« Quand tu seras soldat ! »
Période 1870/1920
En ces temps
de commémoration, le reproche est souvent fait à l’école de la IIIe République,
d’avoir endoctriné les petits Français avec des idées nationalistes et
militaristes fortes les préparant à partir pour la guerre « la fleur au fusil
», soit. Les Pères fondateurs avaient à cœur de fédérer la nation et
d’implanter cette nouvelle République, en ce 4 septembre 1870, dans une France
aux campagnes restées monarchiques (l’amendement Wallon officialisant la
République n’est-il pas voté, le 30 janvier 1875, à une seule voix de majorité
par une assemblée elle-même monarchique ?). Le sentiment patriotique est
certes au cœur des écoles de la République, il est aussi le reflet du sentiment
de la société traumatisée par la défaite de 1871 et de la perte de
l’Alsace-Lorraine.
Ce livret
consigne objets et documents de l’exposition temporaire du même nom et donne
une idée de ce choc. Les cartes dessinées dans les cahiers témoignent de ce
que, quarante ans plus tard, l’amputation du territoire national est restée
insupportable. A y regarder de plus près, même si on en trouve trace dans les
discours politiques, il n’existe pas de directives officielles imposant une
façon d’enseigner ce sujet aux écoliers : il n’y a pas là l’indice d’une
propagande d’État destinée à préparer la Revanche. Les cahiers d’élèves
proclament qu’il faut défendre son pays,
certes, sans retenir l’idée que l’agression de l’Allemagne par la France
serait la condition de reconquête des provinces perdues.
L’école s’attache à vanter les mérites de l’armée
française à laquelle on ne reproche pas la défaite de 1870 qui est imputée à
l’Empereur. Il faut retrouver la fierté des citoyens-soldats de l’an II et
passer outre les réticences d’une partie notable des officiers à accepter la
République. L’idéal de ces citoyens-soldats sera incarné par les
« bataillons scolaires » voulus par les républicains radicaux et plébiscités par la population.
Ils feront long feu, formation militaire trop précoce et peu efficiente, ils
seront pris en charge par la société civile à travers les sociétés de tir ou de
gymnastique en plein essor à la suite d’un l’arrêté de 1893. Le tir scolaire et ses concours
départementaux perdureront bien après 1914.
Livret pédagogique, 2014, 36 pages, 5 euros.
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