La
genèse d’une collection
(Première
époque)
Par
Suzanne Régnier, fondatrice
(Dans
« Bulletin des Coopératives Scolaire »)
Genèse
d’une exposition temporaire devenue permanente
La première collection
d’objets du musée de la Maison d’Ecole date de l'année 1974 et les travaux des
bénévoles commencèrent donc bien avant la création « officielle » de
notre association. Il convient, par conséquent, de faire appel aux souvenirs de
chacun. Pour cela, nous présenterons l’historique du musée en retraçant les
grands moments qui ont permis d’en arriver là avec pour devise :
« L’école d’hier explique l’école aujourd’hui. »
Pour débuter cet historique,
il nous a semblé judicieux de reprendre la présentation que Suzanne Reignier a
faite en 1979 dans le bulletin des coopératives scolaires de l’origine de cette
aventure qu’elle a intitulé : « Genèse d’une exposition temporaire…
devenue permanente » :
Avril 1974 :
Banale conversation de
couloirs entre un Inspecteur Primaire (Joseph Charnay) et un professeur de
collège (Suzanne Régnier) : « Quand je pense à tout ce qui dort dans
les écoles fermées ! » dit l’un, « Il y aurait bien des choses à
retrouver et à montrer » dit l’autre.
Mai/juin 1974 :
L’idée fait son chemin dans
la tête du professeur ; et si l’on pouvait se servir de ces objets qui
attendent au fond des greniers pour
sensibiliser les élèves à l’évolution de l’école ? Thème d’histoire pour
les troisièmes et d’instruction civique pour les quatrièmes de l’époque.
Rentrée scolaire 1974 :
La permission est demandée à
l’administration du collège Saint-Exupéry pour entreprendre des démarches, des
aménagements d’horaires en vue d’une réalisation encore floue et peu finalisée.
Octobre 1974 :
Une classe de quatrième et
deux classes de troisième de niveaux très hétérogènes sont sollicitées par le
professeur. Après une courte période de réflexion, il est décidé de se lancer
dans l’expérience.
Novembre 1974 :
Une ou deux heures de
concertation, de réflexion, d’organisation par classe, puis mise en commun des
propositions, des projets. Ceux-ci se retrouvent au niveau de la recherche
documentaire : une liste a été établie et il a été décidé d’écrire aux
différentes écoles et communes avoisinantes pour récupérer les éventuelles
richesses. Les idées ne sont pas en reste, un questionnaire destiné aux parents
et grands-parents doit renseigner sur l’école de leur enfance. Mais s’il y a un
questionnaire, il va falloir se poser la question du dépouillement des réponses
et c’est pourquoi un appel est fait à d’autres classes et d’autres professeurs
du collège. Finalement c’est une vaste équipe pédagogique qui se retrouve
autour des trois classes, équipe qui va garantir la réussite de cette
entreprise.
Janvier 1975 :
Pendant l’attente liée au
retour des réponses nous réfléchissons sur la justification de notre
thème ; pourquoi avoir limité notre propos à cent ans d’école ?
Notre ville est jeune (1856)
et ses écoles relativement récentes (fin XIXe siècle). Le programme d’histoire
de troisième comporte l’étude du 19e siècle et des grandes lois scolaires du
début de la Troisième République. Avec des élèves de collège, il fallait
limiter le sujet pour éviter les éparpillements.
Février 1975 :
Il faut agir ….. Au vue du
matériel récolté, on décide de réaliser une exposition destinée aux autres
classes afin de susciter des réactions qui pourront engendrer d’autres
recherches. Mais réaliser une exposition suppose une méthodologie et des moyens
matériels. Ces derniers seront résolus
grâce à l’aide sollicitée du tout nouvel Ecomusée de la Communauté Urbaine Le Creusot/Montceau. Après une concertation avec les professionnels de ce dernier, il est décidé de réaliser trois salles de
classe différentes, à des époques significatives, il fut retenu : entre
les lois d’obligation scolaire et la guerre de 1914-1918, l’entre-deux-guerres
et l’école actuelle. L'exposition est montée par un groupe de travail très étoffé et composé de personnalités locales et nationales. Cet espace
muséographique prendra le titre d' "antenne de l'écomusée le
Creusot/Montceau-les-Mines" et engagera de nombreux travaux sur
l'ethnologie scolaire et de la préservation du patrimoine liée au territoire,
ces travaux se sont poursuivis jusqu’à nos jours, avec la création du centre de ressources Clara Schumann lié
aux collections du musée de la Maison d’École.
Mars 1975 :
Tri et classement par les
élèves des documents reçus, il faut tout répertorier et répartir dans les trois
types de classes retenus. Les élèves se plongent avec délices dans les
documents anciens et découvrent avec émotion « le tour de France par deux
enfants ». L’installation définitive de l’exposition sera réalisée pendant
les vacances de Pâques où il se trouvera toujours un groupe d’élèves pour
travailler.
Avril 1975 :
Ouverture officielle de
l’exposition dans une salle du gymnase du collège. Participation de la chorale
de l’établissement qui évoque chacune des trois périodes par deux chants
significatifs de l’époque.
Ouverture « bis »
mais non moins officielle destinée au personnel de l’établissement et aux
élèves.
Décision d’ouvrir cette
exposition au public tous les soirs de la semaine ; d’où constitution
d’une équipe étoffée de professeurs et de grands élèves de troisième pour
assurer la surveillance et la visite guidée. Un recensement de plus de mille
visiteurs a été fait avant les vacances scolaires.
Mai à Octobre
1975 :
Visites publiques très
nombreuses grâce à l’écomusée Creusot-Montceau qui a inscrit l’exposition dans
son programme culturel. D’autre part pendant ce temps et parallèlement aux
ouvertures pour le publique, des animations diverses sont proposées à
l’intention des enseignants, des retraités de l’Education Nationale, des
parents d’élèves et différentes personnalités.
Novembre 1975 :
Il fallait rendre le gymnase
à son utilisation initiale, l’exposition a donc été démontée par les élèves qui
avaient le cœur gros et tout le matériel a été stocké dans une réserve du
collège.
Mars 1976 :
Des journalistes et des
professeurs d’université italiens qui avaient eu l’occasion, par l’écomusée, de
visiter l’exposition, souhaitent très vivement la présenter dans le pavillon
italien à la Biennale de Venise en Septembre 1976. Malgré des difficultés
matérielles évidentes et des réticences de divers ordres, une acceptation de
principe fut donnée.
Septembre 1976 :
Transport, installation et
présentation de l’exposition à Venise pendant trois semaines, puis opérations
inverses et retour de celle-ci à Montceau pour un « restockage » dans
une salle d’une école primaire de la ville.
Voici donc cette exposition enfouie dans un débarras, on aurait pu la croire
perdue, mais c’est sans compter sur la pugnacité de ses instigateurs qui
manifestement avaient une autre ambition pour elle.
Septembre 1977 :
Une salle de classe
désaffectée étant offerte dans une école primaire du centre-ville de Montceau,
des démarches sont entreprises pour en obtenir la dévolution et réinstaller
« Cent ans d’école »en un condensé peu visible, mais qui avait le
mérite de sauvegarder l’essentiel des collections.
Décembre 1977 :
Deux nouvelles classes du
collège Saint-Exupéry de Montceau managées par le même professeur rédigent un
questionnaire qui sera diffusé auprès de la population montcellienne et analysé
à partir de trois tranches d’âge différentes : moins de trente ans
(scolarité après la guerre de 1939-45), quarante ans, cinquante ans (scolarité
entre-deux-guerres), plus de cinquante ans (scolarité avant 1914-18). Le
dépouillement des questionnaires effectué par les élèves donnera matière à
nouvelle exposition.
Parallèlement à ce travail
de multiples réunions ont lieu avec des personnalités du monde enseignant. Ces
rencontres vont permettre de mettre en perspective les sujets de réflexion des
années à venir, mais surtout de confronter les animateurs avec le travail de
réalisation d’un espace muséographique puisque l’exposition devient permanente.
31 Janvier
1978 :
Cette date est importante
car elle est celle de l’ouverture publique de l’exposition « Cent ans
d’école » dans une salle qui désormais lui est attribuée à demeure. (On
entrevoit-là le commencement de ce qui deviendra plus tard le musée) Pendant
toute l’année scolaire de nombreuses visites intéressant des classes de tous
ordres se sont succédées ainsi que des ouvertures au public chaque dernier Dimanche
du mois.
Septembre 1978 :
À l’occasion d’un changement
de directeur de l’école d’accueil, des nouveaux accords ont permis par des
échanges de salles d’étendre le musée et désormais, il dispose de trois salles
de classes désaffectées ce qui va lui permettre de retrouver sa configuration
initiale en trois époques différentes.
Les bases de ce qui
deviendra le Musée de la Maison d’Ecole sont désormais posées d’autant qu’une
équipe pluridisciplinaire d’enseignants retraités ou actifs, aidés par quelques
parents s’ingénient à faire vivre cette exposition prétexte, sous le regard
bienveillant des responsables de l’Ecomusée de la Communauté Le
Creusot-Montceau, parties prenantes dans le contexte général.
Des animations, des
conférences, des réunions-débats sont offertes aux parents d’élèves et au corps
enseignant.
En même temps, une action de
conservation est entreprise et le patrimoine scolaire est méthodiquement
répertorié par une enseignante retraitée armée d’une solide patience : il
s’agit de Clotilde Gillot et de son mari.
Le public est toujours
accueilli le dernier Dimanche de chaque mois, des classes, des coopératives
scolaires, des voyages de fin d’année défilent donnant vie à ce qui ne veut
être qu’une exposition stimulante et génératrice de réflexion.
Les trois axes de travail de
ce groupe sont ainsi bien identifiés : la recherche et l’archivage du
patrimoine scolaire, les animations sur des thèmes qui peuvent être d’actualité
et qui traversent l’histoire de l’école, et enfin les visites des expositions
entreposées dans trois salles destinées à cela. Le groupe d’origine est modifié
et ce sont désormais des adultes qui vont assurer l’essentiel du travail. Les
élèves du collège donneront bien sûr encore quelques coups de main mais de
manière très épisodique.
A suivre…
Propos
transcrits par M.Billard in Le
Trentenaire de la Maison d’Ecole (voir dans la rubrique Publications)
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