Le
bonnet d’âne
Le bonnet d'âne faisait partie de l'arsenal des punitions
au même titre que la baguette, la retenue, le piquet au coin ou la pelote
autour de la cour.
Fabriqué par le maître, il était habituellement en papier,
plié de façon à former deux cornes ou oreilles : l'élève ainsi coiffé devenait
"l'âne de la classe". On cherchait quelquefois à se débarrasser de
l'infamante coiffure en la faisant disparaître, comme le prouve le bonnet en
coton retrouvé sous le plancher d'une classe désaffectée (bonnet qui a servi de
modèle pour la confection de la présentation ci-dessus).
Le bonnet d'âne était en principe destiné aux
garçons et réservé dans beaucoup d’endroits (et notamment dans le Bassin
minier) aux malheureux qui parlaient patois à l’école et oubliaient le fameux
article n° 20 du Règlement Académique de Lyon de 1890* (calqué sur l’article n°14 du règlement scolaire modèle de la loi
du 18 janvier 1887) qui rappelait que « Le
français est la seule langue en usage à l’école », à bon entendeur….
La rigueur républicaine ne se limitait pas aux murs de la Communale et,
souvent, si Monsieur l’Instituteur surprenait quelque fripon à se laisser aller
au patois dans la rue, il ne manquait pas d’appliquer la punition dès le
lendemain en classe.
Quant aux filles - généralement taxées de
bavardage - elles étaient souvent affublées d'une langue de bœuf en carton
rouge, accrochée dans le dos.
A défaut d'accessoires humiliants, certains
enseignants redoublaient d'imagination. Ainsi à Marcilly-les-Buxy, vers 1900,
la fillette punie était envoyée, bras croisés, dans un angle de la classe; la
maîtresse relevait et attachait le tablier de la bavarde au-dessus d'elle,
enserrant bras et tête dans ce "cabinet noir" improvisé... jusqu'à ce
qu'une autre infortunée prenne sa place.
Au cours du XXème siècle,
les punitions se sont transformées en d'innombrables lignes à copier ou verbes
à conjuguer. Et l'humour reprend ses droits quand l'enfant conjugue le plus
sérieusement du monde les verbes : (bavarder)
quand le maître (avoir) le dos tourné au futur de l’indicatif…
* :
Outre l’article 20, la même loi stipulait :
« ART. 19. — Les
seules punitions dont l'instituteur puisse faire usage sont :
« Les mauvais points ; la réprimande ; la privation
partielle de la récréation ; la retenue après la classe, sous la surveillance
de l'instituteur ; l'exclusion temporaire.
« Cette dernière peine
ne pourra dépasser trois jours. Avis en sera donné immédiatement par
l'instituteur aux parents de l'enfant, aux autorités locales et à l'inspecteur
primaire.
« Une exclusion de plus longue durée ne pourra être
prononcée que par l'inspecteur d'académie.
« ART. 20. — Il est
absolument interdit d'infliger aucun châtiment corporel.
« Il est également interdit aux instituteurs et
institutrices de tutoyer leurs élèves.
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