Du
« temps des timbales » à la cantine scolaire
(Première partie)
Une
cantine improvisée
A la fin du dix-huitième siècle, dans les
campagnes surtout, les enfants éloignés du bourg ne disposaient pas d'une
cantine pour prendre leur repas de midi. La mère de famille préparait chaque
matin quelques victuailles qui, serrées dans un torchon, étaient casées avec la
gourde (remplie de vin avec de l’eau) dans une poche du cartable, à grands
risques pour les cahiers et les livres voisins ! La timbale, portée alors à la
main, contenait la soupe au lard ou le ragoût dans le meilleur des cas. Les
écoliers les plus riches possédaient un petit panier fermé en osier, pour les
autres, un solide panier à « bossons » pouvait contenir le repas de
toute une fratrie.
Dans les petits villages, la salle de classe
devenait souvent cuisine-réfectoire sous la surveillance d'un "grand"
ou d'une "grande" et chaque élève déballait sa nourriture sur son
pupitre. Comment le poêle de la classe, presque aussi haut que les enfants,
pouvait-il permettre, sans crainte de brûlures, un chauffage convenable de la
fameuse timbale ? Difficile à dire… Trop pleine bien souvent, pour qu'on puisse
en remuer le contenu, elle "prenait" au fond, alors que le haut était
à peine tiède !
Aux beaux jours, le repas pouvait se prendre
dans la cour, sur des tables de fortune. Toutefois, dans les villes et à la
demande des maîtres, une salle fut rapidement mise à disposition pour servir de
réfectoire, évitant ainsi le rangement provisoire des affaires scolaires durant
le temps du repas et, surtout, éliminant les taches de gras résiduelles sur les
pupitres !
La naissance des
cantines scolaires
Entre les deux guerres, dans les groupes
scolaires importants et dans quelques petites communes, on disposa d'un local
qui tenait lieu de réfectoire et où le maître de service surveillait le
chauffage des timbales sur une large cuisinière. Il n’était toujours pas
envisagé de confectionner les repas sur place avec du personnel dédié comme ce
fut le cas plus tard (associatif ou municipal).
Des changements s’opérèrent bientôt autour de
l’école et poussèrent vers une lente évolution vers des cantines qui seraient
« scolaires » :
-
Changement
des mentalités et évolution du statut de l’enfant dès les Instructions de 1923.
-
Augmentation
de l’effectif des élèves, après une scolarisation obligatoire difficile.
- Les
hautes luttes de santé publique et notamment scolaire (alimentation, maladies
infantiles chroniques).
Dès 1945, des parents soucieux d'offrir à
leurs enfants un repas convenable, se groupèrent en comités qui firent naître
les cantines scolaires. Lorsque la cantine n'était pas communale, la commune se
chargeait tout de même de mettre à disposition une ou deux salles convenables,
munies du gros matériel nécessaire : cuisinière, tables, marmites... Le plus
souvent, un maître acceptait bénévolement l'économat. Le "temps des
timbales" avait cédé le pas au "temps des cantines" et de leurs
solides couverts d'aluminium. Viendra par la suite le "temps des
restaurants d'enfants" accompagné d'un souci d'hygiène et d'éducation
alimentaire.
A suivre...
P.P
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