jeudi 17 novembre 2016

L'activité physique

L’activité physique au service de la Nation

Historique  sur  le  Bassin  Montcellien.

par Michel Billard, Secrétaire de l'assosiation


Manuel des bataillons scolaires


L’activité physique à l’école

18 Mars 1879 : proposition de loi du sénateur GEORGE rendant la gymnastique obligatoire dans tous les collèges et toutes les écoles publiques de garçons.
4 Novembre 1880 : les républicains de la Troisième République enfin au pouvoir, veulent aller plus loin que de simples exercices militaires. Ils sont sensibles à une proposition d’Aristide REY d’organiser en bataillons armés et équipés les écoles communales de garçons.
29 Mars 1881 : Jules FERRY informe les chefs d’établissements scolaires publics qu’il les met en possession d’un « Manuel de gymnastique et d’exercices militaires. » Ce manuel (bible officielle de l’enseignement de l’éducation physique) se divise en deux parties : la gymnastique sans appareils et les exercices militaires.


Juillet 1881 : la proposition REY est adoptée par le conseil municipal de Paris qui, avec l’aide de la Ligue française de l’enseignement de Jean MACE puis, plus tard, par la Ligue des patriotes de Paul DEROULEDE, décide de créer  tout de suite un certain nombre de bataillons scolaires.
21 Janvier 1882 : un arrêté de Paul BERT, alors ministre de l’instruction publique, crée une commission d’éducation militaire qui sera présidée par Paul DEROULEDE après lui.
28 Mars 1882 : vote de la loi scolaire de Jules FERRY qui confirme l’enseignement de la gymnastique à l’école primaire obligatoire pour les garçons et pour les filles avec obligation d’exercices militaires pour les premiers. Ce texte généralise de manière réglementaire l’instruction militaire dans les écoles primaires de garçons.
2 Juin 1882 : Jules FERRY déclare devant l’Union des sociétés de gymnastique de France : « La gymnastique est inséparable de l’éducation militaire … Nous croyons que l’éducation militaire ne pénétrera complètement nos mœurs scolaires qu’après que l’instituteur soit devenu lui-même un professeur d’exercices militaires. »
6 Juillet 1882 : décret portant création (non obligatoire) des bataillons scolaires pour les groupements d’au moins deux cents élèves répartis en quatre compagnies de cinquante. Ce décret est signé par les Ministres de la Guerre, de l’Instruction publique et de l’Intérieur.
L’entraînement des bataillons scolaires doit avoir lieu les jeudis et les dimanches. L’horaire de gymnastique quant à lui reste inchangé mais très vite celui-ci est oublié au profit du précédent qui prend désormais toute la place de l’éducation physique à l’école.
Septembre1882 : arrivée à Montceau de M. BERGER instructeur militaire, recruté pour enseigner la gymnastique aux garçons de l’école primaire supérieure.


Lettre du Général Commandant de région nommant M. Berger Instructeur aux écoles de Montceau


Cependant dès 1884, les plus chauds partisans des Bataillons Scolaires, dont par exemple la Ligue des Patriotes, ne sont plus trop sûrs de l’efficacité réelle du système. On commence à le trouver insuffisant. D’autre part les milieux d’opposition se gaussent de ces mascarades et les autorités religieuses protestent contre le fait que l’entraînement des bataillons gêne le catéchisme, les offices et les communions. C’est le conflit armé de 1914 – 1918 qui scellera définitivement toutes velléités d’instruction militaire à l’école. En effet, les instituteurs réquisitionnés au front ne pouvaient plus assurer cet enseignement et les institutrices (non formées à cette discipline) ne les ont pas remplacés dans cette tâche. D’autre part les garçons affectés aux  travaux des champs, pour pallier l’absence des hommes, n’étaient pas très assidus sur les bancs de l’école. Quant aux instructions officielles, il faudra attendre 1923 pour que les termes « instructions militaires » n’apparaissent plus à côté de la gymnastique.


L'activité physique dans les associations sportives civiles 

A la suppression des bataillons scolaires, les instructeurs militaires détachés ne veulent plus regagner leurs unités et cherchent à se rendre utiles sur les lieux mêmes où ils se sont occupés des jeunes. C’est ainsi que l’on va assister à la création de sociétés sportives animées par ces militaires qui vont reprendre en mains la formation interrompue à l’école communale. Bien entendu ces clubs sportifs seront dans un premier temps spécialisés dans l’enseignement du tir, de la gymnastique et de l’escrime.


Service Ecomusée-cliché Daniel Busseuil

La  gymnastique dans le Bassin minier 

A Montceau, c’est au Bois du Verne que fut créée la première société de tir, en 1881. Mais le patronat de la mine a vite compris l’intérêt qu’il pouvait y avoir à favoriser le développement de sociétés sportives et plus particulièrement celles de gymnastique. En effet le gymnaste de l’époque se présente comme quelqu’un de robuste, de fort, en bonne santé et l’attrait de cette force de travail n’échappe pas à la famille CHAGOT qui favorisera le développement de ces sociétés.
1884 : naissance de la société  de gymnastique et d’instruction militaire Progrès et Patrie qui s’entraîne à Montceau, Léonce CHAGOT en est le Président d’honneur « à vie » et son neveu Lionel de GOURNAY est Président actif « irrévocable » (les termes sont empruntés aux statuts).
1888 : Blanzy n’est pas en reste avec la création de la société La Patriote de Blanzy.
1899 : les mineurs du Bois du Verne, trouvant la coloration patronale de « Progrès et Patrie » trop prononcée créent une sorte de filiale « ouvrière » de cette société. Celle-ci ne résistera pas aux mouvements syndicaux de la Grande Grève et donnera en …
1901 : la création de La Montcellienne avec dépôt officiel des statuts. Elle fut présidée à l’origine par M. CARPENTIER puis par Léon DIDIER (1904-1926). C’est sous cette présidence que fut organisé le grand concours international de gymnastique les 2, 3 et 4 Août 1913 à Montceau. On retrouve à cette occasion comme membre du comité d’organisation M. BERGER notre instructeur militaire de l’école primaire supérieure. Le lien est donc ici assuré entre l’école et les sociétés civiles.


Union Sportive de Montceau, on remarquera la similitude de l'uniforme des enfants avec celui des bataillons scolaires


Le climat social montcellien fut très agité de 1899 à 1901 mais dès 1878 on assiste à la création de sociétés clandestines opposées au patronat dans la continuité de la Bande Noire (1877). Le culte du secret  local est-il né à cette époque ? Toujours est-il que l’essentiel était de ne pas se faire surprendre. La Marianne est la première à voir le jour en 1879, suivie en 1881 par la Pensée du Bois du Verne et les Justiciers du Droit. Ces regroupements d’ouvriers au cours de leurs réunions abordaient tous les sujets de société y compris ceux de la pratique sportive et en …
1899 : on assiste à la création de cinq nouvelles structures, l’avenir des enfants socialistes remplace les Mineurs du Bois du Verne et une autre société de gymnastique naît, elle s’appelle Liberté et Progrès, on voit immédiatement dans l’appellation la coloration politique des dirigeants. Une société d’escrime se développe au Magny la même année l’Alliance sociale bientôt rejointe par la Pédale Sociale qui organise la pratique cycliste. Des joutes et des démonstrations de natation ont d’abord eu lieu dans le Canal du Centre puis à l’étang du Plessis où elles ont obtenu un beau succès populaire. C’est le club appelé la Liberté Sociale qui en était le maître d’œuvre.
Face à ces groupements d’obédiences socialistes, les forces patronales et ecclésiastiques ne tardèrent pas à s’organiser et les patronages furent les lieux privilégiés de regroupement de la jeunesse bien-pensante de l’époque.
1904 : l’abbé BAILLY fonde Le Patronage de Saint Symphorien à Montceau qui permet aux jeunes montcelliens de se réunir dans le grenier de la cure et de jouer au football dans le jardin. L’idée de créer une section de gymnastique naît rapidement et sous l’impulsion de M.REY premier moniteur, on assiste à la naissance de l'Espérance.


La Montcellienne à l'entraînement, présentation des armes


1907 : C'est la création de l’Espérance. Après des résultats prometteurs aux concours gymniques catholiques du département, l’idée est venue aux dirigeants de créer une section de cette association dans chaque paroisse du Bassin Minier et c’est ainsi qu’en 1909 furent ouvertes les sections de Bellevue, du Magny et de Saint-Vallier. Chaque unité est rattachée à la « maison-mère » de Montceau et elle se distingue de celle-ci par le port de béret de couleur différente. En 1920, les sections de Bellevue et de Saint-Vallier vont prendre leur autonomie, celle du Magny sera dissoute. Pour obtenir l’agrément gouvernemental en matière sportive, l’association doit être distincte du patronage d’origine qui s’orientera progressivement vers le scoutisme naissant,  et c’est ainsi que L’Espérance de Montceau verra le jour le 21 Juillet 1920. Le président en exercice sera Jean DACHER, Paul MEREAU est moniteur général et le chef de clique est Mr FIQUET. Dès 1923 les entraînements ont lieu dans des locaux appartenant à la Société des Mines de Blanzy, d’abord à l’école de la mine de la 9éme écluse puis au Centre Sportif Salengro dès sa construction en 1950.


Société de gymnastique l'Espérance, section Montceau


L’arrivée  des  sports  anglais 

1888 : Pierre de FREDY baron DE COUBERTIN publie deux livres mettant fortement en avant le système anglais d’éducation des enfants qui inclut le sport dans les horaires hebdomadaires de formation.
1914 – 1918 : le conflit meurtrier a réuni des milliers d’hommes dans la souffrance mais aussi dans la camaraderie et l’ouverture vers d’autres individus. Les hommes valides, après un assaut, étaient en repos à l’arrière où ils s’ennuyaient ferme, l’inactivité devient pesante dans certaines circonstances ! Regroupés avec des régiments anglais, ils ne tardèrent pas à pratiquer les mêmes activités de détente qu’eux. C’est ainsi que nos poilus découvrirent le football, le rugby, le hockey, le basket, le cross-country et la natation. Ces sports donnèrent lieu à des rencontres interalliés âprement disputées, une chose est sure, c’est que les soldats qui reviendront du front n’auront plus les mêmes idées à propos du sport et de la gymnastique qu’avant.
Ce phénomène identifié sur le Bassin Minier se traduira principalement par l’augmentation du nombre des activités encadrées par les clubs déjà en place. Ainsi la Montcellienne développera avec un certain succès la pratique de l’athlétisme, elle organisera des compétitions aux Thibourins à l’occasion de la fête patronale, mais elle fut également la première société montcellienne à pratiquer le basket et ceci dès 1930.
1908 : création du Sporting Club Montcellien, on voit déjà dans la dénomination l’influence anglaise, ce qui est absolument nouveau pour l’époque. Il regroupe les jeunes désirant pratiquer l’athlétisme, le basket, le cross-country, le rugby et le tennis. Ils s’entraînent les dimanches matins et jeudis soir au stade des Alouettes. Le siège social est à L’Omnia Cinéma (Le Plessis actuel) et son premier président fut le Docteur DUPLESSIS. Le problème récurrent de cette société est la recherche d’un lieu propice aux entraînements, c’est sans doute ce qui expliquera ses succès en courses longues et cross-country, activités ne nécessitant pas de stade particulier. Néanmoins en 1919 le Sporting crée une section de football et voit ainsi ses effectifs doubler. Devant les difficultés d’entraînements croissantes, la Compagnie des Mines de Blanzy met à disposition un terrain qu’elle a auparavant fait aménager de façon très moderne. Le Stade des Alouettes fut inauguré le 18 Juin 1922 par une grande fête athlétique internationale. L’association peut donc maintenant assurer correctement la formation des sportifs dont elle a la charge. Mais en 1931, des divergences de vues entre dirigeants aboutirent à la scission du groupe de rugbyman qui fonda le Rugby Club Montcellien et se livrèrent à une pratique exclusive du rugby.


Service Ecomusée-cliché Daniel Busseuil


1892 : inauguration du premier vélodrome à Montceau, il se trouvait dans la partie basse du jardin du Petit Bois, il était en bois avec une piste en cendrée. Le développement du vélo sur le Bassin Minier procède de la même logique que la gymnastique ; c’est un sport très difficile et éprouvant et les mineurs avaient à cœur d’y faire remarquer leurs qualités d’endurance, qualités qui ne manquaient pas d’être valorisées ensuite par le patronat. Le développement local de ce sport a très vite rendu le vélodrome insuffisant et, sous l’initiative de deux commerçants locaux un deuxième vélodrome est construit en 1921 (actuellement, emplacement des tennis). Il est plus moderne et permet les compétitions les plus relevées devant huit mille spectateurs. De nombreuses courses, ou arrivées de courses, s’y sont déroulées. Citons pour mémoire l’arrivée du « Paris-Montceau » organisé le 14 Juillet 1922 par le journal « L’Echo des Sports » et remporté par Charles PELISSIER. Plus tard, beaucoup plus tard, il servira aux fêtes des écoles publiques (1).


Arrivée du premier Paris-Montceau


Départ d'une course au Vélodrome de Montceau


L’édifice des épreuves cyclistes repose alors sur un large socle de courses organisées le plus souvent à l’occasion d’une fête traditionnelle qu’elle soit civile ou religieuse. Au rang des promoteurs apparaissent très majoritairement les patronats, les municipalités, les commerçants, les marchands de cycles et quelques fois les comités des fêtes. Le Vélo Club Montcellien organise de nombreux prix dont en 1925 le Challenge du Bon Vivant et en 1921 il contribue à la création de la Société Cycliste Polonaise de la Saule.


Départ du Challenge du Bon Vivant rue Carnot à Montceau


La contribution des  populations  polonaises au développement de l’éducation physique

Dans les années 1920, quand la Compagnie des Mines de Blanzy a fait appel à la main d’œuvre polonaise pour améliorer le rendement d’extraction du charbon, ceux-ci sont arrivés sur le Bassin Minier par villages entiers avec artisans, commerçants, curé, instituteur. Ils étaient en mesure de recréer localement et rapidement la même dynamique qu’ils avaient en Pologne. Leur intégration s’est limitée aux échanges alimentaires avec les commerçants autochtones.
A Montceau à cette époque, on comptait  trente- trois associations culturelles et sportives et trente-cinq associations religieuses. Les associations polonaises nouvellement installées cohabitent avec les associations existantes mais ne fusionnent pas avec elles, il se crée de la concurrence et des doublons. On peut citer : L’Union des Eclaireurs Polonais en France qui avait des groupes au Bois du Verne, au Magny, à la Saule et à Sanvignes ; La Jeunesse Catholique Polonaise Masculine qui pratiquait également sport et religion ; L’Université Ouvrière des Polonais de France qui pratiquait aux Georgets sport et activités intellectuelles.
Les associations purement sportives se sont développées avec la même logique que les françaises ; ce sont d’abord des clubs de gymnastique qui ont fonctionné autour des puits de mine : à la Saule, au Magny, aux Gautherets. Mais il y avait dans chaque commune une société de tir nommée STRZELEC qui était affiliée à la Fédération Polonaise d’Education Physique et Intellectuelle de France : on retrouvera leurs traces à la Cité Sainte Marguerite, à la Saule, au Bois du Verne et aux Gautherets. Ces clubs dispensent un enseignement tout en rigueur et en précision inspiré du mouvement SOKOL tchèque. Mouvement qui a donné les Spartakiades, immenses manifestations sportives regroupant près de cinq mille habitants de tous les quartiers de Prague exécutant de manière impeccable des mouvements d’ensemble et des pyramides. Les prestations de ces sociétés tant au niveau de la gymnastique que celui du tir étaient très appréciées par les spectateurs ce qui les faisait inviter très souvent aux différentes fêtes déclenchant des jalousies auprès des clubs implantés depuis plus longtemps.
 Il existait en 1946 aux Gautherets une salle polonaise Sokol qui a servi pour l’entraînement du Ring Club Montcellien.
C’est bien sûr ensuite les clubs pratiquant le football qui se sont développés :
1922 : création de l’Union Sportive Polonia aux Gautherets qui pratique de l’athlétisme et du football, son siège social est installé au Bois du Verne.
1922 : aux Baudras verra le jour l’Union Sportive Aigle Blanc qui pratiquera le football en partageant un terrain de la mine avec la Jeunesse Sportive de Sanvignes.
1933 : naissance du Club Sportif des Orions à la Saule.
1934 : Club Sportif Pogon
1937 : Club Sportif Olympia.

(1) : Les DVD des Fêtes des Ecoles Publiques de Montceau, copies de bobines 16 mm originales, sont en vente au musée. 

P.P


Moto Vélo Club de Montceau


Service Ecomusée-cliché Daniel Busseuil








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