mardi 10 janvier 2017

La genèse d'une collection (première partie)


La genèse d’une collection
(Première époque)
Par Suzanne Régnier, fondatrice

(Dans « Bulletin des Coopératives Scolaire »)

Suzanne Régnier, professeur d'Histoire-Géographie, fondatrice


Genèse d’une exposition temporaire devenue permanente
La première collection d’objets du musée de la Maison d’Ecole a quarante-deux ans et les travaux des bénévoles commencèrent donc bien avant la création « officielle » de notre association. Il convient, par conséquent, de faire appel aux souvenirs de chacun. Pour cela, nous présenterons l’historique du musée en retraçant les grands moments qui ont permis d’en arriver là avec pour devise :
 « L’école d’hier explique l’école aujourd’hui. »



Pour débuter cet historique, il nous a semblé judicieux de reprendre la présentation que Suzanne Reignier a faite en 1979 dans le bulletin des coopératives scolaires de l’origine de cette aventure qu’elle a intitulé : « Genèse d’une exposition temporaire… devenue permanente » :                   

Avril 1974 :
Banale conversation de couloirs entre un Inspecteur Primaire (Joseph Charnay) et un professeur de collège (Suzanne Régnier) : « Quand je pense à tout ce qui dort dans les écoles fermées ! » dit l’un, « Il y aurait bien des choses à retrouver et à montrer » dit l’autre.

Mai/juin 1974 :
L’idée fait son chemin dans la tête du professeur ; et si l’on pouvait se servir de ces objets qui attendent au fond des greniers  pour sensibiliser les élèves à l’évolution de l’école ? Thème d’histoire pour les troisièmes et d’instruction civique pour les quatrièmes de l’époque.

Rentrée scolaire 1974 :
La permission est demandée à l’administration du collège Saint-Exupéry pour entreprendre des démarches, des aménagements d’horaires en vue d’une réalisation encore floue et peu finalisée.

Octobre 1974 :
Une classe de quatrième et deux classes de troisième de niveaux très hétérogènes sont sollicitées par le professeur. Après une courte période de réflexion, il est décidé de se lancer dans l’expérience.

Novembre 1974 :
Une ou deux heures de concertation, de réflexion, d’organisation par classe, puis mise en commun des propositions, des projets. Ceux-ci se retrouvent au niveau de la recherche documentaire : une liste a été établie et il a été décidé d’écrire aux différentes écoles et communes avoisinantes pour récupérer les éventuelles richesses. Les idées ne sont pas en reste, un questionnaire destiné aux parents et grands-parents doit renseigner sur l’école de leur enfance. Mais s’il y a un questionnaire, il va falloir se poser la question du dépouillement des réponses et c’est pourquoi un appel est fait à d’autres classes et d’autres professeurs du collège. Finalement c’est une vaste équipe pédagogique qui se retrouve autour des trois classes, équipe qui va garantir la réussite de cette entreprise.

Janvier 1975 :
Pendant l’attente liée au retour des réponses nous réfléchissons sur la justification de notre thème ; pourquoi avoir limité notre propos à cent ans d’école ?
Notre ville est jeune (1856) et ses écoles relativement récentes (fin XIXe siècle). Le programme d’histoire de troisième comporte l’étude du 19e siècle et des grandes lois scolaires du début de la Troisième République. Avec des élèves de collège, il fallait limiter le sujet pour éviter les éparpillements.

Février 1975 :
Il faut agir ….. Au vue du matériel récolté, on décide de réaliser une exposition destinée aux autres classes afin de susciter des réactions qui pourront engendrer d’autres recherches. Mais réaliser une exposition suppose une méthodologie et des moyens matériels. Ces derniers seront  résolus grâce à l’aide sollicitée de l’Ecomusée de la Communauté Urbaine Le Creusot Montceau. Après une concertation, nous décidons de réaliser trois salles de classe différentes, à des époques significatives, il fut retenu : entre les lois d’obligation scolaire et la guerre de 1914-1918, l’entre-deux-guerres et l’école actuelle.

Mars 1975 :
Tri et classement par les élèves des documents reçus, il faut tout répertorier et répartir dans les trois types de classes retenus. Les élèves se plongent avec délices dans les documents anciens et découvrent avec émotion « le tour de France par deux enfants ». L’installation définitive de l’exposition sera réalisée pendant les vacances de Pâques où il se trouvera toujours un groupe d’élèves pour travailler.


fiche scolaire d'une élève ayant activement participé à l'aventure

fiche scolaire d'un élève ayant activement participé à l'aventure

fiche scolaire d'une élève ayant activement participé à l'aventure


Avril 1975 :
Ouverture officielle de l’exposition dans une salle du gymnase du collège. Participation de la chorale de l’établissement qui évoque chacune des trois périodes par deux chants significatifs de l’époque.
Ouverture « bis » mais non moins officielle destinée au personnel de l’établissement et aux élèves.
Décision d’ouvrir cette exposition au public tous les soirs de la semaine ; d’où constitution d’une équipe étoffée de professeurs et de grands élèves de troisième pour assurer la surveillance et la visite guidée. Un recensement de plus de mille visiteurs a été fait avant les vacances scolaires.

Mai à Octobre 1975 :
Visites publiques très nombreuses grâce à l’écomusée Creusot-Montceau qui a inscrit l’exposition dans son programme culturel. D’autre part pendant ce temps et parallèlement aux ouvertures pour le publique, des animations diverses sont proposées à l’intention des enseignants, des retraités de l’Education Nationale, des parents d’élèves et différentes personnalités.

Liste originale des personnalités ayant visité l'exposition

Novembre 1975 :
Il fallait rendre le gymnase à son utilisation initiale, l’exposition a donc été démontée par les élèves qui avaient le cœur gros et tout le matériel a été stocké dans une réserve du collège.

Mars 1976 :
Des journalistes et des professeurs d’université italiens qui avaient eu l’occasion, par l’écomusée, de visiter l’exposition, souhaitent très vivement la présenter dans le pavillon italien à la Biennale de Venise en Septembre 1976. Malgré des difficultés matérielles évidentes et des réticences de divers ordres, une acceptation de principe fut donnée.

Le Courrier-Le Journal de Saône-et-Loire, article du 2 juin 1976

Septembre 1976 :
Transport, installation et présentation de l’exposition à Venise pendant trois semaines, puis opérations inverses et retour de celle-ci à Montceau pour un « restockage » dans une salle  d’une école primaire de la ville. Voici donc cette exposition enfouie dans un débarras, on aurait pu la croire perdue, mais c’est sans compter sur la pugnacité de ses instigateurs qui manifestement avaient une autre ambition pour elle.


Article du Courrier- Le Journal de Saône-et-Loire du 28 juin 19766


Prix de Participation, 1978


Septembre 1977 :
Une salle de classe désaffectée étant offerte dans une école primaire du centre-ville de Montceau, des démarches sont entreprises pour en obtenir la dévolution et réinstaller « Cent ans d’école »en un condensé peu visible, mais qui avait le mérite de sauvegarder l’essentiel des collections.

Décembre 1977 :
Deux nouvelles classes du collège Saint-Exupéry de Montceau managées par le même professeur rédigent un questionnaire qui sera diffusé auprès de la population montcellienne et analysé à partir de trois tranches d’âge différentes : moins de trente ans (scolarité après la guerre de 1939-45), quarante ans, cinquante ans (scolarité entre-deux-guerres), plus de cinquante ans (scolarité avant 1914-18). Le dépouillement des questionnaires effectué par les élèves donnera matière à nouvelle exposition.
Parallèlement à ce travail de multiples réunions ont lieu avec des personnalités du monde enseignant. Ces rencontres vont permettre de mettre en perspective les sujets de réflexion des années à venir, mais surtout de confronter les animateurs avec le travail de réalisation d’un espace muséographique puisque l’exposition devient permanente.

31 Janvier 1978 :
Cette date est importante car elle est celle de l’ouverture publique de l’exposition « Cent ans d’école » dans une salle qui désormais lui est attribuée à demeure. (On entrevoit-là le commencement de ce qui deviendra plus tard le musée) Pendant toute l’année scolaire de nombreuses visites intéressant des classes de tous ordres se sont succédées ainsi que des ouvertures au public chaque dernier Dimanche du mois.

Septembre 1978 :
À l’occasion d’un changement de directeur de l’école d’accueil, des nouveaux accords ont permis par des échanges de salles d’étendre le musée et désormais, il dispose de trois salles de classes désaffectées ce qui va lui permettre de retrouver sa configuration initiale en trois époques différentes.
Les bases de ce qui deviendra le Musée de la Maison d’Ecole sont désormais posées d’autant qu’une équipe pluridisciplinaire d’enseignants retraités ou actifs, aidés par quelques parents s’ingénient à faire vivre cette exposition prétexte, sous le regard bienveillant des responsables de l’Ecomusée de la Communauté Le Creusot-Montceau, parties prenantes dans le contexte général.
Des animations, des conférences, des réunions-débats sont offertes aux parents d’élèves et au corps enseignant.
En même temps, une action de conservation est entreprise et le patrimoine scolaire est méthodiquement répertorié par une enseignante retraitée armée d’une solide patience : il s’agit de Clotilde Gillot et de son mari.
Le public est toujours accueilli le dernier Dimanche de chaque mois, des classes, des coopératives scolaires, des voyages de fin d’année défilent donnant vie à ce qui ne veut être qu’une exposition stimulante et génératrice de réflexion. 
Les trois axes de travail de ce groupe sont ainsi bien identifiés : la recherche et l’archivage du patrimoine scolaire, les animations sur des thèmes qui peuvent être d’actualité et qui traversent l’histoire de l’école, et enfin les visites des expositions entreposées dans trois salles destinées à cela. Le groupe d’origine est modifié et ce sont désormais des adultes qui vont assurer l’essentiel du travail. Les élèves du collège donneront bien sûr encore quelques coups de main mais de manière très épisodique.

A suivre…

Propos transcrits par M.Billard in Le Trentenaire de la Maison d’Ecole (voir dans la rubrique Publications)





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