Le
Tour de la France
Par
deux enfants
Complément
d’enquête…
Le tour de la France par
deux enfants, 1881 (collection musée)
Le
bréviaire républicain de Marguerite Boucanssaud
Edité
pour la première fois en 1877, Le
Tour de la France par deux enfants d’Augustine
Fouillé (alias G. Bruno) fut adopté par toutes les écoles, toutes les familles,
et il fut, pendant longtemps, l’élément de base, voire l’unique élément de la
bibliothèque familiale avec le Petit
Larousse. En dix ans, trois millions d’exemplaires furent vendus. Un quart
de siècle plus tard, les six millions d’exemplaires sont dépassés et, après la
réédition du centenaire (1977), on atteint les huit millions et demi de
volumes. Ce petit livre de lecture courante pour les cours moyens, plus
bréviaire que roman, aussi bien utilisé dans les écoles religieuses que dans
les écoles laïques, aussitôt marqué du nom de son propriétaire, est devenu un
document d’histoire « collector » !
Le tour de France par deux
enfants, édition 1881 qui servira de support à notre réflexion (collection
musée)
Dans un précédent article,
nous avions vu le contexte dans lequel ce manuel fut édité et le mystère qui
entoura son auteur (1). G. Bruno ou plutôt Augustine Fouillé, la véritable auteure,
afficha ses objectifs dès la première page : son manuel se voulait un
ouvrage distrayant, instructif et édifiant. La conception du livre, le
déroulement de son histoire devait exciter la curiosité des enfants en leur
montrant les différents visages de la France (et de ses colonies), ce qui n’est
pas sans rappeler le périple des compagnons du devoir qui passaient de province
en province, et de « maître » en « maître », dans
l’apprentissage de leur métier.
Le
décor est planté…
… Mais
l’idéologie n’est pas loin. Les deux protagonistes de l’histoire sont déjà
orphelins de leur mère et vont bientôt perdre leur père. Ce dernier,
« brave charpentier », est blessé durant le siège de Phalsbourg en
voulant sauver un enfant lors d’un incendie. C’est la défaite de 1871, la France
perd l’Alsace-Lorraine et la famille perd sa patrie. A leur père mourant, André
fait une promesse de protection de son frère Julien et de fidélité à la
France :
Edition
1881 (collection musée)
Les
enfants choisiraient donc la France et partiraient en exil, à l’instar de
60 000 Alsaciens-lorrains dont une
majorité s’installa en Algérie, nouvelle terre promise. A la veille de la
Première Guerre mondiale, 25 % de la population avait quitté les provinces
germanisées. Enfants mineurs, André et Julien ne purent faire ce choix ;
ils furent contraints de quitter Phalsbourg dans la clandestinité et de
rechercher le frère de leur père, devenu leur tuteur, sans qu’ils ne sachent
réellement où il se trouvait en France.
Outre
l’émotion qu’inspirent ces courageux fugitifs, victimes de l’Allemagne,
l’auteure veut, à travers cet affect, instruire les lecteurs en leur proposant de s’évader vers d’autres
contrées qu’ils ne verraient jamais, hormis le grand voyage des conscrits vers
leur caserne. Alors que Julien et André doivent « conquérir par leur courage et leur volonté persistante » la
patrie tant désirée, les écoliers, eux, devraient se réjouir de déjà y
appartenir.
Les
deux frères entreprirent donc leur tour de la France dans la tradition des
compagnons, dans le sens des aiguilles d’une montre, d’est en ouest, utilisant
tous les moyens de transports du plus modeste (à pied) au plus moderne (le
chemin de fer).
Le
chemin de fer, édition 1881, page 174 (collection musée)
Paquebot
à vapeur, édition 1881, page 187 (collection musée)
Belle
occasion, au passage, de glorifier aux yeux des enfants, l’industrie française
naissante. Tous les lieux ne seront pas visités, mais d’opportunes découvertes
permettront de faire des escales imaginaires : par exemple, la visite au
Jardin des Plantes et la découverte de la flore et des animaux exotiques,
agrémentée d’un commentaire savoureux de l’époque, à l’écho colonialiste :
« nous empruntons aux pays étrangers
leurs richesses pour en embellir la patrie ».
La
description des races, édition 1881, page 188 (collection musée)
Au
Jardin des Plantes, édition 1881, page 295 (collection musée)
Le
passage des enfants à Albi est aussi teinté d’exotisme avec l’évocation de La
Pérouse et de ses explorations extraordinaires, de quoi effrayer les enfants
pour longtemps à la vue d’indigènes !
La
Pérouse, édition 1881, page 204 (collection musée)
Sauvages
de l’Océanie, édition 1881, page 205 (collection musée)
La
priorité est nettement accordée à la géographie, le fil rouge de l’ouvrage,
mais chaque contrée traversée est prétexte aussi à rappeler « les grands
hommes » et les « grands monuments » qui fondèrent la chère
patrie, ne respectant pas la chronologie. Ce sont les gloires nationales qui
sont mises en avant (civiles ou militaires) qui contribuèrent à la grandeur de
la France. On pense que la mémoire s’attache mieux aux lieux qu’aux dates, sauf
pour 1870, date qui sera retenue pour débuter l’unification de la patrie, cette
patrie que l’écolier ne devra jamais quitter des yeux.
La
traversée des Vosges, édition 1881, page 16 (collection musée)
Le
périple durera six ans. Les deux frères partent en 1871 et l’histoire se
termine en 1877, année de parution du livre. Une fin toute provisoire…
Le
départ, édition 1881, page 5 (collection musée)
Le
départ, édition 1881, page 9 (collection musée)
Un paradoxe
Curieusement,
cet ouvrage républicain, écrit par une auteure assurément républicaine, n’utilise
pas le mot « République » et multiplie les références à
« Dieu » ! Rien d’étonnant en réalité.
La
visite de Versailles, édition 1881, page 297 (collection musée)
Julien
et André font une courte halte à Versailles et aperçoivent furtivement la
Chambre des députés et le Sénat. La fragile Troisième République fut votée à
une voix de majorité le 4 septembre 1870, trois jours après la défaite, par une
assemblée plutôt monarchiste et bonapartiste qui préféra s’installer à
Versailles (d’où le nom de Versaillais) plutôt qu’à Paris, ville « séditieuse ».
Il faudra attendre neuf ans pour voir une majorité républicaine à l’Assemblée nationale. Augustine Fouillé écrit donc son livre durant les années précédant
1877 (date de la première édition) qui verront une jeune République bien
menacée. Dès sa constitution (à l’injonction des autorités allemandes),
l’assemblée eut à ratifier l’occupation par les troupes ennemies jusqu’à
paiement de l’énorme indemnité de guerre, et surtout, à écraser le soulèvement
révolutionnaire de la Commune de Paris (18 mars-28 mai 1871). En 1873, un
général royaliste, vaincu lors de la guerre de 70, fut nommé à la tête de
l’exécutif : « Le nouveau
président impose alors un prétendu «ordre moral» marqué par la lutte contre les
idées socialistes et même républicaines, par de tapageuses manifestations
catholiques et la volonté de préparer une restauration monarchique. Votées en
1875, les lois constitutionnelles pourraient parfaitement convenir à une
royauté parlementaire. Il suffirait de remplacer le président, élu pour sept
ans, par un descendant de Louis XVI ou de Louis-Philippe. Comme la majorité des
élus, Mac-Mahon se prêterait volontiers au transfert. Le terme même de
République ne s’est introduit que par surprise, à l’occasion d’un amendement, pour
qualifier le chef de l’État. Pourtant, cette République destinée à céder la
place à une monarchie se consolide peu à peu et triomphe de multiples crises et
scandales, pour ne prendre fin qu’avec la Seconde Guerre mondiale. Le régime
n’effraye plus les possédants gros et petits. En fusillant et en déportant les
communards, en envoyant la troupe contre les grévistes, la nouvelle République
a montré son souci de défendre la propriété sacrée et l’ordre bourgeois. Aux
élections de 1876, si le Sénat demeure conservateur, plus des deux tiers des
députés se disent républicains. Une dissolution des Chambres, décrétée l’année
suivante, ne fait que conforter cette victoire républicaine. Le général
président Mac Mahon se «soumet» avant de se «démettre» en 1879. Jules Grévy, un
républicain modéré, lui succède. La République peut enfin se déclarer
républicaine. » Guy Citerne, in
A l’école de la république, 1993.
La
visite de Versailles, édition 1906, page 287 (collection musée)
Les
multiples éditions du Tour de France, à partir de 1877, ne parleront donc pas
de République, afin de ne pas froisser la grande majorité des lecteurs qui
restent traditionnalistes, surtout dans les campagnes : dans la France
bien-pensante, l’acceptation et la longévité d’un manuel scolaire dépend de sa
neutralité politique et de sa capacité à écarter ce qui divise au profit de ce
qui unit. Il faudra attendre la version remaniée de 1906 pour voir cité le
« Président de la République » et, neutralité religieuse oblige, à la
suite des lois de 1904 (Emile Combes) et 1905 (Aristide Briand), pour voir
disparaître les références à Dieu, le manuel scolaire s’adapte et se laïcise.
Francinet,
édition 1875
Si
notre manuel s’est toujours adapté à la « modernité » pour survivre,
l’auteure, quant à elle, resta dans la clandestinité. Malgré l’évolution des
mœurs, toutes les rééditions continuèrent à paraître sous le pseudonyme de
Giordano Bruno, « Lauréat de l’Académie française, auteur de Francinet », jusqu’à nos jours et
la dernière édition de 2012 (épuisée !). Francinet fut le premier livre d’Augustine Fouillé-Giordano, publié
en 1869 et annonciateur du Tour de la France 8 ans plus tard. Elle publia
ensuite une demi-douzaine de manuels scolaires parmi lesquels : Les Enfants de Marcel (1883) dont les
petits héros édifient une ferme en Algérie baptisée « petite Alsace »
en souvenir des nombreux expatriés partis là-bas ou encore Le Tour de l’Europe pendant la guerre
(1915). Bien que tous de même inspiration, aucun ne remportera le succès du
Tour de la France par deux enfants…
Les
Enfants de Marcel, édition 1888
Le
Tour de l’Europe Pendant la Guerre, édition 1917
Un manuel adapté aux lois
scolaires de Jules Ferry
Les
lois scolaires instaurent l’école obligatoire, laïque et gratuite à partir de
1882, cinq ans après la première édition du Tour de la France. Les matières
d’enseignement y sont clairement définies : français, calcul, histoire,
géographie, sciences naturelles, instruction civique, économie domestique
hygiène, agriculture… toutes exigences auxquelles répond le manuel d’Augustine
Fouillé, hormis le calcul. Le Tour de
France respecte l’esprit républicain insufflé par Jules Ferry, mais
maintient les devoirs envers Dieu… auquel les deux frères font souvent
référence. Le manuel du parfait citoyen en somme, si on en croit l’auteure dans
sa préface destinée aux maîtres :
Préface,
édition 1881 (collection musée)
Quid de la laïcité ?
En
elle, chaque chose porte son contraire, pour preuve : Jules Ferry avait
refusé que soit introduite cette notion de « devoirs envers Dieu »
dans sa loi de 1882 sur l’obligation scolaire et la laïcité des écoles
primaires publiques, mais il laissa le Conseil supérieur de l’Instruction
publique en faire autrement. Soit dit en passant, comme le fait remarquer
Claude Lelièvre (Le nom de Dieu à l’école
laïque, 2015), ce Conseil était « composé
surtout d’universitaires spiritualistes - donc déistes – à l’image de ce qu’étaient
alors la plupart des enseignants de l’Ecole publique ». Les Devoirs
envers Dieu apparaissent donc au titre de la morale :
« Devoirs envers
Dieu. L'instituteur n'est pas chargé de faire un cours ex professo
sur la notion et les attributs de Dieu ; l'enseignement qu'il doit donner
à tous indistinctement se borne à deux points. D'abord, il leur apprend à ne pas prononcer légèrement le nom de Dieu ;
il associe étroitement dans leur esprit à l'idée de la Cause première et de
l'Etre parfait un sentiment
de respect et de vénération ; et il habitue chacun d'eux à environner du même respect cette
notion de Dieu, alors même qu'elle se présenterait à lui sous des formes
différentes de celles de sa propre religion. Ensuite, et sans
s'occuper des prescriptions spéciales aux diverses communions, l'instituteur
s'attache à faire comprendre et sentir à l'enfant que le premier hommage qu'il
doit à la divinité, c'est l'obéissance aux lois de Dieu telles que les lui
révèlent sa conscience et sa raison ».
Texte réglementaire publié
le 27 juillet 1882.
En 1901, la Ligue de
l’enseignement propose, en vain, la suppression de cet enseignement, contrée
par Ferdinand Buisson qui en fut l’un des rédacteurs. C’est Paul Lapie,
directeur de l’enseignement primaire, qui faillit y mettre un terme dans les
programmes de juin 1923, à l’insu de son ministre Léon Bérard. Cependant, ce
dernier rétablit « les devoirs » en juin de la même année !
Contrairement à la croyance populaire sur les vertus laïques de l’école
publique, la présence de l’enseignement des Devoirs envers Dieu dans les
programmes, bien que discrète, n’aura pas d’interruption pendant plus de 60
ans.
La question resurgit sous le
Régime de Vichy. Jacques Chevalier, filleul du maréchal Pétain et Secrétaire
d’Etat à l’Education nationale, sort les Devoirs envers Dieu de leur torpeur
dans les programmes du cours supérieur. Jérôme Carcopino, son successeur au
ministère, trouvera une dénomination plus évasive en mars 1941 :
« les valeurs spirituelles, la Patrie, la civilisation chrétienne ».
La Libération mettra fin à toute référence aux Devoirs envers Dieu,
définitivement. Etonnant que l’école républicaine ait pu inscrire cet
enseignement dans ses programmes aussi longtemps, sans problème ni états d’âme,
« sidérant » même, comme
l’écrit Claude Lelièvre !
Tour de France, pages 84 et
85, édition 1881 (collection musée)
Tour de France, page 87,
édition 1881 (collection musée)
Même si les Devoirs
envers Dieu mettront un certain temps à disparaître des programmes, l’article 1er
de la loi du 7 juillet 1904 (dite loi Combes) porte un coup final aux
congrégations enseignantes : « L’enseignement
de tout ordre et de toute nature est interdit en France aux
congréganistes. » L’enseignement est donc retiré aux sœurs et aux
frères des écoles chrétiennes qui, à l’époque exerçaient dans deux classes sur
cinq, sans diplôme garantissant leur compétence (3). La loi sur la séparation
de l’Eglise et de l’Etat du 9 décembre 1905 ouvrira d’autres horizons :
l’instituteur laïc sera débarrassé de la tutelle du prêtre, il n’enseignera ni
le catéchisme, ni l’Histoire sainte et décrochera le crucifix de sa classe
désormais interdit. La leçon de morale remplacera la prière par laquelle
commençait et finissait la journée scolaire.
L’édition
1906 : le toilettage
Etude
comparée édition 1881 et édition 1906
Dès sa préface, Augustine
Fouillé fait disparaître tout rappel à la religion.
Conclusion de la préface, édition 1881 (collection musée)
Conclusion de la préface,
édition 1906 (collection musée)
De la même manière, la page
87 de l’édition 1881 (citée plus haut) subit des transformations importantes,
ramenant la vision religieuse à une vision toute républicaine.
L’extase devant le Mont
Blanc, page 87, édition 1906 (collection musée)
On notera aussi la
disparition des références à Notre-Dame de Paris, de Reims, de Marseille et de
Chartres, à la « Grande Chartreuse,
située dans un site superbe et où on vend la liqueur du même nom »,
inconcevable pour la laïcité, mais aussi pour la lutte contre l’alcoolisme que
l’école avait engagée dès le début du siècle.
Aucune trace de religion
n’est épargnée, à l’image de cet intérieur d’une ferme jurassienne dans
l’édition de 1881 qui verra son crucifix disparaître alors que les
lampes à pétrole, plus modernes, illumineront la scène. En fait, nous ne sommes
pas sûrs que le crucifix ait disparu, un rideau est symboliquement tiré sur lui
et la religion qu’il représente, cette dernière devant rester de l’ordre du privé.
Le travail du soir dans une
ferme du Jura, édition 1881, page 82 (collection musée)
Le travail du soir dans une
ferme du Jura, édition 1906, page 82 (collection musée)
En comparant les deux
éditions, on notera de nombreuses rectifications au fil des pages.
Comparaison des pages 6 et 7
des deux éditions (collection musée)
Comparaison des pages 8 et 9
des deux éditions (collection musée)
Comparaison de la page 10
des deux éditions (collection musée)
Comparaison de la page 12
des deux éditions (collection musée)
Comparaison de la page 15
des deux éditions (collection musée)
Comparaison des pages 186 et
182 des deux éditions (collection musée)
Comparaison des pages 276 et
270 des deux éditions (collection musée)
Comparaison des pages
106-107 des deux éditions (collection musée)
Comparaison des pages 22-23
des deux éditions (collection musée)
Nous arrêterons là ce
comparatif. La République a triomphé du cléricalisme en séparant l’Eglise de
l’Etat tout en assurant la liberté de conscience et la pratique d’une religion
dans la loi : « elle [la République] ne reconnaît, ni ne salarie, ni ne subventionne aucun culte ».
Dieu, ses lieux de cultes, ses prêtres et ses saints disparaissent des manuels
à l’instar du tour de la France, dans des écoles devenues laïques.
Edition 1881 (collection
musée)
Edition 1906 (collection
musée)
« Par
ailleurs, plus intéressantes que les suppressions sont les substitutions
opérées dans l’édition de 1906. L’élan religieux devient élan fraternel, la
prière se transforme en serment, la solidarité évince la charité, le
patriotisme remplace la ferveur religieuse. Enfin, demeurent exaltés les mêmes
principes moraux, qui transcendent les individus en faveur de leurs frères
humains ou de la mère patrie, et les incitent à faire le bien, à accomplir leur
travail rédempteur et à se résigner. A l’instar de l’Église, la République a
ses commandements - guère différents -, ses temples, ses prêtres, ses
catéchismes, ses hymnes, ses fêtes, ses symboles et ses saints. En 1914,
viendront s’ajouter les martyrs. » Guy
Citerne, A
l’Ecole de la République, 1993.
L’édition
1906 : en route vers le progrès
En guise de conclusion,
plusieurs remarques s’imposent. Une génération sépare les deux éditions, mais
une véritable révolution des sciences et des techniques s’est opérée. La
galerie des grands hommes est désormais consacrée aux savants et à leurs
inventions.
Edition de 1906 (collection
musée)
Pour la première fois, la
Troisième République est nommée dans le manuel qui reconnaît ses bienfaits dans
sa lutte sanitaire (hygiène, lutte contre l’alcoolisme), mais aussi ceux de la colonisation…
Edition de 1906 (collection
musée)
A la veille d’un conflit
dont personne ne doute, si ce n’est qu’il sera mondial, un autre visage du
progrès est évoqué dans le Tour de la France, celui des engins militaires, face
sombre de l’utilisation des techniques modernes.
Edition de 1906 (collection
musée)
On peut s’interroger sur la
manière dont ces évolutions techniques étaient perçues par des écoliers issus,
en grande majorité, d’un milieu rural, avec pour tout horizon la ferme et un
village n’accueillant aucun bienfait de ce progrès. Tout cela n’était qu’un
lointain et extraordinaire récit que l’on se racontait autour d’une simple
lampe à pétrole ou auprès d’un grand poêle. A l’instar de notre Marguerite
Boucansaud de Saint-Romain-sous-Gourdon, qu’avaient-ils à faire de cette fée
électricité qui faisait se mouvoir ascenseurs et tramways ? De ces dirigeables
et de ces sous-marins ? De ce cinématographe, de ce télégraphe sans fil,
de ce téléphone, de ce phonographe (tous ces objets réservés aux citadins
aisés) dont ils ne verraient probablement pas la trace avant une, voire deux générations ?
Une population trop rurale
en somme. Mais viendra La Grande Guerre qui, à sa manière, commencera de régler
ce problème de surpopulation des campagnes...
Sources :
-
Musée de la Maison d’Ecole, étude comparative
Le Tour de la France par deux enfants,
éditions 1881 et 1906 par P. Pluchot, 2023.
-
Fonds Gillot, étude comparative Le Tour de la France par deux enfants,
éditions 1881 et 1983 par Clotilde Gillot, 1990.
-
Article : A l’Ecole de la République, de Guy Citerne avec la collaboration de
C. Dumond, C. Mazurie, F. Perdrial et leur classe.
-
Numérisations Musée de la Maison d’Ecole,
2023.
Patrick PLUCHOT
(1) :
Voir l’article précédent : Le
Tour de la France, le bréviaire de l’écolier :
https://musee-ecole-montceau-71.blogspot.com/2021/11/augustine-tuillerie-alias-g-bruno.html#more
(2) : Voir l’article du
blog (Chevalier et Carcopino cités) : Regard sur l’école
de Vichy, juin 1940-septembre 1945 :
https://musee-ecole-montceau-71.blogspot.com/2018/06/lecole-sous-vichy.html#more
(3) :
Voir l’article du blog sur la lettre d’obédience :
(4) : Les
deux illustrateurs du Tour de la France par deux enfants : Pérot et notre
ami Georges Dascher qui a été l’objet de nombreux articles dans notre blog
(rechercher : « Les
illustrations de Georges Dascher »)
Le Tour de la France par deux enfants
Auteur : G. Bruno (alias Augustine Fouillée, née
Tuillerie)
Editions : Belin
Année de 1e édition : 1877
Edition augmentée de 8 chapitres en 1905
Nombre de pages : 312 à l'origine et 322 dans
l'édition augmentée
Pérot est l'unique illustrateur de l'édition
d'origine. Les illustrations de Dascher apparaissent uniquement dans la
nouvelle édition augmentée de 1905. Nombre
d'illustrations : 221 de Pérot, le reste de Dascher en 1905.
Illustrations de Dascher :
Cette
dernière illustration de Dascher (1905) fait suite à la version confessionnelle
de Pérot (1877). Outre la disparition du crucifix, on note l’introduction par
Dascher de deux personnages : un assistant à la table de l’horloger et une
jeune femme qui brode près de la tisseuse, les fermiers auraient-ils eu des
enfants ? Toujours est-il que les hommes ont évolué vers l’artisanat en
abandonnant leur couvre-chef campagnard… restent les deux baluchons
pratiquement identiques.
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