samedi 4 février 2017

Histoire de Jules, écolier de 1900 (IV)




« Petite histoire d’un écolier d’autrefois  expliquée aux enfants d’aujourd’hui »



Sur le chemin de l'école-Exposition temporaire du musée -années 90



CHAPITRE IV
« En route pour l’école »

Ainsi notre petite troupe prend la direction de l’école. L'éloignement de cette dernière était souvent la quotidien des enfants, même en ville, à en croire ce texte souvenir d'un élève de l'école de la rue de l'Est à Montceau-les-Mines : "... cette école de la rue de l'Est qui, pour beaucoup d'entre nous, est au bout du monde. A trois ou quatre, nous arrivons du Bois-Roulot, après d'interminables cheminements. Il faut bien 20 minutes, l'éternité ou presque, pour en venir, y retourner, quatre fois par jour donc, dans un sens ou dans un autre...".



Dans les campagnes,  malgré le souci qu'avaient montré les concepteurs des lois de 1890 sur l'implantation des Maisons d'Ecole, le trajet pour y arriver restait parfois long dans les habitats ruraux dispersés. La demande avait été faite aux maires d'établir les écoles au centre géographique de leur commune et c'est ainsi que l'on a vu fleurir des Maisons d'Ecole en rase campagne, éloignées du bourg, ce qui laissait deviner l'éclatement de la commune en divers hameaux. Ces implantations avaient pour but de partager les distances parcourues par les petits écoliers. L’implantation des Maisons d’école au centre des hameaux d’une commune ne fut, semble-t-il, pas suffisante pour endiguer l'absentéisme des débuts de l'école publique. En 1882, l'école était pourtant devenue gratuite, laïque... et obligatoire !
 Avant  la loi du 28 mars 1882 qui rendit obligatoire cette fréquentation de l'enseignement primaire, tous les enfants de France passent pratiquement par une école, mais tous n'y restent pas suffisamment et ne fréquentent pas régulièrement pour en retirer une véritable instruction. Cette loi instaure l'obligation scolaire pour les enfants de 6 à 13 ans et vise à provoquer une assiduité plus régulière :
 -  en obligeant la personne responsable de l'enfant à faire connaître les motifs d'absence,
 - en instaurant le cahier d'appel, celui-ci étant rempli le matin et l'après-midi. Chaque mois, l'Inspecteur  primaire transmet à l'Inspecteur d'Académie les absences constituant un manquement caractérisé,
 - en donnant le droit à toute personne trouvant un enfant dans la rue pendant les heures scolaires de le conduire dans son école ou dans l'école la plus proche,
 - en prévoyant des sanctions à partir de 4 demi-journées d'absence sans motif valable : un rappel puis l'affichage, à la mairie, du nom des parents qui ne respectent pas la loi.
 La fréquentation resta cependant irrégulière de longues années encore, surtout à la campagne et ce n'est que la menace de la suppression des allocations familiales (déjà d’actualité…) qui améliora la situation. La loi du 11 août 1936, grâce à Jean Zay, impose la scolarité obligatoire jusqu'à 14 ans et la loi Debré de 1959 la fixe à 16 ans.
Les choses ne furent donc pas simples et les Inspecteurs primaires signalaient dans leurs rapports dès 1882, les difficultés à scolariser les enfants, surtout en milieu rural. Voici quelques extraits de ceux-ci :
Autun : "L'obligation de l'instruction primaire n'a produit aucune amélioration sensible de la fréquentation scolaire..."
Louhans : "... l'exécution de la loi laisse beaucoup à désirer."
Mâcon : "Je n'ai pas encore reçu toutes les listes des enfants de 6 à 13 ans qui doivent être dressées dans chaque commune par le maire..."
Charolles : "Le temps exceptionnellement mauvais que nous avons connu cette année a été cause d'un retard considérable dans les travaux des champs... Les commissions scolaires ont été d'avis de ne pas appliquer trop rigoureusement la loi."
Quoi qu’il en soit, voici Jules arrivé à l’école… de garçons pour les garçons et de filles pour les filles ! En effet, sous la Troisième République, garçons et filles fréquentent des écoles séparées. Seules quelques classes uniques mixtes existent en milieu rural. Après la seconde guerre mondiale, la destruction de certains bâtiments scolaires  fait que l'on regroupe les deux sexes dans un seul établissement remis en état : c'est la mixité "économique". Gustave Monod crée des lycées pilotes où apparaît la mixité "pédagogique", celle-ci se heurte à des tabous sexuels très forts. Mais bientôt la croissance des effectifs et l'application de la loi de 1957 qui reconnaît aux familles le droit d'inscrire leurs enfants dans le lieu d'enseignement le plus proche de leur domicile, vont faire progresser peu à peu et de manière irréversible l'idée de mixité. Elle deviendra la règle à la fin des années 1960 et se généralisera dans les années 1970 dans un grand débat politique.
Registre d'Appel Journalier


A suivre…
P.P



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire