« Petite histoire d’un écolier
d’autrefois expliquée aux enfants
d’aujourd’hui »
CHAPITRE IV
« En
route pour l’école »
Ainsi notre petite troupe prend la
direction de l’école. L'éloignement de cette dernière était souvent la
quotidien des enfants, même en ville, à en croire ce texte souvenir d'un élève
de l'école de la rue de l'Est à Montceau-les-Mines : "...
cette école de la rue de l'Est qui, pour beaucoup d'entre nous, est au bout du
monde. A trois ou quatre, nous arrivons du Bois-Roulot, après d'interminables
cheminements. Il faut bien 20 minutes, l'éternité ou presque, pour en venir, y
retourner, quatre fois par jour donc, dans un sens ou dans un autre...".
Dans les campagnes, malgré le souci qu'avaient montré les
concepteurs des lois de 1890 sur l'implantation des Maisons d'Ecole, le trajet
pour y arriver restait parfois long dans les habitats ruraux dispersés. La
demande avait été faite aux maires d'établir les écoles au centre géographique
de leur commune et c'est ainsi que l'on a vu fleurir des Maisons d'Ecole en
rase campagne, éloignées du bourg, ce qui laissait deviner l'éclatement de la
commune en divers hameaux. Ces implantations avaient pour but de partager les
distances parcourues par les petits écoliers. L’implantation des Maisons
d’école au centre des hameaux d’une commune ne fut, semble-t-il, pas suffisante
pour endiguer l'absentéisme des débuts de l'école publique. En 1882, l'école
était pourtant devenue gratuite, laïque... et obligatoire !
Les choses ne furent donc pas simples
et les Inspecteurs primaires signalaient dans leurs rapports dès 1882, les
difficultés à scolariser les enfants, surtout en milieu rural. Voici quelques
extraits de ceux-ci :
Autun
:
"L'obligation de l'instruction primaire n'a produit aucune amélioration
sensible de la fréquentation scolaire..."
Louhans
:
"... l'exécution de la loi laisse beaucoup à désirer."
Mâcon
:
"Je n'ai pas encore reçu toutes les listes des enfants de 6 à 13 ans
qui doivent être dressées dans chaque commune par le maire..."
Charolles
:
"Le temps exceptionnellement mauvais que nous avons connu cette année a
été cause d'un retard considérable dans les travaux des champs... Les
commissions scolaires ont été d'avis de ne pas appliquer trop rigoureusement la
loi."
Quoi qu’il en soit, voici Jules arrivé
à l’école… de garçons pour les garçons et de filles pour les filles ! En effet,
sous la Troisième République, garçons et filles fréquentent des écoles
séparées. Seules quelques classes uniques mixtes existent en milieu rural.
Après la seconde guerre mondiale, la destruction de certains bâtiments
scolaires fait que l'on regroupe les
deux sexes dans un seul établissement remis en état : c'est la mixité
"économique". Gustave Monod crée des lycées pilotes où apparaît la
mixité "pédagogique", celle-ci se heurte à des tabous sexuels très
forts. Mais bientôt la croissance des effectifs et l'application de la loi de
1957 qui reconnaît aux familles le droit d'inscrire leurs enfants dans le lieu
d'enseignement le plus proche de leur domicile, vont faire progresser peu à peu
et de manière irréversible l'idée de mixité. Elle deviendra la règle à la fin
des années 1960 et se généralisera dans les années 1970 dans un grand débat
politique.
A suivre…
P.P
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