Aperçus
historiques sur l’Ecole Normale d’Instituteurs de
Saône-et-Loire
Deuxième
partie : période 1941-1991
Les « 4 années de malheur » du gouvernement dit de l’Etat Français (1940-1944) commençaient. C’est une troisième guerre que va subir L’Ecole Normale. Alors que le comte de Falloux l’avait asservie, un certain maréchal allait la tuer. Après la défaite de la France, en 1940, le gouvernement antirépublicain du Maréchal Pétain, voulant se montrer hostile aux instituteurs ainsi qu’aux institutrices, par la loi du 18 septembre 1940, supprima les Ecoles Normales comme celle de Mâcon, en n’en laissant subsister qu’une au chef-lieu d’Académie, Dijon, pour faire suivre aux élèves une quatrième année de formation professionnelle. A Mâcon, les normaliens étaient envoyés au lycée pour y préparer le baccalauréat, mais sans y recevoir la formation de naguère, spécifique des Ecoles Normales.
Collaboration et délation
jusque dans les écoles
13 octobre 1941, discours de rentrée du Maréchal dans une
classe de l’Allier : « Je suis attristé en
pensant que certains d’entre vous ne résistent pas à la tentation et qu’ils
copient ou qu’ils trichent pour gagner quelques points. C’est une faute et je veux
qu’elle cesse. Parmi vous, les plus nombreux ne copient pas. Je leur demande
d’avoir le courage de leur opinion et d’arriver à empêcher les autres de le
faire. On m’a expliqué que certains d’entre vous ont déjà agi, qu’ils ont
organisé des ‘‘ligues de loyauté’’ qui ont eu beaucoup de succès. Je les en
félicite. Je suis certain que vos maîtres et vos professeurs vous conseilleront
et vous aideront dans cette voie. Adressez-vous à eux et surtout donnez le bon
exemple à vos voisins »
La IVe République commencé
le 27 octobre 1946, dans ses premiers actes, rétablit la
légalité républicaine, l’Ecole primaire publique redevenant laïque et les
Ecoles Normales étant reconstituées. Après la Libération, Monsieur Blanc, dernier directeur avant la guerre finit sa carrière comme Inspecteur
d’académie à Bourg-en-Bresse, ayant élu domicile à Mâcon. Il occupa sa retraite
en prenant, pendant quelques années, la présidence de la Fédération de
Saône-et-Loire des Œuvres Laïques. Il décéda à Mâcon en 1962.
Nécrologie, bulletin de l’Amicale
n° 84 de 1963
La
direction de Monsieur Albaric (1946-1948)
Monsieur Albaric, après avoir dirigé l’Eole
Normale d’Ajaccio, présidera à la renaissance de l’Ecole Normale de Mâcon dans
ses locaux enfin libérés. Il déclarera, dans le bulletin de l’Amicale de
1947 : « La préparation du
baccalauréat à l’Ecole Normale représente une conquête de justice qu’il faut
sauvegarder à tout prix. Et pour peu qu’on veuille y réfléchir, on s’aperçoit
que les Ecoles Normales, ont devant elles un immense champ à labourer et qu’une
immense responsabilité les attend. » Il restera deux ans à Mâcon,
avant d’aller diriger l’Ecole Normale de Toulouse.
Réorganisées avec de
nouveaux programmes, les Ecoles Normales conservaient la préparation du
baccalauréat et la formation professionnelle de la 4e année
d’études. A l’Ecole Normale d’Instituteurs de Mâcon, il avait fallu reprendre
possession des locaux, abandonnés l’année scolaire 1941-42, à l’armée
allemande. Quand ils furent restaurés, réaménagés, à la rentrée de 1946, ils
purent accueillir quatre promotions, soit une soixantaine d’élèves. Une
rénovation pédagogique était engagée à l’Ecole Normale, avec « foi »
et « enthousiasme » pour un personnel enseignant que rajeunissait la
venue de professeurs, anciens élèves de l’Ecole dans « l’immédiate
avant-guerre », parmi lesquels Gruère, Vautrey, Vitte, Rolland et
Fenouillet.
Ce dernier, surnommé le
« planteur », était d’ailleurs chargé de l’enseignement agricole et,
même si la modernité pédagogique pointait à l’Ecole, la paire de sabots était toujours
au trousseau d’entrée des Normaliens. André Fenouillet était chargé de motiver
ces derniers sur les métiers de l’agriculture : « Pourquoi cela ? Parce que la grande majorité des
Instituteurs étaient nommés à des postes en milieu rural, où ils auraient à
côtoyer et vivre avec les agriculteurs et leurs enfants. (..) Mais en plus,
nombre d’entre eux ont été amenés à organiser des cours du soir, des cours
agricoles. Ce fut pour l’époque, une grande évolution où l’on vit des
enseignants aider les paysans dans leur métier et tout ça aura marqué d’une
manière indélébile le rôle joué par les Instituteurs en milieu rural sur la
mise en place de l’Enseignement Agricole public. Pour ce qui est des sabots
dans le trousseau, nous les avons mis quelques fois pour jardiner, planter,
semer les haricots, salades, pommes de terre dans la parcelle qui nous était
réservée car le reste du jardin, avec un jardinier, fournissait une partie des
légumes consommés dans nos repas du restaurant. » Témoignage de Roland Cottin, promotion 1952-1956.
D’autre part, dès 1945, sur
la demande insistante du Ministère de l’Education Nationale, le projet de
construction d’un internat avait été commencé par les services de la Préfecture
et le Conseil Général. Même « pleine de désagréments », une
installation provisoire d’internat était faite, à l’Ecole et alentour, dans les
dortoirs de l’Hospice départemental de vieillards.
Photographies du bâtiment
d’internat en construction prise par un normalien de la promotion 1949-1953 qui
logeait pour la dernière année dans l’« Hospice Départemental des
vieillards et incurables », 1950 (AAEENM)
Ce fut le 16 mai 1848, en
présence du Président de la République Vincent Auriol lui-même, que la première
pierre du nouvel édifice était posée, et que l’on rendit hommage aux 22
disparus de la dernière guerre, morts au combat ou en déportation, normaliens
ou anciens normaliens, par l’apposition, dans le hall de l’Ecole, d’une plaque
sur l’initiative de l’Amicale et portant leurs noms. Décès moins nombreux que
ceux de la Première Guerre mondiale, fort heureusement, mais dus, pour les deux
cinquièmes environ, aux persécutions commises par les allemands en
Saône-et-Loire, ils rappelaient qu’entre 1939 et 1945, la mort avait frappé
ainsi de nombreux civils. Une plaque érigée encore par l’Amicale, remémorait
l’assassinat du professeur Jean Bouvet par la Milice française, le 28 juin
1944, victime civile regrettée par de nombreux enseignants ou sympathisants,
pour sa personnalité attrayante, généreuse et éprise, à l’extrême, de
liberté : « Le 16 mai 1948
devait avoir lieu à l’Ecole une cérémonie jusque-là unique dans ses annales. Le
président de la République Vincent Auriol, M. Edouard Lepreux, Ministre de
l’Education Nationale, accompagné de M. Beslais, directeur de l’enseignement
primaire et de M. Allix, Recteur de l’Académie de Lyon, honorent l’Ecole de
leur visite afin de procéder à l’inauguration de la plaque apposée à la mémoire
de nos vingt-deux morts de la dernière guerre et à la pose de la première
pierre du nouvel internat de l’Ecole. Cette première pierre posée, les autres
suivront rapidement, et la construction se trouva achevée dès 1950. Le nouvel
édifice était conçu pour recevoir 120 élèves. Cette fois, on avait vu grand, et
c’était nécessaire car avec la nouvelle organisation de la formation
professionnelle, l’Ecole devait recevoir non plus trois promotions, mais
quatre. » Extrait du Bulletin de l’Amicale, 1949. (6)
La
direction de Monsieur Barbier (1948-1960)
Monsieur Barbier fut, auparavant, Inspecteur primaire
au Blanc. Il devait assumer la direction de l’Ecole Normale de Mâcon pendant
douze années, avant son retour au pays natal, à la direction de la toute
nouvelle Ecole Normale de Nevers.
En 1950, la rentrée scolaire
eut lieu dans l’Ecole pourvue du nouvel internat, à peine achevé. Il était
conçu pour recevoir 120 élèves, effectif maximum qu’on croyait avoir largement
calculé. Cependant, à cause de la pénurie du personnel enseignant primaire, un
recrutement accéléré d’élèves-maîtres conduisit à dépasser ce chiffre et, dès
1954, il fallut « externer » quelques élèves.
Le Directeur tenait à donner
aux normaliens une éducation libérale dans une école heureuse. Il voulut
l’ouvrir sur la ville, d’où l’éclosion d’une vie associative, l’organisation
d’un bal annuel, la représentation de pièces de théâtre grâce à la
collaboration même d’élèves-maîtres et d’élèves-maîtresses. Orchestres et
troupes de théâtre de la « maison » se succédèrent sur la scène de la
salle des fêtes et valurent des triomphes à l’Ecole. Toutes ces manifestations
attiraient la foule des amis de la « Roupane ».
L’Amicale ne fut pas en
reste et organisa diverses commémorations à partir de 1953 : « Le 5 septembre 1957, l’Amicale célébrait
une commémoration dont elle avait été l’instigatrice dès 1953.Elle honorait
solennellement deux anciens et éminents professeurs de l’Ecole, Jean Bouvet et
Ernest Hugonnier, en attribuant leurs noms à deux salles de l’Ecole où chacun
d’eux avait enseigné, celle d’histoire et celle de sciences physiques. Pour conférer
à cette cérémonie toute l’ampleur qui convenait, on avait invité notamment M.
Dirand, chef de cabinet du Ministre de l’Education Nationale, M. le Préfet, M.
l’Inspecteur d’académie, M. le Maire de Mâcon, Mme Hugonnier, Directrice
honoraire de l’Ecole Normale d’institutrices et M. Bouvet, professeur agrégé de
lettres, fils de Jean Bouvet. La ville de Mâcon, dans le but d’honorer la
mémoire de celui qui avait siégé durant une longue période en son Conseil Municipal, avait décidé de
donner son nom à la rue précédemment dénommée rue de l’Asile départemental. Ce
fut M. Escande, Maire, qui apporta à Jean Bouvet, l’hommage reconnaissant de la
cité. » (7)
La
direction de Monsieur Joseph Simon (1960-1966)
C’est dans une Ecole Normale
rénovée que Monsieur Simon fit sa
rentrée après avoir quitté la direction de l’Ecole de Rodez. C’est à lui
qu’incomba, l’année de son départ de fêter la dernière grande commémoration que
l’Ecole de Mâcon aura connu : la célébration du centenaire des bâtiments,
le 8 septembre 1966. Notons qu’il le fit en présence de son successeur, déjà
arrivé. La grande salle de l’Ecole accueillit, une nouvelle fois, de nombreuses
personnalités : M. Vimeney, Préfet de Saône-et-Loire, M. Bouchard, Recteur
de l’Académie de Dijon, M. Escande, Maire de Mâcon. La manifestation se termina
par un grand banquet traditionnel, servi dans le cadre grandiose du Centre
nautique.
Extrait du bulletin de
l’Amicale n° 88, 1967
A l’occasion de cette
commémoration, outre la rétrospective consacrée à la vie de l’Ecole depuis sa fondation,
à travers une très intéressante exposition, la maquette et les plans d’une
future Ecole Normale dont la construction était envisagée au nord de la ville,
furent présentés. Projet qui resta sans lendemain… M. Simon quitta l’Ecole de
Mâcon dans les jours qui suivirent pour rejoindre l’Ecole Normale d’Orléans, où
il décéda subitement, le 27 janvier 1967.
Une nouvelle Ecole Normale d’Instituteurs
à Mâcon ? L’arlésienne ! Depuis 1961, on parlait de
la construction d’une vaste Ecole Normale neuve aux lisières nord de Mâcon. En
effet, le projet d’agrandissement de l’Ecole de la rue de l’Héritan avait été
refusé par le ministère et la visite du Ministre de l’Education Nationale Royer
fut suivie d’une déclaration pleine d’espérance : « Si nous pouvions hâter l’Ecole Normale de Mâcon, je crois que
ce serait un résultat heureux de cette réunion (...) il semble que la première
tranche de travaux pourrait être financée en 1962. » Aussitôt, le
Préfet demande à l’Assemblée départementale de budgéter 200 000 NF pour l’acquisition
d’un lot de 7 hectare au nord de Mâcon, pour la nouvelle construction (source : article de M. Simon dans le
bulletin de l’Amicale n° 83 de 1962). Les choses vont bon train et une description
complète du projet est présentée dans le bulletin de l’Amicale n° 84 de 1963 :
Une histoire heureusement
engagée en quelque sorte. Le rapport de M. Simon de 1964 se veut plus nuancé :
« L’année 1963 n’a pas permis d’avancer
beaucoup vers la solution. Deux obstacles viennent, provisoirement, ralentir l’élan
pris. Le premier, qui en serait étonné, est d’ordre budgétaire. Le second est
plus sérieux, puisqu’il s’agit de la structure même du futur établissement ».
(source : article de M. Simon
dans le bulletin de l’Amicale n° 85 de 1964). Perspectives inquiétantes
bien que non définitives.
En 1965, l’espoir renait
faiblement : le projet de construction a fait l’objet d’une décision
favorable de financement, mais il ne faut pas s’attendre à la pose de la
première pierre avant au moins 2 ans, deux difficultés persistant : le
département n’a pas encore pu acquérir la totalité du lot des 7 hectares prévus
pour la construction, et les conditions de fonctionnement des Ecoles Normales
après la mise en place de la nouvelle réforme restent à définir. (source : article de M. Simon dans le
bulletin de l’Amicale n° 86 de 1965). L’année suivante, si sur le plan
départemental le nécessaire a été fait pour l’implantation, il n’en va pas de
même du côté de l’Etat qui met moins de hâte à confirmer ses engagements. Il
semble que la future structure des Ecoles Normales pose toujours des problèmes :
alors que le projet de reconstruction table sur une formation professionnelle
de deux ans, la future réforme ne prévoit qu’un an de séjour à l’Ecole Normale.
Il se précise que les Ecoles Normales seront donc appelées à disparaître sous
leur forme départementale actuelle, ce qui s’avèrera définitif, plus tard, avec
la création des Instituts Universitaires de Formation des Maîtres. Alors que l’année
1966 fêtera en grande pompe le Centenaire des bâtiments de la Roupane, M. Simon
aura tiré sa révérence et M. Diot, nouveau Directeur de l’Ecole, ne fera plus
aucune allusion à la nouvelle Ecole Normale de Mâcon nord, se contentant d’énumérer
les travaux d’entretien de la vieille école… (source : article de M. Diot dans le bulletin de l’Amicale n° 88
de 1967)
La
direction de Monsieur Henri Diot (1966-1969)
M. Diot arrivait des pays
d’Outre-mer où il avait déjà mené une longue carrière, notamment en dirigeant
les Ecoles Normales de Dakar et Porto-Novo. Il était ancien normalien de
l’Ecole de Moulins. Il ne resta que peu de temps dans notre département avant
d’être nommé à la direction de l’Ecole Normale de Troyes, ville dont il fut,
parallèlement, l’adjoint au Maire pendant plusieurs années.
La
direction de Monsieur Kantorowitz (1969-1976)
M. Kantorowitz avait gravi tous les échelons
du métier. Il fut Instituteur au début de sa carrière, avant de devenir
élève-inspecteur à l’Ecole Normale Supérieure de Saint-Cloud. Sa première
nomination en tant que tel fut Wissembourg avant d’accéder à la direction de
l’Ecole Normale de Mâcon. Il fut le premier directeur de l’Ecole Normale mixte
en 1976.
La
direction de Monsieur Gilbert Chambon (1977-1982)
Nommé à la rentrée de septembre, M. Chambon
arrivait de l’Ecole Normale de Châlons-sur-Marne où il était Directeur adjoint.
Auparavant, il fut Normalien d’Avignon, professeur d’Anglais et I.D.E.N à
Florac en Lozère.
La
direction de Monsieur Mouzat (1982-1985)
Ancien Normalien de la
Corrèze, M. Mouzat a exercé toutes les fonctions de la carrière enseignante,
passant d’instituteur à directeur d’école puis P.E.G.C (professeur d’enseignement
général de collège), principal de C.E.S (collège d’enseignement secondaire),
inspecteur-professeur, titulaire d’un doctorat d’Etat en biologie, il fut
attaché auprès du Recteur de l’Académie de Clermont-Ferrand.
A
partir de 1985 : les grands changements
Madame Anne Marie Houillon,
fut nommée en 1985 à la Direction de l’Ecole de Mâcon. Passée par l’Ecole
Normale, elle avait été auparavant professeure de philosophie, inspectrice des
écoles maternelles, puis IEN à Auxerre, Directrice adjointe de l’Ecole Normale
de Dijon. Elle sera la dernière Directrice de l’Ecole Normale mixte de Mâcon et
c’est à elle qu’incombera le remplacement de la vieille Ecole par l’IUFM
(Institut Universitaire de Formation des Maîtres) en 1991. Elle sera IA-IPR
(Inspectrice d’Académie-Inspectrice Pédagogique Régionale), cumulant de
nombreuses activités associatives parmi lesquelles de hautes fonctions à la
Ligue de l’Enseignement.
Monsieur Jacques Broyer fut
nommé Directeur de l’IUFM de Mâcon en 1997 : « Après Anne-Marie Houillon et moi-même à Mâcon, furent nommés
Roger Guillon, puis Jean-Michel Sandon, M. Barraud et enfin Aurélie Varot pour
occuper les postes des établissements successifs (IUFM, ESPE, INSPE). »
Roger Guillon
En
complément
J’entrais
personnellement à l’Ecole Normale de Mâcon dans la promotion 1976-1978. En
cette année 1976, sur la demande du Conseil général et après consultation du
Conseil départemental de l’enseignement primaire, le sort de l’école normale de
garçons est scellé ; l’ensemble des maîtres et maîtresses seront désormais
formés dans les locaux de l’ancienne Ecole Normale de filles de la rue de Flacé
qui deviendra Ecole Normale mixte. Ce changement aura pour effet, en 1978, le
« redéploiement » des postes et la suppression de 7 postes de
professeurs. Fin 1980, le Conseil général a permis de réaliser une remise à
neuf totale de l’Ecole Normale mixte (toiture, façade, menuiseries, peintures
et tentures intérieures), ainsi qu’un réaménagement de l’ancien externat qui abritera,
à terme, les salles d’histoire-géographie, le secteur audiovisuel et le secteur
informatique, quelques chambres étant prévues au dernier étage. En 1992,
disparaît l’Ecole Normale mixte de Mâcon pour voir naître le Centre
Universitaire de Formation des Maîtres de Mâcon (IUFM) dont Madame Houillon,
jusqu’alors directrice de l’Ecole Normale Mixte, prend la charge (6). La fin des IUFM et la période qui suivit
méritera de faire l’objet d’une prochaine étude. Nous arrêterons là notre
exploration du passé, pour cette fois, à l’aube des années 2000, dont voici la
synthèse :
Le
mot de la fin
Ce
bref historique des Ecole Normales de Mâcon s’inspire largement des travaux
déjà effectués par nos anciens dans les bulletins de l’Amicale du siècle
dernier. Il s’inspire aussi d’un texte de manuscrit appartenant au fonds Gillot
du musée, qui fut publié en 1987 aux éditions Horvath sous le titre En Saône-et-Loire, notre école au bon
vieux temps. Pierre
Gillot y précise ses sources :
Bibliographie proposée dans
le livre édité par Horvath. Erratum lire première ligne : 1884-1984
(collection musée)
Cet
historique prend aussi en compte les travaux, quelques années auparavant, de R.
Bidot (promotion 1923-1926 de l’école Normale de Mâcon, secrétaire de l’Amicale
en 1957) qui avait entrepris le même travail pour la brochure du centenaire de
l’Amicale (cité en tête de bibliographie), ayant vraisemblablement utilisé les mêmes
ressources des anciens bulletins de l’Amicale.
Brochure du centenaire de l’Amicale,
1984 (collection musée)
Je
ne peux m’empêcher d’avoir une pensée pour nos archivistes du musée de la Maison
d’Ecole et amis Clotilde et Pierre Gillot, aujourd’hui disparus. Dans leurs
aperçus historiques, ils n’auront eu de cesse de vanter l’excellence des
formations dans les Ecoles Normales, malgré leur naissance difficile, et
l’excellence des professeurs qui y dispensèrent leur savoir, à des promotions
de chacune 3 puis 2 ans.
De nos jours, l'Éducation nationale manque
cruellement d'enseignants. À tel point qu'elle a organisé, à partir du mois de juin 2022, des sessions de "jobs
dating" (terme barbare qui correspond à la triste réalité) afin de
recruter des professeurs, dans le premier comme dans le second degré. Cette opération
inique a été reconduite en 2023…
Nul
doute que Clotilde et Pierre, ainsi que tous les anciens, doivent se retourner
dans leur tombe à la vue de ce recrutement express : ½ heure d’entretien,
quelques heures de formation et hop ! Devant les élèves… Quel camouflet
pour la profession et quel mépris pour nos professeurs dont on nie la réussite
à un concours très difficile (niveau bac + 5, Master 2) et dont on nie aussi
les compétences acquises durant une longue formation, fondement même du métier (8).
Patrick PLUCHOT
Sources :
-
Manuscrit Aperçus
historiques sur les Ecoles Normales de Saône-et-Loire, Pierre Gillot, 1987.
-
Photographies : archives musée, Amicale
des anciens élèves de l’EN de Mâcon ( http://aaeenm.over-blog.com
), et collections privées.
-
Archives du musée, fonds Ecoles Normales,
dont les travaux de R. Bidot, secrétaire honoraire de l’Amicale, Roger Sebert, Pierre Colomb
et Patrick Pluchot pour le bulletin
de l’Amicale, 2011 à 2019.
-
Cent ans d’Ecole, publication du Musée
de la Maison d’Ecole, 1983, Groupe de
travail du musée.
-
CD-ROM
Images de l’école, production du Musée de la Maison d’Ecole, 2002, P. Pluchot.
-
En Saône-et-Loire,
notre école au bon vieux temps , J. Joly, P. Rivière, P. Gillot, chez Horwath, 1987.
(5) :
Revoir à ce sujet les articles du blog : Regard sur l’école sous Vichy, juin
40-septembre 45 : https://musee-ecole-montceau-71.blogspot.com/2018/06/lecole-sous-vichy.html
; De Jean Zay au régime de Vichy : https://musee-ecole-montceau-71.blogspot.com/2022/04/de-jean-zay-au-regime-de-vichy.html
(6) : Revoir
le résumé fait de la journée du 16 mai 1948 dans le cahier des délibérations de
l’Amicale des Institutrices dans l’article du blog d’avril 2023 : https://musee-ecole-montceau-71.blogspot.com/2023/04/apercu-historique-de-lecole-normale.html
(7) :
BOUVET Jean
Né à
Velleron, Vaucluse, en 1892.
Jean Bouvet fut élève de l’Ecole Normale Supérieure de
St-Clou mais ses études furent écourtées en 1914 à la suite de sa mobilisation
dans l’Infanterie. Blessé à Verdun, il est replié à l’hôpital de
Montceau-les-Mines. C’est à cette période qu’il rencontra son épouse,
Marie-Antoinette Genevois (née en 1893 dans cette même ville) et qu’il se
maria.
En 1920, il est nommé professeur d’histoire à l’Ecole normale
de Bonneville, puis aux Ecoles Normales de Mâcon en 1922, jusqu’à leur
fermeture par le gouvernement de Vivhy en 1941, date à laquelle il continuera
d’enseigner au Collège moderne de garçons (avec son ancien élève et collègue
Marcel Vitte). En 1923, pacifiste convaincu, il publie, sous le pseudonyme de
André Jean, Les Cantilènes Rouges, un recueil de chants sur les souffrances
endurées durant la Grande Guerre :
« Les
poètes maudits sont ceux qui, dans leur chambre,
Devant le papier
blanc et le feu flambant clair,
Bien repus,
honorés, assurés d’être lus
Par un public
servile, osent chanter la guerre. (…)
Faites taire vos
chants ou priez sur les morts
Pleurez, mettez
un crêpe à vos lyres, poètes,
Allez voir les
tranchées et regardez nos fils
Qui pourissent
sous le ciel dur, comme des bêtes.
Regardez les
pourrir. Regardez les vivants,
Dites si dans
leurs yeux s’est allumée la haine,
S’ils rêvent de
tuer, s’ils rêvent de mourir,
S’ils n’ont pas
le désir des heures pacifiques.
Les poètes
maudits ont demé dans les cœurs
La haine et
n’ont récolté que la haine,
Ils ont menti,
ils ont injurié l’amour
Et caché
lâchement l’horreur du sacrifice. »
Jean Bouvet
En 1926, il est Secrétaire fédéral de la Fédération départementale
de la Ligue des Droits de l’Homme, puis en devient Président en 1934. Il
devient en outre secrétaire du Cartel mâconnais pour la paix en 1932. Commissaire départemental des
Auberges de Jeunesse, il fonda celles de Crèches, Tournus, Mont-Saint-Vincent
et Epinac. Chercheur régionaliste, il publia notamment un article dans le
bulletin de la « Physiophile » de Montceau en collaboration avec son
ancien élève Henri Parriat (« Notes d’archéologie montcellienne »,
1928). Bientôt, le cecond conflit mondial éclate, Jean Bouvet écrit dans une
lettre du 2 novembre 1939 : « Nous sommes entrés dans la grande
épreuve et ma sensibilité m’y fait plus participer que ma situation peut le
laisser croire. J’ai trop souffert moi-même il y a 25 ans pour rester
aujourd’hui insensible (…) Résister au flot montant du mensonge et de
l’égoïsme, préserver de toute atteinte les vraies valeurs humaines, voilà la
règle de conduite pour le temps présent. »
Jean Bouvet, Conseiller Municipal, résistant, patriote, fut
lâchement assassiné par la Milice, en 1944, à son domicile de la rue Gambetta à
Mâcon (ainsi que six autres personnes, en représailles à l’assassinat de
Philippe Henriot) : « Il cherchait par là le chemin de la paix et du
bonheur, et il le trouvait dans la connaissance, la compréhension et l’amitié
des autres hommes. La veille de sa mort, il me confiait encore son
incompréhension des haines présentes et ses espoirs de lendemain meilleur. Il
avait cependant le pressentiment de sa mort. Oui, nous aimions Jean Bouvet. »
(Discours de Louis Escande, Maire de Mâcon, à l’inauguration de la rue Jean
Bouvet, 5 septembre 1957)
Pacifiste, humanisme, poète, ami de Jean Giono, il a marqué
de sa rayonnante personnalité des centaines d’institutrices et d’instituteurs
de Saône-et-Loire.
« Je rêve un jour où l’homme
Toutes barrières abolies
Vers tous les peuples du monde
S’en ira libre et fraternel »
Jean Bouvet
Sources :
documentation Musée de la Maison d’Ecole, « Maîtres et Maîtresse de
Saône-et-Loire » (AVNP71).
Après
une interruption de sept années (la dernière Assemblée générale avant la guerre
et la suppression des Ecoles Normales ayant eu lieu le 4 mai 1939), voici
l’hommage des Institutrices, le 20 juin 1946, à l’Assemblée générale des
Anciennes Elèves de l’Ecole Normale de Mâcon, hommage à jean Bouvet et aux
victimes de la guerre dont le nom ne figurera sur aucune plaque à leur mémoire
:
Extrait du registre des
délibérations de l’Association des Anciennes Elèves de l’Ecole Normale de
Mâcon, 1946 (collection musée)
(8) :
Création de l’IUFM de Mâcon :
Article du Progrès du 29
mars 1993 (collection musée)
(7) :
Après l’IUFM (1990) et l’ESPE : Ecoles Supérieures du Professorat et de
l’Education (2013), entrée en jeu de l’INSPE : Institut National Supérieur
du Professorat et de l’Education en 2019 et hausse du niveau de
formation :
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