Le Certificat d’Etudes Primaires
Dans notre région, après 1945, des marchands
vendaient des cocardes que tout candidat reçu au Certificat d’Etudes
s'empressait d'acheter et d'épingler sur son plastron pour montrer à tous sa
réussite. Les familles avaient parfois économisé pour offrir un vélo à
l'heureux certifié...
Le Certificat d'Etudes Primaires est institué
par la Circulaire du 20 août 1866, à la fin du Second Empire. En 1878, 40 000
certificats sont délivrés sur 83 départements. Dès 1882, cet examen, dont
l’organisation est rendue obligatoire, est passé par les enfants de 11 ans
révolus (peu nombreux) et permet de
quitter l'école ou d'entrer au cours supérieur, qui comprend deux années
supplémentaires à l’Ecole Primaire Supérieure.
Aux termes de la loi du 6 novembre 1892, le
Certificat d’Etudes donne le droit à un enfant d'être admis dans les
établissements industriels à partir de 12 ans au lieu de 13.
Les communes ou la Caisse d'Epargne
récompensaient alors les candidats, comme en 1929, à Palinges, où les
impétrants recevaient la somme de 50 francs de la Caisse d'Epargne locale avec
un bonus de 20 francs à la première ou au premier du canton offert par la commune.
En 1923 et en 1946, on a tenté de créer un examen en deux parties, la réussite
à la première partie aurait permis d'entrer en 6ème.
Jusqu’en 1936, le Certificat d’Etudes devait
être passé avant les 13 ans révolus, mais à cette date, Jean Zay, ministre du
Front populaire, fixe son passage jusqu'à 14 ans par des élèves qui achèvent
ainsi leur scolarité obligatoire. Annoncée depuis 1987, la disparition du Certificat
sera officialisée par le Décret du 28 août 1989. Dans les faits, depuis 1972,
ce n'était plus qu'un examen pour adultes et enfants volontaires.
Le décret n’entrera en
vigueur qu’au 1er janvier 1991... La dernière session devait donc avoir lieu
cette année-là. 50 000 candidats s'y étaient encore présentés, dont
4 000 adultes. Ils étaient 85 200 en 1981, 453 000 en 1971 et
près de 600 000 en 1968. Le Certificat d’antan laisse la place au tout
nouveau Certificat de Formation Générale réservé aux seuls adultes dégagés des
obligations militaires.
Pourquoi continuait-on de passer un Certificat après 1991 ? Du côté des adultes survivait le désir d'avoir un diplôme, mais des scolaires, élèves des collèges pour la plupart en classe préparatoire à l'apprentissage, le passaient aussi parce que c'était le seul diplôme possible. Dans les territoires d'Outre-Mer, les jeunes étaient encore nombreux à briguer le certificat d'études, et il y fut donc maintenu à titre exceptionnel.
Pourquoi continuait-on de passer un Certificat après 1991 ? Du côté des adultes survivait le désir d'avoir un diplôme, mais des scolaires, élèves des collèges pour la plupart en classe préparatoire à l'apprentissage, le passaient aussi parce que c'était le seul diplôme possible. Dans les territoires d'Outre-Mer, les jeunes étaient encore nombreux à briguer le certificat d'études, et il y fut donc maintenu à titre exceptionnel.
Ainsi,
le certif s’est éteint à l'âge de 107 ans. Il restera cependant longtemps dans la
mémoire collective des Français, mémoire sélective s’il en est, qui loue peut-être un peu trop les vertus de cette école d’autrefois, si lointaine et
pourtant si proche. Jules Ferry avait voulu un examen démocratique, un
Certificat accessible à une majorité d’élèves, il sera en réalité réservé à une
élite. Léon Bourgeois, en 1890, remet en cause la règle des cinq fautes
éliminatoires à la dictée qui favorise les milieux aisés dont la maîtrise du
français est plus sûre. Il demande à ce que le caractère éliminatoire de l’orthographe
soit abandonné, en vain.
Jusqu'en 1900, la proportion des élèves sortant de l'école primaire avec le Certificat d'Etudes est d'environ 25 à 30 %. Cette proportion monte jusqu'à 35 % vers 1920 et atteint 50 % à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Par la suite, l'analyse des chiffres est plus difficile car une proportion non négligeable d'élèves quittent l'école primaire pour rentrer au collège en 6ème et ne se présentent plus à l'examen du certificat, lui préférant le Brevet. Après
1945, l'examen se démocratise
enfin en s'adressant majoritairement à des élèves plus âgés… qui n'auraient
probablement pas été présentés trente ans plus tôt. Car un autre facteur avait
conduit au faible taux de réussite au Certificat, c’était la sélection
organisée par les instituteurs et les institutrices eux-mêmes, mettant un point
d'honneur à ne présenter au certificat d'études que les élèves ayant une forte
chance de réussir, offrant ainsi une image positive aux parents et surtout à l’Inspecteur
Primaire !
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