La
leçon de géographie
(Deuxième
partie)
Territoires
d’ici ou territoires lointains
La
France a une organisation politique et administrative très structurée ébauchée
par l’Assemblée Constituante de 1789 qui créa les 83 départements d’origine.
L’Empire napoléonien en compta jusqu’à 130 en 1811, qui s’étendaient de l’Elbe
au Tibre. On tenta d’appliquer ce modèle à nos colonies qui « n’avaient pas d’organisation
politique : l’autorité du chef ne s’imposait pas au-delà de la faible
étendue de son pays (..) pas de sécurité : les nègres du Niger
étaient pillés par les Touaregs (..) pas de vie économique :
l’agriculture était très arriérée », nous
leur apportions la civilisation. (La
France et ses colonies, Armand
Colin, 1925, page 61).
La France et ses colonies,
Cours moyen et Certificat, Armand Colin, 1925
Départements, préfectures, sous-préfectures
Sur la carte des
départements (œuvre de la Convention 1792-1795), la France prenait l'allure
d'un vaste puzzle, ce qu’elle devint plus tard, dans certains jeux pédagogiques
pour les enfants. Une fois encore plane le spectre du Certificat d’études et sa
liste fastidieuse des connaissances toujours à mémoriser : la liste des
départements, de leur capitale et de leurs sous-préfectures, leur appartenance
à telle région.
Les anciens ont conservé
longtemps ce savoir qui leur permettait de situer n’importe quelle ville sur le
territoire et que les enfants d’aujourd’hui, habitués aux outils numériques,
trouveraient ridicule. Ne nous moquons pas trop vite de cette période révolue
où les déplacements, uniquement terrestres, dépendaient de la rapidité à lire
une carte !
Si quelquefois les
questions des examinateurs du « certif » laissaient perplexes : « Citez les préfectures et
sous-préfectures des départements français limitrophes de l’Espagne, ainsi que
les places fortes protégeant notre frontière du côté de l’Espagne », d’autres
relevaient de connaissances ancrées dans l’environnement local : « Dans quel cours d’eau la Bourbince se
jette-t-elle ? », la Loire pourrait-on penser ? L’Arroux en
réalité. Jacques Gimard, en parlant
du Certificat, disait : « Les
épreuves montrent que cet examen certifiait un niveau de connaissances
acquises, alors qu’aujourd’hui, les examens marquent seulement un niveau
d’études », fatale distinction ou heureuse évolution ?
Le
temps béni des colonies
Avec la perte de la colonie
de Saint-Domingue en 1804, s’éteint le premier empire colonial français
(Acadie, Canada, Terre-neuve, Louisiane…). Ce sont donc les conquêtes de
Napoléon III et leur consolidation par la Troisième République qui formeront le
second empire colonial de la France, tant vanté dans les écoles à partir des
lois Ferry.
En cette fin du 19ème
siècle, nos colonies représentent le deuxième empire colonial du monde, faisant
de la France une des plus grandes puissances mondiales, avec un territoire 22
fois plus grand que sa métropole. De quoi faire rêver les écoliers devant les
cartes et les tableaux muraux ou devant les illustrations des manuels de
géographie qui présentaient des contrées aussi mystérieuses que lointaines.
Chacun s’imagine alors
« homme bleu » des caravanes, chevauchant son chameau dans les vastes
étendues désertiques du Sahara ; explorateur pénétrant cette forêt
équatoriale africaine peuplée d’oiseaux merveilleux, de boas et de
singes ; chasseur de lions dans la savane, entouré d’éléphants et de
panthères ; paysan indochinois repiquant du riz dans la boue des
rizières ; travailleur antillais récoltant la canne à sucre ou encore,
pour les écolières, jeunes filles couronnées de fleurs se prélassant sous les cocotiers
tahitiens, quelle chance…
Vision paradisiaque d’une
réalité somme toute moins glorieuse si l’on observe la face cachée de la
colonisation. Le Tour de la France par deux enfants ne nous rappelle-t-il pas, page 188 de son
édition de 1904, qu’il y a quatre races d’humains : la race blanche, « la plus parfaite des races
humaines », la race noire en Afrique, la race jaune en Asie, la race
des indiens à peau rouge et que tous ces gens qui peuplent nos colonies
travaillent à notre richesse
nationale en produisant le thé, le riz, le cacao, le coton, les arachides et
tous les produits indispensables à notre
vie quotidienne.
Source schoolmouv.fr
Le Tour de France par deux
enfants, édition 1904 (collection musée)
Si la leçon de géographie
n’enseignait pas le respect et la reconnaissance que nous devions à ces
peuples, elle ouvrait malgré tout l’esprit de la jeunesse française profonde, à
la curiosité de découvrir le vaste monde qui faisait d’ailleurs l’objet de la
dernière partie du programme du Certificat. A nouveau, les candidats devaient
savoir que l'Everest était le plus haut sommet du monde, que l'Amazone était
le fleuve qui a le plus gros débit, que les chutes du Niagara étaient l'une des
plus grandes merveilles du monde, que les Américains habitaient dans de
gigantesques gratte-ciel et les esquimaux dans des igloos, que la Chine était
limitée par une grande muraille, qu'à Benarès, les malades se baignaient dans
le Gange… Surgissaient alors un vocabulaire extraordinaire que les écoliers
n’oublieraient plus : lac Titicaca, Popocatepelt, Samarkand, Boukhara,
Pondichéry, Chandernagor, Karikal, Yanaon, Mahé…
Quelques
révisions pour le « certif »
-
Votre frère, appelé sous les drapeaux, se
rend de Lille à Strasbourg par chemin de fer : par quelles villes passe-t-il ?
-
Citez les trois grands ports de la région du
Nord. Dites ce que vous savez du port de Dunkerque : son importance. Avec quels
pays étrangers il est en relation. (session 1932)
-
Croquis de la région du Nord. Placez un grand
port de pêche, un grand port de commerce, une grande ville minière, une grande
ville textile, un grand centre agricole. (session 1962)
-
Citez 4 grandes villes du monde. (2 pts)
-
Citez 4 cultures tropicales. (2 pts)
-
Nommez un grand fleuve des Etats-Unis d'Amérique
avec son principal affluent. (1 pt) (session 1965)
-
Le sommet le plus élevé des Pyrénées
françaises (1/2 point par réponse juste) : quel est son nom ? Quelle est son
altitude (tolérance 25 m.) ?
-
Dans quelle mer se jette le Danube ?
-
Quelle était la ville préfecture de la
Loire-Inférieure ?
-
Quel est le fleuve dont les eaux arrosent
Troyes ?
-
Le point culminant de la France de 1815 à
1860 (1/2 point par réponse juste) : Son nom ? Son altitude (tolérance 25 m.) ?
(Réponse : la Barre des Écrins (le
pic des Ursines), altitude 4102 m (accepté de 4077 m à 4127 m). Explication :
en 1815, la Savoie et le Comté de Nice ont été rendus au royaume de
Piémont-Sardaigne. Le Mont Blanc n'est donc plus en France. Le plus haut sommet
français devient le Pic des Ursines, dans le massif du Pelvoux en Dauphiné,
dans la Barre des Écrins, alors juste découverte.
-
Dans quels pays prennent leur source (1/4 de
point par réponse juste) : La Garonne ? La Loire ? Le Rhône ? La Meuse ?
-
Un bateau arrive à Marseille après être passé
par le canal de Suez. De quel pays peut-il venir (énumérez en quatre)
Choisissez deux de ces pays et indiquez pour chacun d'eux les marchandises que
le bateau peut en rapporter et les océans qu'il a traversés avant d'arriver au
canal de Suez. (1959)
-
Des pèlerins arrivent de Lille à Lourdes.
Quel itinéraire ont-ils probablement suivi par la voie ferrée ? Au-dessus
de quels fleuves ont-ils passé ? Citez les productions de deux régions (à
votre choix) qu’ils ont traversées. (1928)
-
Quels sont les noms des cinq gares
importantes en dehors de Paris ?
Globes (collection musée)
Le Certificat d’études 1930,
extraits, 2013, Daniel Berlion, instituteur, inspecteur primaire, inspecteur d’académie
adjoint à Mâcon, inspecteur d’académie puis vice-recteur.
Cahier de Simone en 1941
Cahier de Bernard en 1941
Ce chant fit-il partie des
épreuves du certificat en 1942 ?
Et cette récitation ?
Cocardes du Certificat
d’études (collection musée)
Articles à relire à propos du Certificat d'études :
https://musee-ecole-montceau-71.blogspot.com/2017/06/la-fin-dun-mythe.html#more
P.P
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