jeudi 15 juin 2023

Le Tour de la France par deux enfants

 

Le Tour de la France

Par deux enfants

Complément d’enquête…

Le tour de la France par deux enfants, 1881 (collection musée)

Le bréviaire républicain de Marguerite Boucanssaud

Edité pour la première fois en 1877, Le Tour de la France par deux enfants d’Augustine Fouillé (alias G. Bruno) fut adopté par toutes les écoles, toutes les familles, et il fut, pendant longtemps, l’élément de base, voire l’unique élément de la bibliothèque familiale avec le Petit Larousse. En dix ans, trois millions d’exemplaires furent vendus. Un quart de siècle plus tard, les six millions d’exemplaires sont dépassés et, après la réédition du centenaire (1977), on atteint les huit millions et demi de volumes. Ce petit livre de lecture courante pour les cours moyens, plus bréviaire que roman, aussi bien utilisé dans les écoles religieuses que dans les écoles laïques, aussitôt marqué du nom de son propriétaire, est devenu un document d’histoire « collector » !



Le tour de France par deux enfants, édition 1881 qui servira de support à notre réflexion (collection musée)

 

Dans un précédent article, nous avions vu le contexte dans lequel ce manuel fut édité et le mystère qui entoura son auteur (1). G. Bruno ou plutôt Augustine Fouillé, la véritable auteure, afficha ses objectifs dès la première page : son manuel se voulait un ouvrage distrayant, instructif et édifiant. La conception du livre, le déroulement de son histoire devait exciter la curiosité des enfants en leur montrant les différents visages de la France (et de ses colonies), ce qui n’est pas sans rappeler le périple des compagnons du devoir qui passaient de province en province, et de « maître » en « maître », dans l’apprentissage de leur métier.

Le décor est planté…

… Mais l’idéologie n’est pas loin. Les deux protagonistes de l’histoire sont déjà orphelins de leur mère et vont bientôt perdre leur père. Ce dernier, « brave charpentier », est blessé durant le siège de Phalsbourg en voulant sauver un enfant lors d’un incendie. C’est la défaite de 1871, la France perd l’Alsace-Lorraine et la famille perd sa patrie. A leur père mourant, André fait une promesse de protection de son frère Julien et de fidélité à la France :


Edition 1881 (collection musée)

Les enfants choisiraient donc la France et partiraient en exil, à l’instar de 60 000  Alsaciens-lorrains dont une majorité s’installa en Algérie, nouvelle terre promise. A la veille de la Première Guerre mondiale, 25 % de la population avait quitté les provinces germanisées. Enfants mineurs, André et Julien ne purent faire ce choix ; ils furent contraints de quitter Phalsbourg dans la clandestinité et de rechercher le frère de leur père, devenu leur tuteur, sans qu’ils ne sachent réellement où il se trouvait en France.

Outre l’émotion qu’inspirent ces courageux fugitifs, victimes de l’Allemagne, l’auteure veut, à travers cet affect, instruire les lecteurs en leur proposant de s’évader vers d’autres contrées qu’ils ne verraient jamais, hormis le grand voyage des conscrits vers leur caserne. Alors que Julien et André doivent « conquérir par leur courage et leur volonté persistante » la patrie tant désirée, les écoliers, eux, devraient se réjouir de déjà y appartenir.

Les deux frères entreprirent donc leur tour de la France dans la tradition des compagnons, dans le sens des aiguilles d’une montre, d’est en ouest, utilisant tous les moyens de transports du plus modeste (à pied) au plus moderne (le chemin de fer).


Le chemin de fer, édition 1881, page 174 (collection musée)


Paquebot à vapeur, édition 1881, page 187 (collection musée)

Belle occasion, au passage, de glorifier aux yeux des enfants, l’industrie française naissante. Tous les lieux ne seront pas visités, mais d’opportunes découvertes permettront de faire des escales imaginaires : par exemple, la visite au Jardin des Plantes et la découverte de la flore et des animaux exotiques, agrémentée d’un commentaire savoureux de l’époque, à l’écho colonialiste : « nous empruntons aux pays étrangers leurs richesses pour en embellir la patrie ».


La description des races, édition 1881, page 188 (collection musée)


Au Jardin des Plantes, édition 1881, page 295 (collection musée)

Le passage des enfants à Albi est aussi teinté d’exotisme avec l’évocation de La Pérouse et de ses explorations extraordinaires, de quoi effrayer les enfants pour longtemps à la vue d’indigènes !


La Pérouse, édition 1881, page 204 (collection musée)


Sauvages de l’Océanie, édition 1881, page 205 (collection musée)

La priorité est nettement accordée à la géographie, le fil rouge de l’ouvrage, mais chaque contrée traversée est prétexte aussi à rappeler « les grands hommes » et les « grands monuments » qui fondèrent la chère patrie, ne respectant pas la chronologie. Ce sont les gloires nationales qui sont mises en avant (civiles ou militaires) qui contribuèrent à la grandeur de la France. On pense que la mémoire s’attache mieux aux lieux qu’aux dates, sauf pour 1870, date qui sera retenue pour débuter l’unification de la patrie, cette patrie que l’écolier ne devra jamais quitter des yeux.


La traversée des Vosges, édition 1881, page 16 (collection musée)

Le périple durera six ans. Les deux frères partent en 1871 et l’histoire se termine en 1877, année de parution du livre. Une fin toute provisoire…


Le départ, édition 1881, page 5 (collection musée)


Le départ, édition 1881, page 9 (collection musée)

Un paradoxe

Curieusement, cet ouvrage républicain, écrit par une auteure assurément républicaine, n’utilise pas le mot « République » et multiplie les références à « Dieu » ! Rien d’étonnant en réalité.


La visite de Versailles, édition 1881, page 297 (collection musée)

Julien et André font une courte halte à Versailles et aperçoivent furtivement la Chambre des députés et le Sénat. La fragile Troisième République fut votée à une voix de majorité le 4 septembre 1870, trois jours après la défaite, par une assemblée plutôt monarchiste et bonapartiste qui préféra s’installer à Versailles (d’où le nom de Versaillais) plutôt qu’à Paris, ville « séditieuse ». Il faudra attendre neuf ans pour voir une majorité républicaine à l’Assemblée nationale. Augustine Fouillé écrit donc son livre durant les années précédant 1877 (date de la première édition) qui verront une jeune République bien menacée. Dès sa constitution (à l’injonction des autorités allemandes), l’assemblée eut à ratifier l’occupation par les troupes ennemies jusqu’à paiement de l’énorme indemnité de guerre, et surtout, à écraser le soulèvement révolutionnaire de la Commune de Paris (18 mars-28 mai 1871). En 1873, un général royaliste, vaincu lors de la guerre de 70, fut nommé à la tête de l’exécutif : « Le nouveau président impose alors un prétendu «ordre moral» marqué par la lutte contre les idées socialistes et même républicaines, par de tapageuses manifestations catholiques et la volonté de préparer une restauration monarchique. Votées en 1875, les lois constitutionnelles pourraient parfaitement convenir à une royauté parlementaire. Il suffirait de remplacer le président, élu pour sept ans, par un descendant de Louis XVI ou de Louis-Philippe. Comme la majorité des élus, Mac-Mahon se prêterait volontiers au transfert. Le terme même de République ne s’est introduit que par surprise, à l’occasion d’un amendement, pour qualifier le chef de l’État. Pourtant, cette République destinée à céder la place à une monarchie se consolide peu à peu et triomphe de multiples crises et scandales, pour ne prendre fin qu’avec la Seconde Guerre mondiale. Le régime n’effraye plus les possédants gros et petits. En fusillant et en déportant les communards, en envoyant la troupe contre les grévistes, la nouvelle République a montré son souci de défendre la propriété sacrée et l’ordre bourgeois. Aux élections de 1876, si le Sénat demeure conservateur, plus des deux tiers des députés se disent républicains. Une dissolution des Chambres, décrétée l’année suivante, ne fait que conforter cette victoire républicaine. Le général président Mac Mahon se «soumet» avant de se «démettre» en 1879. Jules Grévy, un républicain modéré, lui succède. La République peut enfin se déclarer républicaine. » Guy Citerne, in A l’école de la république, 1993.


La visite de Versailles, édition 1906, page 287 (collection musée)

Les multiples éditions du Tour de France, à partir de 1877, ne parleront donc pas de République, afin de ne pas froisser la grande majorité des lecteurs qui restent traditionnalistes, surtout dans les campagnes : dans la France bien-pensante, l’acceptation et la longévité d’un manuel scolaire dépend de sa neutralité politique et de sa capacité à écarter ce qui divise au profit de ce qui unit. Il faudra attendre la version remaniée de 1906 pour voir cité le « Président de la République » et, neutralité religieuse oblige, à la suite des lois de 1904 (Emile Combes) et 1905 (Aristide Briand), pour voir disparaître les références à Dieu, le manuel scolaire s’adapte et se laïcise.


Francinet, édition 1875

Si notre manuel s’est toujours adapté à la « modernité » pour survivre, l’auteure, quant à elle, resta dans la clandestinité. Malgré l’évolution des mœurs, toutes les rééditions continuèrent à paraître sous le pseudonyme de Giordano Bruno, « Lauréat de l’Académie française, auteur de Francinet », jusqu’à nos jours et la dernière édition de 2012 (épuisée !). Francinet fut le premier livre d’Augustine Fouillé-Giordano, publié en 1869 et annonciateur du Tour de la France 8 ans plus tard. Elle publia ensuite une demi-douzaine de manuels scolaires parmi lesquels : Les Enfants de Marcel (1883) dont les petits héros édifient une ferme en Algérie baptisée « petite Alsace » en souvenir des nombreux expatriés partis là-bas ou encore Le Tour de l’Europe pendant la guerre (1915). Bien que tous de même inspiration, aucun ne remportera le succès du Tour de la France par deux enfants…


Les Enfants de Marcel, édition 1888


Le Tour de l’Europe Pendant la Guerre, édition 1917

Un manuel adapté aux lois scolaires de Jules Ferry

Les lois scolaires instaurent l’école obligatoire, laïque et gratuite à partir de 1882, cinq ans après la première édition du Tour de la France. Les matières d’enseignement y sont clairement définies : français, calcul, histoire, géographie, sciences naturelles, instruction civique, économie domestique hygiène, agriculture… toutes exigences auxquelles répond le manuel d’Augustine Fouillé, hormis le calcul. Le Tour de France respecte l’esprit républicain insufflé par Jules Ferry, mais maintient les devoirs envers Dieu… auquel les deux frères font souvent référence. Le manuel du parfait citoyen en somme, si on en croit l’auteure dans sa préface destinée aux maîtres :





Préface, édition 1881 (collection musée)

Quid de la laïcité ?

En elle, chaque chose porte son contraire, pour preuve : Jules Ferry avait refusé que soit introduite cette notion de « devoirs envers Dieu » dans sa loi de 1882 sur l’obligation scolaire et la laïcité des écoles primaires publiques, mais il laissa le Conseil supérieur de l’Instruction publique en faire autrement. Soit dit en passant, comme le fait remarquer Claude Lelièvre (Le nom de Dieu à l’école laïque, 2015), ce Conseil était « composé surtout d’universitaires spiritualistes - donc déistes – à l’image de ce qu’étaient alors la plupart des enseignants de l’Ecole publique ». Les Devoirs envers Dieu  apparaissent donc au titre de la morale :

« Devoirs envers Dieu. L'instituteur n'est pas chargé de faire un cours ex professo sur la notion et les attributs de Dieu ; l'enseignement qu'il doit donner à tous indistinctement se borne à deux points. D'abord, il leur apprend à ne pas prononcer légèrement le nom de Dieu ; il associe étroitement dans leur esprit à l'idée de la Cause première et de l'Etre parfait un sentiment de respect et de vénération ; et il habitue chacun d'eux à environner du même respect cette notion de Dieu, alors même qu'elle se présenterait à lui sous des formes différentes de celles de sa propre religion. Ensuite, et sans s'occuper des prescriptions spéciales aux diverses communions, l'instituteur s'attache à faire comprendre et sentir à l'enfant que le premier hommage qu'il doit à la divinité, c'est l'obéissance aux lois de Dieu telles que les lui révèlent sa conscience et sa raison ». Texte réglementaire publié le 27 juillet 1882.

En 1901, la Ligue de l’enseignement propose, en vain, la suppression de cet enseignement, contrée par Ferdinand Buisson qui en fut l’un des rédacteurs. C’est Paul Lapie, directeur de l’enseignement primaire, qui faillit y mettre un terme dans les programmes de juin 1923, à l’insu de son ministre Léon Bérard. Cependant, ce dernier rétablit « les devoirs » en juin de la même année ! Contrairement à la croyance populaire sur les vertus laïques de l’école publique, la présence de l’enseignement des Devoirs envers Dieu dans les programmes, bien que discrète, n’aura pas d’interruption pendant plus de 60 ans. 

La question resurgit sous le Régime de Vichy. Jacques Chevalier, filleul du maréchal Pétain et Secrétaire d’Etat à l’Education nationale, sort les Devoirs envers Dieu de leur torpeur dans les programmes du cours supérieur. Jérôme Carcopino, son successeur au ministère, trouvera une dénomination plus évasive en mars 1941 : « les valeurs spirituelles, la Patrie, la civilisation chrétienne ». La Libération mettra fin à toute référence aux Devoirs envers Dieu, définitivement. Etonnant que l’école républicaine ait pu inscrire cet enseignement dans ses programmes aussi longtemps, sans problème ni états d’âme, « sidérant » même, comme l’écrit Claude Lelièvre !



Tour de France, pages 84 et 85, édition 1881 (collection musée)


Tour de France, page 87, édition 1881 (collection musée)

Même si les Devoirs envers Dieu mettront un certain temps à disparaître des programmes, l’article 1er de la loi du 7 juillet 1904 (dite loi Combes) porte un coup final aux congrégations enseignantes : « L’enseignement de tout ordre et de toute nature est interdit en France aux congréganistes. » L’enseignement est donc retiré aux sœurs et aux frères des écoles chrétiennes qui, à l’époque exerçaient dans deux classes sur cinq, sans diplôme garantissant leur compétence (3). La loi sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat du 9 décembre 1905 ouvrira d’autres horizons : l’instituteur laïc sera débarrassé de la tutelle du prêtre, il n’enseignera ni le catéchisme, ni l’Histoire sainte et décrochera le crucifix de sa classe désormais interdit. La leçon de morale remplacera la prière par laquelle commençait et finissait la journée scolaire.

L’édition 1906 : le toilettage

Etude comparée édition 1881 et édition 1906

Dès sa préface, Augustine Fouillé fait disparaître tout rappel à la religion.


Conclusion de la préface, édition 1881 (collection musée)

Conclusion de la préface, édition 1906 (collection musée)

De la même manière, la page 87 de l’édition 1881 (citée plus haut) subit des transformations importantes, ramenant la vision religieuse à une vision toute républicaine.




L’extase devant le Mont Blanc, page 87, édition 1906 (collection musée)

On notera aussi la disparition des références à Notre-Dame de Paris, de Reims, de Marseille et de Chartres, à la « Grande Chartreuse, située dans un site superbe et où on vend la liqueur du même nom », inconcevable pour la laïcité, mais aussi pour la lutte contre l’alcoolisme que l’école avait engagée dès le début du siècle.

Aucune trace de religion n’est épargnée, à l’image de cet intérieur d’une ferme jurassienne dans l’édition de 1881 qui verra son crucifix disparaître alors que les lampes à pétrole, plus modernes, illumineront la scène. En fait, nous ne sommes pas sûrs que le crucifix ait disparu, un rideau est symboliquement tiré sur lui et la religion qu’il représente, cette dernière devant  rester de l’ordre du privé. (4)


Le travail du soir dans une ferme du Jura, édition 1881, page 82 (collection musée)


Le travail du soir dans une ferme du Jura, édition 1906, page 82 (collection musée)

En comparant les deux éditions, on notera de nombreuses rectifications au fil des pages.



Comparaison des pages 6 et 7 des deux éditions (collection musée)



Comparaison des pages 8 et 9 des deux éditions (collection musée)



Comparaison de la page 10 des deux éditions (collection musée)



Comparaison de la page 12 des deux éditions (collection musée)



Comparaison de la page 15 des deux éditions (collection musée)



Comparaison des pages 186 et 182 des deux éditions (collection musée)



Comparaison des pages 276 et 270 des deux éditions (collection musée)



Comparaison des pages 106-107 des deux éditions (collection musée)



Comparaison des pages 22-23 des deux éditions (collection musée)

Nous arrêterons là ce comparatif. La République a triomphé du cléricalisme en séparant l’Eglise de l’Etat tout en assurant la liberté de conscience et la pratique d’une religion dans la loi : « elle [la République] ne reconnaît, ni ne salarie, ni ne subventionne aucun culte ». Dieu, ses lieux de cultes, ses prêtres et ses saints disparaissent des manuels à l’instar du tour de la France, dans des écoles devenues laïques.


Edition 1881 (collection musée)


Edition 1906 (collection musée)

« Par ailleurs, plus intéressantes que les suppressions sont les substitutions opérées dans l’édition de 1906. L’élan religieux devient élan fraternel, la prière se transforme en serment, la solidarité évince la charité, le patriotisme remplace la ferveur religieuse. Enfin, demeurent exaltés les mêmes principes moraux, qui transcendent les individus en faveur de leurs frères humains ou de la mère patrie, et les incitent à faire le bien, à accomplir leur travail rédempteur et à se résigner. A l’instar de l’Église, la République a ses commandements - guère différents -, ses temples, ses prêtres, ses catéchismes, ses hymnes, ses fêtes, ses symboles et ses saints. En 1914, viendront s’ajouter les martyrs. » Guy Citerne, A l’Ecole de la République, 1993.

L’édition 1906 : en route vers le progrès

En guise de conclusion, plusieurs remarques s’imposent. Une génération sépare les deux éditions, mais une véritable révolution des sciences et des techniques s’est opérée. La galerie des grands hommes est désormais consacrée aux savants et à leurs inventions.



Edition de 1906 (collection musée)

Pour la première fois, la Troisième République est nommée dans le manuel qui reconnaît ses bienfaits dans sa lutte sanitaire (hygiène, lutte contre l’alcoolisme), mais aussi ceux de la colonisation…


Edition de 1906 (collection musée)

A la veille d’un conflit dont personne ne doute, si ce n’est qu’il sera mondial, un autre visage du progrès est évoqué dans le Tour de la France, celui des engins militaires, face sombre de l’utilisation des techniques modernes.


Edition de 1906 (collection musée)

On peut s’interroger sur la manière dont ces évolutions techniques étaient perçues par des écoliers issus, en grande majorité, d’un milieu rural, avec pour tout horizon la ferme et un village n’accueillant aucun bienfait de ce progrès. Tout cela n’était qu’un lointain et extraordinaire récit que l’on se racontait autour d’une simple lampe à pétrole ou auprès d’un grand poêle. A l’instar de notre Marguerite Boucansaud de Saint-Romain-sous-Gourdon, qu’avaient-ils à faire de cette fée électricité qui faisait se mouvoir ascenseurs et tramways ? De ces dirigeables et de ces sous-marins ? De ce cinématographe, de ce télégraphe sans fil, de ce téléphone, de ce phonographe (tous ces objets réservés aux citadins aisés) dont ils ne verraient probablement pas la trace avant une, voire deux générations ?

Une population trop rurale en somme. Mais viendra La Grande Guerre qui, à sa manière, commencera de régler ce problème de surpopulation des campagnes...

Sources :

-       Musée de la Maison d’Ecole, étude comparative Le Tour de la France par deux enfants, éditions 1881 et 1906 par P. Pluchot, 2023.

-       Fonds Gillot, étude comparative Le Tour de la France par deux enfants, éditions 1881 et 1983 par Clotilde Gillot, 1990.

-       Article : A l’Ecole de la République, de Guy Citerne avec la collaboration de C. Dumond, C. Mazurie, F. Perdrial et leur classe.

-       Numérisations Musée de la Maison d’Ecole, 2023.

 

Patrick PLUCHOT

 

 

(1) : Voir l’article précédent : Le Tour de la France, le bréviaire de l’écolier :

  https://musee-ecole-montceau-71.blogspot.com/2021/11/augustine-tuillerie-alias-g-bruno.html#more

(2) : Voir l’article du blog (Chevalier et Carcopino cités) : Regard sur l’école de Vichy, juin 1940-septembre 1945 :

https://musee-ecole-montceau-71.blogspot.com/2018/06/lecole-sous-vichy.html#more

(3) : Voir l’article du blog sur la lettre d’obédience :

https://musee-ecole-montceau-71.blogspot.com/2017/11/littera-obedientiales.html#more

(4) : Les deux illustrateurs du Tour de la France par deux enfants : Pérot et notre ami Georges Dascher qui a été l’objet de nombreux articles dans notre blog (rechercher : « Les illustrations de Georges Dascher »)

Le Tour de la France par deux enfants

Auteur : G. Bruno (alias Augustine Fouillée, née Tuillerie)

Editions : Belin

Année de 1e édition : 1877 

Edition augmentée de 8 chapitres en 1905

Nombre de pages : 312 à l'origine et 322 dans l'édition augmentée

Pérot est l'unique illustrateur de l'édition d'origine. Les illustrations de Dascher apparaissent uniquement dans la nouvelle édition augmentée de 1905. Nombre d'illustrations : 221 de Pérot, le reste de Dascher en 1905. 

Illustrations de Dascher :








Cette dernière illustration de Dascher (1905) fait suite à la version confessionnelle de Pérot (1877). Outre la disparition du crucifix, on note l’introduction par Dascher de deux personnages : un assistant à la table de l’horloger et une jeune femme qui brode près de la tisseuse, les fermiers auraient-ils eu des enfants ? Toujours est-il que les hommes ont évolué vers l’artisanat en abandonnant leur couvre-chef campagnard… restent les deux baluchons pratiquement identiques.


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