Madame
et Monsieur Juredieu
Par
Clairette Coing
La famille Juredieu :
Joseph, Alice et Claire
Madame
et Monsieur Juredieu
Cet
article fait suite à un autre paru sur ce blog, il y a quelque temps : https://musee-ecole-montceau-71.blogspot.com/2024/06/remi-et-colette.html#more. Au de-là de l’œuvre de Joseph
Juredieu, montcellien célèbre et normalien de Mâcon (promotion de la Grande
guerre 1916-1919), Clairette Coing nous propose ici, un éclairage beaucoup plus
intimiste, qui mêle le destin de deux familles, somme toute d’un milieu fort
différent, mais qui fixe un instantané, montre une image, de ce que fut cette
société pas si lointaine. Découvrons avec elle, l’humanisme, la générosité et
le respect au quotidien de ces deux familles.
Madame
et Monsieur Juredieu
Par
Clairette COING
Vers
1960, de nombreux élèves ont appris la lecture dans la méthode Rémi et Colette,
écrite par Joseph Juredieu, inspecteur de l’enseignement primaire et
Eugénie Mourlevat, directrice d’école maternelle. Beaucoup se souviennent
aussi des livres Lisons de belles histoires, écrits vers 1967 par Joseph et
Alice Juredieu, directrice d’École Normale qui leur ont donné le goût de la
lecture.
Monsieur
Pluchot, responsable du musée de l’école de Montceau-les-Mines https://musee-ecole-montceau-71.blogspot.com/ a rendu hommage, en juin 2024, aux auteurs de
Rémi et Colette dans un article intitulé « Si Rémi et Colette nous
étaient contés, Joseph Juredieu, un montcellien remarquable ».
Je souhaiterais aussi rendre hommage à
Madame et Monsieur Juredieu, ce couple de professeurs de lettres originaire de
Saône-et-Loire (Autun pour Madame, Montceau-les-Mines pour Monsieur). Ils ont
tenu des postes importants au sein de l’Éducation Nationale. Grâce à ma maman,
je suis fière de les avoir rencontrés.
À quelle occasion Georgette Gey, ma maman,
a-t-elle connu Madame et Monsieur Juredieu ?
Dans le petit village de
Roussillon-en-Morvan, l’activité était essentiellement agricole et les familles
étaient nombreuses. Mon grand-père Nicolas, son épouse Marie possédaient leur
ferme, quelques terrains et bois. Ma maman, née en 1914, était la 7ème
de la fratrie qui comptait 10 enfants. La taille de l’exploitation ne
permettait pas de fournir du travail à tous : dès l’obtention du
Certificat d’Études, les garçons partaient dans la région parisienne travailler
dans l’industrie, accueillis par un oncle/un cousin qui les avait devancés
quelques années plus tôt. Quand le patriarche voyait ses forces diminuer, un de
ses fils (voire deux) (re)venait à la ferme pour prendre le relais. Les filles
étaient embauchées comme employée de maison, cuisinière par des familles
bourgeoises « à la ville » avant de fonder leur foyer. En plus de
leurs dix enfants, mes grands-parents ont élevé une fille placée par l’Assistance
Publique.
C’est
ainsi qu’en 1933, Madame et Monsieur Juredieu, tous deux professeurs de
lettres, proposèrent à mes grands-parents de prendre maman (19 ans) à leur
service, comme employée de maison et pour s’occuper de leur fille Claire, alors
âgée de 6 ans. Ils habitaient Nevers (cf. registre matricule de Joseph
Juredieu, 3 avenue de la Gare en 1929).
Pourquoi
Madame et Monsieur Juredieu ont-ils frappé à la porte de Marie et
Nicolas Gey, cultivateurs à Roussillon-en Morvan pour y chercher leur
employée de maison ? Comment étaient-ils entrés en relation ?
J’échafaude des hypothèses :
-
Alice Dechaume, épouse Juredieu était née à Anost, fille de
Dechaume Jean-Pierre, employé, et de Lagneau Marie le
5 octobre 1902 (ADSL Anost 5E_009_01_0128). En 1925, ses parents
demeuraient à Autun, rue Saint-Andoche. Anost étant la commune d’origine mes
grands-parents. Y avait-il un lien de parenté entre les familles Gey, Surly,
Dechaume et Lagneau ?
-
Joseph Juredieu était né à Montceau-les-Mines, fils de Claude, mineur, et de
Bonnot Jeanne le 2 juin 1900 (état-civil de Montceau, naissances
vue 42/107). En 1920, ses parents demeuraient à Saint-Vallier, lieudit
l’Étang Chevrier. Mais à ma connaissance, aucun membre de la famille n’était
installé dans le Bassin minier susceptible de connaître la famille
Juredieu.
Des
recherches généalogiques plus poussées résoudront peut-être un jour l’énigme…
En 1933, maman partit
donc travailler chez Mme et M. Juredieu à Nevers, à 100km de son village
natal. L’année 1933/1934 s’écoula tranquillement ; maman voyait assez
souvent sa famille car Roussillon est sur l’axe Nevers-Autun-Montceau,
itinéraire emprunté par M. et Mme pour se rendre dans leur famille respective
(Autun pour Madame ou Montceau-les-Mines pour Monsieur).
Mais en 1934, le couple
d’enseignants fut muté à Niort (Deux-Sèvres) où Madame était directrice de
l’École Normale de jeunes filles. Ils occupaient un logement de fonction dans
cet établissement, 41 rue de la Burgonce. Georgette les suivit. Monsieur et
Madame étaient des patrons très respectueux. Malheureusement, les retours en
Bourgogne n’avaient lieu qu’en fin d’année et lors des grandes vacances. Elle les accompagnait dans leurs
sorties ; ils lui firent découvrir les plages de la côte Atlantique
(Royan, les Sables d’Olonne). Pour lutter contre le « mal du
pays », Georgette entretenait une abondante correspondance avec ses
parents, ses frères et sœurs, ses cousines, ses amis de Roussillon. Madame Juredieu suivait la vie de la famille
Gey à distance comme celle de sa propre famille. Elle donnait à
maman des vêtements, sacs à main, chapeaux etc. Ainsi vêtue, maman avait le
look d’une « demoiselle de la ville » lorsqu’elle revenait dans sa
campagne natale. Ses patrons lui fournissaient des livres et la conseillaient
sur les choix de lecture.
Pas de changement de 1934 à
la déclaration de guerre de la deuxième Guerre mondiale. Joseph Juredieu
est mobilisé le 2 septembre 1939. L’École Normale de Niort manque de
professeurs, eux aussi mobilisés. Les bâtiments de l’École Normale sont
partagés en deux : une partie garde sa fonction, l’autre partie est
transformée en hôpital militaire auxiliaire.
Richard, jeune soldat
originaire du Nord de la France, après une intervention chirurgicale subie à
l’hôpital de Pont-Sainte-Maxence (Oise), est évacué en convalescence sur
l’hôpital auxiliaire de Niort en juin 1940. Il y fait la connaissance de
Georgette. Un mois plus tard, Richard en sortira guéri. Démobilisé le
23 juillet 1940, Richard ne peut rejoindre son régiment qui a
quasiment disparu suite à la terrible bataille de Dunkerque à laquelle il n’a
pas participé pour cause de santé. Il quitte Niort et essaie de rejoindre
l’Angleterre sans y parvenir. Richard et Georgette échangent de nombreuses
cartes, lettres et photos qui me permettront de suivre le parcours du soldat.
Richard travaille 5 mois à
Alès (Gard), 7 mois à Hem (Nord), 5 mois en région parisienne, à la SNCF.
Georgette et Richard décident de se marier en janvier 1942. Georgette
quitte son emploi chez Madame et Monsieur Juredieu à Niort fin 1941, Richard
trouve un emploi à Autun chez un blanchisseur. Le couple demeure rue du
Faubourg Saint-Andoche. Ont-ils l’occasion de côtoyer à ce moment-là les
parents de Madame habitant la même rue ? C’est fort possible. Cette proximité a certainement entretenu les relations amicales
entre Madame et maman.
Richard
quitte un temps l’entreprise de blanchisserie Malard pour rejoindre le maquis
Maurice (qui s’était constitué tardivement) début août jusqu’à la Libération
d’Autun le 10 septembre 1944. Un immense espoir renaissait dans les
foyers. Tout projet était permis, notamment celui d’avoir un enfant… Le 12 juin
1945, naquit à la maternité d’Autun une petite fille que Richard et Georgette
prénommèrent Clairette, dans l’espoir qu’elle soit aussi intelligente que
Claire Juredieu ! Richard, rappelé par l’armée pour terminer son service
militaire, ne fut démobilisé que le 18 septembre 1945.
Leur
installation à Montceau-les-Mines a lieu en octobre 1948. Le travail ne manque
pas. Les locaux deviennent bientôt trop exigus, les conditions de travail
difficiles. Vers 1957, Richard et Georgette achètent dans la même rue un
terrain sur lequel se trouve une petite maison d’habitation et un local
industriel dans lequel ils pourront développer leur activité. Les affaires
prospèrent et une extension sur ce terrain permet d’acquérir de nouvelles
machines.
Pendant ma scolarité à l’école primaire, M. et Mme Juredieu m’envoyaient régulièrement des livres dont certains étaient dédicacés et des ouvrages spécimens. Je les garde en souvenir.
Dédicace en page 1 du tome 1
du livre « Lisons de belles histoires »
Dédicace en page 1 du tome 2
du livre « Lisons de belles histoires »
Vers 1960, j’avais environ
quinze ans quand vint le jour de solder la créance. Mme et M. Juredieu
habitaient Avenue Thermale à Vichy ; une date fut décidée pour leur rendre
visite et leur remettre la dernière mensualité. Arrivés à Vichy, nous fûmes
impressionnés par les beaux hôtels privés de cette avenue. Plus nous nous
rapprochions du numéro de bâtiment, plus les habitations devenaient luxueuses à
nos yeux. Arrivés à l’adresse indiquée, papa ouvrit le portail en fer forgé de
la clôture qui séparait l’immeuble du trottoir. Le cœur battant, émue, nous
gravîmes les quelques marches qui conduisaient à la porte d’entrée, papa
actionna la sonnette. Madame Juredieu vint nous accueillir et nous pria
d’entrer. La pièce était grande, plutôt sombre mais meublée avec raffinement.
J’étais fort intimidée pour répondre aux questions posées. Madame n’a pas
manqué de prendre des nouvelles de toute la famille Gey. Elle confia à maman
ses inquiétudes au sujet de la santé de leur fille, Claire, médecin, qui
travaillait trop. Monsieur est arrivé. Il a parlé « affaires » avec
papa, demandé des détails sur l’activité « blanchisserie » etc. Les
tasses à café et les biscuits étaient préparés pour notre venue sur un guéridon
Napoléon III… Après la remise des fonds, but de notre déplacement, après la
petite collation, nous prîmes congé pour rentrer à la maison. J’avais vécu une
journée mémorable, pleine d’émotion.
C’est
grâce au grand « coup de pouce » de départ, par le prêt d’argent
consenti que mes parents ont pu réaliser leur projet de créer leur entreprise
et devenir travailleurs indépendants. Rêve pas toujours rose, qui vira au
cauchemar quand maman tomba malade en 1968 et mourut quelques mois plus tard.
Peu de temps après le décès,
Madame et Monsieur, très affectés par la disparition de maman nous rendirent
visite à Montceau. Je crois que ce fut leur dernière visite.
Malheureusement, les échanges
de correspondances se firent plus rares. J’ai appris tardivement le décès de
M. Juredieu en 1980, puis celui de Madame en 1992. Le hasard
fait que leur sépulture est située au cimetière du Bois Roulot carré A dans la
rangée près du mur nord, à seulement quelques mètres de mon domicile.
Vue du monument funéraire
Juredieu-Dechaume.
Inscriptions sur la partie
horizontale
Cette proximité me permet de
me rendre régulièrement sur leur tombe dont je veille à la propreté ; j’ai
une pensée émue pour eux et je les remercie pour ce qu’ils m’ont apporté. Ils
avaient l’intelligence, la simplicité, la modestie et la générosité du cœur.
ANNEXES
Annexe
1 – Photo et transcription de la fiche matricule de J. Juredieu :
Fiche matricule de J.
Juredieu (AD71_1R_1920_04424_D)
Etat civil : Joseph Juredieu, né le
2 juin 1900 à Montceau-les-Mines, département de Saône-et-Loire,
résidant à Saint-Vallier, canton de Montceau-les-Mines, département de
Saône-et-Loire, profession d’Élève École Normale/professeur école primaire
supérieure, fils de Claude et de Bonnot Jeanne, domiciliés à Saint-Vallier
étang Chevrier, canton de Montceau, département de Saône-et-Loire.
Numéro matricule du
recrutement :
1623.
Classe de mobilisation : 1918.
Signalement : cheveux châtain foncé. Yeux
bruns. Front découvert. Nez rectiligne. Visage ovale. Taille 1m77.
Degré d’instruction : 4.
Décision du conseil de
révision et motifs.
Inscrit sous le n° 187 de la liste du canton de Montceau-les-Mines. Classé
dans la 1ère partie de la liste en 1918.
Corps d’affectation :
Dans l’armée
active :
158erégiment d’artillerie à pied (matricule 1723).
Disponibilité et réserve
de l’armée active :
159e Régiment d’Artillerie à Pied. 169e Régiment
d’Artillerie à Pied. 188e Régiment d’Artillerie Lourde. Centre
Mobilisateur d’Artillerie (n° 327). Sans affectation du 24-5-36.
Armée territoriale de
réserve :
17-9-36.
Localités successives
habitées :
11 octobre 1926,
Beuzec-Conq, 4 avenue Thiers, chez Mme Mas (résidence).
5 novembre 1929, Nevers,
3 avenue de la Gare (résidence).
13-10-34, Niort, 41 rue
de la Burgonce (Deux-Sèvres) (domicile).
1-6-36.
Niort, 41 rue de la Burgonce (Deux-Sèvres). ES intérieur le 31-12-59.
Détail des services et
mutations diverses.
Incorporé
au 158e Régiment d’Artillerie à pied à compter du 18 mars
1920 ; arrivé au corps et canonnier de 2e classe le
19 mars 1920. N° d’incorporation 1723. Brigadier le
16 juillet 1920. Maréchal des Logis le 25 mars 1921. Envoyé
dans la disponibilité le 4 mars 1922. Certificat de bonne conduite
« Accordé ».
Passé
par changement de domicile dans la subdivision Niort le 1er juin 1936.
Rappelé
à l’activité le 2 septembre 1939. Arrivé au corps ledit jour.
Démobilisé le 10 août 1940.
Campagnes.
Zone de l’intérieur du
2-9-39 au 15-6-40.
Zone des Armées du
6-6-40 au 25-6-40.
Zone
de l’Int ES du 26-6-40 au 31-7-40.
Périodes d’exercices
dans la Réserve. 1ère dans le 188e Régiment
d’artillerie lourde du 1er au 25 septembre 1927.
Annexe
2 – Photo et transcription de l’acte de mariage de Joseph Juredieu avec Alice
Marie Dechaume :
Transcription de l’acte de
mariage de Joseph Juredieu avec Alice Marie Dechaume (registre état-civil
d’Autun 1925)
« Le
11 août 1925, dix heures trente minutes devant nous ont comparu
publiquementen l’hôtel de ville Joseph Juredieu, professeur de lettres, né à
Montceau-les-Mines, arrondissement de Chalon-sur-Saône, le
2 juin 1900, vingt-cinq ans, domicilié à Saint-Vallier
(Saône-et-Loire), lieudit Étang Chevrier, fils de Claude Juredieu, mineur
et de Jeanne Zoé Bonnot, son épouse, sans profession, domiciliés
audit lieu de Saint-Vallier, d’une part,
Et Alice Marie Dechaume, professeur de lettres, née à Anost,
arrondissement d’Autun le 5 octobre 1902, vingt-deux ans, domiciliée
à Autun rue Saint-Andoche numéro 32 et résidante à Thonon-les-Bains
(Haute-Savoie), Grande rue numéro 79, fille de Jean-Pierre Dechaume,
employé et de Marie Lagneau, son épouse, sans profession, domiciliés à
Autun, même adresse présents et consentants, d’autre part, aucune opposition
n’existant. Les futurs époux, les père et mère de la future épouse déclarent
qu’il n’a pas été fait de contrat de mariage. Joseph Juredieu et Alice Marie
Dechaume ont déclaré l’un après l’autre vouloir se prendre pour époux et nous
avons prononcé au nom de la Loi qu’ils sont unis par le mariage. En présence de
Joseph Pierre marqueur aux Mines de Blanzy (Saône-et-Loire) et
Jean Lagneau, propriétaire à Courbevoie (Seine), témoins majeurs, qui,
lecture faite, ont signé avec les époux, les père et mère de l’épouse et Nous,
Jean Trémeau, Maire de la ville d’Autun ».
En 1925,
Alice Marie Dechaume, jeune professeure de lettres résidait à
Thonon-les-Bains où elle avait été affectée.
Annexe
3 – Quelques dates dans la presse et les archives en ligne :
Le 16 août 1925, le
Courrier de Saône-et-Loire, dans la rubrique « état-civil
du 8 au 14 août 1925 », publie de mariage de « Joseph
Juredieu, professeur de lettres à Saint-Vallier, et Alice-Marie Dechaume,
professeur de lettres à Autun »
Le 8 août 1926, le Courrier de Saône-et-Loire publie « Mme
Juredieu (née Alice Dechaume, ancienne élève du cours complémentaire, a passé
avec succès les épreuves du professorat ès-lettres (2e partie) et a
été reçue dans un très bon rang ».
Le
11 octobre 1926, Joseph Juredieu et son épouse demeurent à Beuzec-Conq
4 avenue Thiers (cf. fiche matricule).
Le 5 mars 1927,
leur fille Claire naît à Beuzec-Conq, avenue Thiers (journal Ouest-France
à la rubrique « état-civil »).
En novembre 1929, le
couple réside à Nevers, 3 avenue de la Gare (cf. fiche matricule).
Le 13 octobre 1934
et le 1er juin 1936, Joseph Juredieu déclare à l’armée son
domicile 41 rue de la Burgonce à Niort (cf. fiche matricule).
Dates et lieux de naissance
et de décès de M. et Mme Juredieu (née Dechaume) et de leur fille Claire.
(Source INSEE par le site genedc.fr)
Annexe
4 – Quelques photos de la famille lorsqu’ils habitaient à Niort :
Claire Juredieu à Niort en
1934
Claire Juredieu et Georgette
à Niort-vers 1938
Claire Juredieu à Niort vers
1938
Claire Juredieu à Niort vers
1938
Claire Juredieu à Niort
Madame Juredieu à Niort en
1941
L’école normale
d’institutrices à Niort au début du XXe siècle
Clairette Coing –
Blanzy - le 15/02/2025.
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