vendredi 14 février 2025

La classe de sixième : Collèges, lycées, ou groupes d'observation dispersés ?

 

Qui se souvient encore des G.O.D ?

Groupes d’Observation Dispersés

Classe de 6e au G.O.D des Gautherets à Saint-Vallier (côté garçons-Sanvignes), dit « C.E.G des Gautherets », année scolaire 1963-1964, la maîtresse est Christiane Céceille, fille de Raoul Céceille (voir annexe 3) (collection privée)

La « massification » scolaire naît avec la Ve République

Jean Zay, par la loi du 9 août 1936, avait fixé l’obligation scolaire à 14 ans. C’est l’ordonnance n° 59-45 du 6 janvier 1959 qui va la prolonger à nouveau et jusqu’à 16 ans cette fois. Avant cette réforme, à l’issue du CM2, quelques garçons partaient dans les écoles primaires supérieures (que Jérôme Carcopino transformera en collèges modernes en 1941), quelques filles partaient dans les cours complémentaires (qui deviendront Collèges d’Enseignement Général-C.E.G en 1959), d’autres, encore plus rares, intégraient les 6e des lycées, mais une grande partie finissait leur scolarité dans les classes de fin d’études de l’école primaire, préparant au « certif ». Pour scolariser jusqu’à 16 ans, dans le Bassin minier, comme ailleurs, il fallut inventer une structure qui n’existait pas jusqu’alors : les Groupes d’Observation Dispersés.


Cause nationale, tous au collège !

Quelle était la situation à l’année scolaire 1957-1958, à la veille de l’allongement de la scolarité ? Le premier cycle du second degré des lycées (de la 6e à la 3e) scolarisait 417 500 élèves, les écoles primaires supérieures et les cours complémentaires réunis, tout autant. Dans le même temps, les classes de fin d’études, qui accompagnaient les élèves jusqu’à 14 ans, en comptaient 730 000. Avec ce système, seulement 10 % des jeunes d’une même classe d’âge accédaient au baccalauréat.

Photographie de classe de la première 6e classique ayant intégré le lycée Henri Parriat à la rentrée 1956 (toujours appelé « collège mixte »), professeur de lettres classiques : M. Barnay. Il manque un élève absent ce jour-là, donc le nombre buttoir de 35, repris plus tard pour les G.O.D était donc atteint. (collection privée)

Les retrouvailles de cette 6e en 2015. Parmi eux, notre actuel vice-Président du musée : Michel Billard (JSL71)

6e moderne, lycée Henri Parriat, 1959

La dynamique démographique, économique, sociale et même culturelle des Trente Glorieuses, va changer la donne et l’avènement de la 5e République va transformer profondément la physionomie du système scolaire. Déjà le 23 novembre 1956, un arrêté avait supprimé l’examen d’entrée en 6e des lycées, instaurant une procédure d’admission sur dossier (1), ce nouveau type de sélection n’augmenta pas le flux, puisque le taux de scolarisation d’une classe d’âge en 6e n’atteignit pas encore 50 % à la fin des années 50.

6e classique, lycée Henri Parriat, 1959-1960, M. Pichon, surveillant général et Mme Maréchal, professeur de sciences

L’application de l’ordonnance de janvier 1959 sur l’allongement de la scolarité à 16 ans, dite « réforme Berthoin », s’avéra d’emblée compliquée à mettre en œuvre. C’est pourquoi le texte stipulait qu’elle ne concernerait que les enfants âgés de 6 ans à cette date (donc les enfants nés à partir du 1er janvier 1953) et que, par conséquent, elle n’entrerait donc pleinement en vigueur qu’en 1967. Que faire en attendant de ces bataillons d’enfants qui allaient entrer chaque année plus nombreux en 6e ? Ils ne pouvaient être accueillis en nombre dans les collèges existants, encore moins dans les zones rurales, ni non plus, d’ailleurs, dans les villes moyennes. Ainsi donc, le gouvernement, en 1962, créa des Groupes d’Observation Dispersés-G.O.D, souvent intégrés aux écoles primaires des quartiers ayant des locaux libres (comme aux Gautherets-Saint-Vallier et au Bois-du-Verne) ou bien logés dans des préfabriqués de fortune aménagés à la hâte (comme à l’école Jean Jaurès-Montceau, derrière le Syndicat de Mineurs). 

C.E.G les Gautherets 1971

Ces G.O.D accueillirent des classes de 6e et 5e qui constituèrent temporairement un cycle d’observation avant une orientation vers une des trois filières prévues dans la réforme : un enseignement général long, classique (avec latin) ou moderne, conduisant au lycée et formant au baccalauréat ; un enseignement général court s’achevant dans des classes de niveau seconde, dans les C.E.G, dont les enseignants seraient des instituteurs en principe détenteurs d’une licence ; un enseignement professionnel dans les Collèges d’Enseignement Technique-C.E.T. Les enseignants nommés en G.O.D furent recrutés, comme leurs collègues nommés à la création des C.E.G, après obtention d’un Certificat d’Aptitude Pédagogique pour les collèges (CAP-CEG créé par le décret n° 60-1127 du 21 octobre 1960). Voilà pour le principe.

Ouvrons une parenthèse concernant le C.E.G de l’Hôpital : la municipalité en avait envisagé la modernisation, conformément au programme officiel de construction des C.E.G édité en 1966. On verra plus loin que le projet se transformera en construction d’un nouveau C.E.S (Saint-Exupéry) :



Chaque circonscription fut destinataire de cette brochure n° 270 DA de 60 pages, détaillant précisément les normes de construction des C.E.G, avec descriptions salle par salle, plans, consignes et équipements depuis l’enseignement général jusqu’à l’enseignement pratique en passant par la cantine et les sanitaires (collection musée)

On se rendit rapidement compte que le nombre d’élèves qui quittaient un C.E.G pour un enseignement général long était infime, alors que l’impératif économique réclamait du personnel de plus en plus qualifié, dans les secteurs secondaire et tertiaire notamment. Dans la réalité, les élèves ayant le plus de difficultés n’entraient toujours pas en 6e et continuaient d’être dirigés vers des classes de fin d’études jusqu’à la fin de leur scolarité obligatoire ou jusqu’à leur entrée en apprentissage (cette période de plein emploi ne posant pas de problème à leur intégration dans le monde du travail). Il était urgent de trouver une solution au problème, et c’est ainsi que le décret Capelle du 3 août 1963 créa les Collèges d’Enseignement Secondaires-C.E.S. Le programme officiel de construction des C.E.S fut lui aussi édité en 1966 :


Chaque circonscription fut destinataire de cette brochure n° 271 DA de 60 pages elle aussi, détaillant précisément les normes de construction des C.E.S, avec descriptions salle par salle, plans, consignes et équipements depuis l’enseignement général jusqu’à l’enseignement pratique en passant par la cantine et les sanitaires (collection musée)

Dans ces nouveaux établissements, dont le collège Jean Moulin à Montceau sera le premier exemple en Bassin minier, la période d’observation-orientation passait de deux à quatre ans, avec : un cycle d’observation 6e-5e et un cycle d’orientation 4e-3e. Plus tard, en 1971, le C.E.S Jean Moulin fut aussi doté d’une Section d’Enseignement Spécialisé-S.E.S, régit par le même type de brochure : 



Chaque circonscription fut destinataire de cette brochure n° 274 CS de 37 pages elle aussi, détaillant précisément les normes de construction des C.E.S (collection musée)

Au départ, les C.E.S s’organisaient donc en deux sections traditionnelles secondaires « classique » et « moderne » (de la 6e à la 3e) et deux sections traditionnellement primaires « moderne court » pour les élèves en difficultés scolaires (6e-5e dites « classes de transition » et 4e-3e dites « classes pratiques »). C’est ainsi que les G.O.D urbains devaient  progressivement disparaître, de même que les classes de fin d’études qui furent officiellement supprimées en 1967, au profit des classes de transition. 

Classe de fin d’études, la Lande, 1959

La conclusion de cette période de profonds changements appartiendra à René Haby, ministre de l’Éducation nationale. La loi votée le 11 juillet 1975 et qui porte son nom, mettra en place, à partir de la rentrée 1977, le  « collège unique » en fusionnant les C.E.S et les C.E.G. Tous les élèves rentreront en 6e dans des classes indifférenciées. Plus de filières. Seul le palier d’orientation de la fin de 5e permettant de préparer un CAP2 en trois ans (qui concerne encore 13.5 % des élèves à la rentrée 1980) est maintenu. Le « collège pour tous » du premier cycle du secondaire est donc dans le prolongement de « l’école pour tous » du primaire. Par obligation, les C.E.T vont quitter le premier cycle pour devenir des Lycées d’Enseignement Professionnel-L.E.P rattachés au second cycle du secondaire. 

La « massification » du premier cycle à travers le « collège unique » posera rapidement le problème de l’orientation des élèves en fin de 3e et imposera de fait, la « massification » du second cycle. C’est en 1985 que naîtra l’objectif de mener 80 % d’une classe d’âge au niveau du baccalauréat à l’horizon 2000, dans un contexte économique et budgétaire désormais contraint… mais ceci est une autre étude dont nous pouvons entrouvrir la porte avec cet extrait du journal L’éducation, n° 304 du 20 janvier 1977 reproduit en annexe (2) .

La situation (compliquée…) à Montceau à la fin des années 60

Le dessous des cartes… scolaires

À partir de 1961, comme partout en France, le Bassin minier avait vu naître des G.O.D dans de nombreux quartiers, parmi lesquels Montceau-Sablière, Montceau-Bois du Verne, Montceau-le Magny, Montceau-Centre, Saint-Vallier-les Gautherets. Ce dernier, bizarrement, avait pris le nom de C.E.G. Rapidement, le constat fut le même qu’ailleurs, la création des G.O.D ne correspondait pas aux résultats escomptés qu’avait fixé l’allongement de la scolarité.  La création de structures nouvelles fut décidée pour résoudre le problème  et, en 1963, on lança la construction de C.E.S dans toute la France parmi lesquels le C.E.S de la rue Jean Bouveri (bientôt nommé Jean Moulin) à Montceau (3). Jetons un œil sur les arcanes peu connues du grand public, ces instances qui ont, de tout temps, décidé du sort des élèves en présidant à l’élaboration de la carte scolaire. En matière d’entrée en 6e, la situation à la fin de l’année scolaire 1968-169 était la suivante : 









On remarquera que le G.O.D de l’école du Centre (Jean Jaurès) n’apparaît pas dans cette organisation. Rien d’étonnant, la logique administrative aurait voulu que les élèves qui le composaient à cette date (et dont je faisais partie), soient tous entrés au C.E.S Jean Moulin dès la rentrée 1967-1968. Ce ne fut pas le cas, une anomalie relevée par l’Inspecteur Général Perrier dans son rapport du 15 janvier 1969, le collège prévu pour 300 élèves en vit arriver 500… le G.O.D perdura : 

L’Inspecteur souleva aussi le problème démographique qu’allait  entrainer la construction de nouvelles cités à Montceau. Il cite les 300 logements (296 en réalité) à venir. Les attributions sont prévues pour septembre 1969 dans les trois cités : Plessis, Salengro, Chaubuisson. Il confirme qu’à  une première réunion, antérieure à janvier 1969, il avait été envisagé la construction « temporaire » de préfabriqués sur un terrain jouxtant le C.E.S, ce qui devait régler le problème du G.O.D de l’école primaire proche. Ce plan supposait six préalables : 


Le C.E.G dont  il est question dans l’alinéa 3 de la page 2 est celui des Gautherets, implanté à l’école de garçons autrefois sur la commune de Sanvignes, rue Max dormoy, appelée plus tard école Brésillon, maintenant désaffectée. La situation est plus complexe qu’il n’y paraît et l’avenir comporte de nombreuses interrogations. La conclusion du rapport, page 4, ajoute à la confusion, en avançant des hypothèses qui ne seront pas réalisées…


On note qu’il n’est pas fait allusion dans ce rapport, à la construction du C.E.S de Saint-Vallier qui va cependant concerner la commune de Montceau, puisqu’un G.O.D à l’école de la Bruyère n’étant plus envisagé, le secteur de cette école rentrera néanmoins dans le périmètre de ce C.E.S (collège Copernic).

Résumons

Année 1969 : D’après les prévisions données par les maîtres au 15 février 1969, l’effectif total des élèves prévu à l’entrée en 6e, aurait été de 570, redoublants compris, soit : 445 pour Montceau et 125 pour Saint-Vallier. Rappelons qu’en 1968, il était de 573 élèves dont 478 pour Montceau et 95 pour Saint-Vallier. Les prévisions d’effectif se traduisirent donc par 13 classes pour Montceau (445 : 35 = 13) et 4 classes pour Saint-Vallier (125 : 35 = 4). C’est à Montceau que les effectifs avaient baissé, mais le taux de scolarisation en 6e, lui, était resté stable à 73 % des effectifs de CM2. On constate que les classes de fin d’études restaient très actives.

Quelques éléments incertains cependant : D’une part, les bouleversements qu’engendreront les nouvelles constructions dont les logements seront attribués en septembre 1969. D’autre part, aux dernières nouvelles, le retour prévu à Montceau, des élèves des Bois-Francs (Saint-Vallier) et de Pouilloux qui, faute de place à la rentrée 1968 dans les établissements de Montceau, avaient été redirigés sur le G.E.G de saint-Vallier, non sans engendrer de grosses difficultés (transport, cantine…).  Ce retour se traduirait pour le C.E.G de Saint-Vallier par la perte de 15 élèves de 5e et de 20 de 6e. On passerait donc en définitive à 14 classes de 6e à Montceau et 3 classes à Saint-Vallier.

Implantation de ces 17 classes de 6e prévues à la rentrée 1969 :

Les constats et les chiffres qui suivent sont tirés de plusieurs rapports manuscrits dressés par Joseph Charnay, Inspecteur de la circonscription de Montceau, élaborés à la suite de maintes réunions.

Pour Saint-Vallier : On va donc tabler définitivement sur 3 classes.

6e CEG les Gautherets 1971 (préfabriqués sur la place devant l'école de filles, aujourd'hui démolis)

Les « aigles » du C.E.G des Gautherets, 1972

Pour Montceau, la situation est plus complexe car il faut tenir compte des effectifs qui viennent de Blanzy. La commission décide donc, pour faire simple, de scinder la ville en deux secteurs géographiques : la rive Ouest du canal, et la rive Est ! Voici ce que l’on peut appeler des comptes d’apothicaires :

Pour Montceau-rive Ouest  : Ce secteur dispose de 3 G.O.D : la Sablière, le Magny, le Bois-du-Verne, pour accueillir, selon les prévisions, 214 élèves. Le G.O.D du Magny reçoit en 6e les élèves des deux écoles primaires de ce quartier, soit, prévus en 1969, 43 enfants et 2 redoublants, donc 45 élèves pour une classe de 35…Cela ne pose aucun problème à l’époque, les 10 élèves  en surnombre seront dirigés manu militari vers le G.O.D le plus proche, c’est-à-dire celui du Bois-du-Verne.

Le G.O.D du Bois-du-Verne reçoit quant à lui en 6e, les élèves des deux écoles primaires du quartier, soit prévus en 1969, 71 enfants, 10 redoublants et, bien sûr les 10 « déplacés » du Magny, donc 91 élèves pour 2 classes de 6e de 35… Pas plus de problème que précédemment en ce qui concerne les 21 élèves en surnombre, ils seront dirigés vers le G.O.D le plus proche, c’est-à-dire celui de la Sablière.

Le G.O.D de la Sablière reçoit en 6e les élèves des écoles du quartier mais aussi ceux de Blanzy. Pour la rentrée 1969 sont prévus : 29 enfants du quartier + 15 redoublants + 44 élèves de Blanzy + les 21 « déplacés » du Bois-du-Verne, donc 109 élèves pour 3 classes de 35, ne lésinons pas sur les 4 surnuméraires… Montceau-rive Ouest totalisera donc 6 classes de 6e (statu quo par rapport à 1968). Tout le monde suit ? Passons donc à la suite…

6e GOD Sablière 1966

5e GOD la Sablière annexe du collège St-Exupéry 1972

63-64 GOD la Sablière 6e


Classe de 5e du G.O.D de Montceau-Bois-du-Verne, 1964-1965

Pour Montceau-rive Est : Ce secteur dispose du lycée, du C.E.S de la rue Jean Bouveri (Jean Moulin) et du C.E.G mixte de l’Hôpital, pour scolariser 231 élèves en 6e, auxquels il faudra rajouter les 20 élèves de Pouilloux et des Bois-Francs de retour à Montceau, soit 8 classes de 6e. La répartition sera la suivante : 4 classes au C.E.G mixte de l’Hôpital, 2 classes au C.E.S de la rue Jean Bouveri et 2 classes au lycée. Les trois établissements étant proches, la ventilation des élèves se fera sans difficulté.

Quid des autres sections du premier cycle ?: La répartition sera la suivante :

G.O.D du Magny : une 5e

C.E.G de Saint-Vallier : trois 5e moderne 2

G.O.D du Bois-du Verne : deux 5e

G.O.D de la Sablière : trois 5e

Lycée : une 5e classique, une 5e moderne ; quatre 4e + deux 4e d’accueil ; trois 3e + deux 3e d’accueil

C.E.S rue Jean Bouveri : une 5e classique, deux 5e moderne 1, une 5e moderne 2 ; trois 4; quatre 3e

C.E.G mixte de l’Hôpital : trois 5e moderne 2 ; quatre 4; trois 3e.

Remarques sur l’ex-G.O.D de l’école Jean Jaurès : Le lycée conservant encore des 6e, l’Inspecteur pense qu’il n’y aura nécessité de recourir aux préfabriqués que pour le C.E.S de la rue Jean Bouveri qui ne pourra plus compter sur les locaux qu’il occupait à l’école du centre (Jean Jaurès) ni sur les deux préfabriqués hors d’usage de la rue d’Autun, où étaient établies cette année encore les deux quatrièmes pratiques. Il poursuit en confirmant l’évacuation de 2 classes primaires du C.E.G de la rue de l’Hôpital vers l’école de filles de la rue Carnot.

D’autres éléments incertains se profilent à nouveau : Où en est l’implantation prochaine d’une usine Michelin ? Peu d’incidences peut-être avec le transfert des emplois en déclin à la Mine vers la nouvelle activité, donc peu d’arrivées d’élèves nouveaux ? L’attribution des nouveaux logements en septembre 1969 fera-t-elle, en majorité, l’objet de transferts plus que de nouvelles arrivées ?

Êtes-vous toujours là ? Poursuivons…   

De vastes chantiers inscrits au Plan pour 1970

Trois grands projets de restructuration sont inscrits au 5e Plan pour l’année 1970. Deux verront le jour : l’agrandissement du C.E.S Jean Bouveri (Jean Moulin) et la construction d’un nouveau C.E.S à côté du C.E.G de l’Hôpital et un troisième, plus aléatoire, la construction d’un C.E.S à Montceau-Bois-du-Verne. 

Collège Jean Moulin

L’objectif de l’agrandissement du C.E.S Jean Moulin est double. Il s’agit de porter sa capacité à 900 élèves et, à terme, d’y transférer les 15 classes des G.O.D périphériques, marquant ainsi leur extinction. La municipalité rejettera la possibilité de construire des préfabriqués provisoires, arguant du fait que les terrains jouxtant le collège (notamment ceux de l’ancienne gendarmerie) sont disponibles.

 En ce qui concerne le futur C.E.S de l’Hôpital, la municipalité venant de moderniser le bâtiment de l’ancien C.E.G, elle propose de simplement y adjoindre de nouvelles constructions, l’espace constructible étant relativement vaste, après le rachat et la destruction des fermes du « vieux Montceau ». En réalité, les travaux de construction du nouveau C.E.S vont débuter en 1969 et, les travaux à peine terminés, il va accueillir ses premiers élèves à la rentrée 1970. Le collège Saint-Exupéry est né.

Dernier point, la construction d’un C.E.S au Bois-du-Verne. Le projet s’avère difficile à envisager face à une difficulté : l’absence de terrain d’implantation d’une part, mais aussi face à un constat : c’est un vieux quartier de mineurs qui, comme beaucoup d’autres sur la commune, se dépeuple peu à peu. L’Inspecteur détaille tous ces points dans son rapport : 



L’extension de la cité du Plessis est aussi évoquée mais ne concernera que les écoles primaires et maternelles. On trouve dans le rapport, la prospective concernant les modifications de la future carte scolaire, avec une nouvelle école élémentaire rue Jean Longuet (dont le directeur sera M. Dinet), 10 classes élémentaires « rue Jean Bouveri » ?? Il s’agit vraisemblablement de la future extension de l’école du Centre (Jean Jaurès) qui accueillera aussi les filles de l’école de la rue Carnot, appelée à être détruite en 1974 :

Dans les archives du musée, ce rapport est accompagné d’un commentaire manuscrit de l’Inspecteur Charnay dont voici le texte : « Rentrée 1970 : l’examen de la statistique fait apparaître, indépendamment  de tout apport de population (constructions, Michelin…), une baisse des effectifs en 6e normale (490 au lieu de 570 en 1969). La baisse devrait s’accentuer en 1971 (440), mais 1972 verrait une remontée (504), confirmée en 1973 (596). Mais il faudra voir ce que donneront les logements neufs à l’arrivée de Michelin. Si nous disposons d’un C.E.S de 900 places rue de l’Hôpital à la rentrée 1970, en admettant que le nombre de 6e normales pour Montceau ne varie pas (14), nous aurons à l’Hôpital, 4 x 4 = 16 classes normales des 4 niveaux au lieu de 14 en 1969, c’est-à-dire qu’à ce moment-là seulement pourront disparaître les classes de 6e du lycée »

Merci d’avoir suivi jusqu’ici. Concluons donc…

1971-1972 : peu d’évolution encore…

Voici, livré in extenso, le document de travail étudié lors de la réunion du 9 octobre 1970. Ce dernier est commenté par M. Charnay, Inspecteur de la circonscription de Montceau, recto-verso. Suit le document finalisé : 


Premier document de travail transmis à l’Inspecteur d’académie le 13 octobre 1970


Document de travail finalisé transmis à l’Inspecteur d’académie début novembre 1970

Les G.O.D sont toujours présents, sauf celui du Magny intégré au collège Jean Moulin. J’ai d’ailleurs le souvenir de copains qui descendaient alors du Magny vers le collège, en vélo, noircis les jours de brouillard, par les retombées de poussières de la Centrale…

L’extinction du premier cycle au lycée est engagée, mais il subsistera encore trois classes de 3e pour l’année 1971-1972.

Patrick PLUCHOT

Sources :

-       Archives du musée de la Maison d’École, fonds Charnay.

-       L’entrée en 6e au milieu des années 50, https://fracturesscolaires.org/lentree-en-sixieme-au-mileu-des-annees-cinquante/#:~:text=Environ%202%20350%20000%20%C3%A9l%C3%A8ves,d'apprentissage%20public%20%C3%A9tant%20nombreuses

-       Du changement dans l’école. Les réformes de l’éducation de 1936 à nos jours, Antoine Prost, Paris, Le Seuil, 2013.

-       Repères et références statistiques, MEN-DEPP, 1984, Paris.

-       Repères et références statistiques, MEN-DEPP, 1985, Paris.

-       L'école réduit-elle les inégalités sociales ?, MJENR-DEP, 2003, Éducation & formations, n° 66, « Dix-huit questions sur le système éducatif. Synthèse des travaux de la DEP ».

-       Bulletins de l’Amicale, AVNP71, n° 4 de 1980/81, n° 5 de 1981/82, n° 15 de 1991/92.

(1) : Textes d’application de l’organisation de l’examen d’entrée en 6e :

« Les familles sont tenues de constituer avant le 1er mai un dossier dans les formes ainsi définies :
– une demande écrite indiquant par ordre de préférence les établissements où elles souhaitent voir admettre leurs enfants ;

– une fiche d’état civil. Les chefs d’établissement délivrent :

– une attestation indiquant que l’élève a subi le contrôle médical normal ;

– le relevé des résultats de la dernière année scolaire et si possible des années précédentes (relevé de notes par matière, classement général, indication des aptitudes particulières, fiche d’orientation scolaire éventuellement).

Pour sa part, le maître de chaque classe du Cours Moyen établit trois listes des élèves répartis en quatre groupes (très bons, bons, moyens, médiocres) et classés dans chaque épreuve par ordre de mérite justifié par une note chiffrée.

1° Une liste établie d’après les résultats globaux des études ;

2° Une liste établie d’après les résultats en français ;

3° Une liste établie d’après les résultats en calcul.

L’ensemble des documents constitués forme le dossier sur le vu duquel la commission départementale d’admission s’appuie pour arrêter la liste des élèves de valeur égale ou supérieure à la moyenne. Ceux-ci sont admis sans examen dans les classes de sixième et ont dès lors vocation à une bourse nationale dont seule la situation de leur famille peut les priver. Les autres doivent faire la preuve qu’ils possèdent les connaissances nécessaires en subissant les épreuves d’un examen dont l’économie est prévue par les articles 5, 6, 7 de l’arrêté du 23 novembre 1956.
L’examen ne comporte qu’une session par an ; toutefois, une session spéciale est prévue avant la rentrée pour ceux qu’une raison de force majeure aurait empêché de se présenter en juin. L’inspecteur d’académie organise les centres d’examen qui lui paraissent nécessaires ; il choisit les sujets des épreuves d’après le programme du cours moyen ; celles-ci ont lieu à huis clos sous la surveillance de membres de l’enseignement désignés par lui.

L’examen se compose des trois épreuves notées de 0 à 10 et affectées de coefficients :

1. Dictée courte de quatre-vingts mots maximum (coefficient 2).

2. Etude d’un texte narratif ou descriptif court dans les conditions suivantes :

a) le texte après lecture expressive est remis entre les mains des élèves ;

b) les élèves sont invités à répondre à quatre questions (coefficient 9 réparti de la façon suivante :

– la première relative au vocabulaire : coefficient 1 ;

– la seconde relative aux conjugaisons, temps verbaux complets ou formes verbales à trouver ou à analyser : coefficient 1 ;

– la troisième relative à la nature et la fonction d’au moins quatre mots ou groupes de mots :

coefficient 2 ;

– la quatrième question conçue de manière que la réponse exige un court développement : coefficient 3.
Une note de présentation et d’écriture (coefficient 1) et une note portant sur la correction de la langue, y compris l’orthographe et la ponctuation (coefficient 1) sont attribuées d’après les réponses rédigées par les candidats.

3. Epreuve d’arithmétique comportant deux parties (coefficient 6) :

a) Trois ou quatre opérations portant sur des nombres entiers ou décimaux ; durée 20 minutes, coefficient 2 ;

b) Un problème comportant trois ou quatre questions de difficulté croissante ; durée 40 minutes, coefficient 4.

Les trois épreuves sont groupées dans la même demi-journée.

Les copies sont centralisées par l’Inspecteur d’Académie qui les soumet à un ou plusieurs jurys siégeant dans la même ville, dont il nomme les membres et dont il assure la coordination et la présidence. Chacun d’eux comprend :

– un chef d’établissement du Second Degré ou du Technique ou un Inspecteur primaire, vice-président ;

– deux professeurs du Second Degré, deux professeurs de l’Enseignement technique, deux professeurs de Cours Complémentaire ;

– deux maîtres de Cours Moyen.

Dans la correction, toutes les compositions d’un même candidat sont examinées par un même jury, chaque copie donnant lieu à deux corrections indépendantes.

Sont déclarés reçus, après consultation de leur dossier si besoin est, tous les candidats ayant obtenu 85 points au moins.

La Commission départementale se réunit à nouveau pour procéder à une première affectation dans les lycées, collèges et cours complémentaires existant compte tenu des désirs des familles exprimés dans les dossiers d’inscription. Le travail doit être terminé avant le 1er août. Un certain nombre de places sont réservées pour les élèves devant subir l’examen à la session exceptionnelle et pour ceux admis dans un autre établissement et dont les parents justifieraient d’un changement récent de résidence.

La liste des élèves affectés à un établissement est communiquée à la Commission d’établissement, qui choisit, dans la limite des deux tiers des places disponibles, les élèves qui fréquenteront l’établissement au cours de la prochaine année scolaire. La Commission disposera donc du tiers des places disponibles pour caser les élèves non encore affectés, que ceux-ci aient été admis après ou sans examen. »

Textes d’application de l’organisation du passage en 6e sur dossier précisés et applicables à partir de 1960 :

« A) Les dossiers :

Tous les élèves du Cours moyen deuxième année des écoles publiques seront examinés sur dossier.
Les dossiers, présentés par classe, comporteront, pour tous les élèves du Cours moyen 2e année :

a) La date de naissance;

b) Le classement de l’élève dans sa classe (classement général, classement pour la dictée suivie de questions, classement pour le calcul);

c) Quatre copies d’épreuves de compositions faites en classe, corrigées, notées et classées – soit deux copies de calcul (l’une de décembre, l’autre de mars) et deux copies de dictée suivies de questions (l’une de décembre, l’autre de mars).

Les dossiers seront accompagnés de la liste nominative des élèves de la classe, établie selon les prescriptions de l’article 4 de l’arrêté ministériel du 23 novembre 1956.

Les familles qui formulent, dès le dépôt du dossier, une candidature pour l’entrée de leur enfant en sixième devront fournir en outre les pièces énumérées à l’article 3 de l’arrêté du 23 novembre 1956.

B) Les Commissions :

A l’intérieur de la commission départementale prévue par l’arrêté ministériel du 23 novembre 1956, une sous-commission sera organisée dans le cadre de chaque circonscription d’inspection primaire. Elle sera chargée d’examiner les dossiers des classes de cours moyen 2e année de la circonscription dont l’inspecteur se trouve particulièrement qualifié pour apprécier les conditions de fonctionnement et le niveau relatif.

Elles réuniront, dans chaque circonscription d’inspection, autour de l’inspecteur primaire et d’un chef d’établissement du second degré ou de son représentant, des professeurs de sixième (lycées, collèges modernes ou techniques, cours complémentaires), des instituteurs de cours moyen 2e année (en nombre égal si possible) et un représentant des parents d’élèves.

Préalablement aux travaux des commissions, l’Inspecteur d’académie convoquera les Inspecteurs de l’Enseignement du premier degré et les chefs d’établissements du second degré appelés à diriger les sous-commissions, afin de leur donner les instructions nécessaires, d’examiner en commun quelques cas concrets et d’unifier ainsi le mieux possible l’esprit et les modalités du travail.

Les sous-commissions – il convient de le rappeler – auront à juger, classe par classe, sur les résultats des deux premiers trimestres scolaires, tous les élèves du cours moyen deuxième année. Leur tâche consistera à la fois à discerner soigneusement les enfants inaptes ou insuffisamment préparés à suivre avec profit une classe de sixième, et à appeler par contre aux enseignements prolongés des enfants bien doués qui pourraient en être écartés par la situation ou le défaut d’information de leur famille.
Les propositions de la commission seront portées à la connaissance des familles et accompagnées le cas échéant, de conseils pour l’orientation des enfants. Ces conseils seront particulièrement insistants auprès des parents des bons élèves du Cours moyen 2e année, non candidats pour une classe de sixième. »
https://www.r-lecole.fr/doc-hist/A561123.html

(2) : Journal L’éducation, n° 304 du 20 janvier 1977 (collection musée) :







Un mot au passage sur l’inspection des maîtresses et des maîtres. Jusqu’en 1989, il y eut une distinction nette chez les IDEN (Inspecteurs Départementaux de l’Éducation Nationale) entre les postes d’inspectrices des écoles maternelles réservés aux femmes et les postes d’inspectrices et d’inspecteurs de l’enseignement primaire accessibles aux deux sexes. L’inspection des écoles maternelles était séparée de l’inspection des écoles élémentaires. A Montceau, les deux inspections se faisaient face dans les mêmes locaux, séparées par un couloir… en 1988, encore, M. Charles inspectait les écoles primaires et Mme Saudin les écoles maternelles, juste avant que cette séparation ne disparaisse au profit d’un corps unique. 

(3) : Pour mon cas personnel, venant de l’école de Bellevue, j’ai intégré la 6e du G.O.D de la rue d’Autun,  à l’année scolaire 1966-1967. Les préfabriqués qui nous accueillaient étaient situés derrière le Syndicat des mineurs. Une partie des cours y avaient lieu avec pour professeurs, d’anciens instituteurs : M. Raoul Céceille (promotion EN de Mâcon 1932-1935), M. André Chaffotte (promotion 1942-1945) et une autre partie des cours se déroulait en face, dans le vieux bâtiment de l’école Jean Jaurès (actuel musée) avec Mme Tonneau, M. Fernand Debrois (promotion 1931-1934)… Les récréations avaient lieu en commun avec les élèves de primaire, sous la direction de M. Chevalier. À la rentrée 1967-1968, je suis rentré en 5e au C.E.S Jean Moulin à peine terminé, avec une cour toujours en terre battue et en l’absence d’une administration sur place car j’ai le souvenir de M. Pichon qui venait du lycée de temps à autre, pour régler les problèmes d’organisation et donner des consignes de travail lors de grands discours que nous écoutions, rassemblés sous le préau. C’est aussi  lors de cette rentrée en 5e que nous fîmes connaissance avec la mixité, pour la première fois, nous étions mélangés aux filles dans les classes ! En tout bien tout honneur, les filles d’un côté, les garçons de l’autre…

Nota : MM. Debrois, Céceille et Chaffotte étaient tous trois d’anciens maîtres de l’école du Centre (Jean Jaurès) qui accueillit le G.O.D.

Classe de 6e, Jean Moulin

 

Ma classe de 4e, Jean moulin, 1968-1969


 



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire