vendredi 29 mai 2020

L'école nouvelle (1)




L’école nouvelle, l’espoir nouveau
Période 1920-1931 ; les pionniers



« Dis, quelle est ta Patrie ? Ma belle France est ma Patrie, je saurai m’en souvenir. Je dois lui consacrer ma vie, pour elle je saurai mourir » (Livre unique de Morale et d’Instruction Civique, Editions Godchaux, avant 1900)


Guerre à la guerre

Les enfants qui ont clamé cette maxime de morale patriotique en classe avant 1900 sont morts sur le champ de bataille, à peine adultes, à l’image d’Antoine Chaînard, notre écolier de Marizy de la classe 1897 ou encore de Paul Constant Moutardier, notre instituteur montcellien de la classe 1915 (1). Au sortir de la Grande Guerre, dans toute l’Europe, les pédagogues font le même constat : l’école qui voulait former des citoyens éclairés a aussi préparé toute une société à l’obéissance et au sacrifice suprême. Il faut dorénavant rompre avec la vieille école et préparer la prochaine génération à la paix, il faut inventer une éducation nouvelle, pour un enfant nouveau qui ne fera plus jamais la guerre.



L’idée n’était pourtant pas nouvelle. Dès 1900, des pionniers de la pédagogie moderne avaient déjà expérimenté dans leurs écoles laboratoires, une éducation différente de celle des Etats. Chacun  recherchait des méthodes innovantes : Francisco Ferrer en Espagne avec son école moderne qui prônait la mixité, l’égalité sociale, l’autodiscipline, l’abandon des examens et des punitions ; Ovide Decroly en Belgique qui inventa une nouvelle méthode de lecture mettant en avant l’éveil  de l’intérêt de l’enfant ; Maria Montessori en Italie qui révolutionna le matériel pédagogique ; Alexander Neill en Angleterre qui défendit les idées nobles de Rousseau contre l’autorité, les châtiments corporels, partisan du minimum d’intervention des adultes dans les apprentissages.


Adolphe Ferrière


Un jeune docteur en sociologie genevois, Adolphe Ferrière, rencontra tous ces pédagogues, visita leurs écoles, regroupa toutes leurs expériences nouvelles et finalement proposa une école « active » face à l’école « assise ». En 1909, il publia son Projet d’école nouvelle en espérant être financé pour créer son propre établissement en Suisse de langue française. Dès lors, Il travailla à un mouvement de rénovation pédagogique se voulant international : « Si le monde a marché à la ruine c’est que l’école a formé, pétri, maté, des millions d’enfants. Je rédige un texte sur les conditions requises pour constituer une école nouvelle type. En visant à préparer les éducateurs, j’ai le sentiment que j’atteindrai le mieux ou le moins mal possible l’enfance, la génération de demain. Moins de souffrance chez les enfants actuels, moins de souffrance dans l’humanité de demain et d’après – demain, illusion, peut-être. »

Le premier pas vers une éducation nouvelle

Au sortir de la Grande Guerre le traité de Versailles, malgré sa rudesse,  offre malgré tout une opportunité sans précédent d’échange entre les belligérants. En 1920, la Société des Nations s’installe à Genève. Pour la première fois, les états se rassemblent dans une organisation universelle qui se donne pour objectif d’assurer l’ordre mondial et de résoudre les conflits pacifiquement. C’est ce même idéal de paix et de coopération que promeuvent les partisans d’une école libérée et, le 6 août 1921, Adolphe Ferrière rassemble à Calais tous les acteurs du renouveau pédagogique pour le premier Congrès International de l’Education nouvelle.
Il réunit 150 pédagogues venus de 10 pays : des instituteurs, des médecins, des philosophes de toutes religions et de toutes mouvances politiques dont le principal point commun est le pacifisme et la lutte contre l’école traditionnelle. Decroly est présent mais Maria Montessori, excusée, est représentée par des émules qui font participer les congressistes à la manipulation de leur matériel pédagogique comme le feraient de jeunes enfants. 


Maria Montessori

Ovide Decroly



Tout au long des années 20, l’éducation apparaîtra à tous, à l’évidence, comme le seul salut face à la guerre. L’éducation devient une science, Maria Montessori et Ovide Decroly, tous deux médecins testent alors leurs méthodes.

Pour se faire, Maria Montessori prend la direction de la Casa dei Bambini, un jardin d’enfants, elle en fait le laboratoire de l’enfant nouveau : « Si le salut vient, il passera par les enfants qui sont les créateurs de l’humanité. Les enfants sont investis de pouvoirs inconnus qui peuvent être les clés d’un avenir meilleur. » Elle conçoit un matériel et un mobilier pédagogiques adapté aux enfants et à leur désir, elle met fin à « l’immobilité » de l’élève et au « rapport vertical » du maître. La lecture et le calcul sont transmis par une approche sensorielle, l’enfant doit expérimenter lui-même : « Mon but est la libération de l’esprit prisonnier de l’homme par l’éducation de ses sens, nous ne pouvons pas savoir les conséquences de l’étouffement d’un acte spontané alors que l’enfant commence à peine à agir. Il faut empêcher l’enfant de confondre le bien avec l’immobilité et le mal avec l’activité ».

Decroly, de son côté, met au point une méthode globale de lecture : il faut partir de la représentation pour l’associer à un mot dans sa globalité et non à une succession de syllabes.


Alexander Niell


Alexander Neill, pour sa part, réaffirme sa radicalité : « C’est sur les conseils du démon que l’on inventa l’école. L’enfant aime la nature, on le parqua dans des salles closes. L’enfant aime voir son activité servir à quelque chose, on fit en sorte qu’elle n’ait aucun but. Il aime manier les objets, on le mit en contact avec les seules idées. Il voudrait s’enthousiasmer, on inventa les punitions. Alors les enfants apprirent ce qu’ils n’auraient jamais appris sans l’école : ils surent dissimuler,  ils surent tricher, ils surent mentir. »  Ferrière, de son côté, jette les bases des conditions nécessaires à l’éclosion d’une école nouvelle : l’isolement du lieu, la proximité de la nature, l’activité expérimentale des enfants, l’égalité entre le travail intellectuel, artistique, sportif ou manuel, la gestion coopérative de la vie commune.


Elisabeth Totten-Béatrice Ensor

Annie Dessante


Le mouvement féministe n’est pas absent des débats et Ferrière s’appuie sur trois femmes pour créer la Ligue Internationale d’Education Nouvelle : l’allemande Elisabeth Rotten et l’anglaise Béatrice Ensor pour la fonder et Annie Dessante pour mettre à disposition son réseau mondial, ses finances et sa Société Philosophique Internationale new-Yorkaise. Les objectifs de la Ligue sont clairs : 

« Article 1 : Le but essentiel de toute éducation est de préparer l’enfant à  vouloir et à réaliser dans sa vie la suprématie de l’esprit. Article 2 : L’éducation doit respecter l’individualité de l’enfant. Article 3 : L’enfant est un être humain conscient de sa dignité d’homme. Article 4 : La compétition égoïste doit disparaître de l’éducation et doit être remplacée par la coopération »




Ferrière signe le premier éditorial de la revue Pour l’Ere Nouvelle : « Bientôt, les parents et les gouvernements verront que par nos méthodes, on peut obtenir beaucoup plus de résultats  utiles avec moins d’efforts inutiles. Alors la vérité s’imposera. Combien de temps faudra-t-il encore pour cela ? L’avenir le dira ».


La première menace


Benito Mussolini


Jusqu’en 1922, Maria Montessori travaillait sans argent public, mais en cette année, les fascistes italiens marchent sur Rome et la première dictature européenne s’installe. L’instituteur Mussolini met la main sur la jeunesse et son éducation, il subventionne les écoles montessoriennes et la formation de ses institutrices. Naïvement, Maria Montessori croit en cet homme providentiel : « Cet homme plein de curiosité, à l’esprit extraordinairement ouvert qui s’informe sur tout  et veut tout connaître, pose un jour les yeux sur ma méthode. Il lui suffit de savoir que ma méthode jouissait de plus de crédit à l’étranger qu’en Italie, il promit son aide avec enthousiasme pour que soit institué partout des écoles ». 

Parallèlement, un vent de liberté pédagogique continue de souffler et Neill va créer son école de Summerhill en Angleterre avec une approche plus psychanalytique : «  Je me spécialise dans les enfants à problèmes ; je veux des filles et des garçons que les autres écoles trouvent problématiques, faignants, ennuyeux, antisociaux. Je dis aux parents : voici mon école, liberté absolue de travailler ou de jouer, c’est à prendre ou à laisser. Les enfants les plus névrosés sont ceux qui ont grandi avec une éducation religieuse. Je veux conduire mes élèves à douter de tout, je les aiderai à trouver un positionnement, une attitude, ils oublieront tout ce que je leur apprends dans un an ou deux, mais un positionnement, une attitude, ça reste toute une vie ».

Les Années Folles d’après-guerre, les années folles de la pédagogie


Célestin Freinet


La libération des corps et des mœurs de ces années profitent à la pédagogie nouvelle. Le deuxième Congrès de la Ligue se tient à Montreux du 2 au 15 août 1923. On y découvre un jeune instituteur français qui attend beaucoup du congrès et des idées de Ferrière : Célestin Freinet (2). Il enseigne, comme tous ses collègues, dans une école publique dont il ne maîtrise ni le nombre ni la qualité des élèves, il déclare : « Madame Montessori et le docteur  Decroly sont médecins, Adolphe Ferrière et ses collègues suisses sont avant tout des penseurs, ils sèment au vent le bon grain d’une éducation libérée, mais quand je me retrouve seul dans ma classe, je me sens désespéré ». 

Freinet est médaillé militaire de 14-18 et une blessure au poumon lui vaut une incapacité à faire la classe depuis l’estrade par manque de souffle : « J’ai pensé faire diversion en emmenant les enfants en promenade. Je parle des arbres fruitiers et tous répètent en mesure : le cerisier est l’arbre qui fait les cerises, le châtaignier est l’arbre qui fait les châtaignes, puis le noisetier, le pommier, etc… L’un demande : et l’arbre qui fait les marguerites ? L’arbre qui fait le chocolat ? Le saladier fait les salades. C’était simple et logique, si simple que je m’étonnais que personne n’ait pu y penser avant moi. Si je peux, par un matériel d’imprimerie adapté à ma classe, traduire le texte vivant, expression de notre promenade, nous retrouverions pour la lecture imprimée le même intérêt profond »


Nadejda Kroupskaïa


En réalité, les expérimentations, dans quelque pays que ce soit, restent marginales. Le seul état partisan de généraliser l’éducation nouvelle est l’Union Soviétique. Les bolcheviques y ont fait table rase du passé et la question de l’éducation est confié à  Nadejda Kroupskaïa, l’épouse de Lénine. Elle connaît bien la problématique car elle a passé une grande partie de sa vie en exil en Europe, comme nombre de révolutionnaires de l’époque tzariste, et elle commence par former les instituteurs destinés aux campagnes russes affaiblies par la guerre non sans arrière-pensée révolutionnaire : « Il faut que l’instituteur soit instruit, l’éducation bourgeoise avait pour but de transformer les enfants du peuple en esclaves salariés et en chair à canon et les enfants bourgeois en chefs, nous devons former des militants qui réaliseront l’idéal socialiste et prolétarien ».




Peu après la mort de Lénine, Célestin Freinet  est invité en URSS pour visiter les écoles témoin de Kroupskaïa, il y voit une véritable tentative d’émanciper les enfants du peuple : « Jamais je n’avais vu tant d’enfants et surtout de jeunes gens si joyeux de participer à un défi si splendide. Groupes humains, drapeaux vivants sur la foule, véhicules débordants qui eux aussi semblent avoir une âme.  Le voyage continue, voici trois bâtiments au milieu des champs. Là vivent, nous dit-on 250 enfants de 12 à 15 ans, orphelins de guerre ou abandonnés. Ils erraient dans les rues sans pain, sans travail,  sans appuis, ils savaient bien ce qu’ils seraient devenus. Puis on les a accueillis, on les a conduits dans ces champs  incultes faute de bras, ils défrichent la terre, abattent des arbres, cultivent des légumes, en vendent même. Mais ces enfants ne pensent pas qu’à leur vie matérielle, ils continuent aussi à étudier. Chers enfants, les écoliers russes ne se sont jamais lassés de nous interroger sur votre situation. Malheureusement quand ils nous demandaient « les enfants ont-ils le self-government chez vous ? Travaillent-ils  dans les usines plusieurs heures par jour pour se familiariser avec la peine des hommes ? Ont-ils un journal ? Un club ? » à toutes ces questions nous répondions honteusement non, nos écoliers n’ont rien de tout cela. Ils vont à l’école non pas pour apprendre à vivre librement mais seulement pour étudier dans des livres et s’habituer à obéir et ces enfants nous disaient « alors vous leur raconterez notre vie ? ». Belle envolée lyrique qui n’est pas sans rappeler les propos enthousiastes de Montessori. Pourtant, Staline commence à éliminer ses opposants politiquement et physiquement…

En Europe, les interrogations sont nombreuses, l’éducation nouvelle n’est-elle pas destinée à une élite choisie? Sert-elle les enfants de la bourgeoisie ou ceux du peuple ? Cette question sera désormais au centre des débats de la Ligue, Freinet déclarera : «  nous voyons l’action historique de cette ligue parfaire l’éducation bourgeoise en développant la connaissance de l’enfant, nous la croyons impuissante à faire plus ». Ce à quoi Ferrière répondra : « Mon cher Freinet, je pense être ou je crois être aussi révolutionnaire que vous, si ce n’est plus. J’ai peut-être moins confiance que vous en la qualité des hommes qui veulent faire la révolution  et surtout dans le pouvoir de l’Etat. L’école active pour moi, c’est celle où on suit une règle, ainsi, il se formera une véritable élite. Or,  c’est d’une véritable élite dont le monde a besoin. »


Janusz Korczak


Au milieu des années 20, Janusz  Korczak (de son vrai nom Henryk Goldszmit ) médecin-psychiatre, invente la notion de Droits de l’Enfant et dirige depuis 15 ans deux orphelinats à Varsovie, l’un juif et l’autre catholique. Il est scruté par la Ligue qui envoie en Pologne des observateurs qui analysent ses méthodes d’autogestion.  Korczak a constitué une république des enfants qui prend modèle sur les institutions dont s’est dotée la jeune Pologne indépendante. Cette « république scolaire » a son propre parlement, son journal et son tribunal, une instance juridique organisée par les élèves délibère mais en vertu d’un code écrit par Korczak : « Le tribunal doit défendre les silencieux et les timides contre les tapageurs et les querelleurs, il doit protéger les faibles contre les chicanes des forts. Si quelqu’un fait quelque chose de mal, le mieux est de lui pardonner car si c’est par ignorance qu’il a mal agi, désormais il n’est plus ignorant, si c’est sans le faire exprès, il sera plus prudent à l’avenir. S’il a mal agi parce qu’il a de mauvaises habitudes, Il va faire un effort, S’il a mal agi parce qu’on l’a incité, désormais il ne se laissera plus influencer ».

Du côté des vaincus de la Grande Guerre




Si le traité de Versailles a donné naissance à la Société des Nations, il a aussi plongé l’Allemagne dans les privations dues aux réparations de guerre et attisé la colère du peuple allemand, surtout après la dévaluation du mark. La jeune République de Weimar tente une réforme sociale et éducative. Le troisième congrès de la Ligue a lieu à Heidelberg du 2 au 15 août 1925. 


Paul Geheeb-Adolphe Ferrière


Cela ne tient en rien du hasard puisque c’est la ville où s’est implantée l’Odenwaldschule de Paul Geheeb, un pédagogue allemand qui suit les travaux de la Ligue depuis sa fondation.  Il vante les vertus de la coéducation entre garçons et filles : « Pendant 2000 ans la structure de l’Occident a été masculine dans le sens politique, scientifique, artistique, social. Il me semble que la coéducation des filles et des garçons est la condition préalable de la victoire sur la culture masculine unilatérale. Les relations avec l’autre sexe font partie de ce qu’il y a de plus beau, toute la morale sexuelle est contre nature et il est temps d’arrêter avec cela ». Dès les années 20, les mouvements naturistes sont autorisés en Allemagne et pour Geheeb, être nu, c’est être libre dans ses rapports à l’autre, les dérives sont inévitables, le culte du corps a ses adeptes tapis dans l’ombre brune.

Les premières tensions



Du 3 au 15 août 1927, c’est à Locarno, où furent signés les accords de paix renouvelée en 1925, que se tient le quatrième congrès de la Ligue. L’année précédente, l’Allemagne a intégré la Société des Nations, à la suite des accords signés le 16 octobre 1925 sous l’égide d’Aristide Briand, ministre français des Affaires étrangères. A ce congrès, Maria Montessori, pourtant alliée de l’Etat Fasciste, mais pacifiste dans l’âme, fait part de ses inquiétudes : « L’Humanité est perdue, elle ressemble à un enfant abandonné en forêt, effrayé par les forces mystérieuses qui l’attire vers la guerre », cependant que tout participe à l’illusion de la paix. Le congrès de 1927 réunit 1200 éducateurs venus de 42 pays sur le thème Liberté ou Discipline ? L’Education Nouvelle doit trancher, la conférence de Maria Montessori est très attendue, elle dit : « On prétend généralement que liberté et discipline sont deux choses opposées et que si l’une d’elles existe, l’autre disparaît logiquement. Je prétends au contraire que non seulement l’une vient de l’autre et qu’elles ne peuvent exister séparément. Cela est si vrai qu’on l’aperçoit même chez l’enfant. Si l’on étudie la meilleure méthode d’établir la liberté, on aboutit tout naturellement à une discipline merveilleuse. La discipline, c’est l’ordre, obéir à des lois n’est pas seulement un devoir mais une nécessité vitale ». 

Les discours divergent et la Ligue ne veut pas prendre position face aux tensions sociales, nationalistes, religieuses qui montent en Europe. Ferrière s’interroge alors : « Les socialistes suisses attaquent nos collaborateurs italiens et les accusent de collaboration fasciste, le bureau international de l’éducation menace de se retirer si il y a un représentant fasciste du gouvernement italien. Le soir les représentants allemands se sont montrés violents, ils ont déclaré trouver certains orateurs de notre congrès trop bourgeois. (…) Le mensonge sur lequel est bâti la Ligue vient de la neutralité politique et religieuse. Si un jour malheureusement prochain une guerre se déclenche avant que l’éducation nouvelle n’ait réalisé la rénovation intérieure des individus, que fera alors la Ligue ? ».

Une crise mondiale se prépare dans l’indifférence de cette fin des années 20. Le cinquième congrès de la Ligue qui se tient en 1929, au Danemark, à Elseneur, ville d’Hamlet, est un succès sans précédent. Jamais autant de participants d’autant de pays n’étaient venus défendre l’éducation nouvelle.




Seulement, la promesse de liberté engendrée par le renouveau pédagogique semble s’épuiser déjà. Quelques temps après, Ferrière assiste au 20ème anniversaire de l’école de Paul Geheeb en Allemagne et lance le débat sur les rapports entre l’école et le monde : « Sait-on que l’Allemagne devra soutenir 5 millions de chômeurs cet hiver ? L’existence de l’école est-elle justifiée dans ce contexte de misère sociale ?  L’école a-t-elle un rôle à jouer ? On dit qu’à l’école de l’Odenwald, on mène une vie trop douce et trop éloignée des réalités de la vie, je ne suis pas d’accord, il peut s’avérer difficile de s’adapter à la sortie de l’école, mais le bonheur d’y avoir vécu vous donne une force énorme ». 

Bientôt, Hitler, qui vient de gagner les élections du Landstag de la Hesse en novembre 1931, visite l’Odenwaldschule de Heidelberg. Geheeb écrit à Ferrière : « Mon cher ami, les élections au landtag du 15 novembre ont été très graves, les nationaux-socialistes arrivent en tête. L’Allemagne est déjà en faillite, de plus en plus de parents d’élèves ont du mal à payer ». L’Odenwaldschule, sa pensée démocratique et internationaliste, ses principes d’autogestion et de coéducation, représentent la dégénérescence de l’éducation pour les nazis, mais d’autre part, elle représente aussi la formation d’une élite allemande communiant avec la nature et la pureté. Le national-socialisme veut récupérer ce programme…


Prochainement, suite et fin de l’étude :
L’école nouvelle, l’espoir nouveau
Période 1932-1939 : la fin des pionniers

(1) : Voir les articles déjà parus dans la rubrique « Commémoration » :



(2) : Voir l’article déjà paru dans la même rubrique rubrique :
L’imprimerie à l’école : au-delà de la technique par Jean Gaumet


SOURCES :
-          « Révolution Ecole 1918-1939 » réalisation Joanna Grudzinska, co-écriture Léa Todorov, Laurent Roth, François Prodromidès, 2017
-          Archives départementales 06
-          Revues « Pour l’Ere Nouvelle »
-          « Journal du Ghetto », Janusz Korczak
-          « Elise et Célestin Freinet, souvenir de notre vie, Tome 1, 1896-1940 » Madeleine Freinet
-          Archives du Lien International d’Education nouvelle : http://lelien2.org/
-          Article Wikipédia :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Ligue_internationale_pour_l%27%C3%A9ducation_nouvelle
-          P.Mérieu :
https://www.meirieu.com/PATRIMOINE/MAKARENKO_GORKI.pdf


Cet article est extrait de la brochure : 





En vente au musée, 8 euros (+ frais de port 2 euros)

P.P

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