vendredi 3 février 2017

De l'utilisation de la gymnastique scolaire dans l'EPS depuis 1970



Les conférences du Musée de la Maison d’Ecole


Paul GOIRAND
 
 

De l’utilisation de la gymnastique scolaire dans l’éducation physique depuis 1970

Conférence de Paul Goirand, Faculté Condorcet au Creusot :
 Le conférencier va nous démontrer dans sa conférence que la gymnastique sportive, « reine des examens » d’éducation physique il y a une quarantaine d’années, n’a plus désormais le même statut, et de ce fait son horaire d’enseignement diminue.
 




Propos :
« Tel est le sujet que les organisateurs ont proposé pour ce soir, dans le cadre d’une série de conférences autour du thème de l’évolution des matières d’enseignement et à l’occasion de l’anniversaire du Musée de la Maison d’Ecole.
Une question de méthode
Réduire le champ étudié
Il faut parler de l’évolution de l’EP à l’école et il faut le faire (pour moi spécialiste de gymnastique) à travers les épreuves obligatoires de la gymnastique au bac. La méthode est acceptable dans la mesure où l’évaluation pilote la pratique plus que les programmes. L’Inspecteur général Pineau ne s’en cachait pas, lui qui en 1983 a fait le forcing pour imposer  les textes de l’épreuve d’EPS au bac avant que les  programmes ne soient rédigés. Comme le sujet me paraissait vaste je l’ai réduit aux épreuves obligatoires pour le bac d’enseignement général (ne seront pas prises en compte les épreuves qui relèvent de l’approfondissement ou des options pas plus que l’enseignement  technique...). L’unité temporelle pour étudier l’évolution des phénomènes étant la décennie et comme par ailleurs on se trouve devant une forêt de textes, j’ai choisi de prendre en référence les textes de 1972, 1983-84, 1988, 1995, 2002-2005.
J’assume les risques de cette limitation du champ étudié dont celui de généraliser trop rapidement. J’accepte de reconnaître que cette analyse devrait être confrontée à d’autres travaux sur d’autres épreuves.
 La méthode inductive en histoire
Est-ce bien sérieux d’étudier un détail (l’épreuve de gym) du dispositif (l’EPS au bac) pour rendre compte de l’évolution de l’EPS scolaire. A quelle condition “ce goût du détail”[1]  peut-il être crédible ? C’est une question de méthode : (déductive illustrative comme au CAPEPS ou inductive). On met de côté momentanément les idées générales, les prescriptions, les revendications. On interroge un aspect très limité du système à partir de questions. Tout l’intérêt du travail est dans le choix des questions qui doivent faire parler les textes, des questions qui tournent autour de préoccupations professionnelles, par exemple :
-  le rapport de l’EPS à la pratique sociale des activités physiques (sportives ou artistiques) ou le rapport de l’EPS au développement de l’élève
-  le rapport de l’EPS à l’école (lieu des apprentissages, endroit où on doit  “rendre raison de toute chose”) Où sont les savoirs en EPS ?
Ces préoccupations professionnelles qui ne sont pas que théoriques s’inscrivent dans une visée générale qui est la démocratisation du système scolaire. La lutte contre l’échec scolaire nous intéresse tout autant que les autres disciplines car il y a de l’échec en EPS [2] .La démarche que j’adopte relève davantage de l’induction plutôt que de la déduction au risque de choquer certains, habitués à illustrer des idées générales par des exemples pris dans la pratique. C’est ce qui est demandé dans les concours de recrutement en EPS, capeps ou agrégation, comme si la pratique n’était que l’application d’options plus théoriques.
Choisir ses sources
 
Quelqu’un a dit un jour : il n’y a pas qu’une seule EPS, il y en a au moins trois :
- la gym des textes officiels et ils sont nombreux (lois, décrets, arrêtés, notes de services, etc.) qui définissent l’épreuve de gymnastique au baccalauréat
-  la gym des discours, des analyses, des commentaires, des études et diplômes universitaires,...
-  la gym de la pratique et c’est la plus difficile à cerner non seulement parce qu’elle plurielle mais parce qu’elle est opaque, insaisissable vraiment. Ce qu’on dit de la pratique n’est qu’un reflet approximatif de la réalité. Là encore il faut citer ses sources et sa méthode d’analyse. Trois figures de l’EPS ! J’essaierai de naviguer entre ces trois registres.
Situer le détail dans des ensembles plus vastes qui lui donnent relief et signification : l’arrière-plan politique et pédagogique. Les textes relatifs à l’organisation de l’épreuve gymnastique au bac de 1972, 1983-84, 1995, 2004-05 sont à lire avec, en arrière-plan, d’autres dates :

- 1967 : les nouvelles instructions officielles pour l’EPS règlent le rapport EP-Sport et établissent une relation culturelle entre les deux secteurs ; l’EP devant dorénavant puiser ses contenus dans ce fait de civilisation qui s’impose dans la société moderne : le sport. C’est ce qui a été appelé le processus de sportivisation de l’éducation physique.
- 1970 : les années 70 marquent une rupture fonctionnelle entre l’EP et le sport de performance ; c’est la période où les responsables sportifs et politiques font le constat que le sport d’élite ne dépend pas directement du sport de masse, donc de l’EP quand bien même serait-elle sportive. La logique de la pyramide coubertinienne ne fonctionne plus. Déniée dans son utilité sociale de production des élites, l’EPS doit s’affirmer sur d’autres finalités. A quoi sert cette discipline devient une question essentielle.
- 1981 : c’est la date du rattachement de l’EPS au ministère de l’EN (rupture institutionnelle avec le ministère Jeunesse et sport) et la recherche de l’identité disciplinaire qui exige un corpus de savoirs et de savoirs faire spécifiques, organisés en progression le long du cursus et évaluables en fin de chaque cycle d’étude. A la question “A quoi ça sert”, vient s’en ajouter une autre : l’EPS c’est quoi ? Y aurait-il, consécutive à la rupture institutionnelle, une crise d’identité disciplinaire ?
- 2000 : les années 2000 semblent ouvrir une période historique dans l’évolution de l’EPS qui serait marquée si on en croit certains [3] par une rupture culturelle entre EP et sport. Le processus de désportivisation de l’EP serait engagé.  Revanche de 1967 ? Peut-on repérer de telles évolutions dans l’étude des épreuves du bac ?
Les textes relatifs aux épreuves EPS du bac  sont à lire également avec, en arrière-plan,  le débat qui a eu lieu (mais qui persiste) au sein du GTD et dans la profession pour la rédaction des programmes et qui séparent, dans un dialogue de sourds, les tenants d’une EPS qui prend ses racines dans les fondements culturels de la pratique sportive et les tenants d’une EP qui se justifie par les exigences du développement psychologique de l’enfant. Comme si ces deux perspectives étaient antinomiques, inconciliables!

Ces préalables méthodologiques étant posés, j’aborderai le sujet en trois temps : tout d’abord, une synthèse de l’analyse des textes organisant les épreuves de gymnastique au bac  qui se résume dans la formule “une matière d’enseignement qui se veut scolaire mais qui a du mal à se définir comme discipline d’enseignement” ; une deuxième partie qui tente de repérer comment les élèves s’en sortent : “entre les filles qui s’accrochent et les garçons qui abandonnent” ; enfin comment les enseignants s’en sortent : “entre innovation et renoncement”.
Analyse des textes (Notes de synthèse après étude des textes de 1972 - 1984,88 – 1995 - 2005)
Cette analyse est résumée ici en quatre points sur les éléments suivants : importance (quantitative et symbolique) de l’épreuve EPS dans l’examen, le statut de la gymn dans l’épreuve EPS, l’appellation de l’épreuve gymnique ; puis enfin le modèle d’activité gymnique véhiculé par les textes pris en référence.
Importance (quantitative et symbolique) de l’EPS dans l’examen du bac a-t-elle changé ?
 
-  pendant la période étudiée, l’enseignement d’EPS est obligatoire
-  horaires inchangés dans l’enseignement obligatoire 2 heures mais avec des options possibles (donc complément d’horaire pour certains)
-  le statut de la discipline dans le bac a changé. Si l’obligation a été maintenue, l’EPS est passée dans le 1° groupe d’épreuve (1983) et a obtenu le cefficient 2 en 1995. Elle est ainsi devenue une épreuve à part entière dans le bac. En 1972, seuls les points au-dessus de la moyenne étaient comptabilisés. L’intégration de l’EPS dans le système scolaire peut se repérer par la place accordée à la discipline dans les épreuves d’examen. Pour tout le monde, enseignants et élèves, l’EPS au bac est devenue chose sérieuse parce qu’importante.
 Le statut de la gymnastique dans l’épreuve d’EPS a-t-il changé ?
A la fin du 19° siècle et au début du 20°, la gymnastique était toute l’Education Physique. (Voir le contenu des activités des sociétés de gymnastique). Abandonnant une partie de sa polyvalence quand les autres sports ont pris leur indépendance (1920), les textes l’ont considéré comme un sport de base à côté de l’athlétisme et de la natation. C’est ce que reflètent encore les épreuves du bac de 1972 où l’élève doit choisir deux épreuves parmi les 3 sports de base (natation, athlétisme et gymnastique). A l’époque beaucoup d’élèves encore choisissent la gym et l’athlétisme pour des raisons d’installations sportives : la natation n’étant pas encore possible dans tous les établissements scolaires faute de piscine. Dès 1983-84, la gymnastique est devenue un sport comme un autre, cependant dans les deux épreuves d’EPS obligatoires, l’une doit être dans les sports à barème national (N-A-G). Il subsiste cette idée de sport de base qu’on ne peut abandonner dans la perspective d’une formation physique complète. Avec les nouvelles épreuves de 1995 et 2005, les élèves peuvent choisir leurs menus de trois APS sans la gym. Au fil des années la gymnastique sportive a perdu son statut d’APS de référence en EPS et perd même  le monopole dans le groupe des activités gymniques puisqu’elle est à égalité avec l’acrosport. Etrange évolution dans une profession où on parle encore de “prof de gym” !
 L’appellation de l’épreuve (gymnastique) a-t-elle évolué ?
1972 : gymnastique, 83-84 : gymnastique sportive, puis aujourd’hui, 2005 : gymnastique aux agrès à côté de saut de cheval et d’acrosport, dans le groupe “Activités gymniques” ceux-ci sont dans le groupe (domaine ?) des activités à visée artistique et esthétique (compétence culturelle). Les activités artistiques étant le cirque et la chorégraphie (pour ne pas dire la danse) la gymnastique aux agrès  est donc une activité à visée esthétique. Il y a un flou autour de la nature même de l’activité gymnique et autour de sa signification culturelle, anthropologique. Est-elle une activité à visée esthétique ?... mais pas artistique ?
Réflexion personnelle : La gymnastique est avant tout une activité à visée technique elle n’est surtout pas une activité expressive comme la danse ou le mime (qu’elle soit au théâtre ou au cirque). C’est parce que la technique parvient à son point d’achèvement, de perfection qu’elle est esthétique ou artistique. C’est elle que Leroy Gourand nomme l’esthétique fonctionnelle  qu’il distingue de l’esthétique formelle. La première répond à des critères d’efficacité, la seconde répond à des canons de la beauté.
Ce débat est-il important pour des enseignants d’EPS ? Oui ! Si la gym est à visée esthétique, c’est le côté formel gestuel qui l’emporte en dehors de toute préoccupation d’efficacité. Si c’est une activité à visée technique, on peut ne pas échapper à un aspect formel mais c’est tout de même l’efficacité de l’action qui est recherché en premier lieu.
Est-on au clair dans la profession sur la nature anthropologique des activités sportives ou artistiques, celle qui fonde les motifs d’agir et qui répond à la question : pourquoi les hommes ont-ils inventé cette ou ces activités et pourquoi faudrait-il que les enseignants fassent vivre à leurs élèves des expériences de ce type ? [4]
 La conception de l’épreuve de gymnastique a-t-elle changé ?
- C’est un modèle sexué traditionnel qui traverse cette histoire. Le texte 2005 laisserait une ouverture mais la référence au code UNSS la ferme. Etrange cet entêtement à vouloir que les filles pratiquent des agrès différents de ceux des garçons et pas moins étrange à l’époque de la libération féminine  que les normes d’exécution qui sanctionnent la gymnastique féminine soient différentes de celles des garçons comme si le domaine des filles était celui de la souplesse et de l’élégance et pour les garçons celui de la force et de l’audace.   L’histoire peut expliquer cette situation qui perdure dans les fédérations sportives (encore que l’évolution de la gymnastique sportive vers le tout acrobatique soit aussi féminine que masculine) mais pourquoi l’école ne s’affranchit-elle pas de cette révérence?
- C’est une copie, en modèle réduit, d’une certaine pratique sociale fédérale :
 
-  réduit par le nombre d’appareils évalués (2 ou 3 au maximum).
- réduit par la longueur des prestations exigées : enchaînements courts (5 ou 6 élément).
- c’est devenu une prestation libre - c’est l’évolution des pratiques gymniques - après avoir longtemps hésité entre l’imposé de 1972 et le libre de 2005. En 83-84, étape intermédiaire, il est demandé un enchaînement de 5 éléments dont 3 imposés.
Remarque : en gym, la liberté de composition n’est jamais totale, il existe toujours des contraintes de composition et d’exécution, contraintes qui peuvent donner de l’activité une image austère et formelle. Quelle est la signification des exercices imposés en gym ? C’est par eux que se faisaient l’éducation gymnique (progressivité et correction) des gymnastes et c’est par eux que ces gymnastes démontraient la parfaite maîtrise des éléments techniques fondamentaux. Il est compréhensible que le plus haut niveau de pratique inféodé au spectacle télévisuel ait abandonné des exercices peu spectaculaires mais pourquoi ne pas laisser aux enseignants la liberté de la forme de pratique imposée ou libre ou mixte ?
-  c’est un modèle aux références techniques formelles à l’image de tout code de pointage fédéral : réduit en difficulté mais pas en nombre (dans les textes de 1988 valables en 95 les élèves ont le choix entre 200 possibilité pour les filles et 140 pour les garçons. C’est compliqué de s’y retrouver et de plus, les contraintes d’exécution sont impératives.
- c’est une activité qui reste, malgré l’évolution des pratiques gymniques et des mœurs, synonyme de travail, d’effort, de discipline et d’obéissance voire de douleur et de souffrance (en gym, on ne joue pas on travaille) ; outre sa tradition militaire bien connue, elle véhicule les valeurs du travail ouvrier masculin du siècle dernier[5] .
-  c’est le modèle du “simple mais correct” qui fut longtemps celui des pratiques de l’Union des sociétés de gymnastique de France  puis de la fédération française de gymnastique. Le simple dans les textes du bac, c’est la roue, la rondade, les roulades, l’ATR. Le correct s’exprime en termes de maintien, postures, équilibre, élévation (sauts). Le “simple mais correct” est un modèle que la gymnastique fédérale de haut niveau a abandonné depuis que le spectacle l’a emporté sur l’éducation. Les textes de la gym au bac dans leur référence aux pratiques sociales seraient-ils en retard de quelques décennies?
En résumé sur le plan technique :

- pendant cette tranche d’histoire, on note une grande permanence quant à la conception technique de l’activité, comme s’il n’y avait pas eu de réflexion ou recherche didactique dans l’enseignement de la gymnastique au lycée, comme si les pratiques n’avaient rien appris aux rédacteurs de ces textes.
- pour être fidèle à un modèle de référence dépassé, c’est une gym complexe, contraignante peu attractive qui est proposée aux élèves.
- c’est un modèle d’activité qui cherche cependant une originalité par sa dimension éducative (pratique scolaire oblige).
- le maintien d’une certaine polyvalence équilibrée en EPS (dans les textes actuels l’élève doit présenter 3 APS) réaffirme la volonté de lutter contre toute tentation de spécialisation malgré le peu d’heures disponibles pour les apprentissages ; en gymnastique pour ceux qui la choisissent en 2005, ils seront notés sur leurs deux meilleurs agrès.
- dès le départ (textes de 1972), l’imposition du sol et du grimper de corde sont des indicateurs d’une volonté éducative.
- pourquoi le sol ? Dans la tradition,  la gymnastique au sol représentait la leçon au plateau de gymnastique construite celle dont on maîtrisait la forme et les effets (pratique raisonnée de nos mouvements, disait Amoros) : elle était une pratique collective, au commandement, autoritaire sous la férule du moniteur dont le contenu était didactisé par le détail. Il reste, dans l’imaginaire professionnel, des traces de cette tradition d’autant plus tenaces que le sol est l’agrès le plus facile à installer et le plus rapidement “praticable”.
- pourquoi le grimper de corde ? Dans le texte de 1972 le grimper est obligatoire en gymnastique ; il est l’agrès qui permet de développer des capacités de force du train supérieur que ne permet pas le sol et il ne demande pas une technique très exigeante. Il convient bien à une pratique  de  masse.
- la volonté de donner la préférence à la maîtrise d’exécution sur la performance va dans le même sens.
- 1993-95 : ma maîtrise d’exécution égale ou sup à la performance.
- 2002-2005 : exécution 8, difficulté 6.
Il existe chez les enseignants une méfiance idéologique vis à vis de la performance qui avantagerait trop les “doués” et pas assez les “besogneux”.
- associer à la note de pratique (conduite motrice) une note sur les autres aspects de l’activité de l’élève. L’appréciation de la participation, du progrès et des connaissances cherche à minorer, là encore, la performance.
L’éducation étant méfiante vis à vis de la performance sportive, niant la valeur du progrès comme indicateur d’un niveau de développement :
- 1988   : conduite motrice 50 %, connaissance 25 %, part. progrès 25 %.
- 1995   : compétence (perf et maîtrise) 15 points, connaissance 5 points.
- 2005   : efficacité 60 % de la note, 40 % autre chose.
- 2005 : la note sur 20 se répartit en 14 pour la réalisation du projet  (6 difficulté, 8 exécution maîtrise), 3 pour le  projet, 3 pour le respect du projet.  Le plus bas niveau de gym part sur 14.
- la pratique scolaire de la gym semble vouloir devenir de plus en plus éducative mais sans gagner en précision dans les nouveaux registres, en ajoutant du flou au flou.
- 2005 : les deux niveaux en gym aux agrès sont ainsi écrits :
Niveau 1 : Concevoir, construire, réaliser devant un public et juger un enchaînement gymnique composé d’au moins 6 éléments qui intègrent les dimensions acrobatiques et esthétiques dans le respect du code de référence 
Niveau 2 : Concevoir, construire, réaliser devant un public et juger un enchaînement gymnique composé d’au moins 6 éléments qui intègrent les dimensions acrobatiques et esthétiques dans le respect du code de référence… Cherchez la différence.
- 1995-2005 : les compétences culturelles ne sont pas opérationnalisées

En résumé :
La pratique scolaire entretient un rapport ambigu avec la pratique sociale. Prisonnière d’une tradition gymnique (le simple mais correct, la correction faisant la bonne éducation) que la gym moderne a elle-même abandonnée... renforcée par la volonté éducative des enseignants méfiants vis à vis de la performance sportive, elle s’éloigne des références sociales actuelles.
Une forme scolaire veut s’imposer de plus en plus autonome mais de plus en plus complexe à définir (divers types de compétences, deux niveaux, trois épreuves, etc...) mais en même temps, les critères qui devraient définir ce qu’il y a à apprendre sont de moins en moins précis et quelquefois contestables.
Comment les élèves s’en sortent [6] ? C’est simple :
- les garçons, dans leur grande masse, abandonnent la gym sportive dans leur choix de menus au bac et comme l’épreuve se prépare en deux ans les garçons ne font plus de gym au lycée.
-  les filles un peu moins parce qu’elles ont moins de possibilités par ailleurs. Encore faut-il que le lycée leur offre cette possibilité de choix.
Pourquoi cette attitude de refus ? Ce n’est pas nouveau, si on en croit l’enquête de la revue Spirales des années 90 .La gym sportive (dans leurs représentations spontanées) leur apparaît :
- difficile
- technique donc nécessitant apprentissage, effort, résultat différé
- dangereux (pour les filles surtout)
- contraignante :
- trop réglée (code, imposé, technique fermée) donc formelle
- remise en cause de soi devant les autres
- humiliante quand n’est pas d’un niveau suffisant valorisant
- arbitraire dans son évaluation subjective
Les élèves en majorité recherchent  [7] :
- plus de justice dans le jugement et pour cela être associé à l’élaboration des règles, en gymnastique,  le code.
- plus de liberté  dans une activité plus fun, plus jouée
- plus de sensation que de conformité gestuelle
-  une activité de détente plus qu’apprentissage
-  plus de réussite immédiate
- le droit de tenter l’impossible donc une gymnastique d’exploit acrobatique
Un divorce culturel entre les élèves et les enseignants qui génèrent des tensions. Alors ? Comment les enseignants s’en sortent.
Des enseignants sous tension : les enseignants sont pris dans des contradictions qui génèrent des tensions. Je n’en évoquerai que quelques-unes :
1. Ils sont sous la pression de la politique sécuritaire de l’éducation nationale. Ils ont conscience que la maîtrise absolue de la sécurité n’est pas possible dans une activité dont la définition est d’être une activité de prise de risque d’autant plus que les classes nombreuses exigent le travail en ateliers (le prof ne peut pas être partout à la fois) et que le matériel souvent insuffisant est souvent inadapté.
2.  La gym sportive leur apparaît, à juste titre, comme une activité technique exigeante et là ils sont pris à leur insuffisance en compétence technique (voir les formations initiales et continuées). Cette situation devient d’autant plus difficile que les garçons sont attirés par une gym acrobatique de risque non maîtrisée qui devient vite une mise en danger. Les accidents en gymnastique pendant les heures d’EPS obligatoire en sont le résultat. Exemple en barre fixe : le balancer en suspension manuelle ou le salto avant au sol. Parmi les accidents certains sont graves (paraplégies ou décès). Quelquefois rendus publics par la presse (Le Monde 1992), ils marquent l’imaginaire collectif professionnel. La gym est alors perçue comme une activité dangereuse dont il faut se méfier (trampoline, saut de cheval...) De plus, le recours en justice et la condamnation des enseignants coupables de négligence dans une situation jugée dangereuse par des magistrats qui ne connaissent rien de l’enseignement de la gymnastique (par exemple, le poirier en gym a été jugé comme un exercice dangereux que l’enseignant aurait dû éviter) ajoutent à l’ambiance générale. Par ailleurs, la compétence technique des enseignants se heurte à la permanence de mythes techniques, véritables obstacles à l’innovation : exemple le premier envol au saut de cheval comme condition de la réussite à cet agrès.
 3. Plus délicate encore est la pratique gymnique où l’aide et la parade peuvent être mal interprétée par des esprits mal intentionnés (attouchement, harcèlement sexuel ...) Plainte en justice pour abus sexuels...
4. Dans une activité exigeante techniquement, les apprentissages sont longs or le temps de pratique par APS obligatoire par élève en lycée est réduit à peu de chose. L’enseignant a le sentiment que la gym est impossible à enseigner. C’est d’autant plus culpabilisant que la note d’EPS prend plus d’importance dans l’attribution du diplôme. Les enseignants sont hantés par le fantôme de l’éternel débutant. “On ne leur apprend rien ! »
5. Il y a dans la profession une culture gymnique qui oriente, à leur insu souvent, les enseignants :
- vers «le simple mais correct» renforcé par les textes et les conditions actuelles de l’enseignement
- vers l’enchaînement plutôt que vers l’exploit isolé
- vers le sol plutôt que vers le trampoline...
Ils sont alors en but à certains élèves qui ne véhiculent pas les mêmes valeurs (garçons surtout). Conflit, que les enseignants évitent.
6. L’évolution de l’EPS (discussion programme) sème un certain trouble chez les enseignants. Il germe dans l’idée des enseignants (les plus jeunes peu formés aux exigences de la technique) que les APS (ici la gym) ont une importance secondaire par rapport à des visées plus générales. L’important ne serait plus d’enseigner les techniques gymniques mais d’introduire les élèves dans un champ culturel “les activités à visées esthétique et artistique”, liberté est laissée à chacun de définir le contenu de savoir à enseigner. L’important serait de viser l’acquisition de compétences générales plutôt que spécifiques, du culturel plutôt que du technique. Comme si celui-ci pouvait se passer de celui-là. Cette attitude qui se prévaut d’être la seule acceptable en tant qu’éducateur libère des contraintes techniques : le savoir coopérer plutôt que la maîtrise de l’ATR !

Alors qu’arrive-t-il ? : Comment les enseignants se sortent-ils de cette situation, inconfortable pour celui ou celle qui se pose des questions sur son métier ? Les attitudes oscillent entre  renoncement  et innovation [8]

Le renoncement
Le renoncement prend des formes multiples. Beaucoup de lycées ne programment plus la gymnastique sportive comme composante des menus offerts aux élèves pour l’épreuve du bac et de ce fait la gym disparaît dans les programmations des classes de 1°. L’activité qui a été à elle seule toute l’éducation physique disparaît de l’enseignement de l’EPS. Certains enseignants disent qu’ils le font à contrecœur, ils croient encore à la valeur éducative de la gym mais les risques sont trop grands. Il y a d’autres formes de renoncement plus insidieuses dans l’attribution de la note par exemple. La double notation remédie un peu à la tendance à sur noter ses propres élèves... ou de les noter selon d’autres critères plus subjectifs. Renoncement plus idéologique celui qui nie la valeur éducative de la technique et se conforte dans une relation plus conviviale avec les élèves, plus détachée des exigences techniques. La note porte alors  sur quoi et l’enseignant lui attribue quelle fonction? Mais renoncement également sur deux points plus généraux :

- renoncement dans la lutte contre l’échec scolaire : “ils ne sont pas faits pour ça, ils n’y arriveront jamais, ils sont  handicapés, etc. La réussite de tous est une utopie”, entend-on.
- renoncement  par l’attitude humanitaire : “ils en bavent bien assez dans les autres disciplines pourquoi les “ennuyer” en EPS”. L’essentiel est de passer un bon moment ; la convivialité, le plaisir, la détente remplaceraient  facilement  la rigueur  des apprentissages.[9]   On associe « le petit gros et la fille »[10] mais qu’apprennent-ils ?
Renoncement encore quand la gym devient tellement sécurisée, aseptisée qu’elle en perd sa signification : une activité de prise de risque et qui permet aux élèves d’apprendre à prendre des risques; contribution à une réelle authentique, formation fondamentale.

L’innovation : Il existe une innovation peu spectaculaire, quotidienne, le fruit d’une intelligence adaptative des enseignants qui s’accrochent à leur métier. Cette innovation est difficile à débusquer, relevant d’une analyse des pratiques peu courante.

Plus simples à repérer,  présentées comme innovantes, les pratiques de substitution prises dans le domaine des activités artistiques et esthétiques.
L’acrosport [11] (une pratique collective, empilement de 2, 3, 4, ou plus, maintien de postures définies, en équilibre)... Avantages : pratique collective moins inconfortable que de se montrer seul
-  chacun peut trouver sa place, un rôle à sa mesure
-  chacun peut apporter au groupe immédiatement ce qu’il sait déjà faire
L’acrosport répond en bien des points à ce que les élèves repoussent dans la gym sportive.
Pratique illusoire : où sont les savoirs ? Sous prétexte d’un enseignement démocratique (la fille et le petit gros) [12] où certains risquent de ne rien apprendre et pourtant de participer, contents. L’étude de Mathilde Musard[13] montre que les enseignants ne connaissent pas l’acrosport et en dernier ressort ils ne savent pas ce que les élèves ont appris au terme d’un cycle de pratique. Mais ça se passe bien et ça plait aux élèves ! Alors innovation ou renoncement dans cet effort de modernisation ? Mais est-ce vraiment  moderne ?
L’acro-gymn : Certains enseignants, dans l’Essonne, ont proposé via l’UNSS (dossier de la revue EPS) une pratique d’exploits isolés, abandonnant le sacro-saint enchaînement. On retrouve cette tendance dans certains collèges (voir revue Contre-pied n°16).
Le multi agrès : Dans une réflexion générale sur les épreuves de gym au bac le lycée de Vitrolles (Contre-pied n°16) propose des épreuves qui conjuguent l’exploit singulier et le multi-appareil en soulignant avec force que l’important n’est pas dans la forme de pratique mais dans la précision des savoirs à transmettre.
Les activités acrobatiques de cirque : Elles ouvrent des perspectives de créativité (spatiales et sociales) mais elles posent les mêmes problèmes techniques dans les acrobaties[14].     
Moderniser est-ce, ipso facto, rénover et enrichir la pratique ?  : L’école n’a pas l’obsession de l’actuel ni de l’éphémère mais le souci du savoir à communiquer aux générations arrivantes. Or, le savoir a une dimension universelle et s’inscrit dans une perspective historique. L’école doit assumer cette mission devant la jeune génération dont la culture spontanée n’est pas toujours prête à accepter les contraintes des apprentissages. Le problème essentiel n’est pas de choisir telle ou telle forme de pratique à la mode ou non, mais de vérifier ce qu’auront appris de semblable (culture commune exige) les élèves qui auront pratiqué l’équilibre sur une boule de cirque, ceux qui auront pratiqué l’acrosport collectif, ou encore ceux qui auront pratiqué une gym sportive faite de roue, d’ATR, ou autre roulade avant. Quelles transformations de la motricité, de la sociabilité, de la sensibilité esthétique, du raisonnement technique marqueront douze ou vingt séances d’activité ? Quelles transformations semblables sont proposées aux élèves dans les programmes, garantis d’une culture commune ?

Conclusion : L’EPS est, dans les textes, une discipline d’enseignement... pourtant bien qu’elle prenne plus d’importance dans le bac (obligation, 1° groupe d’épreuve, coef 2), elle ne s’impose pas par la précision des savoirs à acquérir qu’elle doit dispenser (l’illustration faite dans les épreuves de gym).La tendance à vouloir la rendre plus éducative en l’intégrant dans des visées plus générales ne l’aide pas à se définir plus disciplinaire. Les contenus se trouvent souvent dilués dans des considérations plus méthodologiques ou sociales voire morales. L’Inspection générale en EPS [15] en a conscience qui cherche encore une fois à remettre sur le chantier des programmes “plus simples, plus lisibles”. Mais seront-ils pour autant plus pertinents quant aux contenus disciplinaires ?        

C’est une pratique scolaire (in)utile
L’école accepte en son sein les pratiques ou les disciplines que la société juge utiles d’imposer aux élèves. Elle rejette les disciplines quand leur utilité ne s’impose plus. Dans la tendance actuelle d’instrumentaliser l’école (le métier ou les études supérieures) l’utilité de l’EPS n’est pas démontrée.
Dans une école qui aurait d’autres ambitions pour lutter contre l’échec scolaire (ce qui n’est pas le cas aujourd’hui) l’EPS pourrait avoir un rôle à jouer pour certains élèves (en réussite en EPS) comme tremplin vers la réussite scolaire.
Dans une école qui aurait d’autres ambitions plus culturelles, plus soucieuse de l’ouverture sur la vie de tous les jeunes et sur leur développement psychologique ou physique, et pas uniquement ouverture sur le marché du travail, l’EPS aurait une place de choix.
Mais dans le cadre de la politique d’économie obligatoirement ségrégative qui mine le système scolaire, l’EPS apparaît non comme une nécessité mais comme un luxe. C’est une pratique qui cherche à s’imposer une forme originale au risque de perdre la parenté culturelle avec les formes sociales de pratique et dénaturer l’activité humaine propre à ces activités sportives ou artistiques....au risque de n’être plus reconnue que par les enseignants eux-mêmes.
Cette étude montre comment l’EPS (la gym) prend ses distances avec les pratiques sociales sans prendre racine dans le système scolaire.
Elle perd ainsi ses deux assises sociales, se fragilisant d’autant que personne ne s’émeut de sa situation.
En effet la fragilité constitutive de cette discipline est accentuée par le désintérêt que la société lui manifeste. Depuis un certain nombre d’années l’EPS n’est interpelée par personne ni pour vanter ses mérites ni pour la dénigrer. Très rapidement nous oserons dire...
Les politiques font comme si elle n’existait pas ? Le socle commun de connaissances proposé par le dernier ministre de l’EN l’a tout simplement ignorée.... Les parents d’élèves ou leurs représentants dans les fédérations (classes moyennes) sont davantage préoccupés par la qualité et la quantité de matières essentielles (mathématiques et français) que de la qualité de l’EPS. Et à choisir, ils n’hésiteront pas longtemps.... Les médecins, s’ils ont intégré les bienfaits de l’activité physique pour la santé, ne semblent pas vouloir associer l’EPS dans la campagne contre l’obésité, l’asthme ou les maladies cardio-vasculaires.... Les sportifs (les fédérations) chercheraient plutôt à annexer l’EPS dans leur campagne de promotion et de recrutement que de soutenir l’EPS dans sa spécificité...  Les intellectuels ? Mis à part le philosophe Michel Serres [16], il y a, chez une grande partie d’entre eux, une méconnaissance de ce peut être une culture du corps, un mépris pour la pratique physique de performance quand ne se conjugue pas une attitude idéologique antisportive comme dans le pamphlet qu’a écrit A.Jacquart sur les jeux olympiques et le sport de compétition .Le sport est souvent considéré, dans le moins pire des cas, comme un agréable divertissement...Les chefs d’établissement risquent d’être devant une équation difficile à résoudre : comment concilier la réduction des horaires élèves (rythmes scolaires) et la multiplication des disciplines (technologie, langue, informatique) ? Où seront les priorités ?... Les enseignants des autres disciplines sont-ils prêts à défendre la discipline quand leurs propres horaires sont en concurrence avec ceux de l’EPS ?
Restent les élèves ! La consultation Meirieu [17] sur les lycées a montré que les élèves demandent, plébiscitent même l’EPS,  pas en termes de contenu de savoir mais comme une activité de libre exercice, de jeu, de détente. Alors ? Vie ou mort  de l’EPS ? André Chervel [18], historien des disciplines scolaires, nous dit dans quelles conditions  une discipline disparait des programmes scolaires :
-  quand elle fait la preuve de son inutilité sociale
- quand, en dehors de l’école, on fait quelque  chose d’équivalent
- quand elle ne trouve pas de solidarité didactique, ce qui signifie quand les autres disciplines ne trouvent pas d’intérêt pour leur propre développement à ce que l’EPS subsiste dans les programmes.
Chacun ici fera son analyse personnelle de la situation et conclura à sa façon. Le reste ne sera qu’une question de rapport de forces sociales, là où les enseignants d’EPS seront en première ligne. Ils ont une longue tradition de lutte et ils ont montré encore dernièrement leur combativité. Mais en défendant leur profession (les postes, le budget, les horaires, la place et l’existence de la discipline dans les programmes, etc.), défendent-ils leur discipline ? Où se joue la défense des contenus ? Et pour ne pas rester sur une note de scepticisme référons-nous encore une fois à André Chervel : “Leur étude (les disciplines scolaires) amène à mettre en évidence le caractère éminemment créatif du système scolaire...C’est parce qu’elles sont des créations spontanées et originales du système scolaire que les disciplines méritent un intérêt tout particulier. Et c’est parce qu’il est détenteur d’un pouvoir créatif insuffisamment mis en valeur jusqu’ici que le système scolaire joue dans la société un rôle dont on ne s’est pas aperçu qu’il était double : il forme non seulement des individus mais aussi une culture qui vient à son tour pénétrer, modeler la culture de la société globale. “
Conclusion de la conclusion : les enjeux de la défense de l’EPS méritent  l’engagement de chacun... »
 





[1] Clôt (Y), Le goût du détail, revue Société française n° 11/61, Sport et violence.


[2] Goirand (P), L’échec en EPS, in Ce qui s’apprend en EPS, Edition Snep, 1996.


[3]   Attali (M), Saint Martin (J), La sportivisation de l’éducation physique est-elle une réalité historique ? Revue EPS n°310, nov-déc 2004

Lire à ce propos (sportivisation-désportivisation de l’EPS) l’article de Mérand (R) dans le n° de septembre de la revue EPS, intitulé : “Jeux sportifs collectifs, quelle sportivisation ?”


[4]   Lire à ce sujet le livre intitulé “Histoire des techniques et culture scolaire ”de Goirand (P) et Metzler (J). Edition revue EPS, 1996.


[5]   N’Guyen Minh (C), Les sociétés de gymnastique à Montceau les Mines, Plaquette éditée par le Comité d’expansion de Saône et Loire, 1976 et Lucas (Ph), Le travail gymnaste, rites mineurs en pays minier, Cahiers internationaux de sociologie, 1978.


[6] Pour en savoir plus se reporter à :

. Revue Spirales n°7 1994 : La gym au bac

. Dossier de la revue EPS (colloque de l’AFRAGA) n°57, 2002 : La gymnastique scolaire entrecroise et refondation

. Dossier de la revue EPS n°39, 1998 : Enseignement de la gymnastique dans le second degré : crise et perspective

. Revue Contre-pied n°16 : osons la gym !


[7]   Loret (A). Concevoir le sport pour un nouveau siècle, PUS, 2004

“L’esprit de la glisse pénétrerait les pratiques scolaires qui valorise la convivialité plutôt que la concurrence, la sensation plutôt que le résultat, la personne plutôt que le collectif. Celui-ci plébiscite le jeu, l’humour, le carnaval, la massification des effectifs. Il distingue la connivence de la domination, la personnalisation de la hiérarchisation, la similarité de l’altérité, l’émotion de la raison, etc...Là où les sportifs traditionnels plébiscitent la prestation c’est à dire le résultat d’un geste technique qui est systématiquement évalué, les glisseurs favorisent la sensation. Là où les premiers apprécient le score les seconds s’adonnent à la jouissance d’un mouvement simplement vécu pour le plaisir qu’il procure. L’éthique sportive (le respect de la règle établie) est aujourd’hui mise à mal par un nouveau système de valeurs qui puise toutes ses références symboliques dans une forme de contestation issue des années 1960. C’est l’essence du sport qui est touchée...”


[8]  Goirand (P) et Garnier (A), Une problématique complexe ouverte sur des choix  multiples,  Revue Contre-pied, n°16, 2005.


[9]   Marin (JC) la responsabilité des enseignants. Thèse de doctorat Université de Lyon 1, 1995


[10]   Klein (G) et Méard (JA), Les programmes d’EPS des lycées, Revue EPS n°291, Sept.oct. 2001


[11]   Goirand (P), L’acrosport au collège, modernisation ou rénovation de l’EPS, revue EPS n°303, 2003


[12]   Klein (G) et Méard (JA), Les programmes d’EPS des lycées, revue EPS n°291, Sept.oct. 2001


[13]   Musard (M), De la pratique sociale de référence acrosport à sa transposition didactique en EPS, Thèse de doctorat  non publiée. Ecole normale supérieure de  Cachan.


[14]   Triballat (Th) L’acrobatie peut-elle faire l’objet d’une activité artistique, revue Contre-pied n°16, 2005


[15]   Hébrard (A), Entretiens avec la revue EPS, Revue EPS, n°312,  mars-avril 2005.


[16]   Serres (M) Eloge de mon prof de gym, texte paru dans la presse et argument repris dans une conférence au colloque du SNEP : Quelle activité professionnelle pour la réussite de tous ?” 2000.


[17]   Consultation nationale de 1995 portant sur la réforme du second cycle du second degré (ministère Allègre)


[18]   Chervel (A), La culture scolaire, une approche historique, Editions Belin, 1998.
 

 


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire