samedi 24 mars 2018

La Rédaction à l'école primaire de 1878 à 1988

Les conférences du Musée de la Maison d’Ecole

Dix ans déjà



« LA REDACTION »

Conférence de présentation à l’Auditorium de Montceau-les-Mines (2008)

Patrick PLUCHOT
Président du Musée de la Maison d’Ecole-écomusée Le Creusot/Montceau Musée de France


Le propos : (texte intégral de la conférence)

« Introduction : 

Nous arrivons aujourd’hui au terme d’un long travail de recherches, mené par les membres du musée de la Maison d’Ecole.
Un des sujets d’étude privilégié par le groupe de travail pédagogique du Musée est celui de l’histoire sociale et de la sociologie historique de l’éducation. Il tend à expliquer les fonctionnements qui lient l’histoire de l’école aux mécanismes de la reproduction sociale et à la formation des mentalités collectives. L’accent est mis sur la sociologie des élèves et des enseignants, ainsi que sur le discours éducatif analysé à partir des textes et directives officielles, des manuels et de la presse pédagogique. 


C’est cette diversification des approches qui a guidé la définition des objectifs de notre Musée : rédaction d’une monographie, création d’un musée d’éducation et constitution d’un conservatoire éco muséographique qui préserve le patrimoine local dont font partie les productions des élèves de toutes époques.


Sommaire du livre "La Rédaction"


L’album pédagogique  que nous produisons cette année met en avant la rédaction au fil du temps. Il est le premier recueil qui met à jour les trésors « écrits » du musée de la Maison d’Ecole. Nous espérons qu’il apportera, sans prétention, un éclairage sur le contenu des disciplines d’enseignement à l’école élémentaire… voilà tout… L’analyse proposée montre néanmoins l’importance de la sauvegarde et de la préservation locales des cahiers et travaux des élèves de toutes époques et l’importance aussi de leur mise en valeur auprès du grand public.
Dans La Rédaction, nous avons retenu, arbitrairement sans doute, 75 textes d’élèves (pratiquement tous issus du département) couvrant la période 1878-1988. Tous les niveaux y sont présents du cours élémentaire au cours complémentaire et la parité garçons-filles a été respectée. Les travaux d’élèves présentés reflètent un enseignement et des sujets communément retrouvés à l’échelle nationale. De fait, cette dimension comparatiste fait de notre travail, un singulier qui renvoie à un pluriel, au lieu d’un anecdotique qui ne renvoie à rien. Ces textes s’articulent autour de six thématiques qui nous ont parues les plus représentatives de ce qui fut imposé par les instructions officielles des différentes époques.
Nous n’avons pas choisi la facilité en traitant du sujet épineux de la rédaction à l’école primaire. Cet enseignement a, de tout temps, soulevé la polémique, du milieu du 19ième siècle jusqu’à même 2008. 


Cahier du jour, élève inconnu(e), 1878 (collection musée)


D’une manière générale, dans l’école d’avant Jules Ferry, la rhétorique imprimait sa marque aux classes élémentaires avec des exercices d’amplification de groupes de mots, puis de phrases, doublés de mémorisation d’expressions stéréo typiques, sorte de lieux communs, avec des exercices de style et d’écriture-réécriture d’autres textes.


Cahier de compositions françaises, cours complémentaire, élève G. Thomas, 1922 (collection musée)


La rédaction, apparue au milieu du XIX° siècle, et imposée dès 1882, était une ouverture, même modeste, à l’expression des idées de l’élève et en cela, elle constituait une avancée, bien qu’en ces temps, rédiger n’était pas fondamentalement travailler la langue écrite pour faire naître du neuf, c’était plutôt mettre en forme écrite, avec un langage le mieux construit possible, des choses que l’on savait déjà. Le bond dans le temps qui nous rapproche des Programmes de 2008 nous éloigne-t-il vraiment de cet état d’esprit ? Peut-être pas. Les temps n’auraient-ils pas changé ?
La réapparition de la rédaction dans ces nouveaux programme (enseignement qui n’avait d’ailleurs pas disparu des pratiques enseignantes), cette réapparition donc, nous interroge, moins au niveau du terme qu’au niveau de l’idée qui l’accompagne, selon laquelle un élève d’école primaire ne serait pas capable d’un rapport créateur à la langue. Certains pédagogues pensent, en effet, que ré instancier, si on peut dire, la rédaction comme production écrite phare en français au cycle 3, c’est ignorer d’abord les recherches pédagogiques sur l’écriture du groupe EVA dans les années 1980, c’est ignorer aussi le travail des brouillons (Fabre, 1990), ignorer la réflexion sur les écrits intermédiaires (Chabannes & Bucheton, 2000), ignorer le travail de l’écriture littéraire (Tauveron & Sève, 2005). Ils pensent aussi, comme Doquet-Lacoste, que je cite : c’est faire fi « du vaste champ de recherche que constitue aujourd’hui l’écriture, littéraire ou non, dans les domaines de la littérature,  de la critique génétique, de la linguistique, de la sociologie, de l’anthropologie. Dans ces différents champs scientifiques, l’étude de l’écriture est celle d’une activité humaine – sociale, culturelle, linguistique – dans laquelle entrent en jeu des composantes complexes et que l’on n’envisage plus aujourd’hui comme la transcription d’un oral supposé en écrit mais comme l’élaboration d’un discours singulier, dans lequel le matériau, la langue écrite, inséparable de ses dimensions symboliques, joue un rôle prépondérant. Que sont des Programmes qui négligent les convergences de la recherche en sciences humaines pour remettre à la première place un genre d’écrit, la rédaction, qui n’a jamais existé qu’à l’école, eu égard à la nécessité reconnue par ailleurs de favoriser les liens entre cette même école et le monde extérieur ? » . Fin de citation, la polémique n’est donc pas morte.

Pourtant, déjà en 1923, les Instructions pour l’Ecole Primaire rédigées par Paul Lapie montraient la nécessité de l’apprentissage de savoirs en prise avec le monde dans lequel évoluaient les élèves. En 1963, la reprise par le parti communiste du rapport Langevin-Wallon de 1947 (jamais appliqué au demeurant), pointait du doigt les connaissances sclérosées qui faisaient alors l’objet d’un enseignement systématique, sans lien avec les usages langagiers qui étaient ceux des élèves et qui seraient les leurs à l’âge adulte. L’Institut National de la Recherche Pédagogique, depuis 1970, souligne la nécessité pour l’école de s’appuyer aussi, mais pas exclusivement, sur des productions langagières orales ou écrites des élèves, ainsi que sur des textes non spécifiquement scolaires, pour étudier la langue et son fonctionnement.

A l’heure où l’expression écrite, y compris dans ses éditions savantes  s’appuie non plus sur les sacro-saints « exemples de grammaire » mais sur des énoncés attestés pour caractériser et analyser la langue, faut-il que cette ouverture aux usages, observable dans le champ linguistique depuis les années 1960, devienne lettre morte quand on s’adresse à des enfants ? Evidemment, la scolarité obligatoire doit faire acquérir un système morphologique strict, mais, comment nos élèves parviendront-ils à rendre opératoires les savoirs transmis si les apprentissages ne se font pas en connexion avec les usages sociaux et médiatiques en vigueur ? La question est d’importance.
Sans entrer trop avant dans le contenu du livre qu’il vous appartient de découvrir, je vais tenter une explication rapide quant au choix des thèmes retenus. 


Cahier du jour Collection Charier éditeur à Saumur, élève Gabriel J., né en 1899, 1908 (collection musée)


1 / : Le premier chapitre du livre s’intitule : les Choses vues :

Ce premier thème « des choses vues » élargit le champ de la description dans les rédactions d’élèves, à une réalité plus large souvent liée au récit. Là encore, l’ambiguïté doit être levée : la description ne vaut pas seulement pour elle-même, en tant qu'imitation d'une technique littéraire ou d’un apprentissage grammatical. Elle établit aussi une relation entre l'extérieur et l'intérieur, la nature et les sentiments de celui qui la contemple. En décrivant sa vision, l’élève exprime son ressenti. 


Cahier de devoir Le Calligraphe Librairie D. Nourry M. Guignard successeur à Autun, élève Adrienne G., âgée de 12 ans, cours supérieur, 1911 (collection musée

 Il suffit de lire les rédactions proposées pour s’en persuader. Du reste, et pour donner un exemple concret, les grandes fresques de Zola qui décrivent les Halles dans Le Ventre de Paris ne sont-elles pas des documents ? A leur manière, les descriptions faites en classe en sont aussi. Au sein de cet ouvrage,  l'utilité des descriptions apparaît beaucoup plus clairement. Bien loin de se réduire à des morceaux détachables purement décoratifs, les descriptions sont des lieux textuels saturés de sens. Eluder les descriptions, comme le font parfois les lecteurs pressés, aurait fait prendre le risque de manquer une très grande part de l'information sur une époque : la physionomie, l'habillement, l'ameublement et tout l'environnement des personnages révèlent leur psychologie et la justifie.


Cahier de devoirs mensuels Progrès NF, élève Nelly M., née le 15 mars 1949, classe de fin d'études I, 2ième classe, 1960 (collection musée)


Au fondement de cette relation, il y a une théorie implicite du milieu : les êtres sociaux, comme les êtres vivants, sont en adéquation avec le milieu où ils vivent et par conséquent sont interprétables à partir de lui. On sait comment, dans Le Père Goriot, Balzac fait de la pension Vauquer le symbole de ses occupants…


Cahier de devoirs mensuels, élève Berthe L., cours moyen 2ième année, école privée de Toulon-sur-Arroux, 1911 (collection musée)



Les dix-huit productions de ce chapitre s’échelonnent de 1902 à 1988. Dans une première série de textes, en bonne conformité avec la pédagogie instructive de la leçon de choses, l’élève doit décrire des objets qu’il a devant les yeux et dont il doit dire l’aspect, mais aussi la fonction, la fabrication, le fonctionnement, l’utilité (« Le verre à boire » 1902, « La pièce de cinq centimes », 1908, « La montre de la maîtresse » 1915, « La lampe de notre classe » 1913). Il ne suffit donc pas de regarder, il faut avoir retenu les informations entendues en classe : comment on fabrique le verre, ce qu’on peut « faire » avec un sou (achat, économie, charité), comment fonctionne la lampe à pétrole. Tous ces exercices sont appelés « rédaction » et une série de questions, parfois recopiées sur le cahier, prépare l’enchaînement des phrases. La diffusion progressive de livres de sciences spécialisés fait disparaître des livres de lecture ces textes « instructifs » qui servaient de modèle d’écriture : on n’en trouve plus guère au-delà de 1923.

La description peut s’élargir à la restitution d’un lieu, d’une scène, d’un personnage, sous l’intitulé de « composition française ». De telles descriptions sont fréquemment intégrées à des récits dans les morceaux choisis littéraires qui servent aux lectures quotidiennes, elles perdurent donc mais leur style évolue lentement. « La salle de classe » est un grand classique, dont deux versions sont présentées, finalement assez stables entre 1908 et 1960, puisqu’elles suivent le même plan. La liste des points à aborder est donnée en 1960 : « Aspect général, Orientation, Éclairage, Mobilier, Décoration, Impressions et Résolutions ». Dans les deux cas, on a la phrase conclusive d’adhésion : « je me plais à l’école » dans la rédaction 1908 et « je veux rester dans cette classe car je l’aime bien, j’espère faire du bon travail » dans celle de 1960). Il s’agit d’une formule de clôture, aussi formelle et commode qu’une formule de politesse au bas d’une lettre, et, évidemment, personne n’y voit un engagement véritable...

Si l’élève a la salle de classe sous les yeux quand il écrit, il n’en est pas de même des autres descriptions qu’il ne peut qu’évoquer de mémoire : « L’endroit le plus animé du village » (1911), « Le chien de berger » (1936), à moins qu’il ne s’agisse de décrire l’image d’un livre ou d’une autre affichée dans la classe. C’est certainement le cas quand il s’agit de dénoncer la brutalité envers les animaux avec la scène du cheval battu par le charretier brutal (1909), ou d’évoquer l’affairement joyeux des vendanges, qui ne devait guère être de mise en pleine guerre, à l’automne 1917 : ces scènes ont été souvent représentées dans les livres de lecture, dans les vignettes en noir et blanc illustrant les manuels.

Avec les nouvelles instructions de 1923, faisant une place plus importante aux « centres d’intérêt de l’enfant », les sujets évoluent vers les récits d’expériences. Dans les écrits, l’observation directe faite par l’élève est sensible, quelles que soient les aides collectives à la formulation faites en classe : « La course à pied » en 1929, « Le froid » du 16 au 22 décembre 1950, qui est un texte collectif rassemblant les observations des enfants faites spontanément ou lors d’une « étude de milieu », « La roulée des œufs de Pâques » en 1945, « La marchande ambulante de fruits et légumes » en 1956.

En revanche, dans les narrations de la dernière période, l’élève doit faire la preuve qu’il saura évoquer de façon plausible la situation demandée, qu’elle soit de pure imagination (« Allo, la base ! » 1978), ou qu’elle renvoie à une situation réaliste, sinon vécue. C’est le cas avec « Le récit d’une belle histoire » (1962), « L’achat d’une robe dans un magasin » (1974) et surtout « La promenade au printemps en forêt » (1988), qui rassemble, aussi bien que chez Walt Disney, tout ce qu’on peut attendre de clichés rassurants sur les fleurs, le soleil et les petits oiseaux, jusqu’à la conclusion immuable : « Il est déjà tard et nous repartons, fatigués mais joyeux de notre belle promenade en forêt ». En un siècle, on est ainsi passé d’une écriture totalement guidée et encadrée, à un exercice supposant que les élèves ont une maîtrise implicite suffisante des codes narratifs et des stéréotypes attendus pour conduire d’eux-mêmes ce genre d’évocation en situation scolaire : de fait, on mesure l’intensité des exercices sans lesquels ce résultat, pourtant modeste, n’aurait pu  être atteint.

2/ : Le second chapitre est celui des thèmes moraux et civiques :

L’enseignement moral et religieux est remplacé dans les Programmes des Ecoles Primaires de 1882 par le double enseignement moral et civique. Le « Hussard noir de la République », cher à Péguy, doit cependant faire connaître à ses élèves les devoirs des futurs citoyens qu’ils seront : « envers l’âme, envers le corps, envers ses maîtres, envers la famille, envers la Patrie, envers Dieu »…bien que la morale républicaine n’accepte le gouvernement d’aucune religion. Notons au passage que ce ne sera qu’en 1906 que l’édition du livre scolaire Le tour de France par deux enfants, qui fut un pilier de l’enseignement du français, sera laïcisée, André et son frère abandonnent la prière du coucher et ne disent plus « mon Dieu » mais « Hélas ! ». Doit-on y voir un effet des lois Combes ?

Jules Ferry met en garde le corps enseignant au nom de la « neutralité » : « vous ne toucherez jamais avec trop de scrupules à cette chose sacrée, qui est la conscience de l’enfant ».


Cahier de compositions Imprimerie Léon Renaud Bourges, cours complémentaire, élève Germaine D., née en 1897, 1912 (collection musée)


La morale vécue et la morale enseignée doivent être confondues. Cependant, les principes et la discipline inculqués aux écoliers se révèleront bientôt être trop souvent liés à des contraintes d’adultes : respect de l’argent, respect de la loi, respect de l’ordre. Les manuels de lecture proposent des thèmes de rédaction dans ce sens. Les Instructions de 1923 dissocient clairement enseignement moral et enseignement civique et les « devoirs envers Dieu » disparaissent. Au demeurant, les priorités du culte républicain de l’idéal de l’homme (qui répondait à un souci des réalités urgentes : « le travailleur, le citoyen et l’homme »), voient cette dernière notion se développer au détriment des deux autres.


Cahier de rédactions (roulement), cours supérieur, élève Denise B., 1945 (collection musée)


Ce glissement s’amplifiera jusqu’à la disparition de la morale en temps que telle dans les écoles. De même, après la grande guerre, on ne fera plus composer les élèves sur les « textes édifiants » qu’étaient : le respect dû aux parents et aux soldats ou encore les victimes du devoir.

Le changement est notoire dès 1923, les sujets proposés décrivent des comportements concrets : la gourmandise, le caprice, l’application scolaire…


Cahier de devoirs Lotus, élève Adrienne G., âgée de 11 ans, cours moyen, 1910 (collection musée)


S’il est difficile de s’entendre sur les devoirs envers l’âme, un consensus peut s’établir sur les devoirs envers le corps et des générations d’élèves ont vu les affiches éditées vers 1890 (« L’alcoolisme voici l’ennemi ! »), opposant le foie sain au foie rongé par la cirrhose et l’homme normal à l’ivrogne aux yeux effarés, zombie à la pupille vert pâle, couleur d’absinthe.

Jusqu’en 1920, les manuels de lecture commencent par des textes moraux mais en 1923, la morale est séparée de l’instruction civique et le calendrier des textes à lire change. On débute avec l’automne, la rentrée, les vendanges et non plus par les Devoirs envers les maîtres. « Vices et vertus » deviennent « Qualités et défauts », où on décrit des comportements sans distribuer blâme et louange. Les méthodes actives prônent l’échange oral autour des « cas » qui se présentent dans la classe ou dans l’actualité, consacrant une pédagogie de la « morale occasionnelle » : c’est la fin de la leçon de morale matinale qui s’achevait par une maxime ou une bonne résolution. De ce fait, la morale disparaît des disciplines scolaires, sinon des soucis enseignants. Mais les efforts se déportent vers d’autres entraînement d’écriture : descriptions et récits, comme nous l’avons vu.

Les devoirs sur les « Thèmes moraux et civiques » s’arrêtent donc en 1945, bien avant que la morale ne disparaisse des programmes, en 1968, comme l’avait noté Jean Baubérot étudiant les cahiers d’écoliers (La morale laïque contre l’ordre moral, Paris, Seuil, 1997). On a retenu deux textes de 1878, témoins d’une présence religieuse disparue après 1882 (la visite du curé, la prière du réveil). Les textes, écrits par 7 filles, 3 garçons, 2 anonymes, sont peu corrigés (3 sont -mal- notés, 7 non corrigés, 2 corrigés mais non notés). C’est qu’ils s’avèrent difficiles à évaluer : comment ne pas décourager la sincérité maladroite ? Comment traiter le conformisme hypocrite ?

Quand la morale est un objet d’écriture écolière, quels sont les sujets abordés ? L’art du portrait domine : en quelques lignes, il s’agit de caractériser le bon écolier (1909), le « souillon » (1908), l’enfant propre et ordonné (1935), le petit capricieux (1945) : « Le bon écolier fait toujours bien ses devoirs, il aime son maître, il travaille toujours avec ardeur ». On présente aussi en couple qualité et défaut, comme ordre et désordre (« autant Émile est actif et soigneux, autant Jules est négligent et nonchalant » 1878), coquetterie et bonne tenue (1902). Enfin, on recourt au récit édifiant. Dans « Un brave cœur » (1909) le bon élève courageux prend la défense de l’orphelin, pauvre et brimé, et « les  méchants camarades tout honteux le prennent en pitié et lui demandent pardon ». Ces historiettes morales sont rarement réussies, surtout quand l’élève doit s’y mettre en scène et arriver à la chute prévue (« bon écolier, bon citoyen »).

Le changement de style est patent après 1923. Les textes décrivent des comportements concrets : la bonne élève de 1935 « s’applique de son mieux pour écrire, ne faisant pas une tache, tirant des traits droits et ne cornant pas son cahier ». Les anecdotes relatées (l’enfant capricieux qui refuse de dire bonjour, la gourmande qui mange le gâteau familial) ont la qualité des « choses vues et vécues » sans grande émotion ni moralisation.

S’agissant des thèmes civiques, Berthe (CM2) rappelle en 1911 que le suffrage universel est une conquête historique (« tout le monde n’avait pas le droit de voter, seulement les riches parce qu’il fallait payer, c’est en 1848 que le député Baudin fut tué parce qu’il voulait le suffrage universel ») Qui se douterait qu’elle est dans une école privée ? Germaine (15 ans) doit élargir le sens de « mourir au champ d’honneur ». Toutes les victimes des accidents du travail sont-elles « victimes du devoir » ? Oui, répond Germaine, non, dit son professeur, qui lui met tout juste la moyenne. Enfin, dans « Un jeune homme ivre et son père soldat » (1918), Hélène réunit tous les thèmes qui habitent l’époque : ravages de l’alcoolisme, respect dû aux parents et aux soldats, honte publique du fils et du père. En quelques lignes, elle fait converger les enfants sortant de l’école, le jeune voisin pris de boisson (« je le regardais tristement songeant au chagrin que sa mère éprouverait à le voir rentrer dans cet état »), et le père arrivant du front, sortant de la gare. « Monsieur Lebois était devenu tout pâle : « Suis-moi », dit-il à son fils. Et les deux hommes s’en allèrent ». De fait, ce récit qui fait sentir sans expliquer est une fiction littéraire : le maître n’aurait pas permis de citer de vrais noms propres. Faire sentir : les savoirs de la morale ne se transmettent pas comme ceux qui portent sur l’hygiène. Après la Grande Guerre, on ne fera plus écrire de « textes édifiants ».

3 : Vient ensuite le thème du style et de la littérature :

Un long chemin a été parcouru depuis l’enseignement du style jusqu’à l’Observation Réfléchie de la Langue et  l’imprégnation littéraire préconisée dans les Instructions de 2002. En 1882, si la lecture et l’écriture sont sans contredit les premières connaissances à enseigner, ces matières ne doivent pas être dissociées de l’apprentissage de la langue française. Il est recommandé  de faire des exercices de style dès le cours élémentaire, plus appuyés au cours moyen à travers des règles simples de grammaire à partir d’exercices « d’invention » s’appuyant sur des lectures du maître (les enfants « manquant » souvent d’idées…). Dans le cours supérieur, arriveront les règles de syntaxe et d’analyse logique à partir de lecture de textes tirés de nos grands auteurs dont on aura étudié le développement ou le canevas.


Cahier de compositions françaises, élève et date inconnus (collection musée)


 Les nouveaux programmes de 1923 introduisent un allègement, une plus grande liberté pour les maîtres et des innovations dans  la méthode en Composition française : on conseille de  ne pas trop mâcher la besogne dans les consignes, de faire choisir l’enfant à son goût dans plusieurs sujet, voire même d’en inventer un. La réforme de l’enseignement des années 60 avec notamment l’entrée massive des enfants au collège, tente de recentrer les apprentissages du français autour de la lecture ne laissant à l’expression écrite qu’un rôle de réinvestissement des notions d’une grammaire allégée.


Cahier de rédactions, élève Denise D., née le 3 octobre 1925, 1936 (collection musée)


Les sujets de rédaction liés à l’étude des grands auteurs ou de l’histoire littéraire de la France ne sont souvent que des reconstitutions de textes faites à la suite d’une lecture, une « copie différée » en quelque sorte, dans la plus pure tradition du secondaire et des versions latines. Cet exercice est peu probant pour les élèves de cours moyen… Au demeurant, les rédactions ne portent que sur des versions abrégées des œuvres que l’on trouve dans les manuels élémentaires. La « primarisation » des exercices du secondaire prendra fin entre les deux guerres.


Cahier de rédactions de l'écoles des mines de Blanzy, Librairie-Papeterie G. Courcol, élève Germaine D., née en 1897, 1912 (collection musée)


À travers les 5 reproductions photographiques en couleur de ce chapitre, le lecteur percevra l’évolution des normes d’écriture, d’abord dans le sens matériel du terme. Sous la permanence de cahiers lignés de petit format, un œil prévenu distingue trois réglures, d’abord simple (1878, 1910), ensuite à carreaux avec une subdivision horizontale et verticale (1917), enfin, à réglure Seyès[1] 8x8 mm, imprimée en violet sur fond blanc (1936, 1989), avec les quatre interlignes horizontaux si utiles pour calibrer la hauteur des jambages lors des exercices d’écriture. Comment écrivent les élèves ? Encre noire, violette, puis bleue, écriture alternant italique et droite pour les titres (1878), ronde (1910), anglaise (1917), « presque droite » (1936) et enfin droite (1989). Quand Brigitte Dancel a publié Un siècle de rédactions. Ecrits d'écoliers et de collégiens (CRDP, Grenoble, 2001), elle était frustrée de ne pouvoir montrer l'écriture du maître sur celle de l'élève (l’encre rouge de nos inconscients scolaires), le jeu des marges qui s’élargissent lorsqu’on économise moins le papier, les repentirs, hésitations, fautes d’orthographe, plus ou moins rares selon l'aisance des élèves et selon que le devoir a été précédé ou non d’un brouillon corrigé.

Ici, sans qu'il soit besoin de commentaires, on voit que la "mise en page" conditionne la "mise en texte" et à quel point la lecture est influencée par la présentation (la position du titre, la marge, les paragraphes, la lisibilité de l’écriture). Sur ce point, l’échantillon offre un éventail très ouvert, sans qu’on puisse dire que les belles écritures soient le privilège du passé et les écritures d’aujourd’hui soient particulièrement négligées, mais il est sûr que chaque élève, qu’il fasse ou non une « bonne rédaction », a intériorisé des normes graphiques de présentation qui font partie intégrante du « travail d’écriture », mêlant de façon inséparable « forme et fond ».

Quels sont donc les contenus regroupés sous l’entrée «Style et littérature » ? Le devoir de 1878 donne un exemple des exercices de « style », encore proposés sous Ferry pour préciser le vocabulaire des élèves sur un modèle secondaire du travail de la langue. Par contraste, la rédaction sur « Les Gendarmes » (1908) montre les nouveaux choix pédagogiques pour enrichir le lexique, à partir d’une entrée thématique renvoyant à un « champ sémantique » en situation d’usage, bien plus en phase avec une « pédagogie concrète ». Le devoir sur Androclès, reconstitution de texte fait d’après une lecture (ou plutôt une « copie différée », avec le texte non loin des yeux), est dans la tradition secondaire puisqu’il s’agit d’un classique des versions latines, alors que la biographie de Ronsard, qui relève de la même procédure de travail (on voit dans les répétitions du texte des erreurs de « copie ») fait entrer à l’école l’histoire littéraire de la France. Cette jeune discipline universitaire en passe de remplacer la rhétorique est entrée dans la préparation au Brevet Supérieur et les maîtres la resservent dans les écoles primaires supérieures et les cours complémentaire.

Même contraste entre les deux textes suivants de 1912 et 1917 : l’élève ne parvient pas à « développer » le commentaire de la phrase de Voltaire faisant l’apologie du travail, et à lire ce  devoir raté, on voit combien ce « genre littéraire » est dénué de sens pour celui qui enchaîne absurdement les lieux communs entendus en classe, sans parvenir à construire le moindre texte. En revanche, Berthe répond parfaitement à la consigne en racontant le grand classique de littérature de jeunesse, Sans Famille. Elle l’a probablement lu dans la version abrégée (Capi et sa troupe, paru en 1892 et sans cesse réédité à l’usage des écoles primaires) puisqu’elle ne cite pas le titre d’Hector Malot, mais elle conduit son récit sans prétention avec cohérence et intelligence jusqu’à son terme.

La paraphrase en prose de la Fontaine vaut à Eugène, élève d’un cours complémentaire (1917) une très mauvaise note, car s’il a « compris » l’argument et la morale de la fable, la maladresse de l’écriture rend l’exercice peu probant. Faut-il donc penser que les contenus de la littérature classique ne sont pas accessibles aux élèves du primaire ou bien est-ce la forme d’exercice qui est inadaptée ?

En 1936, l’institutrice qui demande à Denise le portrait de Ménalque renvoie non au texte de La Bruyère, mais à l’illustration qui précède l’extrait publié dans Lecture et Langue Française (Lyonnet et Besseige, CM2, 1933, p. 150). Décrire la scène des courtisans représentés sur une image, voilà qui est à la portée d’une élève de CM2, alors qu’il serait absurde de lui faire paraphraser ou résumer « le Distrait ».

On comprend à ces lectures l’extinction du genre entre les deux guerres mondiales. Le travail sur la langue littéraire ne peut se faire en « primarisant » les exercices du collège. Les Instructions de 1923 en inventant une pédagogie de la lecture expressive et de la récitation sauvent la mémoire du patrimoine littéraire, en excluant la prétention des commentaires de textes ou des dissertations littéraires. Il faut attendre que la pédagogie du texte libre, mise en place par Freinet dans les années 1930-1940, ait des retombées dans les écoles ordinaires pour qu’on demande aux enfants d’inventer des poésies (1945). Lorsque Maud s’essaie au compte-rendu de lecture (mais sans avoir le texte sous les yeux), on est dans une pédagogie de l’articulation lecture-écriture : le patrimoine des contes populaires et de la littérature pour la jeunesse fait maintenant de plein droit partie des lectures scolaires.

[1] Brigitte Dancel a retrouvé le brevet déposé au tribunal de  Pontoise par le libraire Seyès le 16 août 1892 faisant de la réglure qui porte son nom une marque déposée. Ces cahiers « à grands carreaux » sont une originalité française unique au monde. Cf. Brigitte Dancel, Le cahier d’élève : approche historique, in S. Plane et B. Schnewly Les outils d’enseignement du français, Repères, n° 22, 2000.


4/ : Le chapitre 4 traite du thème de la lettre :

Quelle discipline est plus contraignante pour l’élève que celle de la rédaction ? Lui qui est habitué à parler et non à écrire, chose qu’il fait spontanément dans sa langue maternelle et qui, de toute manière, si elle n’est plus le patois ou la langue populaire, n’en reste pas moins la langue courante.

L’apprentissage de la lettre est historiquement marqué. C’est peut-être en cela que réside le progrès de l’école obligatoire, laïque et gratuite de Jules Ferry. Le citoyen aura désormais et pour longtemps accès à une communication élargie dans l’espace : il pourra écrire ces courriers qui brisent la solitude sociale, morale et culturelle de tout analphabète. Cet aspect est un sujet courant de rédaction. Granadou, beauceron « lisant et écrivant », se souvient avec fierté d’avoir, au régiment, tenu la correspondance amoureuse d’un percheron illettré.


Cahier de devoirs mensuels Progrès NF, élève Isabelle B., classe de CEP, 1956 (collection musée)


Mais les avantages de savoir écrire ne sont pas moins évidents aux travailleurs qui cherchent à améliorer leur condition, individuelle ou collective. Il suffit, pour s’en persuader,  de revoir les récits autobiographiques de Perdiguier, Nadaud ou Dumay. Nous avons tous hérité de ce savoir nouveau. La grammaire et la maîtrise épistolaire, pour nos aïeuls, n’était donc pas seulement l’agent d’une unification culturelle nationale ou d’un pseudo impérialisme culturel, elle était aussi, à l’évidence, agent d’émancipation et de mobilité géographique. Les bouleversements engendrés par les nouvelles technologies de la communication ne doivent pas nous faire oublier la source…


Copie d'examen du certificat d'Etudes Primaires, candidat N°506, session 1979 (collection musée)


La lettre mêle la forme et le fond et l’étude des cahiers des élèves d’autrefois est une mine de renseignements et d’émotions. A toutes époques, le constat est le même : l’observation de ces cahiers révèle d’incontestables réussites. On peut suivre parfois, en étudiant la série des cahiers d’un enfant du cours préparatoire à la classe de fin d’études, le lent cheminement qui conduit de quelques mots groupés en phrases, de quelques phrases juxtaposées ne développant pas le sujet ou si peu, à un texte structuré, grammaticalement complexe et riche par son vocabulaire. On imagine mieux ainsi, le travail de l’enseignant et le résultat des multiples contraintes qui aboutissent à développer des capacités d’expression et de communication.


Cahier spécial de devoirs mensuels Librairie Classique Paul Boyer à Chalon-sur-Saône, cours supérieur de filles, élève Hélène T., 1917 (collection musée)


En 1854, le directeur de la Revue de l’enseignement primaire (revue officielle du Ministère) met au nombre des textes que les élèves doivent apprendre à écrire, la lettre car elle est « utile dans les relations domestiques et les relations d’affaires ». En effet, tout au long de la Monarchie de Juillet et du Second Empire, le développement du réseau postal accompagne l’essor des chemins de fer et popularise les échanges épistolaires entre ceux qui sont « restés au pays » et ceux qui sont partis travailler dans les grandes villes.

Les maîtres font donc écrire des lettres à leurs élèves, mais les « lettres d’affaires » sont peu à peu délaissées (de nombreux manuels en offrent des modèles dans le commerce) alors que perdurent les correspondances domestiques. Ces lettres fictives deviennent des prétextes pour réciter des leçons scolaires de tout ordre (« vous écrivez à une amie pour lui raconter ce que vous avez appris sur le cours de la Loire ») ou pour répéter à la première personne les leçons de morale (sur le respect dû aux maîtres, aux parents, le goût de l’étude, du travail bien fait, etc). Ce genre artificiel devient donc un de ceux qui « répugne » le plus aux élèves, d’après les inspecteurs. On comprend les efforts de Freinet pour lui donner sens dans des correspondances scolaires reposant sur l’échange de lettres entre classes. 

 Les six lettres retenues donnent une idée des objectifs pédagogiques poursuivis : la rédaction de 1906 est la plus proche de la valeur d’usage visée à l’origine : une lettre sert généralement à annoncer une mauvaise nouvelle (ici, l’accident du père). L’élève, qui écrit pour toute la famille, doit anticiper une telle situation et savoir « mettre en phrase » le canevas d’événements que fournira le jour venu l’infortune du sort.

En revanche, les autres lettres sont des lettres de loisir : elles traitent de thèmes scolaires imposés, où reviennent régulièrement distractions et vacances. On pourra comparer les deux lettres de 1912, sur le thème rebattu de la lecture « ce loisir de bon aloi, qui repose, instruit, recrée… » (F Buisson), ce dont les élèves sont d’accord en théorie plus qu’en pratique. Germaine qui doit dire pourquoi « elle aime tant lire » s’en acquitte avec plus de bonne volonté que d’expérience (« c’est surtout mon livre de science que j’aime beaucoup »). Gabriel qui doit parler de tous ses loisirs de vacances répète la vulgate scolaire (« je lis beaucoup de livres que j’emprunte à monsieur l’Instituteur, le bon instituteur de mon village qui m’apprit mes premières lettres et auquel j’ai tant donné de maux » ; « cher ami, lis autant que tu pourras car c’est en lisant qu’on s’instruit »). Trop d’invraisemblance nuit ! Le correcteur décèle dans cette flatterie une mauvaise lecture de la consigne (« il fallait me trouver d’autres récréations : promenades à pied, à bicyclette… »).

Le récit de vacances dans les Alpes écrit pour le Certificat d’Etudes Primaires trois générations plus tard (1979) n’a pas de tel souci : les projets sont tous du côté du tourisme pédestre en solitaire, ce qui malmène aussi la vraisemblance (que fait cet adolescent seul « dans une auberge » ?). En 1956, Isabelle doit anticiper des vacances à Paris : « vous remerciez une parente de vous avoir invitée » et dites « ce que vous aimeriez voir dans la capitale ». Sujet difficile : à part la tour Eiffel et un « tour de barque » sur la Seine, que demander ? La fillette se trouve démunie, alors qu’on lui aurait fourni les réponses convenables vingt ans plus tôt.

Reste à s’interroger sur les effets de cet apprentissage. Par une chance exceptionnelle, nous avons retrouvé sur le dos d’un cahier un brouillon de lettre personnelle. Dans ce document spontané, Bernard annonce à son cousin qu’il a réussi au certificat (ce qui lui a donné beaucoup de mal) et fait un portrait pittoresque de ses examinateurs. Il « oublie » 14 fautes d’orthographe dans ce brouillon de 150 mots (ce qui laisse un doute sur ce qu’évalue la dictée, puisqu’il a traversé victorieusement cette épreuve), mais il utilise sans problème les codes épistolaires exercés « à vide » en classe. Serait-il donc inutile de passer par des situations authentiques et la correspondance scolaire chère aux classes coopératives ? On ne peut tirer d’un indice aussi ténu une telle conclusion, mais il montre en tout cas, que dans ce milieu statutairement artificiel qu’est la classe, des exercices « très scolaires » ont pu produire de véritables compétences.

5/ : Arrive au chapitre 5 le thème bien particulier de la Grande Guerre :

Dès la création de l’école en tant que service public, on compte sur elle pour faire progresser le sentiment national par le développement du patriotisme, seule grande force unificatrice susceptible de dépasser les oppositions idéologiques et sociales.

Le décret du 6 juillet 1882 crée les bataillons scolaires, mais l’enthousiasme suscité est complètement retombé dès 1886, l’accent mis sur l’importance de l’armée ne saurait être réduit à un quelconque militarisme. Dans la France républicaine, l’armée, c’est la nation et, comme l’écrivaient Paul et Victor Margueritte dans leur « Histoire de la guerre de 1870 - 1871 » : « Plus la nation sera grande, plus elle aura la religion de ses devoirs et plus l’armée sera forte ». L’essentiel demeure cette « religion des devoirs » dont les ouvrages de lecture seront longtemps imprégnés, cette conscience de la grandeur de la nation dont les livres d’histoire et de géographie porteront témoignage. Bataillons scolaires et exaltation militaire comptent peu en comparaison de la mise en œuvre de ces objectifs dans le cadre de l’école, priorité absolue : « Pour que les citoyens, les soldats de demain se souviennent, pour qu’ils prévoient, il faut que les enfants aient appris ». 

Parallèlement, si la « communale » a contribué largement à la formation d’une conscience patriotique, avec ou sans bataillons scolaires, elle a aussi, d’une manière diffuse, provoqué par l’accession au savoir, le refus de certaines formes de militarisme. Les collèges de jésuites sous l’Ancien Régime avaient pu produire des penseurs révolutionnaires, l’école primaire, les écoles primaires supérieures et les écoles normales ont pu produire à leur tour, des instituteurs pacifistes, qui furent malgré tout d’ardents patriotes au lendemain de la déclaration de la Grande Guerre. Du reste, plus de 22 % d’entre eux mourront au combat. 


Cahier de devoirs Alpha de Tunisie, élève Eugène L., Saint-Didier-sous-Chalaronne, 1916 (collection musée)


Dès lors, en même temps qu’il décrypte les lettres, l’écolier s’imprègne, à son insu, de ces trois pôles de la vie sociale que sont le travail, la famille et la patrie, bien avant que Vichy n’en fasse sa devise. Avec ou sans Dieu, l’école fonctionne comme un système  de normalisation socioculturelle. Je dois travailler, je dois aimer mes parents, je dois défendre ma patrie…


Cahier de rédactions, Hélène T., 10 ans, cours moyen première année, 1917 (collection musée)


 Cette culpabilisation, héritée de 1870, intériorisée sur les bancs de la communale, n’explique-t-elle pas l’union sacrée d’août 1914 ? Dès l’installation imprévue du conflit dans la durée, en 1915, la conscience  des écoliers est brutalisée par les évocations de l’ennemi et des combats par la propagande et les maîtres, les enfants dessinent et écrivent  sur ce thème.


cahier de compositions françaises, école de garçons Schneider et Cie, groupe spécial, élève Jean T., 1928 (collection privée)


Plus tard, l’école se pliera au devoir de reconnaissance envers les combattants et aussi au deuil collectif avec la loi du 24 octobre 1922 qui fixe les modalités de commémoration du 11 novembre auxquelles les écoles sont associées. Cependant, la grande majorité des maîtres du primaire s’emparent des instructions de 1923 puis de celles de 1938 pour donner une orientation pacifique à leur enseignement. Si les enseignants en question refusent l’idée de fascisme et de guerre, il est malheureusement d’autres voix qui s’élèvent dans leurs rangs pour proposer, à l’instar du Maréchal Pétain en 1934, une éducation de la jeunesse sur les modèles autoritaires de l’Allemagne ou de l’Italie.


Chier de rédactions de l'école des Mines de Blanzy, librairie Courcol, élève Germaine D., née en 1897, 1911 (collection musée)


L’essentiel est cette « religion des devoirs » dont les livres de lecture sont longtemps imprégnés, cette conscience de la grandeur de la nation dont les livres d’histoire et de géographie portent témoignage, comme Le Tour de la France par deux enfants, de G. Bruno, diffusé à 6 millions d’exemplaires entre 1877 et 1900. Des écoliers de toute la France ont lu l’histoire de Julien et André Volden, qui après le décès de leur père quittent Phalsbourg occupée par les Prussiens pour rechercher leur famille. Ils vont de région en région découvrir les beautés de cette Patrie, amputée de l’Alsace et de la Lorraine qui figurent toujours en grisé sur les cartes de France de l’époque, cette France toujours unie et laborieuse dans la diversité de ses « petites patries ».

La guerre de 1914 à 1918 vide les écoles des instituteurs mobilisables. Ceux qui sont restés en poste et les institutrices qui prennent en charge des classes de garçons relayent des événements au fur et à mesure de leur déroulement : cartes géographiques du front, chansons de Déroulède, dessins de soldats en uniforme, lettres aux poilus font partie de la vie ordinaire des classes, d’une façon qu’on a aujourd’hui peine à imaginer : on ne cherche pas, en tout cas, à préserver les enfants de la réalité de la guerre, de ses souffrances et de ses deuils. La première rédaction présentée témoigne de la rentrée 1914, retardée au 3 octobre (« nous ne sommes pas dans notre classe, elle a été transformée en ambulance, nous sommes dans une salle de la mairie »).

Trois devoirs (de 1916 et 1917) traitent du soldat blessé de retour du front. Eugène rapporte au style direct un récit qui part sans doute d’un témoignage réel entendu à la veillée avec ses parents, mais qu’il a dû retranscrire au passé simple pour respecter les normes scolaires (« nous allâmes prendre part à la bataille de Charleroi, nous reculâmes ensuite jusqu’à la Marne »). Hélène se contente d’imaginer à partir des clichés patriotiques lus ou entendus (« A la vue de ces pauvres éclopés, ma pensée partait vers le champ de bataille d’Alsace »). Dans un autre devoir, la même Hélène imagine, comme on lui demande, l’histoire du soldat mutilé qui malgré sa jambe en moins « travaille courageusement pour nourrir sa petite famille » et « aucun ne songe à se moquer de son infirmité ». Dans les trois cas, le devoir s’achève sur les sentiments de respect, d’admiration, de reconnaissance que les enfants éprouvent à l’égard des soldats héroïques.

Trois autres sujets, plus proches de la « dissertation » que de la rédaction, sont intéressants du fait même de leur difficulté, qui les met presque hors de portée d’élèves du primaire : s’agit-il de sujets proposés dans des revues pédagogiques qui ont semblé possibles du fait de lectures préparatoires que nous ignorons ? Dans l’un, il s’agit de dire si les Français sont ou non trop oublieux du passé et « quels sont les enseignements de cette guerre et les souvenirs personnels que vous vous efforcerez de garder présent dans votre mémoire » (1917, anonyme). Dans un autre, il faut donner le sens du mot « tenir », « tenir jusqu’au bout », « nos soldats tiendront », « pourvu que les civils tiennent » et commenter ces paroles (1918). Le sujet a dû être dicté oralement, puisque l’élève a mal interprété le nom du « dessinateur Forain », écrivant le « sénateur Forant ». Enfin, en partant de la métaphore «le sillon est une tranchée », l’élève doit montrer que « celui qui laboure, sème, moissonne, sert son pays comme le soldat et contribue à la victoire » (1918), sujet qui a valu 1/10 à son auteur, malgré le plan fourni avec le sujet. 

Enfin, la septième rédaction (école privée Schneider) date de 1928 et son occasion est la projection d’un film sur « Verdun, visions d’histoire » dont l’élève doit sélectionner une scène marquante (le fort de Douaumont), avant de dire ses impressions ressenties devant la guerre et « ses horreurs ». Même s’il faut toujours terminer sur les « sentiments éprouvés à l’égard des soldats » (l’élève oublie de faire et n’a pas la moyenne), le regard s’est déporté des témoignages isolés ou d’un imaginaire des combats vers un récit historique du conflit : de quoi découvrir des « horreurs » en effet, et donner des arguments au courant pacifiste. 

6/ : Le dernier thème de l’ouvrage est le thème des choses vécues :

Les sujets de rédaction qui touchent au vécu de l’élève libèrent son esprit. Moins d’interrogation sur ce qu’attend le maître quant au contenu, l’enfant le maîtrise et même la passion peut s’installer, au point d’en oublier la forme et la consigne… Ne retrouvons-nous d’ailleurs pas ce modèle, à l’âge adulte, dans la variété ahurissante des bouts de papier des parents « portés au maître », avec leur graphie et leur orthographe souvent sommaires et les explications rocambolesques parfois mais qui permettent d’appréhender la distance abyssale qui sépare les apprentissages de l’école institutionnelle et le rendu pratique dans le milieu familial de certains élèves ? Les causes évoluant nécessairement, le constat reste le même de nos jours.


Cahier de rédactions, élève Hélène T., âgée de 11 ans, 1917 (collection musée)


Au-delà de la tradition de conservation des « beaux textes scolaires» aux finalités essentiellement commémoratives et souvent apologétiques, il existe une vocation spécifique et irremplaçable du Musée de la Maison d’Ecole  à Montceau-les-Mines qui vise à se donner pour étude le vécu social ou scolaire à travers les écrits des enfants issus du thème imposé mais rassurant de la vie quotidienne. A travers lui transparaît le vécu des enseignants et des élèves dans les enseignements proposés, l’attitude des populations, non envers l’école, mais envers leur école et, bien sûr, le vécu social au sens large.


Cahier de roulement fait sur un cahier spécial de devoirs mensuels de cours supérieur, élève V. C., (collection musée)


Autant de témoignages du passé, qui ramènent une nouvelle fois à la sauvegarde et à la préservation locales des cahiers et travaux des élèves et à l’importance aussi du regard qu’on leur porte et de l’analyse que l’on en fait. Les sujets abordés dans le thème des choses vécues laissent une place plus importante au « point de vue » des l’élèves qui parviennent parfois à exceller dans ce domaine de l’expérience personnelle.


Registre des conférences pédagogiques de la circonscription de Montceau-les-Mines (extrait), 1882 (collection musée)


Sous le titre « Choses vécues », nous avons réuni 18 rédactions qui vont de 1902 à 1988. Comme celles de « Choses vues », elles présentent des scènes, des lieux, des personnages qui font partie de l’environnement des enfants. Cependant, les textes font ici une place bien plus grande au « point de vue » personnel de l’écrivain en herbe. Les choses sont parfois explicitement demandées dans la consigne (« Dites de ce que vous avez fait, ce que vous avez ressenti, donnez vos réflexions personnelles, votre opinion, la raison de vos préférences »), ou peuvent demeurer implicites. Les récits d’expérience sont autant de brefs témoignages sur la vie et les mœurs, plus souvent rurales qu’urbaines dans ce corpus entièrement situé au XXe siècle.

On verra ainsi le jeu de billes appelé « boulet » à la récréation (1907), le passage du facteur (1911), des ramoneurs (1917), des bohémiens (1950), la mort du cochon (1935), l’alambic (1935), la fête du « figot » (1945). On saisira l’évolution des loisirs en lisant une fillette de huit ans (1902) dont les distractions préférées sont toutes de plein air : se promener, faire une ronde, jouer au loup, broder, faire de la dentelle, causer gaiement, lire une histoire, goûter sur l’herbe,  « mais lorsque la pluie tombe et retient à la maison, on s’y ennuie ». On la comparera à la copie du certificat (1979) d’un élève qui rit et tremble devant son feuilleton de télévision préféré (« l’homme qui valait trois milliards »), mais qui peine ensuite à « retourner à la réalité ».

Même écart entre Berthe (1910) et Maud (1988) qui doivent envisager leur avenir proche à la sortie du CM2. Berthe qui a douze ans, précise : « je ne veux pas encore sortir de l’école parce que je veux bien apprendre à écrire à compter et être très habile pour le métier que je préférerais » (l’obligation allait jusqu’à treize ans, sauf réussite au certificat à douze ans). Ce désir de « poursuivre ses études » pour consolider ses savoirs en écriture et calcul ne vise rien d’autre que son métier proche. Elle se voit en épicière, métier dont elle a déjà une longue pratique : « depuis toute petite, j’ai de tout temps préféré ce métier, car j’aime beaucoup peser les bonbons, le café, le sucre et de manier les étoffes et de les couper ». En 1988, Maud qui va entrer en sixième ne semble avoir, en revanche, aucune image concrète de son avenir, ni proche, ni lointain. Elle va être interne à Paray-le-Monial, perspective qui ne l’enchante guère (« je vais devoir quitter mes camarades et ma famille »), mais à laquelle elle se résigne avec réalisme (« Mes parents me disent que ma sœur y est allée, et que je dois en faire autant, alors je vais y aller »).

            Au fil du temps, évolue aussi le registre d’écriture attendu : jusqu’aux années 1930, on apprend à l’élève à exprimer le sérieux, l’empathie avec les émotions d’autrui et les « grands sentiments ». Ainsi, dans le sujet mille fois traité sur « La maison paternelle » (1906), Mélanie décrit une maison composée d’une cuisine et d’une chambre avec « plusieurs lits bien alignés les uns contre les autres et une armoire où on met le linge », où dorment au moins sept personnes. Loin d’en rêver une plus belle et plus grande comme un enfant d’aujourd’hui, elle dit, comme on l’attend alors, son amour pour cette maison « parce que c’est là que j’ai grandi avec mes frères et sœurs et mes parents vivront longtemps pour m’entourer de leur affection ». Germaine (1911), pour qui le facteur apporte aux uns « la consolation, à d’autres la tristesse », décrit les pleurs de la mère du marin, toujours sans nouvelle de son fils.

En 1937, en revanche, il faut décrire la rue principale du village « en essayant de donner un tour amusant à votre description », ce que Denise a bien du mal à faire. En 1962, pour le récit du voyage en autobus, le ton requis est aussi donné : « Faites un petit portrait de chacun [des voyageurs]. C’est si amusant de prendre l’autobus ! ». Aucune indication de ce genre pour Jean (1977) : « Vos parents ont projeté une longue promenade, tout est prêt mais…. », Il doit inventer les péripéties qui contrarient le projet, sur un mode comique ou humoristique supposé comme allant de soi. Or, on sait combien ces « implicites » sont inégalement maîtrisés par les enfants.

Conclusion :

On comprend ainsi pourquoi la rédaction devenue composition française, puis expression écrite, enfin production de textes libres ou imposés, a pu cristalliser les polémiques, puisqu’elle est la vitrine ou la pseudo-vitrine d’un « savoir écrire en français », sur des formes et des normes complexes, tantôt travaillées en classe, tantôt acquises de façon bien plus diffuse et dont la banalité sociale masque la difficulté. Ainsi, un certain humour est omniprésent dans les médias envahis de comiques professionnels, mais ses règles d’écriture n’en sont pas plus claires pour des enfants. De même, la rhétorique héroïque ou pathétique qu’imitaient les élèves des années 1900 sombrait souvent dans le ridicule ou l’emphase.

Les registres dans lesquels les élèves parviennent à exceller tout au long du siècle sont ceux qui permettent de combiner une expérience personnelle (choses vues ou vécues) et des modèles d’écriture (portés par les lectures, les préparations orales). Est-ce suffisant pour préparer une scolarisation longue sur le modèle secondaire ? Nous laissons à d’autres le soin de répondre. La rédaction est un exercice qui cache plus de compétences qu’il n’en révèle. 

Pour clore mon propos, j’exprimerai un avis plus personnel, un avis d’enseignant que partagent certainement les acteurs du musée. On a souvent dit que l’école divise, qu’elle accentue les différences socioculturelles, loin de les faire disparaître, que la prise en compte des individus est difficile. Certains disent qu’on n’y apprend plus rien, d’autres qu’on y travaille trop ! D’aucun pensent que l’école est un carcan, d’autres qu’elle est l’endroit où s’élabore, si l’on peut dire, le laxisme contemporain. La rédaction devenue expression écrite, puis production de textes, libres ou imposés, avant de redevenir à nouveau rédaction, cristallise les polémiques puisqu’elle est la pseudo-vitrine des apprentissages de la langue française, cet iceberg qui cache tant de compétences non exprimées, tant de connaissances qui ne seront jamais finalisées sur ce support.

Beaucoup de ceux qui parlent de l’école en mal n’ont jamais mis les pieds dans une école publique ou alors depuis très longtemps. Ils ne connaissent pas du tout ou peu ce que représente une journée de classe, une année d’apprentissage d’un enfant… Ils ne connaissent pas plus les difficultés réelles des enseignants, l’influence de la société sur le comportement des enfants, l’impact des médias sur la langue écrite et parlée de ces derniers. Que savent-ils des incessantes répétitions, des réussites, des enfants en échec de vie qui grâce à l’école entre dans un avenir plus serein ? Que savent-ils de ce moment miraculeux où la page blanche se remplit par la main d’un enfant, fusse-t-elle encombrée de fautes et d’incertitude ? Que savent-ils de l’école dont Georges Jean dans  La Passion d’enseigner disait : « cette école que l’on voudrait tant changer, tant ouvrir, tant garder »


L’ouvrage La Rédaction ouvre, vous l’aurez compris, des perspectives de lecture diverses. Il est le reflet historique et le témoignage d’époques différentes. A travers les textes se dégage une émotion particulière accentuée par des reproductions originales de documents. Des hypothèses sont avancées sur les contenus de l’enseignement de la rédaction, elles révèlent des indices souvent ignorés qui éclairent les pratiques pédagogiques. Le lecteur plus avisé pourra retrouver, au fil des thèmes, les écrits d’un même élève et voir ainsi les progrès de ce dernier sur le difficile sentier des apprentissages.

 Une étude linguistique se fait jour grâce à l’apport essentiel au groupe de travail du musée d’Anne Marie CHARTIER, enseignant chercheur au Service d’Histoire de l’éducation de l’Institut National de la Recherche Pédagogique.

La Rédaction a été préfacé par Antoine PROST (historien, l’historien de l’éducation avec un grand H), Professeur émérite à l’Université de Paris I. Il fut en 1973, membre du premier groupe de recherche de l’écomusée le Creusot/Montceau et participa à la rédaction de notre livre Cent ans d’école. C’est avec lui que j’en terminerai. C’est, en effet, en ces termes qu’il exprime son sentiment sur l’ouvrage :

 « (..) Il est deux usages des musées scolaires. Le premier est nostalgique ; il cultive l'émotion de retrouver un passé à jamais disparu, que le cours du temps pare de charmes parfois ignorés des contemporains. (..) Le second usage du musée scolaire est éducatif : les objets qu'il montre sont traités comme des messages à déchiffrer, des problèmes à résoudre. (..)   L'ouvrage que voici combine ces deux usages. D'une part, en montrant d'anciennes copies par la photographie, il nous replonge dans un univers que les plus anciens ont encore connu, celui des pages écrites à la plume, et des encriers encastrés dans le pupitre. On voit l'évolution des mises en pages et des écritures et il s'en faut de peu qu'on ne respire cette imperceptible odeur de craie si caractéristique des classes. Mais d'autre part, il soumet ces documents à une analyse à la fois pédagogique et linguistique pour retracer l'évolution de l'enseignement du Français à l'école primaire. La tâche n'était pas simple et il fallait aux amis de la Maison d'école de Montceau-les-Mines une certaine audace pour l'entreprendre et la mener à bien. Ils l'ont fait, je crois, par fidélité tenace à leur vocation pédagogique et aux traditions de l'école républicaine. Laisser dormir ces trésors sans les exploiter eût été consternant : plus qu'une négligence, une sorte d'infidélité, voire de trahison.(..) »

Il me reste, avant de vous laisser la parole, à exprimer quelques remerciements :
-          à tous les bénévoles qui ont travaillé sur l’ouvrage
-          aux professionnels cités qui ont apporté un éclairage essentiel à l’analyse
-          à la municipalité de Montceau pour son soutien financier et logistique important et qui ne s’est jamais démenti (nous en avons encore un exemple ce soir, merci au personnel des services avec lesquels nous entretenons d’excellent rapports)
-          aux municipalités du Bassin minier (Saint-Vallier, Blanzy, Sanvignes) pour leur soutien permanent dans nos actions, merci messieurs les élus, nous restons à votre disposition
-          aux membres et aux services de l’écomusée
-          merci aussi à l’imprimeur qui a fait au mieux pour que l’ouvrage soit de qualité, tout en respectant notre budget
-          et puis merci à tous les acheteurs de l’ouvrage qui permettront ainsi la parution d’autres ouvrages. 

Merci de m’avoir écouté. »



La Rédaction (extrait)

« La Rédaction »

Edition luxe
75 rédactions sélectionnées (36 reproductions photos + 35 transcriptions)
48 illustrations



« La Rédaction »
Ouvrage en vente au musée
20euros + frais de port (2.5 euros)
Commande à adresser : Musée de la Maison d’Ecole, 37 rue Jean JAURES 71300 Montceau-les-Mines







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