Qui
se souvient encore des G.O.D ?
Groupes
d’Observation Dispersés
La « massification » scolaire naît avec la Ve République
Jean Zay, par la loi du 9 août 1936, avait
fixé l’obligation scolaire à 14 ans. C’est l’ordonnance n° 59-45 du 6 janvier
1959 qui va la prolonger à nouveau et jusqu’à 16 ans cette fois. Avant cette
réforme, à l’issue du CM2, quelques garçons partaient dans les écoles primaires
supérieures (que Jérôme Carcopino transformera en collèges modernes en 1941),
quelques filles partaient dans les cours complémentaires (qui deviendront
Collèges d’Enseignement Général-C.E.G en 1959), d’autres, encore plus rares,
intégraient les 6e des lycées, mais une grande partie finissait leur
scolarité dans les classes de fin d’études de l’école primaire, préparant au
« certif ». Pour scolariser jusqu’à 16 ans, dans le Bassin minier,
comme ailleurs, il fallut inventer une structure qui n’existait pas jusqu’alors :
les Groupes d’Observation Dispersés.
Cause nationale, tous au collège !
Quelle était la situation à l’année scolaire 1957-1958, à la veille de l’allongement de la scolarité ? Le premier cycle du second degré des lycées (de la 6e à la 3e) scolarisait 417 500 élèves, les écoles primaires supérieures et les cours complémentaires réunis, tout autant. Dans le même temps, les classes de fin d’études, qui accompagnaient les élèves jusqu’à 14 ans, en comptaient 730 000. Avec ce système, seulement 10 % des jeunes d’une même classe d’âge accédaient au baccalauréat.
Photographie
de classe de la première 6e classique ayant intégré le lycée Henri
Parriat à la rentrée 1956 (toujours appelé « collège mixte »), professeur
de lettres classiques : M. Barnay. Il manque un élève absent ce jour-là,
donc le nombre buttoir de 35, repris plus tard pour les G.O.D était donc
atteint. (collection privée)
Les
retrouvailles de cette 6e en 2015. Parmi eux, notre actuel vice-Président
du musée : Michel Billard (JSL71)
6e
moderne, lycée Henri Parriat, 1959
La
dynamique démographique, économique, sociale et même culturelle des Trente
Glorieuses, va changer la donne et l’avènement de la 5e République
va transformer profondément la physionomie du système scolaire. Déjà le 23
novembre 1956, un arrêté avait supprimé l’examen d’entrée en 6e des
lycées, instaurant une procédure d’admission sur dossier (1), ce nouveau type de sélection
n’augmenta pas le flux, puisque le taux de scolarisation d’une classe d’âge en
6e n’atteignit pas encore 50 % à la fin des années 50.
6e
classique, lycée Henri Parriat, 1959-1960, M. Pichon, surveillant général et
Mme Maréchal, professeur de sciences
L’application
de l’ordonnance de janvier 1959 sur l’allongement de la scolarité à 16 ans,
dite « réforme Berthoin », s’avéra d’emblée compliquée à mettre en
œuvre. C’est pourquoi le texte stipulait qu’elle ne concernerait que les
enfants âgés de 6 ans à cette date (donc les enfants nés à partir du 1er
janvier 1953) et que, par conséquent, elle n’entrerait donc pleinement en
vigueur qu’en 1967. Que faire en attendant de ces bataillons d’enfants qui allaient
entrer chaque année plus nombreux en 6e ? Ils ne pouvaient être
accueillis en nombre dans les collèges existants, encore moins dans les zones
rurales, ni non plus, d’ailleurs, dans les villes moyennes. Ainsi donc, le
gouvernement, en 1962, créa des Groupes d’Observation Dispersés-G.O.D, souvent
intégrés aux écoles primaires des quartiers ayant des locaux libres (comme aux
Gautherets-Saint-Vallier et au Bois-du-Verne) ou bien logés dans des
préfabriqués de fortune aménagés à la hâte (comme à l’école Jean
Jaurès-Montceau, derrière le Syndicat de Mineurs).
C.E.G les
Gautherets 1971
Ces G.O.D
accueillirent des classes de 6e et 5e qui constituèrent
temporairement un cycle d’observation avant une orientation vers une des trois
filières prévues dans la réforme : un
enseignement général long, classique (avec latin) ou moderne, conduisant au
lycée et formant au baccalauréat ; un
enseignement général court s’achevant dans des classes de niveau seconde,
dans les C.E.G, dont les enseignants seraient des instituteurs en principe
détenteurs d’une licence ; un
enseignement professionnel dans les Collèges d’Enseignement Technique-C.E.T.
Les enseignants nommés en G.O.D furent recrutés, comme leurs collègues nommés à
la création des C.E.G, après obtention d’un Certificat d’Aptitude Pédagogique
pour les collèges (CAP-CEG créé par le décret n° 60-1127 du 21 octobre 1960). Voilà
pour le principe.
Ouvrons une
parenthèse concernant le C.E.G de l’Hôpital : la municipalité en avait envisagé
la modernisation, conformément au programme officiel de construction des C.E.G
édité en 1966. On verra plus loin que le projet se transformera en construction
d’un nouveau C.E.S (Saint-Exupéry) :
Chaque
circonscription fut destinataire de cette brochure n° 270 DA de 60 pages,
détaillant précisément les normes de construction des C.E.G, avec descriptions
salle par salle, plans, consignes et équipements depuis l’enseignement général
jusqu’à l’enseignement pratique en passant par la cantine et les sanitaires
(collection musée)
On se rendit
rapidement compte que le nombre d’élèves qui quittaient un C.E.G pour un
enseignement général long était infime, alors que l’impératif économique réclamait
du personnel de plus en plus qualifié, dans les secteurs secondaire et tertiaire
notamment. Dans la réalité, les élèves ayant le plus de difficultés n’entraient
toujours pas en 6e et continuaient d’être dirigés vers des classes
de fin d’études jusqu’à la fin de leur scolarité obligatoire ou jusqu’à leur
entrée en apprentissage (cette période de plein emploi ne posant pas de
problème à leur intégration dans le monde du travail). Il était urgent de
trouver une solution au problème, et c’est ainsi que le décret Capelle du 3
août 1963 créa les Collèges d’Enseignement Secondaires-C.E.S. Le programme
officiel de construction des C.E.S fut lui aussi édité en 1966 :
Chaque
circonscription fut destinataire de cette brochure n° 271 DA de 60 pages elle
aussi, détaillant précisément les normes de construction des C.E.S, avec
descriptions salle par salle, plans, consignes et équipements depuis
l’enseignement général jusqu’à l’enseignement pratique en passant par la cantine
et les sanitaires (collection musée)
Dans ces
nouveaux établissements, dont le collège Jean Moulin à Montceau sera le premier
exemple en Bassin minier, la période d’observation-orientation passait de deux
à quatre ans, avec : un cycle d’observation 6e-5e et
un cycle d’orientation 4e-3e. Plus tard, en 1971, le
C.E.S Jean Moulin fut aussi doté d’une Section d’Enseignement Spécialisé-S.E.S,
régit par le même type de brochure :
Chaque
circonscription fut destinataire de cette brochure n° 274 CS de 37 pages elle
aussi, détaillant précisément les normes de construction des C.E.S (collection
musée)
Au départ,
les C.E.S s’organisaient donc en deux sections traditionnelles secondaires
« classique » et « moderne » (de la 6e à la 3e)
et deux sections traditionnellement primaires « moderne court » pour
les élèves en difficultés scolaires (6e-5e dites
« classes de transition » et 4e-3e dites
« classes pratiques »). C’est ainsi que les G.O.D urbains devaient progressivement disparaître, de même que les
classes de fin d’études qui furent officiellement supprimées en 1967, au profit
des classes de transition.
Classe de
fin d’études, la Lande, 1959
La
conclusion de cette période de profonds changements appartiendra à René Haby,
ministre de l’Éducation nationale. La loi votée le 11 juillet 1975 et qui porte
son nom, mettra en place, à partir de la rentrée 1977, le « collège unique » en fusionnant
les C.E.S et les C.E.G. Tous les élèves rentreront en 6e dans des
classes indifférenciées. Plus de filières. Seul le palier d’orientation de la
fin de 5e permettant de préparer un CAP2 en trois ans (qui concerne
encore 13.5 % des élèves à la rentrée 1980) est maintenu. Le « collège
pour tous » du premier cycle du secondaire est donc dans le prolongement
de « l’école pour tous » du primaire. Par obligation, les C.E.T vont
quitter le premier cycle pour devenir des Lycées d’Enseignement
Professionnel-L.E.P rattachés au second cycle du secondaire.
La
« massification » du premier cycle à travers le « collège unique » posera
rapidement le problème de l’orientation des élèves en fin de 3e et imposera
de fait, la « massification » du second cycle. C’est en 1985 que
naîtra l’objectif de mener 80 % d’une classe d’âge au niveau du baccalauréat à
l’horizon 2000, dans un contexte économique et budgétaire désormais contraint… mais
ceci est une autre étude dont nous pouvons entrouvrir la porte avec cet extrait
du journal L’éducation, n° 304 du 20
janvier 1977 reproduit en annexe (2) .
La
situation (compliquée…) à Montceau à la fin des années 60
Le
dessous des cartes… scolaires
À partir de 1961, comme
partout en France, le Bassin minier avait vu naître des G.O.D dans de nombreux
quartiers, parmi lesquels Montceau-Sablière, Montceau-Bois du Verne,
Montceau-le Magny, Montceau-Centre, Saint-Vallier-les Gautherets. Ce dernier,
bizarrement, avait pris le nom de C.E.G. Rapidement, le constat fut le même
qu’ailleurs, la création des G.O.D ne correspondait pas aux résultats escomptés
qu’avait fixé l’allongement de la scolarité. La création de structures nouvelles fut
décidée pour résoudre le problème et, en
1963, on lança la construction de C.E.S dans toute la France parmi lesquels le
C.E.S de la rue Jean Bouveri (bientôt nommé Jean Moulin) à Montceau (3).
Jetons un œil sur les arcanes peu connues du grand public, ces instances qui
ont, de tout temps, décidé du sort des élèves en présidant à l’élaboration
de la carte scolaire. En matière d’entrée en 6e, la situation à la
fin de l’année scolaire 1968-169 était la suivante :
On
remarquera que le G.O.D de l’école du Centre (Jean Jaurès) n’apparaît pas dans
cette organisation. Rien d’étonnant, la logique administrative aurait voulu que
les élèves qui le composaient à cette date (et dont je faisais partie), soient
tous entrés au C.E.S Jean Moulin dès la rentrée 1967-1968. Ce ne fut pas le cas,
une anomalie relevée par l’Inspecteur Général Perrier dans son rapport du 15
janvier 1969, le collège prévu pour 300 élèves en vit arriver 500… le G.O.D
perdura :
L’Inspecteur
souleva aussi le problème démographique qu’allait entrainer la construction de nouvelles cités
à Montceau. Il cite les 300 logements (296 en réalité) à venir. Les
attributions sont prévues pour septembre 1969 dans les trois cités :
Plessis, Salengro, Chaubuisson. Il confirme qu’à une première réunion, antérieure à janvier
1969, il avait été envisagé la construction « temporaire » de
préfabriqués sur un terrain jouxtant le C.E.S, ce qui devait régler le problème
du G.O.D de l’école primaire proche. Ce plan supposait six préalables :
Le C.E.G dont il est question dans l’alinéa 3 de la page 2 est celui des Gautherets, implanté à l’école de garçons autrefois sur la commune de Sanvignes, rue Max dormoy, appelée plus tard école Brésillon, maintenant désaffectée. La situation est plus complexe qu’il n’y paraît et l’avenir comporte de nombreuses interrogations. La conclusion du rapport, page 4, ajoute à la confusion, en avançant des hypothèses qui ne seront pas réalisées…
On note
qu’il n’est pas fait allusion dans ce rapport, à la construction du C.E.S de
Saint-Vallier qui va cependant concerner la commune de Montceau, puisqu’un
G.O.D à l’école de la Bruyère n’étant plus envisagé, le secteur de cette école
rentrera néanmoins dans le périmètre de ce C.E.S (collège Copernic).
Résumons
Année 1969 : D’après
les prévisions données par les maîtres au 15 février 1969, l’effectif total des
élèves prévu à l’entrée en 6e, aurait été de 570, redoublants
compris, soit : 445 pour Montceau et 125 pour Saint-Vallier. Rappelons
qu’en 1968, il était de 573 élèves dont 478 pour Montceau et 95 pour
Saint-Vallier. Les prévisions d’effectif se traduisirent donc par 13 classes
pour Montceau (445 : 35 = 13) et 4 classes pour Saint-Vallier (125 :
35 = 4). C’est à Montceau que les effectifs avaient baissé, mais le taux de
scolarisation en 6e, lui, était resté stable à 73 % des effectifs de
CM2. On constate que les classes de fin d’études restaient très actives.
Quelques éléments incertains cependant : D’une part, les bouleversements qu’engendreront les
nouvelles constructions dont les logements seront attribués en septembre 1969.
D’autre part, aux dernières nouvelles, le retour prévu à Montceau, des élèves
des Bois-Francs (Saint-Vallier) et de Pouilloux qui, faute de place à la
rentrée 1968 dans les établissements de Montceau, avaient été redirigés sur le
G.E.G de saint-Vallier, non sans engendrer de grosses difficultés (transport,
cantine…). Ce retour se traduirait pour
le C.E.G de Saint-Vallier par la perte de 15 élèves de 5e et de 20
de 6e. On passerait donc en définitive à 14 classes de 6e
à Montceau et 3 classes à Saint-Vallier.
Implantation de ces 17 classes de 6e prévues à la
rentrée 1969 :
Les
constats et les chiffres qui suivent sont tirés de plusieurs rapports
manuscrits dressés par Joseph Charnay, Inspecteur de la circonscription de
Montceau, élaborés à la suite de maintes réunions.
Pour Saint-Vallier : On va donc tabler
définitivement sur 3 classes.
6e CEG les Gautherets 1971 (préfabriqués sur la place devant l'école de filles, aujourd'hui démolis)
Les
« aigles » du C.E.G des Gautherets, 1972
Pour
Montceau, la situation est plus complexe car il faut tenir compte des effectifs
qui viennent de Blanzy. La commission décide donc, pour faire simple, de scinder
la ville en deux secteurs géographiques : la rive Ouest du canal, et la
rive Est ! Voici ce que l’on peut appeler des comptes
d’apothicaires :
Pour Montceau-rive Ouest : Ce secteur dispose de 3 G.O.D : la Sablière, le Magny,
le Bois-du-Verne, pour accueillir, selon les prévisions, 214 élèves. Le G.O.D
du Magny reçoit en 6e les élèves des deux écoles primaires de ce
quartier, soit, prévus en 1969, 43 enfants et 2 redoublants, donc 45 élèves
pour une classe de 35…Cela ne pose aucun problème à l’époque, les 10 élèves en surnombre seront dirigés manu militari vers
le G.O.D le plus proche, c’est-à-dire celui du Bois-du-Verne.
Le G.O.D du
Bois-du-Verne reçoit quant à lui en 6e, les élèves des deux écoles primaires du
quartier, soit prévus en 1969, 71 enfants, 10 redoublants et, bien sûr les 10
« déplacés » du Magny, donc 91 élèves pour 2 classes de 6e
de 35… Pas plus de problème que précédemment en ce qui concerne les 21 élèves en
surnombre, ils seront dirigés vers le G.O.D le plus proche, c’est-à-dire celui
de la Sablière.
Le G.O.D de
la Sablière reçoit en 6e les élèves des écoles du quartier mais
aussi ceux de Blanzy. Pour la rentrée 1969 sont prévus : 29 enfants du
quartier + 15 redoublants + 44 élèves de Blanzy + les 21 « déplacés »
du Bois-du-Verne, donc 109 élèves pour 3 classes de 35, ne lésinons pas sur les
4 surnuméraires… Montceau-rive Ouest totalisera donc 6 classes de 6e
(statu quo par rapport à 1968). Tout le monde suit ? Passons donc
à la suite…
6e
GOD Sablière 1966
5e
GOD la Sablière annexe du collège St-Exupéry 1972
63-64 GOD
la Sablière 6e
Classe de 5e
du G.O.D de Montceau-Bois-du-Verne, 1964-1965
Pour Montceau-rive Est : Ce secteur dispose du lycée, du C.E.S de la rue Jean Bouveri
(Jean Moulin) et du C.E.G mixte de l’Hôpital, pour scolariser 231 élèves en 6e,
auxquels il faudra rajouter les 20 élèves de Pouilloux et des Bois-Francs de
retour à Montceau, soit 8 classes de 6e. La répartition sera la
suivante : 4 classes au C.E.G mixte de l’Hôpital, 2 classes au C.E.S de la
rue Jean Bouveri et 2 classes au lycée. Les trois établissements étant proches,
la ventilation des élèves se fera sans difficulté.
Quid des autres sections du premier cycle ?: La répartition sera la suivante :
G.O.D du
Magny : une 5e
C.E.G de Saint-Vallier :
trois 5e moderne 2
G.O.D du
Bois-du Verne : deux 5e
G.O.D de la
Sablière : trois 5e
Lycée :
une 5e classique, une 5e moderne ; quatre 4e
+ deux 4e d’accueil ; trois 3e + deux 3e
d’accueil
C.E.S rue
Jean Bouveri : une 5e classique, deux 5e moderne 1,
une 5e moderne 2 ; trois 4e ; quatre 3e
C.E.G mixte
de l’Hôpital : trois 5e moderne 2 ; quatre 4e ;
trois 3e.
Remarques sur l’ex-G.O.D de l’école Jean Jaurès : Le lycée conservant encore des 6e, l’Inspecteur
pense qu’il n’y aura nécessité de recourir aux préfabriqués que pour le C.E.S
de la rue Jean Bouveri qui ne pourra plus compter sur les locaux qu’il occupait
à l’école du centre (Jean Jaurès) ni sur les deux préfabriqués hors d’usage de
la rue d’Autun, où étaient établies cette année encore les deux quatrièmes
pratiques. Il poursuit en confirmant l’évacuation de 2 classes primaires du
C.E.G de la rue de l’Hôpital vers l’école de filles de la rue Carnot.
D’autres éléments incertains se profilent à nouveau : Où en est l’implantation prochaine d’une usine
Michelin ? Peu d’incidences peut-être avec le transfert des emplois en
déclin à la Mine vers la nouvelle activité, donc peu d’arrivées d’élèves
nouveaux ? L’attribution des nouveaux logements en septembre 1969
fera-t-elle, en majorité, l’objet de transferts plus que de nouvelles
arrivées ?
Êtes-vous
toujours là ? Poursuivons…
De vastes chantiers inscrits au Plan pour 1970
Trois
grands projets de restructuration sont inscrits au 5e Plan pour
l’année 1970. Deux verront le jour : l’agrandissement du C.E.S Jean
Bouveri (Jean Moulin) et la construction d’un nouveau C.E.S à côté du C.E.G de
l’Hôpital et un troisième, plus aléatoire, la construction d’un C.E.S à
Montceau-Bois-du-Verne.
Collège
Jean Moulin
L’objectif
de l’agrandissement du C.E.S Jean Moulin est double. Il s’agit de porter sa
capacité à 900 élèves et, à terme, d’y transférer les 15 classes des G.O.D
périphériques, marquant ainsi leur extinction. La municipalité rejettera la
possibilité de construire des préfabriqués provisoires, arguant du fait que les
terrains jouxtant le collège (notamment ceux de l’ancienne gendarmerie) sont
disponibles.
En ce qui concerne le futur C.E.S de
l’Hôpital, la municipalité venant de moderniser le bâtiment de l’ancien C.E.G,
elle propose de simplement y adjoindre de nouvelles constructions, l’espace
constructible étant relativement vaste, après le rachat et la destruction des
fermes du « vieux Montceau ». En réalité, les travaux de construction
du nouveau C.E.S vont débuter en 1969 et, les travaux à peine terminés, il va
accueillir ses premiers élèves à la rentrée 1970. Le collège Saint-Exupéry est
né.
Dernier
point, la construction d’un C.E.S au Bois-du-Verne. Le projet s’avère difficile
à envisager face à une difficulté : l’absence de terrain d’implantation
d’une part, mais aussi face à un constat : c’est un vieux quartier de
mineurs qui, comme beaucoup d’autres sur la commune, se dépeuple peu à peu.
L’Inspecteur détaille tous ces points dans son rapport :
L’extension
de la cité du Plessis est aussi évoquée mais ne concernera que les écoles
primaires et maternelles. On trouve dans le rapport, la prospective concernant
les modifications de la future carte scolaire, avec une nouvelle école
élémentaire rue Jean Longuet (dont le directeur sera M. Dinet), 10 classes
élémentaires « rue Jean Bouveri » ?? Il s’agit vraisemblablement
de la future extension de l’école du Centre (Jean Jaurès) qui accueillera aussi
les filles de l’école de la rue Carnot, appelée à être détruite en 1974 :
Dans les
archives du musée, ce rapport est accompagné d’un commentaire manuscrit de
l’Inspecteur Charnay dont voici le texte : « Rentrée 1970 : l’examen de la statistique fait apparaître,
indépendamment de tout apport de
population (constructions, Michelin…), une baisse des effectifs en 6e
normale (490 au lieu de 570 en 1969). La baisse devrait s’accentuer en 1971
(440), mais 1972 verrait une remontée (504), confirmée en 1973 (596). Mais il
faudra voir ce que donneront les logements neufs à l’arrivée de Michelin. Si
nous disposons d’un C.E.S de 900 places rue de l’Hôpital à la rentrée 1970, en
admettant que le nombre de 6e normales pour Montceau ne varie pas
(14), nous aurons à l’Hôpital, 4 x 4 = 16 classes normales des 4 niveaux au
lieu de 14 en 1969, c’est-à-dire qu’à ce moment-là seulement pourront
disparaître les classes de 6e du lycée »
Merci
d’avoir suivi jusqu’ici. Concluons donc…
1971-1972 : peu d’évolution encore…
Voici,
livré in extenso, le document de travail étudié lors de la réunion du 9 octobre
1970. Ce dernier est commenté par M. Charnay, Inspecteur de la circonscription
de Montceau, recto-verso. Suit le document finalisé :
Premier
document de travail transmis à l’Inspecteur d’académie le 13 octobre 1970
Document de
travail finalisé transmis à l’Inspecteur d’académie début novembre 1970
Les G.O.D
sont toujours présents, sauf celui du Magny intégré au collège Jean Moulin.
J’ai d’ailleurs le souvenir de copains qui descendaient alors du Magny vers le
collège, en vélo, noircis les jours de brouillard, par les retombées de
poussières de la Centrale…
L’extinction
du premier cycle au lycée est engagée, mais il subsistera encore trois classes
de 3e pour l’année 1971-1972.
Patrick
PLUCHOT
Sources :
- Archives du musée de la Maison d’École, fonds Charnay.
- L’entrée en 6e
au milieu des années 50, https://fracturesscolaires.org/lentree-en-sixieme-au-mileu-des-annees-cinquante/#:~:text=Environ%202%20350%20000%20%C3%A9l%C3%A8ves,d'apprentissage%20public%20%C3%A9tant%20nombreuses
- Du changement dans l’école. Les réformes
de l’éducation de 1936 à nos jours,
Antoine Prost, Paris, Le Seuil, 2013.
-
Repères
et références statistiques, MEN-DEPP,
1984, Paris.
-
Repères
et références statistiques, MEN-DEPP,
1985, Paris.
-
L'école
réduit-elle les inégalités sociales ?, MJENR-DEP, 2003, Éducation &
formations, n° 66, « Dix-huit
questions sur le système éducatif. Synthèse des travaux de la DEP ».
-
Bulletins
de l’Amicale, AVNP71, n° 4 de 1980/81, n° 5 de 1981/82, n° 15 de 1991/92.
(1) : Textes d’application de l’organisation de l’examen d’entrée en 6e :
« Les familles sont tenues de constituer avant le
1er mai un dossier dans les formes ainsi définies :
– une demande écrite indiquant par ordre de préférence les établissements où
elles souhaitent voir admettre leurs enfants ;
–
une fiche d’état civil. Les chefs d’établissement délivrent
:
–
une attestation indiquant que l’élève a subi le contrôle médical normal ;
–
le relevé des résultats de la dernière année scolaire et si possible des années
précédentes (relevé de notes par matière, classement général, indication des aptitudes
particulières, fiche d’orientation scolaire éventuellement).
Pour
sa part, le maître de chaque classe du Cours Moyen établit
trois listes des élèves répartis en quatre groupes (très bons, bons, moyens,
médiocres) et classés dans chaque épreuve par ordre de mérite justifié par une
note chiffrée.
1°
Une liste établie d’après les résultats globaux des études ;
2°
Une liste établie d’après les résultats en français ;
3°
Une liste établie d’après les résultats en calcul.
L’ensemble
des documents constitués forme le dossier sur le vu duquel la commission départementale d’admission s’appuie pour arrêter la
liste des élèves de valeur égale ou supérieure à la moyenne. Ceux-ci
sont admis sans examen dans les classes
de sixième et ont dès lors vocation à une bourse nationale dont seule la
situation de leur famille peut les priver. Les autres doivent faire la preuve
qu’ils possèdent les connaissances nécessaires en subissant les épreuves d’un
examen dont l’économie est prévue par les articles 5, 6, 7 de l’arrêté du 23
novembre 1956.
L’examen ne comporte qu’une session par an ; toutefois, une session spéciale
est prévue avant la rentrée pour ceux qu’une raison de force majeure aurait
empêché de se présenter en juin. L’inspecteur d’académie organise les centres
d’examen qui lui paraissent nécessaires ; il choisit les sujets des épreuves
d’après le programme du cours moyen ; celles-ci ont lieu à huis clos sous la
surveillance de membres de l’enseignement désignés par lui.
L’examen
se compose des trois épreuves notées de 0 à 10 et affectées de coefficients :
1. Dictée courte de quatre-vingts mots maximum
(coefficient 2).
2. Etude d’un texte narratif ou descriptif court dans
les conditions suivantes :
a)
le texte après lecture expressive est remis entre les mains des élèves ;
b)
les élèves sont invités à répondre à quatre questions (coefficient 9 réparti de
la façon suivante :
–
la première relative au vocabulaire : coefficient 1 ;
–
la seconde relative aux conjugaisons, temps verbaux complets ou formes verbales
à trouver ou à analyser : coefficient 1 ;
–
la troisième relative à la nature et la fonction d’au moins quatre mots ou
groupes de mots :
coefficient
2 ;
–
la quatrième question conçue de manière que la réponse exige un court
développement : coefficient 3.
Une note de présentation et d’écriture (coefficient 1) et une note portant sur
la correction de la langue, y compris l’orthographe et la ponctuation
(coefficient 1) sont attribuées d’après les réponses rédigées par les
candidats.
3. Epreuve d’arithmétique comportant deux parties (coefficient
6) :
a)
Trois ou quatre opérations portant sur des nombres entiers ou décimaux ; durée
20 minutes, coefficient 2 ;
b)
Un problème comportant trois ou quatre questions de difficulté croissante ;
durée 40 minutes, coefficient 4.
Les
trois épreuves sont groupées dans la même demi-journée.
Les
copies sont centralisées par l’Inspecteur d’Académie qui les soumet à un ou
plusieurs jurys siégeant dans la même ville, dont il nomme les membres et dont
il assure la coordination et la présidence. Chacun d’eux comprend :
–
un chef d’établissement du Second Degré ou du Technique ou un Inspecteur
primaire, vice-président ;
–
deux professeurs du Second Degré, deux professeurs de l’Enseignement technique,
deux professeurs de Cours Complémentaire ;
–
deux maîtres de Cours Moyen.
Dans
la correction, toutes les compositions d’un même candidat sont examinées par un
même jury, chaque copie donnant lieu à deux corrections indépendantes.
Sont
déclarés reçus, après consultation de leur dossier si besoin est, tous les
candidats ayant obtenu 85 points au moins.
La
Commission départementale se réunit à nouveau pour procéder à une première
affectation dans les lycées, collèges et cours complémentaires existant compte
tenu des désirs des familles exprimés dans les dossiers d’inscription. Le
travail doit être terminé avant le 1er août. Un certain nombre de places sont
réservées pour les élèves devant subir l’examen à la session exceptionnelle et
pour ceux admis dans un autre établissement et dont les parents justifieraient
d’un changement récent de résidence.
La
liste des élèves affectés à un établissement est communiquée à la Commission
d’établissement, qui choisit, dans la limite des deux tiers des places
disponibles, les élèves qui fréquenteront l’établissement au cours de la
prochaine année scolaire. La Commission disposera donc du tiers des places
disponibles pour caser les élèves non encore affectés, que ceux-ci aient été
admis après ou sans examen. »
Textes
d’application de l’organisation du passage en 6e sur dossier
précisés et applicables à partir de 1960 :
« A)
Les dossiers :
Tous
les élèves du Cours moyen deuxième année des écoles publiques seront examinés
sur dossier.
Les dossiers, présentés par classe, comporteront, pour tous les élèves du Cours
moyen 2e année :
a)
La date de naissance;
b)
Le classement de l’élève dans sa classe (classement général, classement pour la
dictée suivie de questions, classement pour le calcul);
c)
Quatre copies d’épreuves de compositions faites en classe, corrigées, notées et
classées – soit deux copies de calcul (l’une de décembre, l’autre de mars) et
deux copies de dictée suivies de questions (l’une de décembre, l’autre de
mars).
Les
dossiers seront accompagnés de la liste nominative des élèves de la classe,
établie selon les prescriptions de l’article 4 de l’arrêté ministériel du 23
novembre 1956.
Les
familles qui formulent, dès le dépôt du dossier, une candidature pour l’entrée
de leur enfant en sixième devront fournir en outre les pièces énumérées à l’article
3 de l’arrêté du 23 novembre 1956.
B)
Les Commissions :
A
l’intérieur de la commission départementale prévue par l’arrêté ministériel du
23 novembre 1956, une sous-commission sera organisée dans le cadre de chaque
circonscription d’inspection primaire. Elle sera chargée d’examiner les
dossiers des classes de cours moyen 2e année de la circonscription dont
l’inspecteur se trouve particulièrement qualifié pour apprécier les conditions
de fonctionnement et le niveau relatif.
Elles
réuniront, dans chaque circonscription d’inspection, autour de l’inspecteur
primaire et d’un chef d’établissement du second degré ou de son représentant,
des professeurs de sixième (lycées, collèges modernes ou techniques, cours
complémentaires), des instituteurs de cours moyen 2e année (en nombre égal si
possible) et un représentant des parents d’élèves.
Préalablement
aux travaux des commissions, l’Inspecteur d’académie convoquera les Inspecteurs
de l’Enseignement du premier degré et les chefs d’établissements du second
degré appelés à diriger les sous-commissions, afin de leur donner les
instructions nécessaires, d’examiner en commun quelques cas concrets et
d’unifier ainsi le mieux possible l’esprit et les modalités du travail.
Les
sous-commissions – il convient de le rappeler – auront à juger, classe par
classe, sur les résultats des deux premiers trimestres scolaires, tous les
élèves du cours moyen deuxième année. Leur tâche consistera à la fois à
discerner soigneusement les enfants inaptes ou insuffisamment préparés à suivre
avec profit une classe de sixième, et à appeler par contre aux enseignements
prolongés des enfants bien doués qui pourraient en être écartés par la
situation ou le défaut d’information de leur famille.
Les propositions de la commission seront portées à la connaissance des familles
et accompagnées le cas échéant, de conseils pour l’orientation des enfants. Ces
conseils seront particulièrement insistants auprès des parents des bons élèves
du Cours moyen 2e année, non candidats pour une classe de sixième. » https://www.r-lecole.fr/doc-hist/A561123.html
(2) : Journal L’éducation, n° 304 du 20 janvier 1977 (collection musée) :
Un mot au
passage sur l’inspection des maîtresses et des maîtres. Jusqu’en 1989, il y eut
une distinction nette chez les IDEN (Inspecteurs Départementaux de l’Éducation
Nationale) entre les postes d’inspectrices des écoles maternelles réservés aux
femmes et les postes d’inspectrices et d’inspecteurs de l’enseignement primaire
accessibles aux deux sexes. L’inspection des écoles maternelles était séparée
de l’inspection des écoles élémentaires. A Montceau, les deux inspections se
faisaient face dans les mêmes locaux, séparées par un couloir… en 1988, encore,
M. Charles inspectait les écoles primaires et Mme Saudin les écoles
maternelles, juste avant que cette séparation ne disparaisse au profit d’un
corps unique.
(3) : Pour mon cas personnel, venant de l’école de Bellevue, j’ai
intégré la 6e du G.O.D de la rue d’Autun, à l’année scolaire 1966-1967. Les
préfabriqués qui nous accueillaient étaient situés derrière le Syndicat des
mineurs. Une partie des cours y avaient lieu avec pour professeurs, d’anciens
instituteurs : M. Raoul Céceille (promotion EN de Mâcon 1932-1935), M. André
Chaffotte (promotion 1942-1945) et une autre partie des cours se déroulait en
face, dans le vieux bâtiment de l’école Jean Jaurès (actuel musée) avec Mme
Tonneau, M. Fernand Debrois (promotion 1931-1934)… Les récréations avaient lieu
en commun avec les élèves de primaire, sous la direction de M. Chevalier. À la
rentrée 1967-1968, je suis rentré en 5e au C.E.S Jean Moulin à peine
terminé, avec une cour toujours en terre battue et en l’absence d’une administration
sur place car j’ai le souvenir de M. Pichon qui venait du lycée de temps à
autre, pour régler les problèmes d’organisation et donner des consignes de travail
lors de grands discours que nous écoutions, rassemblés sous le préau. C’est
aussi lors de cette rentrée en 5e
que nous fîmes connaissance avec la mixité, pour la première fois, nous étions
mélangés aux filles dans les classes ! En tout bien tout honneur, les
filles d’un côté, les garçons de l’autre…
Nota :
MM. Debrois, Céceille et Chaffotte étaient tous trois d’anciens maîtres de
l’école du Centre (Jean Jaurès) qui accueillit le G.O.D.
Classe de 6e, Jean Moulin
Ma classe de 4e, Jean moulin, 1968-1969
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