à Vichy… Il faudra attendre l’après-Grande Guerre et la réforme de 1923, pour voir apparaître une méthode de lecture « En riant », suivie d’autres, plus adaptées à l’imaginaire enfantin. Apprendre à lire pouvait-il, dès lors, être un plaisir ?

Certes, la pédagogie a beaucoup évolué mais rappelons-nous qu’à la fin du 19e et au début du 20e siècle, pour le maître, lire n’était pas seulement ânonner un texte, encore fallait-il le faire dans la langue du « français national » de Racine et d’Hugo. L’élève devait oublier son patois et perdre son accent campagnard et, ainsi, cette « unification nationale » pour certains ou cet « impérialisme culturel » pour d’autres, devait le conduire à une émancipation sociale et une mobilité géographique profitable aux forces économiques. Dont acte. Il reste que l’industrialisation des villes et le besoin de main d’œuvre y affairant, ont lourdement pesé sur la mise en place du réseau d’écoles dans les villes, avant et après la naissance de l’école publique obligatoire.

Registre des conférences pédagogiques de 1881 à 1961 (collection musée)

Il semble intéressant de mettre en parallèle ce que préconisaient dès 1880, les cadres de l’Instruction publique, en l’occurrence les Inspecteurs primaires et les méthodes mises à disposition des maîtresses et des maîtres, dès 1890,  par les éditeurs de manuels (1). Un registre des conférences pédagogiques dispensées par l’Inspecteur de la circonscription de Montceau-les-Mines (important centre minier), au secteur beaucoup plus rural de Palinges, de 1881 à 1961 apportera un éclairage plus local. Mais auparavant, penchons-nous sur l’utilisation du plus ancien support d’apprentissage de la lecture : l’abécédaire.

Registre des conférences pédagogiques de 1881 à 1961 (collection musée)

 

Bien avant 1923

Ce petit livre contenant l’alphabet renfermait la clé de la maitrise de la lecture. A la genèse, il fut illustré de gravures austères et souvent religieuses, avant de proposer des vignettes plus colorées. Objet du quotidien des familles, il emprunta toutes sortes de formes, à une époque où la scolarisation des enfants était aléatoire, les écoles rares ou payantes, dans une société rurale au sein de laquelle les enfants participaient très tôt aux travaux des champs ou dans une autre, plus industrielle, qui les employait très jeunes. L’illettrisme frappait la majorité de la population (2), l’apprentissage de la lecture se faisant souvent uniquement dans le cadre familial à la condition de posséder un abécédaire et une personne ayant appris les rudiments de la lecture…

Quoi qu’il en soit, les abécédaires furent l’héritage d’un modèle de l’ancien régime, qui, peu à peu, tout au long du 19e siècle, bénéficia des avancées progressives de l’apprentissage de la lecture. Ainsi, leur structure s’enrichit de différentes étapes : après avoir été un simple alphabet présentant des lettres, imagé ou non, on verra apparaître des syllabes, des mots, puis de petites phrases et enfin de courts textes composés de fables, de contes moraux, de consignes de civilités, voire de catéchisme.

Les abécédaires sont alors les prémices de ce qui va devenir le marché du livre pour enfants, pénétrant dans tous les foyers, dans ce vaste mouvement d’alphabétisation, que parachèvera Jules Ferry avec ses lois instituant l’école obligatoire, gratuite et laïque, voulue par la Troisième République. Ces ancêtres du « livre de lecture » seront le véhicule de la culture écrite et seront, au passage, un rappel permanent aux valeurs de la société républicaine en général et de la famille en particulier,  inculquant aux enfants : obéissance, tempérance et travail, remplaçant alors les préceptes religieux.

Voici donc l’origine de la démarche synthétique de l’apprentissage de la lecture qui allait du simple au plus complexe et qui fut à l’origine de toutes les méthodes dites « syllabiques ». Nous ne présenterons ici que l’exemple du Nouvel alphabet, Bébé saura bientôt lire de 1874, illustrant bien cette méthode :







Jusqu’aux années 1880, l’apprentissage de la lecture n’avait pratiquement suivi que cette démarche synthétique. Ce sont les réformes de Jules Ferry qui vont introduire de nouvelles méthodes de lecture, rompant avec l’ordre alphabétique. Alors, dans les décennies qui suivirent, abécédaire ou syllabaire furent relégués au rang de « pratiques familiales », de méthode de lecture qu’il fut, il ne devint qu’un alphabet illustré, un imagier récréatif que l’on offrait aux enfants en cadeau d’étrennes… Pour tout savoir sur les alphabets, je vous renvoie à l’article de ce blog : Connaissez-vous votre alphabet ? Blog dédié au Musée de l'école à Montceau-les-Mines: Les abécédaires (musee-ecole-montceau-71.blogspot.com).

Que nous dit notre registre montcellien sur l’apprentissage de la lecture dans les années 1880 ?




Registre des conférences pédagogiques de 1881 à 1961 (collection musée)

Monsieur l’Instituteur de Palinges expose les résultats de sa réflexion sur l’enseignement de la lecture et de l’écriture à ses collègues dont l’un d’eux fait remarquer : « que l’usage des livres lui paraît préférable à celui des tableaux mais son opinion ne prévaut pas et l’assemblée décide que les tableaux de lecture doivent être employés de préférence aux livres, afin de ne pas tomber dans le mode individuel ». Monsieur l’Inspecteur aborde l’apprentissage simultané de la lecture et de l’écriture : « Un seul des membres présents soutient que les enfants ne doivent commencer à écrire autant qu’ils savent lire ; tous ses confrères affirment au contraire que les exercices de lecture et d’écriture doivent se faire simultanément. Cette dernière manière de voir obtient la majorité. »


Méthode Cuissard, Enseignement pratique et simultané de la lecture, de l’écriture, de l’orthographe et du dessin, 1882 (collection musée)

 Quelques observations sont ensuite échangées, le président faisant remarquer qu’il est bon d’ajouter aux exercices d’écriture, de petits exercices de dessin qui intéressent les enfants et développent chez eux « le goût du beau », à travers des frises notamment. Quelques observations sont alors échangées sur les différentes méthodes de lecture, restant tout de même extrêmement vagues : « Tous les membres de la conférence se sont accordés à dire que la valeur d’une méthode dépendait surtout de la manière dont elle était employée et que la meilleure était celle qui donnait le plus de résultats. » On ne fait pas mieux en matière de langue de bois pédagogique. Et Monsieur l’Inspecteur de conclure : « On décide que les exercices de la langue française doivent marcher de front avec ceux de lecture et d’écriture car aussitôt qu’un enfant est capable de lire et d’écrire quelques mots, l’Instituteur pourra lui donner les premières notions d’orthographe et de grammaire, mais il évitera dans tous les cas les définitions abstraites et s’attachera à faire découler les règles des exemples. » Il évoque ainsi une pédagogie plus active qui confirme « qu’énoncer le fait n’est pas en apprécier le résultat ». La séance se termine par l’annonce de la création d’une bibliothèque pédagogique sur le canton.



Registre des conférences pédagogiques de 1881 à 1961 (collection musée)

La conférence du 13 mai 1881 s’avérera beaucoup plus directive. Concernant l’enseignement simultané de la lecture et de l’écriture, Monsieur l’Inspecteur déplore la mauvaise application des recommandations acceptées par tous lors de la précédente conférence. Les maîtres semblent manquer de stratégie face à cette méthode « simultanée », ce qui amène l’inspecteur à clarifier sa conception de l’enseignement de la lecture.


Méthode simultanée de lecture et d’écriture, Berton, 1895 (collection musée)

Force est de constater que les idées nouvelles n’ont pas encore pénétré la circonscription : le français est une langue alphabétique, par conséquent, l’apprentissage de la lecture doit s’appuyer sur la connaissance des lettres, leur épellation, ainsi que sur la combinaison des graphies vers la phonie correspondante, donc, de passer d’un code inconnu (la combinaison des lettres) vers le code connu (la chaîne des sons de la langue orale) : c’est le b.a = ba de la méthode syllabique, belle mécanique qui lie « simultanément » phonie et graphie, promettant que la langue sera lue ou écrite avec un minimum d’erreurs possibles… en principe.






Registre des conférences pédagogiques de 1881 à 1961 (collection musée)

La méthode syllabique en quelques mots

C’est la méthode la plus ancienne, à la longévité remarquable. Dès l’antiquité romaine on trouve trace de sa pratique à travers les abécédaires et les syllabaires. Qualifiée de « synthétique », la structure et l’ordre de ses leçons sont immuables : la découverte de mots-clés illustrés fait apparaître le son qui va être étudié. La formation de syllabes puis la lecture de nouveaux mots de la même « famille » viennent enrichir un vocabulaire qui permet de déchiffrer des phrases simples. Les exercices vont de pair avec l’apprentissage de l’écriture. Leçon après leçon, cette méthode dite aussi « combinatoire » favorise le déchiffrement par l’acquisition rapide d’automatismes. Comme l’expliquait plus haut Monsieur l’Inspecteur en 1881, tout est basé sur l’équivalence orale de l’écrit, phonèmes-graphèmes, pour arriver à un élément plus complexe, le mot, en passant par la prononciation mécanique d’éléments syllabiques simples : ma, me, mi, mo, mu, ta, te, ti, to ,tu… voire de syllabes inversées comme le propose les cartons mobiles de la méthode René Joly.

Florilège :




Nouvelle Méthode pratique de lecture, J. Stal, 1900 (manuelancien.fr)




Nouvelle méthode de lecture, écriture, orthographe, Gabet et Gillard, 1913, rééditée en 1947 (collection musée)



Exercices de langage et méthode de lecture, Delage et Vernay, première édition 1920, réédité en 1933 (collection musée)





Méthode rapide de lecture, Fournier, première édition 1925, réédité jusqu’en 1955



La lecture syllabique illustrée, Bremond et Mouret, édition 1938, manuel édité depuis 1900 (manuelancien .fr)





En riant, la lecture sans larmes, R. Joly, vers 1930, méthode en 3 livrets (collection musée)




La Journée des Tout Petits, méthode Boscher, 1936 (collection musée)



Joyeux départ, Mlle B. Joghon, 1950 (collection musée)


Apili, apprendre à lire grâce à l’humour, méthode syllabique, Benjamin Stevens, 2021 (Editions Liberté)

Nous aurions pu rajouter, pêle-mêle : La petite classe, Méthode de lecture, par Belot et Devinat, 1918 ; Le syllabaire Langlois, chez Armand Colin, 1910 ; méthode de lecture et récits enfantins, de Pierre et Minet, 1920 ; Méthode de lecture, par Mironneau et Philippe, 1921 ; Le français par les choses et par l’image, par Lyonnet, 1924 ; Le grand syllabaire illustré de la méthode rationnelle de lecture, par f.-A. Noël, 1925 ; L’enseignement rationnel de la lecture : méthode Biron, par Biron, 1930 ; Méthode François, 1949 ; ou encore Mamadou et Bineta, par A. Davesne, syllabaire destiné à l’enseignement de la lecture dans nos colonies d’Afrique Noire :  



Mamadou et Bineta, A. Davesne, 1950 (livreancien.fr)

Finalement, on notera une nette baisse de production des manuels de lecture syllabique dans la seconde moitié du 20e siècle, du fait de leur remplacement progressif par les manuels de méthode globale ou, finalement, de méthode mixte.

Inutile de vous dire que la liste présentée ici n’a rien d’exhaustif, le nombre des méthodes de lecture parues en un siècle et demi ayant dépassé les 700 ! Nous espérons toutefois que certains d’entre vous auront pu reconnaître celle qui fut à l’origine de leur apprentissage de la lecture et que les souvenirs y étant attachés seront remontés à la surface (bons ou moins bons…).

Patrick PLUCHOT

Prochain article

Apprendre à lire : méthode globale ou mixte ?

Les clés de la liberté

Sources :

-       Archives Musée de la Maison d’école.

-       Articles du blog du musée.

-       Sur les pupitres des écoliers, Noël Coret, 2006

-       L’école communale dans la Communauté urbaine, A. Dessertenne  et J.F. Rotasperti, 1993


-       L’usage exclusif de la méthode syllabique, in Fenêtre sur cours, 2018.

-       Apprentissage de la lecture : un rapport critique des « pédagogies inacceptables » adoptées par les enseignants, in Marianne, Marie-Estelle Pech, 2022.

-       Manuelsanciens.com

-       Archives.org

-       Gallica.Bnf.fr

Une bibliographie partielle sur l’apprentissage de la lecture à consulter : (pour les courageux)

-       M. MONTESSORI, Pédagogie scientifique, 6e éd., 1958, pp. 149­201, Desclée De Brouwer (1re  éd. 1926).

-       G. BOUQUET, L'apprentissage de la lecture, Armand Colin, 1931.

-       M. CHANSON, S. OLANIÉ, Lecture globale; lecture active, L.N.S:, 1945.

-       P. MÉZEIX, Méthodes de lecture, Bourrelier-C.P.M., 1947.

-       R. DOTTRENS, E. MARGAIRAZ, L'apprentissage de la lecture par la méthode globale, Delachaux-Niestlé, 1947.

-       J. DE AJURIAGUERRA, « L'apprentissage de la lecture et ses troubles », Enfance, n°5, 1951.

-       L. BALESSE, C. FREINET, La lecture par l'imprimerie à l'école, C.E.L., 1961.

-       C. FREINET, Méthode naturelle de lecture, C.E.L., 1961.

-       F. KOCHER, La rééducation .des dyslexiques, P.U.F. 1962.

-       A. INIZAN, Le temps d'apprendre à lire, Armand Colin, 1963.

-       R. MUCCHIELLI, A. BOURCIER, La dyslexie, maladie du siècle, E.S.F., 1964.

-       H. CANAC, La lecture, Didier, 1965.

-       S. BOREL-MAISONNY, Perception et éducation, Delachaux-Niestlé, 1965.

-       R. DOTTRENS, Au seuil de la lecture, 2 vol., Éditions du Scarabée, 1965-1966.

-       C. GATTEGNOT, La lecture en couleurs, Delachaux-Niestlé, 1966.

-       S. BOREL-MAISONNY, Langage oral et écrit, vol. 1, Delachaux-Niestlé, 1966.

-       A. HAMAÏDE, La méthode Decroly, e éd., pp. 112-138, Delachaux-Niestlé, 1966.

-       G. MIALARET, L'apprentissage de la lecture, P.U.F., 1966.

-       A. GIROLAMI-BOUTINIER, Prévention de la dyslexie et de la dysorthographie, Delachaux-Niestlé, 1966.

-       A. JADOULE, Apprentissage de la lecture et dyslexie, G. Thone, Liège, 1967.

-       D. VIMAL DE SAINT-POL, La lecture par les méthodes actives, Nathan, 1967.

-       M. DE MAISTRE, Dyslexie, dysorthographie, 2 vol., Editions universitaires, 1968.

-       CL. CHASSAGNY, La lecture et l'orthographe chez l'enfant, P.U.F., 1968.

-       P. DEBRAY-RITZEN, La dyslexie de l'enfant, Casterman, 1970.

-       CH. TOUYAROT, Lecture et conquête de la langue, Nathan, 1971.

-       L. BOULAY, J. BANDET, Vers l'apprentissage du langage écrit, 2 vol., Armand Colin, 1971.

-       L. GILMANT, Comment enseigner la lecture par la méthode globale, Wesmaël-Charlier, 1971.

-       P. MÉZEIX, A. VISTORKY, Apprendre à lire, Armand Colin, 1971.

-       P. LEQUEUX, Jeux de parole, Armand Colin, 1972.

-       A. DEHANT, G. ARTHUR, Votre enfant apprend à lire, Casterman, 1972.

-       M. LOBROT, Troubles de la langue écrite et remèdes, E.S.F., 1972.

-       G. et R. PRÉFONTAINE, Le sablier, Hatier, 1972.

-       M. STAMBACH, R. DIATKINE, La dyslexie en question, Armand Colin, 1972.

-       A. TOMATIS, Éducation et dyslexie, E.S.F., 1972.

-       M. LOBROT, Lire, E.S.F., 1973,

-       E. MALMQUIST, Les difficultés d'apprendre à lire, Armand Colin, 1973.

-       J. JOLIBERT, R. GLOTON, Le pouvoir de lire.Casterman, 1975.

-       E. CHARMEUX, La lecture à l'école, CÉDIC, 1975.

-       A. BENTOLILA, C. DURAND, Communication et codageHachette, 1976.

-       A. BENTOLILA, Recherches actuelles sur l'enseignement de la lecture, Retz, 1976.

-       A. INIZAN, Révolution dans l'apprentissage de la lecture, Armand Colin, 1976.

-       J. JOLIBERT, H. ROMIAN, Pour une autre pédagogie de la lecture, Casterman, 1976.

-       R. COHEN, L'apprentissage précoce de la lecture, P.U.F., 1977.

-       E. JAVAL, Physiologie de la lecture et de l'écriture, Félix Alcan, 1905 ; Retz-C.E.P.L., 1978.

-       J. JENGER, S. DREVON, Nous lirons demain, Nathan, 1978.

-       A. RAFFÉSTIN, Apprentissage de la lecture et théorie de la perception, C.R.D.P., Rouen, 1978.

-       L. LENTIN, J. HÉBRARD, Du parler au lire, E.S.F., 1978.

-       M. WADIER, Un apprentissage heureux de la lecture, Casterman, 1978.

-       XXX, Apprentissage et pratique de la lecture à l'école, C.N.D.P., Paris, 1979.

-       J. WEISS, À la recherche d'une pédagogie de la lecture, P. Lang, Berne, 1980.

-       I.C.E.M., Pour une méthode naturelle de lecture, Casterman, 1980.

-       L. BELLENGER, Les méthodes de lecture, coll. « Que sais-je ?.», P.U.F., 1980.

-       F. SMITH, Comment les enfants apprennent à lire, Retz, 1980.

-       H. SERRI, Lire, de la maternelle au cours préparatoire, Armand Colin, 1981.

-       G. CALMY, Le soutien en lecture ou la lecture soutenue ? Nathan, 1982.

-       E. BOLTANSKI, Dyslexie et dyslatéralité, coll. « Que sais-je ? », P.U.F., 1982.

-       R. COHEN, Plaidoyer pour les apprentissages précoces, P.U.F., 1982.

-       I. COHEN, F. MAUFFREY, Vers une nouvelle pédagogie de la lecture, Armand Colin, 1983.

-       Y. CHENOUF, G. FAUCON, Des enfants, des écrits, la vie, M.D.I., 1983.

-       Association française pour la lecture, Lire c'est vraiment simple !... quand c'est l'affaire de tous, M.D.I., 1983.

-       H. REHBEN, De l'oral à l'apprentissage de la lecture, Hachette, 1983.

-       F. RICHAUDEAU, Recherches actuelles sur la lisibilité, Retz, 1984.

-       F. SMITH, Devenir lecteur, Armand Colin, 1986.

-       J. FOUCAMBERT, La manière d'être lecteur, SERMAP, 1976 ; M.D.I., 1985.

-       E. BEAUME, La lecture, préalables à sa pédagogie, A.F.L., 1985.

-       J. N. LALANDE, L'apprentissage de la langue écrite - du b-a ba à la b.d., P.U.F., 1985. 

-       Instructions officielles (1972, 1977, 1985).

-       Divers auteurs, Lectures/Ecritures, Nathan, 1985. 

-       J. FIJALKOW, Mauvais lecteurs - pourquoi ? P.U.F., 1986.

-       A. RAFFESTIN, L'évaluation de la lecture, C.R.D.P., Rouen, 1987.

                                     

Un complément « psychopédagogique » : (pour les très courageux)

 

-       ALAIN, Propos sur l'éducation,  7e éd., P.U.F., 1956 (1re éd. 1932).

-       P. GUILLAUME, La formation des habitudes, P.U.F., 1948 (1re éd. 1936).

-       H. WALLON, L'éducation psychologique de l'enfant, Armand Colin, 1941.

-     L. LEGRAND, Psychologie appliquée à l'éducation intellectuelle, Delachaux-Niestlé, 1961.
R.L. GRÉGORY, et le cerveau, Hachette, 1966.

-       P.R. LÉON, Prononciation du français standard, Didier, 1966.

-       R. HUSSON, Mécanismes cérébraux du langage, L'Expansion, 1968.

-       J. LEIF, J. DELAY, Psychologie et éducation, 4 vol., Nathan, 1968.

-       R. ZAZZO, Conduites et conscience, Delachaux-Niestlé, 1968.

-       J. PIAGET, Psychologie et pédagogie, Denoël-Gonthier, 1969.

-       L. WARNANT, Dictionnaire des rimes orales et écrites, Larousse, 1973.

-       L. LENTIN, Apprendre à parler 2 vol. , E.S.F., 1972-1973.

-       B. BÉRNSTEIN, Langage et classes sociales, Editions de Minuit, 1975.      

-       A. R. LURIA, Les fonctions corticales supérieures de l'homme, P.U.F. 1978.

-       P. OLERON, L'enfant et l'acquisition du langage, P.U.F., 1979.

-       C.R. BOUTON, Le développement du langage, Masson, 1979.

-       J.A. RONDAL, Votre enfant apprend à parler, Mardaga, 1979.

-       G. NOIZET, De la perception à la compréhension du langage, P.U.F.1980.

-       N. CATACH, L'orthographe française, Nathan, 1980.

-       M. HURTIG, J.A. RONDAL Introduction à la psychologie de l'enfant, 3 vol., Mardaga, 1981.

-       J.M. ROBERT, Comprendre notre cerveau, Seuil, 1982.

-       J.-P. BRONCKART, M. KAIL, G. Noizet, Psycholinguistique de l'enfant, Delachaux-Niestlé, 1983.

-       B. BETTELHEIM, La lecture et l'enfant, Laffont, 1983.

-       R. JAKOBSON, Six leçons sur le son et le sens, Éditions de Minuit, 1984.

-       XXX. Le cerveau, coll. « Bibliothèque Pour la science », Belin, 1984.

-       G. LAZORTHES, Le cerveau et l'esprit,  Flammarion, 1984.

 

 (1) : En effet, c’est Jules Ferry qui avait ouvert la porte des écoles aux éditeurs dès 1880, en confiant aux instituteurs le choix des manuels qu’ils désiraient utiliser, à la suite d’un rapport de Ferdinand Buisson du 6 novembre 1879 : les maîtres devaient utiliser le livre dans leur enseignement. Si le choix leur incombe, Jules Ferry, par son décret du 29 janvier 1890, en fixe le nombre et la nature : « les élèves devront disposer d’un livre de lectures, d’un livre de grammaire, d’un livre d’arithmétique, d’un petit atlas de géographie et d’un livre d’histoire de France ». La fin du 19e siècle verra croître une quantité de maisons d’édition scolaire.

(2) : Comme le rapporte A. Dessertenne et J. F. Rotasperti : dans son étude sur l’alphabétisation en Bourgogne, Pierre Lévêque écrit qu’entre 1827 et 1830, les cantons de l’Autunois et du Charolais comptaient 80 % de conscrits analphabètes. Cet état de fait sera constaté  aussi dans les centres urbains industriels naissants, comme dans le Bassin de Blanzy (Montceau-les-Mines n’existait encore pas) et au Creusot,  où la classe ouvrière était d’origine rurale locale. En 1833, un inspecteur écrit : « La population du Creusot est ignorante, sauvage, turbulente, corrompue : il lui faudrait un bon instituteur. » La création d’écoles par les patronats locaux va avoir une incidence décisive. Dès 1837, les Schneider créent une école et, en 1845, le taux des conscrits illettrés du canton tombe à 33 %. Dans le Bassin minier, alors canton de Mont-Saint-Vincent, la situation reste plus contrastée avec 55 % d’illettrés. Il faudra attendre 1869 et le développement complet du système scolaire Chagot, pour que ce taux tombe à 14,5 % dans ce canton alors que celui du Creusot se stabilisera à 15 %. Dans des villes comme Montceau ou Le Creusot, la politique patronale de fidélisation des ouvriers et de leur formation aux exigences de l’industrie, va passer par la prise en charge de la plupart des équipements collectifs de ces localités, églises, hôpitaux et surtout écoles, dont Amédée Burat, observateur contemporain des Chagot, écrira en 1877 : « En voyant l’ampleur et la bonne organisation des écoles de Montceau, l’ordre et la discipline de leur tenue, on ne peut guère que désirer l’extension de pareils établissements dans toutes les contrées du pays. Nous doutons d’ailleurs qu’il soit possible à un gouvernement de fonder l’éducation primaire sur des bases aussi solides. » Ce que contredira Jules Ferry quelques années plus tard avec la création de l’école publique laïque,  gratuite et obligatoire.


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