vendredi 5 septembre 2025

Le texte libre

 

Le texte libre

Selon Célestin Freinet

Texte libre « Camp de vacances des Francas »

« La liberté d’écrire »

Selon Freinet, le texte libre est une technique pédagogique incitant les enfants à écrire selon leur désir propre, libérés des contraintes de sujet, ou de genre imposés par le maître. Il n’a sans doute pas inventé le texte libre, mais il en a fait le symbole de sa liberté pédagogique, portant haut ce désir d’« expression libre » d’une pensée adressée à d’autres pour être lue, discutée, imprimée, voire être diffusée dans le cadre de la coopération ou des journaux scolaires. Cet article propose un recueil de textes libres illustrés, d’une classe de Toulon-sur-Arroux, textes écrits au cours de l’année scolaire 1955-1956. Bonne lecture.

Célestin Freinet

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Célestin Freinet développera l’idée que l’« écriture libre » de l’enfant doit occuper une place centrale dans le travail de la classe, servant de catalyseur à tous les apprentissages. Cette pratique du texte libre fit l’objet de nombreux (et houleux parfois) débats tout au long de la vie de Freinet et même jusqu’à nos jours, mais, à l’examen historique de ces débats, on constate que la matrice qui définit le texte libre est restée intrinsèquement inchangée. Freinet aurait-il théorisé immuablement la pratique du texte libre ? Peut-être…

Dans ses écrits, il explique la place du texte libre dans sa pédagogie et énonce deux conditions : l’élève doit éprouver le besoin d’écrire, et ses productions doivent être vraiment libres et motivées. C’est dans l’application de ce concept que la « révolution » Freinet a trouvé ses plus forts détracteurs : dans la liberté laissée à l’élève face à ses apprentissages. On ne peut forcer un élève à écrire sans qu’il en ait ressenti le besoin, à l’image du petit enfant qui apprend à parler dès qu’il en a ressenti la nécessité. L’écriture ne peut donc être abordée que lors d’activités qui « font sens » mais elle devra évidemment être mobilisée à des fins éducatives : le texte libre est un matériau pédagogique. À nouveau, Freinet aborde un point sensible qui heurte les traditionnalistes, la pratique du texte libre implique que l’élève ait le choix d’écrire ou non, qu’il ait le choix de son sujet, qu’il ait le choix du moment de la rédaction. On parle bien alors de révolution… 

Le texte libre va s’appliquer à différentes activités qui pourront nécessiter l’utilisation de l’imprimerie Freinet : la correspondance avec d’autres classes ou écoles, l’expression de soi, l’édition de journaux ou livrets dans la classe, des exposés  et bien d’autres encore. Freinet propose une approche du texte libre en trois temps, avec un premier temps somme toute plus directif que l’on aurait pu le penser : l’élève expose son projet d’écriture et il doit ensuite écrire son brouillon, que le maître va corriger, avant de procéder lui-même aux rectifications nécessaires et mettre en forme son texte (sur un beau cahier, à l’imprimerie ou désormais à l’ordinateur). 

Toujours selon Freinet, cette démarche se prêtait parfaitement au travail collectif car le projet d’écriture, le contenu du texte, voire la correction et la présentation, pouvaient être discutés en classe et en « coopération », ce qui permettait ainsi à certains élèves, en panne d’inspiration, de trouver des idées ou une place dans un projet commun. De plus, chaque texte pouvait alimenter un recueil de productions consultable dans la bibliothèque de classe ou être joint à la correspondance scolaire ou au journal de classe. Dans un deuxième temps, tous ces textes servaient de base à différents apprentissages, selon la thématique abordée. De plus Freinet préconisa une méthode naturelle de lecture au cours préparatoire qui était basée sur l’étude chaque semaine d’un texte libre, méthode qui se prolongeait au cours élémentaire avec l’utilisation du texte libre en étude de la langue. Plus de manuels ! Paradoxalement, Célestin Freinet dénonçait, au nom de l’esprit critique, « l’idolâtrie de l’écriture imprimée »… tout en faisant du texte imprimé par les élèves le pivot de l’activité scolaire !

Laissons la conclusion à Jean Vial, instituteur, puis professeur, et surtout pédagogue : «  Pour Freinet la parole précède l’écrit, l’élève commence par parler et écrire comme il peut, sur ce qu’il veut dire, sur ce qu’il peut dire, voilà, naissant, le texte libre, ou plutôt le texte libéré. C’est le temps éruptif, le sédimentaire viendra à son heure. » « Quelques réflexions sur la pensée active de Freinet » cité in « Actualité de la pédagogie Freinet », P. Clanché et J. Testanière, 1989.

Le recueil du cours moyen 1ère année de Toulon, 1955-56

On notera que le support utilisé pour le recueil n’est autre qu’un album à vignettes publicitaires d’une grande marque de chocolats, ancêtre des albums contemporains de footballeurs et autres Pokémons. L’économie et la récupération était de mise… D’autre part, au regard des dates, l’album n’a été constitué que l’année scolaire suivante.


Patrick Pluchot

































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