Architecture du bâtiment du musée
De la Maison d’Ecole
Des temps favorables
La construction de deux écoles communales en
1881 résulte d'une conjonction de deux facteurs :
- consécration par la Troisième République
d'un demi-siècle d'efforts pour régler la question des locaux scolaires en
créant la Caisse pour la Construction des Ecoles (1878);
- volonté d'ériger les premiers bâtiments
scolaires publics de la Ville par la municipalité républicaine récemment élue
autour d’Octave Jeannin (1878) pour compenser l'initiative patronale qui,
depuis 1870, a
fait élever plusieurs bâtiments pour ses écoles congréganistes, sous la
direction de l’architecte dijonnais Jean-Philippe Suisse et d’Hyppolite
Goichot, architecte de la Compagnie.
L’espace urbain
De premier abord, la Maison d'Ecole souffre
de son emplacement médiocre dans le tissu urbain :
- exiguïté du terrain qui a nécessité une
élévation sur trois niveaux;
- absence de perspective la mettant en
valeur, rachetée par une élévation imposante.
Un disciple de
Viollet-le-Duc
Issu d'une famille de tradition républicaine,
François Dulac est conseiller général du canton de Buxy depuis 1871, et sera
élu sénateur inscrit à la Gauche démocratique en 1892; défenseur de l'instruction
publique par conviction, il a pu, professionnellement, servir son idéal
politique en construisant 35 écoles en Saône et Loire. La présente école fut,
avec sa réplique exacte pour les filles (aujourd'hui détruite), sa seule œuvre
scolaire urbaine; disciple de Viollet-le-Duc, il s'est appliqué à adapter les
principes de l'architecture gothique aux
matériaux et techniques modernes.
Le chantier
Après un refus du ministère de valider le
projet, puis une adjudication malheureuse, le marché est cédé aux entrepreneurs
locaux Guillemet, Place, Parriat; les travaux sont exécutés entre juillet
1880 et mars 1882. Décompte global des
deux écoles : 134 000 francs-or couvert par une subvention de l’Etat
(80 000 F )
et un emprunt communal (50 000
F ).
La monumentalité
La monumentalité du bâtiment fait ressortir
la valeur républicaine de l’école.
Sa façade officielle, avec la proclamation de
sa fonction au portail : « école
communale et laïque », comprend trois niveaux sur caves, dont un étage attique, avec une
symétrie rigoureuse qui en rend l’aspect austère; l’autre façade, fonctionnelle
avec ses deux corps en avancée (escaliers) se caractérise au contraire par sa
dissymétrie.
La pierre
Rompant avec le vocabulaire architectural
traditionnel des écoles de la mine (fronton, baies en plein-cintre), la
solennité de l’édifice s'exprime presque exclusivement par la noblesse et
l'exubérance du matériau.
Noter l'emploi massif de la pierre calcaire
(Chagny), en moellons assisés pour les parements, et en pierre de taille pour
les soubassements, les baies, les cheminées et le portail.
La Maison d'Ecole est inscrite à l'inventaire
supplémentaire des monuments historiques pour ses façades et sa toiture.
Le style
Le style néogothique est surtout perceptible
dans la façade orientale, côté cour (baies étroites, crossettes de pignon,
cheminées écussonnées); celui de la façade occidentale fait pencher
l’architecture vers l’éclectisme, et les formes des linteaux annoncent déjà
celles de l’art nouveau. Au total, Dulac a su s’éloigner du néogothique
archéologique médiéval de Viollet-le-Duc pour promouvoir un néogothique
rationaliste.
Quelques remarques
architecturales intérieures
- l'arc diaphragme dans le hall d'entrée
(ancien préau).
- l'escalier en dalles de pierre superposées.
- les parements d'appareil mixte (pierre +
briques) dans l'escalier.
- les solives sur arêtes au plafond.
- les fenêtres avec système à crémaillère
dans les salles de classe.
Alain DESSERTENNE
Voir aussi dans la rubrique "Publications" : Maisons d'école en Saône-et-Loire 1867-1899
ainsi que : http://adessertenne.pagesperso-orange.fr/
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