Roger
Denux
Né
à Montceau-les Mines et mort à Saint-Vallier
(6
février 1899-16 août 1992)
Bulletin n°86 de l’amicale, cinquantenaire de la
promotion 15-18, 1965 (collection musée)
Connaissez-vous
Roger Denux instituteur-écrivain ?
La
bibliothèque municipale d’Ecuisses porte son nom depuis 2004, il reçut le prix
Furtado de l’Académie française en 1961 pour son livre Il pleut sur mon jardin. Régis Messac (1) dira de ce montcellien dont le vrai nom est Adrien
François Roger Boeufgras (9e au 3e rang sur la photo) : « Un de ces instituteurs, plus
nombreux qu’on ne pense, qui entretiennent, dans ce qu’on appelle d’ordinaire
« un trou perdu », une activité intellectuelle que bien des
soi-disant « maître de la culture » pourraient leur envier. » Il fit son Ecole Normale à Mâcon avec
son camarade Claudius Pariat (4e au 2e rang) autre figure
montcellienne (2).
Extrait du bulletin de
l’Amicale n°48, année 1920 (collection musée)
Adrien Boeufgras, fils d’Adrien Boeufgras,
employé aux Mines de Blanzy et de Joséphine Gauthier, intégra donc la promotion
1915-1918 de l’Ecole Normale de Mâcon à la rentrée 1915. Le 17 avril 1918, il
fut incorporé au 56e RI à Chalon-sur-Saône. Passé au 163e
RI, il fut démobilisé le 28 mars 1921. Lieutenant de réserve, il devait être
rappelé sous les drapeaux en septembre 1938, puis du 2 août 1939 au 13 août
1940. Après les péripéties de la Grande Guerre, il exerça enfin son métier de
maître d’école comme adjoint à l’école du Bois-du-Verne (Montceau-les-Mines).
Il sera nommé ensuite au poste de chargé d’école à Cuzy (71) de 1923 à 1932,
avant d’être nommé à Ecuisses-7 Ecluses (71) de 1932 jusqu’à sa retraite en 1954-55,
lieu où il résidera pendant 60 ans. Dès lors, il consacrera le reste de sa vie
à l’écriture. Il terminera sa carrière titulaire de la Médaille d’Argent et
Officier des Palmes académiques. Madame Boeufgras fut directrice d’école et
prit sa retraite deux ans avant lui.
Un instituteur syndicaliste, écrivain,
serviteur de la langue française
Il fut membre du Bureau National du Syndicat National des Instituteurs
et secrétaire de la Commission pédagogique. Son engagement au sein de ce
syndicat l’amènera à participer à deux congrès de la Fédération internationale
des associations d’instituteurs en tant que membre de la délégation du SNI :
un à Stockholm en 1949 et un autre à Amsterdam en 1950. Toujours au sein du
SNI, son statut de membre de la Société française de pédagogie le conduisit à
prononcer nombre de conférences dans plusieurs villes de France.
Roger Denux participa à la création de la Revue mensuelle de Culture
populaire, de Littérature et d’Art Les
Primaires, en compagnie de Régis Messac (déjà cité) et de René Bonissel
(qui prendra plus tard, de 1944 à 1953, la direction du journal syndical L’Ecole Libératrice). Denux, en
syndicaliste engagé et instituteur proche des « instituteurs
libertaires » qu’il était, sera codirecteur de la revue de 1925 à 1940.
Passionné de littérature et homme de lettres, il fut l’auteur de poèmes,
de romans, d’essais, d’anthologie, de souvenirs ou encore de manuels scolaires.
Membre de l’Académie du Morvan, il fonde, en 1968, le prix littéraire du
Morvan. Il fut membre de l’Académie des Sciences Arts et Belles-lettres de
Dijon. Spécialiste de cet auteur, il fut aussi membre de la Société
Chateaubriand, ainsi que vice-président de la Société des Auteurs de Bourgogne.
Il ne semble pas inutile de rappeler ici qu’Adrien Boeufgras fut le
parolier de l’Hymne des Normaliens dont
son camarade Claudius Pariat fut le compositeur.
(collection musée)
Augustine et Claudius Pariat
(collection Daroux) : https://musee-ecole-montceau-71.blogspot.com/2021/06/claudius-pariat-defenseur-de-la-cause.html#more
Souvent récompensé, à juste titre, Adrien Boeufgras, alias Roger Denux
sera lauréat du prix Auguste Furtado de l’Académie française en 1961 pour son
livre Il pleut sur mon jardin, il
obtiendra le prix Albert-Marfant, en 1975, sera deux fois lauréat de l’Académie
de Toulouse, en 1975 et 1981. Dans les années 60, il fut membre de la
Commission ministérielle d’études orthographiques. Il fut nommé Chevalier des
Arts et Lettres en 1978 et Chevalier, puis Officier de la Légion d’honneur en
1978. Il décédera le 16 août 1992.
Extrait de la rubrique
Nécrologie du bulletin n°16 de l’Amicale, 1992-1993 (collection musée)
Un
auteur prolifique
Quelques-unes de ses
œuvres :
- Cendres
douloureuses (1921)
- Sainte
odeur de la vie (1924)
- L'Aube
sur les morts (1931)
- Le
Magister (1934)
- Pour
quelques-uns (1937)
- Ces
roses-ci (1947)
- Six de
mon village (1948)
Dédicace du livre
- Il
pleut sur mon jardin (1960)
- Le Vin
du souvenir (1964)
- Feuilles
volantes (1965)
- La
Terrible Course de Chateaubriand (1981)
- Des
Goncourt Essai
- L’école
et les Maîtres dans le journal de Jules Renard Essai
- Pour la
réforme de l’enseignement : le cycle d’orientation Etudes traduites en allemand par H. Rodenstein
Sources :
-
Bulletins de l’AVNP (Amicale des anciens élèves de l’EN de Mâcon).
-
Documentation musée.
-
« Un homme de belles-lettres : Roger Denux », Images
de Saône-et-Loire, n° 36, janvier 1978, pp. 14-15.
-
La BNF pour la bibliographie.
-
Différents articles du blog du musée (notamment de la rubrique « Commémoration »).
- https://www.le-livre.fr/auteur/denux-roger-(pr%C3%A9sent%C3%A9s-et-choisis-par)?select_base=0
Patrick PLUCHOT
(1) :
« Fils d’une institutrice et d’un inspecteur du primaire
(..) écrivain et militant pacifiste (..) Mobilisé en août, Messac
est blessé à la tête le et trépané. Durant la Seconde
Guerre mondiale, alors que, selon son expression, « la ronde infernale
autour du globe est commencée, cette fois pour de bon », Régis Messac
rédige Pot-pourri Fantôme,
une chronique des années de guerre et d’Occupation de 1939 à 1942.
Ce pamphlet contre le régime de Vichy est salué par la critique comme
« la meilleure peinture littéraire jamais réalisée sur cette
période », comme un réquisitoire « où gronde la révolte d’un esprit
libre devant la servitude », un livre qui « appartient au petit
nombre des documents précieux de l’histoire immédiate que l’Histoire
conformiste laisse disparaître quand elle n’a pas contribué à leur anéantissement. »
Simultanément, Régis Messac s’engage dans la constitution d’une fraction du Front
national, un mouvement de résistance d’obédience communiste, qui s’est
développé dans la Manche à partir de 1941. Arrêté à Coutances le
lundi , il est détenu à la prison de Saint-Lô jusqu’au . Condamné à un an de prison le précédent, il est déporté Nacht und Nebel pour être
rejugé en Allemagne par le Tribunal du peuple à Breslau. Au cours de son
périple, il connaît successivement la prison de Fresnes ( – ), le camp de concentration de Natzweiller-Struthof,
en Alsace ( – ), le pénitencier de Brieg, en Silésie ( – ), le camp de concentration de Gross-Rosen (à
partir du ). La dernière trace avérée de son existence porte la date
du au camp de Gross-Rosen. On peut cependant penser
qu’il a pu être évacué, en février, sur le camp de Dora (auquel cas
il aurait été contraint de participer aux marches de la mort), voire, en
mars, du camp de Dora sur le camp de Bergen-Belsen. Le témoignage des compagnons d’infortune de Messac,
rescapés de l’enfer concentrationnaire allemand, confirme l’attitude de
dignité exemplaire de « cet intellectuel aux mains blanches, qui n’avait
jamais manié la pioche », qui s’employa à venir en aide à ses camarades, à
intervenir dans les conflits les opposant aux Allemands, à protéger les plus
vulnérables au péril de sa vie. Porté disparu, la date fictive de la
mort de Régis Messac est fixée au » (Wikipédia)
(2) :
Voir l’article du blog : https://musee-ecole-montceau-71.blogspot.com/2021/06/claudius-pariat-defenseur-de-la-cause.html#more
(3) :
Adrien Boeufgras fit
partie de ce qu’on a appelé « les promotions de la Grande Guerre »,
durement touchée par le conflit, dont la sienne, la « 15-18 ».
« C’est
le 27 juillet que s’ouvrit le concours d’entrée de 1915, auquel prirent part 50
candidats pour 35 places offertes. Sur les 35 admis, l’un, BERTHILIER Marcel, reçu n° 25, n’entra pas à l’Ecole en
octobre, et la promotion compta donc à la rentrée 34 élèves seulement.
La
guerre qui faisait rage exigeait toujours plus de combattants et dès décembre
1915, les deux premiers appelés quittaient la Roupane, le premier trimestre à
peine terminé. L’année 1916 voyait partir deux nouveaux camarades, puis six
autres répondaient en avril 1917 à l’appel de la classe 1918. En janvier 1918,
sept camarades contractaient un engagement volontaire et en avril, les quinze
derniers partaient avec la classe 1919.
C’est
dire qu’aucun Roupanard de la 15/18 ne put passer ses trois années à l’Ecole et
y terminer normalement ses études. Les dernières offensives de l’automne 1918
virent mourir trois camarades de la promotion, tués tout trois en l’espace d’un
mois. Par la suite, dix autres sont décédés, ce qui laisse à vingt-et-un le
nombre des survivants d’une promotion prématurément éprouvée. Promotion qui fut
à l’origine de l’hymne de la Roupane à travers des paroles de Roger Boeufgras
et une musique de Claudius Pariat même si elle fut baptisée avec humour
« Promotion des Crétins ». Bric-à-Brac, de Roger Denux,
Bulletin n° 83 de l’Amicale des Anciens Elèves de l’EN de Mâcon, 1964.
«
Comment après cela ne pas s’inscrire en faux contre l’infâme calomniateur qui
baptisa icelle « Promotion des Crétins » ? Qu’il se montre donc,
bonne mère ! Le « clerc » en question, s’il ne craint pas
toutefois qu’on lui taille les oreilles en pointe… Le fait est bien aux vacances de 1917 que cet
Hymne des Normaliens naquit de la collaboration de deux gars de notre Promo et
qui, d’ailleurs, depuis, ont quelque peu fait parler d’eux.
Promotion
des Crétins, si vous voulez, mais qui néanmoins, surent faire leur devoir en
des périodes troublées, tragiques…
Comme
les promotions précédentes, nous fûmes tous mobilisés, très tôt, avant la fin
des études. Appartenant aux classes1917, 18 et 19, certains d’entre nous ont
leur nom gravé sur la pierre du souvenir… GIRAULT, LAMBERTET, classe 1918,
POTHIER, classe 1919, tués à l’ennemi en 1918. Le capitaine VAUPRE fut blessé
en 1940. NAVOIZAT, déporté en 1941, mourut par la suite. HENRY, ROUX furent
emprisonnés par les autorités d’occupation. (..)
Tous deux victimes de la dureté des temps [JOBEY et SIGNORET]
et des lois d’exception du Régime de Vichy, on nous en a sortis… [de
l’enseignement], nous invitant aimablement à tirer nos grègues et à filer vers
d’autres cieux…
L’ami BOUDOT Gilbert, lui, fut inquiété pour d’autres raisons (demi-porc mis au
saloir sans état civil régulier), puis dut disparaître dans la verdure pour sa
sécurité personnelle, et par la suite ne rentrera pas dans l’enseignement.
Voici d’ailleurs certains passages d’une lettre qu’il m’écrivit naguère à ce
sujet, où on reconnaîtra la marque de son esprit caustique :
« J’ai
été effectivement révoqué de mes fonctions de secrétaire de mairie pour avoir
salé abusivement la moitié d’un élève de Saint-Antoine. C’était sans doute dans
cette moitié que s’était logé le Diable, car l’heureux bénéficiaire de la
deuxième moitié ne fut pas inquiété. Après ce tour de demi-cochon, je fus
frappé d’une mesure de déplacement d’office en raison de mon « attitude
politique ». (..) Voilà où peut conduire un cochon. Je dois dire
d’ailleurs que dans cette histoire, il y eut plusieurs fameux cochons, dont le
seul respectable fut celui qui baignait dans le saloir. J’adresse à sa mémoire
un souvenir ému et reconnaissant… et j’espère qu’il est au Paradis des Cochons.
Quant aux autres, qui étaient, je crois, de fervents « bien-pensants »,
je suppose qu’ils ont dû rendre des comptes au Juge Suprême, car ils doivent
être, pour la plupart, « salés » eux aussi depuis un certain
temps. » Tout ceci, bien sûr, n’a rien à voir avec la chronique du
Cinquantenaire, mais révèle par quelles alternatives très peu réjouissantes
sont passés certains de nos collègues pendant la période d’occupation). D’après la chronique du Cinquantenaire, Joseph
SIGNORET (15/18) Bulletin de l’Amicale des Anciens Elèves de l’EN de
Mâcon, n° 86, 1965.
Les « mobilisés deux fois » de la
promotion 15/18
BEUGRAS
Edmond-Etienne (15/18) :
Né le 23 mai 1899 à
Saint-Marcellin-de-Cray. Mobilisé en avril 1918 au 14ème B.C.A et
démobilisé en avril 1921, il est mobilisé à nouveau en 1939 comme lieutenant au
418ème Régiment de Pionniers, il fut fait prisonnier et interné à
Lübeck, puis à Feshbeck de juin 40 à août 41.
BOEUGRAS
Adrien-François-Roger (15/18) :
Né le 6 février 1899 à
Montceau-les-Mines. Mobilisé au 56ème R.I à Chalon-sur-Saône en
1918, puis passé au 163ème R.I, il fut démobilisé le 28 mars 1921.
Lieutenant de réserve, il est rappelé sous les drapeaux en septembre 1938.
CLAIR Claude (15/18) :
Né le 13 janvier 1899
à Brion. Engagé volontaire le 5 janvier
1918, démobilisé le 24 décembre 1920, mutilé de guerre, il est combattant
volontaire de la Résistance en 1940-45, il est décoré de la médaille d’argent de
la Reconnaissance Française.
GRIVEAU Léonard
(15/18) :
Né le 20 juillet 1899 à
Montceau-les-Mines, il avait préparé le concours à l’E.P.S de Montceau qui
fournira 10 élèves-maîtres de la 15/18. Mobilisé en avril 1918, il est libéré
en 1921. Il fut mobilisé à nouveau en 1939, fait prisonnier, il s’évadera et sera
détaché à l’E.N.P de Chalon.
JOBEY François-Robert
(15/18) :
Né le 18 juin 1899 à
Montceau-les-Mines. Engagé pour 3 ans dans la marine, il fut libéré en 1921. Il
est mobilisé de nouveau à Oran en 1939 et démobilisé en octobre 1941. Nommé à
l’E.P.S Victor Hugo de Marseille, il est déclaré démissionnaire d’office pour
appartenance à une « société secrète », vraisemblablement la
franc-maçonnerie. Il fut réintégré le 1er octobre 1944.
NAVOIZAT
Joanny-Louis-Claudius (15-18) :
Né le 2 mars 1898 à
Saint-Christophe-en-Brionnais. Appelé en avril 1917, ilest démobilisé en mai
1921. dès 1940, il prendra une part particulièrement dangereuse aux activités
de la Résistance. Arrêté par la Gestapo, interné du 17 avril au 26 juillet
1944, il devait connaître les souffrances de la déportation du 27 juillet 1944
au 27 mai 1945.
PARIAT Claudius
(15/18) :
Né le 23 mars1899 à
Montceau-les-Mines. Incorporé en mars 1918 au
56ème R.I, il est démobilisé en mars 1921. Il est appelé à
nouveau en 1939 comme lieutenant au 418ème Régiment de Pionniers. Il
fut interné en Suisse et rapatrié en janvier 1941.
PETITJEAN Paul
(15/18) :
Né le 26 octobre 1897 à
Lessard-en-Bresse. Mobilisé en décembre 1915, il fut envoyé au front comme
apirant après un stage à Saint-Cyr. Blessé au poumon, il est décoré de la Médaille Militaire et de la
Croix de Guerre. En 1939, il fut mobilisé comme professeur à l’école militaire
d’Autun. Il adhéra, dès sa formation, au groupe de résistance M.L.N de
Chalon et assura le passage en zone
libre de nombreux prisonniers évadés.
ROUX Jean-Marie
(15/18) :
Né le 19 août 1898 à
Marcilly-lès-Buxy. Mobilisé en avril 1917 et démobilisé en 1920, il est
titulaire de la Croix de Guerre 1914-18 (3 citations). En 1939-45, il fut
combattant volontaire et arrêté à trois reprise par l’occupant.
SALLET
François-Claude-René (15/18) :
Né le 17 mars 1899 à
Romenay. Engagé volontaire le 4 janvier 1918 et démobilisé en 1921, il est
rappelé en 1939 comme maréchal-des-logis avant d’entrer dans la Résistance peu après
son retour.
VAUPRE Antoine
(15/18) :
Né le 1er mai
1899 à Igé. Mobilisé en avril 1918, il est libéré en 1921. Il est appelé en
1939 comme capitaine, blessé au combat de Foug, près de Toul et fait
prisonnier, il fut rapatrié comme blessé en novembre 1940. Il est décoré de la
Croix de Guerre et de la Légion d’Honneur.
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