Les
promotions de la Grande Guerre
Promotions de l’Ecole Normale de Mâcon
de la 1911/1914 à la 1916/1919
Le creuset
intellectuel de la France sacrifié
La Grande
Guerre de 1914-1918 vint perturber au plus haut point la vie des normaliens et
du personnel enseignant. Les élèves de l’Ecole normale de Mâcon, comme leurs
collègues dans toute la France, furent successivement mobilisés en 6
promotions, depuis celle de 1911-1914, jusqu’à celle de 1916-1919 incluses. Ils
subirent des pertes comparables à celles des anciens normaliens mobilisés des
20 autres promotions concernées par l’âge de départ à la guerre. 25 % des
effectifs appelés périrent, extrême sacrifice d’instituteurs de bonne volonté,
force vive de la Nation, obligés de défendre la cause de la liberté qui leur
était si chère.
Voir la
vidéo en fin d'article
Déménagée dès le début du conflit, l’Ecole Normale
de Mâcon fut occupée par un hôpital militaire, pourvu en matériel de couchage
avec celui des dortoirs des élèves. Quand ces derniers continuèrent provisoirement à
suivre les cours incomplets de professeurs encore non mobilisés, ils durent
séjourner pour cela dans des locaux de fortune. Appelés, suivant leur tour, à
assurer l’intérim dans les écoles primaires
ou à partir pour la zone de combat, ils ne virent aucune de leur promotion
arriver complète au terme de leurs trois années d’études.
Ce ne fut qu’en avril 1920, que L’Ecole
Normale évacuée par les autorités militaires, puis réparée et assainie, put
reprendre ses locaux. Devenus anciens combattants, les jeunes élèves-maîtres
dont les études avaient été interrompues, n’acceptèrent guère d’être
disciplinés comme des adolescents ! Beaucoup refusèrent de retourner sur
les bancs de l’école tandis que d’autres, atteints par des troubles dus aux
horreurs de la guerre, ne réintégrèrent pas. Des mesures d’assouplissement du
régime normalien furent prises par le Recteur pour maintenir les effectifs.
Toutefois, l’Ecole Normale souffrit d’une décroissance du recrutement des
élèves entre 1914 et 1919. Aussi, devant ces pertes d’effectifs dues à ce faible
recrutement et devant les lourdes pertes dues à la guerre, Monsieur Laurencin,
alors Directeur, fut amené à dire, devant l’assemblée générale de l’Amicale des
Anciens Elèves de l’Ecole Normale, réunie le 2 septembre 1920 : « Plus que jamais, l’Ecole laïque, l’Ecole
de la République a besoin de serviteurs actifs et dévoués. C’est un devoir pour
nous tous de les lui fournir. » Il souhaita aussi que les normaliens
ou les ex-normaliens, morts à la guerre, fussent honorés à l’aide de plaques
commémoratives à apposer dans le hall de l’Ecole Normale (1).
Le 1e septembre 1921, l’Amicale,
secondée financièrement par la promotion 1913-1916, réalisa ce vœu en hommage
aux 101 disparus. Deux plaques de marbre blanc rappellent depuis leurs noms.
Notons que la promotion 1913-1916 fit abandon de sa caisse de voyage de fin d’études
« pour la réalisation de cette œuvre
de souvenir ». (2)
Diaporama :
« Les morts pour la France des
promotions de la guerre »
L’Hymne des Normaliens
Dans l’après-guerre immédiate, le chant l’« Hymne
des Normaliens » fut composé par deux ex-normaliens de la promotion
1914-1918 : Claude Pariat dit « Claudius » (3) pour la musique et
Roger Boeufgras, appelé par la suite Roger Denux, sous un pseudonyme d’écrivain,
pour les paroles. Malgré leurs années de combat et de souffrance, ils étaient
restés d’enthousiastes jeunes normaliens et leur œuvre fut adoptée par l’Ecole
Normale. Sur un rythme plein d’entrain, les paroles nous paraissent, aujourd’hui, un brin désuètes, plus
émouvantes qu’humoristiques : elles exaltent la fraternité entre « les
bons normaux » de « la vieille école », depuis ceux de la plus
ancienne promotion, jusqu’à ceux de la plus jeune, sans oublier « ceux de
nos frères »… « morts dans cette guerre »… « pour nous
donner plus de bonheur », sans oublier même les « Normaliennes »
qu’on évoque, peu discrètement du reste, comme les futures épouses des
Normaliens ! Un autre temps, pour sûr…
Sources :
-
Documentation
musée et collections du musée.
-
Aperçus historiques
sur les Ecoles Normales de Saône-et-Loire, Pierre Gillot, archiviste du musée.
-
Bulletin
de l’Amicale n° 48, année 1920, collection musée.
-
Bulletin
de l’Amicale n° 49, année 1921, collection musée.
(1) : Extraits du Bulletin
n°48 de l’Amicale des Anciens Elève de l’Ecole Normale de Mâcon, année 1920 :
Discours de M. Laurencin, Directeur de l’Ecole
Normale
Discours de M. Point, Président de l’Amicale
Liste provisoire des maîtres Morts pour la France
Les années de guerre à l’Ecole Normale
(2) : Extraits du Bulletin
n°49 de l’Amicale des Anciens Elève de l’Ecole Normale de Mâcon, année 1921 :
Discours de M. Point, Président de l’Amicale
et discours de M. Laurencin, Directeur de l’Ecole Normale
(3) : Voir les articles du
blog sur Claudius Pariat et la Fanfare des Ecoles Laïques de Montceau :
https://musee-ecole-montceau-71.blogspot.com/2021/06/claudius-pariat-defenseur-de-la-cause.html#more
et https://musee-ecole-montceau-71.blogspot.com/2021/06/la-fanfare-des-ecoles-laiques-de.html#more
Patrick
PLUCHOT
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire