L’école nouvelle, l’espoir
nouveau
Période 1920-1931 ; les pionniers
« Dis, quelle est ta
Patrie ? Ma belle France est ma Patrie, je saurai m’en souvenir. Je dois
lui consacrer ma vie, pour elle je saurai mourir » (Livre unique de Morale et d’Instruction
Civique, Editions Godchaux, avant 1900)
Guerre
à la guerre
Les
enfants qui ont clamé cette maxime de morale patriotique en classe avant 1900
sont morts sur le champ de bataille, à peine adultes, à l’image d’Antoine
Chaînard, notre écolier de Marizy de la classe 1897 ou encore de Paul
Constant Moutardier, notre instituteur montcellien de la classe 1915 (1). Au sortir de la Grande Guerre, dans
toute l’Europe, les pédagogues font le même constat : l’école qui voulait
former des citoyens éclairés a aussi préparé toute une société à l’obéissance
et au sacrifice suprême. Il faut dorénavant rompre avec la vieille école et
préparer la prochaine génération à la paix, il faut inventer une éducation
nouvelle, pour un enfant nouveau qui ne fera plus jamais la guerre.
L’idée n’était pourtant pas
nouvelle. Dès 1900, des pionniers de la pédagogie moderne avaient déjà
expérimenté dans leurs écoles laboratoires, une éducation différente de celle
des Etats. Chacun recherchait des
méthodes innovantes : Francisco Ferrer en Espagne avec son école moderne
qui prônait la mixité, l’égalité sociale, l’autodiscipline, l’abandon des
examens et des punitions ; Ovide Decroly en Belgique qui inventa une
nouvelle méthode de lecture mettant en avant l’éveil de l’intérêt de l’enfant ; Maria
Montessori en Italie qui révolutionna le matériel pédagogique ; Alexander
Neill en Angleterre qui défendit les idées nobles de Rousseau contre
l’autorité, les châtiments corporels, partisan du minimum d’intervention des
adultes dans les apprentissages.
Adolphe Ferrière |
Un jeune docteur en
sociologie genevois, Adolphe Ferrière, rencontra tous ces pédagogues, visita
leurs écoles, regroupa toutes leurs expériences nouvelles et finalement proposa
une école « active » face à l’école « assise ». En 1909, il
publia son Projet d’école nouvelle en espérant être financé pour
créer son propre établissement en Suisse de langue française. Dès lors, Il
travailla à un mouvement de rénovation pédagogique se voulant
international : « Si le monde a marché à la ruine c’est
que l’école a formé, pétri, maté, des millions d’enfants. Je rédige un texte
sur les conditions requises pour constituer une école nouvelle type. En visant
à préparer les éducateurs, j’ai le sentiment que j’atteindrai le mieux ou le
moins mal possible l’enfance, la génération de demain. Moins de souffrance chez
les enfants actuels, moins de souffrance dans l’humanité de demain et d’après –
demain, illusion, peut-être. »
Le
premier pas vers une éducation nouvelle
Au sortir de la Grande
Guerre le traité de Versailles, malgré sa rudesse, offre malgré tout une opportunité sans
précédent d’échange entre les belligérants. En 1920, la Société des Nations
s’installe à Genève. Pour la première fois, les états se rassemblent dans une
organisation universelle qui se donne pour objectif d’assurer l’ordre mondial
et de résoudre les conflits pacifiquement. C’est ce même idéal de paix et de
coopération que promeuvent les partisans d’une école libérée et, le 6 août
1921, Adolphe Ferrière rassemble à Calais tous les acteurs du renouveau
pédagogique pour le premier Congrès International de l’Education nouvelle.
Il réunit 150 pédagogues
venus de 10 pays : des instituteurs, des médecins, des philosophes de
toutes religions et de toutes mouvances politiques dont le principal point
commun est le pacifisme et la lutte contre l’école traditionnelle. Decroly est
présent mais Maria Montessori, excusée, est représentée par des émules qui font
participer les congressistes à la manipulation de leur matériel pédagogique
comme le feraient de jeunes enfants.
Maria Montessori |
Ovide Decroly |
Tout au long des années 20,
l’éducation apparaîtra à tous, à l’évidence, comme le seul salut face à la
guerre. L’éducation devient une science, Maria Montessori et Ovide Decroly,
tous deux médecins testent alors leurs méthodes.
Pour se faire, Maria
Montessori prend la direction de la Casa
dei Bambini, un jardin d’enfants, elle en fait le laboratoire de l’enfant
nouveau : « Si le salut vient, il passera par les enfants qui sont les
créateurs de l’humanité. Les enfants sont investis de pouvoirs inconnus qui
peuvent être les clés d’un avenir meilleur. » Elle conçoit un
matériel et un mobilier pédagogiques adapté aux enfants et à leur désir, elle
met fin à « l’immobilité » de l’élève et au « rapport
vertical » du maître. La lecture et le calcul sont transmis par une
approche sensorielle, l’enfant doit expérimenter lui-même : « Mon
but est la libération de l’esprit prisonnier de l’homme par l’éducation de ses
sens, nous ne pouvons pas savoir les conséquences de l’étouffement d’un acte
spontané alors que l’enfant commence à peine à agir. Il faut empêcher l’enfant
de confondre le bien avec l’immobilité et le mal avec l’activité ».
Decroly, de son côté, met au
point une méthode globale de lecture : il faut partir de la représentation
pour l’associer à un mot dans sa globalité et non à une succession de syllabes.
Alexander Niell |
Alexander Neill, pour sa
part, réaffirme sa radicalité : « C’est sur les conseils du démon que
l’on inventa l’école. L’enfant aime la nature, on le parqua dans des salles
closes. L’enfant aime voir son activité servir à quelque chose, on fit en sorte
qu’elle n’ait aucun but. Il aime manier les objets, on le mit en contact avec
les seules idées. Il voudrait s’enthousiasmer, on inventa les punitions. Alors
les enfants apprirent ce qu’ils n’auraient jamais appris sans l’école :
ils surent dissimuler, ils surent
tricher, ils surent mentir. »
Ferrière, de son côté, jette les bases des conditions nécessaires à
l’éclosion d’une école nouvelle : l’isolement du lieu, la proximité de la
nature, l’activité expérimentale des enfants, l’égalité entre le travail
intellectuel, artistique, sportif ou manuel, la gestion coopérative de la vie
commune.
Elisabeth Totten-Béatrice Ensor |
Annie Dessante |
Le mouvement féministe n’est
pas absent des débats et Ferrière s’appuie sur trois femmes pour créer la Ligue
Internationale d’Education Nouvelle : l’allemande Elisabeth Rotten et
l’anglaise Béatrice Ensor pour la fonder et Annie Dessante pour mettre à
disposition son réseau mondial, ses finances et sa Société Philosophique
Internationale new-Yorkaise. Les objectifs de la Ligue sont clairs :
« Article
1 : Le but essentiel de toute éducation est de préparer l’enfant à vouloir et à réaliser dans sa vie la
suprématie de l’esprit. Article 2 : L’éducation doit respecter
l’individualité de l’enfant. Article 3 : L’enfant est un être humain
conscient de sa dignité d’homme. Article 4 : La compétition égoïste doit
disparaître de l’éducation et doit être remplacée par la coopération ».
Ferrière signe le premier
éditorial de la revue Pour l’Ere Nouvelle :
« Bientôt,
les parents et les gouvernements verront que par nos méthodes, on peut obtenir
beaucoup plus de résultats utiles avec
moins d’efforts inutiles. Alors la vérité s’imposera. Combien de temps
faudra-t-il encore pour cela ? L’avenir le dira ».
La
première menace
Benito Mussolini |
Jusqu’en 1922, Maria
Montessori travaillait sans argent public, mais en cette année, les fascistes
italiens marchent sur Rome et la première dictature européenne s’installe.
L’instituteur Mussolini met la main sur la jeunesse et son éducation, il
subventionne les écoles montessoriennes et la formation de ses institutrices.
Naïvement, Maria Montessori croit en cet homme providentiel : « Cet homme plein de curiosité, à l’esprit
extraordinairement ouvert qui s’informe sur tout et veut tout connaître, pose un jour les yeux
sur ma méthode. Il lui suffit de savoir que ma méthode jouissait de
plus de crédit à l’étranger qu’en Italie, il promit son aide avec enthousiasme
pour que soit institué partout des écoles ».
Parallèlement, un
vent de liberté pédagogique continue de souffler et Neill va créer son école de
Summerhill en Angleterre avec une approche plus psychanalytique : «
Je me spécialise dans les enfants à problèmes ; je veux des filles et des
garçons que les autres écoles trouvent problématiques, faignants, ennuyeux,
antisociaux. Je dis aux parents : voici mon école, liberté absolue de
travailler ou de jouer, c’est à prendre ou à laisser. Les enfants les plus
névrosés sont ceux qui ont grandi avec une éducation religieuse. Je veux
conduire mes élèves à douter de tout, je les aiderai à trouver un positionnement,
une attitude, ils oublieront tout ce que je leur apprends dans un an ou deux,
mais un positionnement, une attitude, ça reste toute une vie ».
Les
Années Folles d’après-guerre, les années folles de la pédagogie
Célestin Freinet |
La libération des corps et
des mœurs de ces années profitent à la pédagogie nouvelle. Le deuxième Congrès
de la Ligue se tient à Montreux du 2 au 15 août 1923. On y découvre un jeune
instituteur français qui attend beaucoup du congrès et des idées de
Ferrière : Célestin Freinet (2). Il enseigne, comme tous ses collègues, dans
une école publique dont il ne maîtrise ni le nombre ni la qualité des élèves,
il déclare : « Madame Montessori et le docteur
Decroly sont médecins, Adolphe Ferrière et ses collègues suisses sont
avant tout des penseurs, ils sèment au vent le bon grain d’une éducation
libérée, mais quand je me retrouve seul dans ma classe, je me sens
désespéré ».
Freinet est médaillé militaire de 14-18 et une
blessure au poumon lui vaut une incapacité à faire la classe depuis l’estrade
par manque de souffle : « J’ai pensé faire diversion en
emmenant les enfants en promenade. Je parle des arbres fruitiers et tous répètent
en mesure : le cerisier est l’arbre qui fait les cerises, le châtaignier
est l’arbre qui fait les châtaignes, puis le noisetier, le pommier, etc… L’un
demande : et l’arbre qui fait les marguerites ? L’arbre qui fait le
chocolat ? Le saladier fait les salades. C’était simple et logique, si
simple que je m’étonnais que personne n’ait pu y penser avant moi. Si je peux,
par un matériel d’imprimerie adapté à ma classe, traduire le texte vivant,
expression de notre promenade, nous retrouverions pour la lecture imprimée le
même intérêt profond ».
Nadejda Kroupskaïa |
En réalité, les
expérimentations, dans quelque pays que ce soit, restent marginales. Le seul
état partisan de généraliser l’éducation nouvelle est l’Union Soviétique. Les
bolcheviques y ont fait table rase du passé et la question de l’éducation est
confié à Nadejda Kroupskaïa, l’épouse de
Lénine. Elle connaît bien la problématique car elle a passé une grande partie
de sa vie en exil en Europe, comme nombre de révolutionnaires de l’époque
tzariste, et elle commence par former les instituteurs destinés aux campagnes
russes affaiblies par la guerre non sans arrière-pensée révolutionnaire : « Il
faut que l’instituteur soit instruit, l’éducation bourgeoise avait pour but de
transformer les enfants du peuple en esclaves salariés et en chair à canon et
les enfants bourgeois en chefs, nous devons former des militants qui
réaliseront l’idéal socialiste et prolétarien ».
Peu après la mort de Lénine,
Célestin Freinet est invité en URSS pour
visiter les écoles témoin de Kroupskaïa, il y voit une véritable tentative
d’émanciper les enfants du peuple : « Jamais je n’avais vu tant d’enfants
et surtout de jeunes gens si joyeux de participer à un défi si splendide.
Groupes humains, drapeaux vivants sur la foule, véhicules débordants qui eux
aussi semblent avoir une âme. Le voyage
continue, voici trois bâtiments au milieu des champs. Là vivent, nous dit-on
250 enfants de 12 à 15 ans, orphelins de guerre ou abandonnés. Ils erraient
dans les rues sans pain, sans travail,
sans appuis, ils savaient bien ce qu’ils seraient devenus. Puis on les a
accueillis, on les a conduits dans ces champs
incultes faute de bras, ils défrichent la terre, abattent des arbres,
cultivent des légumes, en vendent même. Mais ces enfants ne pensent pas qu’à
leur vie matérielle, ils continuent aussi à étudier. Chers enfants, les
écoliers russes ne se sont jamais lassés de nous interroger sur votre
situation. Malheureusement quand ils nous demandaient « les enfants ont-ils le self-government
chez vous ? Travaillent-ils
dans les usines plusieurs heures par jour pour se familiariser avec la
peine des hommes ? Ont-ils un journal ? Un club ? » à
toutes ces questions nous répondions honteusement non, nos écoliers n’ont rien
de tout cela. Ils vont à l’école non pas pour apprendre à vivre librement mais
seulement pour étudier dans des livres et s’habituer à obéir et ces enfants
nous disaient « alors vous leur raconterez notre vie ? ». Belle
envolée lyrique qui n’est pas sans rappeler les propos enthousiastes de Montessori.
Pourtant, Staline commence à éliminer ses opposants politiquement et
physiquement…
En Europe, les
interrogations sont nombreuses, l’éducation nouvelle n’est-elle pas destinée à
une élite choisie? Sert-elle les enfants de la bourgeoisie ou ceux du
peuple ? Cette question sera désormais au centre des débats de la Ligue,
Freinet déclarera : « nous voyons l’action historique de
cette ligue parfaire l’éducation bourgeoise en développant la connaissance de
l’enfant, nous la croyons impuissante à faire plus ».
Ce à quoi Ferrière répondra : « Mon cher Freinet, je pense être ou je
crois être aussi révolutionnaire que vous, si ce n’est plus. J’ai peut-être
moins confiance que vous en la qualité des hommes qui veulent faire la
révolution et surtout dans le pouvoir de
l’Etat. L’école active pour moi, c’est celle où on suit une règle, ainsi, il se
formera une véritable élite. Or, c’est
d’une véritable élite dont le monde a besoin. »
Janusz Korczak |
Au milieu des années 20, Janusz Korczak (de son vrai nom Henryk Goldszmit ) médecin-psychiatre, invente la notion de Droits de l’Enfant et dirige depuis 15 ans deux orphelinats à Varsovie, l’un juif et
l’autre catholique. Il est scruté par la Ligue qui envoie en Pologne des
observateurs qui analysent ses méthodes d’autogestion. Korczak a constitué une république des
enfants qui prend modèle sur les institutions dont s’est dotée la jeune Pologne
indépendante. Cette « république scolaire » a son propre parlement,
son journal et son tribunal, une instance juridique organisée par les élèves
délibère mais en vertu d’un code écrit par Korczak : « Le tribunal doit défendre
les silencieux et les timides contre les tapageurs et les querelleurs, il doit
protéger les faibles contre les chicanes des forts. Si quelqu’un fait quelque
chose de mal, le mieux est de lui pardonner car si c’est par ignorance qu’il a
mal agi, désormais il n’est plus ignorant, si c’est sans le faire exprès, il
sera plus prudent à l’avenir. S’il a mal agi parce qu’il a de mauvaises
habitudes, Il va faire un effort, S’il a mal agi parce qu’on l’a incité,
désormais il ne se laissera plus influencer ».
Du
côté des vaincus de la Grande Guerre
Si le traité de Versailles a
donné naissance à la Société des Nations, il a aussi plongé l’Allemagne dans
les privations dues aux réparations de guerre et attisé la colère du peuple
allemand, surtout après la dévaluation du mark. La jeune République de Weimar
tente une réforme sociale et éducative. Le troisième congrès de la Ligue a lieu
à Heidelberg du 2 au 15 août 1925.
Paul Geheeb-Adolphe Ferrière |
Cela ne tient en rien du
hasard puisque c’est la ville où s’est implantée l’Odenwaldschule de Paul
Geheeb, un pédagogue allemand qui suit les travaux de la Ligue depuis sa
fondation. Il vante les vertus de la
coéducation entre garçons et filles : « Pendant 2000 ans la structure de
l’Occident a été masculine dans le sens politique, scientifique, artistique,
social. Il me semble que la coéducation des filles et des garçons est la
condition préalable de la victoire sur la culture masculine unilatérale. Les
relations avec l’autre sexe font partie de ce qu’il y a de plus beau, toute la
morale sexuelle est contre nature et il est temps d’arrêter avec cela ». Dès
les années 20, les mouvements naturistes sont autorisés en Allemagne et pour
Geheeb, être nu, c’est être libre dans ses rapports à l’autre, les dérives sont
inévitables, le culte du corps a ses adeptes tapis dans l’ombre brune.
Les
premières tensions
Du 3 au 15 août 1927, c’est
à Locarno, où furent signés les accords de paix renouvelée en 1925, que se
tient le quatrième congrès de la Ligue. L’année précédente, l’Allemagne a
intégré la Société des Nations, à la suite des accords signés le 16 octobre
1925 sous l’égide d’Aristide Briand, ministre français des Affaires étrangères.
A ce congrès, Maria Montessori, pourtant alliée de l’Etat Fasciste, mais
pacifiste dans l’âme, fait part de ses inquiétudes : « L’Humanité est perdue,
elle ressemble à un enfant abandonné en forêt, effrayé par les forces
mystérieuses qui l’attire vers la guerre », cependant que tout
participe à l’illusion de la paix. Le congrès de 1927 réunit 1200 éducateurs
venus de 42 pays sur le thème Liberté ou
Discipline ? L’Education Nouvelle doit trancher, la conférence de
Maria Montessori est très attendue, elle dit : « On prétend généralement
que liberté et discipline sont deux choses opposées et que si l’une d’elles
existe, l’autre disparaît logiquement. Je prétends au contraire que non
seulement l’une vient de l’autre et qu’elles ne peuvent exister séparément.
Cela est si vrai qu’on l’aperçoit même chez l’enfant. Si l’on étudie la
meilleure méthode d’établir la liberté, on aboutit tout naturellement à une
discipline merveilleuse. La discipline, c’est l’ordre, obéir à des lois n’est
pas seulement un devoir mais une nécessité vitale ».
Les discours
divergent et la Ligue ne veut pas prendre position face aux tensions sociales,
nationalistes, religieuses qui montent en Europe. Ferrière s’interroge
alors : « Les socialistes suisses attaquent nos collaborateurs italiens et
les accusent de collaboration fasciste, le bureau international de l’éducation
menace de se retirer si il y a un représentant fasciste du gouvernement italien.
Le soir les représentants allemands se sont montrés violents, ils ont déclaré
trouver certains orateurs de notre congrès trop bourgeois. (…) Le
mensonge sur lequel est bâti la Ligue vient de la neutralité politique et
religieuse. Si un jour malheureusement prochain une guerre se déclenche avant
que l’éducation nouvelle n’ait réalisé la rénovation intérieure des individus,
que fera alors la Ligue ? ».
Une crise mondiale se
prépare dans l’indifférence de cette fin des années 20. Le cinquième congrès de la Ligue qui se tient en 1929, au
Danemark, à Elseneur, ville d’Hamlet, est un succès sans précédent. Jamais
autant de participants d’autant de pays n’étaient venus défendre l’éducation
nouvelle.
Seulement, la promesse de
liberté engendrée par le renouveau pédagogique semble s’épuiser déjà. Quelques
temps après, Ferrière assiste au 20ème anniversaire de l’école de
Paul Geheeb en Allemagne et lance le débat sur les rapports entre l’école et le
monde : « Sait-on
que l’Allemagne devra soutenir 5 millions de chômeurs cet hiver ?
L’existence de l’école est-elle justifiée dans ce contexte de misère
sociale ? L’école a-t-elle un rôle
à jouer ? On dit qu’à l’école de l’Odenwald, on mène une vie trop douce et
trop éloignée des réalités de la vie, je ne suis pas d’accord, il peut s’avérer
difficile de s’adapter à la sortie de l’école, mais le bonheur d’y avoir vécu
vous donne une force énorme ».
Bientôt, Hitler, qui vient
de gagner les élections du Landstag de la Hesse en novembre 1931, visite
l’Odenwaldschule de Heidelberg. Geheeb écrit à Ferrière : « Mon
cher ami, les élections au landtag du 15 novembre ont été très graves, les
nationaux-socialistes arrivent en tête. L’Allemagne est déjà en faillite, de
plus en plus de parents d’élèves ont du mal à payer ». L’Odenwaldschule,
sa pensée démocratique et internationaliste, ses principes d’autogestion et de
coéducation, représentent la dégénérescence de l’éducation pour les nazis, mais
d’autre part, elle représente aussi la formation d’une élite allemande
communiant avec la nature et la pureté. Le national-socialisme veut récupérer
ce programme…
Prochainement, suite et fin de l’étude :
L’école
nouvelle, l’espoir nouveau
Période 1932-1939 : la fin des pionniers
(1) : Voir les articles
déjà parus dans la rubrique « Commémoration » :
Antoine Chaînard : https://musee-ecole-montceau-71.blogspot.com/2018/09/le-rap-au-musee-de-la-maison-decole-de.html#more
Paul Constant Moutardier : https://musee-ecole-montceau-71.blogspot.com/2018/09/2018-derniere-annee-de-commemoration-du.html#more
(2) : Voir
l’article déjà paru dans la même rubrique rubrique :
L’imprimerie à l’école : au-delà de la
technique par Jean Gaumet
SOURCES :
-
« Révolution
Ecole 1918-1939 » réalisation Joanna Grudzinska,
co-écriture Léa Todorov, Laurent Roth, François Prodromidès, 2017
-
Archives départementales 06
-
Revues « Pour l’Ere Nouvelle »
-
« Journal
du Ghetto », Janusz Korczak
-
« Elise
et Célestin Freinet, souvenir de notre vie, Tome 1, 1896-1940 » Madeleine
Freinet
-
Archives du Lien International d’Education
nouvelle : http://lelien2.org/
-
Article Wikipédia :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Ligue_internationale_pour_l%27%C3%A9ducation_nouvelle
-
P.Mérieu :
https://www.meirieu.com/PATRIMOINE/MAKARENKO_GORKI.pdf
Cet article est extrait de la brochure :
En vente au musée, 8 euros (+ frais de port 2 euros)
P.P
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