« Petite histoire d’un écolier
d’autrefois expliquée aux enfants
d’aujourd’hui »
Plus tard, vers les années 1930/35, les
garçons de l'école de Montceau-Bois-du-Verne avaient la joie de se rendre
chaque semaine au cinéma pour quelques centimes... mais il n'était pas
véritablement question de cinéma éducatif. D'autres écoles s'étaient dotées
(grâce à la coopérative scolaire), d'un "Pathé-Baby" ou d’un
« Pathé-Kid », appareils capables de
projeter des films. On pouvait alors utiliser des films à perforations
centrales, ceux-ci, appelés plus tard "films-flammes" ont été retirés
de la circulation pour cause de "combustion subite" !
CHAPITRE XII
« Vivement cet après-midi ! »
Toutes ces choses nouvelles qu’il incombait
au petit citadin ou au petit campagnard comme Jules d’assimiler, notions
souvent loin de son quotidien et, il faut bien le dire, de ses préoccupations,
toutes ces choses donc, n’eurent de cesse de pousser les maîtres, amoureux de
pédagogie, vers des méthodes et des démarches de plus en plus innovantes visant
à permettre au plus grand nombre d’accéder à la connaissance.
De nouveaux supports apparaissent ou évoluent
constamment. Ils s’appliquent aux matières dites moins fondamentales dispensées
principalement l’après-midi. L’enseignement mural en est un exemple.
L'enseignement par tableau mural eut de tout temps la faveur des enseignants.
Les cartes murales produites par Rossignol,
Anscombre, Vidal-Lablache ou d'autres s'ingéniaient à présenter, en respectant
scrupuleusement les programmes et les instructions, de nouvelles collections :
tableaux d’histoire, de sciences, de géographie pour tous les cours, ainsi
qu'une imagerie pour les exercices d'élocution des petites classes. Les dessins
étaient clairs, les contours précis et ces supports cartonnés étaient souvent groupés
par dizaine dans des cadres en bois servant à la fois de rangement et de
présentoir à l’instar des nombreuses séries « Rossignol ».
Ces panneaux muraux étaient parfois
difficiles à exploiter du fait du trop grand nombre et de la trop grande
richesse des éléments représentés. Il n'en reste pas moins que ces matériels,
confiés à des maîtres compétents, ont certainement contribué à faire parler,
penser ou rêver des millions de petits Français encore friands de belles
images.
Bientôt, l’imprimerie fait son entrée à
l’école. Si l'invention très ancienne des caractères mobiles d'imprimerie est
due au moine allemand Gutenberg, c'est à Célestin Freinet que l'on doit celle
d'une presse spéciale pour les enfants. Il leur donna alors des caractères et
des composteurs afin qu'ils impriment eux-mêmes dans la classe leurs textes
libres ou leur compte-rendu de classe promenade, réunissant les pages en un
véritable "Livre de Vie".
C'est dans les années 1920 que Célestin
Freinet adopte les "méthodes actives" préconisées par Decroly et
c'est en 1925 qu’il a utilisé pour la première fois l'imprimerie à l'école. Les
enfants écrivent des textes "libres", quand ils le veulent, en
choisissant leur sujet. Les textes sont ensuite lus, puis, par un vote
démocratique, les meilleurs sont choisis. Après de nécessaires corrections,
l'équipe de service l'imprime.
Bien que tombée en désuétude depuis
l'apparition de technologies nouvelles, l’imprimerie permit pendant longtemps, dans de nombreuses classes,
d'imprimer des textes destinés à être publiés dans le journal scolaire vendu au
profit de la coopérative scolaire ou bien échangés avec des écoles
"correspondantes". L'activité "imprimerie" permettait aux
classes pratiquant la pédagogie Freinet de développer l'attention et le goût de
l'effort, sans oublier l'aide qu'elle apportait dans le domaine orthographique.
Peu après, le limographe, ancêtre de la machine à alcool, fut aussi utilisé
pour le tirage des journaux. Les journaux scolaires fleurissent encore quelquefois
dans certaines écoles et sont dès lors produits grâce à l'ordinateur et la
photocopieuse.
Les Instructions de 1923 donnent naissance au
Musée scolaire : "Dans toutes les écoles, à tous les cours, la
méthode employée doit être une méthode fondée sur l'observation et l'expérience
(..) Un musée scolaire, c'est un petit laboratoire, c'est l'endroit où l'on
range, après la classe, les matériaux que les enfants ont manipulés, les
appareils qu'ils ont fait fonctionner, etc..." C'est ainsi que se
constitue au fil des jours, dans les classes, un petit musée qui est le reflet
des leçons de sciences et de choses, alimenté par les apports des enfants ou du maître : pierres,
plantes séchées, lézards, vipères, insectes, mollusques, ossements, dents, etc.
La pédagogie se tourne vers l'emploi des "méthodes actives" qui
voient les enfants observer, analyser et consigner leurs découvertes dans des
cahiers de sciences ou de croquis. Les collectes de la classe promenade y
trouveront leur place.
Après le vote en 1951 de la loi dite Barangé
octroyant à chaque groupe scolaire des crédits supplémentaires destinés au
matériel d'enseignement, les écoles purent se munir de projecteurs à vues fixes
du type Larousse. Les maisons d'édition rivalisèrent alors d'imagination en
toutes disciplines pour fournir aux maîtres des films aux commentaires écrits
adéquats. C'est ainsi que les enfants découvraient le cours d'un fleuve, la
croissance d'une plante, les châteaux de la Loire et comme suprême récompense
l'histoire merveilleuse d'Ali Baba ou de la Belle au Bois dormant.
Dans les années qui suivent la Seconde Guerre
Mondiale, on délaisse l'emploi de l'ardoise dans les classes maternelles et on
offre aux élèves des papiers de teintes variées et des crayons de couleurs au
moyen desquels on laisse les enfants s'exprimer plus naturellement. C’est
l’arrivée des jeux éducatifs. Apparaissent bientôt des jetons de toutes formes,
des perles de buis, des boîtes de triage. On ose même les laisser libres de
tremper un pinceau dans les pots de gouache ! Ils sont alors heureux de dessiner
au dos des feuilles d’échantillons de papier peint... récupérées chez le droguiste !
L'enfant s'initie aux "jeux sensoriels" grâce à tout un matériel
nouveau de formes, de volumes et d'emboîtements, il a même à sa disposition une
caisse de jouets !
P.P
Revoir l’article sur
« L’enseignement par le film » :
Très intéressant !
RépondreSupprimerN'est-ce pas une belle illustration des pièces conservées à la Maison d'école ?
Sans doute en ferez-vous des panneaux explicatifs.
Bien cordialement
Jean Pirou