mercredi 22 novembre 2023

Contexte social et origine des écoles du Bassin minier (première partie)

 

Contexte social et origine des écoles

En Bassin minier

Première partie : la naissance d’une dynastie



Dans les limites de son exploitation, le Bassin minier dit « de Blanzy », sur un territoire approximativement long de 10 kilomètres du Nord-Est au Sud-Ouest, et large de 8 kilomètres du Nord-Ouest au Sud-Est, groupe actuellement, plus ou moins, une population de 37 000 habitants, alors qu’elle en comptait plus de 50 000 en 1975[1].  Cette population est surtout répartie entre les bourgs et les quartiers des communes de Blanzy, Sanvignes, Saint-Vallier, même Saint-Bérain, et essentiellement Montceau-les-Mines. Cet article est la reprise en trois épisodes, complétée, mise à jour par de nouvelles données et illustrée, de l’étude « Origine des Ecoles du Bassin minier de Blanzy, dans leur contexte social, de 1832 à 1956, environ » issue du fonds Gillot archivé au musée de la Maison d’Ecole et signée Pierre Gillot en décembre 1979.



[1] Dans l’ordre suivi ci-dessus des noms des communes ; nombre de leurs habitants : 4975 + 6 278 + 10272 +  910 + 28 204 = 50 639 habitants (Sources I.N.S.E.E 1975).

Hameau du Montceau, détail, autour de 1856 (Archives départementales de Saône-et-Loire)

Bien moins peuplées, en 1832, les quatre premières communes existaient seules[1]. Au carrefour de trois d’entre elles, dans une campagne peu fertile, presque déserte, on ne remarquait guère le hameau du Montceau (d’ailleurs disparu lors de la construction du C.E.S Saint-Exupéry). Le nom de cet humble lieu-dit allait pourtant devenir celui de la ville qui se développa alentour, de part et d’autre de la grande voie de communication d’alors : le Canal du centre. Montceau devait obtenir en 1956, les attributions et le territoire d’une commune[2].

Jules Chagot (écomusée)

La naissance d’une dynastie

Sa famille ayant obtenu une concession du roi, en 1832, pour l’exploitation minière dans le Bassin de Blanzy, Jules Chagot, donna à celle-ci l’impulsion, à partir de 1833. Une nouvelle et principale ville du Bassin minier apparut et ne cessa de croître grâce au développement de cette industrie jusqu’à la fin du siècle. La gérance de la Mine (devenue « Société Jules Chagot et Compagnie ») allait être assumée par le seul Jules Chagot, de 1856 à 1876, puis par son neveu, Léonce Chagot, jusqu’en 1892, enfin par le neveu de celui-ci, Lionel de Gournay, jusqu’en 1900 : Montceau-les-Mines fut une création de la famille Chagot[3].

Dynastie de capitaines d’industrie, cette famille n’était pas sans rappeler celle des Schneider, les maîtres de forges du Creusot qui donnaient depuis 1836, un essor nouveau à la grande ville voisine[4], peuplée de 5 à 6 000 habitants[5]. Fort actif, bientôt enrichi, ce nouveau patronat connaissait déjà le succès, grâce au progrès des techniques, comme à l’afflux d’une main d’œuvre, toutefois d’abord inexpérimentée. Il était donc incité à favoriser l’instruction de ses futurs ouvriers et il avait les moyens matériels d’y parvenir. Au Creusot, dès 1837, il rendit même pour tous les enfants d’ouvriers, l’instruction primaire obligatoire[6].

Le frère Léonce et ses élèves (écomusée)

A partir de 1834, à l’emplacement de la future ville de Montceau, puis dans la ville née officiellement en 1856, l’aménagement par la Mine de cités ouvrières au sein de quartiers éloignés les uns des autres, comportait la création ou le développement d’écoles de garçons et de filles, auxquelles on ajouta bientôt des salles d’asile, pour les enfants de moins de 6 ans et quelques ouvroirs. Tout au début, selon les lois Guizot (1833) puis Falloux (1850), un personnel laïque par son origine ou son statut y enseigna, soumis notamment au contrôle de l’église ; des religieuses aussi y enseignèrent. Mais depuis 1850, Jules Chagot, pour toutes les écoles de Montceau, de Blanzy, de Saint-Vallier, de Sanvignes, dont il avait financé les constructions ou l’entretien, préféra faire appel presque exclusivement à des enseignants congréganistes, des frères et des sœurs qu’il rétribuait. Aussi, avec le consentement des autorités ecclésiastiques, ceux-ci devenaient ses employés, contrôlés par lui[7] ou son représentant[8].

Plan des écoles de la Mine à Montceau, « La société des Houillères de Blanzy, situation de ses établissements en 1877 », Amédée Burat (1878) 

Vers 1850, attrayantes pour l’époque, ces nouvelles demeures « de l’instruction et de la religion » ne laissaient « subsister aucun doute sur la volonté réelle de Jules Chagot de scolariser l’ensemble des enfants des mineurs », selon des idées préconçues par lui et les vœux de l’abbé Beraud (agréé par lui). En 1877, soucieuse apparemment de l’avenir de ses enfants, la population adoptait encore les écoles de la Mine avec une telle sympathie qu’elles étaient devenues trop étroites et que l’on devait y ajouter des annexes. Cette année-là, 2 600 élèves fréquentaient les 12 établissements scolaires de la Mine[9].

Certes, Jules Chagot, comme son voisin Eugène Schneider, avait, avec ses propres écoles, fait reculer l’analphabétisme. Si bien que, sous le Second Empire (1852-1870), le nombre des conscrits illettrés fut, à Montceau comme au Creusot, 4 fois moindre que dans les cantons ruraux voisins[10]. Mais si au Creusot un enseignement technique fut poussé jusqu’au niveau d’études de candidats ingénieurs (bien exceptionnellement, certes), ce ne fut pas le cas à Montceau[11].

Aux Houillères du Bassin de Blanzy (H.B.B), hormis les ingénieurs des mines, dirigeant l’exploitation, le personnel d’encadrement avait relativement peu de capacités techniques. Il suffisait alors que maîtres-mineurs ou chefs de postes aient acquis quelques connaissances scolaires complémentaires, puis, au chantier, du savoir-faire et de l’ascendant sur les compagnons de travail. Tel ce mineur de Blanzy qui, sachant à peine signer en 1833, était devenu capable d’orthographier son nom et d’en bien mouler les grosses lettres, avant de devenir maître-mineur quelques années après[12].

Puits Sainte-Elisabeth, carte postale (Rakuten)

Un dispositif de contrôle social

Montceau vivait de l’exploitation minière surtout. Et tandis que la population y passait de 2 200 habitants en 1856, à 11 000 en 1878, le nombre des élèves aux écoles des houillères augmentait rapidement de 8 à 9 fois. Or, les écoles, comme l’aide à l’acquisition de logement, cette autre œuvre sociale importante de la Mine, conduisaient à donner à celle-ci une emprise certaine sur la population du Bassin minier[13]. Un tel paternalisme continuerait-il longtemps d’être accepté ? Ami de Jules Chagot, un prêtre à la foi ardente, l’abbé Beraud (1807-1893), curé de Blanzy, puis premier curé de Montceau[14], put contribuer à le rendre tolérable. On respectait d’ailleurs unanimement en lui, le fondateur des orphelinats des Mépliers en 1864 (commune de Blanzy) et de Montferroux en 1859 (commune de Gourdon), et l’homme secourable, accourant aux heures tragiques, parmi les mineurs, par exemple lors de la catastrophe du puits Ravez, dénommé ensuite puits Sainte-Marie, laquelle en 1855, causa la mort de 29 ouvriers, dont 4 enfants de 10 à 14 ans, et 3 adolescents de 15 et 16 ans[15] !

Puits Sante-Eugénie et briqueterie, carte postale (collection D. Gierzinski) 


En ce temps-là, on croyait utile d’autoriser de si jeunes gens à travailler durement, dangereusement, à condition de veiller sur leurs droits, leur moralité et leur santé. Quelle sollicitude, qui ne paraissait pas alors dérisoire, étant donnée l’ignorance de leurs vrais besoins[16] ! Quant à l’œuvre scolaire de Jules Chagot, elle fut bien acceptée par les ouvriers mineurs qui le surnommaient  familièrement « le père Jules », jusqu’à sa mort, survenue en 1877[17]. Il n’en fut plus de même qu’en apparence, au cours de la gérance des mines par son neveu et successeur Léonce Chagot (1877-1892). Il était alors ingénieur de l’Ecole centrale des arts et Manufactures. Déjà à Blanzy, en 1878, pour une enquête publique, la population avait déclaré, malgré le curé de la paroisse, préférer à une école congréganiste, une école privée au personnel laïque, ce qu’aurait permis la loi Falloux[18].


Léonce Chagot

Devenu chef de l’exploitation minière, Léonce Chagot allait la développer rapidement et créer d’importantes œuvres sociales en faveur des ouvriers, ainsi que de nombreuses écoles. Mais, en homme politique avisé, nommé premier maire de Montceau par décret impérial en 1856, réélu depuis lors avec sa liste de collaborateurs, élu en 1874, conseiller général du nouveau canton de Montceau qui englobait Saint-Vallier, il prétendait imposer les idées à la fois catholiques et monarchistes de sa famille. Or, vers 1877, tout cela devenait anachronique, car la Troisième république, née en 1870, commençait de trouver une assise durable[19].

Hôtel de ville et Ecole Primaire Supérieure (collection privée)

Un nouveau souffle

A partir de 1875, la municipalité réalisa le projet de construction de l’Hôtel de Ville de Montceau. Elle  logea dans ce bâtiment, auprès d’une salle de justice de paix, 3 classes pour garçons seulement, dont les parents ne travaillaient pas à la mine[20]. A la déconvenue des dirigeants de la Mine, une municipalité républicaine, qui allait choisir le Docteur Jeannin pour maire, fut élue et prit la succession de la précédente de 1878 à 1884. Se conformant aux lois Ferry qui fondaient, dès 1881 et 1882, l’école publique, laïque et obligatoire, cette municipalité bénéficia du secours de l’Etat[21]. Les nouveaux conseillers municipaux firent bâtir, au centre ville, en 1881, deux écoles primaire dites « communales », l’une pour les garçons, rue de l’Est, aujourd’hui rue Jean Jaurès (devenue mixte en 1972)[22] ; l’autre, pour les filles, rue Centrale, future rue Carnot (école disparue entre 1972 et 1974 et remplacée par un immeuble à l’angle de la rue Eugène Pottier)[23]


Extraits du registre du recensement des écoles de 1884 (Archives Nationales)

 

Extraits du registre du recensement des écoles de 1884, plan de l’E.P.S de garçons à l’hôtel de ville (Archives Nationales)


Les classes primaires de garçons furent transférées de l’Hôtel de Ville à l’établissement scolaire public auquel elles étaient destinées. Puis, à leur place, fut installée la première Ecole Primaire Supérieure fondée dans le département de Saône-et-Loire[24] ; elle était placée sous l’autorité d’un directeur, d’un maître adjoint et d’un maître de gymnastique et exercices militaires (vraisemblablement M. Berger, ancien combattant de 1870, nommé par les autorités militaires dans le cadre de la loi instituant les bataillons scolaires[25]). Quant à l’école primaire élémentaire de filles, elle paraît avoir été installée, au plus tard en 1882, dans la nouvelle école de la rue Centrale[26]. Vers cette date, une école maternelle publique existait, rue de l’Est, car en 1884, une sous-directrice publique d’école maternelle, Mademoiselle Pensot fut nommée à Montceau-les-Mines[27].  Le local qu’elle occupait figure au recensement des écoles[28] de la même année. Il est probable que ce fut une maison particulière louée à cet effet.


Extraits du registre du recensement des écoles de 1884 (Archives Nationales)


Extraits du registre du recensement des écoles de 1884, plan de l’école maternelle de la rue de l’Est (rue Jean Jaurès actuelle) (Archives Nationales)


Ami du maire sortant qui ne se représentait pas, le républicain radical Bertrand, élu avec une liste de partisans, prit sa succession de 1884 à 1888. La municipalité nouvelle acheta à la Mine, la gendarmerie désaffectée, bordant au sud la place de l’Hôtel de Ville et, en 1886, elle y déménagea l’Ecole Primaire Supérieure de l’Hôtel de ville. La même année, la loi Goblet fixait heureusement le statut d’une telle école, et permettait de créer, éventuellement, un Cours Complémentaire, au sein d’une école primaire de filles, comme celle de la rue Centrale[29]


Ecole primaire supérieure (collection musée)

Or, de 1882 à 1884, des attentats contre des biens ou des personnes de la Mine ou du clergé avaient été commis dans le Bassin minier et alentour, par une association locale, clandestinement réunie les nuits et appelée la Bande Noire[30], tentative d’organisation syndicale détournée de ses buts par des anarchistes. Cette agitation violente prit fin après des condamnations douteuses à la prison et aux travaux forcés de certains protagonistes et après aussi le vote, le 21 mars 1884, de la loi autorisant les syndicats, sans limiter le nombre des adhérents[31]. Néanmoins, à la Mine, on crut bon de compléter le bureau d’embauchage par un service de renseignements, qu’une police privée, la Bande à Patin, devait informer, en espionnant la population Montcellienne[32].


L’attaque de la chapelle du Boi-du-Verne par les mineurs en colère en 1882, « Montceau-les-Mines, un laboratoire social au 19e siècle », Docteur Beaubernard

L’intervention de cette police dans les élections municipales, ainsi que le ralliement à la République souhaité par le pape Léon XIII et accepté par les candidats de la Mine (d’où leur étiquette de « Républicains libéraux »), permit à ces derniers de reconquérir la Mairie de Montceau, et le secrétaire général de la Compagnie locale des Houillères, de Boisset, devint le nouveau maire (1888-1900). De plus, en 1889, le cogérant de la Mine, de Gournay fut élu conseiller général du canton de Montceau. Malgré de tels succès en sa faveur, la Mine conserva sa police[33] jusqu’à la grande grève de 1899 durant laquelle les mineurs revendiquèrent de meilleurs salaires et la suppression immédiate de la Bande à Patin.

 Les modestes écoles publiques du Bassin Minier ne furent pas favorisées par la nouvelle municipalité, et jusqu’à la fin du siècle, elles se développèrent lentement. L’installation précaire de l’Ecole Primaire Supérieure ne facilitait pas le recrutement d’élèves chez elle : 40 élèves garçons seulement la fréquentaient  en l’année scolaire 1889-1890, mais après aménagement des locaux, les inscrits furent 65 en 1895-1896. Bien qu’elle eut préparé à des écoles techniques (arts et métiers notamment) elle n’avait pas encore la section industrielle souhaitée à partir de sa deuxième année, et tendait à beaucoup préparer, comme le Cours Complémentaire de filles, au Brevet Elémentaire et à l’entrée à l’Ecole Normale primaire[34]. Ce Cours Complémentaire était né à la proche école publique de filles  de la rue Sainte-Barbe voisine, officieusement semble-t-il, dans les années 1890, grâce au dévouement de la directrice d’école[35].

Ecole de filles de la rue Centrale (rue Carnot) à Montceau, 1904

 

Officiellement donc école primaire élémentaire, cette école de filles de la rue Centrale, comme l’école semblable et proche de garçons de la rue de l’Est, voyait, en avril 1891, les effectifs de chacune de ses 4 classes s’élever, en moyenne, jusqu’à 67 chez les filles et 55 chez les garçons. La moyenne des élèves étant de 50 par classe dans le département, les deux écoles primaires élémentaires obtenaient chacune, dans les années 90, une 5e puis une 6e classe. Quand à l’école maternelle publique, elle était augmentée d'une 3e classe à Montceau-Centre[36].

Plan de situation des deux écoles publiques, Dulac (collection musée)

Evolution du système scolaire dans le Bassin minier

Dans les communes qui composaient le Bassin minier, les écoles publiques ne progressaient que peu à peu. En 1882 fut prise la décision de créer à Sanvignes, une école publique de filles par construction d’un bâtiment neuf et une école publique de garçons par appropriation d’un bâtiment existant. Jusqu’à la fin du siècle, ces écoles publiques devaient comprendre respectivement 4 et 5 classes et, d’autre part, celles de Blanzy, pour garçons puis pour filles : 4 et 3 classes seulement, enfin, celles de Saint-Vallier, dans cet ordre : 4 et 3 classes seulement. Quant à la commune surtout rurale de Saint-Bérain, elle avait, pour longtemps encore, son école publique du bourg, à 2 classes, hors du Bassin Minier traditionnel[37].



Extraits du registre du recensement des écoles de 1884, école de garçons et école de filles de Saint-Vallier (Archives Nationales)

 

Dans les écoles publiques, conformément à la loi Goblet de 1886, tous les enseignants congréganistes devaient être remplacés par des « laïques » : les instituteurs dans un délai de 5 ans, et, les institutrices, au fur et à mesure des vacances de postes. Voilà pourquoi, à partir de 1891, le département de Saône-et-Loire fut l’un de ceux où l’on commença de ne plus nommer d’instituteurs ou d’institutrices congréganistes dans les écoles publiques. Or, aucun de ces maîtres n’enseigna  dans les écoles publiques du Bassin Minier de Blanzy, probablement, avant 1897, ni assurément, à partir de cette date, le premier tableau complet du personnel de l’enseignement primaire publié en Saône-et-Loire n’en ayant pas, mentionné dans les communes correspondantes[38], en 1897.


Autorisation épiscopale d’exercer (Encyclopédie générale de l’éducation française-Tome 1)

Aux écoles, dites désormais « privées », la loi Goblet permettait d’exister, comme les écoles de la Mine, avec leur personnel congréganiste ou laïque, à condition, pour être responsable d’une classe d’établissement primaire, qu’il fut pourvu selon la loi de 1881, du titre de capacité légal (alors un brevet), à substituer désormais, pour les frères, au certificat de stage, et pour les sœurs, à la lettre d’obédience, qu’avait permis la loi Falloux[39]. En cette fin de siècle, sous la gérance de Léonce Chagot (1877-1892), le personnel enseignant à sa disposition, laïque ou congréganiste, sut amener les écoles de la Mine à leur apogée[40].

Comme la loi Jules Ferry de 1881 instituait la gratuité dans les écoles primaires publiques, les dirigeants de la Mine voulurent rendre leurs propres écoles élémentaires ou maternelles pareillement gratuites, acceptant ainsi qu’elle assumât de lourdes charges financières, notamment les traitements des enseignants. Une exception toutefois : une rétribution fut demandée aux parents étrangers aux activités de la Mine, pour leurs garçons fréquentant l’école de la 9e Ecluse à Montceau. Cela conduit à se poser une question : cette anomalie du paiement ne se justifiait-elle pas par le niveau plus élevé de l’enseignement donné là[41] ? En effet, l’enseignement proposé à l’école de la 9e Ecluse n’était-il pas une sorte « d’école primaire supérieure privée » comme l’avait qualifiée un historien local[42].


Ecole de garçons de la mine de la 9e Ecluse aujourd’hui disparue

De 1892 à 1901, ce fut à Montceau que la plupart des enseignant(e)s privé(e)s exercèrent leurs fonctions : ils se répartissaient entre leurs écoles du Centre-ville (c’est-à-dire celles de la 9e Ecluse et de l’avenue de l’Hôpital) comme entre celles de 5, puis finalement de 7 cités montcelliennes, ainsi qu’entre celles des bourgs de Blanzy, de Sanvignes et de Saint-Vallier[43]. Dans le Bassin minier, Montceau surtout connaissait une grande expansion, grâce à l’exploitation houillère dont les puits s’étaient multipliés sur son territoire. Et là surtout, le développement des écoles allait accompagner l’augmentation de la population, le nombre des habitants (28 779 en 1901), devant dès lors se stabiliser à quelques centaines d’unités près[44].

Ecole de filles de la Mine, avenue de l’Hôpital (à droite de la carte postale)

Depuis 1877, la population avait plus que doublé. Et il en était de même, dès 1892, pour le nombre des élèves de la Mine qui s’élevait à 6 000. A cette date-ci encore, il en était presque de même, pour le nombre des écoles les accueillant : 22 au total, aussi bien destinées aux garçons qu’aux filles, soit 10 écoles primaires élémentaires à Montceau et 6 partagées entre les bourg voisins. Enfin, complétant plusieurs des écoles précédentes, 3 écoles maternelles existaient à Montceau, et 3 également réparties dans la banlieue[45]. Bâties dans le style assez élégant de l’époque, surmontées d’un campanile et d’une croix maçonnée, ces écoles  ont, pour beaucoup, subsisté jusqu’à nos jours (sauf au Magny, aux Alouettes, à la 9e Ecluse…), devenant des bâtiments d’écoles publiques.


Actuellement école Anatole France du Bois-du-Verne (Montceau) (collection musée)

Depuis 1877, l’augmentation du nombre des maîtresses et des maîtres à la disposition de la Mine (celui-ci ayant plus que doublé) suggère aussi une idée de la grande importance acquise par l’œuvre scolaire privée : 148 personnes donnaient l’enseignement en 1892[46].

Comme les autres chiffres relatifs aux écoles de la Mine, celui-ci a été emprunté aux publications de son administration. Mais lui-même manque trop de précision. Seul vraiment exact est le nombre d’enseignants ou d’enseignantes du Bassin Minier que l’on peut calculer d’après l’état nominatif de l’Inspection académique de Saône-et-Loire, établi en 1892. Il dénombrait les électeurs et électrices de l’enseignement privé, notamment, appelés à désigner leurs 2 représentants élus au Conseil Départemental de l’Enseignement Primaire. Seuls pouvaient voter les maîtresses et les maîtres ayant l’âge et le titre de capacité exigé par la loi de 1881 et le décret de 1886[47]. Ces enseignants privés du Bassin minier étaient au nombre de : 6 instituteurs laïques et 6 institutrices laïques, 43 instituteurs congréganistes et 41 institutrices congréganistes, pour un total, en cette année 1892, de 96 enseignants[48].Ce chiffre est inférieur au précédent de 52 unités, ce qui représente sans doute des auxiliaires, non responsables de classes ou sans capacités, que l’administration de la Mine, elle, a dû recenser, comme tous ses employés. En recourant à des états semblablement établis par l’Inspection académique, il est possible d’obtenir les nombres suivants d’enseignants privés dans le Bassin Minier, comparés à celui cité pour 1892 : 69 enseignants privés en 1886 ; 96 en 1892 ; 107 en 1895 ; 115 en 1898 ; 98 en 1901[49]. Commencée de nombreuses années auparavant, la progression imposante de l’œuvre scolaire est ainsi rendue sensible pour la fin du 19e siècle, mais non pas jusqu’en 1901, année d’un soudain déclin, au contraire.

Ecole publique de garçons de la rue de l’Est, actuelle rue Jean Jaurès (collection musée)

Parallèlement et aux mêmes dates, les enseignants publics du Bassin Minier sont décomptés dans les états nominatifs précités, dans le but de leur permettre d’élire, quant à eux, 4 représentants au même Conseil. Il nous est par conséquent possible d’évaluer leurs effectifs, toutefois diminués peut-être du dixième des effectifs réels, en l’absence des stagiaires, responsables de classes, mais ni électeurs, ni électrices, donc non inscrits. Voici les chiffres obtenus : 11 enseignants publics en 1886 ; 20 en 1892 ; 27 en 1895 ; 31 en 1898 ; 45 en 1901[50]. Cela révèle une progression continue du nombre des maîtres et des maîtresses de la nouvelle école laïque, augmentation correspondant sûrement à celle des élèves. Mais, à ces deux points de vue, l’école privée paraît encore nettement distancer sa rivale. La somme allouée par la Mine à ses écoles comme à ses ouvroirs, était fort élevée, atteignant le septième de celle accordée à toutes ses œuvres sociales en 1887-1888[51]. Son paternalisme, non sans largesse, lui coûtait cher, et, de 1883 à 1900, ses actionnaires, malgré l’augmentation continuelle des profits du charbon extrait, durent se contenter de dividendes qui restaient les mêmes[52] [53]. Mais, ce système paternaliste résisterait-il aux soubresauts du nouveau siècle ?

à Pierre Gillot, in memoriam

Patrick PLUCHOT

La suite dans le prochain article

Contexte social et origine des écoles

En Bassin minier

Deuxième  partie : la Mine, de l’apogée au déclin

 

Sources et bibliographie :

-       Fonds Gillot : « Origine des Ecoles du Bassin minier de Blanzy, dans leur contexte social, de 1832 à 1956, environ », textes et témoignages oraux recueillis par P. Gillot.

-       Docteur Léon Laroche : « Montceau-les-Mines, quelques aperçus sur l’histoire de la ville et de son exploitation houillère » (1924) ; "Notice historique de Sanvignes", 1929.

-       Docteur Beaubernard : « Conférence à Montceau-les-Mines », le 9 février 1979.

-       A. Fargeton : « Les grandes heures du Creusot au temps des Schneider ».

-       Abbé J. B. Chaillet  :  « L’abbé Béraud », 1932.

-       J. Vacher : revue « La Physiophile » de Montceau-les-Mines, n°88 de juin 1978 et n°89 de décembre 1978.

-       Antoine Prost : « Histoire de l’Enseignement en France, 1800-1867 ».

-    Lucien Peyronnard : « Le charbon de Blanzy, la famille Chagot et Montceau-les-Mines : histoire économique, politique et sociale du pays Montcellien de 1769 à 1927 »,écomusée, 1981.

-       Amédée Burat : "Société des houillères de Blanzy, situation de ses établissements en 1877", 1878.

-       Bulletins de l’Instruction Primaire de Saône-et-Loire de la collection du musée.

-       Publication du musée : « Cent ans d’école », 31 juillet 1981.

-       Publication du musée : « La Maison d’Ecole, 140 ans d’histoire », cahier n°2, 2022.

-       P. Pluchot : « Les fondement de la laïcité, période 1789-1905 », 2003 ; « Quelle école avant 1880 ? » Article AAEENM, 2005 ; « Les écoles de Saint-Vallier » Article AAEENM, 2006 ; « 1899-1999, Centenaire des mouvements sociaux, naissance de l’école publique à Montceau-les-Mines », 2008.

-       Ministère de l’Instruction Primaire : « Enquête relative à la situation des écoles en France et en Algérie », 1884.

-       Henri Besseige : « Au pays Noir, récits du vieux Montceau », 1952.

-       « Montceau a Cent ans », 1956. 

-       Jean Bron, ancien professeur au lycée de Montceau, « Histoire du Mouvement ouvrier français », tome I. 

-       Articles du blog cités :

Blog dédié au Musée de l'école à Montceau-les-Mines: l'abbé François Beraud, curé de Blanzy et de Montceau (musee-ecole-montceau-71.blogspot.com)

 

Blog dédié au Musée de l'école à Montceau-les-Mines: L'école de filles de la rue Centrale (actuelle rue Carnot) aujourd'hui disparue (musee-ecole-montceau-71.blogspot.com)

 

Blog dédié au Musée de l'école à Montceau-les-Mines: L’Ecole Primaire Supérieure de Montceau-les-Mines 1881-1956 (musee-ecole-montceau-71.blogspot.com)

 

Blog dédié au Musée de l'école à Montceau-les-Mines: Les bataillons scolaires (musee-ecole-montceau-71.blogspot.com)

 

https://musee-ecole-montceau-71.blogspot.com/2018/01/historique-des-ecoles-de-la-mine.html#more

 

Blog dédié au Musée de l'école à Montceau-les-Mines: Historique des écoles de la Mine à Montceau (musee-ecole-montceau-71.blogspot.com) 

 

Blog dédié au Musée de l'école à Montceau-les-Mines: Historique de l'école publique à Montceau (musee-ecole-montceau-71.blogspot.com)

 

https://musee-ecole-montceau-71.blogspot.com/2020/05/labbe-francois-beraud-cure-de-blanzy-et.html

 

https://musee-ecole-montceau-71.blogspot.com/2018/02/historique-de-lecole-publiqu-montceau.html

 



[1]D’après l’Abbé J. B. Chaillet : « L’abbé Béraud », pages 47, 127, 128, 130, année 1932. Disséminés sur 4 782 hectares, on comptait à Blanzy, en 1838 : 3 072 habitants, vers 1854 : 4 558 habitants.

[2]D’après le Docteur Léon Laroche « Montceau-les-Mines, quelques aperçus sur l’histoire de la ville et de son exploitation houillère » (1924) pages 28, 34, 42, 43. Crée en 1856, la commune de Montceau acquit une étendue de 1640 hectares reçus alors surtout de Blanzy qui lui céda 1389 habitants. La voie ferrée fut achevée entre 1861 (Chagny-Montceau) et 1870 (Montceau-Moulins).

[3]Docteur Laroche : op cit, page 42 et Docteur Beaubernard : conférence à Montceau-les-Mines le 9 février 1979.

[4]A. Fargeton : « Les grandes heures du Creusot au temps des Schneider » pages 27 et suivantes.

[5]D’après l’Abbé Chaillet, op cit, page 46.

[6]A. Fargeton, op cit, pages 60 et 62.

[7] Abbé Chaillet, op cit, pages 133 à 137.

[8] J. Vacher, revue « La Physiophile » de Montceau-les-Mines, n°88 de juin 1978.

[9]J. Vacher : op cit, pages 9 et 11.

[10] J. Vacher : op cit, n°89 de décembre 1978, page 20.

[11] J. Vacher : op cit, n°88 de juin 1978, pages 14 -15 et Fargeton, op cit, page 62.

[12] Voir le registre des naissances de la mairie de Blanzy, au sujet des signatures de Jeunome puis Jeunehomme.

[13] J. Vacher : op cit, n° 88, pages 8 et 15 ; Docteur Laroche, op cit, pages 34, 36 et 42.

[15] Abbé Chaillet : op cit, page 161 ; Registre des décès à la mairie de Blanzy où parmi les 29 victimes de l’explosion, on a inscrit : Meunier Charles : 10 ans ; Charollais Louis : 12 ans ; son frère Charollais Claude : 14 ans ; Toyon Adolphe : 14 ans, tous désignés comme manœuvres.

[16] Abbé Chaillet, op cit, page 154.

[17] J. Vacher, op cit, n°89, page 9 ; Docteur Laroche, op cit, page 91.

[18] J. Vacher, op cit, n°88, page 15. Pour la première fois, en 1886, des personnels enseignants furent élus au Conseil départemental de l’enseignement primaire de Saône-et-Loire. Dans un premier rapport, il apparut que dans les écoles privées du bassin minier enseignaient 45 congréganistes et 24 laïcs titulaires.

[19] Docteur Laroche, op cit, pages 89 à 92 ; Bulletin de l’Instruction primaire, supplément au n°89 de 1886.

[20] Docteur Laroche, op cit, pages 40 et 41 ; J. Vacher, op cit, La Physiophile n°89, page 12.

[21] Secours indiqués par le Bulletin de l’Instruction primaire de Saône-et Loire, fascicule n°37 de 1880 et n°48 de 1882 : versements de 8 000 francs en 1880 et de 2 000 francs en 1882.

[22] En bordure de la rue, l’école aux pierres taillées apparentes, présente sur sa façade extérieure l’inscription « RF Ecole Communale de garçons 1881 ».  L’architecte traduit bien le noble style du temps : souffle gothicisant annonciateur de l’art nouveau, chanfreins des montants des baies, rampes du toit débouchant sur des abouts en forme d’écus… (..) » Cette citation est empruntée au rapport qu’a écrit Georges Henri Rivière, conservateur honoraire du musée des Arts et Traditions populaires, après sa visite à la première exposition permanente évolutive de la Maison d’Ecole de Montceau « Cent ans d’école ».

 

[23]D’après « La Maison d’Ecole : 140 ans d’histoire », publication du musée, page 33. Voir aussi l’article du blog du musée de la Maison d’Ecole : Blog dédié au Musée de l'école à Montceau-les-Mines: L'école de filles de la rue Centrale (actuelle rue Carnot) aujourd'hui disparue (musee-ecole-montceau-71.blogspot.com)

[25] Au sujet de l’Ecole Primaire Supérieure, précisions données par le Bulletin de l’Instruction Primaire n°47. Voir aussi l’article du blog du musée de la Maison d’Ecole : Blog dédié au Musée de l'école à Montceau-les-Mines: Les bataillons scolaires (musee-ecole-montceau-71.blogspot.com)

[26] « RF Ecole Communale de filles 1881 » telle était l’inscription sur le bâtiment de l’école rue Centrale, bâti comme celui de la rue de l’Est.

[27] Au sujet des écoles primaires élémentaires ou maternelles, trace dans le Bulletin de l’Instruction Primaire n°48 et la nomination dans le n°66.

[28]En juin 1884, Armand Fallière, ministre de l’Instruction publique du gouvernement de Jules Ferry, lance la grande enquête annuelle sur l’état des écoles publiques en France et en Algérie. L’opération a deux objectifs, d’une part, faire l’inventaire matériel des besoins et, d’autre part, assurer la mise en œuvre des lois de 1881 et 1882 rendant l’instruction des filles et des garçons obligatoire, laïque et gratuite dans les « communales ».

[29] Au sujet de la loi Goblet, voir Antoine Prost : « Histoire de l’Enseignement en France, 1800-1867 », pages 272 et 292.

[30] Docteur Laroche, op cit, page 104 et « Montceau a Cent ans », pages 79 et 80 ; Docteur Beaubernard : « La Bande Noire », article du Courrier de Saône-et-Loire, juillet 1977 ; Yves Meunier : « La Bande noire, Propagande par le fait dans le Bassin minier (1878-1885) ».

[31] Auparavant, toute association de plus de 20 personnes ne pouvait se réunir qu’avec l’agrément du gouvernement.

[32] Docteur Laroche, op cit, pages 96 à 104 ; Docteur Beaubernard, op cit.

[33]Docteur Laroche : op cit, pages 104 et 105. On peut s’en rapporter à cet auteur au sujet du ralliement, car d’après Jean Cornec « Laïcité », page 116 et 117, le pape Léon XIII, avant de confirmer ses vues en 1892, dans son « Encyclique aux Français », et dès l’époque de l’affaire Boulanger, avait conseillé le ralliement.

[34]Bulletins de l’Instruction Primaire n°182 de 1895 et n°192 de 1896 qui confirment la tendance constatée en de nombreuses Ecoles Primaires Supérieures par Antoine Prost : op cit, page 292.

[35]Henri Besseige dans « Au pays noir », page 142, a su nous faire revivre, avec charme, cette directrice, sa mère, Pierrette Besseige, lorsqu’elle dirigeait son étude pour les candidates au Brevet Elémentaire et à l’Ecole Normale, entre 17 heures et 19 heures « sous la jaune lumière du gaz ».

[36]D’après deux demandes de créations de classe, Bulletins de l’Instruction Primaire n°157 de 1893 et n°192 de 1896.

[37]Bulletins de l’Instruction Primaire : n°49 de 1882, n°60 de 1884, n° 211 bis de 1898, n°223 de 1899, n°239 de 1901.

[38]Antoine Prost : op cit sur la loi Goblet, page 102 et l’Inspecteur d’Académie de Saône-et-Loire dans son Bulletin de l’Instruction Publique n°139 de 1891, au sujet de la non nomination, puis dans le n°198 de 1897, dans le tableau du personnel.

[39]Antoine Prost : op cit, page 174, sur la loi Falloux et les droits d’enseigner ,et le Code Soleil de 1954, page 273, sur la loi de 1881.

[40]Jacques Vacher : op cit, n°89 de la Physiophile, page 12 et 13.

[41]D’après Jacques Vacher : op cit, page 14 du n°88 de la Physiophile.

[42]Docteur Beaubernard « La grève de 1899 », publication du « Courrier de Saône-et-Loire », janvier 1978.

[43]D’après les Bulletins de l’Instruction Primaire cités plus loin : « A Montceau, ces enseignant(e)s étaient 3 à 4 fois aussi nombreux que dans la banlieue ».

[44]Docteur Laroche : op cit, page 42.

[45]Jacques Vacher : op cit, page 9 et 10 du n°88 de la Physiophile. Voir aussi l’article du blog du musée sur l’implantation des écoles de la Mine à Montceau : https://musee-ecole-montceau-71.blogspot.com/2018/01/historique-des-ecoles-de-la-mine.html#more .

[47]Allusion est faite précédemment à cette loi de 1881 (10 juin) sur la capacité.

[48]D’après les Bulletins de l’Instruction Primaire n°150 bis de 1892 et n°89 supplément de 1886 qui donne extrait de la loi de 1886 organisant le Conseil en un article qui sera modifié par la loi de 1901 (B.I.P. n°39 de 1901).

[49]Abbé Chaillet : op cit, page 227.

[50]D’après les Bulletins de l’Instruction Primaire : n°89 de 1886, n°150 bis de 1892, 189 bis de 1895, 211 bis de 1898, 239 bis de 1901. Les stagiaires ne seront recensés qu’à partir du Bulletin n°339 de 1910, où leur nombre sera le dixième  de celui de tous les autres enseignants titulaires qui avaient le droit de vote aux élections du Conseil.

[51]Jacques Vacher : op cit, pages 14 et 15 du n°88 de la Physiophile.

[52]Docteur Beaubernard : op cit.

[53]Docteur Laroche : op cit, page 68.


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