Le texte libre
Selon Célestin Freinet
Texte libre « Camp de vacances des Francas »
« La
liberté d’écrire »
Selon
Freinet, le texte libre est une technique pédagogique incitant les enfants à
écrire selon leur désir propre, libérés des contraintes de sujet, ou de genre
imposés par le maître. Il n’a sans doute pas inventé le texte libre, mais il en
a fait le symbole de sa liberté pédagogique, portant haut ce désir d’« expression
libre » d’une pensée adressée à d’autres pour être lue, discutée, imprimée,
voire être diffusée dans le cadre de la coopération ou des journaux scolaires.
Cet article propose un recueil de textes libres illustrés, d’une classe de
Toulon-sur-Arroux, textes écrits au cours de l’année scolaire 1955-1956. Bonne
lecture.
Célestin Freinet
Revoir les articles du blog
https://musee-ecole-montceau-71.blogspot.com/2019/02/limprimerie-freinet-lecole.html#more
Célestin Freinet développera
l’idée que l’« écriture libre » de l’enfant doit occuper une place
centrale dans le travail de la classe, servant de catalyseur à tous les
apprentissages. Cette pratique du texte libre fit l’objet de nombreux (et
houleux parfois) débats tout au long de la vie de Freinet et même jusqu’à nos
jours, mais, à l’examen historique de ces débats, on constate que la matrice
qui définit le texte libre est restée intrinsèquement inchangée. Freinet aurait-il
théorisé immuablement la pratique du texte libre ? Peut-être…
Dans ses écrits, il explique
la place du texte libre dans sa pédagogie et énonce deux conditions : l’élève
doit éprouver le besoin d’écrire, et ses productions doivent être vraiment
libres et motivées. C’est dans l’application de ce concept que la « révolution »
Freinet a trouvé ses plus forts détracteurs : dans la liberté laissée à l’élève
face à ses apprentissages. On ne peut forcer un élève à écrire sans qu’il en
ait ressenti le besoin, à l’image du petit enfant qui apprend à parler dès qu’il
en a ressenti la nécessité. L’écriture ne peut donc être abordée que lors d’activités
qui « font sens » mais elle devra évidemment être mobilisée à des
fins éducatives : le texte libre est un matériau pédagogique. À nouveau,
Freinet aborde un point sensible qui heurte les traditionnalistes, la pratique
du texte libre implique que l’élève ait le choix d’écrire ou non, qu’il ait le
choix de son sujet, qu’il ait le choix du moment de la rédaction. On parle bien
alors de révolution…
Le texte libre va s’appliquer
à différentes activités qui pourront nécessiter l’utilisation de l’imprimerie
Freinet : la correspondance avec d’autres classes ou écoles, l’expression
de soi, l’édition de journaux ou livrets dans la classe, des exposés et bien d’autres encore. Freinet propose une
approche du texte libre en trois temps, avec un premier temps somme toute plus
directif que l’on aurait pu le penser : l’élève expose son projet d’écriture
et il doit ensuite écrire son brouillon, que le maître va corriger, avant de
procéder lui-même aux rectifications nécessaires et mettre en forme son texte (sur
un beau cahier, à l’imprimerie ou désormais à l’ordinateur).
Toujours selon Freinet, cette
démarche se prêtait parfaitement au travail collectif car le projet d’écriture,
le contenu du texte, voire la correction et la présentation, pouvaient être
discutés en classe et en « coopération », ce qui permettait ainsi à
certains élèves, en panne d’inspiration, de trouver des idées ou une place dans
un projet commun. De plus, chaque texte pouvait alimenter un recueil de productions
consultable dans la bibliothèque de classe ou être joint à la correspondance
scolaire ou au journal de classe. Dans un deuxième temps, tous ces textes servaient
de base à différents apprentissages, selon la thématique abordée. De plus
Freinet préconisa une méthode naturelle de lecture au cours préparatoire qui était
basée sur l’étude chaque semaine d’un texte libre, méthode qui se prolongeait
au cours élémentaire avec l’utilisation du texte libre en étude de la langue.
Plus de manuels ! Paradoxalement, Célestin Freinet dénonçait, au nom de l’esprit
critique, « l’idolâtrie de l’écriture
imprimée »… tout en faisant du texte imprimé par les élèves le pivot
de l’activité scolaire !
Laissons la conclusion à Jean
Vial, instituteur, puis professeur, et surtout pédagogue : «
Pour Freinet la parole précède l’écrit, l’élève commence
par parler et écrire comme il peut, sur ce qu’il veut dire, sur ce qu’il peut
dire, voilà, naissant, le texte libre, ou plutôt le texte libéré. C’est le
temps éruptif, le sédimentaire viendra à son heure. » « Quelques réflexions sur la pensée
active de Freinet » cité in « Actualité de la pédagogie Freinet »,
P. Clanché et J. Testanière, 1989.
Le
recueil du cours moyen 1ère année de Toulon, 1955-56
On notera que le support
utilisé pour le recueil n’est autre qu’un album à vignettes publicitaires d’une
grande marque de chocolats, ancêtre des albums contemporains de footballeurs et
autres Pokémons. L’économie et la récupération était de mise… D’autre part, au
regard des dates, l’album n’a été constitué que l’année scolaire suivante.
Patrick Pluchot
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