L’activité physique au service de la Nation
Historique sur le
Bassin Montcellien.
par Michel Billard, Secrétaire de l'assosiation
L’activité
physique à l’école
18 Mars 1879 : proposition
de loi du sénateur GEORGE rendant la gymnastique obligatoire dans tous les
collèges et toutes les écoles publiques de garçons.
4 Novembre 1880 : les
républicains de la Troisième République enfin au pouvoir, veulent aller plus
loin que de simples exercices militaires. Ils sont sensibles à une proposition
d’Aristide REY d’organiser en bataillons armés et équipés les écoles communales
de garçons.
29 Mars 1881 : Jules FERRY
informe les chefs d’établissements scolaires publics qu’il les met en
possession d’un « Manuel de gymnastique et d’exercices militaires. » Ce manuel
(bible officielle de l’enseignement de l’éducation physique) se divise en deux
parties : la gymnastique sans appareils et les exercices militaires.
Juillet 1881 : la
proposition REY est adoptée par le conseil municipal de Paris qui, avec l’aide
de la Ligue française de l’enseignement de Jean MACE puis, plus tard, par la
Ligue des patriotes de Paul DEROULEDE, décide de créer tout de suite un certain nombre de bataillons
scolaires.
21 Janvier 1882 : un arrêté de
Paul BERT, alors ministre de l’instruction publique, crée une commission
d’éducation militaire qui sera présidée par Paul DEROULEDE après lui.
28 Mars 1882 : vote de la
loi scolaire de Jules FERRY qui confirme l’enseignement de la gymnastique à
l’école primaire obligatoire pour les garçons et pour les filles avec obligation
d’exercices militaires pour les premiers. Ce texte généralise de manière
réglementaire l’instruction militaire dans les écoles primaires de garçons.
2 Juin 1882 : Jules FERRY déclare devant
l’Union des sociétés de gymnastique de France : « La gymnastique
est inséparable de l’éducation militaire … Nous croyons que l’éducation
militaire ne pénétrera complètement nos mœurs scolaires qu’après que
l’instituteur soit devenu lui-même un professeur d’exercices militaires. »
6 Juillet 1882 : décret
portant création (non obligatoire) des bataillons scolaires pour les
groupements d’au moins deux cents élèves répartis en quatre compagnies de
cinquante. Ce décret est signé par les Ministres de la Guerre, de l’Instruction
publique et de l’Intérieur.
L’entraînement des bataillons scolaires doit
avoir lieu les jeudis et les dimanches. L’horaire de gymnastique quant à lui
reste inchangé mais très vite celui-ci est oublié au profit du précédent qui
prend désormais toute la place de l’éducation physique à l’école.
Septembre1882 : arrivée à Montceau de M. BERGER instructeur militaire,
recruté pour enseigner la gymnastique aux garçons de l’école primaire
supérieure.
Cependant dès 1884, les plus chauds
partisans des Bataillons Scolaires, dont par exemple la Ligue des Patriotes, ne
sont plus trop sûrs de l’efficacité réelle du système. On commence à le trouver
insuffisant. D’autre part les milieux d’opposition se gaussent de ces
mascarades et les autorités religieuses protestent contre le fait que
l’entraînement des bataillons gêne le catéchisme, les offices et les
communions. C’est le conflit armé de 1914 – 1918 qui scellera
définitivement toutes velléités d’instruction militaire à l’école. En effet,
les instituteurs réquisitionnés au front ne pouvaient plus assurer cet enseignement
et les institutrices (non formées à cette discipline) ne les ont pas remplacés
dans cette tâche. D’autre part les garçons affectés aux travaux des champs, pour pallier l’absence
des hommes, n’étaient pas très assidus sur les bancs de l’école. Quant aux
instructions officielles, il faudra attendre 1923 pour que les termes
« instructions militaires » n’apparaissent plus à côté de la
gymnastique.
L'activité physique dans les associations
sportives civiles
A la suppression des
bataillons scolaires, les instructeurs militaires détachés ne veulent plus
regagner leurs unités et cherchent à se rendre utiles sur les lieux mêmes où
ils se sont occupés des jeunes. C’est ainsi que l’on va assister à la création
de sociétés sportives animées par ces militaires qui vont reprendre en mains la
formation interrompue à l’école communale. Bien entendu ces clubs sportifs
seront dans un premier temps spécialisés dans l’enseignement du tir, de la
gymnastique et de l’escrime.
La gymnastique dans le Bassin minier
A Montceau, c’est au Bois du Verne que fut créée
la première société de tir, en 1881. Mais le patronat de la mine a vite
compris l’intérêt qu’il pouvait y avoir à favoriser le développement de
sociétés sportives et plus particulièrement celles de gymnastique. En effet le
gymnaste de l’époque se présente comme quelqu’un de robuste, de fort, en bonne
santé et l’attrait de cette force de travail n’échappe pas à la famille CHAGOT
qui favorisera le développement de ces sociétés.
1884 : naissance de la société de gymnastique et d’instruction militaire Progrès
et Patrie qui s’entraîne à Montceau, Léonce CHAGOT en est le Président
d’honneur « à vie » et son neveu Lionel de GOURNAY est
Président actif « irrévocable » (les termes sont empruntés aux
statuts).
1888 : Blanzy n’est pas en reste avec la
création de la société La Patriote de Blanzy.
1899 : les mineurs du Bois du Verne,
trouvant la coloration patronale de « Progrès et Patrie » trop
prononcée créent une sorte de filiale « ouvrière » de cette société.
Celle-ci ne résistera pas aux mouvements syndicaux de la Grande Grève et
donnera en …
1901 : la création de La Montcellienne
avec dépôt officiel des statuts. Elle fut présidée à l’origine par M.
CARPENTIER puis par Léon DIDIER (1904-1926). C’est sous cette présidence que
fut organisé le grand concours international de gymnastique les 2, 3 et 4 Août
1913 à Montceau. On retrouve à cette occasion comme membre du comité
d’organisation M. BERGER notre instructeur militaire de
l’école primaire supérieure. Le lien est donc ici assuré entre l’école
et les sociétés civiles.
Le climat social montcellien fut très agité
de 1899 à 1901 mais dès 1878 on assiste à la création de sociétés clandestines
opposées au patronat dans la continuité de la Bande Noire (1877). Le culte du
secret local est-il né à cette
époque ? Toujours est-il que l’essentiel était de ne pas se faire
surprendre. La Marianne est la première à voir le jour en 1879, suivie
en 1881 par la Pensée du Bois du Verne et les Justiciers du Droit.
Ces regroupements d’ouvriers au cours de leurs réunions abordaient tous les
sujets de société y compris ceux de la pratique sportive et en …
1899 : on assiste à la création de cinq
nouvelles structures, l’avenir des enfants socialistes remplace les
Mineurs du Bois du Verne et une autre société de gymnastique naît, elle s’appelle
Liberté et Progrès, on voit immédiatement dans l’appellation la
coloration politique des dirigeants. Une société d’escrime se développe au
Magny la même année l’Alliance sociale bientôt rejointe par la Pédale
Sociale qui organise la pratique cycliste. Des joutes et des démonstrations
de natation ont d’abord eu lieu dans le Canal du Centre puis à l’étang du
Plessis où elles ont obtenu un beau succès populaire. C’est le club appelé la
Liberté Sociale qui en était le maître d’œuvre.
Face à ces groupements d’obédiences
socialistes, les forces patronales et ecclésiastiques ne tardèrent pas à
s’organiser et les patronages furent les lieux privilégiés de regroupement de
la jeunesse bien-pensante de l’époque.
1904 : l’abbé BAILLY fonde Le Patronage
de Saint Symphorien à Montceau qui permet aux jeunes montcelliens de se
réunir dans le grenier de la cure et de jouer au football dans le jardin.
L’idée de créer une section de gymnastique naît rapidement et sous l’impulsion
de M.REY premier moniteur, on assiste à la naissance de l'Espérance.
1907 : C'est la création de l’Espérance. Après
des résultats prometteurs aux concours gymniques catholiques du département,
l’idée est venue aux dirigeants de créer une section de cette association dans
chaque paroisse du Bassin Minier et c’est ainsi qu’en 1909 furent
ouvertes les sections de Bellevue, du Magny et de
Saint-Vallier. Chaque unité est rattachée à la « maison-mère » de
Montceau et elle se distingue de celle-ci par le port de béret de couleur
différente. En 1920, les sections de Bellevue et de Saint-Vallier vont prendre
leur autonomie, celle du Magny sera dissoute. Pour obtenir l’agrément
gouvernemental en matière sportive, l’association doit être distincte du
patronage d’origine qui s’orientera progressivement vers le scoutisme naissant, et c’est ainsi que L’Espérance de Montceau
verra le jour le 21 Juillet 1920. Le président en exercice sera Jean
DACHER, Paul MEREAU est moniteur général et le chef de clique est Mr FIQUET.
Dès 1923 les entraînements ont lieu dans des locaux appartenant à la Société des
Mines de Blanzy, d’abord à l’école de la mine de la 9éme écluse puis au Centre
Sportif Salengro dès sa construction en 1950.
L’arrivée des
sports anglais
1888 : Pierre de FREDY baron DE COUBERTIN
publie deux livres mettant fortement en avant le système anglais d’éducation
des enfants qui inclut le sport dans les horaires hebdomadaires de formation.
1914 – 1918 : le conflit meurtrier a réuni
des milliers d’hommes dans la souffrance mais aussi dans la camaraderie et
l’ouverture vers d’autres individus. Les hommes valides, après un assaut,
étaient en repos à l’arrière où ils s’ennuyaient ferme, l’inactivité devient
pesante dans certaines circonstances ! Regroupés avec des régiments
anglais, ils ne tardèrent pas à pratiquer les mêmes activités de détente
qu’eux. C’est ainsi que nos poilus découvrirent le football, le rugby, le
hockey, le basket, le cross-country et la natation. Ces sports donnèrent lieu à
des rencontres interalliés âprement disputées, une chose est sure, c’est que
les soldats qui reviendront du front n’auront plus les mêmes idées à propos du
sport et de la gymnastique qu’avant.
Ce phénomène identifié sur le Bassin Minier
se traduira principalement par l’augmentation du nombre des activités encadrées
par les clubs déjà en place. Ainsi la Montcellienne développera avec un
certain succès la pratique de l’athlétisme, elle organisera des compétitions
aux Thibourins à l’occasion de la fête patronale, mais elle fut également la
première société montcellienne à pratiquer le basket et ceci dès 1930.
1908 : création du Sporting Club
Montcellien, on voit déjà dans la dénomination l’influence anglaise, ce qui
est absolument nouveau pour l’époque. Il regroupe les jeunes désirant pratiquer
l’athlétisme, le basket, le cross-country, le rugby et le tennis. Ils
s’entraînent les dimanches matins et jeudis soir au stade des Alouettes. Le
siège social est à L’Omnia Cinéma (Le Plessis actuel) et son premier président
fut le Docteur DUPLESSIS. Le problème récurrent de cette société est la
recherche d’un lieu propice aux entraînements, c’est sans doute ce qui
expliquera ses succès en courses longues et cross-country, activités ne
nécessitant pas de stade particulier. Néanmoins en 1919 le Sporting crée une
section de football et voit ainsi ses effectifs doubler. Devant les difficultés
d’entraînements croissantes, la Compagnie des Mines de Blanzy met à disposition
un terrain qu’elle a auparavant fait aménager de façon très moderne. Le Stade
des Alouettes fut inauguré le 18 Juin 1922 par une grande fête athlétique internationale.
L’association peut donc maintenant assurer correctement la formation des
sportifs dont elle a la charge. Mais en 1931, des divergences de vues entre
dirigeants aboutirent à la scission du groupe de rugbyman qui fonda le Rugby
Club Montcellien et se livrèrent à une pratique exclusive du rugby.
1892 : inauguration du premier vélodrome
à Montceau, il se trouvait dans la partie basse du jardin du Petit Bois, il
était en bois avec une piste en cendrée. Le développement du vélo sur le Bassin
Minier procède de la même logique que la gymnastique ; c’est un sport très
difficile et éprouvant et les mineurs avaient à cœur d’y faire remarquer leurs
qualités d’endurance, qualités qui ne manquaient pas d’être valorisées ensuite
par le patronat. Le développement local de ce sport a très vite rendu le
vélodrome insuffisant et, sous l’initiative de deux commerçants locaux un deuxième
vélodrome est construit en 1921 (actuellement, emplacement des tennis). Il
est plus moderne et permet les compétitions les plus relevées devant huit mille
spectateurs. De nombreuses courses, ou arrivées de courses, s’y sont déroulées.
Citons pour mémoire l’arrivée du « Paris-Montceau » organisé le 14
Juillet 1922 par le journal « L’Echo des Sports » et remporté par
Charles PELISSIER. Plus tard, beaucoup plus tard, il servira aux fêtes des
écoles publiques (1).
L’édifice des épreuves cyclistes repose alors
sur un large socle de courses organisées le plus souvent à l’occasion d’une
fête traditionnelle qu’elle soit civile ou religieuse. Au rang des promoteurs
apparaissent très majoritairement les patronats, les municipalités, les
commerçants, les marchands de cycles et quelques fois les comités des fêtes. Le
Vélo Club Montcellien organise de nombreux prix dont en 1925 le
Challenge du Bon Vivant et en 1921 il contribue à la création de la Société
Cycliste Polonaise de la Saule.
La contribution
des populations polonaises au développement de l’éducation
physique
Dans les années 1920, quand la Compagnie des
Mines de Blanzy a fait appel à la main d’œuvre polonaise pour améliorer le rendement
d’extraction du charbon, ceux-ci sont arrivés sur le Bassin Minier par villages
entiers avec artisans, commerçants, curé, instituteur. Ils étaient en mesure de
recréer localement et rapidement la même dynamique qu’ils avaient en Pologne.
Leur intégration s’est limitée aux échanges alimentaires avec les commerçants
autochtones.
A Montceau à cette époque, on comptait trente- trois associations culturelles et
sportives et trente-cinq associations religieuses. Les associations polonaises
nouvellement installées cohabitent avec les associations existantes mais ne
fusionnent pas avec elles, il se crée de la concurrence et des doublons. On
peut citer : L’Union des Eclaireurs Polonais en France qui avait
des groupes au Bois du Verne, au Magny, à la Saule et à Sanvignes ; La
Jeunesse Catholique Polonaise Masculine qui pratiquait également
sport et religion ; L’Université Ouvrière des Polonais de France
qui pratiquait aux Georgets sport et activités intellectuelles.
Les associations purement sportives se sont développées
avec la même logique que les françaises ; ce sont d’abord des clubs de
gymnastique qui ont fonctionné autour des puits de mine : à la Saule, au
Magny, aux Gautherets. Mais il y avait dans chaque commune une société de tir
nommée STRZELEC qui était affiliée à la Fédération Polonaise d’Education
Physique et Intellectuelle de France : on retrouvera leurs traces à la
Cité Sainte Marguerite, à la Saule, au Bois du Verne et aux Gautherets. Ces
clubs dispensent un enseignement tout en rigueur et en précision inspiré du
mouvement SOKOL tchèque. Mouvement qui a donné les Spartakiades, immenses
manifestations sportives regroupant près de cinq mille habitants de tous les
quartiers de Prague exécutant de manière impeccable des mouvements d’ensemble
et des pyramides. Les prestations de ces sociétés tant au niveau de la
gymnastique que celui du tir étaient très appréciées par les spectateurs ce qui
les faisait inviter très souvent aux différentes fêtes déclenchant des
jalousies auprès des clubs implantés depuis plus longtemps.
Il
existait en 1946 aux Gautherets une salle polonaise Sokol qui a servi pour
l’entraînement du Ring Club Montcellien.
C’est bien sûr ensuite les clubs pratiquant
le football qui se sont développés :
1922 : création de l’Union Sportive Polonia
aux Gautherets qui pratique de l’athlétisme et du football, son siège social
est installé au Bois du Verne.
1922 : aux Baudras verra le jour l’Union
Sportive Aigle Blanc qui pratiquera le football en partageant un
terrain de la mine avec la Jeunesse Sportive de Sanvignes.
1933 : naissance du Club Sportif des
Orions à la Saule.
1934 : Club Sportif Pogon
(1) : Les DVD des Fêtes des Ecoles
Publiques de Montceau, copies de bobines 16 mm originales, sont en vente au
musée.
P.P
P.P
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